RÉFLÉCHIR v. tr., d'abord
reflekir (fin
XIIe s.), puis
reflechir (v. 1278), est un emprunt modifié au latin
reflectere « courber en arrière, recourber », au figuré « ramener, retourner, détourner », « reporter sa pensée sur (un objet) », de
re- (→ re-) marquant le mouvement en arrière, et
flectere « courber, ployer »
(→ fléchir).
■
Lors de son introduction en français, le verbe a subi l'attraction de mots apparentés, en particulier de fléchier (d'où reflechier au XVe s.), forme ancienne de fléchir* et à l'est de la France, l'influence de flanc* (d'où reflenchir en ancien bourguignon, déb. XIIIe s.). La forme participiale reflexi (v. 1280) témoigne peut-être de l'influence du latin reflexus (→ réflexe) ; la forme actuelle s'impose au début du XVIe siècle.
❏
Le verbe, d'abord employé au sens de « diriger l'œil, la pensée », a eu anciennement une signification concrète très générale impliquant l'idée de détourner (déb.
XIIIe s., en ancien bourguignon) et de « tourner dans une direction différente » (v. 1280),
se réfléchir s'employant spécialement en anatomie au sens étymologique de « se recourber, revenir en arrière » (1300).
■
La spécialisation, en optique, pour « renvoyer (les rayons lumineux) dans une direction différente » (v. 1278), par laquelle on tenta de recréer sur le latin la forme reflecter (1530), a pris une grande importance au XVIIe s. par suite du développement de la science optique. À ce sens correspond se réfléchir au sens passif (1604). Par analogie, il s'est appliqué à la voix, au son que l'on répercute (1718) et, improprement, aux rayons caloriques que l'on réverbère (1935). Sous l'influence du participe passé réfléchi, se réfléchir est employé spécialement en grammaire (1835).
Le principal emploi figuré peut aujourd'hui être considéré comme un homonyme. Cet emploi, attesté au XVIIe s. (1672), vient de l'idée de « se recueillir par un retour de la pensée sur elle-même » ; il est tributaire du sens abstrait pris par réflexion*. Un emploi métaphorique de la forme pronominale se réfléchir « méditer, se recueillir » est attesté isolément en 1609. Cette valeur intellectuelle de réfléchir s'est répandue au XVIIIe s., au point de devenir le sens le plus vivant du mot dans l'usage actuel. Elle est réalisée en construction intransitive, par exemple dans ...qui donne à réfléchir, qui fait réfléchir. Elle est également réalisée en construction indirecte, avec les prépositions sur (1675) et à (1701). L'ancien emploi transitif (1735) a laissé quelques traces comme l'expression passive tout bien réfléchi (1935) et réfléchir que introduisant une complétive (1833).
❏
RÉFLÉCHISSANT, ANTE adj., le participe présent de
réfléchir, a eu le sens de « qui a la faculté de réfléchir » (1697, Bossuet) ; par extension, il s'est également dit de la personne qui fait preuve de réflexion occasionnellement ou habituellement (1764, Voltaire). À la suite de
réfléchir, l'adjectif s'emploie aussi en optique (1720).
■
RÉFLÉCHI, IE adj., le participe passé de réfléchir, apparaît au XIIIe s. sous la forme refleki (v. 1280) au sens concret de « tourné sur soi-même ». Il s'est répandu comme terme de grammaire, qualifiant les mots qui expriment une action retournant sur son auteur (1701, verbe réfléchi ; 1771, pronom réfléchi).
■
Au XVIIIe s. également, réfléchi, d'après réfléchir et réflexion, qualifie (1734) ce qui est pensé, dit ou fait après réflexion, ce qui dénote la concentration d'esprit (1751), puis (v. 1770 chez J.-J. Rousseau) une personne qui fait preuve de réflexion.
■
Au XIXe s., par retour au sens étymologique, l'adjectif qualifie en botanique et en anatomie ce qui est recourbé par rapport à une direction générale ou normale (1803).
■
Au sens intellectuel, réfléchi a servi à former le préfixé IRRÉFLÉCHI, IE adj. (1784) qui qualifie une personne agissant sans réflexion et (1810) un acte, une parole faite sans réflexion.
◈
RÉFLECTIF, IVE adj., didactique, signifiant « qui résulte de la réflexion » (1803), est probablement emprunté à l'anglais
reflective (1678). Il constitue aussi l'adjectif correspondant à
réflexe en physiologie (1755). Il a pour dérivé
RÉFLECTIVITÉ n. f. (1875), en physiologie pour « capacité à réagir par réflexe », pour un organe, une partie du corps et en physique « rapport de l'énergie réfléchie à l'énergie incidente », mais non en philosophie.
❏ voir
RÉFLECTEUR, REFLET, RÉFLEXE, RÉFLEXION.
RÉFLECTEUR, TRICE n. m. et adj. est dérivé savamment (1804) du latin reflectus, participe passé de reflectere (→ réfléchir).
❏
Le mot désigne un appareil destiné à réfléchir les ondes lumineuses ou calorifiques au moyen de miroirs, de surfaces prismatiques, spécialement dans les locutions déterminées (réflecteur d'antenne, réflecteur de neutrons), selon la destination du dispositif. Par extension, il se dit d'un objet qui réfléchit la lumière. Il est adjectivé (1831, tapis réflecteur) au sens de « réfléchissant ».
❏
En est dérivé RÉFLECTANCE n. f., mot didactique (1953, Larousse) désignant le pouvoir réflecteur d'une surface, emprunt à l'anglais reflectance (1926), dérivé savant du latin reflectere.
REFLET n. m. est emprunté comme terme de peinture (1651, Fréart de Chambray) à l'italien riflesso, attesté en peinture depuis le XVIe s. (Vasari). Celui-ci est dérivé, d'après le bas latin reflexus « enfoncement, retour en arrière », du verbe riflettere « réfléchir », qui représente le latin reflectere. Reflexus vient du latin classique reflexum, supin de reflectere (→ réfléchir).
❏
Le mot a été repris en peinture, dans la traduction du Trattato della Pittura de Léonard de Vinci pour désigner la teinte lumineuse qui se joue sur des fonds différents, c'est-à-dire, selon le Traité de la peinture de R. de Piles (1677) « ce qui est éclairé dans les ombres par la lumière que renvoient les objets voisins et éclairés ».
◆
C'est par extension, alors que de nos jours le sens pictural est senti comme une spécialisation, que reflet désigne la lumière réfléchie par un corps, accompagnée ou non d'une sensation de couleur (1662), le mot tendant à se substituer à réflexion dans son sens optique. Il désigne spécialement l'image réfléchie (1662), sens dont procède par métaphore l'emploi spécialisé en philosophie pour une représentation entièrement déterminée par le représenté. Avec cette valeur métaphorique, la théorie du reflet a été développée par le marxisme-léninisme.
◆
Le développement du sens figuré, « image plus ou moins affaiblie (d'une chose) dans ses traits les plus marquants », remonte au XVIIIe s., souvent avec la notion accessoire d'éclat qui rejaillit (1763).
❏
Reflet a produit
REFLÉTER v. tr., d'abord enregistré (1762) en emploi intransitif en peinture, pour « renvoyer la couleur et la lumière sur l'objet et le corps voisins », sens sorti d'usage. La construction transitive a triomphé avec le sens propre de « réfléchir de façon affaiblie, plus ou moins vague », également à la forme pronominale
se refléter (1791), et un sens figuré, « être un reflet de, présenter un reflet de » (1784).
■
De refléter est dérivé le nom d'action REFLÈTEMENT n. m. (1870), littéraire et rare à côté de reflet et de réflexion.
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Reflet a aussi donné l'adjectif invariable
ANTIREFLET (v. 1960), qualifiant un dispositif diminuant les reflets parasites sur les verres, lentilles, prismes.
REFLEX adj. inv. et n. m. est un emprunt (1922, Coustet) à l'anglais reflex « reflet », mot spécialisé en photographie pour désigner un appareil muni d'un dispositif de visée donnant l'image exacte du sujet tel qu'il apparaîtra sur la surface sensible. Le mot anglais est emprunté au français reflet* avec réfection de la finale d'après le latin reflexum, supin de reflectere (→ réfléchir).
RÉFLEXE adj. et n. m. est emprunté (1372) au latin reflexus, participe passé de reflectere « ramener en arrière, retourner » (→ réfléchir). Le latin médiéval a reflexus « mouvement réflexe » (v. 1325).
❏
Le mot a été emprunté par les physiciens, une première fois au
XIVe s., puis à la Renaissance (1556) pour qualifier ce qui a lieu par réflexion. Cet emploi, ainsi que le sens abstrait, « qui marque la réflexion, est dit ou fait par réflexion » (1697), est sorti d'usage.
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Réflexe a été repris en physiologie au XIXe s. pour qualifier une activité nerveuse involontaire résultant d'une impression extérieure, spécialement dans action réflexe (1841), phénomène réflexe (1875), arc réflexe (XXe s.) pour l'ensemble de nerfs intervenant dans la production d'un réflexe, et centre réflexe.
◆
Il est substantivé (1855) avec le sens correspondant, souvent en emploi qualifié (notamment réflexe conditionné, 1904, traduit du russe dans l'emploi qu'en fait Pavlov).
◆
Au XXe s., le mot s'est répandu dans l'usage courant, désignant, souvent abusivement, une réaction immédiate et mécanique à une impression donnée, précédant toute réflexion et indépendante de la volonté (1928), spécialement en emploi qualifié (réflexe professionnel, réflexe social).
❏
Le mot a servi à former
ARÉFLEXIE n. f. (v. 1920) « absence de réflexes », en médecine.
◈
RÉFLEXO-, premier élément de mots didactiques tiré de
réflexe, sert à former plusieurs composés.
RÉFLEXOGÈNE adj. (1887) qualifie ce qui provoque ou est le siège d'un réflexe ;
RÉFLEXOGRAMME n. m. (1924) désigne l'enregistrement de l'excitation du tendon d'Achille par percussion ;
RÉFLEXOLOGIE n. f. (1923, dans le composé
psychoréflexologie) concerne l'étude des réflexes en physiologie (avec des dérivés) ;
RÉFLEXOTHÉRAPIE n. f. (1911) désigne une méthode de thérapeutique par déclenchement de réflexes.
RÉFLEXION n. f. est emprunté (v. 1370, Oresme) au bas latin reflexio, -onis « action de tourner en arrière, de retourner », « reflet » (IVe s.), « méditation, connaissance de soi » (XIIIe s.), au figuré « proposition réciproque » ; le nom correspond au verbe reflectere (→ réfléchir).
❏
Réflexion correspond sémantiquement au verbe
réfléchir* : d'abord employé comme terme de mécanique, il désigne le phénomène par lequel un corps est renvoyé par un obstacle. À partir de ce sens, à côté d'un sens anatomique, « repliement sur soi-même » (
XVe s.), qui a disparu, il se spécialise en optique (
XIVe s.) pour le phénomène par lequel la lumière est renvoyée par un obstacle (
XIVe s.,
refliction). Il est ensuite étendu au même type de phénomène pour une onde sonore (1694) et, abusivement, pour un rayon calorique (1845). Le mot sert à former des syntagmes scientifiques, tel
angle de réflexion (1690),
instruments à réflexion (1835).
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Avant réfléchir, il a pris métaphoriquement un sens intellectuel, d'abord sous une forme altérée au XVIe s. (1532), dans reffrection de pensee « méditation », simple métaphore du sens concret général, puis fréquemment depuis le milieu du XVIIe s., en parlant du retour de la pensée sur elle-même en vue d'examiner et d'approfondir une donnée de la conscience spontanée (1637, Descartes), spécialement dans faire réflexion (1669), puis réflexion faite, toute réflexion faite (1788), à la réflexion (1870). La réflexion désigne la capacité de réfléchir, la qualité d'un esprit qui sait réfléchir (1669) ; par métonymie, une, des réflexions désigne une pensée exprimée par écrit ou oralement par une personne ayant réfléchi (1643). Spécialement, le pluriel réflexions désigne un ensemble de pensées constituant un enseignement moral. Le mot est utilisé comme titre, avec maxime, par La Rochefoucauld (1664).
◆
Par extension, il s'emploie pour une remarque adressée à qqn et qui le concerne personnellement, d'où, familièrement, une remarque désobligeante.
❏
Avec son acception intellectuelle,
réflexion a produit deux dérivés : l'antonyme préfixé en
ir- (in-) IRRÉFLEXION n. f. (1785) pour le manque de réflexion et, particulièrement, un acte irréfléchi, et le verbe
RÉFLEXIONNER v. intr. (1884), rare et familier pour « exercer sa réflexion sur qqch. ».
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RÉFLEXIF, IVE adj. est emprunté (1611) au latin scientifique
reflexivus, dérivé savant du latin classique
reflectere (→ réfléchir).
■
Le mot, formé comme terme concret de mécanique et d'optique au sens de « qui se réfléchit, relatif à la réflexion », est sorti d'usage dans cette acception. Il a pris le sens de « propre au retour de la conscience sur elle-même » en philosophie (1612), aujourd'hui dans acte réflexif, conscience réflexive (1943, Sartre) et, en psychologie, analyse réflexive.
■
Relation réflexive se dit en mathématiques (XXe s.) de la relation binaire dans un ensemble telle que tout élément de cet ensemble est en relation avec lui-même et, en linguistique, d'après le sens de réfléchi, à propos d'une transformation remplaçant un complément nominal identique au sujet par un pronom.
■
De réflexif sont dérivés RÉFLEXIVEMENT adv., dont la première attestation en 1551 fait supposer l'antériorité de réflexif, repris au XIXe s. (1846), et RÉFLEXIVITÉ n. f. (1857), employé spécialement en philosophie, en mathématiques, en psychologie, dans les sciences humaines.
◈
RÉFLEXIBLE adj. est emprunté comme terme de physique (1706) à l'anglais
reflexible « qui peut être réfléchi » (1706), dérivé de
to reflex « réfléchir », formé sur le radical latin
reflex- de
reflectere (→ réfléchir, reflex).
■
RÉFLEXIBILITÉ n. f. est emprunté parallèlement (1706) à l'anglais reflexibility, terme créé par Newton (1673) à partir de reflexible pour « propriété de ce qui est réflexible ».
REFLUER v. intr., d'abord sous la forme refluir (v. 1380) précédant refluer (1450), est emprunté au latin refluere « couler en sens contraire » (de la marée), dérivé de fluere « couler, s'écouler » (→ flux), avec le préfixe re- (→ re-) marquant le retour en arrière.
❏
Le mot a gardé le sens du latin ; il se dit d'abord du mouvement de la marée (v. 1380) et, après la découverte de la circulation, de celui du sang, en médecine (1762).
◆
Il a développé un emploi figuré à propos d'une foule qui revient vers son point de départ (1788) et un emploi abstrait, à propos de pensées, de sentiments qui ressurgissent à la conscience (1752).
❏
Le dérivé REFLUEMENT n. m. (1877, Littré) signifie « action de refluer », et l'adjectif tiré de son participe présent REFLUANT, ANTE (Baudelaire) est surtout employé abstraitement à propos de ce qui remonte à la conscience.
REFONDER, REFONDRE → FONDER, FONDRE
+
RÉFORMER v. tr. est emprunté (1174) au latin reformare « rendre à sa première forme, refaire », d'où « rétablir, restaurer » et, au figuré, « corriger, améliorer », de re- (→ re-) marquant le retour en arrière, et formare (→ former).
❏
Le verbe apparaît au sens figuré de « ramener (qqn, qqch.) à une forme meilleure, à un état préférable », cette forme étant généralement conçue comme ancienne, primitive. Emprunté comme terme moral et institutionnel à la fois, il s'emploie relativement à une discipline religieuse, spécialement monastique, également à la forme pronominale
se réformer (1665), prenant à la suite du mouvement chrétien antipapiste du
XVIe s. une valeur précise (mil.
XVIe s.), c'est-à-dire « modifier les règles du christianisme »
(Cf. ci-dessous réformé, réforme, réformation). Le verbe s'emploie aussi pour « ramener l'observance d'une règle qui s'est relâchée » (1690). Depuis le début du
XVe s., il entre dans le vocabulaire de l'administration et du droit à propos de lois, d'institutions, de textes juridiques (1491,
réformer un testament), spécialement d'une décision judiciaire (1657), l'idée de « restaurer l'ancien » s'effaçant au profit de celle d'« améliorer » (1636).
■
Par extension, il prend le sens de « mettre hors service », spécialement en numismatique où il se dit pour « modifier l'empreinte d'une monnaie, en changer la valeur légale », « déclarer qu'elle n'a plus cours » (1636) et, dans l'armée, « retirer du service (ce qui est reconnu inapte) », surtout au passif (1671). En relation avec réforme, il correspond en politique à « modifier progressivement, sans violence ».
❏
Cette répartition des sens se retrouve dans la plupart des dérivés.
■
RÉFORMABLE adj. (1483), employé dans un sens juridique en moyen français, a été étendu à la valeur générale de « qui peut, qui doit être réformé » (1762).
◆
L'antonyme préfixé IRRÉFORMABLE adj. (1603) s'emploie spécialement à propos d'un jugement (1767). Il a pour dérivé IRRÉFORMABILITÉ n. f. (1752).
■
RÉFORMÉ, ÉE adj., le participe passé de réformer, a été adjectivé lors du mouvement protestant du XVIe s. dans les syntagmes Église réformée (1546, Calvin) et religion réformée (1576), la terminologie catholique officielle de la seconde moitié du XVIIe s. parlant de religion prétendue réformée, expression abrégée au XVIIIe s. en R. P. R. Un, une réformé(e), n. désigne un protestant (1563).
■
Depuis 1832, réformé désigne et qualifie une personne reconnue impropre pour le service militaire, et, par extension, le matériel, l'équipement déclaré inapte (1875).
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RÉFORME n. f., déverbal (1625), possède dès le milieu du
XVIIe s. les mêmes valeurs que le verbe : il désigne le rétablissement de l'ancienne discipline dans un ordre religieux (1625), le changement introduit dans la doctrine et la discipline chrétienne par les théologiens protestants du
XVIe s. (1640) et, plus généralement, un changement en bien provoqué dans une situation quelconque (1640), se substituant en partie à l'emprunt
réformation (ci-dessous) qui recule dans l'usage courant.
◆
La Réforme, pour désigner — sur le même plan que
Renaissance — la période de l'histoire qui voit l'éclatement du christianisme et du pouvoir de la papauté dans le monde chrétien, est une valeur du mot développée au
XIXe siècle.
■
Le sens de « régularité des mœurs, piété » (av. 1696, La Bruyère) a disparu après l'époque classique. Dans le langage militaire, il signifie « action de retirer du service » (1671), s'appliquant aux personnes et aux chevaux (1762).
■
La spécialisation politique remonte au dernier tiers du XIXe s. (1870), spécialement, avec une majuscule, en parlant du mouvement qui, au cours des derniers mois de la monarchie de Juillet, rassembla les membres de l'opposition désireux de modifier le système électoral. En politique, il s'oppose à révolution depuis le milieu du XIXe s., Cf. ci-dessous réformiste.
■
Dans son acception religieuse spéciale, le mot a produit CONTRE-RÉFORME n. f. (1914 ; en politique 1850) mot forgé tardivement par les historiens pour désigner la réaction du catholicisme romain, parfois appelée Réforme catholique, notamment des jésuites, à la réforme protestante. Le mot s'applique à la période correspondante, notamment au XVIIe s., et sert à caractériser son art, dans les pays catholiques romains (Italie, Espagne, France).
■
Réforme a aussi produit le diminutif RÉFORMETTE n. f. (v. 1960), dit familièrement d'une réforme politique, institutionnelle jugée superficielle, insuffisante.
◈
RÉFORMATION n. f. est emprunté (1213) au dérivé latin
reformatio, -onis « métamorphose », « retour aux bonnes mœurs ».
■
Le mot a précédé réforme dans tous les emplois réalisant l'idée d'un changement de forme constituant une amélioration, spécialement dans les domaines moral et religieux (1526).
◆
Il a reculé dans l'usage courant dès le XVIIe s. au profit de réforme ; en revanche, il s'emploie en droit pour la modification d'un acte par une autorité supérieure (1821-1824), seul sens à n'être pas couvert par réforme.
■
RÉFORMATEUR, TRICE n. et adj., emprunté (1327) au dérivé latin reformator (reformatrix au féminin), a été repris pour désigner le magistrat chargé par le roi de connaître les abus, avant de prendre la valeur générale « personne qui réforme » et d'être employé comme adjectif avec le sens correspondant (1580). Spécialisé en religion, comme réformer et réforme, le mot correspond à « fondateur, premier adepte de la religion protestante » (v. 1622). En psychiatrie, il se dit d'un type de malade psychotique voulant réédifier la société selon ses plans (1893). Il est entré dans le vocabulaire politique de la France, s'appliquant au partisan du mouvement créé en 1971, rapprochant des membres du parti radical et du centre démocrate.
◈
RÉFORMISTE n. et adj. est emprunté (1834) à l'anglais
reformist, terme créé en 1589 pour désigner les partisans de la Réforme religieuse, spécialisé en politique (1641) et devenu fréquent entre 1792 et 1830. Le mot anglais est soit dérivé de
to reform « réformer » (
XIVe s.), soit formé à partir de l'ancien français
réformer ou du latin
reformare.
■
En français, réformiste s'est d'abord employé à propos des partisans de la réforme électorale en Angleterre, puis généralement de tout partisan des réformes politiques, également comme adjectif (1842, banquet, pétition réformiste). Dès 1841, il désigne spécialement le partisan de réformes politiques légales et progressives destinées à faire évoluer la société vers plus de justice sociale, en opposition à révolutionnaire.
■
À la fin du XIXe s. apparaît RÉFORMISME n. m., qui a eu le sens général de « tendance aux réformes », puis (déb. XXe s.) s'applique à la doctrine des réformistes, par opposition à l'action révolutionnaire.
■
ANTIRÉFORMISTE adj. est attesté en 1846.
REFOULER v., d'abord refoler (fin XIe s.), est le dérivé en re- de fouler*.
❏
Le mot signifie d'abord (fin
XIe s.) « marcher de nouveau sur qqch. » et se spécialise très tôt au sens de « refluer », « monter », en parlant de la marée (v. 1175,
intr.), d'où à partir du
XVIIe s.
refouler la marée, le courant (1680) à propos d'un navire qui avance contre le courant ; ces valeurs ont disparu. L'idée de pression, à laquelle se rattachent des sens anciens, « fouler de nouveau ou plus (une étoffe) » (1260), « émousser » (1538), est conservée dans les usages modernes du verbe, qui sont apparus à l'époque classique.
◆
Refouler s'emploie au sens de « pousser en arrière, faire refluer » dans différents contextes techniques, en artillerie pour le fait de bourrer un canon (1611), et à propos de liquides : cet emploi se rapporte au fait de déplacer un fluide dans une tuyauterie (1765) et de le faire remonter vers son point de départ par une pression (1798), mais
pompe refoulante est relevé plus tôt (1694). De là, dans l'usage populaire, le sens de « sentir mauvais », « émettre (une mauvaise odeur) » et les expressions
refouler du goulot, du corridor (de la bouche).
◆
Le mot a pris le sens de « comprimer » dans le travail des métaux (1832 ;
refouler un rivet).
■
Le premier emploi figuré est contemporain du préromantisme : le verbe signifie absolument « refluer, reculer » (1770) et, transitivement, « faire rentrer en soi (ce qui veut s'exprimer) » (1830), par exemple refouler ses larmes (fin XIXe s.). Cette valeur s'est diffusée avec la psychanalyse, pour « éliminer inconsciemment (un désir) » (1905) ; il est alors antonyme de défouler*. Par figure également, refouler s'emploie à propos de personnes que l'on expulse en les jugeant indésirables (1824).
❏
REFOULÉ, ÉE adj. et n. est un terme technique, autrefois appliqué à une étoffe (v. 1268). Au figuré, il s'est spécialisé en psychanalyse (1906), comme adjectif et comme nom (
le refoulé, n. m.). De là vient l'emploi courant de l'adjectif, puis du nom, analogue à celui de
complexé, pour qualifier et désigner une personne qui a refoulé ses pulsions sexuelles (1923).
■
REFOULEMENT n. m., d'abord « action d'émousser » (1538), est également un terme technique désignant l'action de refouler la charge de poudre dans le canon (1611), puis des eaux ou des gaz (1771). Par l'idée d'une contrainte physique destinée à faire reculer (1823), on passe aux sens psychologique (1829) et psychanalytique (1906) répandus dans l'usage courant.
■
Les autres dérivés, le nom d'outil REFOULOIR n. m. (1575), et REFOULEUR n. m. (1875) sont limités au vocabulaire technique.
RÉFRACTAIRE adj. et n. est emprunté (1539) au latin refractarius « intraitable, querelleur », de refractum, supin de refringere « briser » (→ réfringent), le sens premier étant « celui qui casse, brise ». En latin médiéval, le préfixé de fragari, lui-même dérivé de frangere, est devenu transitif et a pris le sens de « contredire, réfuter, résister ». Refragare d'où refragatio (charte de Dagobert, 639) ont contribué au passage de l'idée active de querelle ou d'attaque à celle de résistance, de « ce qui brise » à « ce qui ne se laisse pas briser ».
❏
Le mot qualifie une personne, une collectivité qui résistent à une autorité, à une emprise. Il s'est employé en religion au
XVIIIe s. (1723). Il s'est dit, sous la Révolution (attesté 1791), des prêtres qui avaient refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé en 1790 et, sous le Consulat et l'Empire, de ceux qui s'efforçaient d'échapper au service militaire obligatoire (1815) [on parle aujourd'hui d'
insoumis]. Pendant l'occupation allemande (1940-1944), il a désigné en France et en Belgique ceux qui refusaient de se soumettre au service du travail obligatoire en Allemagne. Dans ces différents emplois, il est également substantivé.
■
Il est passé dans le langage scientifique et technique au XVIIIe s. pour qualifier ce qui résiste à certaines influences physiques ou chimiques (1762), spécialement les matériaux qui ne fondent qu'à de très hautes températures (1762). En physiologie, il se dit d'un organisme qui ne réagit pas à un stimulus, en médecine d'un organisme résistant à une infection (1827), d'une maladie qui résiste aux traitements.
■
Au figuré, l'adjectif (réfractaire à...) qualifie une personne incapable de goûter ou de comprendre qqch., de connaître certains sentiments (1834).
❏ voir
RÉFRACTER, RÉFRACTION, REFRAIN, RÉFRANGIBLE.
RÉFRACTION n. f. est emprunté (v. 1270) au bas latin refractio, -onis « renvoi, renversement », spécialement « renvoi d'un rayon lumineux », du latin classique refractum, supin de refringere « briser » (→ réfringent), formé de re- intensif, et frangere (→ fraction).
❏
Le mot a été repris en physique et en optique à propos de la déviation que subit le rayon lumineux en passant d'un milieu transparent dans un autre ; il s'est répandu au début du XVIIIe s. sous l'influence de l'anglais refraction employé par Newton, alors clairement distingué de réflexion, et qui donne lieu à des syntagmes tel indice de réfraction (1756). En astronomie, il désigne la déviation par les couches atmosphériques du rayon provenant d'un astre (1644), en acoustique le changement de direction d'une onde acoustique à cause de la variation de vitesse de cette onde dans un milieu non isotrope (mil. XXe s.) ; en physiologie, on parle de réfraction oculaire.
❏
Le dérivé
RÉFRACTIONNISTE n. désigne le praticien mesurant la réfraction de l'œil et la corrigeant par des verres adaptés (1964 dans les dictionnaires généraux).
◈
RÉFRACTER v. tr. est emprunté en physique (1734) à l'anglais
to refract (1612), dérivé savamment du latin
refractum, supin de
refringere « briser, faire dévier un rayon lumineux »
(→ réfringent). L'introduction du mot a été facilitée par le fait que le français employait déjà
réfraction*. Dans sa traduction du
Traité d'optique de Newton, P. Coste recule encore en 1720 devant
réfracter (il emploie le verbe
rompre) alors qu'il emploie
réfraction. Voltaire emploie le verbe et le substantif en 1734 et l'adjectif
RÉFRACTÉ, ÉE en 1738. Le mot passe aussitôt en acoustique (1785,
son réfracté), puis en médecine (1870) où une
dose réfractée est une dose administrée par petites quantités.
■
Le verbe a produit RÉFRACTEUR, TRICE adj. et n. m. (1870), nom de certaines lunettes astronomiques dont le réfracteur interférentiel (1892), appareil permettant de calculer les indices de réfraction au moyen de franges d'interférence.
◈
RÉFRACTIF, IVE adj. est dérivé de
réfraction ou emprunté (1760) à l'anglais
refractive (1673 ; 1709, dans
refractive power). Le terme de physique a vieilli au profit de
réfringent, et
réfractif s'est spécialisé en psychologie pour un type de test.
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RÉFRACTIVITÉ n. f. (1930), créé d'après l'anglais refractivity (1889), désigne la propriété spécifique d'une surface de réfraction.
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RÉFRACTOMÈTRE n. m. (avant 1875, où il apparaît dans le
Grand Dictionnaire de Pierre Larousse) désigne un appareil de mesure des indices de réfraction.
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RÉFRACTAIRE, REFRAIN, RÉFRANGIBLE.
REFRAIN n. m. est la réfection (1260), d'après refraindre, de l'ancien substantif refrait « mélodie » (fin XIe s.), « répons liturgique » (v. 1112), « paroles répétées » (v. 1165), et aussi « chant des oiseaux » (XIIe s.) ; le mot était également écrit refreit, refrai, refroit, reffroy (v. 1460). Refrait est le participe passé substantivé de l'ancien verbe refraindre « briser » (v. 1138), d'où « réprimer, modérer, contenir » et, en parlant de la voix, « moduler, retentir ». Ce verbe est issu d'un latin populaire °refrangere, réfection, d'après le latin classique frangere « briser » (→ fraction), du latin classique refringere « briser, déchirer » (→ réfringent), composé de re- intensif, et frangere (→ fraction), auquel remontent aussi l'italien rifrangere « rompre », l'ancien provençal refranher « réprimer » et aussi « moduler ». Les sens de « moduler » et, pour refrait, de « paroles d'une chanson qui reviennent à intervalles réguliers », qui ne sont pas attestés en latin, se sont peut-être développés dans les chansons de danse, le refrain étant un élément musical qui revient régulièrement « briser » la suite du chant.
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Le mot est attesté avec son sens actuel dès 1260. L'extension figurée de « propos, discours » est sortie d'usage, à la différence de celle de « ce qu'une personne répète à tout propos » (1580), notamment dans
c'est toujours le même refrain (1788).
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On rencontre chez Chateaubriand un emploi littéraire de refrain avec le sens étymologique de « rejaillissement des vagues qui se brisent » ; ce latinisme n'a pas eu de suite.
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RÉFRACTAIRE, RÉFRACTION, RÉFRANGIBLE.
RÉFRANGIBLE adj. est emprunté (1706) à l'anglais refrangible, mot créé par Newton en 1673, du latin refringere « briser » (avec l'idée de renvoi et de force, exprimée par le préfixe re-, ici intensif) [→ réfraction, réfringent] avec altération de vocalisme d'après le simple frangere « briser » (→ fraction).
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Le mot sert en optique à qualifier ce qui peut être réfracté.
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Le nom correspondant, RÉFRANGIBILITÉ n. f., emprunt (1706) à l'anglais refrangibility, créé lui aussi par Newton (1673), désigne en physique la propriété qu'a la lumière d'être déviée par réfraction.
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RÉFRACTAIRE, RÉFRACTION, REFRAIN, RÉFRINGENT.
REFRÉNER ou RÉFRÉNER v. tr. est emprunté (v. 1120) au latin refrenare « arrêter par le frein » et, au figuré, « dompter, maîtriser, brider (qqn, qqch.) », de re- (→ re-) marquant l'intensité, et de frenare « mettre un mors, brider » de frenum « mors, frein », au propre et au figuré (→ frein).
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Le verbe a été repris avec son sens figuré, le complément désignant un inanimé ou (1160-1174) une personne.
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Il a produit
REFRÈNEMENT ou
RÉFRÈNEMENT n. m. (
XIIIe s.), mot très rare avant le
XIXe s., qui lui sert de nom d'action.
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On rencontre aussi, mais plus rarement, REFRÉNATION ou RÉFRÉNATION n. f., emprunté (XIIe s.) au dérivé latin refrenatio, -onis « répression ».
RÉFRIGÉRER v. tr. est emprunté (1328, par le participe présent réfrigérant) au latin refrigerare « refroidir, rafraîchir », au figuré « enlever le zèle, l'ardeur de (qqn) », de re- (→ re-) marquant l'intensité, et de frigerare « rafraîchir », lui-même de frigus, -oris « froid, froidure » et au figuré « refroidissement » (→ froid). Le synonyme de refrigere, refrigescere (avec un suffixe inchoatif) a produit le galicien arrefecer et, avec un autre suffixe, le portugais arrefentar. Avant le XIVe s., le français avait tiré le substantif refrigerie (v. 1120), refrigere (v. 1190) « consolation, réconfort », emprunté au latin refrigerium « rafraîchissement », employé depuis Tertullien et spécialement dans la Vulgate au sens moral de « consolation ». Ce mot avait développé en moyen français le sens physique de « refroidissement » avant d'être abandonné au XVIIe siècle.
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Réfrigérer signifie « abaisser la température d'un corps par une technique appropriée ». Sous l'influence de réfrigérant (ci-dessous), il s'emploie en médecine (1560), puis en physique pour « déterminer le refroidissement » (1870).
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L'emploi figuré moderne de « freiner, arrêter dans son ardeur » (1883) n'est pas assimilable à l'ancien sens moral, « éteindre les ardeurs de la concupiscence » (fin XVIe s.).
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RÉFRIGÉRANT, ANTE adj. et n. m. est emprunté (1328) au participe présent latin
refrigerans et employé depuis la Renaissance comme adjectif (1560), puis aussi comme nom (1694). Puis il qualifie en physique ce qui détermine le refroidissement (1799) et enfin prend au
XXe s. la valeur psychologique de « qui refroidit le désir » (av. 1922, Proust), et de « froid, désagréable »
(un accueil réfrigérant ; il est réfrigérant). Cf. glacial.
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RÉFRIGÉRATION n. f. est emprunté (1478) au latin refrigeratio, -onis « rafraîchissement, fraîcheur », au figuré « soulagement », du supin (refrigeratum) de refrigerare.
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Le mot a été introduit par les médecins pour désigner l'action de refroidir un corps et son résultat, avant d'être étendu à tout abaissement de température (1530) et de se spécialiser plus tard dans l'industrie alimentaire (1838), sens diffusé et répandu au XXe siècle.
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Le sens figuré de « consolation, soulagement » (v. 1520) a disparu après le XVIe siècle.
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RÉFRIGÉRATEUR n. m. semble directement tiré (1552) du verbe français, plutôt qu'emprunté avec substantivation au latin refrigeratorius (voir aussi frigidaire, frigo à frigorifique). Ce dernier avait donné au XVIe s. RÉFRIGÉRATOIRE n. m. pour un récipient destiné à refroidir les corps par immersion dans l'eau froide et, au figuré, pour le soulagement. Réfrigérateur a d'abord eu le sens général de « ce qui rafraîchit ». Au XIXe s., il désigne un appareil servant à réfrigérer, d'abord en tant que terme de sciences, un élément qui réfrigère la vapeur condensée (1857). Cet emploi du mot s'est répandu au XXe s. pour désigner l'appareil ménager, en forme d'armoire à aliments, qui a remplacé la glacière (1933), en concurrence avec l'abréviation frigo n. m. et le nom de marque Frigidaire. Il est rare dans l'usage spontané où il a donné, au figuré, mettre au réfrigérateur « délaisser pendant un certain temps » (1962), malgré les efforts de la firme General Motors pour limiter l'emploi de frigidaire aux produits de cette firme. La désignation la plus usuelle, au moins dans l'usage spontané, semble être frigo, réfrigérateur n'ayant pas donné lieu à abréviation et demeurant un peu didactique. Le mot sert aussi d'adjectif pour « propre à réfrigérer » (mil. XXe s.).
RÉFRINGENT, ENTE adj. est emprunté (1720) au latin refringens, -entis, participe présent de refringere « briser, enfoncer, déchirer » (→ refrain), spécialement « réfracter (un rayon de soleil) », et au figuré « abattre », de re- (→ re-), préfixe à valeur intensive, et de frangere « briser, rompre » (→ fraction).
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Le mot est employé en physique à propos de ce qui produit la réfraction, fait dévier les rayons lumineux. Depuis le milieu du XIXe s., il tend à éliminer réfracteur.
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Il a pour dérivé RÉFRINGENCE n. f. (1799) « propriété de réfracter les rayons », et les composés BIRÉFRINGENT, ENTE adj. (1830, écrit bi-réfringent), BIRÉFRINGENCE n. f. (1878), le préfixe bi- exprimant la division du rayon lumineux en deux rayons réfractés.
❏ voir
RÉFRACTAIRE, RÉFRACTION, REFRAIN, RÉFRANGIBLE.