REMONTRER v., d'abord remostrer (v. 1175), remoutrer (XIIIe s.), remoustrer (fin XIVe s.), est le dérivé de montrer* par adjonction du pré fixe re-*.
❏  Le sens de « faire voir, connaître, exhiber », qui place le verbe dans le domaine de la parole, a décliné au profit du simple montrer. Cependant, par l'intermédiaire d'emplois insistant sur le fait d'exposer à qqn avec autorité ce qu'on lui reproche (v. 1360), remontrer s'est détaché de montrer et a pris ses deux valeurs modernes : il s'est employé pour « faire des remontrances au roi » (1465 ; v. 1610, absolument) et, le plus souvent dans la construction indirecte, en remontrer à (v. 1803) ; dès 1656 remontrer à s'employait pour « donner des leçons à qqn ».
■  Le lien avec le verbe simple est réactivé par la valeur itérative de « montrer de nouveau » (1555), plus fréquente au pronominal se remontrer (1571).
❏  REMONTRANCE n. f. (XIVe s.), dérivé du verbe, oriente le sens de « discours, exposé » vers celui d'« admonestation, avertissement » (1450) ; le mot a perdu la valeur du moyen français, « preuve, témoignage » (v. 1360, remontrances d'amour). ◆  Après une première attestation à propos d'une doléance adressée par un particulier au roi (1468), le pluriel remontrances (1568) prend la valeur politique d'« observations adressées au roi par le Parlement ». Les acceptions juridiques de « représentation en justice » (1619), « écritures fournies par les deux parties » (1752) ont disparu.
■  REMONTRANT, ANTE adj. et n., employé encore quelquefois à propos de la personne qui fait des remontrances (1560), a servi à dénommer les Arminiens, à cause des remontrances qu'ils firent en 1610 contre leur condamnation par le synode de Dordrecht (fin XVIIe s.), l'antonyme CONTRE-REMONTRANT dénommant en retour le calviniste s'opposant aux Arminiens (fin XVIIe s., Bossuet).
RÉMORA n. m., d'abord sous la forme francisée rémore (av. 1553) puis restitué en rémora (1562), est emprunté au latin remora « retard, obstacle », spécialisé à basse époque pour désigner un poisson ayant, selon les croyances du temps, le pouvoir d'arrêter les bateaux auxquels il s'attache. Le mot est formé de re- (→ re-), préfixe à valeur intensive, et de mora « retard, délai, obstacle » (→ demeurer, moratoire).
❏  Le mot désigne un poisson téléostéen pouvant s'attacher par un disque adhésif à de plus gros poissons dont il partage la nourriture. Il était censé pouvoir arrêter les bateaux, mais aussi les conduire.
■  Son emploi métaphorique et figuré à propos d'une personne ou d'une chose qui fait obstacle, qui retarde qqch. (1610), usuel à l'époque classique sous les deux formes rémora et rémore, est sorti d'usage dans la seconde moitié du XIXe s. (on le trouve encore chez Balzac et Amiel). Une autre valeur métaphorique concerne la conduite, le fait de guider.
1 REMORDRE → MORDRE
+ 2 REMORDRE v. tr. est emprunté (v. 1170) au latin remordere, de re- (→ re-) à valeur itérative, et mordere (→ mordre), proprement « mordre en retour, de nouveau », et, de l'époque classique jusqu'au latin chrétien, moralement « ronger par le regret d'avoir mal agi ».
❏  Le verbe est repris avec son sens moral, qui s'est éteint au XVIIIe s., malgré la vitalité du dérivé remords.
■  Senti comme le composé à valeur itérative de mordre*, remordre a reçu le sens propre de « mordre à nouveau » (1538), avec le sens figuré correspondant (v. 1530) ; dès cette époque on emploie aussi remordre à, le plus souvent en parlant d'un poisson (v. 1538). Au XVIIe s. apparaît un emploi métaphorique de remordre à (sur mordre à) [1690, remordre à l'hameçon], qui a donné le sens figuré de « montrer de nouveau des dispositions pour une chose » (remordre aux maths).
❏  REMORDS n. m. est l'ancien participe passé substantivé de remordre. Il s'est écrit remors dans remors de conscience (XIIIe s., Rutebeuf), puis absolument (XVe s.). Le d de la graphie actuelle (1596) vient de l'infinitif remordre. ◆  Le lien qui unit le substantif au verbe n'en a pas moins été altéré, puis a disparu dans la conscience du locuteur depuis la disparition du sens moral de remordre, remords entrant dans le vocabulaire psychologique sur le même plan que regret ou repentir. Malgré sa fréquence d'emploi et une phraséologie active (remords de conscience, être bourrelé de remords, etc.), le mot reste isolé et n'a pas de dérivé. La langue distingue, comme pour la plupart des mots de ce type, le remords et un, des remords.
REMORQUER v. tr. est emprunté (1478) à l'italien rimorchiare « tirer à sa suite au moyen d'un système d'attelage » (1431), verbe issu d'un latin populaire °remulculare, élargissement du latin remulcare « traîner » (70 av. J.-C. et dans une glose du VIIIe s.), lui-même dérivé du latin classique remulcum « corde pour hâler, câble pour tirer après soi ». Ce mot latin est emprunté, avec déformation du préfixe sous l'influence du préfixe re-, au grec °rhumoulkos (supposé par l'existence du verbe rhumoulkein), formé de rhuma « câble qu'on tire, pour traîner » et de holkos « action de tirer ». Le premier élément est dérivé de eruein « tirer », d'étymologie obscure ; le second, qui vient de helkein « tirer, traîner », répond au latin sulcus « sillon ». Le moyen français a eu antérieurement remocquer (1449-1495, puis 1611) en Provence et le type remolquer (1541), employé par Rabelais et emprunté à l'espagnol remolcar, issu du même verbe latin.
❏  Le verbe signifie « tirer après soi au moyen d'un système d'attelage », spécialement et dès les premiers emplois en parlant d'un navire, entrant dans des expressions techniques, comme remorquer en couple (1904, Larousse), en flèche, etc.
■  Il a pris le sens figuré d'« emmener d'autorité à sa suite » (1751), connoté comme familier, à la différence du sens figuré abstrait, « transporter chez soi » que l'on rencontre chez Chateaubriand.
■  Au XXe s., sous l'influence de remorque, il se dit des véhicules terrestres automobiles, sens très usuel aujourd'hui (se faire remorquer, etc.).
❏  REMORQUE n. f., déverbal de remorquer (1693), désigne d'abord la traction exercée par un véhicule sur un autre, surtout dans des locutions verbales (prendre en remorque). Par métonymie, le mot s'applique concrètement au câble utilisé par les marins (1773), également nommé câble de remorque (1835), et s'emploie dans les locutions courantes et techniques prendre à la remorque (1835), devenu prendre en remorque, donner la remorque (1870), filer, larguer les remorques (1904).
■  Au XIXe s., la locution à la remorque (1827) s'emploie au figuré pour « à la suite, à la traîne ».
■  Par une autre extension métonymique, remorque désigne un véhicule sans moteur tiré par un autre véhicule (1900), par exemple dans prendre en remorque, spécialement un véhicule sur rails tiré par un autorail.
■  Le composé SEMI-REMORQUE n. f. (v. 1950 ; l'abréviation une semi est attestée en 1956) vient du dernier sens attesté de remorque. Le mot est devenu très courant à propos des camions, éliminant demi-remorque n. f.
■  Les deux autres dérivés ont une valeur plus générale : REMORQUEUR, EUSE adj. apparaît dans bateau à vapeur remorqueur (1817) ; le mot s'est répandu comme nom masculin, de nos jours limité à un type de navire à machines puissantes utilisé pour remorquer de plus gros navires, soit en difficulté, soit dans un port. ◆  Il s'est dit, aussi, vers 1830-1850 des locomotives, valeur sortie d'usage. ◆  Par métonymie, il désigne un marin employé sur un remorqueur (1823). ◆  REMORQUEUSE n. f. se dit en français du Québec là où on emploie dépanneuse en français d'Europe (dépanneur ayant un autre sens au Canada).
■  REMORQUAGE n. m. (1834), nom d'action de remorquer, s'emploie au sens propre, en marine, et à propos de véhicules terrestres, comme une modalité de dépannage.
? RÉMOULADE n. f., d'abord ramolade (1693) et rémolade (1740) avant rémoulade (1835), est d'origine discutée. Selon Wartburg, il viendrait du rouchi (patois de Valenciennes) rémola ou du picard ramolas « gros radis noir ». Ce dernier (attesté dès le XVIe s.) serait issu, par l'italien ramolaccio, du latin armoracea, nom d'une rave sauvage pour lequel Dioscoride a la forme grecque armorakia mais que Pline donne comme italique. Ce mot serait croisé avec l'ancien substantif rémolade (1640) ou rémoulade (1798) désignant un emplâtre pour guérir les foulures des chevaux composé de miel, de son, etc. Ce dernier est emprunté à l'italien dialectal remolada de même sens, issu d'un latin populaire °remola, supposé par le latin des gloses remolum, lui-même tiré du verbe remolere « moudre de nouveau », de re- (→ re-) à valeur itérative et molere (→ moudre). Le suffixe -ade est fréquent dans les termes de cuisine (Cf. par exemple salade). Cependant, P. Guiraud, remarquant, premièrement que la rémoulade est une sorte de mayonnaise montée avec des herbes qui sont plutôt du persil, de l'estragon pilés que du raifort, et deuxièmement que la terminaison -ade a des résonances méridionales, écarte l'hypothèse d'une origine picarde. Selon lui, le mot dérive de remouler, de re- à valeur intensive, et mouler, variante de meuler (dénominatif de meule*) « écraser à la meule », en l'occurrence « écraser dans un mortier » (l'ancien provençal molador désigne un mortier). La rémoulade serait alors une sauce aux herbes pilées, et le latin armoracea ne serait pas en cause ; dans cette hypothèse, le mot serait apparenté à rémouleur.
❏  Le mot, utilisé en cuisine, est surtout courant en apposition dans les syntagmes céleri rémoulade et sauce rémoulade.
1 REMOULAGE → MOUDRE
2 REMOULAGE → MOULE
RÉMOULEUR n. m. est issu (1334) de l'ancien verbe remoudre « moudre de nouveau » (attesté seulement en 1481 ; → moudre), de re- à valeur itérative et de émoudre (v. 1155, esmoldre), mot technique pour « aiguiser sur une meule ». Émoudre est issu d'un latin populaire °exmolere, du latin impérial emolere « moudre entièrement » (→ émoulu).
❏  Le mot désigne l'ouvrier ambulant qui aiguise sur une meule à pédale les couteaux et autres instruments tranchants. Il tend à vieillir avec ce métier traditionnel, qui disparaît peu à peu.
❏ voir RÉMOULADE (hypothèse de Guiraud), REMOUS.
? REMOUS n. m., d'abord remoux (1687) puis remous (1798), est selon de nombreux linguistes le déverbal du moyen français remoudre « moudre de nouveau » qui survit dans le nom d'ouvrier rémouleur* et, selon une hypothèse, dans le terme culinaire rémoulade*. Le sens moderne serait dû à une comparaison entre la rotation de la meule et le tourbillonnement de l'eau. Selon d'autres étymologistes, le mot est emprunté à l'ancien provençal remou, réfection de revou, apparenté au latin revolvere « retourner », de re- marquant le mouvement en arrière (→ re), et volvere « rouler » (→ révolu, révolution, volte). La modification de revou en remou se serait faite en provençal d'après le verbe remoulina « tourner comme un moulin, tournoyer » qui remonte aussi au latin molere. Les tenants de cette hypothèse évoquent l'ancien remole n. m. « tourbillon », enregistré par Furetière (1690) et encore employé par Chateaubriand (1827).
❏  Le mot désigne proprement un tournoiement d'eau qui se forme à l'arrière d'un bateau en marche (1687) d'où, plus couramment, le refoulement de l'eau qui se brise contre un obstacle (1765), ou un contre-courant le long des rives d'un cours d'eau (1749). ◆  Depuis la seconde moitié du XIXe s., le mot prend des valeurs figurées, se disant d'un mouvement en sens divers entraînant des personnes ou des choses (1885, Maupassant), de mouvements divisant et agitant diversement l'opinion (1884, A. Daudet), aussi dans remous d'opinion.
REMPAILLER → PAILLE
REMPART n. m. est le déverbal (1370), adapté graphiquement d'après boulevard* (écrit -art) de remparer v. tr. (v. 1360) « entourer de fortifications » d'où « fortifier », au propre et au figuré (XIVe s.), également à la forme pronominale se remparer (v. 1360). Ce dernier, vivant jusqu'à l'époque classique et encore employé par archaïsme (Chateaubriand, Claudel), est dérivé avec le préfixe re-* de emparer* au sens ancien de « fortifier » (1323). Le déclin de remparer d'une part, l'abandon d'emparer (et de son antonyme désemparer*) comme terme de fortification d'autre part ont causé la démotivation de rempart.
❏  Le mot désigne la levée de terre tirée du fossé et consolidée par une muraille qui entoure et protège une ville. L'usage du pluriel les remparts, attesté chez Racine et repris à partir de 1845, est usuel s'agissant des murailles d'une ville médiévale.
■  Par extension, le mot s'applique à ce qui sert de défense, avec des effets de sens métaphoriques (1636, Corneille, mon nom sert de rempart) et des emplois figurés, par exemple dans la locution faire à qqn un rempart de son corps (1835).
■  Par métonymie, il se rapporte à l'espace compris entre les murailles et les plus proches maisons d'une ville anciennement fortifiée (1680) ; Cf. fortifications.
REMPILER → 1 PILE (EMPILER)
REMPLACER → PLACE
REMPLAGE n. m. est, comme remplissage, un dérivé ancien (1409) de remplir (→ emplir) au sens de « combler (un trou, une fondrière) ». Le mot, peu de temps après (1468), s'est spécialisé en maçonnerie et en architecture, pour le remplissage de l'espace entre les parements d'un mur par un mélange de moellons (puis de briques) et de mortier. ◆  Le sens dominant aujourd'hui (attesté en 1912) concerne l'architecture de style gothique, et désigne le réseau décoratif de pierre « emplissant » une fenêtre, une rose ou un élément de ce réseau.
REMPLIR → EMPLIR
REMPLUMER → PLUME
REMPORTER → EMPORTER
REMPOTER → POT
REMUER v. est dérivé (1080) de muer* avec le préfixe re-*.
❏  Lié à muer, l'emploi du verbe pour « opérer un changement » (1080), usuel jusqu'au XVIe s. avec les spécialisations « changer (de vêtement) » (1174-1176, remuer son habit), « permuter » (1130-1140) et « remplacer, renouveler (des personnes, des objets) », a décliné puis disparu au profit de changer, échanger. ◆  Le sens figuré correspondant, de nature psychologique, « changer de conduite, de sentiment » (1174-1176), en emploi transitif et intransitif, a lui aussi disparu au profit de changer.
■  Remuer s'est imposé avec le sens de « mettre en mouvement » : d'abord avec le nom d'une partie du corps pour objet, dans ne remuer ne les mains ne les piez (v. 1135), reprise dans la forme moderne et familière ne remuer ni pied ni patte (av. 1660). Avec un complément désignant un être animé, personne ou animal, remuer correspond à « faire se déplacer » (1160-1174), surtout à la forme pronominale (v. 1131), valeurs disparues avec leurs connotations anciennes. En revanche, l'emploi intransitif, en parlant des êtres vivants (v. 1175), est demeuré usuel, avec une extension pour « entrer en action » (v. 1200), tandis que se remuer « s'activer, faire des efforts pour atteindre un but » (1668) est devenu de nos jours familier.
■  Avec une notion supplémentaire d'agitation, d'effervescence, l'emploi intransitif (v. 1170) et transitif, pour « ébranler, troubler, émouvoir » (v. 1270), conserve au verbe sa valeur psychologique. Une valeur voisine, « susciter le trouble, la sédition chez qqn » (1607) et « soulever, appeler à la révolte » (1681, remuer l'Orient), est devenue archaïque, par rapport à soulever, la forme pronominale (1691), propre à la langue classique, étant sortie d'usage.
■  Avec un nom de chose pour complément, remuer vaut pour « déplacer, bouger » (1160), « agiter en tous sens, tourner et retourner (une substance) » (v. 1398), par exemple dans remuer la terre (déb. XVe s.). Un sens voisin, « changer de position, de place » d'où « déménager » (v. 1213, remuer hostel), a disparu mais remuer mesnage a donné naissance à remue-ménage (ci-dessous). Le verbe a développé les valeurs figurées de « ressasser, agiter (des pensées) » (1610), « mettre en branle, en alerte » (1588, dans une variante de la locution conservée remuer ciel et terre) et « brasser (de l'argent) », notamment dans remuer les écus (1640), l'argent à la pelle (fin XVIIe s.) ou remuer beaucoup d'argent (1798). ◆  Se remuer, pronominal, s'emploie pour « s'agiter » et a pour quasi synonyme familier se remuer le cul, en concurrence avec se bouger, pour « s'activer, se mettre à la tâche ».
❏  REMUEMENT n. m., substantif d'action (1155), a d'abord le sens de « modification », disparu au XVIIe s. au profit de changement et mutation. D'autres sens correspondant au verbe, « bouleversement » (v. 1165), « transport d'une dette » (v. 1283), « trouble soulevé dans un pays » (fin XVIe s.), « émotion morale » (XVIIe s.), ont disparu après l'époque classique.
■  Seul le sens physique, « action de remuer, de déplacer », « résultat de cette action » (v. 1170), a conservé une certaine vitalité, parfois avec l'idée du bruit accompagnant l'action. Mais le mot est relativement rare.
■  REMUANT, ANTE, adjectivation du participe présent du verbe au sens de « vif, rapide, actif » (1174-1177, dans le Roman de Renart, à propos de Renart), a développé dans cet axe différentes nuances, dont la valeur figurée d'« indocile, séditieux » (1636) qui est sortie d'usage. Le sens de « changeant, variable » (v. 1170) à propos d'une chose a disparu au XVIe s. ; une valeur psychologique « de nature à émouvoir » (1870) a été supplantée par émouvant. L'adjectif continue à s'employer à propos d'une personne qui bouge, s'agite, fait preuve de vitalité parfois encombrante (un enfant remuant).
■  REMUEUR, EUSE adj. et n. a dénommé l'ouvrier chargé de remuer le grain dans un grenier pour éviter qu'il ne s'échauffe (1275). ◆  REMUEUSE n. f., d'après l'ancien sens de remuer « panser, soigner », a désigné la femme chargée d'assister la nourrice d'un enfant de haute naissance et de changer ses langes (1571, remueuse de l'enfant). ◆  De nos jours, remueur se rapporte à la personne chargée d'effectuer le remuage (ci-dessous) des bouteilles de champagne (1909). ◆  Le mot, en emploi général, désigne la personne qui met en mouvement, remue quelque chose, et celle qui met en branle les personnes et les choses (fin XVIe s.), entrant dans des syntagmes déterminés qui correspondent à mainte locution verbale (1581, remueur de ménage ; 1615, remueur d'affaires [disparus] ; 1862, remueur d'idées).
■  REMUABLE adj. (v. 1265) est passé du sens de « changeant, variable » à « susceptible d'être déplacé » (1596), très rare jusqu'en 1834 ; la valeur psychologique, « susceptible d'être ému » (1796), est devenue archaïque.
■  REMUAGE n. m., équivalant à « droit de mutation » en droit médiéval (1314-1487), a été repris à propos du droit perçu pour le transport des vins (1720, billet de remuage). Remuage est le substantif d'action de remuer pour deux emplois spéciaux du verbe, concernant l'opération consistant à remuer le blé afin d'éviter la moisissure (1347, remuage des blés) et, dans la fabrication du champagne, celle qui consiste à secouer quotidiennement les bouteilles (on parle aussi de remueur, ci-dessus) pour éviter la formation d'un dépôt (déb. XXe s.).
■  Le déverbal REMUE n. f. (1410), tombé en désuétude pour « action de mettre en œuvre » et « changement » (1553-1562), a été repris au XXe s. avec des spécialisations techniques rurales : il désigne la migration saisonnière dans les régions alpines pour assurer au bétail une nourriture venant des différents étages de pâturages, par métonymie, chaque lieu de séjour temporaire du bétail sur un haut pâturage et un abri rudimentaire du haut pâturage (ces valeurs, certainement anciennes régionalement, sont enregistrées dans les dictionnaires généraux depuis 1949).
■  Quant au participe passé REMUÉ, ÉE qui avait été adjectivé dès le XIIIe s. dans la locution cousin remué de germain « issu de germain » (v. 1265), il ne s'emploie guère qu'avec la valeur psychologique du verbe, pour « profondément ému » (1731).
REMUE-MÉNAGE n. m., d'abord remuemesnage (1585), peut être considéré comme le déverbal de l'ancienne locution remuer mesnage « s'agiter, produire du désordre, intriguer » et concrètement « déménager » (1551). Le mot, éliminant remuement de mesnage « trouble » (1578), a été synonyme de « déménagement » et a désigné le changement de résidence et de poste de plusieurs personnes en même temps (1684). Il reste une trace de ce sens dans l'emploi conservé de remue-ménage à propos d'un déplacement de meubles, d'objets divers créant un état de confusion momentané. L'accent étant porté sur l'idée d'« agitation confuse » (1648). Le mot s'applique aussi, au figuré, à un état de trouble intérieur et à une situation sociale et politique confuse (1690).
■  Le composé ingénieux REMUE-MÉNINGES n. m., paronyme du précédent, a été proposé par Louis Armand (probablement en 1965 ; attesté en 1973) pour remplacer l'anglicisme brainstorming (recommandation officielle en 1983).