RÉHABILITER → HABILITER
REHAUSSER → HAUSSER
RÉHOBOAM n. m. est emprunté (début XXe s.) à l'anglais Rehoboam, nom d'un patriarche biblique (Premier Livre des Rois, 12-14) appelé en français Roboam, appliqué (1895) à une énorme bouteille de champagne d'une contenance de six bouteilles normales (4,5 l). Le mot, rare, s'inscrit dans une série dont le terme le plus connu est jéroboam*.
RÉHYDRATER → HYDR-, HYDRO- (HYDRATER)
REICHSTAG n. m. est emprunté (1874) à l'allemand Reichstag, proprement « Diète d'Empire », composé de Reich « royaume, empire », lequel est dérivé de la racine de l'adjectif qui a donné riche*, et de Tag « session, assemblée », par métonymie de « jour », spécialement « jour assigné pour l'assemblée ». L'idée est rendue en français par diète. Tag appartient à la dénomination du jour dans les langues germaniques (anglais day, néerlandais dag). Si l'on pose pour sens de base « moment où le soleil chauffe la terre », cette dénomination pourrait être rapprochée d'une racine indoeuropéenne °dhegh- « brûler », bien établie en sanskrit, latin, grec, balto-slave et celtique. La Diète d'Empire est la continuation de la tradition franque des assemblées populaires d'hommes libres pour élire le roi, discuter et promulguer les nouvelles lois. Disparu avec l'Empire en 1806, le Reichstag a été réintroduit en 1849 par le parlement de Francfort dans sa constitution mort-née, puis en 1871 par Bismarck dans la constitution de la Confédération de l'Allemagne du Nord, et en 1919 dans celle de Weimar.
❏  Le mot désigne l'assemblée législative allemande et, par métonymie, le palais où siégeait cette assemblée à Berlin, incendié dans la nuit du 27 au 28 février 1933. Cet événement historique (l'incendie du Reichstag) symbolisa la fin du parlementarisme et valut à Hitler, qui l'avait peut-être suscitée et qui avait su l'exploiter politiquement et policièrement, l'accession aux pleins pouvoirs d'exception.
L'allemand Reich a été emprunté indépendamment pour fournir REICH n. m. dans le Troisième Reich (1936).
❏ voir RIXDALE.
RÉIFIER v. tr. est dérivé en philosophie (1930, Benda) du latin res, rei « chose » (→ rien) avec le suffixe -ifier, du latin -ficare, pour facere (→ faire).
❏  Le verbe, attesté après réification, est synonyme de « chosifier ».
❏  RÉIFICATION n. f., attesté en 1912 chez J. Benda, est synonyme de « chosification ». Il s'emploie spécialement en économie politique pour traduire l'allemand Verdinglichung, terme employé par Marx pour désigner de manière critique le processus par lequel une réalité sociale ou un sujet individuel sont niés en tant que tels et réduits à l'état de chose, notamment la transformation de l'activité humaine en marchandise. Le concept a été défini également dans sa dimension psychologique et psychiatrique, recouvrant la transformation pathologique d'opérations mentales en réalités objectives. L'analyse du discours emploie le mot pour désigner le fait d'inscrire un sujet humain dans la position d'objet à l'intérieur du discours d'autrui.
RÉIMPERMÉABILISER → PERMÉABLE
RÉIMPRESSION → IMPRESSION
RÉIMPRIMER → IMPRIMER
L REIN n. m. est issu (v. 1120) du latin ren, renis (presque toujours au pluriel renes) « région lombaire », « organe sécrétant l'urine », puis, dans les textes chrétiens, « siège de la vie affective » et « dos », mot d'origine inconnue.
❏  Le mot est d'abord employé au pluriel, désignant la région lombaire, sens conservé, malgré l'évolution ultérieure, notamment dans les locutions du XIXe s. tour de reins (1870), coup de reins (1891, Huysmans) et, en argot ancien, avoir (qqn, un poursuivant) aux reins « être traqué » (1926). Selon le symbolisme qui fait des reins le siège des passions et impulsions inconscientes par rapport au cœur, siège de l'activité consciente, cœur et reins se trouvent associés, d'après le discours biblique (sonder les reins et les cœurs), dans les locutions figurées comme avoir les reins forts (1660) devenu avoir les reins solides (1904), avoir les reins souples (1875), casser les reins à qqn (XXe s.). Par analogie de situation, le mot désigne en construction les extrados d'une voûte (1491).
■  Le singulier rein, attesté une fois au XIVe s. dans un texte médical (1328), puis repris en 1538, est probablement un nouvel emprunt au latin médical pour chacun des deux organes sécréteurs, qui élaborent l'urine et sont situés dans les fosses lombaires. Il entre dans de nombreux syntagmes, dont rein flottant (1949) et rein artificiel (1964).
❏  De rein est dérivé l'adjectif REINTÉ, ÉE (1680), qualifiant en vénerie un chien dont les reins sont élevés en arc et larges, et, par extension, appliqué à un humain ayant une forte région lombaire (1762).
Le dérivé verbal ÉREINTER v. tr. (1690) est la réfection, par introduction d'un t épenthétique, de l'ancien français esrener, erener (v. 1130). Le verbe a perdu son sens propre, « blesser, déformer les reins de (qqn, un animal) en le battant », pour le sens figuré « excéder de fatigue » (1698). Un sens figuré secondaire, « décrier, attaquer par la parole » (fin XVIIe s.), a mené au sens de « critiquer violemment, de manière à détruire la réputation » (1837).
■  Également employé à la forme pronominale s'éreinter avec le même développement, le verbe a produit trois dérivés. ◆  ÉREINTEMENT n. m. (1842) s'emploie, d'abord dans l'argot journalistique, pour « critique malveillante et sévère », et aussi pour « grande fatigue » (1864). ◆  ÉREINTAGE n. m. (1846), « action de critiquer avec violence », et ÉREINTEUR, EUSE n. (1859), aussi dans la spécialisation journalistique, procèdent de la même valeur du verbe.
■  ÉREINTANT, ANTE adj. (1870) s'applique à ce qui fatigue à l'extrême.
RÉNAL, ALE, AUX adj. est emprunté par les médecins (1314) au bas latin médical renalis « des reins, néphrétique », dérivé du latin classique ren, renis. Il a supplanté reineux (1571-1611).
■  Ce mot fournit l'adjectif correspondant à rein en anatomie et en médecine, notamment dans les syntagmes veines rénales (v. 1560, Paré), plexus rénal (1870), artères rénales (1875), loge rénale (1964).
■  L'adjectif a pour préfixé SURRÉNAL, ALE, AUX adj., avec le préfixe localisant sur-* (1762), pour qualifier ce qui est placé au-dessus du rein, spécialement dans glandes (1765), capsules surrénales (1803). Il est substantivé au féminin pluriel, les surrénales, pour les deux glandes endocrines situées sur le sommet des reins (1890, encyclopédie de Berthelot), le singulier désignant une de ces glandes. Par extension, l'adjectif sert à qualifier ce qui est relatif aux surrénales et à leurs sécrétions.
■  Surrénal a servi à former une demi-douzaine de termes de médecine et de chirurgie, comme SURRÉNALITE n. f. (1903), SURRÉNALECTOMIE n. f. (1914), SURRÉNALIEN, IENNE adj. (1908), SURRÉNALOME n. m. (1953), CORTICO-SURRÉNALE n. f. (1938), MÉDULLO-SURRÉNALE n. f. (1938), tous liés par le sens à glandes surrénales.
RÉNINE n. f., terme de biochimie, est le nom d'une substance protéique sécrétée par le rein et qui peut être responsable d'une hypertension artérielle.
❏ voir ADRÉNALINE.
RÉINCARNER → INCARNER
RÉINCORPORER → CORPS (INCORPORER)
L REINE n. f., réfection (XIVe s.) de reïne (1080), parfois roïne en ancien français sous l'influence de roi*, est issu par évolution phonétique du latin regina « femme d'un roi, souveraine » (au propre et au figuré), « princesse, grande dame », de rex, regis (→ roi).
❏  Le mot signifie « femme d'un souverain », puis « souveraine exerçant effectivement le pouvoir (sans que son mari soit roi) » (XIIIe s.). L'emploi ancien du mot seul pour désigner, par métaphore, la Vierge Marie (v. 1155), a cédé la place aux locutions reine du ciel, reine des anges (v. 1530, Marot).
■  Depuis le début du XIIIe s., reine s'applique, en rapport avec un nom abstrait féminin, à ce qui domine, s'impose. Dans la locution reine de la fève (1377), puis en emploi absolu, le mot désigne celle qui trouve la fève dans la galette des Rois ou que le roi (dans ce contexte) a élu.
■  L'emploi figuré à propos d'une femme qui l'emporte en beauté, en esprit, en valeur sur toutes les autres apparaît au XVIe s. (1531) ; il est repris et spécialisé au début du XXe s. dans l'expression reine de beauté, dans un concours de beauté. Cet emploi a vieilli, puis disparu, concurrencé par l'anglicisme miss, nettement moins valorisant.
■  À l'époque classique, le mot se rencontre dans le titre de reine mère donné à la mère du roi (1680) et s'étend, au figuré, à celle qui domine, dirige, conduit (1689, Mme de Sévigné). Par ailleurs, il s'emploie dans des locutions comparatives flatteuses comme avoir un port de reine (1690) d'où, plus tard (être, faire qqch.) comme une reine (1843), parallèle à comme un roi.
■  Dans le vocabulaire des cartes, il désigne la figure représentant une dame couronnée (v. 1514 reyne), concurrencé par dame, car le discours révolutionnaire a (vainement) tenté d'éliminer cet emploi évocateur de l'Ancien Régime.
En français de Suisse (1887), le mot (aussi reine à cornes) désigne, dans un troupeau de vaches d'Hérens, celle qui mène le troupeau, notamment dans la transhumance, après s'être imposée au combat. Le combat de reines est aujourd'hui organisé par les syndicats d'élevage à des fins touristiques et commerciales, entre des reines de différents alpages. On appelle parfois reine à lait une vache ayant produit le plus de lait pendant l'estivage.
■  Au XVIIIe s., reine désigne en zoologie l'unique femelle féconde chez les insectes sociaux (1751). ◆  Il entre dans la locution reine des bois, désignant le petit muguet (1791) [Cf. ci-dessous reine-des-prés].
■  La locution à la reine (1680) caractérise des objets à la mode en principe lancés par une reine : fauteuils, chaises à la reine (1730) puis bouchée à la reine « petit vol-au-vent » (1870). ◆  L'expression petite reine (1911 ; aussi reine-bicyclette, 1907) a fourni une appellation aujourd'hui désuète, mais encore citée, de la bicyclette. ◆  En argot, au XIXe s., une reine s'est dit d'un homosexuel (1847).
❏  La dérivation, peu importante, consiste en quelques composés qui, si l'on excepte VICE-REINE n. f. (1718), concerne des noms de plantes : REINE-DES-PRÉS n. f. (1655), plante à fleurs des prairies (la spirée ulmaire), REINE-MARGUERITE n. f. (1715), plante composée à fleurs blanches, roses ou mauves (le collistèphe).
REINE-CLAUDE n. f., nom d'une prune verte à chair fondante et sucrée, est l'abréviation (1690) de la locution prune de la reine Claude (1628) formée avec le nom de la femme de François Ier. Littré et l'Académie recommandent l'orthographe reines-claudes au pluriel mais ce pluriel est incertain : Flaubert écrit des reines-Claude, Colette des reine-claudes (ce qui correspond à la tendance simplificatrice souhaitable), et Zola fait le mot invariable.
REINETTE n. f. est tiré par ellipse (1680) de l'expression pomme de renette (1536), pomme renette (1549), pomme de reinette (v. 1560), où reinette est le diminutif de reine employé pour désigner des fruits ou des plantes estimés (Cf. roynette « spirée ulmaire »). Il est évident que reinette ne peut pas se rattacher au latin rana (→ rainette) comme on l'a cru ; l'orthographe rainette vient d'une confusion plutôt que d'une comparaison entre la peau de la grenouille et celle du fruit.
REINAGE n. m., mot encore vivant en Lozère, dans le Velay pour désigner une fête annuelle de village, a été beaucoup plus diffusé du XVIe au XVIIIe s. Au XVIe s., reinage désigne le fait de donner le titre de « reine » (ou de « roi ») à une personne dans une confrérie. Au XVIIe s., cet acte est associé à une célébration, à une fête patronale, dans le Limousin, en Auvergne, dans le Dauphiné, en Guyenne, dans le nord du Languedoc. Selon les régions, le mot est dérivé de reine ou de l'occitan reina, tous deux issus du latin regina, de la famille de regnare (→ régner).
RÉINFECTER, RÉINSCRIRE, RÉINSÉRER, RÉINSTALLER → les verbes simples
RÉINTÉGRER v. tr. est emprunté (1352) au latin médiéval reintegrare, variante du latin classique redintegrare « recommencer, rétablir, restaurer », de red-, variante de re- (→ re-), à valeur itérative, et de integrare « réparer, renouveler », de integer « intact » (→ intègre).
❏  Le mot a d'abord signifié « rétablir dans son état premier, dans son entier » (sens disparu après 1660) avant de se spécialiser en droit au sens de « rétablir (qqn) dans la possession intégrale de qqch. » (1532), spécialement en parlant d'un fonctionnaire auquel on restitue son emploi (enregistré par Furetière, 1690) ; une autre acception citée par ce dictionnaire est « remettre (qqn) dans un lieu qu'il avait quitté », au propre, et aussi au figuré (v. 1950). Le verbe est plus courant avec un nom de lieu pour objet au sens de « reprendre possession de (un lieu) après l'avoir quitté » (1875), spécialement en droit dans réintégrer le domicile conjugal (1875) ; d'où un emploi figuré (1920) et un emploi absolu de réintégrer pour « rentrer chez soi » (av. 1924).
❏  Le nom d'action RÉINTÉGRATION n. f. (fin XIVe s.) a d'abord désigné la remise en état, la restauration, sens sorti d'usage au XVe s., avant de suivre un développement analogue à celui du verbe, désignant le fait de réintégrer qqn dans ses possessions, son domicile (1367), ses fonctions (XVIe s.). Au XXe s., le mot a pris en droit le sens de « récupération de sa nationalité antérieure par un ex-Français ». ◆  En biologie, il désigne l'ensemble des mécanismes qui feront de l'individu une unité fonctionnelle harmonieuse, adaptée à son milieu (1964).
■  RÉINTÉGRANDE n. f. est dérivé de réintégrer comme terme de droit, d'abord pour le fait de rester entier, en parlant d'un fief (1411), puis pour l'action possessoire par laquelle le détenteur d'un immeuble dépossédé par violence réclame sa remise en possession (XVIe s.).
■  L'adjectif RÉINTÉGRABLE (1845), « qui peut être réintégré », est surtout administratif.
RÉINTERPRÉTER, RÉINTRODUIRE, RÉINVESTIR, RÉINVITER → les verbes simples
RÉINVENTER → INVENTEUR (INVENTER)
RÉITÉRER, RÉITÉRÉ → ITÉRER
REÎTRE n. m., d'abord reistre (1560) puis reïtre (fin XVIe s.), est emprunté à l'allemand Reiter « cavalier », de reiten « monter à cheval », correspondant à l'anglais to ride (→ rade, redingote).
❏  Le mot, introduit par les mercenaires de langue germanique, désigne les cavaliers allemands mercenaires qui se mettaient au service de la France aux XVe et XVIe siècles. ◆  Par métonymie, et par l'intermédiaire de la locution manteau fait à la reître (1560), il s'est dit d'une capote semblable à celle que portaient ces mercenaires (1562, Ronsard), valeur disparue.
■  Par extension, il s'emploie dans un style littéraire pour désigner et qualifier un homme expérimenté au métier de la guerre (1680), un homme rusé (1690), d'abord dans l'expression vieux reître, puis absolument et péjorativement (1870) pour un guerrier brutal, un soudard. Ce dernier emploi est le seul vivant aujourd'hui, dans un usage littéraire.
REJAILLIR → JAILLIR