RATITES n. m. pl. est la francisation (attestée 1834) du latin zoologique Ratitae, créé par Merrem (1816), et dérivé du latin rates « radeau », à cause du sternum plat, sans bréchet, de ces oiseaux. Le mot désigne une classe de gros oiseaux coureurs dont les plus connus sont l'autruche, l'émeu, le nandou.
RATONNADE, RATONNER → RAT
RATOUREUX, EUSE adj. et n., bien vivant en français du Canada, se rattache à la famille de tour, n. m., probablement par une variante régionale de retour (tours et retours), au sens de « rusé, malin », autrement dit « qui a plus d'un tour dans son sac ».
RATTACHER → ATTACHER
RATTE n. f., mot régional, attesté à la fin du XIXe s. à Lyon (écrit rate, 1894), est une métaphore de rate « femelle du rat ».
❏  Le mot, diffusé en français général à partir des années 1970, désigne une variété de pomme de terre de petite taille, allongée, à chair jaune clair, savoureuse, appelée régionalement quenelle ou quenelle de Lyon. Après les années 1970, le mot, diffusé en français de France et d'Europe, ne peut plus être considéré comme un régionalisme.
RATTRAPER → ATTRAPER
L RATURE n. f., d'abord rasture peut-être au XIIe s. (texte anglo-normand de la seconde moitié du XIIe s., le manuscrit datant de la fin du XIIIe s.), puis rature (1294), est issu du latin médiéval rasitoria « racloire » (1145) ou d'un latin populaire °rasitura ou °raditura, de radere « racler » (→ raser), mais peut être aussi la réfection de l'ancien français rasure, dérivé de raser* et usité du XIIIe au XVIe s. pour « action de tondre », « tonsure », « raclure », « suppression », « mesure rase », parmi d'autres sens.
❏  Le mot a désigné à l'origine les petites parties que l'on enlève d'un corps en le raclant, puis les raclures (1578) et, dans divers domaines techniques, ce qu'on enlève des peaux (1680), la petite bande détachée par le potier d'étain en tournant le métal sur sa roue (1680), ce que l'essayeur enlève d'un lingot (1766), tous sens archaïques, cette valeur étant passée à raclure. ◆  Le lien étymologique avec raser était sensible dans le sens d'« action de faire la barbe à qqn » (1415), sorti d'usage à l'époque classique.
■  Le développement du sens actuel, « action de biffer » et « trait, barre que l'on tire sur un ou plusieurs mots pour les annuler » (1537), est probablement plus ancien que ne l'indique cette attestation puisqu'un verbe rater (→ ratisser) existe pour « raturer, biffer » au XIVe s., et que le dérivé raturer réalise cette valeur dès 1458 (voir ci-dessous). En ce sens, rature a supplanté rasure attesté depuis 1235 et encore au XVIe s. où le dictionnaire franco-latin de Thierry (1564) donne les deux mots comme synonymes.
❏  Le dérivé RATURER v. tr. s'est imposé avec le sens de « biffer par des ratures » (1458) aux dépens de son autre sens, « faire la barbe à (qqn) » (1552) qui a été éliminé par raser*. ◆  Il a concurrencé et supplanté l'ancien verbe rater (1397-XVe s.), raster (1461) et son doublet rasurer (1378, rasuré).
■  Le verbe a produit RATURAGE n. m. (1875) « action de biffer » et, en technique, « opération qui succède à l'écharnage, à l'effleurage et qui consiste à rendre le parchemin plus mince, plus uni et plus blanc » (1875).
? RAUCHEUR n. m. (1875), mot dérivé d'un verbe raucher, dialectal, peut-être d'origine germanique, désigne dans le domaine minier un ouvrier chargé de l'entretien et de la surveillance des boisages des mines de charbon.
❏  RAUCHAGE n. m. (attesté seulement au XXe s.) désigne l'opération de réfection des galeries de mine rétrécies par des pressions.
RAUQUE adj., d'abord écrit rauc (v. 1270), puis rauque (1377), est emprunté au latin raucus « enroué » et, par extension, « âpre et rude » en parlant d'un son (oiseau, trompette). Raucus est la contraction d'un latin oral °ravicus, de ravis, mot archaïque désignant l'enrouement, d'origine inconnue. L'emprunt a supplanté le type populaire rois « enroué » (v. 1112) ou roe (v. 1175), attesté en judéo-français sous une forme rois, ros, issu phonétiquement de raucus.
❏  Rauque a eu le même type de développement que le latin raucus, qualifiant une voix enrouée, rude et âpre et, par extension, un instrument de musique, et tout bruit rappelant une telle voix (1690). Hugo lui donne le sens de « rude, sauvage » (1828), dans une description visuelle.
■  Par métonymie de la voix rauque, l'adjectif qualifie, en français de Belgique, une personne enrouée.
❏  RAUQUEMENT adv. (1374) est rare.
■  RAUQUER v. intr. (1761, Buffon) signifie « pousser son cri (du tigre) » en concurrence avec feuler et, quelquefois, par extension, « émettre un cri semblable à celui du tigre » (1863).
■  RAUQUEMENT n. m. (1822) se dit de l'action de rauquer (tigre) ou de rugir (lion) et, par extension, de l'action de crier avec une voix rauque (1886).
■  RAUCITÉ n. f. est directement emprunté (XIVe s.) au dérivé latin raucitas, -atis « caractère d'une voix, d'un son rauque », qui a supplanté le mot latin archaïque ravis.
❏ voir ENROUER.
RAUWOLFIA n. m. (1875 après la forme francisée rauvolfes, 1808) est pris au latin des botanistes (1705, Plumier), tiré du nom de Rauwolf, naturaliste allemand de la fin du XVIe s. Le mot désigne un arbrisseau originaire d'Asie (Inde, Indonésie) dont la résine contient plusieurs alcaloïdes, telle la réserpine, aux propriétés sédatives et hypotensives.
RAVAGE → RAVIR
RAVALER v. est dérivé (v. 1165) de 1 avaler* avec le préfixe re-*.
❏  Comme 1 avaler, ravaler a d'abord signifié « descendre » et, d'après la valeur itérative de son préfixe, « redescendre » (v. 1165). Ce sens est sorti de l'usage en dehors d'un emploi technique décrivant le mouvement de certains poissons qui descendent un cours d'eau vers la mer. Le sens secondaire de « tomber » (1180-1205) a lui aussi disparu, mais le développement ultérieur du verbe (en construction transitive) s'est fait d'après l'idée d'un mouvement dirigé vers le bas, au propre comme au figuré. Le sens de « faire descendre ou redescendre » (v. 1260) a disparu au profit d'acceptions techniques : en maçonnerie, ravaler consiste à « remettre à neuf le parement d'un mur en procédant de haut en bas » (1432, ravaller le mur) et à « diminuer (une chose) en hauteur ou en épaisseur » (1431, aussi en menuiserie). Ravaler et ravalement sont entrés dans l'usage courant pour la remise en état des murs et façades d'immeubles ; au figuré, se ravaler la façade s'emploie pour « se maquiller ». La même idée de « diminuer » est à l'œuvre en agriculture pour « recéper (des souches coupées trop haut) » (1676), c'est-à-dire « tailler » (1690). Elle est réalisée dans un emploi absolu en vénerie pour « porter des bois irréguliers et bas » en parlant d'un cerf ou d'un chevreuil vieillissant, qualifié de ravalé (1794). ◆  D'autre part, interprétée moralement, l'idée de « diminuer » est devenue « abaisser », d'abord « persécuter, malmener » (1382), puis de manière atténuée ou plus psychologique « déprécier, dénigrer » (1382), également au pronominal se ravaler (v. 1460). Celui-ci a eu autrefois la valeur spéciale de « se rabaisser par humilité chrétienne ».
À partir du XVIe s., ravaler a rejoint le sens dominant de 1 avaler, signifiant « faire descendre dans son gosier de nouveau » (1538). Le fait de ravaler sa salive pouvant être un signe d'émotion (inquiétude, hésitation), ravaler a évolué vers des valeurs figurées, « empêcher une parole, un sentiment, une émotion de s'exprimer » (1689, ravaler de ce qu'on a envie de dire, écrit Mme de Sévigné), par exemple dans ravaler ses larmes, sa colère.
❏  RAVALEMENT n. m. (v. 1460) est d'abord employé avec le sens moral « abaissement, avilissement » (mépris et ravalement, chez Chastellain). Il a ensuite développé les sens concrets techniques correspondant au verbe : « diminution, renfoncement » en maçonnerie (1554) et en menuiserie (1694), « remise à neuf (d'un mur) » (1676, ravalement d'un mur), « remise en état (d'une façade) », sens aujourd'hui très courant, notamment à cause de l'obligation d'y procéder périodiquement, en France. Mais le mot est en revanche d'usage technique en arboriculture, pour « action de recéper (le vieux bois) d'un arbre ou d'une souche coupée trop haut » (1715). L'extension tardive en « aspect cave ou concave », qui correspond à avalé, relève d'un style littéraire (1924, Gide, le ravalement de ses joues). ◆  RAVALEUR n. m. (v. 1460), « dénigreur », s'est moins bien maintenu que ravaler et ravalement dans le sens figuré, rare après le XVIe s., sauf archaïsme (1831, Chateaubriand). ◆  Il a été repris comme nom d'ouvrier, en maçonnerie (1892), seul ou dans ouvrier ravaleur (1907). ◆  RAVALANT, ANTE adj., du participe présent de ravaler, se rencontre quelquefois au sens moral de « dépréciateur, humiliant » (1836, Sand).
RAVANE n. f., en français de l'île Maurice, de la Réunion, est un emprunt au tamoul (langue dravidienne du sud de l'Inde) iravanam, qui désigne l'instrument de percussion, formé d'une peau de chèvre tendue sur un cadre de bois, et qu'on joue pour accompagner le séga. Chauffer la ravane, en jouer doucement pour se préparer à un séga.
❏  RAVANIER n. m. « joueur de ravane ».
RAVAUDER v. tr., d'abord ravaulder (1530) puis ravauder (1552), est le dérivé verbal de ravault puis ravaut, variantes de raval qui est en moyen français le déverbal de ravaler*. Le développement sémantique se comprend, selon Wartburg, à partir du sens de ravaut « sottise, bourde » (1360), « diminution de valeur, dépréciation » (1587) et, selon P. Guiraud, d'après un autre sens plus technique, du même ravaut « action de ravaler un mur, c'est-à-dire de l'aplanir, d'en rendre la surface sans bosses et sans trous ».
❏  Le mot signifie concrètement « rapiécer, repriser (de vieux vêtements) ». À l'époque classique, il a eu le sens figuré de « dire des impertinences, des choses futiles » (1675), d'après l'ancien sens de ravaut « sottise » (dans la locution donner un ravaut « faire croire une sottise ») qui procède lui-même de l'idée de dépréciation. ◆  Le verbe était aussi employé pour « ressasser, rabâcher » (1585), « avoir des occupations sans intérêt, dire des choses hors de propos » (v. 1673). Il signifiait aussi « tourner et retourner des objets, fourrager », attesté en 1581 et employé comme les deux sens précédents, chez Mme de Sévigné (1675) qui semble aimer ce mot.
■  Par extension du sens de « rapiécer », il a pris au XIXe s. le sens de « raccommoder, mettre bout à bout, réparer grossièrement ».
❏  RAVAUDEUR, EUSE n. (1530) désigne une personne qui reprise, raccommode. Après avoir désigné chez Montaigne (1588) un compilateur, il a eu dans la langue classique le sens figuré de « rabâcheur, personne qui ne dit que des choses futiles et sans intérêt » (1606).
■  RAVAUDAGE n. m. (1553), « action de rapiécer », a pris immédiatement le sens métonymique d'« ouvrage fait de morceaux plus ou moins bien assemblés », archaïque. À l'époque classique, il était synonyme de « bavardage futile » (1672, Scarron), tout comme RAVAUDERIE n. f. (1675, Mme de Sévigné), attesté antérieurement pour désigner concrètement une chose de peu de valeur (fin XVIe s.) et qui a disparu.
1 RAVE n. f., d'abord rabe (v. 1195), est, sous sa forme actuelle rave (v. 1393), emprunté au franco-provençal rava, rave qui continue le latin rapa, nom féminin à côté du neutre rapum, désignant une plante potagère à racine alimentaire voisine du navet. Le terme se retrouve sous diverses formes dans plusieurs langues indoeuropéennes, comme l'ancien haut allemand ruoba « rave », le lituanien rópé, le grec rhapus « rave », et rhaphanos « chou » et parfois « radis » et « raifort », le vieux slave repa « rave » ; toutefois, la parenté de ces termes ne remonte probablement pas à l'indoeuropéen. Le type rave s'est répandu dans les parlers septentrionaux et a éliminé le type régulier rêve (XIIIe s.), rare en ancien français, mais qui survit dans le Nivernais, en Champagne et en Franche-Comté. La forme méridionale raba (d'où rabe) s'étend jusqu'à la Loire, peut-être parce que cette racine constituait au moyen âge la principale nourriture des habitants du Limousin et de l'Auvergne.
❏  Rave, nom d'une plante potagère alimentaire, désigne par métonymie la racine comestible de cette plante ; on disait dès le XIIe s. vivre de pain et de raves. Comparer (ou additionner) des choux et des raves signifie « mettre sur le même plan des choses différentes ». L'ancienne confusion entre rave « navet » et un homonyme ancien rave « radis » (fin XIe s.), du latin raphanus, a cessé lors de l'emprunt de radis* à l'italien, lequel a éliminé rave « radis ».
❏  En est dérivé RAVIÈRE n. f. (1539) « champ de raves ».
❏ voir BETTERAVE, RABIOT, RAIPONCE, RAVENELLE, RAVIER, RAVIOLI.
2 RAVE n. m. ou f., prononcé rève (ou à l'anglaise, avec diphtongue) est un emprunt (1990) à l'anglo-américain rave, de to rave « délirer ».
❏  Cet anglicisme désigne une réunion d'adeptes de la musique techno* et de danse, en général nocturne, parfois clandestine.
❏  Il a pour dérivé RAVEUR, EUSE n., prononcé rèveur, euse.
RAVELIN n. m. (1546), d'abord ravellin (v. 1450), est emprunté à l'italien ravellino, variante de rivellino « demi-lune dans un système de fortification ». Celui-ci est dérivé de riva « rive », qui représente le latin ripa de même sens (→ rive).
❏  Le mot français, qui a gardé le sens de l'étymon italien, est archaïque ou archéologique.
RAVENALA n. m. est l'emprunt, d'abord en latin botanique, au malgache ravinale, composé de deux mots signifiant « feuille » et « forêt ». Le terme est attesté en français (1782) pour cet arbre de Madagascar, connu pour ses feuilles en éventail, qui ressemblent à celles du bananier et peuvent recueillir les eaux de pluie à leur base (d'où le nom courant d'arbre du voyageur). Variante (île Maurice) RAVINAL n. m.
RAVENELLE n. f. (1596), d'abord ravenielle (1382), est dérivé, avec le suffixe -elle, de l'ancien français rafne, ravene n. m. « radis » (av. 1100), lui-même issu du latin raphanus « raifort, radis noir ». Ce mot est emprunté au grec raphanos « chou, rave », lequel est apparenté au nom latin de la rave (→ rave) et, par-delà, à d'autres dénominations indoeuropéennes.
❏  Le mot a désigné une variété de garance, un petit radis (1596), une fleur blanche venant dans les champs parmi les blés (1679), et s'est finalement fixé comme nom de la giroflée des jardins (1694).
RAVIER n. m. est dérivé (1827) de l'ancien français rafne (dans les Gloses juives), 2 rave (1530) « radis ». Celui-ci, à ne pas confondre avec son homonyme 1 rave* (d'ailleurs apparenté), est issu du latin raphanus « raifort, radis noir », emprunté au grec raphanos (→ rave). Une première attestation de ravier en 1535 concerne, de manière isolée, le champ de raves, de radis.
❏  D'abord attesté pour désigner une espèce de champignon, le mot fait partie des métonymies (moins nombreuses que la figure inverse : terrine, etc.) qui vont d'un contenu à un contenant. Il désigne un plat dans lequel on met des radis et, par extension, des crudités, divers hors-d'œuvre (1836) ; par une seconde métonymie, il est aussi employé pour le contenu du ravier.