RACLER v. tr., en raison de sa date tardive (1377, raicler, puis au XVe s., racler) et de l'absence de formes en s, paraît d'origine dialectale, méridionale (→ râler). Il serait emprunté à l'ancien provençal rasclar (XIIIe s.) « passer la racloire sur une mesure de grains pour faire tomber ce qui s'élève au-dessus du bord », lui-même issu, comme l'italien raschiare, d'un latin populaire °rasclare, contraction de °rasiculare, lequel dérive du latin classique rasum, supin de radere « raser, gratter » (→ raser).
❏  Le mot signifie « gratter, frotter la surface de (qqch.) pour égaliser, enlever ce qui adhère », sens rare avant la fin du XVe s., et dont procèdent les locutions se racler la gorge (déb. XXe s.) et, familièrement au figuré, racler les fonds de tiroir (1936).
■  Les extensions sont peu importantes et assez tardives : au XVIIe s., racler a pris le sens péjoratif de « jouer maladroitement » (on disait déjà, en parlant de musique, racler les oreilles, 1582), suivi d'un complément désignant l'air exécuté (1648) ou l'instrument utilisé (1623, racler les boyaux, les cordes du violon).
■  L'accent portant plus spécialement sur une caractéristique de l'acte, le verbe signifie aussi « frotter rudement sur », d'abord dans l'expression familière racler (et se racler) le gosier (1768), puis en général (1839). En argot, on a dit (1901, Bruant) se racler, se racler la couenne pour « se raser ».
■  À partir de 1845, il est enregistré en arboriculture pour « éclaircir un taillis ».
■  Enfin, en français de Suisse, le verbe s'emploie à propos du fromage quand on confectionne la raclette (ci-dessous 2 raclette), aussi absolument.
❏  RACLURE n. f., attesté une première fois en 1372 puis vers 1460, concerne la petite partie enlevée d'un corps que l'on racle ; il a pris un sens figuré péjoratif, « ensemble d'individus du plus bas étage » (1549), selon le même développement que racaille*. Employé au singulier comme terme d'injure, il semble beaucoup plus récent (1897, L. Bloy). Depuis le XXe s., il est employé au pluriel, familièrement, pour désigner les déchets.
■  Le nom d'outil RACLOIR n. m. est plus tardif (1538), bien qu'une forme féminine RACLOIRE ait été employée en moyen français (1329) et subsiste pour désigner la planchette à mesurer le grain (1680). Il se dit en général d'un outil servant à racler et s'utilise dans les langages techniques des mouleurs (1932), mineurs et horlogers (1963) ; il est employé régionalement pour désigner un décrottoir en fer (1947).
■  RACLE n. f., déverbal de racler (1561), ne concurrence le précédent que dans des usages régionaux ; il s'est appliqué à un heurtoir formé d'un anneau de fer mobile dans un fond (1611).
■  RACLEUR, EUSE n. et adj. désigne d'abord (1576) une personne qui racle, et spécialement qui joue mal d'un instrument à cordes (v. 1660) ; son emploi technique en parlant d'une chose agissant par raclage est récent, à la fois comme adjectif (1932) et comme nom (1963).
■  RACLEMENT n. m. sert de nom d'action courant (1602, en parlant du fait de racler les cordes d'un instrument) à racler et, par métonymie, s'emploie couramment pour le bruit résultant de cette action (raclements de gorge, etc.).
■  1 RACLETTE n. f., formé sur racle avec un suffixe diminutif (1788), désigne un racloir de petite taille. En français régional (centre-ouest de la France), le mot désigne un sarcloir.
■  2 RACLETTE n. f. sert à désigner (depuis 1875) un plat valaisan confectionné avec du fromage dont on racle la partie ramollie à la flamme. C'est alors un nouveau dérivé du verbe. Dans cet emploi, et avec une métonymie pour « fromage à raclette », le mot est connu en français d'Europe et d'Amérique du Nord, mais moins que fondue*. Cependant, raclette, en ce sens, est beaucoup plus courant en français de Suisse, avec des connotations propres, la préparation du mets faisant partie du patrimoine culturel valaisan, et des expressions spécifiques comme four à raclette (de forme particulière, avec un support réglable pour la demi-meule de raclette — le fromage — et un élément infrarouge), ou encore pommes de terre à raclette. De même, le verbe et ses dérivés raclage et RACLEUR, EUSE n. s'emploient à propos de la préparation de la raclette.
■  L'expression du français de Suisse à la raclette (1820) « de justesse » fait référence à un sens spécial de 1 raclette « planchette pour rendre horizontal le dessus d'une mesure de blé, pour que le contenu soit exact » (être admis, élu... à la raclette).
■  RACLÉE n. f., substantivation du participe passé féminin de racler (v. 1792), relève d'un usage populaire puis familier et usuel, au sens de « volée de coups » et, par extension, de « défaite » (1877, Flaubert).
■  Racler est redevenu productif au XIXe s., avec RACLON n. m. (1842), employé régionalement pour l'engrais constitué par du gazon pourri et, familièrement, pour les particules d'aliments attachées au fond d'un récipient où ils ont cuit (1875).
■  RACLAGE n. m. (1845) fournit un autre nom d'action, d'usage plus technique que raclement, pour désigner l'éclaircissement des taillis d'une forêt et des opérations pratiquées dans l'industrie textile (1875), puis en chirurgie (XXe s.). ◆  En français de Suisse, « fait de racler le fromage pour la raclette ».
❏ voir RACAILLE, RÂLE, RÂLER, RASCASSE.
RACOIN → COIN
RACOLER → COL
RACONTER → CONTER
RACORNIR → CORNE
RADAR n. m. est emprunté (1941) à l'anglais d'origine américaine radar (1941), contraction de radio detecting and ranging (system),ra(dio) a le même sens et la même origine que l'élément radio-*, detecting est le gérondif de to detect (correspondant au français détecter*), and signifie « et », ranging est le gérondif de to range « repérer », dérivé de range, lui-même repris à l'ancien français range, déverbal de ranger* (Cf. rangement). L'expression signifie « détection et télémétrie par radio-électricité ». Les Français, qui furent parmi les pionniers dans le domaine du radar, avaient introduit l'expression D. E. M., Détection Électro-Magnétique ; c'est toutefois l'acronyme anglo-américain radar qui s'est répandu en français et dans plusieurs autres langues.
❏  Le mot se dit d'un appareil de détection. Il est employé seul ou en apposition à un nom (1963, système radar, écran radar) et a développé le sens figuré de « ce qui permet de découvrir, de détecter » (1948), relativement usuel dans la locution verbale naviguer au radar, surtout pour « se diriger de manière imprécise, presque à l'aveuglette ». Marcher au radar s'emploie au figuré. Avoir disparu, être sorti des écrans radar, employé au figuré pour « ne plus se manifester » et « ne plus être perçu, connu », doit provenir de l'usage des contrôleurs aériens.
❏  Il a servi à former les dérivés RADARISTE n. (1946), là où l'anglais a radarman, RADARISER v. tr. (1953), rare pour « munir d'un radar », ainsi que RADARASTRONOMIE n. f. (1975), d'après l'anglais radar astronomy (av. 1966), et RADARPHOTOGRAPHIE n. f. (1978), calqué sur l'anglais radar photography.
■  ANTIRADAR n. m. et adj. inv. date lui aussi des années 1960.
1 RADE n. f. est emprunté (1474) au vieil anglais rád, rade (anglais road) « course », spécialement « course à cheval, course en bateau » d'où, par deux développements métonymiques, « bassin naturel ou artificiel où les bateaux peuvent s'abriter » (v. 1320) et « route » (1596). Le mot, à l'origine de la variante écossaise ayant donné raid*, se rattache à une racine à structure consonantique r-dh « voyager », représentée en celtique par le gaulois °reda « chariot », lui-même emprunté par le latin sous la forme raeda, en bas latin par veredus « cheval léger », mot d'origine gauloise (→ palefroi), et en germanique par le vieil anglais rad, anglo-saxon râd (d'où le normand rade « sentier formé par le passage des piétons dans un champ »), et, du côté des verbes, par l'anglo-saxon ridan, l'ancien haut allemand ritan, d'où l'anglais to ride, l'allemand reiden « aller à cheval » (→ redingote, reître).
❏  Rade est un anglicisme ancien, également écrit radde (1483) qui a conservé le sens d'origine « bassin naturel ou artificiel ayant une issue vers la mer, où les navires trouvent un bon mouillage ». ◆  Par l'intermédiaire des locutions employées en marine être en petite rade « être au mouillage dans la partie de la rade la plus proche du port » (1835), être en grande rade « être au mouillage dans la partie de la rade la plus éloignée » (1835), il est entré dans la locution figurée d'usage familier être en rade « être abandonné » (1914, également avec les verbes laisser, rester), employée à Nantes avec un autre sens : « faire la noce », qu'il est plus naturel de rattacher à 2 rade (de radeau) ou à 3 rade.
❏  Rade a produit deux termes de marine.
■  DÉRADER v. intr. (1529), rare avant 1691, signifie « être emporté loin d'une rade par les courants, le vent ».
■  RADER v. tr., d'abord intransitif « se mettre en rade » (1536), est aussi employé transitivement avec le sens correspondant (1762).
2 RADE → RADEAU
? 3 RADE n. m., mot d'argot pour « rue » et surtout « trottoir » (1876), semble venir du mot régional rade, employé en Normandie pour un sentier ménagé dans un champ pour le passage (peut-être de même origine que radiner, de l'ancien adjectif rade, latin rapidus). En français populaire parisien, le mot, comme trottoir, s'est spécialisé pour la prostitution de rue, d'où aller sur le rade (1899), faire le rade (1901) « se prostituer, racoler ».
❏  Le dérivé RADEUSE n. f. « prostituée qui fait le trottoir » (1898) a été resuffixé en RADASSE n. f. (1913), encore plus péjoratif.
On est tenté d'y rattacher RADADA n. m. « coït », dans aller au radada, qui fait sans doute allusion à dada (idée de « chevaucher »).
+ RADEAU n. m., d'abord au féminin radelle (v. 1355), le masculin radeau étant plus tardif (1477), est emprunté à l'ancien provençal radel « assemblage de poutres liées de manière à former un plancher » (XIIIe s.). C'est le diminutif de l'ancien provençal rat, auquel correspond l'ancien français des Gloses juives red, le français classique rat (1630) puis ras (1678), lequel a perdu son sens général au profit de radeau (→ 1 ras). Ce mot simple est issu du latin ratis de même sens, employé en poésie comme substitut de navis qui a donné nef*, souvent considéré comme apparenté à rarus « clairsemé, espacé » (→ rare) ou à rete « rets, filets » (→ rets) en raison de la construction à claire-voie mais cette hypothèse étymologique est sans preuve. C'est peut-être un mot d'emprunt.
❏  Radelle puis radeau désigne une plate-forme flottante, et spécialement celle sur laquelle se tiennent les ouvriers réparant les parties inférieures de la coque d'un navire (1866), concurrençant alors le mot simple ras (ci-dessus). Par extension, il entre dans radeau pneumatique, radeau de sauvetage pour une embarcation de sauvetage pneumatique. ◆  Furetière enregistre aussi l'acception technique de « train de bois transporté par flottage » (1690).
■  L'argot ancien a employé radeau figurément à propos d'un comptoir de café (1849) et, par métonymie, d'un tiroir de comptoir (dès 1837) et de la boutique elle-même (1867) ; Cf. ci-dessous 2 rade, 1 radin.
❏  RADELIER n. m., attesté en français central depuis 1544, semble d'origine dialectale, repris soit de l'ancien lyonnais où il désigne (1513) un marchand de bois de construction, soit de l'ancien provençal qui l'a encore plus tôt (1351) pour « conducteur de radeaux ». Le mot, dérivé de radel, variante de radeau, est technique ; il désigne un flotteur de bois, un constructeur de radeaux.
■  On rencontre aussi RADELEUR n. m. (1955) avec le même sens, désignant spécialement l'homme chargé de démarrer et d'amarrer les bateaux à vapeur, et dérivé de radeler « accoster le bateau à vapeur avec une barque à fond plat » (Neuchâtel, 1901), « transporter sur un radeau » (Suisse).
■  Le verbe a aussi donné RADELAGE n. m. (1926), postérieur à raselage (1724) en français de Suisse.
En français, radeau, pris avec son sens argotique ancien, a produit 2 RADE n. m. (1815), autrefois « boutique », puis « comptoir » (1844, avec hésitation sur le genre), dit également par métonymie d'un bar, et par la suite, d'un bistrot. À la différence de radeau, ce mot est resté vivant dans un usage argotique et familier, connotant l'ancien Paris, à côté de troquet (plus usuel). Cependant, les emplois argotiques pour « comptoir, boutique » (1815 ; 1821) ont disparu, de même que celui pour « tiroir de comptoir, tiroir-caisse » (d'où faire le rade « voler » [1873] et ci-dessous 1 radin).
2 RADIN, INE adj. et n. (1920), antérieurement redin (1885) « avare », est souvent considéré comme un emploi adjectivé avec spécialisation de sens de 1 RADIN n. m. « tiroir-caisse » (1844) ; « gousset » (1835), variante argotique de radeau (Cf. ci-dessus radeau et 2 rade). Cependant, Wartburg range radin « avare » (ainsi que radiner) dans la famille de rature* et ratisser* (d'un latin °rasitoria). Le développement sémantique serait alors analogue à celui de rapace* et rapiat*, le radin étant proprement, selon cette hypothèse, celui qui racle les rognures pour ne rien laisser perdre. Il faudrait alors partir du mot régional radin attesté dès 1821 (puis en 1859 et en 1867) au sens de « gratin », encore vivant dans les dialectes du Centre (radin, redin, râdin). Cette hypothèse rend compte de la forme redin pour « avare », la forme moderne ayant pu être inspirée par rat et ne pas être liée à radin « tiroir-caisse ». Mais l'usage spontané n'en a cure et tous les mots en rad- ont pu interférer plus ou moins. Radin, ine pour « qui refuse de dépenser, de payer » n'est pas aussi fort que avare. Le substantif peut même devenir positif, et valoir pour « économe ».
L RADÉE n. f., mot régional de France (1750 à Lyon), vient de l'ancien français rade, au sens de « torrentiel », issu du latin rapidus (→ rapide), ce qui l'apparente à radiner*. Il s'employait et s'emploie encore dans la zone franco-provençale et vers le sud, jusqu'en Ardèche, pour « violente averse ».
RADIAL, ALE, AUX adj. est dérivé (1363, Chauliac) du latin radius (→ rai, radius) avec le suffixe -al.
❏  Le mot est emprunté en anatomie pour qualifier ce qui appartient, se rapporte au radius humain ; il est substantivé au masculin (1690), en concurrence avec le syntagme attesté plus tard muscle radial (1869), et au féminin (1805) en concurrence avec veine radiale (1875).
■  Au XVIIe s., il a été reformé comme terme de physique d'après le latin radius « rayon », pour qualifier ce qui se rapporte aux rayons (1615). Il caractérise ce qui est disposé, dirigé suivant un rayon (1765), dans vitesse radiale (1898), champ radial (1963). Avant de pâtir de la concurrence de rayonné et de radié, il servait à qualifier une couronne surmontée de pointes ou de rayons (1615), sens encore vivant en héraldique et en histoire antique. Cf. radié.
■  Plus récemment, son féminin radiale a été substantivé (1941) pour voie radiale « grande voie de circulation orientée vers le centre d'une ville ».
❏  Le dérivé de radial, RADIALEMENT adv. (1876) « en forme de rayons, de branches », s'est mieux implanté dans l'usage courant que RADIAIREMENT adv., lui-même dérivé (1897) de RADIAIRE adj. et n. (1778), autre dérivé savant du latin radius, spécialement employé dans la description en sciences naturelles comme nom d'une ombellifère à bractées en rayons, et comme adjectif qualifiant ce qui est disposé en rayons (1796).
❏ voir IRRADIATION, RADIANT, RADIATION, RADIÉ, RADIEUX, RADIO, RADIUM, RADIUS, RAI, RAYONNE.
RADIAN n. m. est emprunté (1904) à l'anglais radian attesté en trigonométrie depuis 1879, dérivé savant du latin radius « rayon » (→ rai) avec le suffixe -an.
❏  Le mot désigne une unité de mesure d'angle plan équivalant à l'angle qui intercepte, depuis le centre d'un cercle, un arc égal au rayon du cercle. Il désigne aussi la mesure de l'arc de cercle intercepté. ◆  Le radian par seconde est une unité de vitesse angulaire, et le radian par seconde carrée une unité d'accélération angulaire (1959).
RADIANT, ANTE adj. est emprunté (déb. XIIIe s.) au latin radians, -antis « rayonnant, radieux », participe présent adjectivé de radiare « envoyer des rayons, rayonner », dérivé de radius (→ radius, rai).
❏  Le mot, autrefois employé au sens général de « qui rayonne », a été remplacé par rayonnant, qui prend ce sens au début du XIXe siècle.
■  Dans la seconde moitié du XIXe s., il est passé dans le langage scientifique, qualifiant en astronomie le point du ciel d'où paraissent provenir les météores d'un essaim (1865), d'où RADIANT n. m. (1907), et, en physique, ce qui se propage par radiations (1880).
❏  Son dérivé, RADIANCE n. f. a d'abord (1826) le sens figuré d'« état de ce qui rayonne moralement » et le sens physique de « rayonnement, lumière » (1875), encore en usage dans le style littéraire.
■  Comme radiant, il devient (1904) un terme de physique pour désigner le flux lumineux émis par l'unité de surface qui se mesure en lux ou en phots. L'anglais radiance (1601) « rayonnement lumineux » est attesté en physique dès 1800.
❏ voir IRRADIATION, RADIAL, RADIATION, RADIÉ, RADIEUX, RADIO, RADIUM, RADIUS, RAI, RAYONNE.
1 RADIATION n. f. est dérivé savamment (1378) du latin médiéval radiare « rayer » (XIVe s. ; 1559 dans du Cange), latinisation fautive, par méprise étymologique, du verbe français rayer, qui vient de raie* (le latin radiare signifie « rayonner, étinceler »).
❏  Le mot désigne l'action de rayer officiellement qqn d'une liste, d'un compte, d'un écrit, notamment dans radiation d'un condamné (1893) « suppression du nom d'une personne d'une liste de condamnés ». Le Code civil (1804) utilise radiation d'inscription hypothécaire ; radiation d'instance semble récent (1963, dans les dictionnaires).
❏  Radiation a servi à former 1 RADIER v. tr. (1819) « rayer, supprimer d'une liste, d'un écrit », dont le participe passé 1 RADIÉ, ÉE est quelquefois employé comme adjectif et comme nom.
❏ voir 2 RADIATION.
2 RADIATION n. f. est emprunté (1448) au latin radiatio, -onis « rayonnement, éclat lumineux (du marbre) », dérivé du supin (radiatum) de radiare « munir de rayons » et « être rayonnant, étinceler » (→ radiant).
❏  Le premier sens, « émission de lumière », a vieilli dans sa généralité, le mot s'étant spécialisé tardivement dans le langage scientifique pour désigner l'ensemble des éléments constitutifs d'une onde qui se transmet dans l'espace, d'abord en médecine (1814), puis en physique (1839), en astronomie (pression de radiation d'une étoile, 1955). ◆  À côté de ses emplois scientifiques, où le mot est parfois en concurrence avec rayonnement*, radiation s'emploie volontiers en parapsychologie, à propos d'ondes qui seraient émises par des objets cachés ou des êtres absents et qui permettraient de les déceler, d'en recevoir l'influence. Cf. ci-dessous radiesthésie. ◆  En météorologie, il désigne la quantité d'énergie reçue en un lieu donné dans un temps déterminé (XXe s.). En biologie, radiations évolutives, « lignes divergentes selon lesquelles évoluent les diverses lignées issues d'un ancêtre commun », correspond à une autre valeur du mot.
■  Une extension métonymique au sens de « partie d'un four de raffinage utilisant la chaleur radiante » est enregistrée dans les dictionnaires généraux à partir de 1963.
❏  Sur le radical de radiation, a été formé RADIATEUR n. m., d'abord relevé comme adjectif au sens de « qui peut rayonner » (1877) avant d'être substantivé pour désigner un dispositif augmentant la surface de rayonnement d'un appareil de chauffage ou de refroidissement (1878). ◆  D'abord technique, le mot est entré dans l'usage courant, par une métonymie, pour « appareil de chauffage muni de ce dispositif » (1907) et « organe de refroidissement d'un moteur à explosion » (1897).
■  Ces deux acceptions sont devenues indépendantes ; la première s'applique à des appareils de chauffage différents, du radiateur de chauffage central aux divers radiateurs électriques.
■  Sous l'influence de radiation, le mot désigne en physique un corps émettant soit de l'énergie sous forme de quanta ou de particules matérielles, soit un rayonnement électromagnétique (1934).
■  Au sens usuel, radiateur a pour composé CACHE-RADIATEUR n. m. (1926).
■  L'autre dérivé de radiation est l'adjectif RADIATIF, IVE (1928), employé en physique pour ce qui concerne les radiations et l'émission d'un rayonnement gamma (1968, Larousse).
■  ANTIRADIATIONS adj. inv. (v. 1960), de anti-, se dit de ce qui protège des radiations, notamment de la radioactivité. Le composé RADIESTHÉSIE n. f. (1930), fait avec l'élément -esthésie tiré du grec (→ esthétique), concerne la faculté de percevoir des radiations émises par certains corps et la méthode de détection fondée sur celle-ci. Quand cette détection se fait à l'aide d'une baguette, on parle de rhabdomancie*. Les dérivés RADIESTHÉSIQUE adj. et RADIESTHÉSISTE n. (1941) sont eux aussi en usage ; ce dernier, de même que rhabdomancien, est moins courant que sourcier.
❏ voir IRRADIATION (IRRADIER), RADIAL, RADIANT, RADIÉ, RADIEUX, RADIO, RADIO-, RADIUM, RADIUS, RAI, RAYONNE.
RADICAL, ALE, AUX adj. et n., attesté depuis le XVe s. (v. 1465) et indirectement dès 1314 par le dérivé radicalement, est emprunté au bas latin radicalis (Augustin) « de la racine, premier, fondamental », dérivé du latin classique radix « racine » (→ racine, radis, raifort). La substantivation de radicalis en gallo-roman est à l'origine d'un moyen français racheau « souche » (XIVe-XVIe s., Orléanais).
❏  Radical qualifie ce qui tient à la racine, au principe d'un être, d'une chose, donc ce qui est profond, intense, absolu ; il s'est appliqué en ancienne médecine à un fluide imaginaire tenu pour le principe de la vie dans le corps (v. 1500), à une humeur (1526, radicable), à l'humidité (1564). Avec la même signification, il s'emploie en philosophie (XVIIe s., Pascal), en chirurgie (1765, cure radicale) et en droit (1812, nullité radicale), acquérant la valeur générale d'« absolu », qui va se développer par influence de l'anglais (ci-dessous).
■  Au XVIIe s., on l'applique en botanique à ce qui se rapporte à la racine d'un végétal (1611). Par ailleurs, les grammairiens l'ont repris dans lettres radicales (1660) et dans mot radical (1690), donnant lieu à la substantivation de RADICAL n. m., d'abord pour désigner un mot donnant naissance à plusieurs autres (Dumarsais) puis un élément lexical, opposé à affixe (1867).
■  Depuis le XVIIIe s., radical s'emploie aussi en algèbre (1762) et en chimie (1765), comme adjectif (lié aux divers sens spéciaux de racine) et substantivé avec des sens correspondants : en algèbre, un radical désigne le signe se mettant devant les quantités dont on veut extraire la racine (1798) ; en chimie, le corps simple qui, dans les acides ou les bases, est combiné avec un autre corps que l'on regarde comme principe acidifiant ou basifiant (1812).
L'emploi spécialisé de l'adjectif et du nom en politique (1820) est emprunté à l'anglais radical adj. (1398), de même origine que le français, qui, à partir du sens de « complet, absolu », a pris la valeur de « qui remonte à la source, aux principes fondamentaux, qui va jusqu'au bout de ses conséquences » (1651). De cet emploi procède l'expression radical reform « réforme radicale » (v. 1786), à l'origine du nom donné, d'abord en mauvaise part, aux partisans les plus convaincus de la nécessité d'une réforme démocratique totale parmi les membres du parti libéral (1802). En français, le mot s'est d'abord employé dans un contexte britannique puis s'est acclimaté en France (1831), abrégé plus tard familièrement en radic (1881) et, par jeu de mots avec radis, en radi (1912), formes sorties d'usage. ◆  Radical a pris sa place dans la vie politique française comme appellation d'un parti de gauche, libéral, laïque, de plus en plus modéré et réformiste par rapport aux autres partis de gauche (notion récente de centrisme), contredisant ainsi l'étymologie. À la fin du XIXe et au XXe s., radical se dit pour radical-socialiste. ◆  Par américanisme, il est appliqué à celui qui est partisan d'une politique d'extrême-gauche aux États-Unis.
❏  Le plus ancien dérivé de radical est RADICALEMENT adv. (1314) « complètement », peut-être comme adaptation du latin tardif radicaliter.
■  Une vague de dérivés, au XIXe s., correspond à l'emprunt à l'anglais de termes politiques. ◆  RADICALISME n. m. est repris (1820) à l'anglais radicalism (1820), d'abord attesté en français comme terme de philosophie anglo-saxonne puis enregistré dans son acception politique britannique (1823, Boiste) et française (20-II-1832).
■  RADICALISER v. tr., déjà proposé en 1845 par Richard de Radonvilliers, a été repris (1899, se radicaliser ; puis 1913) à l'anglais to radicalize v. intr. (1823) et tr. (1830), dérivé de radical au sens de « rendre plus extrême ». Le français emploie aussi le mot à la forme pronominale se radicaliser dans une acception politique et, plus généralement, au sens de « devenir plus intransigeant, se durcir » (1968) ou « plus extrême » (d'une situation). ◆  Sous l'influence de l'anglais radicalization, on a dérivé de radicaliser RADICALISATION n. f. (1929).
■  À la fin du XIXe s., on a formé les termes politiques RADICAL-SOCIALISTE adj. (1881 ; 1871, socialiste radical), abrégé plus tard en RAD-SOC (1950, aussi radic-soc, 1944) et RADICAL-SOCIALISME n. m. (fin XIXe s.).
■  Un dérivé savant, RADICALAIRE adj. a été formé (v. 1960) pour qualifier une réaction chimique dans laquelle interviennent des radicaux libres.
❏ voir ARRACHER, ÉRADICATION, RACINE, RADICULE, RADIS, RAIFORT.
RADICULE n. f. est emprunté comme terme de botanique (1676, Journal des savants) au latin radicula « petite racine », diminutif de radix « racine » (→ racine, radis, raifort).
❏  Le mot sert à désigner la partie de l'embryon qui perce la première l'enveloppe de la graine pour s'enfoncer en terre. ◆  Ni le sens diminutif de « petite racine » (1762) ni le sens encore postérieur de « radis » (1875) ne se sont imposés.
❏  Radicule a servi à former les adjectifs RADICULEUX, EUSE adj. (1817) « qui a une longue radicule », « qui pousse sur les racines » et, à partir du mot latin, RADICULAIRE adj. (1817) « appartenant à la radicule ». Celui-ci, en médecine, qualifie ce qui concerne les racines des nerfs crâniens ou rachidiens (1879), et s'emploie dans les termes de pathologie névrite, paralysie radiculaire (1932).
■  À partir du latin radicula a été formé le terme de pathologie RADICULITE n. f. (1923) pour « inflammation d'une racine de nerf », notamment d'un nerf rachidien.
Le mot apparenté RADICELLE n. f. (1815) est formé sur le latin radix, icis avec le suffixe diminutif -elle. ◆  Il désigne la ramification secondaire d'une racine.
RADICANT, ANTE adj. de botanique, appartient aussi à la famille de radix, par le participe présent radicans du verbe radicari « prendre racine », pour qualifier la plante, la tige, qui émet des racines adventives.
❏ voir ARRACHER, ÉRADIQUER, RACINE, RADICAL, RADIS, RAIFORT.
2 RADIÉ, ÉE adj. est adapté (1679) du latin radiatus « muni de rais », « muni de rayons lumineux », d'où « rayonnant » et « irradié », de radius (→ radius, rai).
❏  Ce mot didactique qualifie ce qui présente des lignes rayonnant depuis un point central, concurrençant l'adjectif radiaire*. Le syntagme couronne radiée (1690) est traduit du latin radiata corona (Cf. radial).
■  Le féminin pluriel RADIÉES est substantivé (1816) en botanique comme terme de classification d'une famille de plantes comportant des capitules ayant des fleurs tubuleuses au centre et des fleurs ligulées à la périphérie.
❏ voir IRRADIATION, RADIAL, RADIANT, RADIEUX, RADIO, RADIUM, RADIUS, RAI, RAYONNE.
1 RADIER v. tr. → 1 RADIATION