REDENT → DENT
REDÉPLOYER → PLOYER
REDÉPOSER → POSER
REDEVOIR, REDEVANCE → DEVOIR
RÉDHIBITOIRE adj. est emprunté (XIIIe s.) au bas latin juridique redhibitorius, lui-même dérivé du latin classique redhibitum, supin de redhibere « faire reprendre (une chose vendue) ». Ce verbe est composé de red-, variante de re- indiquant l'action en retour (→ re-) et de habere (→ avoir).
❏  Le mot apparaît, en droit, dans action rédhibitoire désignant l'action qui tend à faire prononcer l'annulation d'une vente à raison de l'existence d'un vice, appelé vice redhibitoire (1765, Encyclopédie). ◆  De ce dernier syntagme, l'adjectif est passé dans l'usage général pour qualifier ce qui peut motiver l'annulation d'un engagement quelconque (1690), prenant par extension la valeur de « tout à fait inacceptable » (1852).
❏  RÉDHIBITION n. f., emprunt (XIIIe s.) au dérivé bas latin redhibitio, -onis, est strictement juridique. Le mot concerne la résolution de la vente d'un objet entaché d'un vice rédhibitoire.
REDIFFUSER → DIFFUS
RÉDIGER v. tr. est emprunté (1379) au latin redigere, formé du préfixe red-, variante de re- (→ re-) marquant l'action en retour, et de agere « pousser, conduire » (→ agir). Le mot signifie « pousser pour faire revenir, ramener », « ramener à un état inférieur », « retirer de (en parlant d'argent) » et « réduire à ». C'est de cette dernière idée, envisagée spécialement par rapport à un ordre, à une disposition, qu'il a développé en latin médiéval le sens de « minuter (un acte, un écrit) » (v. 871), d'où est parti le sens du français.
❏  Dès les premiers textes, le verbe signifie « mettre par écrit avec ordre et suite », valeur issue de l'idée de « réduire (un événement, une décision) à une proposition écrite brève » (1455). D'autres sens du moyen français sont plus proches du latin classique : « réduire à » (1466), « réduire (un territoire) en son pouvoir » (1573), « ranger, inclure (un objet) dans une forme ordonnée » (1690).
■  À partir du XVIe s., une série d'acceptions concerne cependant l'écriture, signifiant « résumer par écrit » (1541), « compiler en recueil (des documents) » (1573). Dans ce domaine, la valeur principale est passée progressivement de « réduire » à « écrire, mettre en forme écrite » et, à partir du XVIIIe s., on peut dire rédiger longuement.
■  Une spécialisation ultérieure, « faire les principaux articles d'un journal et en diriger la composition » (1798), était liée à rédaction ; elle est sortie d'usage. De nos jours, rédiger s'emploie en journalisme, mais au sens général, souvent au passif et accompagné d'un adverbe de manière (bien, mal rédigé) ; d'autres emplois correspondent aux extensions des substantifs rédaction et rédacteur.
RERÉDIGER v. tr. « rédiger à nouveau », absent des dictionnaires, est en usage à côté de l'anglicisme rewriting, dans faire (un, le) rewriting. Rerédaction (→ rédaction) lui correspond.
❏ voir RÉDACTEUR, RÉDACTION.
RÉDIMER v. tr. est emprunté (fin XIVe s.) au latin redimere « racheter », de red-, variante du préfixe re- (→ re-) marquant l'action en retour, et emere « prendre » et spécialement « prendre contre de l'argent, acheter » (→ exempt). L'ancien français avait une forme issue de l'évolution orale, raembre, qui s'est éteinte devant la forme empruntée. Redimere, comme redemptio et redemptor, a pris la valeur chrétienne à basse époque.
❏  Le mot a été repris avec le sens religieux de « racheter le genre humain par son sacrifice » en parlant du Christ et en relation avec rédemption* et rédempteur*. Par extension, il est employé au sens de « racheter (une peine) » (1439), « sauver » en général (déb. XVe s.) dans un registre soutenu et archaïsant. ◆  Dans la seconde moitié du XVIe s., il a pris, en construction transitive et à la forme pronominale (se rédimer), le sens juridique concret de « s'affranchir d'une obligation en payant une contribution en argent ». Se rédimer a pris le sens figuré de « se racheter » (1891), propre au style littéraire.
❏  RÉDIMÉ, ÉE, le participe passé de rédimer, adjectivé (1690) avec le sens de « racheté », sorti d'usage, se dit en histoire des provinces qui s'étaient libérées de la gabelle en versant une somme définitive (1833) et des villes ou des débitants qui s'exemptent de l'exercice en assurant à l'État d'autres garanties du paiement des droits dus (1869). ◆  Cantons, pays rédimés, se dit des territoires situés à la frontière de la Belgique et de l'Allemagne, rattachés à la Belgique en 1918, annexés par l'Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, intégrés à l'État belge après la défaite de l'Allemagne.
❏ voir RANÇON, RÉDEMPTION.
REDINGOTE n. f. est la francisation (1725) de l'anglais riding coat (1507) « habit pour monter à cheval », de riding, participe présent de to ride « monter à cheval », à rattacher à la famille de raid (→ raid) et de coat « habit, manteau », lui-même emprunté au XVIe s. à l'ancien français cote (→ cotte). Cet emprunt, effectué par voie orale, a connu plusieurs variantes dialectales et populaires avant d'être intégré en français avec sa graphie et sa prononciation définitives. On trouve encore reguingote à la fin du XIXe s. (1897) et, par changement de suffixe, reguimpette ou requimpette n. f. (régional), à rattacher à péter.
❏  Le mot a désigné une longue veste masculine croisée, ajustée à la taille et à basques descendant jusqu'aux genoux, appelée en anglais frock-coat (1823). ◆  Par analogie, il a servi à désigner une robe évasée et plus ou moins appuyée à la taille (1847), quelquefois appelée robe redingote. De nos jours, il désigne un manteau pour dame de même style (1786), appelé en anglais fitted-coat, littéralement « manteau ajusté à la taille ». ◆  L'abréviation REDINGUE n. f. a eu cours dans l'usage oral des années 1870 aux années 1930.
❏ voir 1 RADE, REÎTRE.
REDIRE, REDITE → DIRE
REDONDER v. intr. est emprunté (fin XIIe s.) au latin redundare « déborder, être inondé de » d'où, au figuré, « être en excès, abonder en », de red- variante de re- (→ re-) marquant l'action en retour, et de unda « flot, vague » (→ onde).
❏  Le verbe a eu en ancien français le sens d'« abonder » (fin XIIe s. en parlant de la charité chez un prêtre). Il s'est spécialisé après redondant (ci-dessous) de manière à signifier « constituer une répétition superflue dans le discours » (1690), quelquefois en construction transitive indirecte redonder de (1798). À peu près sorti d'usage, il est senti aujourd'hui comme un dérivé de redondant.
❏  REDONDANT, ANTE adj. n'est pas dérivé du verbe français mais directement emprunté (v. 1278) au latin redundans, -antis « qui déborde », « superflu », adjectivation du participe présent de redundare.
■  Après une attestation isolée au sens de « surabondant », le mot s'est répandu au XVIe s. pour qualifier une expression caractérisée par une abondance superflue et ce qui est superflu dans le discours (1559). En emploi déterminé, il a pris la valeur figurée d'« excessif » (1839), emploi qui s'est répandu au XXe siècle.
■  Dans la seconde moitié du XXe s., il passe d'après l'anglais redundant, employé en théorie de l'information, dans la terminologie de la linguistique (1968) et de l'informatique.
REDONDANCE n. f., attesté depuis 1352 (une forme signalée au XIVe s. par Bloch et par Dauzat vient d'un autre radical), est emprunté au latin redundantia, dérivé de redundans.
■  Le mot, avec le sens de « surabondance », s'est employé en médecine pour « surabondance d'humeur », ses emplois modernes apparaissant après ceux de redondant : « abondance excessive dans le discours » (1690) et, par métonymie, « partie d'un énoncé considérée comme superflue » (1762). ◆  Par anglicisme (redundancy) et comme redondant, il désigne en théorie de l'information, puis en linguistique (1964) et en informatique (1968) le concept complémentaire de celui d'information, bien distinct de la notion courante de « paroles superflues » ; en effet la redondance est nécessaire à certains codes (telles les langues naturelles) pour assurer leur fonctionnement optimal.
REDOUBLER → DOUBLER
REDOUTE n. f. est, comme d'autres termes de fortification, emprunté (1569) à l'italien ridotto « lieu où l'on peut se retirer », spécialement « fortification fermée » (XIVe s.). C'est le participe passé substantivé de riddure « ramener, réduire » et, au pronominal, « se retirer », représentant le latin reducere (→ réduire). Le mot s'est aussi écrit redote (1616, D'Aubigné) et à l'italienne ridotte. Sa forme actuelle est due à un croisement avec redouter*.
❏  Le mot désignait autrefois un ouvrage de fortification fermé, de forme carrée ; il a aussi désigné un type de radeau protégé et armé servant à franchir de vive force les cours d'eaux (v. 1650).
■  Par un nouvel emprunt à l'italien ridotto au sens de « bal public », il a désigné un endroit public où l'on dansait, où l'on donnait des fêtes (1764) et, par métonymie, une fête donnée dans ce lieu (1752) ; dans ces derniers sens, le mot est historique.
REDOUTER, REDOUTABLE → DOUTER
REDOUX → DOUX
REDOWA n. f. est un emprunt (1846) à l'allemand Redowa, lui-même emprunté au tchèque rejdovák désignant une danse rustique de Bohême. Lui-même dérive de rejditi, itératif rejdovati « s'ébattre, gambader », ce verbe étant dérivé de rej « danse ».
❏  Le mot, également écrit rédowa, désigne une danse sur un rythme à trois temps tenant de la valse et de la mazurka et, par métonymie (1869), l'air sur lequel cette danse s'exécute. Il est resté rare en français, par rapport aux emprunts analogues, tels que mazurka.
REDRESSER et dérivés → DRESSER
RÉDUIRE v. tr. est emprunté (v. 1175), avec francisation d'après conduire*, au latin reducere « ramener, reconduire », au propre et au figuré, de re- (→ re-) marquant le mouvement en arrière, et ducere « mener, conduire » (→ conduire). Le moyen français a eu un type plus proche du latin, réducer, aux XIVe et XVe siècles.
❏  Jusqu'au XVIe s., le sens principal de réduire était « ramener, rétablir (dans un lieu, un état), rapprocher » ; le verbe s'employait à la forme pronominale au sens de « se retirer, se réfugier » (v. 1175), probablement d'après l'emprunt réduit*, ainsi qu'au figuré dans la locution réduire à mémoire de qqn « rappeler » (1380, encore déb. XVIIe s.). Ce sens a disparu en français central, mais se perpétue en chirurgie pour « remettre en place (un os, un organe déplacé) » (XIVe s., puis v. 1560), soutenu par le substantif réduction (ci-dessous). ◆  Ce sémantisme continue l'une des valeurs du latin reducere « ramener à sa place » et s'est maintenu pour le substantif réduit. Il s'est perpétué dans les dialectes franco-provençaux et dans le français des mêmes régions (Franche-Comté, Savoie, Velay...). L'usage le plus stable de réduire pour « ranger, mettre à sa place » est celui du français de Suisse (attesté en 1611). Dans l'usage rural, réduire s'emploie pour « mettre à l'abri (le bétail) » et « rentrer (le foin) ». Réduire est courant pour « mettre en ordre, faire le ménage dans (un local) ». Se réduire a pris le sens de « rentrer chez soi » et spécialement « se coucher ».
■  L'usage moderne du verbe se fait jour dès le moyen français et s'établit au XVIe s. : la valeur figurée de « ramener (qqn, qqch.) à un état inférieur, à un état plus simple » donne une extension pour « anéantir » (XIIIe s.), sortie d'usage. Avec un nom de personne pour complément, réduire s'est d'abord employé sans complément indirect au sens de « soumettre, dompter » (v. 1460), d'où en langue classique « ramener (qqn) à la raison, à l'obéissance par la force ou l'autorité » (fin XVe s.). ◆  Plus usuel avec un complément indirect (fin XVe s.), il a pris le sens d'« amener (qqn) contre sa volonté à un état de dépendance, de soumission, à une situation fâcheuse » (1538), spécialement dans réduire qqn à l'extrémité (v. 1580), surtout au passif en être réduit à (1673), réduire qqn (au lait, au bouillon) « l'obliger à ne consommer que... » (1690), réduire au silence (v. 1695). La préposition utilisée pour introduire le complément indirect, généralement à ou en (fin XVe s.), pouvait être de (1665) dans la langue classique. ◆  Aux XVIe et XVIIe s., réduire s'employait aussi sans idée de contrainte pour « conduire (qqn) à un certain état » (1559), sens qui survit en religion dans réduire un clerc à l'état laïc « le renvoyer à la vie séculière ».
■  Avec un nom de chose pour complément, le verbe s'est employé pour « limiter à » (v. 1370), « adapter, conformer à » (avec l'idée d'une difficulté à surmonter), sens vivant jusqu'au XVIIIe s., et « ramener (un objet de pensée) à une forme équivalente plus simple, plus compréhensible ou à ses éléments fondamentaux » (1538), sens resté vivant et qui a produit plusieurs spécialisations : en mathématiques réduire une fraction (1520), en géométrie (XVIIIe s., Buffon), en logique (1798, réduire à l'absurde).
■  Avec un objet concret, réduire correspond à « faire passer d'un état à un autre plus simple » (1538), dans réduire en cendres (1665) et spécialement en chimie (1680), par exemple dans réduire un oxyde. Certains emplois (en dessin, en géométrie) correspondent à la valeur générale de « ramener (qqch.) à une quantité ou à une dimension moindre » (1538, une fois redurre au XVe s.), devenue le plus courant de nos jours, au propre (spécialement en art, 1690 ; en musique, 1870) et au figuré (réduire son train de vie, v. 1650).
■  La forme pronominale se réduire a pris ses valeurs modernes au XVIIe s. et vaut absolument pour « se résumer » (1670). ◆  L'emploi intransitif du verbe est tardif (1808) et exprime, d'abord en cuisine, puis (1893) en chimie, en technique, le processus concret de « diminuer le volume, devenir concentré par évaporation », notamment en cuisine, surtout dans faire réduire.
❏  1 RÉDUIT, UITE, le participe passé de réduire, est adjectivé depuis le XVIIe siècle. Il qualifiait une personne rangée et vivant dans le recueillement, spécialement une personne soumise à son devoir, faisant preuve d'humilité (1651, Corneille). En français actuel, réduit qualifie un objet dont les dimensions ont été diminuées (1770), notamment dans modèle* réduit, s'employant parfois au figuré à propos d'une personne (1880), de sa taille. Il se dit de ce qui est inférieur en nombre à la normale (1644) et de ce qui a subi une diminution en valeur (à prix réduits, 1874).
RÉDUCTION n. f., réfection savante (v. 1300) de redution (fin XIIIe s.), est emprunté au dérivé latin reductio, -onis « action de ramener ». Le mot, bien qu'il serve de nom d'action à réduire*, n'a pas conservé dans son intégralité les sens du verbe. Le sens de « rapprochement » est sorti d'usage dès le moyen français, celui de « rétablissement, retour à l'état précédent » (v. 1300) ne survit que dans sa spécialisation en chirurgie (XIVe s.). ◆  Presque tous les emplois du mot en parlant d'une personne sont sortis d'usage : « fait de soumettre par la force militaire, l'autorité » (v. 1450), « état d'épuisement, de pénurie (d'une collectivité) » (fin XVIIe s.), « gêne, état de dénuement (d'une personne) » (1718).
■  L'emploi métonymique pour un village chrétien établi par les missionnaires au Paraguay est un emprunt (1770) à l'espagnol redución ; Cf. rédemption.
■  En parlant d'une chose, le mot désigne le fait de diminuer, de rendre moins nombreux, plus faible, sens qui semble apparaître avant l'emploi correspondant de réduire (v. 1350), mais ne se répand qu'au XVIIe s. ; au XXe s., réduction désigne par métonymie la quantité dont une chose est diminuée (1935) et, absolument, un rabais, une diminution de prix (1935), spécialement dans réduction d'impôt (1936).
■  En biologie, réduction chromatique (1897) recouvre le mécanisme par lequel les chromosomes d'une cellule sont diminués de moitié.
■  En relation avec réduire, réduction désigne l'action de changer en diminuant les proportions (1752), spécialement en géométrie (1762) et en arts.
■  Dès l'ancien français, comme réduire, il se dit du fait de ramener une chose à un état plus élémentaire ou plus utilisable, d'abord en parlant d'une chose concrète (1300), d'un corps chimique (1680), puis aussi d'une construction de l'esprit (1690), avec des emplois spéciaux en mathématiques (1690), en logique (1701, réduction à l'absurde, calque du latin), en métrologie, en astronomie (1870), en psychologie, en cuisine (1807), lié au verbe réduire, intransitif, avant de se répandre dans l'usage courant avec une valeur générale au XXe s. (av. 1960, Camus).
Au XXe s., réduction a servi à former des dérivés didactiques.
■  RÉDUCTIONNEL, ELLE adj. (1931) correspond à sa spécialisation en biologie.
■  RÉDUCTIONNISME n. m. (1966), d'où est tiré RÉDUCTIONNISTE adj. et n. désigne la réduction systématique d'un ordre de connaissance à un autre plus formalisé et, spécialement, des mathématiques à la logique formelle (réductionnisme logique).
■  Réduction a servi de base au composé OXYDORÉDUCTION n. f. (1904) désignant une réaction où un réducteur est oxydé et un oxydant est réduit (par échange d'électrons). Voir ci-dessous réductase et oxydoréducteur.
RÉDUCTEUR, TRICE adj. et n., attesté isolément à la Renaissance au sens de « qui ramène » (1542) et comme mot de chirurgie (v. 1560, Paré) par emprunt au dérivé latin reductor, -oris, a été repris comme nom (1813) et comme adjectif (1835) par dérivation savante du latin reductum ou de réduire.
■  Le nom a d'abord désigné un appareil distillateur propre à réduire le titre de l'esprit-de-vin, et par la suite d'autres appareils et mécanismes techniques ayant pour fonction d'opérer une réduction. Puis il s'applique, comme dans son ancien emploi, à un appareil propre à réduire les luxations et fractures en chirurgie (1835). ◆  Il désigne aussi un mécanisme employé pour diminuer la vitesse d'un mouvement de rotation (1898), un appareil propre à réduire des dessins (1904, Larousse), un commutateur électrique (mil. XXe s.). ◆  Repris au XIXe s., l'adjectif, en chimie, qualifie ce qui a la propriété de ramener certains corps à un degré moindre d'oxydation (1835), supplantant dans cet emploi réductif (1680), d'où un réducteur n. m. (1904, Larousse). Le mot s'est répandu dans un usage courant pour qualifier ce qui opère une réduction (1875) et il a été repris en psychologie pour désigner, spécialement chez H. Taine, le phénomène psychique qui, en s'opposant à une représentation imaginaire, empêche qu'elle ne soit prise pour une perception (1870, Taine).
■  L'emploi chimique a fourni le composé OXYDORÉDUCTEUR, TRICE adj. (1904) ; voir ci-dessus oxydoréduction.
■  RÉDUCTASE n. f. (1902) est le nom donné à l'enzyme qui favorise l'oxydoréduction dans l'organisme.
RÉDUCTIBLE adj. est le dérivé savant (1607) du latin reductum, supin de reducere.
■  Formé comme terme de jurisprudence, au sens de « transformable », appliqué à une rente transformable en argent, l'adjectif a été repris à la fin du XVIIe s., subissant l'influence de réduire : en chimie il qualifiait ce qui est susceptible d'être réduit en chaux (1680), sens disparu, puis ce qui peut être ramené à un moindre degré d'oxydation (1812).
■  D'après réduire et réduction, il s'emploie pour « qui peut être réduit à une forme plus simple, plus utilisable ou plus intéressante » (1690), sens spécialisé en mathématiques (1717), en géométrie et en logique. Il est passé en chirurgie après réduire et réduction à propos de ce qui peut être remis à sa place normale (1802). ◆  Enfin, il qualifie en droit ce qui peut être diminué (1804, Code civil).
■  Le préfixé IRRÉDUCTIBLE adj. (1676) lui sert d'antonyme, d'abord dans les mêmes spécialisations en chimie, en algèbre (1690) et en chirurgie (1835). L'adjectif signifie dans l'usage général « qui ne peut être diminué » (1867, à propos d'une souscription, d'une propriété). ◆  Il se dit aussi d'une personne que l'on ne peut faire changer d'avis, correspondant à un emploi de réduire mais pas de réductible.
■  Les deux adjectifs ont produit des noms didactiques en -ité, RÉDUCTIBILITÉ n. f. (1757) et IRRÉDUCTIBILITÉ n. f. (1762).
❏ voir REDOUTE, 2 RÉDUIT.
L 2 RÉDUIT n. m., d'abord reduiz (v. 1165), ne peut pas être un dérivé du verbe réduire*, qui non seulement semble plus tardif mais dont les sens ne concordent avec l'idée de « lieu retiré » que dans l'usage régional vivant surtout en Suisse (« mettre à l'abri ») ; il est issu du latin populaire reductum, neutre substantivé du latin classique reductus « qui est à l'écart, en retrait », « en recul » (pour un lieu, un objet), participe passé adjectivé de reducere « ramener » (→ réduire). Ce sens se retrouve dans l'italianisme redoute*.
❏  Le mot désignait, encore au XVIIe s., un petit logement retiré, une retraite. Par spécialisation, il s'appliquait également à un lieu de réunion pour une société choisie (v. 1240) et, par métonymie, à la société, au cercle qui s'y réunissait (1549).
■  Le premier sens moderne est celui de « recoin, enfoncement dans une pièce » (1580). Par extension, réduit désigne (1690) un local exigu, généralement sombre et peu aménagé, une petite pièce servant de lieu de travail, d'habitation. Seules ces deux valeurs sont usuelles en français contemporain.
■  Par un développement analogue à celui de l'italien ridotto (redoute*), il s'est spécialisé en fortification pour un ouvrage construit à l'intérieur d'un plus grand ou en arrière, pour assurer la retraite (1671) ; par analogie, il a désigné le compartiment cuirassé placé au centre des anciens bâtiments de guerre et où étaient assemblées les pièces d'artillerie principales (1890). ◆  En stratégie, le mot s'emploie à propos d'une zone aménagée pour résister à une agression militaire. Dans l'histoire de la Suisse, on appelle réduit national (1943) les zones de montagne, difficiles d'accès, qui avaient été prévues, avec forteresses, pour résister à une attaque allemande.
REDUNCA n. m., terme pris au latin zoologique, féminin de l'adjectif reduncus « courbé en arrière », est le nom scientifique de l'antilope des savanes africaines dont le mâle porte des cornes incurvées vers l'avant (nom courant : cob des savanes).