REBEC n. m. est l'altération (1379), peut-être d'après bec* en raison de la forme de l'instrument, de l'ancien français rebebe, rubebe (v. 1278), également altéré en rebelle (XIVe s.) d'après l'espagnol. C'est un emprunt à l'arabe rebâb ou rabâb de même sens, probablement par l'intermédiaire de l'ancien provençal rebeb, l'ancien italien ribeba étant peut-être emprunté au gallo-roman. Le croisement avec bec* se retrouve dans l'ancien provençal rebec, d'où également l'italien ribeca.
❏  Le mot désigne un instrument de musique à trois cordes en usage au moyen âge et dont on jouait avec un archet. Par réemprunt, il s'applique de manière vague à un instrument à cordes frottées, analogue au violon et en usage en Orient.
REBAB n. m. est un emprunt du XVIIIe s. (noté rebap, 1767 ; rebab, 1780) à l'arabe re (ou ra) bâb, qui avait déjà été emprunté au XVIIe s. (voir ci-dessus). Le mot reste confiné à l'usage des voyageurs, et commence à se diffuser au milieu du XIXe siècle, et surtout au XXe. L'instrument à deux ou trois cordes frottées ou pincées est propre à la musique traditionnelle des pays de culture arabe.
RÉBECCA → BEC
REBELLE adj. et n. est emprunté (v. 1160) au latin rebellis « qui recommence la guerre », « révolté », de re itératif (→ re-) et de bellum « guerre » (→ belliqueux) avec un suffixe d'adjectif.
❏  Rebelle se dit d'une personne qui refuse de se soumettre à l'autorité d'un gouvernement, d'un État ou d'une personne. Par extension, il qualifie une chose qui ne reste pas dans la position que l'on veut lui donner, spécialement les cheveux (v. 1360), et un mal difficile à guérir (v. 1560). Dans la construction (être) rebelle à (1642, Corneille), il caractérise ce qui est indocile, résiste à qqch., sens plus ancien en parlant de la chair dans un contexte chrétien (v. 1220), et, au figuré, une personne qui n'a pas de disposition pour qqch. La nuance de « contraire, néfaste » (v. 1360) est sortie d'usage.
❏  REBELLER (SE) v. pron. est emprunté (v. 1180) au latin rebellare « reprendre les armes, se soulever, se révolter » au propre et au figuré, de re- et de bellare « faire la guerre », dérivé de bellum. Rebeller a supplanté la forme plus ancienne reveler (1080), forme plus francisée issue de rebellare, usuelle jusqu'à la fin du XVe s. avec son déverbal revel « rebellion ».
■  Le verbe est aussi intransitif en moyen français ; il signifie « refuser d'obéir à l'autorité de l'État ou à toute autorité de droit ou de fait ». Il a pris le sens figuré de « protester, regimber » (1395).
RÉBELLION n. f. est emprunté (v. 1212) au dérivé latin rebellio, -onis « reprise des hostilités, révolte ».
■  Le mot désigne l'action de se révolter contre une autorité de droit ou de fait, et, en droit pénal, l'infraction commise contre l'autorité publique consistant en une attaque ou en une résistance active contre un agent de la force publique (1664). Par extension, il s'applique à la tendance à se rebeller, à désobéir (v. 1370). Une extension métonymique pour « ensemble des rebelles » est attestée depuis 1628.
■  Son dérivé RÉBELLIONNER (se) v. pron. (fin XVIIIe s.) a connu une certaine vitalité pendant la Révolution, de même que RÉBELLIONNAIRE adj. et n. (1771). Tous deux ont disparu malgré la création du dérivé RÉBELLIONNEMENT n. m., affectionné par les Goncourt (1877).
❏ voir BELLIGÉRANT, BELLIQUEUX, DUEL.
REBEU → ARABE (BEUR)
REBIBES n. f. pl. est l'aboutissement, en français de Suisse (années 1960), d'une série de mots dialectaux, précédés par bibe « copeau de bois en ruban » (1773). Bibe et rebibe sont vivants dans les dialectes, et rebibe, en patois vaudois, désigne un copeau de fromage dur (attesté 1880). Un rapport existe avec rabot. Les rebibes sont servies, souvent avec du vin blanc, en apéritif. Les fromages à rebibes sont le gruyère, l'emmenthal.
? REBIFFER (SE) v. pron. et intr., attesté depuis le début du XIIIe s., est d'origine obscure. L'hypothèse d'un étymon °biffe « griffe », déverbal de biffer* « griffer », manque de fondement, de même que celle d'un rattachement à l'ancien nordique biffa, attesté par le bas allemand bäven « trembler », et allusion au frémissement des naseaux des chevaux. Le recours à un verbe biffer « tromper » (v. 1310), dérivé, malgré le décalage chronologique, de biffe « étoffe de mauvaise qualité » d'où « fausse apparence » (XVIe s.), fait également problème. On pourrait s'en tenir à un radical onomatopéique baff- exprimant la moquerie (→ bafouer).
❏  On part du sens transitif concret de « relever, retrousser », sorti d'usage au début du XVIIIe s., qui, probablement par le même type de métaphore que retrousser les babines, a donné le sens figuré de « repousser » (v. 1225).
■  Le mot a été repris au XVIIe s. dans son usage pronominal moderne, se rebiffer signifiant « se refuser à faire qqch., regimber » (av. 1640). ◆  L'argot du XIXe s. ajoute un emploi intransitif équivalant à « recommencer, repiquer » (1846), d'après l'idée de « réagir avec vivacité (contre une attitude hostile, méprisante) ». Cet emploi semble né dans les prisons (1846). L'expression rebiffer au truc (1880) est fréquente chez les argotiers autour de 1900 (Bruant, Rictus).
❏  REBIFFE n. f. (1837), « vengeance », est plus argotique que REBIFFADE n. f. (1810) et REBIFFEMENT n. m. (1888), très rares. Rebiffe a été un mot d'argot pour « récidive », et on a dit de rebiffe (1865) pour « une seconde fois », l'idée de « vengeance », de « révolte » s'exprimant dans à la rebiffe. Tous ces emplois ont disparu, après les années 1920-1930.
REBIOLER v. tr. (1606, écrit rebioller) vient en français de Savoie (au sens de « repousser », d'une plante) et de Suisse, d'un verbe dialectal franco-provençal, dérivé de rebiot, préfixé en re- d'un type byo « pousse nouvelle », apparenté au mot bouleau. En Suisse, le mot se dit pour « enlever les pousses secondaires (de la vigne) ; ébourgeonner » (rebioler la vigne, un cep et absolument rebioler).
REBIQUER → BIQUE
REBLOCHON n. m. est emprunté (1877, Littré) au nom savoyard d'un petit fromage gras de forme ronde, dérivé d'un verbe reblyochi. Ce verbe exprime l'action de faire sortir par une nouvelle pincée le lait qui se trouve encore dans le pis après la traite, le fromage étant à l'origine fait avec le lait de la seconde traite ; il signifie aussi « faire pour la seconde fois ». C'est le dérivé en re- du verbe dialectal blossi, bloc'hi, blocher « pincer », répandu en Suisse et en Savoie, que l'on ramène à un latin populaire °blottiare d'origine inconnue.
REBONDIR, REBOND → BONDIR
REBORD → BORD
REBOT n. m., mot régional du Pays basque et du Béarn, est un emprunt à l'espagnol rebote « rebond » (attesté déb. XVIIIe s.) de même origine que le français rebouter, de bouter. Il est utilisé en français depuis la fin du XIXe s. (1897 dans Ramuntcho, de Loti) pour le sport plus couramment nommé pelote basque.
REBOURS, REBOURSE adj., réfection (v. 1220) de rebors (v. 1160), est issu d'un latin °rebursus qui est probablement une contamination du bas latin reburrus « qui a les cheveux retroussés », lui-même dérivé de burra (→ bourre) et de reversus « renversé » (→ revers).
❏  Le mot, repris comme adjectif, a eu le sens du latin (v. 1160), puis la valeur figurée de « revêche » (v. 1220) par le même type de développement que rébarbatif ; ces deux valeurs ont disparu. Il est passé dans le vocabulaire du manège pour un cheval difficile à monter, rétif (XVe s.) et dans celui de la menuiserie avec le sens technique de « noueux, difficile à travailler » en parlant d'un bois (1771), à peu près disparu.
■  Son emploi le plus vivace est la locution adverbiale à rebours (v. 1165, a rebors ; 1534, au rebours) « en sens contraire au sens habituel, normal » et, au figuré, « de façon contraire à l'usage, à la norme » (fin XIIIe s.). L'emploi pour « à rebrousse-poil » (1611) réactive la valeur étymologique. En fonction de préposition, au rebours de (v. 1265) puis à rebours de (fin XVIe s.) signifie « contrairement à ».
■  L'emploi substantivé du mot est rare au sens figuré de « contre-pied » (1276), et sorti d'usage au sens propre de « contre-poil d'une étoffe » (1694).
❏  De l'ancienne forme rebors est dérivé l'ancien verbe reborser v. intr. « venir à manquer » (v. 1155) et v. tr. « retrousser (la peau d'un animal) » (XIIIe s.). D'après l'évolution graphique du nom, il a pris la forme rebourser (fin XIVe s.), refaite en REBROUSSER (XVIe s.). La construction transitive de ce verbe, attestée la première au sens de « relever dans le sens contraire du sens naturel » (fin XIVe s.), est la plus courante, notamment dans rebrousser chemin, au propre et au figuré (1589). Le sens de « prendre à rebours (qqn), choquer » (fin XVIe s.) appartient à l'usage classique. Puis, le mot a pris des sens spécialisés en mégisserie (1723) et en tricot (1964).
■  La construction intransitive, attestée depuis le XVe s. avec le sens de « revenir en arrière », a vieilli ; elle se rencontre encore à propos d'un instrument tranchant qui recule et manque à couper.
Rebrousser a produit une première série de dérivés au XVIIe s., avec le nom d'instrument technique REBROUSSOIR n. m. (1628), réfection de reboursoir (1606), qui a survécu à REBROUSSE n. f. (1723) et REBROUSSETTE n. f. (1803) avec le même sens.
■  REBROUSSEMENT n. m. (1604), d'abord « fait de rebrousser chemin », s'emploie en géométrie dans point de rebroussement (1696) et arête de rebroussement (1749), désignant par extension le changement de direction d'une courbe (1869). Il se dit en géologie du changement de direction d'un pli, brusque et aigu (1888). ◆  Puis le mot exprime en général l'action de rebrousser (1842). L'élément verbal rebrousse entre dans À REBROUSSE-POIL loc. adv. (1636), d'abord au figuré « à l'opposé » et, proprement, « à contre-poil » (1694).
■  Au XXe s., rebrousser a produit deux mots d'usage technique : REBROUSSAGE n. m. (v. 1950) et REBROUSSEUR, EUSE n. (v. 1950), relatifs à une opération en bonneterie.
REBOUTER, REBOUTEUX → BOUTER
REBROUSSER → REBOURS
REBUFFADE n. f. est dérivé (1550) de rebuffe « refus brutal ou accueil désagréable accompagné de paroles dures » (1540), sorti d'usage. Le mot est emprunté de l'italien qui hésitait entre les trois formes rebuffo, ribuffo et rabuffo (aujourd'hui surtout rabuffo), déverbal de rebuffare « déranger, houspiller », lequel est formé de re- à valeur intensive (→ ré-) et de buffare « souffler, gonfler » appartenant au radical onomatopéique buff- qui exprime la bouffissure, le dédain (→ bouffe, bouffer, bouffir, bouffon).
❏  Le mot a gardé le sens de l'étymon ; il est aujourd'hui d'usage limité (essuyer une rebuffade et quelques expressions) et assez littéraire.
? RÉBUS n. m. est l'emploi spécialisé (v. 1480 ; 1512 selon T. L. F.) du latin rebus, ablatif pluriel de res « chose » (→ rien). Pour certains, le point de départ serait à chercher dans la formule latine de rebus quae geruntur « au sujet des choses qui se passent », nom donné aux libelles que les clercs de Picardie composaient au temps du carnaval et qui comportaient des dessins énigmatiques, dits rébus de Picardie, rébus d'Arras. Pour d'autres, comme Wartburg qui écarte cette hypothèse pour des raisons chronologiques, le mot se réfère au jeu d'esprit consistant à représenter les objets et les personnes par des dessins, rebus étant implicitement opposé à litteris « par les lettres ». Selon P. Guiraud, qui part de l'acception primitive de « mot pris dans un autre sens que celui qui lui est naturel » (encore chez Rabelais) et s'appuie sur le sens de « bévue » et de « mauvais jeu de mots », encore attesté dans les dictionnaires au XIXe s., le français rébus serait une forme volontairement équivoque de rebours* « contre-pied, contraire de ce qui devrait être », lui-même attesté au sens de « devinette » (1655, 1771). Rebous, variante attestée en ancien français, aurait donné lieu à une équivoque avec le latin rebus, prononcé rébous ; les rébus en images, apparus au milieu du XVIe s., correspondraient dans ce cas à une acception secondaire liée au latin rebus, opposé à litteris. Le contexte des premières occurrences, où rébus rime avec abus et imbutz, ne semble cependant pas confirmer cette hypothèse.
❏  Le mot a d'abord désigné un mot pris dans un autre sens que le sens normal, d'où un mauvais jeu de mots (1668). Il a aussi désigné un langage figuré, conventionnel (1546) et une bévue (1583-1590).
■  Le sens actuel remonte au XVIe s. (v. 1530, Marot) ; en procède la valeur figurée, « écriture difficile à déchiffrer, propos difficile à comprendre » (1546), peut-être influencée par le sens primitif du mot ; la locution parler rébus « de manière énigmatique » (1845) est sortie d'usage.
❏ voir RÉEL, RIEN.
REBUSE n. f., mot dialectal, semble provenir du verbe provençal rebusa (rebuzar en ancien provençal, XIIIe s.) pour « reculer » ou « empirer ». Il ne s'emploie qu'en français de Suisse (surtout cantons de Vaud et de Neuchâtel), où il est attesté en 1789, pour « retour du froid », notamment au printemps.
REBUT, REBUTER → BUT
RECACHETER → CACHET (art. CACHER)