NYCTALOPE n. est emprunté (1562) au latin nyctalops, lui-même emprunté au grec nuktalôps, -ôpos employé dans les deux sens contraires de « qui voit bien la nuit » et « qui ne voit pas bien la nuit », comme adjectif et comme nom. Il est composé de nukt- pour nux « nuit », correspondant du latin nox (→ nuit), et de -ôps qui exprime l'idée de « vision » (→ cyclope, optique). Ce double sens ne doit pas être originel : selon Frisk, le mot comprend un -l- adventice et le sens originel serait celui de « qui voit la nuit » ; selon Bechtel, suivi par Schwyzer, ce serait la forme dissimilée de °nukt-an-ôps « qui ne voit pas la nuit », qui viendrait d'abord, hypothèse moins probable, bien que ce second sens soit lui aussi ancien.
❏  Nyctalope désigne d'abord celui qui ne distingue les objets que lorsqu'il fait jour, qui a une mauvaise vision nocturne, sens encore répertorié au XIXe s. (de 1803 à 1823, Boiste).
■  Cependant, en 1611, Cotgrave note également le sens de « animal nocturne » et celui de « plante qui brille la nuit », d'où la définition moderne de « celui qui voit bien la nuit » (1765), qui rejoint le premier sens probable du grec.
❏  Le dérivé NYCTALOPIE n. f. (1666), lui aussi d'usage médical, a connu le même flottement sémantique, passant de l'incapacité à distinguer les objets le soir et la nuit à la pathologie consistant en un accroissement de l'acuité visuelle la nuit (1721). Le grec avait nuktalôpia « incapacité à distinguer les objets la nuit » et le bas latin nyctalopia dans les deux sens ; l'anglais possède nictalopy (1661) et nyctalopia (1684), également dans les deux sens.
NYCTHÉMÈRE n. m., écrit nycht... en 1813, est formé du grec nukt « nuit » (→ nyctalope) et hêmera « jour », à propos de l'espace de temps de 24 heures comprenant un jour et une nuit.
❏  L'adjectif NYCTHÉMÉRAL, ALE, AUX (1890) qualifie ce qui concerne la succession du jour et de la nuit sur le plan psychophysiologique de ses effets (rythme nycthéméral), en relation avec les cycles biologiques.
NYLON n. m. est emprunté (v. 1938) à l'anglo-américain nylon, terme créé arbitrairement, peut-être avec le nyl de vinyl (français vinyle) et avec le -on de cotton ou de rayon (français coton*, rayonne*). C'est la marque déposée d'un polyamide découvert par le chimiste américain Wallace Hume Carothers (1896-1937) dans les laboratoires de la société Dupont de Nemours. Le brevet fut déposé en 1931 ; la production industrielle et la commercialisation sous le nom de Nylon furent entreprises par la même société en 1938 aux États-Unis d'abord pour des poils de brosses à dents, puis pour des bas (1939), et de la bonneterie (1940). Le Nylon a surtout remplacé la soie artificielle ou rayonne. Sa découverte est à l'origine du prodigieux essor des fibres synthétiques dont on dénombre aujourd'hui près de 2 500 noms commerciaux.
❏  Le mot désigne cette fibre synthétique et quelquefois, par métonymie, un vêtement, des bas de Nylon. En France, on connaissait déjà l'existence des bas Nylon avant leur apparition sur le marché (1945). Le mot s'est répandu rapidement dans la langue commerciale et dans l'usage général à propos d'autres polyamides protégés par des marques de fabrique distinctes, mais également à propos d'autres fibres synthétiques de formule ou de caractéristiques très différentes (polyester, acrylique, trivinyle, etc.). ◆  Des nylons s'est dit pour « des bas de nylon », en concurrence avec des bas Nylon (apposition) ; l'emploi substantif a vieilli.
NYMPHE n. f. est emprunté (apr. 1150) au latin nympha, lui-même emprunté au grec numphê « épousée, jeune fille ou jeune femme en âge d'être mariée », « belle fille », nom donné aux divinités de rang inférieur résidant surtout à la campagne près des sources (Cf. écho). En outre, le mot latin a quelques sens métaphoriques : « poupée », « nymphe d'un insecte », « clitoris », etc. Son origine est obscure, mais certains, en partant du sens de « jeune fille, jeune mariée », l'ont rapproché du latin nubere « prendre le voile » d'où « se marier (pour une femme) » (→ noce). Mais il resterait à expliquer la nasale du mot grec.
❏  En français, le mot est d'abord employé comme terme de mythologie grecque et romaine dans un récit du mythe de Narcisse. Par analogie, il s'est appliqué à une fille galante, une courtisane (1630) et de nos jours à une jeune fille gracieuse.
■  En anatomie, nymphe ne désigne plus, comme en latin, le clitoris, mais les petites lèvres de la vulve (1599).
■  Il a développé d'après le latin un sens particulier en entomologie (1682) où il désigne une larve d'insecte (également appelée pupe).
❏  Il a produit quelques dérivés, la plupart d'usage didactique : le plus ancien est NYMPHETTE n. f. (1512), attesté avec le sens de « petite nymphe » jusqu'en 1611. ◆  L'emploi moderne est un emprunt à l'anglais nymphet (1955), lancé par l'écrivain V. Nabokov dans son roman Lolita traduit en français en 1959.
■  Au XVIe s. est apparu NYMPHAL, ALE, AUX adj., « de nymphe (divinité) », devenu terme de zoologie.
■  NYMPHÉE n. m. ou f. (1732) est un emprunt au latin nympheum avec son sens de « fontaine consacrée aux muses », lui-même du grec numphaion « lieu consacré aux nymphes ». Dès 1688 le français atteste nymphaeum et, en 1840, nymphum ; le mot a longtemps été considéré comme étant du genre féminin (encore par l'Académie en 1835).
NYMPHOMANIE n. f. (1721) est formé de l'élément nympho-, tiré du grec numphê avec son sens de « jeune fille en âge d'être mariée », et de -manie*. La formation du nom peut s'expliquer d'après le modèle du grec numpholêptos « possédé par les nymphes », d'où « rendu fou » (le grec a aussi un verbe qualifiant le cheval en rut), ou d'après numphê au sens de « clitoris », un euphémisme pour fureur utérine. ◆  De même que son dérivé régressif NYMPHOMANE n. f. et adj. (1819), il est à la fois d'usage didactique et courant (nymphomane étant abrégé familièrement en NYMPHO, 1969).
NYMPHOSE n. f. (1872), terme d'entomologie, désigne l'état de nymphe et la période de transformation d'un insecte en nymphe.
❏ voir NYMPHÉA.
NYMPHÉA n. m. est emprunté (1704) au latin nymphea « nénuphar », lui-même emprunté au grec numphaia, nom de diverses plantes, notamment de nénuphars, et dérivé de numphê (→ nymphe). L'ancien français avait nimpheie (XIIIe s.), le moyen français nymphée (1545) et nymphea (attesté comme mot latin).
❏  Nymphéa (que Chateaubriand emploie au féminin) est le nom scientifique du nénuphar blanc, mais il est employé dans l'usage non technique pour tout nénuphar, quelle qu'en soit la couleur (Monet a intitulé Les Nymphéas sa célèbre série de paysages d'eau inspirés par Giverny, en 1900 et 1909).
■  Le mot a joué un rôle dans l'adoption de la graphie nénuphar pour nénufar.
❏  Le latin nymphea a servi à former le terme de classification botanique NYMPHÉACÉES n. f. pl. (1816).
NYSTAGMUS n. m., francisé en nystagme (1814) puis latinisé (1855), est un emprunt au grec nustagmos « somnolence », dérivé de nustozein « baisser la tête », d'où « s'assoupir ».
❏  Ce mot médical désigne un trouble de la motricité oculaire, caractérisé par de lents mouvements du regard interrompus par des changements de direction brusques, et symptomatique soit de lésions nerveuses, soit de troubles dus à la fatigue oculaire.