RÉCHAPPER → ÉCHAPPER
RECHARGER → CHARGER
RÉCHAUD, RÉCHAUFFER → CHAUFFER
? RÊCHE adj., d'abord resque (1244), reech (v. 1268), écrit rêche au XVIIe s. (1697), est d'origine incertaine : Wartburg revient sur l'étymologie proposée par Bloch et Wartburg d'un gaulois °reskos « frais » et propose un francique °rubisk « rauque, rude, âpre », dérivé d'un radical que l'on retrouve dans l'ancien haut allemand hruf « croûte d'une plaie », devenu °ruvisk, °roesk, °reesk et dont le féminin s'est généralisé. Cette hypothèse présente des problèmes phonétiques non résolus. P. Guiraud est tenté de voir dans cet adjectif une forme de revêche*, tant la parenté sémantique des deux mots est étroite : mais cela postulerait la syncope du v du latin populaire °reversicus auquel P. Guiraud fait remonter revêche, alors que l'on n'a pas d'exemple d'une telle syncope entre deux voyelles palatales (le v de vivenda, → viande, est tombé par dissimilation). Le mot est apparu dans le nord-est de la France, aire où la chute de la labiale intervocalique est fréquente, ce qui appuierait l'hypothèse d'un croisement d'une forme dialectale avec une forme francique, °rubisk selon Wartburg.
❏  Dès les premiers textes, le mot est employé avec le sens figuré de « désagréable, revêche », en parlant d'une personne. Il qualifie concrètement ce qui est âpre au goût (v. 1268) et, par extension, une chose souple rude au toucher, légèrement râpeuse (1761, Rousseau), sens aujourd'hui dominant (laine rêche, etc.), ce qui n'exclut pas quelques emplois à propos d'une sonorité (1864, d'une voix).
RECHERCHER, RECHERCHE → CHERCHER
RECHIGNER v. intr., d'abord rechignier (v. 1155) puis rechigner (v. 1200), est formé de re-* à valeur intensive et d'un verbe non attesté °chignier issu du francique °kînan « tordre la bouche » que l'on restitue d'après l'ancien haut allemand kînan « ouvrir, éclater » et le moyen néerlandais kinen « ouvrir la terre ». °Kînan est peut-être apparenté à °kinni « mâchoire » ; (Cf. quenotte).
❏  Le mot est d'abord relevé dans la locution ancienne denz rechignier (rechigner les dents) « montrer les dents en grimaçant, grincer des dents ». Son emploi transitif pour « montrer par sa mauvaise humeur, son air maussade, une répugnance à faire une chose » est attesté peu après (v. 1175), mais la construction courante rechigner à (nom ou infinitif) n'est attesté qu'en 1798.
❏  Le participe passé RECHIGNÉ, ÉE est adjectivé (v. 1175) pour qualifier une personne manifestant sa mauvaise humeur à faire une chose et, par extension, ce qui est empreint de morosité.
■  Un nom d'action RECHIGNEMENT n. m. a été tiré (déb. XIVe s., reskinement) du verbe, ainsi qu'un adjectif rechigneux, euse (1553) ou RECHIGNEUR, EUSE (1595, comme nom).
RECHUTE → CHOIR
RÉCIDIVE n. f. est emprunté (v. 1560) au latin médiéval recidiva, féminin substantivé de l'adjectif classique recidivus « qui revient, qui retombe », « renaissant », dérivé de recidere « retomber », de re- à valeur itérative (→ re-) et cadere « tomber » (→ cadence).
❏  Le mot a été introduit par les médecins (Paré) pour désigner la nouvelle apparition d'une affection se manifestant chez un sujet guéri depuis plus ou moins longtemps. ◆  Il a été repris par la langue juridique d'après récidiver (ci-dessous), pour désigner la situation d'un délinquant qui commet une nouvelle infraction (1593). Par extension de ce sens, devenu courant, le mot désigne le fait de commettre une nouvelle fois la même faute (1593).
❏  Au XIXe s., récidive a produit le dérivé savant RÉCIDIVITÉ n. f. avec le double sens de récidive, médical (1858) et juridique (1864).
RÉCIDIVER v. intr. représente par emprunt (1478) le latin médiéval recidivare « recommencer un délit » (XIIe s.), dérivé de recidivus.
■  Repris en médecine à propos d'une maladie qui reparaît, il a pris en droit pénal (1488) le sens de « commettre une seconde fois une infraction », puis dans l'usage courant « retomber dans les mêmes fautes » (à la même date, 1488).
■  En sont dérivés RÉCIDIVISTE n. (1845) et adj. (1847), courant dans son sens juridique de « délinquant qui a déjà été condamné », et RÉCIDIVANT, ANTE, adjectif tiré du participe présent (une première fois fin XVIe ; repris au XXe s.), en médecine.
RÉCIF n. m. est emprunté (1688, ressif), d'abord sous la forme arasiffe (v. 1536, Jacques Cartier) à l'espagnol arrecife « rocher, chaîne de rochers à fleur d'eau près des côtes » (1498), d'abord arracife « chaussée, chemin empierré » (v. 1280), lui-même emprunté à l'arabe (ar)raṣīf « chaussée, levée, digue ». Ce mot est dérivé du verbe raṣafa « paver ». On a aussi évoqué un emprunt du français au correspondant portugais recife (dès 1258 comme toponyme, puis au XVIe s. comme nom commun sous sa forme réduite, par aphérèse de arrecife).
❏  Le mot, introduit en français par les colons d'Amérique qui l'ont reçu des Espagnols, désigne un rocher ou un groupe de rochers à fleur d'eau près des côtes. Les géographes ont formé les termes récif-barrière (1869), récif corallien, frangeant (1888), traduisant probablement l'anglais coral reef (1745), barrier-reef (1805) et fringing-reef (1845). Au XXe s., récif a développé la valeur figurée d'« obstacle », comparable à celle d'écueil.
❏  L'adjectif dérivé RÉCIFAL, ALE, AUX « relatif aux récifs » (1908) est d'usage didactique.
RÉCIPIENDAIRE n. est le dérivé savant (1674) du latin recipiendus « qui doit être reçu », adjectif verbal de recipere (→ recevoir), avec le suffixe -aire.
❏  Le mot désigne la personne qui vient d'être admise dans une société et en l'honneur de laquelle on donne une réception (1674). Ce n'est qu'au XXe s. qu'il a désigné également, dans l'usage administratif, le bénéficiaire d'une nomination, d'un diplôme universitaire.
RÉCIPIENT n. m. est emprunté (1544) au latin recipiens, -entis « qui reçoit », participe présent de recipere (→ recevoir), employé par les alchimistes médiévaux pour désigner le contenant servant à leurs opérations.
❏  Le mot, d'abord adjectif dans vaisseau récipient, est substantivé (1600) pour désigner le contenant adapté à certains appareils dans lequel on reçoit les produits de diverses opérations, en particulier d'une distillation. Récipient florentin (1836) a désigné une sorte de matras. Au XVIIe s., le mot sert à désigner la cloche de la machine pneumatique sous laquelle on fait le vide (1690).
■  Ce n'est qu'au XIXe s. qu'il passe dans l'usage courant pour désigner tout ustensile creux servant à contenir un liquide, un gaz, une matière pulvérulente, se substituant au mot vase lorsqu'il s'agit d'objets utilitaires. Il est parfois employé par métaphore.
RÉCIPROQUE adj. et n. est emprunté (v. 1380) au latin reciprocus « qui va en arrière après avoir été en avant » (notamment à propos de la mer), « alternant, renversé, répercuté » et, spécialement, en grammaire, « réfléchi ». Le mot traduit à la fois le grec palintonos « tiré ou tendu en arrière », « lancé après avoir été tiré en arrière » et antistrephôn « qui va en sens contraire », spécialisé en logique et en balistique. Le mot latin, ancien mais assez rare, repose sur °reco-procos, composé des adjectifs hypothétiques °reco-s et °procos, dérivés respectivement des particules re- (→ re-) et pro- (→ pour, pro-).
❏  L'adjectif qualifie une action, une relation entre personnes qui s'exerce de façon équivalente à celle d'un premier terme sur un second et du second sur le premier. Cette valeur est demeurée courante, le mot acquérant en outre diverses acceptions spécialisées : réciproque a été repris en grammaire pour qualifier un type de verbe pronominal exprimant une action que deux ou plusieurs sujets exercent les uns sur les autres (1466) ; il a aussi qualifié un type de pronom personnel (1550) et, en logique, une proposition ayant pour sujet l'attribut d'une première proposition et pour attribut le sujet de cette même proposition (1690). ◆  En mathématiques, il décrit une proposition ou un théorème qui se déduit d'une proposition ou d'un théorème initial en permutant son hypothèse et sa conclusion (1690) ; en géométrie, il se dit de figures dont les côtés peuvent se comparer de telle sorte que l'antécédent d'une raison et le conséquent de l'autre se trouvent dans la même figure (1691).
■  La substantivation du masculin, dans au réciproque (fin XIVe s.) « en échange, en contrepartie », est sortie d'usage. Celle du féminin (1800), qui s'emploie à propos d'une action inverse et qui est utilisée spécialement en logique et en mathématiques par ellipse du nom (1834), est relativement répandue.
❏  Le dérivé de réciproque, RÉCIPROQUEMENT adv. a le sens de « par une action réciproque » (fin XVe s.) et « par une action inverse, en retour » (1526). La formule et réciproquement (1639) s'emploie notamment en mathématiques pour introduire la proposition réciproque de celle que l'on vient de citer.
RÉCIPROCITÉ n. f., emprunt (1729) au dérivé bas latin reciprocitas, -atis, exprime le caractère de ce qui est réciproque, spécialement en droit international dans les expressions à titre de réciprocité, réciprocité diplomatique, réciprocité législative (1962, dans les dictionnaires généraux) et aussi en ethnographie, en logique (1964).
■  Il a produit IRRÉCIPROCITÉ n. f. (1922), rare et didactique pour le refus d'accepter la réciprocité, l'absence de réciprocité d'une chose, d'une relation.
RÉCIPROQUER v. tr. est repris (fin XIVe s.) au latin reciprocare « ramener en arrière de nouveau, faire aller et venir, avoir un mouvement alternatif » de reciprocus.
■  Le verbe était employé dans les constructions réciproquer qqn « lui rendre la pareille » et, pronominalement, se réciproquer « être dans un rapport de réciprocité » (1664). Il est courant en français de Belgique, du Zaïre, pour « répondre à (des vœux, des compliments, etc.) en en envoyant à son tour ».
RÉCITAL n. m. est emprunté (1872) à l'anglais recital employé depuis le XVIe s. au sens de « répétition, récit, narration » et dérivé de to recite « rapporter, réciter », lui-même emprunté (XVe s.) au français réciter*. La spécialisation de recital en musique a d'abord concerné une exécution musicale faite par un seul artiste (déb. XIXe s.) ; le mot anglais s'est diffusé à propos des concerts donnés par Fr. Liszt (1840), et s'est étendu au XXe s. à toute audition à plusieurs exécutants ou avec des œuvres de différents compositeurs (1929), aussi pour désigner un enregistrement.
❏  D'abord cité comme mot anglais (1872, Mallarmé), le mot est acclimaté en 1884. Il désigne une séance musicale donnée par un seul artiste sur un seul instrument, puis par un chanteur. Par extension, il désigne une séance donnée par un seul interprète ou consacrée à un seul genre, dans un autre domaine que la musique.
❏ voir RÉCITATIF, RÉCITER.
RÉCITATIF n. m. est l'emprunt (1680) de l'italien recitativo, spécialisé en musique, où l'on parle de stilo recitativo (1632) pour la mise en musique libre de paroles, d'après les hauteurs d'accent ; le recitativo (1640) est opposé à l'aria « air ». Le mot italien (1632, adj.) est repris à l'ancien adjectif français récitatif « qui relate qqch. » (1473), dérivé de réciter*.
❏  Le mot, d'abord attesté pour « récit », probablement d'après l'ancien adjectif français, est devenu par emprunt à l'italien, vers le milieu du XVIIe s., un terme de musique (in Furetière, 1690) pour une déclamation notée, un chant cadencé selon la coupe des phrases et les inflexions de la voix parlée. En opéra, il désigne les passages ainsi chantés, le récitatif s'opposant à l'air. La valeur moderne s'en est fixée au début du XIXe s. avec l'évolution de l'opéra, notamment à partir de Mozart.
❏ voir RÉCITAL, RÉCITER.
RÉCITER v. tr., longtemps écrit reciter (v. 1155), l'accent étant institué au XVIIe s., est emprunté au latin recitare, proprement « lire à haute voix un acte, un ouvrage » d'où « débiter, dire de mémoire », de re- (→ re-) préfixe à valeur intensive et citare « appeler, entonner à haute voix » (→ citer).
❏  Le mot a été repris au sens étymologique de « lire à haute voix (un texte, un ouvrage) », encore vivant au XVIIe siècle. De tous les sens relevés dans Le Roman de la Rose (v. 1278), seul celui de « dire à voix haute (un texte appris par cœur) » est toujours vivant en français moderne ; il est quelquefois employé absolument (1688). Ceux de « raconter en détail et de vive voix (un événement) » et de « rapporter oralement, citer » sont sortis d'usage au XVIIIe s. malgré le soutien que constitue le déverbal récit. L'emploi intransitif du verbe au sens de « déclamer, jouer la comédie » (1663) disparaît après l'époque classique. D'après l'emprunt récitatif*, réciter s'est employé en musique pour « chanter un récitatif » (1768).
❏  Le déverbal RÉCIT n. m., d'abord resit (1498), puis recit (1531), désigne la narration d'événements réels ou imaginaires, de vive voix ou par écrit. Le mot n'a pas suivi l'évolution de sens du verbe, ce dernier ayant déjà récitation comme nom d'action. Récit a développé quelques valeurs spécialisées, désignant de manière didactique l'exposé, par un personnage de tragédie, d'événements non représentés sur scène (1660), l'exemple le plus classique étant le récit de Théramène (dans le Phèdre de Racine), une œuvre littéraire narrative relatant des faits réels ou imaginaires (1704), avec des valeurs plus précises en rhétorique et en théorie littéraire, liées à narration, narratif et narrativité. La théorie du récit donne au mot une valeur plus générale, à la manière de discours en linguistique.
■  Parallèlement, le mot s'est spécialisé en musique où il désignait tout morceau destiné à une seule voix ou à un seul instrument (1671) et s'employait avec le sens réservé aujourd'hui à récitatif (1764). De nos jours, récit s'applique à la partie qui exécute le sujet principal dans une symphonie (1768) et à un des claviers de l'orgue (1904).
■  RÉCITANT, ANTE, le participe présent de réciter, est adjectivé (1771) en musique pour qualifier la partie vocale ou instrumentale interprétée par un soliste, spécialement les voix de solistes (1869, voix récitantes). ◆  Au XXe s., il est substantivé au masculin pour désigner le chanteur chargé de la narration dans une œuvre vocale ancienne (1904) et moderne (1932). Il a supplanté l'ancien emprunt récitateur pour désigner la personne qui dit par cœur son texte (av. 1922, Proust), et spécialement dans une œuvre dramatique, un film, une émission de radio ou de télévision, l'interprète qui commente l'action (1940).
RÉCITATION n. f. est emprunté (v. 1398) au dérivé latin recitatio, -onis « action de dire à haute voix », « lecture publique ». Le mot a signifié d'abord « énumération » et « narration » (fin XIVe s.), manifestant, comme dans conte-compte et recensement, la solidarité des notions de compte et de relation, dans l'ancienne langue.
■  En relation avec le verbe, il désigne l'action de dire à haute voix ce que l'on a appris par cœur (1530) et, par métonymie, un texte que l'on apprend par cœur à titre d'exercice scolaire (1893).
■  RÉCITATEUR, TRICE n. est emprunté (XVe s.) au latin recitator « auteur qui lit publiquement ses ouvrages », du supin de recitare. Le mot a désigné la personne qui relate des événements, avant de prendre, sous l'influence de réciter (sens incertain, 1549) le sens de « personne qui dit un texte de mémoire » (1611). Il est à peu près sorti d'usage.
❏ voir RÉCITAL, RÉCITATIF.
RECK n. m., emprunt à l'allemand, s'emploie (1903) en français de Suisse, pour « barre fixe, agrès de gymnastique », et, au figuré, pour « pente raide » (notamment en alpinisme, au ski).
RÉCLAMER v., d'abord reclamer (1080) puis, avec l'accent, réclamer (XVIe s.), par retour à la prononciation latine, est emprunté au latin reclamare « crier contre, se récrier, protester » et, transitivement, « appeler plusieurs fois à haute voix ». Ce verbe est formé de re- (→ re-), préfixe à valeur intensive et itérative, et de clamare « crier », « demander à grands cris » (→ clamer).
❏  Le verbe est apparu à la fois pour « invoquer, implorer », sens sorti d'usage après le XVIIe s., et avec la valeur de « demander (qqch., qqn) avec insistance » (1080), devenue courante. L'accent étant mis sur la légitimité de la demande, il correspond à « revendiquer, exiger » (1219), en droit « demander la restitution de (qqch.) » (1690). ◆  À l'époque classique, réclamer prend le sens figuré de « revendiquer comme sien (ce dont on estime être l'auteur, le promoteur) » (1672), emploi littéraire ; avec un nom de chose pour sujet, il se dit pour « requérir, exiger » (1675).
■  Après un ancien emploi en fauconnerie, « appeler (l'oiseau) pour le faire revenir sur le poing » (v. 1160), il s'est spécialisé au sens d'« appeler ses petits, de la perdrix » (1680) et en vénerie « appeler (les chiens) » (1835).
■  La construction indirecte réclamer de qqch. (fin XIVe s.) puis l'emploi absolu (1549), exprime l'idée de « protester contre ce qui paraît illégal, injuste », et spécialement « formuler une réclamation auprès d'une autorité » dans réclamer en justice (1671). Réclamer en faveur de qqn (1869) correspond à « intercéder ».
■  La forme pronominale se réclamer de (v. 1175) signifie d'abord, dans la langue juridique, « interjeter appel, en appeler d'une cour inférieure à une cour suzeraine » ; elle est reprise avec un nom de chose comme complément (1824) pour « invoquer en sa faveur, se prévaloir de », emploi littéraire.
❏  Réclamer a produit deux déverbaux homonymes.
■  Le plus ancien est 1 RÉCLAME n. m. (1560), variante en -e de l'ancien reclaim (v. 1112) « appel, invocation », employé spécialement en fauconnerie pour le cri dont on se sert pour appeler, réclamer le faucon (v. 1175). Réclame, par métonymie, désignait les appeaux, sifflets et autres instruments servant à attirer les oiseaux (1690).
■  Le féminin 2 RÉCLAME n. f. apparaît beaucoup plus tard (1609), d'abord comme terme de typographie désignant le mot que l'on mettait au-dessous de la dernière ligne d'une feuille ou d'une page imprimée pour indiquer qu'il était le premier de la page suivante et faciliter le travail du relieur. Par extension, il s'applique à l'indication manuscrite qui rappelle au correcteur le dernier mot ou le dernier folio d'une épreuve (1835), et désigne par analogie, au théâtre, les derniers mots d'une tirade qui avertissent l'interprète que c'est à lui de donner la réplique (1813).
■  Le sens de « publicité commerciale » (1842) est une spécialisation de ce terme technique de typographie : le mot s'est dit d'abord (1838) d'un petit article inséré à titre onéreux dans une publication en dehors des annonces et contenant l'éloge d'un livre, d'un produit ; ce sens est déjà signalé en 1834 dans une acception imprécise. L'influence de l'anglais d'Amérique reclaim (du verbe to reclaim « attirer l'attention », lui-même emprunté au français réclamer) est peu probable à cette date, mais elle a pu s'exercer plus tard. Le mot, qui a vieilli avec la concurrence de publicité, s'est diffusé au XIXe s. et a pris le sens figuré de « ce qui est propre à attirer l'attention sur qqn ou qqch. et à le faire connaître avantageusement » (1843), quelquefois par ironie avec une valeur antiphrastique (XXe s.). Dans la langue commerciale, réclame a pris ultérieurement le sens d'« appel à la clientèle par un rabais sur le prix » (1935, prix de réclame), en apposition dans vente-réclame (1955) et en locution en réclame (1962, dans le Robert), en relation avec soldes et concurrencé par promotion.
■  Le dérivé savant de réclamer, RÉCLAMATEUR n. m. (1672), a eu le sens général de « personne qui réclame », sorti d'usage, puis s'est spécialisé pour le destinataire du chargement dans les transports maritimes (1681).
■  Le participe présent RÉCLAMANT, ANTE a été substantivé (1775) en parlant de celui qui présente une réclamation, surtout dans un cadre juridique.
■  RÉCLAMIER n. m. (1881) appartient à l'ancien vocabulaire de la publicité pour désigner celui qui rédigeait des réclames. Il s'est quelquefois employé comme adjectif et comme nom avec la valeur figurée de « qui fait parler de soi à son avantage ».
RÉCLAMATION n. f. est emprunté (1282) pour servir de nom abstrait à réclamer, au dérivé latin reclamatio, -onis « acclamation » et « désapprobation manifestée par des cris ».
■  Le mot désigne l'action de s'adresser à une autorité pour faire reconnaître l'existence d'un droit, spécialement dans un contexte juridique, dans réclamation d'état (1804), en droit fiscal, en sports et dans l'armée pour la demande adressée par un militaire à son supérieur au sujet d'une sanction qu'il juge imméritée (1904). ◆  En dehors de ces spécialisations, les développements sont de deux sortes : réclamation désigne l'action de protester, de se plaindre (1798), plus rarement le fait de réclamer une chose. Par métonymie, une réclamation se dit de la lettre, de la demande par laquelle on réclame (1901, registre des réclamations ; 1907) et, au pluriel, les réclamations, le service recevant les plaintes dans une administration.
RECLAPER v. tr., préfixé en re-, de claper, variante dialectale de claquer, se dit en français de Belgique pour « refermer (une porte, une fenêtre) en claquant » et aussi pour « raccrocher brutalement (un téléphone) ».
RECLASSER → CLASSE
RECLUS, USE adj. et n. est le participe passé adjectivé (v. 1160), antérieurement attesté comme nom au sens de « lieu de retraite » (fin Xe s.), du verbe reclure v. tr. (fin Xe s.). Celui-ci, employé en ancien et moyen français, est issu du latin recludere, formé du préfixe re- (→ re-) indiquant le mouvement contraire et claudere « fermer » (→ clore), et passé du sens d'« ouvrir » en langue classique à celui de « fermer » à partir de Tertullien à la suite d'une réinterprétation du suffixe re-, renforcement de l'action. Reclure, « renfermer dans une clôture rigoureuse », et au figuré « isoler du monde » (v. 1278), essentiellement dans un contexte monastique, a toujours été plus rare, sauf aux formes composées et au participe passé, que son doublet reclore v. tr. (XIe s.), issu du bas latin reclaudere, variante de recludere, sorti progressivement d'usage à partir de la fin du XVIe s., quelquefois encore employé à certains temps et modes, comme clore*. La concurrence de renfermer a nui aux deux verbes et à reclos, participe passé de reclore.
❏  L'adjectif reclus qualifie une personne qui vit retirée, à l'écart du monde et des gens, spécialement une personne vivant étroitement enfermée dans une maison religieuse, voire dans une cellule sans aucun contact avec l'extérieur (v. 1190). Il est substantivé (v. 1175) pour désigner une personne vivant étroitement enfermée dans une cellule monacale, spécialement, une personne qui, par esprit de pénitence, s'enfermait dans un local pour longtemps. Par extension, il désigne une personne vivant en solitaire (1611), sortant peu (1688), le lien à l'acception religieuse du mot restant sensible, même en locution comparative (vivre en reclus, comme un reclus).
❏  RÉCLUSION n. f. est probablement dérivé (1270) de reclure sur le modèle du dérivé latin reclusio, ou emprunté à ce dernier, « état de reclus » (794). Le mot exprime l'état d'une personne recluse. Sa spécialisation en droit (1771), pour « peine criminelle consistant dans la privation de liberté avec assujettissement au travail », d'abord reclusion modifiée en réclusion (1791), est devenue courante (peine de réclusion, réclusion à vie) comme quasi-synonyme de prison. L'abréviation RÉCLUSE n. f. (1899) est argotique.
■  Avec ce sens juridique, réclusion a pour dérivé RÉCLUSIONNAIRE n. (1828), mot didactique pour « condamné à la réclusion ».