RECTITUDE n. f. est emprunté (1370) au bas latin rectitudo, -inis « direction en droite ligne » et, au figuré, « droiture, justice », dérivé du latin classique rectus « droit » au propre et au figuré (→ recta).
❏  Le mot a été repris avec la valeur morale de « qualité d'une personne (et par métonymie de ses actions) qui ne dévie pas de la bonne direction, dans le domaine intellectuel ou moral ».
■  Son emploi pour désigner la qualité physique de ce qui est droit, rectiligne (v. 1560, Paré), est rare ou technique.
RECTO n. m. est l'abréviation (1663) de la locution du latin médiéval folio recto « sur le feuillet qui est à l'endroit », opposé à folio verso (→ verso). Folio recto est formé de l'ablatif de l'adjectif du latin classique rectus « droit » (→ recta) et de folium (→ feuille).
❏  Le mot désigne, par opposition à verso, la première page d'un feuillet.
RECTUM n. m. est l'abréviation (v. 1363) de la locution du bas latin médical rectum intestinum, elliptiquement rectum, désignant la portion terminale du gros intestin, littéralement « intestin droit », du latin classique rectus « droit » (→ recta) et intestinum (→ intestin).
❏  Le mot appartient au langage anatomique et médical. On rencontre encore chez Voltaire la locution francisée intestin rectum.
❏  Il a pour dérivé RECTAL, ALE, AUX adj. « relatif au rectum » (1812), et le terme médical RECTITE n. f. (1833) pour « inflammation du rectum ».
RECTO-, élément tiré de rectum, sert à former à partir du milieu du XIXe s. des mots de médecine, comme RECTOCOLITE n. f. « inflammation du côlon et du rectum », ou RECTORRAGIE n. f. « écoulement de sang par l'anus ».
L RECUEILLIR v. tr., d'abord recuillir (1080) et recoillir (v. 1155), puis recueillir (v. 1188), d'après cueillir, est issu du latin recolligere « rassembler, réunir », « ressaisir, reprendre » au propre et au figuré. Ce verbe est formé de re- (→ re-) avec une valeur intensive, et de colligere « réunir » (→ cueillir). Une série savante d'emprunts à recolligere apparaît en moyen français (→ recolliger et dér.).
❏  Le développement du verbe a été parallèle à celui de cueillir* et accueillir* : l'emploi de recueillir a souffert de la double concurrence de cueillir et de récolter. Son emploi pour « ramasser (les produits de la terre) » (v. 1150), encore usuel en langue classique avec un complément, aussi en emploi absolu (1258), a disparu, au bénéfice de récolter. Cependant, recueillir s'emploie toujours avec un complément désignant des produits autres que végétaux (1080) et avec la valeur figurée de « retirer (un profit matériel ou moral) » (1080), dont procède un emploi ironique (v. 1360), par exemple dans recueillir des coups ; par extension, il réalise la valeur vague d'« obtenir » (1559).
■  Dès les premiers textes, recueillir exprime aussi l'idée de « réunir, rassembler (des choses éparses) en vue d'une utilisation », spécialement « réunir (des textes à inclure dans un ensemble) ». Quant aux sens de « rassembler en peu de mots, résumer » (1660) et, au figuré, « rassembler en soi, concentrer » (1690), apparus en langue classique, ils sont quasiment sortis d'usage.
■  À partir du XIIe s., le verbe exprime aussi l'action concrète de laisser entrer et séjourner dans un récipient ce qui s'échappe, se répand, coule, sens dont procède l'emploi figuré pour « noter, conserver (ce qui paraît digne d'intérêt) » (v. 1240). ◆  Avec un nom de personne ou d'animal pour complément, il ajoute à la valeur d'accueillir une nuance de protection, s'appliquant naturellement à des enfants orphelins, des personnes sans ressources... (1174).
■  Le sens spécial de « recevoir en héritage » remonte à la fin du XIIe s. ; il met l'accent sur l'appropriation.
■  La forme pronominale se recueillir, d'abord attestée (v. 1196) au sens de « s'embarquer », a signifié au XVIe s. « s'enfermer » (v. 1530) ; ces acceptions ont disparu. Se recueillir reste vivant à l'abstrait, pour « concentrer son attention sur un sujet » (1559) et a développé au XVIIe s. une spécialisation religieuse, « pratiquer la méditation » (1683), peut-être sous l'influence du latin ecclésiastique recolligere et de récollection*. L'emploi poétique ou littéraire à propos de la nature correspond au transfert romantique de la religion à une sorte de panthéisme ; il se rencontre à partir de Lamartine (1820).
L'homonyme, de re- et cueillir, « cueillir de nouveau », s'emploie en français d'Afrique.
❏  RECUEIL n. m., déverbal (v. 1360), a d'abord eu le sens de « bon accueil, protection, refuge », éliminé par accueil, puis a servi de nom d'action au verbe pour « action de recueillir » (1559). Dans l'usage moderne, il est rare comme nom d'action (le recueil d'éléments), et s'emploie concrètement pour le volume réunissant des documents, des écrits reproduits et imprimés (1534), quelquefois au figuré avec la valeur de « collection » (1671).
■  RECUEILLI, IE, le participe passé de recueillir, a été adjectivé avec les sens correspondant à ceux du verbe, qualifiant notamment ce qui se passe dans la méditation, la récollection* (1588) et aussi ce qui incite à la méditation (1820, Lamartine) ; s'appliquant aux êtres humains (1690), il correspond à « qui se recueille, médite ».
■  RECUEILLEMENT n. m., attesté au XVIIe s. (1660), désigne notamment l'action de se détacher du monde extérieur pour se concentrer sur un objet intérieur, en particulier Dieu (Bossuet). ◆  Par extension, il désigne l'attention mêlée de ferveur que l'on porte à une chose (1705), et un respect quasi religieux (1887). À côté de ce développement figuré, le sens général, « action de rassembler des choses éparses » (1762), n'a pas réussi à s'implanter.
RECUIRE, RECUIT → CUIRE
RECULER v. est formé au XIIe s. de re-, cul (→ cul) et suffixe verbal.
❏  D'abord intransitif (v. 1135) au sens d'« aller en arrière », puis au figuré (v. 1209) pour « renoncer, abandonner », le verbe s'employait aussi transitivement (v. 1200, « faire aller [qqn] en arrière »). Reculer un véhicule, « le faire aller en arrière », est concurrencé, s'agissant d'automobile, par faire marche arrière, mais s'emploie couramment en français du Québec. ◆  Le transitif s'est surtout conservé à propos des objets (1690) et, au figuré, pour « reporter à plus tard » (fin XIVe s.). L'emploi temporel pour « différer » est resté très vivant (reculer une date, une décision) souvent avec l'idée de contrainte. ◆  L'emploi intransitif, en français moderne, correspond plus à « hésiter » qu'à « abandonner », sauf dans des expressions négatives, comme ne reculer devant rien « ne se laisser arrêter par rien ; n'avoir aucun scrupule ». ◆  Se reculer v. pron. est en général spatial (reculez-vous un peu) ; l'emploi passif est néanmoins possible. ◆  La locution reculer pour mieux sauter (1536 ; d'abord reculer pour le plus loin saillir, XVe s.) fait allusion au comportement animal.
❏  Le déverbal RECUL n. m., d'abord attesté au figuré (sanz recul « sans possibilité de se dérober », XIIIe s.), est devenu usuel au concret (en artillerie, v. 1575, Montluc), dans divers emplois techniques : recul d'échappement (d'une horloge) [1752]. ◆  Il signifie par métonymie « position plus éloignée » (par exemple pour observer) (1893), et en sports « espace dégagé pour le jeu » (1921). ◆  Il a supplanté RECULEMENT n. m. (1340), qui signifiait aussi « retard » (fin XIVe s.) et par métonymie « renfoncement » (fin XVe s.), et qui a conservé des emplois techniques.
■  RECULADE n. f. a vieilli pour « mouvement de recul » (1611) et s'est spécialisé au figuré (1756, d'Argenson) : « fait de céder ; abandon » (souvent péjor.).
■  À RECULONS loc. adv. (1178) a conservé la valeur de « par un mouvement de marche arrière », avec des emplois figurés à partir du XIVe s. (1360-1370).
■  Le participe RECULÉ, ÉE adj. s'est spécialisé aux sens de « difficile d'accès » et « éloigné dans le temps » (1549 pour les deux emplois).
RÉCUPÉRER v. tr. est emprunté (fin XIIIe s.) au latin recuperare « rentrer en possession de (qqch.), regagner, ramener à soi », mot dont l'évolution phonétique a donné recouvrer*.
❏  D'abord employé à la forme pronominale se récupérer « se réfugier », récupérer n'apparaît que deux siècles plus tard au sens de « rentrer en possession de (une chose) » (v. 1495). Il est d'ailleurs resté absent des dictionnaires jusqu'au XVIIIe s. (1762, Dictionnaire de l'Académie). Il semble rare encore au XIXe s. où apparaît se récupérer pour « se dédommager de ses pertes ». Au XXe s., le verbe redevient usuel. Avec un complément tel que santé, forces, il est employé comme synonyme de recouvrer, mais d'usage plus courant (1936) ; il semble un peu plus ancien employé seul (1897). Dans cet usage, ou avec un complément désignant un certain temps de travail, il correspond à « remplacer (un temps de travail chômé ou perdu) par un temps de travail équivalent » (1939) ; avec un complément désignant un matériau, une forme d'énergie, il se dit pour « recueillir pour l'utiliser (ce qui serait perdu) » (probablement en 1940 à propos des métaux nécessaires à l'effort de guerre). La langue familière, sans idée de reprise, l'emploie au sens de « faire un gain ou une économie (considérés comme dédommagement) ».
■  L'emploi du mot avec un complément animé est d'abord familier, pour « retrouver (qqn dont on était séparé) » (1922). ◆  Plus récemment, le verbe a pris le sens de « réinsérer (qqn) dans la vie professionnelle ou sociale » (1968) et de « se concilier, s'assimiler (un adversaire politique, une idéologie, un mouvement d'opinion) » (v. 1965), le plus souvent de manière abusive ou trompeuse.
❏  Récupérer a d'abord produit RÉCUPÉRABLE adj., attesté dès le XVe s. au sens de « qui peut être récupéré », peut-être d'après le latin médiéval recuperabilis, mais sorti d'usage, et repris au XIXe s. ; le mot se dit spécialement d'un temps de travail à remplacer par un temps équivalent et de militaires réformés susceptibles de devenir actifs (XXe s.). Cet adjectif subit l'influence de irrécupérable, plus ancien.
■  Le verbe a aussi servi à former RÉCUPÉRATEUR, TRICE adj. et n. m. (fin XVIe s.) au sens général de « personne qui récupère », sorti d'usage après 1675 jusqu'au XIXe siècle. De nos jours, le mot s'emploie techniquement comme nom (masculin) d'une machine destinée à utiliser des résidus de matière ou d'énergie (1888) et d'un appareil destiné à emmagasiner la force vive du recul d'une arme à feu pour ramener le canon à sa position de tir après le départ du coup (1904). ◆  Le mot désigne également la personne qui recueille des machines et objets pour en réutiliser certains éléments (XXe s.). Son emploi adjectivé s'applique à un nom d'objet concret puis abstrait, dans un contexte idéologique (v. 1968).
■  RÉCUPÉRÉ, ÉE, le participe passé de récupérer, est adjectivé à propos d'un militaire de troupe placé dans la position de réforme et qui se trouve reclassé dans le service armé (av. 1921).
RÉCUPÉRATION n. f. semble directement emprunté (1356) au dérivé latin recuperatio, -onis « recouvrement », mais est senti comme dérivé de récupérer.
■  Le mot, rare avant la fin du XIXe s., a eu auparavant une acception astronomique, « émersion (d'un astre) » (1752). Il désigne familièrement l'action de récupérer qqch., sens réalisé spécialement en aérospatiale pour le fait de ramener un engin en bon état au sol (1963). Les spécialisations et extensions se manifestent comme celles du verbe, au XXe s. : récupération se dit de l'action de récupérer ce qui pourrait être inutilisé ou perdu (av. 1948), spécialement dans un contexte industriel, notamment l'industrie pétrolière (1964). Cette valeur s'est étendue (fin du XXe s.) aux objets quotidiens, parfois avec modification de leur fonction ; le mot est alors abrégé en RÉCUP n. f. dans l'usage parlé familier. Il désigne le fait de récupérer un temps de travail, et de récupérer ou d'être récupéré idéologiquement (v. 1965).
IRRÉCUPÉRABLE adj. est emprunté (1386) au latin tardif irrecuperabilis, de ir- (→ in-) et du latin classique recuperare, avec le suffixe -abilis.
■  Le mot a d'abord le sens de « irréparable » avant de qualifier ce qui ne peut être récupéré (fin XIVe s.). ◆  Sorti d'usage, il a été repris au XXe s. pour qualifier une personne qui ne peut être incorporée dans un groupe, un parti (v. 1950). Il comporte quelquefois, par extension, la nuance familière et péjorative de « bon à rien ».
RÉCURER → CURER
RÉCURRENT, ENTE adj. est emprunté (1541) au latin recurrens, -entis, participe présent de recurrere « courir en arrière », « revenir en courant », d'où au figuré « revenir ». Ce verbe est formé de re- (→ re-) et currere (→ recours).
❏  L'adjectif a été repris en anatomie, en parlant d'un rameau nerveux ou artériel qui revient en arrière (nerf récurrent). Les autres valeurs sont tardives : avec un contenu temporel et non plus spatial, récurrent s'emploie en mathématiques dans série récurrente « série dont chaque terme est une fonction des termes immédiatement précédents » (1713), puis en médecine dans fièvre récurrente (1904).
■  Par extension, il qualifie ce qui a trait au retour, à la répétition d'un état, d'une situation (av. 1922, Proust).
❏  Son dérivé RÉCURRENCE n. f. correspond d'abord à la spécialisation anatomique (1840) ; la valeur temporelle s'impose ensuite, comme pour récurrent, au sens de « caractère de ce qui se répète » (1867, Baudelaire) « de ce qui revient en mémoire » (fin XIXe s., Huysmans). Récurrence est employé en logique pour un raisonnement, dit raisonnement par récurrence (1902), par lequel on étend à une série une propriété de l'un des termes. Il exprime l'idée d'un retour de l'agent sur lui-même, notamment la modification qu'une connaissance fait subir à son objet (1951), et, en épistémologie, la notion selon laquelle une science et son passé doivent être appréciés d'après l'état présent de cette science. ◆  En informatique, il s'applique à la répétition d'un traitement (1975). ◆  Comme récurrent, le mot est didactique.
RÉCURSIF, IVE adj. est un emprunt didactique, en logique, mathématiques, linguistique, etc., à l'anglais recursive (1760), dérivé du latin recurrere (voir ci-dessus récurrent). Il s'applique à tout élément qui peut être répété un nombre indéfini de fois par application de la même règle. Il tend à se substituer, sans autre raison que le calque de l'anglo-américain, à récurrent, notamment en informatique. RÉCURSIVITÉ n. f. et récursif sont en usage depuis les années 1950.
RÉCUSER v. tr. est emprunté (XIIIe s.) au latin recusare « repousser, refuser, protester contre, opposer une objection », de re- (→ re-) marquant le mouvement vers l'arrière, et de causa « cause, motif » et « procès » (→ cause). Recusare, par l'ancien verbe reüser, a donné ruse*.
❏  Le mot, signalé par Bloch et Wartburg sans indication de sens, a eu au XIVe s. la valeur juridique de « refuser d'accepter pour juge (une personne dont on suspecte l'impartialité) » (v. 1355, Bersuire). Par extension, il est employé au sens de « rejeter, repousser (qqn, qqch. dont on ne reconnaît pas l'autorité) » (1669, Racine). ◆  Le pronominal se récuser (déb. XIVe s.), d'abord attesté au sens de « refuser de se soumettre à la décision d'un juge », a pris celui de « refuser de faire acte de juge ou de témoin » (1690). Par extension, se récuser s'emploie dans un usage littéraire à propos de quiconque refuse d'accepter une charge, une mission, de trancher une question (1832).
❏  Récuser a produit RÉCUSABLE adj. (1529) qui qualifie en droit un témoin qui peut être récusé et, par extension, une personne, une chose dont on ne reconnaît pas l'autorité (fin XVIe s.).
■  Le participe présent RÉCUSANT, ANTE est adjectivé (1611) pour qualifier, en droit, celui qui exerce un droit de récusation.
■  RÉCUSATION n. f. est repris (1332) au dérivé latin recusatio, -onis « refus, protestation, réclamation » ; c'est un terme juridique, pour « action de récuser ».
IRRÉCUSABLE adj. est emprunté directement (1552) au latin irrecusabilis, de ir- (→ in-) et du dérivé bas latin recusabilis. Employé en droit pour qualifier une pièce ne pouvant être récusée et, ultérieurement, une personne (1778), le mot est passé dans l'usage général au sens d'« indiscutable ».
■  Il a produit IRRÉCUSABLEMENT adv. (1782) et IRRÉCUSABILITÉ n. f. (attesté XXe s.), d'usage didactique.
RECYCLER → CYCLE
RÉDACTION n. f. est emprunté (1534), pour servir de nom d'action à rédiger*, au bas latin redactio, -onis « réduction » en mathématiques, dérivé du supin redactum de redigere « ramener, réduire » (→ rédiger).
❏  D'abord employé avec le sens latin, « fait de réduire, de ramener à » (1560), qui sera éliminé par réduction, le mot désigne ensuite, sous l'influence de rédiger, l'action (1534) ou la manière (1690) de rédiger un texte. Il s'est spécialisé dans le domaine de la presse et de l'édition, désignant l'activité de la personne qui rédige pour un journal (1798) et, par métonymie, l'ensemble des rédacteurs (ci-dessous) d'un journal, d'une publication, ainsi que le local où ils travaillent (1845). ◆  Par une autre spécialisation, celle-ci scolaire, il désigne l'exercice consistant à développer un sujet, généralement de caractère descriptif ou narratif (1858).
■  Le mot s'applique aussi à tout service chargé de produire des textes pour la publication (ouvrages de référence, etc.) ; ce sens paraît récent (mil. XXe s.).
❏  Il a produit RÉDACTIONNEL, ELLE adj. (1874), « relatif à la rédaction d'un texte », qui est fréquent dans le langage du journalisme, puis de l'édition et, en publicité, dans publicité rédactionnelle.
RÉDACTEUR, TRICE n., plus tardif que rédaction, peut être considéré soit comme son dérivé, soit comme le dérivé savant du latin redactum, supin de redigere.
■  Le mot a désigné spécialement la personne qui compile des documents juridiques, ainsi que l'« auteur de la rédaction d'un texte » (1777). Il s'est spécialisé pour désigner la personne dont le métier consiste à assurer la rédaction d'un texte, d'abord dans le cadre journalistique (1798), où il a supplanté rédigeur (1796). Il entre dans la locution rédacteur en chef (1825), et se dit aussi en parlant d'un fonctionnaire chargé de rédiger les pièces administratives (1869), et d'autres professionnels dans l'édition, la publicité. ◆  En parlant d'une femme, le féminin rédactrice est concurrencé par le masculin rédacteur, notamment dans le syntagme rédacteur en chef, au moins en français de France, où ce syntagme est abrégé en argot de métier en rédac chef, valable pour les deux sexes.
RERÉDACTION n. f. correspond à réécriture (et à rerédiger → rédiger).
REDAN → DENT
REDDITION n. f. est emprunté (1356), pour servir de nom d'action à rendre* dans quelques-uns de ses sens, au latin impérial redditio, -onis « action de rendre » et « action de reprendre, de revenir sur ». C'est un dérivé du supin (redditum) de reddere (→ rendre).
❏  Le mot fournit un nom pour l'action ou le fait de se rendre, de capituler. Il est beaucoup plus rare pour « action de rendre », dans la spécialisation juridique d'« acte par lequel on présente l'état de la recette et de la dépense relatif aux biens d'autrui qu'on a administrés » (fin XIVe s.). ◆  Une spécialisation technique, reddition de voie, désigne le fait de rendre la voie ferrée libre (1964, dans les dictionnaires généraux).
❏ voir RENDRE, RENTE.
REDÉCOUVRIR → DÉCOUVRIR
REDÉFINIR → DÉFINIR
REDEMANDER → DEMANDER
REDÉMARRER → AMARRER
RÉDEMPTION n. f., doublet savant de rançon*, est emprunté très tôt (v. 980) au latin redemptio, -onis « adjudication », « action de délivrer » et « rachat, rançon », spécialisé à basse époque dans la langue ecclésiastique à propos du rachat du genre humain par le sacrifice du Christ. Le mot est dérivé du supin (redemptum) de redimere « racheter » (→ rédimer).
❏  Le mot est attesté dans la Passion du Christ avec son sens religieux (toujours avec une majuscule), cette valeur n'étant réattestée que vers 1175. Le sens général du latin, « action de racheter », s'est spécialisé en droit (1342, redempcion d'un droit), sens sorti d'usage, et s'est appliqué au rachat des prisonniers (1360), notamment celui des chrétiens captifs des Infidèles par les religieux de l'ordre de Notre-Dame-de-la-Merci et de l'ordre de la Trinité (1381).
■  Par extension, le mot est passé dans l'usage courant pour « action de favoriser le salut de qqn, de se racheter (au sens religieux ou moral) » (1541, Calvin).
■  Par emprunt à une acception métonymique de l'espagnol redempción, rédemption a servi à nommer chacun des établissements fondés au Paraguay par les Jésuites (1781). Cf. réduction.
❏  RÉDEMPTEUR, TRICE adj. et n. est emprunté (v. 980) au latin redemptor, -oris, féminin redemptrix, « entrepreneur de travaux publics, soumissionnaire », en droit « personne qui se charge d'un procès moyennant rétribution » et « celui qui rachète (un esclave) de la servitude », employé spécialement en latin chrétien à propos du Christ. Redemptor est formé sur le supin de redimere.
■  Le mot a été repris au latin chrétien, comme rédemption dans sa spécialisation religieuse (toujours avec une majuscule) qui ne semble plus employé avant le début du XIVe siècle. Au XVIe s., il s'est dit des Hébreux pouvant racheter la propriété d'un parent sans attendre le jubilé (1553). ◆  Par extension, il désigne ce qui peut racheter qqn au sens moral ou spirituel (XIXe s.), emploi littéraire et rare. ◆  Il commence à s'employer adjectivement (1803) pour qualifier ce qui opère la Rédemption, le signe rédempteur se disant autrefois (1828) du crucifix. Par extension, l'adjectif qualifie ce qui rachète, réhabilite (fin XIXe s., Huysmans).
Le radical du latin redemptor a été repris pour former RÉDEMPTORISTE n. m. (1829), nom des religieux de l'ordre du Très-Saint-Rédempteur, fondé en 1732 par Alphonse de Liguori.
■  On rencontre le féminin RÉDEMPTORISTINE n. f. (1932) pour désigner une moniale de cet ordre.