RÉCADE n. f. En histoire de l'Afrique, se dit d'un bouton de métal ou de bois sculpté, confié par un chef, un roi à son représentant ou messager, pour qu'on le reconnaisse comme tel.
RÉCALCITRANT, ANTE adj. et n. est le participe présent adjectivé (1551) de l'ancien verbe RÉCALCITRER v. intr. (v. 1120) « regimber, faire opposition à », encore employé en français moderne par plaisanterie. Ce verbe est emprunté au latin recalcitrare, formé de re- (→ re-, ré-) à valeur intensive et de calcitrare « ruer, regimber », proprement « repousser du talon », dérivé de calx, calcis « talon » (→ chausser).
❏  L'adjectif, rare avant la fin du XVIIe s., qualifie un animal, une personne qui se refuse opiniâtrement à faire ce à quoi on veut le contraindre. Par extension, il qualifie une chose qu'on ne peut agencer, utiliser à son gré (1840).
❏  Le dérivé RÉCALCITRANCE n. f. (1793) est rare ; on le trouve chez Baudelaire.
RECALER → CALE
RÉCAPITULATION n. f. est emprunté (1245) au bas latin recapitulatio, -onis, nom d'action tiré du supin du bas latin recapitulare « reprendre à la tête, au début », d'où « résumer, reprendre » (IIe s.), du préfixe re- à valeur itérative (→ re-) et de capitulum (→ chapitre, da capo).
❏  Le mot désigne la répétition d'une chose point par point et, par métonymie, l'écrit qui récapitule. Il s'applique spécialement à une figure de rhétorique par laquelle on énumère les points principaux de la péroraison. En histoire des sciences, loi de récapitulation désigne la loi selon laquelle l'ontogénie répète la philogénie. Entre dans la langue courante à la suite de récapituler, pour « reprise point par point (d'une opération, d'un discours) ». Le mot est alors abrégé à l'oral en RÉCAP n. f.
❏  RÉCAPITULER v. tr., le verbe correspondant, est emprunté un peu plus tard (v. 1370, Oresme) au verbe latin (ci-dessus).
Il signifie « reprendre point par point (ce que l'on a dit ou écrit) » et, par extension, « rappeler dans sa mémoire (des faits, des événements) » (v. 1570 ; 1764).
■  Le dérivé savant RÉCAPITULATIF, IVE adj. (1831), « qui sert à récapituler », est assez courant.
RECASER → CASE
RECELER, RECEL → CELER
RECENSER v. tr. est emprunté (v. 1240) au latin recensere « passer en revue », et spécialement « faire l'examen critique de (un écrit) ». Ce verbe est formé de re-, préverbe pris dans sa valeur intensive (→ re-) et de censere « estimer, évaluer » (→ censé).
❏  Le verbe a d'abord signifié « raconter, rapporter, exposer », sens usuel du XIIIe au début du XVIIe s. (répertorié en 1611) d'où vient une spécialisation juridique pour « entendre des témoins » (XVIIe-XVIIIe s.).
■  Jusqu'au XVIe s., d'après la solidarité des notions de conter et compter (Cf. ces mots), le verbe signifie également « énumérer » (v. 1278), puis « compter » (1532), avant de prendre le sens de « dénombrer, faire le compte de » (1534), resté vivant. ◆  Cette acception semble s'être surtout répandue à partir du XIXe s., le verbe s'appliquant au compte des habitants d'un pays (1869, recenser la population), des voix d'un suffrage, des jeunes gens atteignant l'âge du service militaire, du matériel susceptible d'être requis en temps de guerre.
❏  RECENSEUR, EUSE n. et adj. s'est d'abord écrit recenseour au sens de « celui qui raconte » (XIVe s.) avant d'être repris pour « celui qui compte les suffrages dans un vote » (1789). Il prend au XIXe s. (1869) le sens de « personne procédant au dénombrement d'une population », seul vivant aujourd'hui.
■  Le dérivé RECENSEMENT n. m. (1611), créé au sens de « récit, action de passer en revue », sorti d'usage, et de « dénombrement », valeur durable et qui s'est spécialisée pour l'opération administrative ayant pour but de recueillir des renseignements statistiques auprès d'une population et de la dénombrer (1798, probablement antérieur en politique, pendant la Révolution) [Cf. recenser ci-dessus]. Le mot signifie spécialement « conscription » (1845) et « inventaire des animaux, véhicules, installations et équipements susceptibles d'être réquisitionnés en temps de guerre » (1904).
RECENSION n. f. est soit dérivé du verbe français, soit emprunté (1753) au dérivé latin recensio, -onis « dénombrement, énumération détaillée ». ◆  Le mot a d'abord désigné l'énumération des cartes géographiques d'un ouvrage avec examen critique de leur établissement. Ensuite (1808), il désigne la vérification de l'édition d'un auteur ancien d'après les manuscrits, puis, par extension, une édition critique. Au XXe s., il a pris un sens figuré qui le rapproche de recensement « examen, inventaire détaillé et critique ». RECENSEUR, EUSE adj. et n. (1869) qualifie et désigne la personne qui effectue un recensement.
❏ voir CENS, CENSÉ, CENSEUR, CENSURE.
RECENTRER → CENTRE
RÉCENT, ENTE adj. est emprunté (v. 1450) au latin recens, -entis, dont le sens originel pourrait avoir été « qui vient en ligne droite », et qui signifie « nouvellement arrivé », « frais, jeune » et, au figuré, « dispos, intact », substantivé dans la langue médicale tardive pour « eau », d'après le grec nearon (hudôr) « eau fraîche ». L'étymologie du mot n'est pas certaine : on a analysé recens en re-cent-, et rapproché du second élément le vieux slave po-čĭnǫ « je commencerai », konĭ « commencement », mais ce n'est là qu'une hypothèse.
❏  Le mot a été repris au sens de « frais, vif », en parlant d'une blessure, d'une douleur, d'une personne qui a une connaissance toute fraîche de quelque chose. Il a supplanté l'ancienne forme populaire roisant (déb. XIIIe s.), raisant (1200), resant « frais ». ◆  La valeur initiale, également employée pour caractériser une couleur (1491) et, au figuré, une personne saine et vive (1508), est sortie d'usage au bénéfice de la valeur temporelle « qui s'est produit depuis peu de temps » (v. 1460). Le sémantisme ancien ne survit que dans les dialectes du nord de la France avec le sens de « qui a repris ses sens (après l'ivresse, l'évanouissement) » et « calme, rassis » d'une personne. Au sens dominant, le mot s'oppose à ancien ; son sémantisme le distingue de moderne par un contenu strictement chronologique.
❏  Le dérivé RÉCEMMENT adv., dont la forme (1646) a éliminé le type antérieur recentement (1544), signifie « depuis peu ».
■  Une tentative pour former un nom, RÉCENCE n. f. (1801), après le moyen français en recence « de nouveau » (1537), a échoué.
❏ voir RINCER.
RECENTRER → CENTRE
RECÉPER et dérivés → CEP
RÉCÉPISSÉ n. m. est l'abréviation (1380) de la formule latine cognosco me recepisse « je reconnais avoir reçu » qui s'écrivait sur les reçus. Cette expression est formée de cognosco, première personne du singulier de l'indicatif présent de cognoscere (→ connaître), de me (→ moi) et de recepisse, infinitif parfait de recipere (→ recevoir).
❏  Le mot a d'abord été employé en fonction d'adjectif (mais invariable) dans lettre recepissé, avant d'être substantivé, sous la forme dialectale rechepissé (1398), puis récépissé (v. 1450) pour l'écrit constatant qu'un document, qu'un objet a été reçu. Par extension, il désigne le reçu donné pour un versement d'argent.
RÉCEPTACLE n. m. est emprunté (1314) au latin receptaculum « magasin », « réservoir, bassin » et « refuge, asile », dérivé avec un suffixe à valeur diminutive de receptare « retirer », « recevoir », forme fréquentative de recipere (→ recevoir).
❏  Le mot désigne d'abord le lieu où se rassemblent des choses venues de divers endroits, puis le lieu de rassemblement de choses et de personnes (XVe s., repris 1552), souvent péjoratif. Deux spécialisations techniques sont apparues ultérieurement en hydraulique où le mot désigne le bassin de rassemblement des eaux (1701), et en botanique à propos du sommet du pédoncule d'une fleur sur lequel s'insèrent les pièces florales (1765).
❏ voir RÉCEPTION.
RÉCEPTION n. f., d'abord receptiun (v. 1200), la graphie actuelle apparaissant au XVe s., est emprunté, pour servir de nom d'action à recevoir*, au latin receptio, -onis qui remplit ce rôle vis-à-vis de recipere (→ recevoir), verbe qui fait au supin receptum.
❏  Le mot ne s'est pas écarté de l'idée de base, « action de recevoir », les variations de sens dépendant de la nature des compléments et des contextes, ainsi que de l'évolution de recevoir*. Il désigne d'abord l'action de recevoir qqn (v. 1200), d'où par spécialisation une cérémonie officielle par laquelle on accueille qqn dans une société, un groupe (1418) et, qualifié, la manière dont on reçoit (1610). S'agissant de recevoir des invités (1559), réception a pris par métonymie le sens de « réunion mondaine d'invités, d'amis » (1830, Stendhal).
■  L'accent se déplaçant, par une autre métonymie, sur le lieu où l'on reçoit, le mot s'applique à l'ensemble des pièces où l'on donne les réceptions puis au bureau, au service d'un hôtel, d'une maison de commerce où le client est accueilli (av. 1922, Proust).
■  Dès le début du XIIIe s., réception désigne aussi l'action de recevoir une chose, puis l'accueil qu'on lui réserve (1637), sens réalisé dans les locutions accuser la réception, accuser de réception (1826) et accuser réception de... (1835) dans le vocabulaire postal (→ récépissé).
■  Dans le langage scientifique, le mot s'applique au fait de recevoir des ondes (av. 1650, Descartes) et, en français moderne, au fait de recevoir, de capter une émission de radio, de télévision, des ondes hertziennes (la réception est mauvaise, au fond de la vallée). ◆  Avec un nom abstrait, le mot s'applique à l'action d'accepter ce qui est reçu, par exemple dans réception de caution (1690), réception de travaux (1845). Par une métonymie d'ordre spatial, il sert à désigner le service chargé de recevoir les produits livrés par les fournisseurs (1883).
■  Au XXe s., il désigne en sports l'action de recevoir le ballon en le contrôlant (1913, en rugby) et la manière dont le corps se reçoit au sol après un saut (1939, en athlétisme).
❏  Les dérivés sont assez récents.
■  RÉCEPTIONNAIRE n. est attesté dans le Bulletin des lois du 13 juin 1866 au sens juridique ou technique de « personne prenant livraison de marchandises pour son compte ou celui du destinataire », spécialement dans des noms de métiers. Il sert aussi à désigner le chef de la réception dans un hôtel (1962 dans les dictionnaires).
■  RÉCEPTIONNER v. tr. (1923) est à la fois employé au sens technique de « recevoir, vérifier une livraison », parfois en relation avec recette, et en sports, de « recevoir un ballon en le contrôlant » (1924). ◆  En français du Maghreb, comme dérivé de réception, le verbe correspond à « recevoir, capter (la télévision) », souvent grâce à la parabole.
■  Quant à RÉCEPTIONNISTE n., il désigne couramment la personne chargée de l'accueil de la clientèle (1945).
RÉCEPTEUR, TRICE n. m. et adj. a été formé au XIXe s. après un usage en ancien et moyen français, d'abord sous la forme receteur (v. 1265), refaite en recepteur (1391). Il est emprunté au latin receptor « celui qui a repris », employé spécialement à propos d'un receleur et dérivé de receptum, supin de recipere (→ recevoir). Receteur « receleur » a disparu, et récepteur désignait en ancien français l'employé préposé à la comptabilité des ouvrages communaux (1283) ; en relation avec l'ancien recet « asile, refuge » (→ recette), il s'est dit en moyen français de la personne donnant asile à qqn (XVe s., spécialement au féminin recepteuse une femme donnant asile à des brigands, 1435). Concurrencé dans l'un de ses emplois par receveur, puis sorti d'usage, le mot a été recréé savamment (1845) d'après le latin receptum et réceptif.
■  Mot technique, récepteur désigne alors un contenant, un espace destiné à recevoir les eaux surabondantes puis un appareil recevant de l'énergie brute pour la transformer en énergie utilisable. Il désigne ensuite couramment un appareil destiné à recevoir des impulsions électriques ou ondes électromagnétiques (v. 1860), spécialement dans récepteur de téléphone, récepteur téléphonique nommant le dispositif qui transforme un courant alternatif en ondes sonores reproduisant le son initial. De là, par métonymie et plus couramment, le sens de « partie de l'appareil téléphonique où l'on écoute » (1879) ; Cf. combiné.
■  En physiologie, récepteur désigne une structure organique ayant pour fonction de recevoir des stimuli et de les traduire en messages sensoriels qu'elle transmet au système nerveux central (1874).
■  En finances, récepteur d'un compte courant concerne la partie devenant débitrice d'une autre du fait d'un versement en compte courant et, en linguistique, la personne qui reçoit un message envoyé par un émetteur (ces deux sens étant enregistrés dans Le Robert en 1962). Le sens de base de « ce qui reçoit » est réactivé dans l'emploi figuré du mot pour « organisme vivant recevant des impressions » (1914).
■  Récepteur, trice est adjectivé (1859) pour caractériser un appareil qui reçoit (spécialement des ondes) et, en physiologie, une structure nerveuse centrale recevant des influx.
■  Le nom a servi à former des termes de physiologie avec un premier élément désignant l'objet reçu, tels PHONORÉCEPTEUR n. m. (XXe s.), CHIMIORÉCEPTEUR n. m. (av. 1970), BARORÉCEPTEUR n. m. (av. 1969).
RÉCEPTIF, IVE adj. est d'abord le dérivé savant (v. 1450) du latin receptum, supin de recipere (→ recevoir). Autrefois employé au sens général de « qui reçoit », il s'est limité à quelques spécialisations : après avoir qualifié une personne recevant une connaissance scientifique (déb. XVIIe s.), il est sorti d'usage.
■  Il a été reformé (1818) avec le sens de « susceptible de recevoir des impressions », et se dit d'un organisme exposé à contracter une maladie infectieuse (1875, Larousse, mais antérieur, Cf. réceptivité).
■  De réceptif est dérivé RÉCEPTIVITÉ n. f. (1801) « disposition à recevoir des impressions », spécialement dans état de réceptivité (1928). Le mot désigne également l'aptitude d'un organisme à contracter certaines maladies (1845). Il se dit aussi de la qualité d'un récepteur radiophonique capable de recevoir des ondes de longueurs très diverses (1949).
■  RÉCEPTIBILITÉ n. f. (1803), formé savamment sur le latin receptum, supin de recipere, avec le sens de « faculté de recevoir des impressions », est rare.
❏ voir RÉCEPTACLE.
RÉCESSION n. f. est un emprunt savant (1869) au latin recessio, -onis « action de s'éloigner », formé sur le supin (recessum) de recedere « s'éloigner, se détacher ». Ce verbe est formé de re- marquant le mouvement en arrière (re-), et de cedere « aller, marcher » (→ céder).
❏  C'est d'abord un terme didactique signifiant « action de se retirer » ; il s'est spécialisé en astronomie dans l'expression récession des nébuleuses « éloignement progressif des nébuleuses extragalactiques avec des vitesses proportionnelles à leurs distances » (1949), concept à la base de la théorie de l'expansion de l'Univers et de celle du big-bang.
■  Son usage en économie politique, devenu très fréquent, est emprunté (1954) à l'anglo-américain recession (1929 dans ce sens), de même origine que le français. Récession a eu d'abord une valeur d'euphémisme (au lieu de crise, dépression) ; il s'est imposé dans la langue des spécialistes pour un type de crise mineure.
❏  Par changement de suffixe, récession a produit RÉCESSIF, IVE adj. (1907), en biologie, dans les expressions caractère récessif, hérédité récessive, gène récessif (1911) à propos d'un gène dont les effets sont masqués par ceux d'un gène dominant. La notion vient de l'allemand (recessiv, 1865), à propos des expériences de Mendel, au milieu du XIXe siècle.
■  De récessif est dérivé RÉCESSIVITÉ n. f. (1953) « état d'un gène, d'un caractère récessif ».
RECETTE n. f., graphie moderne (fin XVIe s.) de recete (1314), recepte (1361), est la réfection de reçoite (XIIIe s.), rechoite (1288). C'est un emprunt au latin recepta, neutre pluriel substantivé pris pour un féminin singulier de receptus, participe passé passif de recipere (→ recevoir). L'ancien français a eu le substantif recet n. m. (1080) « habitation, refuge, lieu où l'on se retire », spécialement « repaire d'un animal », « enterrement » (v. 1240), emprunté au latin receptus substantivé et désignant un refuge, une retraite militaire et l'action de reprendre son souffle.
❏  Le premier sens du mot, écrit par souci étymologique recepte du XIVe au XVIIe s., est économique et apparaît dans les coutumiers ; il correspond à « montant de l'argent reçu par un établissement commercial ou industriel ». En procèdent les extensions métonymiques de « local où le receveur exerce son emploi » (1469, recette générale), d'où « bureau d'un receveur » (1830, recette de tabac ; 1848, recette buraliste), et de « fonction de celui qui reçoit les contributions, souscriptions aux emprunts de l'État » (1636), plus tard en relation avec perception.
■  Au XIIIe s., d'après l'idée d'indication reçue, recette a été repris en pharmacie pour « formule indiquant les éléments entrant dans la préparation d'un remède », déclinant en faveur de formule mais conservé avec un emploi dépréciatif dans recette de bonne femme (attesté au XIXe s.). ◆  Par extension, le mot s'est répandu à partir du moyen français pour désigner la manière de préparer un mets, recette de cuisine prenant aussi une valeur figurée, et un produit domestique (v. 1398) et a développé le sens figuré de « moyen, procédé » (v. 1550), souvent péjoratif.
■  Dans certains contextes professionnels, le mot désigne par métonymie le lieu où l'on manipule le charbon pour le trier (1816), et l'action de recevoir des marchandises et de les vérifier (1831), en relation avec réceptionner.
RECEVOIR v. tr., d'abord receveir (1080) et recivoir (v. 1200) avant recevoir (1273), est la réfection d'après la première personne du pluriel au présent de l'indicatif (recevons) sur le modèle de avons / avoir, devons / devoir, de l'ancien infinitif receivre (fin Xe s. : v. 980). Ce verbe est issu du latin recipere « retirer, ramener, reprendre », « accepter, accueillir », « retirer de l'argent de », de re-, préfixe marquant l'intensité, le mouvement en arrière ou la réitération (→ re-), et de capere « prendre, saisir » (→ à chasser).
❏  Le verbe est d'abord employé avec la valeur active de « laisser venir à soi, donner accès à » : il signifie dès les premiers textes « accueillir (qqn qui se présente) ». En faisant porter l'accent sur la manière dont se déroule l'action, avec un complément désignant une personne, il signifie « accueillir de telle ou telle manière » (v. 1145). Il développe ensuite dans différents contextes des valeurs spécialisées : « inviter des amis » (1798, en emploi absolu), « accueillir des clients » (fin XIXe s.) et, en emploi absolu, « avoir un jour fixe de réception des visiteurs » (1832) ; ces valeurs, également au passif être reçu (1721), correspondent surtout aux mœurs du XIXe siècle.
■  Avec une insistance quant aux modalités de l'action, recevoir signifie « admettre (qqn) après diverses épreuves » (v. 1207), « installer dans une charge, une fonction » (XVe s.), surtout au passif (être reçu) avec un changement de point de vue (1549). ◆  Par extension, le verbe correspond à « autoriser (qqn) à », au passif « être autorisé à » (1531) dans être (bien) reçu à..., d'usage surtout classique.
■  Par substitution de complément à l'inanimé, le verbe a pris très tôt le sens d'« admettre, reconnaître pour vrai » (1080) puis, concrètement, de « faire entrer (une substance) dans un lieu » (1538). Il signifie en droit « accepter comme étant dû » (v. 1155) d'où non-recevoir (1690), dans fin de non-recevoir, et se dit pour « accepter comme agréable » (1538), emploi plus marqué comme littéraire.
■  La forme pronominale se recevoir se range dans les emplois à valeur active : autrefois employé au sens de « se réfugier, se retirer » (XIVe s.), se recevoir a été repris en sports, turf (1872), lutte (1899) au sens de « prendre contact avec le sol après un saut ».
Le verbe a aussi la valeur passive de « se voir adresser qqch. » : il signifie « prendre, accepter » (ce qui a été donné, offert, envoyé) avec pour complément un nom d'objet concret (1050) et abstrait (1080). Avec les deux types de complément, recevoir vaut pour « être l'objet d'une action que l'on subit » (1080), également avec un nom de chose pour sujet (v. 1155), par exemple dans la terre reçoit la pluie. En français d'Alsace et de Lorraine (Moselle), il s'emploie pour « supporter, subir (qqch. de pénible) ».
❏  La dérivation est modeste en comparaison des emprunts faits au latin (réception, etc.).
■  Le plus ancien dérivé est RECEVEUR, EUSE n., réfection de receverre (v. 1120, au cas sujet), employé dans les traductions des psaumes à propos de celui qui donne un soutien moral. ◆  Le mot s'est spécialisé dans le domaine administratif (en relation avec recette*) pour désigner la personne chargée de faire une recette ou de gérer une recette (v. 1170), spécialement dans receveurs généraux (1416), receveurs particuliers, nom d'officiers de l'Ancien Régime. De nos jours, receveur concerne le comptable public chargé d'effectuer les recettes et certaines dépenses publiques, spécialement dans receveur des finances, receveur des contributions (expression usuelle en français de Belgique, quand on emploie percepteur en France), receveur buraliste (1848), receveur des postes. D'autres spécialisations sont apparues dans la seconde moitié du XIXe s., où le mot s'applique à l'employé préposé à la recette dans les transports en commun (1869), emploi qui fut usuel dans receveur de tramway, d'autobus, avant la disparition de cette fonction dans les années 1950.
■  En technique, le mot désigne un ouvrier imprimeur qui reçoit les feuilles sortant de la presse (1872), l'ouvrier employé à la recette dans une mine (déb. XXe s.). En médecine, il s'applique à la personne qui reçoit le sang du donneur et le malade à qui l'on implante un fragment de tissu ou d'organe (v. 1960) : dans ces emplois, il s'oppose à donneur.
RECEVABLE adj. qualifie ce qui peut être reçu (v. 1260) ; en droit, ce qui peut être admis (1265) et celui qui est admis à poursuivre qqn en justice (1549).
■  Dans sa spécialisation juridique, il a produit l'antonyme préfixé IRRECEVABLE adj. qui qualifie aussi un argument, une raison que l'on ne peut admettre, accepter. RECEVABILITÉ n. f. (1829) est en usage dans l'administration et la justice, ainsi que IRRECEVABILITÉ n. f. (1874).
■  RECEVANT, ANTE adj. est en usage en français du Canada (1930) pour une personne accueillante, qui aime recevoir chez elle.
REÇU, UE, le participe passé de recevoir a été adjectivé (v. 1190, receuz) au sens de « recueilli », en parlant du sang d'un martyr. Entre autres emplois correspondant à ceux du verbe, il se dit de ce qui est admis, reconnu par tout le monde (1655, Pascal), et spécialement d'un mot considéré comme appartenant à la norme du français cultivé (mil. XXe s.). ◆  À l'époque classique, il s'est dit d'une personne jouissant d'un grand crédit (1679).
■  Le mot a été substantivé, d'abord au sens d'« accueil » (v. 1315, resut) puis repris, un REÇU signifiant « écrit sous seing privé par lequel une personne reconnaît avoir reçu une lettre, un objet » (1611) ; cet emploi administratif est passé dans l'usage courant.
RESSAT n. m., attesté en 1536 et indirectement au XVe s. par le latin médiéval ressat (1423, « redevances à payer »), correspond à la forme recept, en Franche-Comté, pour « repas offert à des religieux d'un couvent ». Le mot fait partie de la descendance du latin recipere. Il s'est laïcisé sous la forme ressat en Suisse, pour le repas offert par un agriculteur à ses employés, à la fin des travaux (vendange, récolte...). Par extension, il se dit du banquet d'une « confrérie » professionnelle ou « gastronomique », souvent accompagné d'un bal.
❏ voir RÉCÉPISSÉ, RÉCEPTACLE, RÉCEPTEUR, RÉCEPTIF, RÉCEPTION, RECETTE, RÉCIPIENDAIRE, RÉCIPIENT, RECOUVRER, RÉCUPÉRER.
RECHAMPIR → CHAMP
RECHANGER, 1 et 2 RECHANGE → CHANGER
RECHAPER → CHAPE