RABROUER v. tr. est formé (XIVe s.) du préfixe composé ra- (de re- et a-, ce dernier issu du latin ad « vers ») et de l'ancien verbe brouer « écumer » (1488), pris au sens figuré de « gronder, être furieux ». Ce dernier est dérivé de l'ancien français bro, breu « bouillon » (fin XIIIe s.), usuel au sens d'« écume » dans la région normande et encore vivant par son dérivé brouet*. Rabrouer signifierait donc proprement « être furieux envers qqn, le repousser ».
❏  Le mot ne s'est pas éloigné du sens initial, « traiter avec rudesse, brusquerie ». Il s'est imposé aux dépens de la variante rebrouer (1584), disparu après 1700 sauf régionalement.
❏  Au XVIe s., rabrouer a produit deux dérivés, RABROUEUR, EUSE n. (1537) et RABROUEMENT n. m. (1544), peu usités.
RACA ou RACCA interj., d'abord racha (1553, Bible Gérard) puis raca (1672, Sacy), est emprunté au bas latin ecclésiastique raca « pauvre individu », lui-même emprunté, par l'intermédiaire du grec raka, à l'araméen rêqâ « vide, qui ne vaut rien », « sot », employé comme expression méprisante. Le mot est connu par le passage de Matthieu V, 22 : « Celui qui dira à son frère raca mérite d'être puni par les juges. »
❏  Le mot n'est employé que par allusion à l'Évangile, dans la locution crier raca sur qqn « l'insulter » (1836), didactique ou littéraire. Quelques écrivains (Huysmans, Goncourt) ont employé l'interjection de dégoût raca ! et un substantif marquant un mépris prononcé.
RACAGE n. m., terme de marine (1634), est un dérivé du moyen français raque (1382), emprunt disparu à l'ancien nordique rakk. Le mot désigne un collier entourant un mât pour amortir le frottement d'une vergue.
RACAHOUT n. m. (1837, écrit racaou en 1833) est emprunté à l'arabe râqaut, désignant un aliment. En français, le mot a désigné au XIXe siècle un mélange de farines et de fécules alimentaires, de cacao et de sucre, servant à faire des bouillies.
RACAILLE n. f., simplification (fin XIIe s.) de rascaille (v. 1138, en anglo-normand), est issu d'un ancien verbe anglo-normand et normand °rasquer, attesté indirectement par l'ancien provençal rascar « racler », le liégeois rahî, l'angevin râcher « dréger du lin », etc. Ces formes remontent à un latin populaire °rasicare, variante du latin impérial rasitare « raser souvent », fréquentatif du latin radere (→ raser), formé sur son supin rasum. °Rasicare a aussi fourni l'espagnol, le catalan, et le portugais rascar « gratter », le sarde rasigare, etc. Le verbe, appliqué aux hommes, a pris l'acception péjorative de « se livrer à des ébats tumultueux et bruyants », soulignée à son tour par le substantif avec le suffixe -aille ; on peut aussi partir de l'idée de « raclure » vers celle de « rebut, hommes de rien ». L'anglais rascal « vaurien » vient de l'ancienne forme rascaille.
❏  Le mot désigne collectivement le rebut de la société, d'où son emploi pour désigner une catégorie de personnes que l'on méprise (av. 1672). Par le sens et la forme, il est proche de canaille. ◆  Son extension à des objets de rebut, enregistrée par Furetière (1690), ne survit que régionalement.
❏ voir RACLER, RÂLE, RÂLER, RASCASSE.
? RACCARD n. m., mot ancien (1224) de la zone franco-provençale, d'origine incertaine (on l'a fait venir d'une racine préromane °rask ou °resk par rapprochement avec un mot dialectal de l'italien tessinois), désigne en français de Suisse, dans le Valais, une grange à blé.
RACCOMMODER → ACCOMMODER
RACCORDER → ACCORDER
RACCOURCIR → COURT
RACCROC, RACCROCHER → CROC
? + RACE n. f. est emprunté (fin XVe s., rasse) à une forme post-latine méridionale, soit l'italien razza « espèce de gens » (XIVe s.), soit l'ancien provençal rassa « bande d'individus qui se concertent », « complot, conjuration » (1180), soit le mot rassa des parlers de l'Italie Supérieure « convention entre les membres d'une famille ou entre ceux qui ont le même métier ». On a supposé que ces formes, avec un changement de terminaison (emprunt du -a final du féminin), remontaient au latin ratio, -onis « calcul » (→ raison) dans l'emploi qu'en faisaient à l'époque médiévale les savants au sens d'« espèce d'animaux, de fruits » (VIe s.). Il est plus probable qu'elles représentent une altération par aphérèse (phénomène fréquent en Italie du Nord) du latin generatio (→ génération) ; naraccia « race », attesté au XVIe s. dans un dialecte vénitien, pourrait être une forme intermédiaire. Cette hypothèse est consolidée par la proximité d'emploi entre l'ancien italien, l'ancien provençal et le latin biblique generatio « famille, descendance, engeance, espèce ». On a aussi rappelé l'emploi de l'ancien français generace (issu de l'accusatif latin generationem) pour « famille » (apr. 1250) et « bande de gens au service de qqn » (fin XIIe s.). Un philologue, G. Merk, a évoqué une contamination phonétique et sémantique de generatio avec ratio, aidée par la synonymie partielle de natio (→ nation). Il est donc probable que des personnes parlant latin ont fait passer ce mot du latin au roman du sud de la France et en Italie septentrionale ; de ces parlers, il a ensuite gagné les autres langues romanes.
❏  Le mot est d'abord employé avec sa définition génétique large de « subdivision de l'espèce humaine, à caractère héréditaire, représentée par un certain type d'humains ». Par extension, il désigne un groupe d'individus apparentés par intermariage, c'est-à-dire une population qui se distingue des autres par la fréquence de certains traits héréditaires (1749), ce sens se diffusant au XIXe siècle. Par une autre extension de type analogique, race, appliqué aux animaux, désigne une subdivision de l'espèce zoologique constituée par des individus ayant des traits communs héréditaires (1500, race des chevaux), d'où l'expression de race (1740, chien de race). Il est quelquefois employé dans ce sens par métaphore, en parlant d'une personne (1836, avoir de la race).
■  Dès le début du XVIe s., race a aussi le sens d'« ensemble des ascendants et descendants d'une même famille, d'un même peuple » (1512), surtout à propos des grandes familles, la race signalant l'origine noble (1579), et, historiquement, des lignées de rois (rois de France, 1636). Par extension, il désigne les ancêtres (1669), les descendants (av. 1606) et une génération (Ronsard), sens sorti d'usage au cours de la période classique. Au XVIe s., il avait développé ces deux valeurs figurées : il s'employait à propos d'une communauté plus vaste considérée comme une famille, une lignée, spécialement dans l'expression la race humaine (pour espèce) ; dans un langage plus familier, il s'employait, souvent avec une nuance péjorative, pour « catégorie, classe de gens de même profession, de même goût » (1564).
■  C'est au XIXe s., après les travaux du XVIIIe s. (Buffon, Histoire naturelle de l'homme), que se développe l'étude de la variété des races humaines, liée à la fois aux progrès de l'anatomie, de la médecine et à l'idéologie de la supériorité européenne. L'Essai sur l'inégalité des races humaines de Gobineau (1853) est à la base des théories appelées plus tard racistes, qui s'appuient aussi sur certains développements du darwinisme. Darwin lui-même écrivait (traduction française de 1881) : il est « fort indifférent qu'on désigne sous le nom de “races” les diverses variétés humaines, ou qu'on emploie les expressions “espèces” ou “sous-espèces”, bien que cette dernière désignation paraisse la plus convenable » (La Descendance de l'homme, p. 198). Au bénéfice d'un arianisme militant, H. S. Chamberlain, Anglais naturalisé Allemand (1855-1925), et le Français Vacher de Lapouge (L'Aryen, son rôle social, 1899 ; Race et milieu social, 1909), ce dernier au nom de l'« anthroposociologie », ont préparé les sinistres applications du racisme par le nazisme. C'est à cette époque que les dérivés raciste, puis racisme apparaissent, après antisémite, antisémitisme, qui semblent créés en allemand. Il en résulte que le mot race, archaïque au sens généalogique, discrédité lorsqu'il s'agit de l'être humain, ne peut plus être employé sans commentaire ou précaution. ◆  C'est au sens de « famille, origine, hérédité » que le mot est entré dans le vocabulaire de l'insulte, associé à un mot péjoratif, dans l'usage du français d'Afrique du Nord, puis dans celui des générations de Français issues du Maghreb et, par diffusion, dans celui des « jeunes des banlieues », puis des jeunes tout court. L'expression ...de ta race, de sa race, par exemple dans la putain de ta race, était courante en français du Maghreb. Cette formule, réduite à ta, sa race, en apposition comme adverbe, est devenue un simple intensif : on entend ça déchire, ça tue sa race (aussi avec un verbe personnel). Ces emplois sont parallèles à ceux de mère*. Ce sont probablement des calques de l'arabe.
❏  La dérivation est récente.
■  SOUS-RACE n. f. (1873) est un terme de classification anthropologique.
■  RACÉ, ÉE adj. caractérise un animal de race (déb. XXe s., Cf. racer 1894) et, par extension, une personne ayant de la distinction (1890, allure racée).
■  RACEUR, EUSE adj. et n. (1907) se dit techniquement d'un animal reproducteur présentant de manière accusée les caractères raciaux recherchés.
À l'époque de l'exploitation politique de la notion de « race » ont été créés RACISME n. m. (1902), « théorie sur la hiérarchie des races » et, couramment, « hostilité envers un groupe racial », cette valeur se développant probablement dans les années 1930-1940.
■  RACISTE adj. semble un peu antérieur (1892, puis 1895, Maurras). Il signifie « relatif au racisme » et « partisan du racisme », et il est employé aussi comme nom. Cet emploi substantif n'est attesté qu'en 1924. Racisme et raciste ont pris une valeur forte, pour « hostilité envers les représentants de races différentes », et raciste peut servir de terme d'invective, pour dénoncer cette attitude.
■  Pour ces deux mots, la caractérisation par la race a fait place à l'hostilité pour un groupe humain, la notion de race faisant place à celles de nationalité (racisme est alors employé de manière abusive mais usuelle pour xénophobie), d'appartenance religieuse ou culturelle — l'ambiguïté étant présente dès l'origine, dans le « racisme » antisémite —, voire de sexe (racisme anti-femme) ou d'âge (racisme anti-jeune).
■  Des antonymes en anti-, ANTIRACISME n. m. (v. 1950) et ANTIRACISTE adj. et n. (1938) leur sont opposés.
RACIAL, ALE, AUX adj. (1911) qualifie objectivement ce qui est relatif à la race et s'emploie spécialement avec émeute, hostilité, haine, etc. dans le contexte de racisme, pour raciste. ◆  De cet adjectif dérivent RACIALEMENT adv. (1941) et RACIOLOGIE n. f. « science qui étudie les phénomènes raciaux » (1954 in T. L. F.). Comme race, ces dérivés ne sont plus utilisables sans précaution. Racial, notamment, est souvent remplacé par ethnique.
INTERRACIAL, ALE, AUX adj. (1935) qualifie des relations entre races (ou ethnies) différentes.
RACÉMIQUE adj. a été créé en chimie (Gay-Lussac, 1828) à partir du latin racemus « grappe de raisin » → raisin. Le terme qualifie une substance, tel l'acide tartrique, composée en quantité équivalente de molécules dextrogyres et lévogyres, ce qui la rend optiquement inactive.
RACER n. est un emprunt à l'anglais racer « coureur », dérivé de race « courir » (et « course »), qui a pris plusieurs valeurs spécialisées. La première à être passée en français (1846) est celle de « cheval de course », que le mot anglais avait depuis le XVIIe siècle. Depuis 1883, un racer est en français un yacht de course (à voile, puis aussi à moteur) ; enfin, une petite voiture de course. Tous ces emplois ont vieilli ou disparu.
RACHETER → ACHETER
+ RACHIS n. m. est emprunté (v. 1560) au grec rhakhis, rhakheôs « colonne vertébrale, échine », souvent employé au figuré pour désigner la crête d'une montagne, la nervure d'une feuille, l'arête du nez. On rapproche le terme du lituanien ražy̌s « chaume » et rãžas « chaume, pointe de fourche, branche sèche », sans toutefois reconstituer une famille indoeuropéenne assurée.
❏  Le mot fournit le nom scientifique de la colonne vertébrale ou de l'épine dorsale. ◆  En sciences naturelles, il désigne un axe végétal portant de part et d'autre des rameaux plus courts (1774), et la partie du pétiole des feuilles portant les folioles ou les profondes divisions du limbe (1845). ◆  Par analogie, il est employé pour l'axe de la plume des oiseaux (1878).
❏  RACHITIQUE adj. est dérivé (1707) de rachis d'après l'adjectif grec rhakhitês « de l'épine dorsale », de rhakis ; il qualifie une personne affectée d'une maladie de croissance et se dit d'un végétal qui se développe mal sur un sol trop maigre (1762). Rachitique, plus courant que les autres mots de la série, surtout au sens étendu de « maigre et souffreteux », est abrégé familièrement en RACHO adj. et n. (v. 1940, Doillon) « chétif, petit » ou « souffreteux ».
■  Il a produit RACHITISME n. m. (1749), lequel désigne à la fois la maladie du squelette caractérisée par une déformation du rachis et le développement incomplet d'une plante (1757, dès 1732 selon Bloch et Wartburg).
■  Les autres dérivés de rachis sont des termes d'anatomie et de médecine. RACHIALGIE n. f., formé (1795) avec l'élément -algie*, désigne une douleur siégeant en un point de la colonne vertébrale ; en est issu RACHIALGIQUE adj. (1795).
■  RACHIDIEN, IENNE adj. est dérivé irrégulièrement (1806) sur -dien pour -ien, de rachis pour qualifier ce qui a rapport au rachis, spécialement dans nerfs rachidiens (1869) et canal rachidien (1875).
■  Les composés savants RACHIANESTHÉSIE n. f. de anesthésie* (anesthésie partielle par injection du produit dans le canal rachidien) et RACHICENTÈRE n. f., où l'élément -centère représente le grec kentêsis « action de piquer », de kentein « piquer, percer », synonyme de ponction lombaire, entrent dans les dictionnaires généraux en 1932.
RACHITIQUE → RACHIS
L RACINE n. f. est issu (v. 1120) du bas latin radicina (comme le sarde raigina et le roumain radacina), lui-même dérivé du latin radix, radicis « racine » de sens propre et figuré : « base, fondement ». Radix, dont le représentant en français, raiz, ne survit que dans le composé raifort* et dans certains parlers méridionaux, appartient au même groupe que ramus (→ 1 rame, rameau, ramée) ; de même se répondent sémantiquement le lituanien šakà « branche » et šaknìs « racine ». L'initiale latine n'enseigne rien car le r peut reposer sur wr- ; le vieil anglais rot « racine » (anglais root) offre la même ambiguïté ; il y a un wr- initial dans le gallois gwrysgen « branche » et gwraidd « racine » à côté de l'irlandais frēm « racine ». Il s'agit d'un groupe de mots populaires apparentés entre eux mais dont les formes ne se laissent pas ramener à une racine indoeuropéenne commune.
❏  Racine désigne la partie de l'axe principal d'une plante qui croît vers le bas dans le sol, entrant au XIXe s., avec la constitution d'une terminologie scientifique moderne, dans des syntagmes didactiques tels que racine pivotante, adventive (1869), racine fasciculée (1875), racine principale (1962). Il entre dans la locution courante prendre racine, qui a pris le sens figuré (1629) de « s'installer durablement », et dans la locution familière manger les pissenlits par la racine « être mort » (XIXe s.).
■  L'extension de type métonymique pour désigner une plante dont la partie souterraine est comestible (v. 1155), encore vivante en langue classique, a vieilli (on n'emploie plus manger des racines comme La Bruyère encore), le mot s'étant spécialisé à propos des arbres et arbustes.
■  Par analogie de situation, racine désigne le point de départ d'une structure anatomique, d'un organe (fin XIIe s.), par exemple racine des cheveux (av. 1549), racine d'une dent (1575) et s'emploie en chirurgie pour la partie la plus profonde d'une tumeur. ◆  Le mot s'est également appliqué à la base d'un objet enfoui dans le sol (XIVe s.), sens sorti d'usage, sauf dans racine d'un filon minier (1963) et dans racine d'un pli, d'une nappe, en géologie (1932).
■  Ses deux sens figurés, « attache, lien » et « fondements, base », sont attestés dès les premiers emplois, la première occurrence étant un emploi métaphorique à propos de la diaspora juive. Cette valeur est courante à propos des origines africaines des populations dites « africaines-américaines ». ◆  Au XIIIe s., le mot était devenu un terme de mathématiques, avec la valeur abstraite d'« origine cachée (d'une grandeur) », dans racine carrée, cubique, et en algèbre racine d'une équation (1875). ◆  Sa spécialisation en linguistique pour « mot souche » apparaît au XVIe s. (1548, Sébillet).
■  Du fait que des décoctions de plantes souterraines étaient employées en teinture, vient le sens d'« herbe à teinture » (1636), d'où le verbe raciner (ci-dessous).
❏  Le mot a trois dérivés verbaux.
■  RACINER v. s'est d'abord dit (v. 1155) d'un peuple qui se fixe quelque part, emploi supplanté par enraciner (ci-dessous), avant de signifier, d'après le sens concret de racine, « commencer à produire des racines », en parlant d'une bouture (v. 1160).
■  De l'emploi transitif pour « teindre en couleur fauve » (1669), issu de racine avec un sens spécial (ci-dessus), procède la valeur la plus vivante du mot : « soumettre (une peau de reliure) à l'opération de teinture imitant les nœuds du bois » (1827).
■  D'où le dérivé 1 RACINAGE n. m. (1827), antérieurement employé pour désigner la décoction destinée à la teinture (6 mars 1674).
■  L'autre dérivé du verbe, le nom d'action RACINEMENT n. m. (fin XIIe s.), a d'abord eu le sens figuré de « descendance, race », avant de se fixer au sens propre de « fait de prendre racine » en parlant d'une plante (v. 1550), repris au XXe s. avec quelques effets de sens figuré (1910, Péguy).
ENRACINER v. tr. (v. 1175) n'a pas conservé son sens intransitif de « prendre racine » ; il s'emploie transitivement au figuré pour « fixer profondément dans l'esprit et le cœur » (v. 1175) et au sens concret de « fixer une plante au sol par les racines » (v. 1265), dont procèdent des extensions analogiques (à propos d'un objet) et métaphoriques (à propos d'une personne que l'on fixe dans son lieu d'origine, 1870). La forme pronominale s'enraciner (fin XIIIe s.) correspond aux mêmes sens.
■  En dehors de l'adjectif tiré du participe passé ENRACINÉ, ÉE, enraciner n'a guère produit qu'ENRACINEMENT n. m. (1338), passé de l'ancien sens de « lignée » au sens actif, « fait de prendre racine » (1378), au propre et au figuré.
DÉRACINER v. tr., d'abord desraciner (v. 1200), a été formé sur enraciner par changement de suffixe et signifie « arracher ce qui tient au sol par les racines » d'où, par analogie, « extirper, extraire » (1610 à propos d'une dent). Dans la seconde moitié du XIXe s., apparaît le sens métaphorique d'« arracher (qqn) à son pays d'origine » (v. 1865).
■  En sont tirés l'adjectif DÉRACINÉ, ÉE adj. et n., DÉRACINEMENT n. m. (av. 1429), de sens propre et figuré, et INDÉRACINABLE adj. (1782) sur lequel a été fait plus tard DÉRACINABLE adj. (1842), plus rare.
Au XVIe s., racine a produit RACINAL, AUX n. m. (1578), nom technique d'une grosse pièce de charpente pour un pont et (1676) d'autres édifices.
■  Les autres dérivés, apparus au XIXe s., sont RACINEAU n. m. (1803), « petit tuteur de jeunes plants », les noms d'outils, COUPE-RACINES n. m. (1832) et ARRACHE-RACINES n. m. (1898), composés à l'aide de formes verbales de arracher et couper, et 2 RACINAGE n. m., nom collectif pour l'ensemble des racines alimentaires, mot d'usage technique (1869).
❏ voir ARRACHER, ÉRADICATION, RADICAL, RADICELLE, RADICULE, RADIS, RAIFORT.
RACINIEN, IENNE adj. est l'adjectif dérivé du nom de Jean Racine, dramaturge français, avec des emplois stricts (« de l'œuvre de Racine ») et extensifs à propos des thèmes et du ton de l'œuvre (passion, violence psychologique ou tendresse), parfois dans l'opposition convenue avec cornélien.
RACISME, RACISTE → RACE
RACKET n. m. est un emprunt (1930) à l'anglais racket, mot probablement onomatopéique, parfois rattaché au gaélique racaid, « tapage, raffut » (1565) puis « escroquerie, trafic » (1812), qui a pris à Chicago (1928) le sens emprunté.
❏  Ce mot d'importation américaine désigne une association de malfaiteurs se livrant au chantage et à l'intimidation pour extorquer des fonds. Il s'emploie surtout par métonymie pour une forme d'activité (chantage, extorsion de fonds par violence) exercée par ces malfaiteurs (1938).
❏  De racket est dérivé le français RACKETTER v. tr. (1961) « soumettre à un racket ».
■  RACKETTEUR ou RACKETTER n. m., d'abord cité comme mot américain (1930, P. Morand) sous la forme racketeer, puis écrit racketter (1938) et racketteur (1962), est emprunté à l'anglo-américain racketeer (1928) dérivé de racket et distinct de la formation anglaise racketer « personne bruyante », du sens premier de racket. Le mot désigne la personne qui extorque des fonds par un racket.
Une francisation plaisante de racket, avec faire la raquette, est attestée en 1975.