RÉNOVER v. tr. représente par emprunts successifs (v. 1119, renover, puis XIXe s.) le latin renovare « renouveler, rafraîchir » au propre et au figuré, de re- (→ re-), préfixe marquant l'intensité, et novare « refaire, renouveler », dérivé de novus (→ neuf). Le verbe latin a aussi produit l'italien rinnovare et le portugais, l'espagnol et le catalan renovar.
❏
Il se pourrait que la forme employée en ancien français soit issue du latin par voie orale et tradition populaire au sens ancien de « renouveler (qqn) par le sacrement du baptême ».
Rénover a signifié « reconduire » ou « renouveler », par exemple dans
renover le traité (1627-1628). Il a été évincé par
renouveler au cours du
XVIIe siècle.
■
Le verbe a été repris au XIXe s. avec le sens de « donner une nouvelle existence à (une chose abstraite, sentiment, pensée) » (1828) et s'est imposé avec le sens concret de « remettre à neuf (un bâtiment, un local) » vers le milieu du XIXe s., prolongeant un ancien sens, « réparer, remettre en état » (1348, attestation isolée).
❏
RÉNOVATION n. f., d'abord
renovacion (1310), puis
renovation (1553) et
rénovation (1718), est emprunté au dérivé latin
renovatio, -onis « renouvellement », au propre et au figuré, spécialement « cumul des intérêts ».
■
Le mot a désigné la réitération, l'action de faire à nouveau une chose déjà accomplie (1310), puis l'action de renouveler qqch., qqn, et spécialement de renouveler périodiquement des magistrats, de refaire des vœux, en parlant d'un religieux (1718). Lors du partage de sens entre rénovation et renouvellement, le premier n'a conservé que le sens de « fait de redonner toute sa force à ce qui a été affaibli, de rétablir un être déchu de son intégrité » (fin XIVe s.). Il s'est répandu dans l'usage courant pour « remise en état (d'un bâtiment, d'un local) » (v. 1490). Comme rénovateur, le mot a pris vers 1985 une valeur politique, désignant une réforme visant à renouveler et rajeunir un parti.
■
RÉNOVATEUR, TRICE adj. et n. est emprunté (1555) au bas latin renovator « celui qui répare, restaure », du supin de renovare.
◆
Le mot, d'abord employé au féminin pour « femme qui renouvelle qqch. », puis au masculin (1569) dans le contexte féodal, « celui qui renouvelle les titres d'une terre », a pris (1660) le sens général de « personne qui rénove (qqch.) ». Son emploi comme adjectif n'est constaté qu'en 1835.
◆
Le masculin rénovateur a donné son nom à divers produits à faible action décapante servant à raviver les couleurs des peintures et des vernis (1939).
■
Enfin, vers 1985, le mot s'applique en politique au membre d'un parti qui cherche à le rajeunir, à le renouveler (d'abord à propos du parti communiste français).
RENSEIGNER v. tr., d'abord écrit renseignier (v. 1145), est le dérivé en re- de enseigner*, de nos jours démotivé.
❏
L'usage ancien du verbe recouvre à la fois l'idée d'apprendre qqch. à qqn, avec laquelle il constitue l'intensif d'enseigner et, déjà, le sens plus large de « donner à (qqn) une indication sur une chose ». Cette extension est généralisée au XIXe s., en relation avec renseignement, antérieur en ce sens (voir ci-dessous), par le pronominal se renseigner (1823) et le verbe actif (1834).
◆
Entre-temps, la spécialisation administrative apparue en moyen français, « mentionner, porter en compte » (1358), et l'emploi didactique du sens itératif, « enseigner de nouveau » (1798), explicitant le lien étymologique à enseigner, ont disparu.
❏
RENSEIGNEMENT n. m. est attesté une fois en moyen français au sens d'« indication, information, libellé dans un compte » (1429).
◆
Repris au milieu du
XVIIIe s., le mot désigne une information sur une personne ou une chose (1755), souvent au pluriel comme dans
prendre des renseignements (1779) et dans ses spécialisations en art militaire (1823,
renseignements militaires), dans la police (1838) et dans l'administration (1854,
bureau de renseignements). Dans l'espionnage et le contre-espionnage français, le
service des renseignements (1899), distinct de celui des
renseignements généraux (1928), fournit des renseignements politiques auprès de la préfecture de police. L'emploi elliptique,
le renseignement, apparu pendant la guerre (1943), correspond à ce sens, tandis que
(les) renseignements (1949) renvoie simplement à un bureau où l'on renseigne le public.
■
Le participe passé adjectivé RENSEIGNÉ, ÉE « qui a des renseignements » (1846) et « qui contient beaucoup d'informations, documenté » (1861), surtout qualifié par un adverbe (bien, mal renseigné), s'emploie quelquefois substantivement (av. 1922, un renseigné).
L
RENTE n. f. est issu (v. 1112) d'un latin populaire °rendita « ce que rend l'argent placé », féminin substantivé d'un °renditus, participe passé de °rendere « donner en retour » (→ rendre) qui est lui-même l'altération du latin classique reddere (participe passé redditus). L'italien rendita, l'ancien provençal renda remontent à ce mot latin populaire.
❏
D'abord attesté au sens général de « restitution », avec lequel il sert de nom d'action à rendre* en ancien français, rente prend très tôt la valeur spéciale de « revenu donné périodiquement en retour d'un capital aliéné, d'un fonds affermé » (v. 1119). L'acception figurée qui s'en est dégagée, « chose inéluctable revenant régulièrement » (1195-1200), a disparu avec l'évolution du mot en économie. Par extension, rente se dit d'un revenu annuel, à l'exclusion de celui que procure le travail (v. 1207), aussi dans la locution vivre de ses rentes (1651), lié aux valeurs successives de rentier. Rente développe le sens figuré courant de « personne ou chose dont on tire un profit » (1668, Molière) dont vient l'emploi familier antiphrastique pour une chose désagréable que l'on subit périodiquement. Tout en servant à former des syntagmes spécialisés, rente viagère (XVIe s.), rente amortissable (1863), rente perpétuelle (1870), rente au porteur, rente nominative (mil. XXe s.), il se spécialise en économie politique sous l'influence de l'anglais rent (« loyer qu'un fermier paie à son propriétaire »), désignant le revenu de la production annuelle d'une terre (1750). Il désigne spécialement l'emprunt de l'État représenté par un titre donnant droit à un intérêt contre remise de coupons (1835). L'expression figurée rente de situation (1971) s'applique à un avantage acquis et qui n'est plus mérité, considéré par le bénéficiaire comme un droit irréversible.
❏
Le dérivé
RENTIER, IÈRE n. et adj., d'abord terme de féodalité (fin
XIIe s.), désignait celui qui devait des rentes seigneuriales. Un homonyme
rentier s'appliquait en Bretagne au livre des rentes dues à un seigneur (1463). Le mot s'est répandu au
XIVe s. pour désigner la personne bénéficiant d'une rente, vivant de revenus non professionnels (1356), d'où spécialement
rentier viager (1770), s'étendant à une personne qui a des revenus suffisants pour vivre sans travailler, à l'époque où le travail rémunéré devient la règle, même pour les classes moyennes et supérieures (bourgeoisie et noblesse) [1755].
■
L'adjectif RENTÉ, ÉE « qui vit de rentes » (fin XIIIe s.) n'est plus guère employé, de même que le verbe RENTER v. tr. (XIIIe s.) « servir une rente, un revenu fixe à (qqn) » et, par extension, « pourvoir d'argent » (1549). Être renté est encore vivant avec une valeur figurée (v. 1225, bien renté « riche »).
■
RENTABLE adj. (1290) est lui aussi sorti d'usage au XVIe siècle. En ancien français, il s'est employé en Picardie au sens de « chargé d'une redevance annuelle » (en parlant d'une terre).
◆
Il a été repris au XXe s., en relation avec revenu, rapport, et d'après rentabilité qui semble antérieur, pour qualifier une chose permettant de tirer un bénéfice net suffisant par rapport au capital investi (1932), et s'est étendu à une personne ou à une chose qui concourt à la productivité d'une entreprise. Par extension, il est devenu, dans l'usage général, synonyme de « qui rapporte » (1964).
■
Il a servi à former RENTABILITÉ n. f. (1909) et RENTABILISER v. tr. (1962, R. Dumont), termes d'économie qui n'ont pas tardé à se répandre dans l'usage au sens de « rendre rentable », au propre et au figuré. On en a tiré RENTABILISATION n. f. (1969), d'emploi économique, alors que le verbe, comme l'adjectif rentable, est entré dans l'usage général et est assez courant.
RENTRAIRE v. tr. est formé (déb. XVe s.) du préfixe re-*, et de l'ancien verbe entraire « entraîner, attirer dans » (v. 1160), spécialisé dans la même acception technique, lui-même du latin intrahere « traîner », au figuré « outrager », de in- (→ en) et trahere « tirer » (→ traire).
❏
Ce terme technique de couture signifiait « rajuster deux morceaux d'étoffe par une couture invisible », sens d'après lequel il était quelquefois employé avec une valeur figurée (av. 1778, Voltaire). Il s'est spécialisé en tissage et tapisserie, pour « refaire des portions de trame et de chaîne lorsqu'un déchirement s'est produit dans le drap lors du tissage » (1611) et pour « rétablir la trame et la chaîne d'une tapisserie » (1690).
■
Au XVIIIe s., une variante RENTRAYER v. intr., refaite (v. 1748) d'après les formes conjuguées nous rentrayons, vous rentrayez, s'est spécialisée pour « réparer après le tissage les défauts de fabrication apparents ».
❏
Rentraire a produit
RENTRAYEUR, EUSE adj. et n. (fin
XVe s.) pour désigner l'ouvrier tapissier chargé des diverses opérations exprimées par le verbe, et
RENTRAITURE n. f., formé sur le participe passé
rentrait (1530) « couture faite en rentrayant », et par métonymie « point de couture liant deux surfaces monochromes d'une tapisserie de lisse » (1964).
■
RENTRAYAGE n. m., tiré de rentrayer, sert de nom d'action (1802).
RENTRER et dérivés → ENTRER
RENVERSER v. tr. est formé (1280) de re-*, et de l'ancien verbe enverser (XIIe s.) « mettre sur le dos », « tomber sur le dos » (v. 1155), lui-même de l'ancien adjectif envers « sur le dos, en sens contraire » (→ envers) ou, selon Bloch et Wartburg, d'un latin populaire °inversare (→ envers) conservé également dans l'ancien provençal enversar et dans quelques dialectes de l'Italie.
❏
D'abord employé au sens limité, attesté isolément, de « tondre sur l'envers » qui participe de l'idée de « retourner de façon que la face interne devienne la face externe », le verbe s'emploie (1316) pour « faire tomber (une personne, une chose) ». Les emplois s'enrichissent aux
XVe et
XVIe s. : le verbe commence alors à s'employer à la forme pronominale
se renverser « se laisser tomber en arrière » (1534), et absolument « tomber à la suite d'une rupture d'équilibre » (fin
XVIe s.).
■
En construction transitive, renverser a pris les sens de « pencher en arrière » (v. 1440) et « faire aller en sens inverse » (1572). Il a développé la valeur figurée de « changer brusquement (ce que l'esprit avait admis jusque-là) » (1538) et, jusqu'au XVIIIe s., celle de « dérégler, perturber » (v. 1480) d'où « bouleverser radicalement » (1538).
■
Au XVIIe s. se renverser se dit d'une voiture qui verse sur le côté (1654), devenant une sorte d'intensif de verser, et l'actif prend le sens figuré de « mettre à bas » (1671, Molière). En politique, on parle de renverser un ministère (1793). Le sens figuré évolue vers l'idée d'« étonner grandement » (1675).
◆
Au XIXe s., la forme pronominale acquiert des emplois spécialisés en manège (1835) et en chorégraphie (1866), le sens transitif figuré de « mettre à bas » s'appliquant en politique pour « obtenir la démission d'un gouvernement » (1875), cependant que le verbe se spécialise en mathématiques (1875, renverser une fraction, un rapport), en logique et en stylistique (1932, renverser l'ordre des termes). La locution technique renverser la vapeur (1861) est passée dans l'usage courant au sens figuré (1952).
◆
La construction intransitive (1907) se spécialise en parlant de la marée qui change son courant de direction (la marée renverse).
❏
Le participe passé
RENVERSÉ, ÉE est adjectivé (1316) avec le sens limité, correspondant à celui du verbe, de « préparé en tournant l'intérieur vers l'extérieur » (en parlant d'un poisson) ; cette acception a disparu. L'adjectif a suivi l'évolution sémantique du verbe, prenant les sens de « jeté à terre » (v. 1360), « rejeté en arrière » (1559), et « dans un sens contraire à la position naturelle » (1690), spécialement dans
crème renversée (1855).
◆
Substantivé, et probablement par calque de l'allemand
Kaffee verkehrt, un renversé se dit en français de Suisse pour « café au lait » comportant autant ou plus de lait que de café.
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En même temps que le verbe, l'adjectif renversé a pris le sens figuré et familier de « bouleversé (en parlant d'un visage) ». Au XIXe s., il se spécialise dans la description botanique (1820) et en paléographie à propos d'un type d'écriture employé notamment dans les inscriptions (1842).
◆
Substantivé (av. 1784, Diderot), le renversé a signifié « l'inverse », sens disparu.
◈
Le déverbal
RENVERS n. m., d'abord
ranvers employé adjectivement (v. 1354), s'est dit d'un objet plus large en bas qu'en haut. Il a été substantivé (fin
XVe s.) pour désigner le revers de la main, puis aussi l'envers d'une médaille (fin
XVIe s.). Supplanté dans ces deux emplois par
revers et
envers, le mot est repris avec le sens actuel technique de « faîte d'une couverture d'ardoise » (1782) qu'il a conservé.
■
Le déverbal féminin RENVERSE n. f., d'abord employé en locution dans avoir la renverse « être renversé » et à la renverse (v. 1433) « en arrière, sur le dos », emploi resté usuel, s'est employé seul avec le sens de « mouvement en sens contraire » au propre et au figuré (1594), sens disparu au bénéfice de revers. Renverse a été repris pour désigner le changement de direction du vent, de la marée, du courant (1866).
◈
Le nom d'action
RENVERSEMENT n. m. apparaît en moyen français (1478) pour l'action de renverser, de se renverser, au propre et au figuré (1541, Calvin :
un tel renversement de toutes choses). Il a suivi le développement du verbe, prenant le sens figuré d'« action de jeter le trouble, le désordre » (1656), devenu archaïque, et « action de transposer, résultat de cette action », d'abord au figuré (av. 1662, Pascal) puis aussi au propre (1703, en musique) et dans diverses spécialisations (en rhétorique, 1730, Dumarsais).
◆
Il s'est spécialisé pour « changement de direction de la marée, du courant, du vent » (1859), en physique (1903), et aussi pour désigner une figure de voltige aérienne (1918).
◈
Au
XIXe s.,
renverser redevient productif avec
RENVERSANT, ANTE adj., familier pour « étonnant, choquant » (1830),
RENVERSABLE adj. (1838), spécialisé en musique,
RENVERSOIR n. m. (1838), rare, et
RENVERSURE n. f., anciennement nom d'action de
renverser (
XVIe s.), recréé au
XIXe s. (1875), d'usage technique.
■
Au XXe s. apparaît RENVERSEUR, EUSE n., peu usité pour « personne qui renverse », au propre et au figuré (1973).
RENVOI, RENVOYER → ENVOYER
RÉOCCUPER, RÉOPÉRER, RÉORGANISER, RÉORCHESTRER → les verbes simples, et ORCHESTRE
RÉO MAORI m. m. (aussi noté réo ma'ohi en transcription phonétique) est le nom générique des langues de Polynésie, employé en français local (un diplôme de réo ma'ohi).
REPAIRE n. m. est le déverbal (1080) de l'ancien verbe repairer v. intr. ou repairier (v. 1050), d'abord repadrer « revenir au point de départ » (v. 980), spécialement employé en vénerie à propos de l'animal sauvage qui se trouve au gîte, d'abord à la forme pronominale (v. 1119), et encore aujourd'hui intransitivement (XVe s.). Ce verbe est l'aboutissement du bas latin rapatriare « rentrer dans sa patrie, chez soi », de re- (→ re-) marquant le retour, et patria (→ patrie).
❏
Repaire désigne en ancien français le retour au pays, le retour en général et, par métonymie, la demeure, le logis, l'habitation (1080).
■
Sous l'influence de la spécialisation du verbe repairer en vénerie, il prend dès le XIIe s. son sens actuel de « gîte, lieu de refuge des bêtes sauvages » (v. 1119), d'où au figuré « refuge de malfaiteurs » (1653, Vaugelas).
❏
REPAIRER v. intr., terme technique de vénerie, correspond pour le sens à
repaire, son dérivé (ci-dessus). Le verbe était transitif en ancien français, et c'est son emploi absolu, intransitif, qui s'est conservé en vénerie, à propos de l'animal qui est à son gîte, dans son repaire.
Repairer est alors senti comme dérivé du nom.
◈
L'homonyme
REPÈRE n. m. (1676, Félibien) est l'altération graphique de
repaire d'après le latin
reperire « retrouver, découvrir, imaginer »
(→ répertoire). Le développement sémantique qui le détache de
repaire s'appuie sur l'idée du retour à un certain point, l'accent étant mis par métonymie sur ce point ; le rapport entre les deux noms n'est plus senti.
◆
La forme
repaire est elle-même employée en architecture (1578), précédant
repère pour désigner une marque faite aux différentes pièces d'un assemblage.
Repère désigne plus généralement toute espèce de marque servant à signaler un point (1690) et, spécialement, un trait servant d'index sur un instrument de mesure (1690). Il se dit aussi d'une marque sur un mur, sur un jalon, sur un terrain pour indiquer ou retrouver un alignement, un niveau (1694), spécialement dans la locution
repères de position (1932).
◆
La locution
point de repère « point déterminé permettant de s'orienter » a pris une valeur figurée usuelle (1801).
◆
De nouveaux emplois techniques sont apparus au
XXe s., par exemple en parlant de la marque faite sur un bâti de machine pour retrouver la position d'un organe mobile (1932).
◈
Repère a produit
REPÉRÉ, ÉE adj. (1676, Félibien), d'abord dans l'expression technique
pièces repérées pour les pièces de charpente ayant des marques indiquant la place de leur assemblage, puis avec une valeur plus générale (1731).
■
L'infinitif REPÉRER (1819) signifie « marquer de repères » ; par spécialisation technique, il correspond à « marquer deux pièces qui doivent fonctionner ensemble » et « relever la position d'un organe mobile de machine par rapport à l'ensemble » (1932, Larousse).
◆
L'acception familière, « apercevoir, distinguer parmi d'autres une personne ou une chose » (1881), donne lieu à la construction passive être repéré (1918, en contexte militaire) et au factitif se faire repérer (1922). Ce développement procède probablement du sens technique « découvrir l'existence de (qqch.) et en déterminer le tracé, l'emplacement » postulé par la forme pronominale se repérer « déterminer sa position exacte grâce à des repères » (1870).
■
Le dérivé REPÉRAGE n. m. désigne l'action de repérer, de mettre au point à l'aide de repères (1845) et, par métonymie, ce qui sert à mettre au point (1845). Il s'est spécialisé pour désigner l'indication de l'endroit où des dessins tracés sur des feuilles isolées doivent se joindre pour que le raccord soit fait exactement (1845) et en imprimerie l'ensemble des mesures prises avant le tirage pour une impression correcte (1932).
◆
D'après repérer et se repérer, le nom désigne aussi l'action de déterminer exactement l'emplacement d'une chose dans l'espace (1901), spécialement dans le cadre de manœuvres militaires (1915), puis au cinéma.
■
REPÉRABLE adj. (1949) qualifie ce qui peut être repéré, spécialement en sciences dans grandeur, quantité repérable.
■
REPÉREUR, EUSE n. (1954) est didactique.
REPAPIER ou REPAPILLER v. intr., attesté en français à Agde en 1770, est un emprunt à l'occitan repapia, avec suffixe verbal français (la suffixation en -iller est peut-être due à l'homonymie avec le nom papier). Le mot s'emploie dans tout le sud de la France pour « radoter », « rabâcher ».
REPARAÎTRE, REPARUTION → PARAÎTRE
RÉPARER v. tr. est emprunté (v. 1130) au latin reparare « préparer de nouveau, remettre en état, rétablir », de re- (→ re-) préfixe à valeur itérative, et parare « préparer » (→ 1 parer).
❏
Le verbe signifie dès l'origine « remettre en état (ce qui est détérioré, endommagé, déréglé) » et s'applique très tôt à un objet d'art, à un édifice ancien (v. 1150). En ancien français, il a pris le sens figuré de « rétablir dans son état premier, sa pureté primitive », suivi d'un complément d'objet désignant une personne (1176-1181), et plus souvent une chose (v. 1629), d'où réparer ses forces, sa santé (1671).
◆
D'un sens concret légèrement différent, « remettre en état (une chose ayant un défaut, ayant subi des dégâts) » (déb. XIIIe s.), très courant et appuyé sur réparation et réparateur, se dégage en deux étapes la valeur figurée de « faire disparaître, effacer » (fin XVe s.) qui a disparu, puis de « faire cesser (un état préjudiciable) en y apportant un remède » (1538), d'où vient réparer un oubli (1868).
◆
Le verbe est employé avec une idée de compensation morale, d'abord dans le discours religieux en parlant du Christ qui restaure l'humanité dans sa dignité par son sacrifice (v. 1350), puis dans un cadre juridique (1538), en particulier réparer l'honneur (d'une femme) « épouser (une femme séduite) » (v. 1690).
❏
RÉPARAGE n. m. (déb.
XIVe s.) a souffert de la concurrence du mot emprunté
réparation* dans son rôle de nom d'action de
réparer ; il se maintient pour l'action spécifique consistant à réparer un objet d'art (1842).
■
RÉPARABLE adj., apparu plus tard (v. 1460) que son antonyme irréparable* (ci-dessous), apparaît dans une spécialisation juridique (clause réparable) et étendu à la notion de « remédiable » (1475) ; la valeur concrète est enregistrée la dernière (1690, maison réparable).
■
RÉPARATOIRE adj., dérivé savant du verbe (XVIe s.) dans l'expression juridique droit réparatoire « droit des fermiers (en Bretagne) de se faire rembourser les réparations effectives », a été repris (1842) pour qualifier une mesure dont l'objet est de réparer.
◈
RÉPARATION n. f., d'abord
reparacion (1310) puis
réparation (
XVIe s.), est emprunté au dérivé bas latin
reparatio, -onis « action de rétablir, de renouveler ».
■
Le nom a suivi le développement sémantique de réparer. Repris au sens concret pour désigner l'action de remettre en état ce qui est endommagé, hors d'usage, il s'étend aussitôt par métonymie à la main-d'œuvre et aux pièces nécessitées par cette opération, tandis que le pluriel réparations a pris la valeur particulière de « travaux d'entretien ou de remise en état » (XIVe s.), s'appliquant plus tard à l'action consistant à remettre en état la partie d'un objet ayant subi un dommage (1690), sens usuel au XXe s. en mécanique, électricité.
■
Il désigne aussi l'action de rétablir dans sa vigueur première ce qui a été affaibli (v. 1370), le dédommagement d'un préjudice matériel ou moral (v. 1450), passant dans le langage religieux pour l'acte par lequel le Christ rédempteur puis l'homme rachète ses péchés (1580).
◆
La valeur morale se réalise spécialement dans la locution faire réparation (1663) qui, à l'époque classique, s'employait dans faire réparation à l'esprit de qqn, au sens de « reconnaître que qqn a plus d'esprit qu'on ne le pensait » (1689). De cette idée vient la spécialisation juridique de « dédommagement d'un préjudice » (1538), notamment dans réparation civile, et, par métonymie, « peine frappant l'auteur d'une infraction » (XXe s.).
◆
Du sens juridique procède l'emploi spécialisé de réparation en sports, au football (1906), notamment dans les locutions surface de réparation, point de réparation (1906).
■
Le pluriel s'est spécialisé à la fin de la Première Guerre mondiale pour désigner les prestations dues par les États vaincus aux États vainqueurs, après les dommages résultant de la guerre (1919).
■
En biologie, réparation désigne la reconstitution des tissus d'un organisme (mil. XXe s.).
◈
RÉPARATEUR, TRICE n. et adj. est un emprunt (v. 1350) au latin impérial
reparator, tiré du supin de
reparare au sens de « restaurateur », et spécialisé dans les textes ecclésiastiques pour désigner le Sauveur (
IVe s.).
■
Le mot, qui a éliminé le dérivé répareur (av. 1350, repareor), a reçu le sens concret très général de « personne qui répare, remet en état », qui fut le seul à s'implanter. Son emploi comme nom du Christ (déb. XIVe s.) a disparu, et le sens moral (1556) dans réparateur de torts (1718) est archaïque, sauf par dérision.
◆
En revanche, l'adjectif, d'abord dans Dieu réparateur de nos misères (av. 1695, Nicole), réalise à la fois la valeur physique de « qui redonne de la vigueur » (1834) et le sens moral de « qui rachète une faute » (1819), ce dernier dans une perspective religieuse, d'où le nom de religieuses réparatrices porté par les membres de trois congrégations contemplatives (mil. XXe s., dans les dictionnaires).
◆
Aujourd'hui l'emploi le plus courant en fait le nom d'agent de réparer, appuyé sur réparation (faire venir un réparateur, etc.).
◈
IRRÉPARABLE adj. est, de tous les emprunts de cette série, le plus ancien (1236). Il est emprunté au latin
irreparabilis, formé de
in- (ir-) et de
reparabilis « réparable », de
reparare.
■
Repris avec une valeur abstraite, il l'a conservée avec un emploi substantivé à valeur de neutre : l'irréparable (déb. XIXe s., Mme de Staël). Le sens concret n'est attesté qu'à la fin du XIXe s., mais on relève en moyen français inréparable (1365). L'emploi du mot avec un terme temporel est archaïque.
■
De irréparable sont dérivés IRRÉPARABLEMENT adv. (1370) et, ultérieurement, le mot didactique IRRÉPARABILITÉ n. f. (1840).