RÉPARTEMENT n. m. est un terme technique de droit fiscal (1829), à propos d'une répartition d'impôt entre circonscriptions, par spécialisation d'un mot vieilli (1588), éliminé par répartition.
1 et 2 REPARTIR (et REPARTIE) → 2 PARTIR
RÉPARTIR v. tr., d'abord repartir (v. 1155), est formé de re-* et partir* « séparer ». Sans qu'on puisse dater l'apparition du phénomène à l'oral, le préfixe re- a été modifié en ré- (1559 à l'écrit), afin d'éviter la confusion avec repartir « répliquer » et « partir de nouveau ».
❏  Le verbe exprime le fait de partager, de distribuer en attribuant à chacun ce qui lui revient, sens usuel en économie et générateur d'emplois figurés, au sens de richesses morales, intellectuelles. En français classique, il signifie « disposer (une chose ou un ensemble de choses, de gens) dans un espace donné, selon certaines contraintes » (1718) et « échelonner (une chose) dans le temps » (1854). La construction répartir en, par correspond à « classer, rassembler (des éléments, des gens) en fonction de certains critères » (1864, répartir des hommes en tribus et en phratries).
❏  RÉPARTITION n. f. (1389), « action de répartir », se spécialise au XVIIe s. dans le domaine commercial et financier, plus tard dans le domaine fiscal (1835, impôt de répartition), et enfin en gestion. ◆  Le sens spatial correspondant à celui du verbe (1836) lui vaut une acception technique dans les sciences de la Terre, à propos de la dispersion d'une chose dans une aire géographique ; il s'accompagne d'un emploi à valeur temporelle. Le sens de « classement » (1846, Proudhon) est réalisé dans la construction répartition par, parallèlement à celle du verbe.
■  RÉPARTISSABLE adj., attesté en 1596, puis repris en 1845, qualifie ce qui peut être réparti.
■  RÉPARTITEUR, TRICE n. et adj. (1728) désigne la personne qui a pour rôle de répartir, spécialement en économie politique et fiscale, celui qui est chargé de répartir certains impôts entre les contribuables (1819, commissaire répartiteur) et, dans le commerce ou l'industrie, celui qui répartit des fonds, des produits finis, des matières premières. ◆  Le masculin se prête à des emplois techniques, désignant un instrument ayant pour fonction de distribuer une substance, une énergie dans une installation (1878, en électricité ; 1924, pour le dispositif assurant la disposition des circuits qui aboutissent à un central téléphonique).
■  RÉPARTITIF, IVE adj. (1846, Proudhon), mot didactique, réalise le sens de « qui a pour fonction de répartir ».
REPAS n. m., d'abord écrit repast (v. 1112), forme usitée jusqu'au XVe s., puis repas (v. 1350), est l'élargissement en re-* d'après repaître (→ paître) de l'ancien français past qui désignait en vénerie la curée laissée aux chiens de chasse (v. 1175) et aussi la succession de plats pris par une personne à heures régulières (v. 1112). Past remonte au latin pastus « pâture, nourriture des animaux ou de l'homme » et au figuré « nourriture », dérivé de pascere « faire paître, nourrir, alimenter » (→ paître).
❏  Jusqu'au XVIe s., le mot signifiait « nourriture » en général, avant de se spécialiser au sens de « succession de mets accompagnés de boisson que l'on prend à certaines heures » (1534, Rabelais), l'accent étant mis tantôt sur l'acte de se nourrir, tantôt sur la nourriture ainsi prise. Dans ce sens, le mot n'est plus senti comme lié à repaître et prend une valeur sociale très codifiée. Les repas, dont les noms sont anciens mais s'appliquent à des actes sociaux qui ont varié dans leur nature et leurs horaires (→ déjeuner, dîner, souper), rythment la journée ; le mot entre dans de nombreux syntagmes courants et est au centre d'un riche vocabulaire. Il sert d'élément de composition dans coin-repas n. m. (dans une cuisine), panier-repas n. m. (« repas froid à emporter »). ◆  Par analogie, il est employé pour la nourriture donnée en une fois aux animaux domestiques (v. 1350) et pour celle que les animaux prélèvent eux-mêmes (1829, Musset).
❏ voir PAÎTRE.
REPASSER v., d'abord respasser (v. 1160), est dérivé de passer* à l'aide du préfixe re-*.
❏  Le verbe, dont le sens de « guérir » correspond peut-être à une antonymie par rapport à passer « mourir » et a disparu au XVe s., constitue l'itératif de passer, au sens spatial de « traverser de nouveau (par exemple un cours d'eau, la mer) » (v. 1175) et « passer de nouveau par un endroit » (1538) puis « revenir voir qqn » (1694). Ce dernier sens est détourné ironiquement dans l'expression récente tu repasseras (1964), exprimant refus ou incrédulité ; repasser s'applique aussi au fait de déplacer de nouveau une partie du corps sur une surface (XXe s.).
■  Par transposition au figuré, repasser s'applique à des idées, à des images qui reviennent à l'esprit (1613) ainsi qu'à l'action d'une personne qui se remet une chose en mémoire, en esprit (1606), spécialement un objet d'étude (1558) ; cette valeur est restée usuelle dans le contexte des examens.
■  De l'idée d'un mouvement physique répété, mais avec la notion supplémentaire d'un échange, procède une autre acception, « être transmis de nouveau à qqn (une chose) » (1893), familièrement dans repasser un plat (1932), repasser les plats « offrir une nouvelle occasion ».
■  Le mot a développé plusieurs acceptions techniques liées à une activité faite en plusieurs temps : au XVIIe s., il exprime l'idée de « corriger, retoucher » une œuvre littéraire ou artistique (1671), qui a disparu. ◆  Au contraire, celle de « passer le fer chaud sur un tissu pour le rendre lisse et net » (1669, repasser du linge) est devenue usuelle, donnant naissance à des syntagmes (fer à repasser, planche à repasser). Cf. aussi repassage, repasseuse. Une autre valeur, « aiguiser des couteaux » (1679), est elle aussi courante, alors que « donner un nouvel apprêt à (des cuirs) » (1690) est technique. ◆  L'emploi du verbe, dès cette époque, pour « rendre potable (du vin affaibli) en le mêlant avec du vin nouveau » (1690) anticipe sur le sens actuel de « redistiller (une eau-de-vie faible) » (1904). Repasser du pain (1701), correspondant à « remettre au four pour lui donner l'apparence du pain frais », et repasser une montre (1875) « vérifier l'état de chacune de ses pièces et les ajuster » ne s'emploient plus. ◆  D'après des emplois techniques supposant un examen détaillé, le verbe a pris en argot le sens d'« escroquer ou voler » (1855), qui paraît postérieur à celui de « maltraiter » (1808), voire « tuer » (se faire repasser).
■  Au XXe s., repasser correspond aussi à « passer de nouveau » dans le cadre d'un concours, d'un test, d'une visite médicale (→ passer).
❏  REPASSAGE n. m. (1340) s'est imposé comme l'unique nom d'action de repasser, évinçant les déverbaux repas, repasse, le participe passé substantivé repassée, ainsi que repassement et repassade. ◆  Il renvoie à l'action de passer de nouveau, à la fois dans un sens spatial et, à partir du XVIIIe s., dans les multiples acceptions techniques du verbe, spécialement l'opération pratiquée sur un tissu avec un fer chaud (1753), sens le plus courant, et aussi l'aiguisage d'une lame (1835), la révision d'un mécanisme d'horlogerie (1893), le fait de redistiller une eau-de-vie (1904).
■  REPASSEUR, EUSE n. (1753) correspond à l'ouvrier ou l'ouvrière qui affûte des lames (1765) et, surtout au féminin, à la personne qui repasse le linge (1789), souvent une blanchisseuse (Cf. blanchir). ◆  Il désigne aussi le cylindre cannelé dont on se sert pour régulariser les plis dans cette opération (1845, n. f.).
REPASSE n. f., déverbal (1777) de repasser, a plusieurs acceptions techniques, « farine mêlée de son (qu'il faut repasser au tamis) », et surtout (1803) « redistillation de l'eau-de-vie », et « boisson deux fois infusée » (1867), en particulier (1866, Delvau) « mauvais café, passé deux fois ».
REPÊCHER → 1 PÊCHER
L REPENTIR (SE) v. pron. est issu (1080) du latin médiéval repoenitere (IXe s.), également représenté dans l'ancien lombard repentirse et l'ancien espagnol rependirse, composé de re- (→ re-) à valeur intensive, et de poenitere, altération populaire sous l'influence de poena (→ peine) du latin classique paenitere « être mécontent de soi » (→ pénitent). La forme poenitere est attestée dès le VIIe s. et survit dans l'italien pentirsi, le catalan penedirse ; le verbe latin s'est utilisé dès le IIIe s. à la forme réfléchie. On trouve parallèlement l'ancien français peneïr et l'ancien provençal penedir, plus proches du latin paenitere, et de sens moral et religieux.
❏  Se repentir est employé dans la Chanson de Roland au sens de « renoncer à, cesser de », qui a disparu en moyen français, et signifie encore aujourd'hui « regretter amèrement d'avoir pris une décision, d'avoir ou de n'avoir pas accompli un acte », l'ellipse de se après le verbe faire étant normale dès le XIIe siècle. La valeur religieuse de « manifester le regret d'avoir commis une faute et la promesse de la racheter » est également attestée en ancien français (v. 1119). Du sens courant procède la locution il s'en repentira (1559), employée par menace de vengeance ou avertissement.
❏  Les quelques dérivés sont apparus en ancien français.
■  REPENTANCE n. f. (v. 1112) désigne le regret douloureux que l'on a de ses fautes et de ses péchés ; à l'époque classique, par le même type de développement que regret, il s'employait dans la locution sans repentance (1679) « sans changement de résolution ».
■  Le mot a été réactivé par la déclaration de repentance de l'Église catholique à l'égard des juifs (1998).
■  En dehors de ces contextes, le nom a été supplanté par REPENTIR n. m., forme substantivée de l'infinitif (v. 1160) désignant l'acte par lequel on regrette sa faute et l'on promet de la réparer, et, par extension, le regret d'avoir accompli une action quelconque (fin XIIe s.). Un, des repentir(s) désigne une manifestation de repentir (1640) et, dans le vocabulaire de la mode, une coiffure où les cheveux, roulés en tire-bouchon, pendent de chaque côté du visage (1845), sens aujourd'hui oublié. ◆  Le singulier s'emploie aussi en art, désignant un changement intervenu en cours d'exécution dans une peinture, un dessin (1798) et entrant dans la locution droit de repentir, d'abord employée (v. 1860, Baudelaire) à propos d'une correction apportée par l'écrivain au texte primitif puis aussi, juridiquement, pour le droit qu'un auteur conserve sur son œuvre tant qu'elle n'a pas été cédée à un tiers (mil. XXe s. ; 1966, Larousse).
■  REPENTANT, ANTE, participe présent de repentir, adjectivé très tôt (v. 1190), est employé le plus souvent avec le sens fort de « qui manifeste un vif regret de ses fautes et de ses péchés ».
■  Le participe passé REPENTI, IE, lui aussi adjectivé (déb. XIIIe s.), exprime la même nuance ; il est substantivé (1280), spécialement au féminin (1318) les Repenties, désignant un ordre religieux accueillant les femmes ayant renoncé à une vie dissolue. Par ailleurs, fille repentie (fin XIVe s., ribaude repentie) s'est dit d'une ancienne prostituée. Au XVIe s., repenti a pris, en emploi épithète, la nuance de « qui s'est corrigé d'un grave défaut, d'un vice » (av. 1559). ◆  Jugé contradictoire, le sens de « renégat » (fin XIVe s.) puis, en parlant d'une nonne, « celle qui a rompu ses vœux » (fin XIVe s.), correspondant à l'idée de « changement de conviction », a rapidement disparu. Le mot s'applique aujourd'hui aux personnes ayant renoncé à des activités délictueuses et collaboré avec la justice, par des renseignements, en échange de réductions de peine (terroriste repenti).
RÉPERCUTER v. tr. est emprunté (1370) au latin repercutere « faire rebondir, repousser », et au passif « être renvoyé, réfléchi, reflété », de re- (→ re-) marquant le mouvement en arrière, et de percutere « frapper » (→ percuter).
❏  Le verbe, d'abord didactique, s'emploie pour « renvoyer dans une autre direction (la lumière, les sons) », interprété scientifiquement (1611) en « renvoyer les ondes lumineuses, caloriques et surtout sonores, souvent en prolongeant le son lorsque ces ondes frappent une surface réfléchissante ».
■  Dans le cadre de l'ancienne théorie humorale, la médecine l'employait pour « faire rentrer les humeurs à l'intérieur » (1377), sens encore relevé au XVIIIe s. (Rousseau).
■  D'abord à la forme pronominale se répercuter (XVIIIe s.), apparaît le sens abstrait, « avoir une incidence sur » ; le verbe a pris à l'actif le sens abstrait de « faire supporter qqch. » (1957), se répandant dans la langue familière pour « faire que qqch. se transmette » (1970). Se répercuter s'emploie aussi concrètement pour « être réfléchi » (1823).
❏  RÉPERCUSSION n. f., le nom correspondant, est emprunté (v. 1300) au dérivé latin repercussio, -onis « réflexion de la lumière ». ◆  Le mot s'est introduit comme substantif verbal en physique, et aussi en médecine pour désigner, en relation avec le verbe et l'adjectif, l'action de répercuter, de faire refluer les humeurs à l'intérieur du corps, sens sorti d'usage mais dont procède l'emploi médical moderne pour « disparition d'un symptôme extérieur » (1870, Littré). Comme le verbe, le nom a eu ultérieurement un emploi figuré, se disant d'un effet en retour ressenti comme une conséquence indirecte ou lointaine (1805) ; il s'est spécialisé en fiscalité, où l'expression répercussion de l'impôt (1964 dans les dictionnaires) désigne le processus d'après lequel l'individu payeur intermédiaire de l'impôt a tendance à transférer en tout ou partie la charge sur d'autres.
■  Par changement de suffixe, RÉPERCUSSIF, IVE adj. est dérivé (1314) de répercussion, ou emprunté au latin médiéval repercussivus (1250), en médecine pour qualifier et elliptiquement désigner un médicament propre à faire refluer les humeurs engorgeant une partie malade. ◆  De nos jours, il est employé didactiquement au sens général de « qui répercute » (av. 1559).
REPERDRE → PERDRE
REPÈRE, REPÉRER et dérivés → REPAIRE
RÉPERTOIRE n. m. est emprunté (fin XIVe s.) au bas latin juridique repertorium « inventaire », du latin classique repertum, supin de reperire, mot littéraire disparu de la langue courante, dont le sens propre était « se procurer » et qui avait pris ceux de « retrouver » (spécialement après recherche), « découvrir », « trouver de nouveau, imaginer ». Le verbe est formé de re- (→ re-) indiquant l'intensité, l'itération, et de parere « procurer » (→ 1 parer), employé couramment au sens d'« enfanter, mettre au monde » (→ parent) avec passage à la quatrième conjugaison.
❏  Le mot, d'abord relevé dans répertoire de science appliqué à la personnification allégorique du savoir méthodique et complet, désigne (1458) l'ensemble des connaissances transmises (le mot encyclopédie est plus tardif) et (1468) une table ou un recueil où les matières sont classées selon un ordre qui facilite les recherches. Il est appliqué au figuré (une première fois au XVe s., puis au XVIIe s., avant 1654) à une personne dont la mémoire a enregistré un grand nombre de faits, de renseignements, et que l'on peut consulter à tout moment, mais ce sens tend à vieillir sous la concurrence de l'emploi analogue d'encyclopédie. ◆  Au XVIIIe s., répertoire se spécialise au théâtre : d'abord relevé chez Voltaire au sens de « liste des pièces que l'on doit jouer dans la semaine » (1769), sorti d'usage, il désigne ensuite la nomenclature des pièces formant le fonds ordinaire d'un théâtre, d'une troupe (1798), sens réalisé dans divers emplois (pièce du répertoire, jouer le répertoire, 1893). Par extension, il s'applique à la nomenclature des rôles appris et joués par un acteur ou une actrice et des pièces appartenant à une même catégorie (1875). Dans d'autres domaines du spectacle, il désigne la liste des œuvres jouées par un musicien, interprétées par un chanteur (1875) et tout ce qu'un artiste peut exécuter sur scène (1887).
■  Du sens initial procède l'emploi pour l'ensemble des termes, expressions, tournures dont dispose une personne (1826). Par métonymie, le mot figure dans le titre de certains recueils disposés par ordre alphabétique (1835) et désigne couramment un carnet contenant un inventaire alphabétique (1875). L'appellation répertoire des métiers (1962) désigne le registre tenu par chaque chambre des métiers et où sont immatriculés les artisans employant moins de dix personnes (l'expression a remplacé registre des métiers).
❏  Du latin repertorium est dérivé tardivement RÉPERTORIER v. tr. (1904) « consigner en une liste (des choses) sous forme de registre » et « dénombrer (des êtres, des choses) en les consignant selon une classification ».
❏ voir RÉPARER.
RÉPÉTER v. tr. est emprunté (déb. XIIIe s.) au latin repetere « chercher à atteindre », « atteindre de nouveau », « ramener », « recommencer », « raconter », « reprendre par la pensée », « réclamer », de re- (→ re-), préfixe à valeur intensive et itérative, et de petere « chercher à atteindre, à obtenir » et « demander, réclamer » (→ pétition). L'ancien français a eu une forme populaire repeïr (avec chute du t) « reprendre la lecture d'un psaume une seconde fois » (v. 1200).
❏  Le premier sens du verbe, « redire (ce que l'on a déjà dit, ce qu'un autre a déjà dit) », est demeuré le plus courant. Comme son étymon latin, répéter a eu le sens de « réclamer, demander » (XVe s.) jusqu'à l'époque classique, encore vivant en droit pour « réclamer (ce que l'on a versé ou livré, ce qui a été pris sans droit) » (1626), par exemple dans répéter des frais sur qqn (1793), d'abord répéter des frais contre qqn (1690). Répétition semble antérieur dans cet emploi.
■  Le sens intellectuel de « ramener à sa mémoire » (v. 1278) ne s'est pas répandu, sinon pour « réviser une leçon » (1530). L'acception spécialisée de « s'exercer à redire, à faire ce que l'on fera en public » (1530), dans les arts du spectacle, manifeste déjà une extension de la parole seule à l'acte, et annonce le sens de « refaire (ce que l'on a déjà fait) » (1682) d'où, avec un sujet désignant une personne, « reproduire intentionnellement pour la symétrie » (1798).
■  Parallèlement, le verbe de parole a étendu son champ d'emploi à « expliquer de nouveau à qqn (ce qui a fait l'objet du cours d'un professeur) », dans l'éducation (fin XVIIe s.), en relation avec répétiteur, et, avec une valeur péjorative, « rapporter (ce que l'on a entendu) » (1798). Par extension au figuré, le verbe correspond à « chercher à reproduire, à copier » (av. 1850).
■  La forme pronominale se répéter signifie « se servir des mêmes tours, des mêmes moyens » (av. 1699, Racine), emploi qui pâtit de la valeur péjorative usuelle « avoir tendance à redire les mêmes choses » (1718). Avec un sujet désignant une chose, se répéter assume la valeur passive d'« être redit » (1798) et, au théâtre, « être mis en répétition » (1872). Comme le verbe transitif, il se dit d'un fait, d'un événement qui se reproduit (1770) et d'une chose reproduite symétriquement dans une intention esthétique (1835).
❏  Les rares dérivés formés en français sont RÉPÉTABLE adj. (XVIe s., Montaigne), RÉPÉTÉ, ÉE, adjectivation du participe passé (av. 1662, Pascal) au sens de « redit » et surtout de « reproduit, renouvelé » (1690), et RÉPÉTEUR n. m. (1677) « celui qui répète », sorti d'usage, et repris dans l'acception technique d'« organe qui amplifie le courant passant sur une ligne téléphonique » (XXe s.).
RÉPÉTITION n. f. est emprunté (v. 1295) au dérivé latin repetitio, -onis « action de faire remonter en arrière », « redite » et, en bas latin juridique, « action de redemander, de réclamer ».
■  Attesté une première fois et isolément au sens de « copie d'un document » (en l'espèce la loi de Moïse), le mot est emprunté par les juristes avant même le sens correspondant de répéter, pour « action de réclamer en justice ce qu'on a payé » (1312), sens dont procède au XIXe s. l'expression répétition de l'indu « demande de restitution d'une somme versée par erreur » (1875).
■  Le sens courant, « action de dire plusieurs fois le même mot, d'exprimer la même idée », semble réemprunté ou dérivé du verbe en moyen français (v. 1370). Le mot, spécialisé en rhétorique dans une acception très générale (av. 1493), s'étend au XVIIe s., d'après l'emploi spécial du verbe, aux pratiques de la séance de travail théâtral (1614 ; le mot est employé par Molière, 1663) et de la séance de travail d'une leçon particulière (1584), alors en relation avec répétiteur.
■  Il est aussi, comme le verbe, étendu à la reproduction d'un acte, d'une action (1664), entrant dans la locution à répétition (1694), employée surtout en parlant d'une sonnerie, d'une montre (pendule à répétition, 1694) et d'une arme à feu (1882). Il se spécialise en art où, par l'intermédiaire du sens de « reproduction d'après un modèle » (1783), il a désigné métonymiquement la reproduction d'une statue, d'un tableau faite par l'artiste lui-même (1842), sens disparu au profit de reproduction.
■  Son emploi classique dans le domaine des spectacles donne lieu aux locutions répétition générale (1835), mettre une pièce en répétition (1875), répétition des couturières d'où, elliptiquement, la couturière. Dans ce sens, le mot est souvent abrégé en RÉPÈT' dans l'usage oral. ◆  En français de Suisse, on a appelé (1877) cours de répétition la période d'entraînement militaire annuel de deux ou trois semaines que devaient effectuer les membres de la landwehr et du landsturm (classes d'âge supprimées en 1955), puis ceux de l'élite*.
■  Par changement de suffixe, il a servi à former RÉPÉTITIF, IVE adj. (attesté 1962) « qui a tendance à répéter, à se répéter », d'où est tiré RÉPÉTITIVITÉ n. f. (1970).
RÉPÉTITEUR, TRICE n. est emprunté (1671) au latin repetitor « celui qui réclame », supin de repetere.
■  Le mot est emprunté en éducation pour désigner une personne donnant des leçons particulières (1671). Au XIXe s., il s'étend au fonctionnaire des lycées et collèges chargé de la surveillance et du contrôle du travail des élèves (1859), en apposition dans maître répétiteur, puis il est éliminé par surveillant. ◆  En technique, le mot désigne l'appareil reproduisant les indications d'un autre appareil (1878, phonographe répétiteur).
■  Avec la finale de doctorat*, professorat*, a été formé RÉPÉTITORAT n. m. (1891), pour « fonction de maître répétiteur ».
REPEUPLER → PEUPLE
REPIQUER → PIQUER
L RÉPIT n. m., d'abord respit (v. 1155) puis répit (XVe s.), est le doublet populaire de respect*, issu du latin classique respectus, proprement « action de regarder en arrière » d'où « considération, égard » et, d'autre part, « possibilité de regarder vers qqn ou qqch., c'est-à-dire de compter dessus », sens qui a dégagé la notion de délai. Respectus est le nom d'action dérivé de respicere « regarder derrière soi » d'où, par les mêmes développements, « avoir égard, considération pour », « avoir l'œil sur, protéger » et « songer à, envisager ». Ce verbe est formé de re- indiquant un mouvement en arrière (→ re-), et de spicere « regarder » (→ spectacle).
❏  Le mot est passé en français avec la double valeur du latin : il a exprimé l'égard, la considération, sens sorti d'usage et aussi le délai octroyé pour l'exécution d'une chose pénible, ainsi que l'arrêt momentané d'une souffrance physique, morale, et un temps de repos, de détente, ceci dès les premiers textes dans la locution sans répit. Le premier sens a été abandonné au doublet savant respect, introduit ultérieurement. Au XVIIe s., note F. Brunot, le mot était considéré comme un terme familier et bas (du langage de la chicane). La seconde valeur est très vivante en français moderne, surtout pour « interruption permettant une détente », employé dans plusieurs expressions (sans répit, très ancien ; avoir, ne pas avoir de répit, etc.).
❏ voir RESPECT.
REPLACER → PLACE
REPLANTER et dérivés → PLANTER
REPLET, ÈTE adj. est emprunté (v. 1180) au latin repletus, participe passé passif de replere « remplir », de sens propre et figuré, de re- (→ re-) préfixe à valeur itérative et intensive, et du verbe archaïque plere « emplir », seulement usité en composition (→ complet).
❏  L'adjectif, repris au sens propre de « rempli », s'en est éloigné, d'abord dans l'usage des médecins qui l'appliquèrent spécialement au corps humain rassasié, gorgé de nourriture (1314), avec une valeur très proche de soûl et qu'a conservée réplétion. ◆  Par extension, il a pris sa nuance actuelle de « gras, qui a de l'embonpoint » (1370), avec laquelle il est passé dans l'usage général (v. 1460). Il doit probablement à sa terminaison, qui évoque celle d'un diminutif, d'échapper aux connotations péjoratives qui accompagnent plusieurs mots de sens voisin et d'évoquer une stature petite et un peu grasse.
❏  RÉPLÉTION n. f. est emprunté (v. 1240) au bas latin repletio, -onis « action de remplir, de compléter », du latin classique repletum, supin de replere.
■  Le mot est lui aussi introduit par les médecins, désignant selon l'ancienne théorie des humeurs l'abondance des humeurs et du sang ainsi que l'état de l'organisme rempli d'aliments (v. 1240), d'où l'état d'un organe rempli (v. 1330). ◆  Passé dans l'usage général avec le sens d'« embonpoint » (1549), il n'a pas eu le succès de replet et il est sorti d'usage, le mot désignant en français moderne la sensation d'avoir beaucoup mangé et bu. ◆  Il avait pris au figuré le sens d'« état d'un gradé ayant obtenu un bénéfice en vertu de ses grades » (1690), sens disparu au XVIIIe siècle.
■  RÉPLÉTIF, IVE adj., emprunté (1611) au bas latin repletivus « qui sert à compléter », du supin de replere, a été repris en médecine pour qualifier ce qui sert à remplir, et ne s'est pas éloigné de ce sens technique.
■  L'adverbe RÉPLÉTIVEMENT (1611) est d'un usage limité.
REPLI, REPLIER → PLOYER, PLIER
RÉPLIQUER v. est emprunté (1226) au latin replicare « replier, recourber, renvoyer, refléter » d'où « dérouler (un manuscrit), lire, parcourir », alors synonyme de revolvere qui signifie au contraire « dérouler », et, à basse époque, en droit « répondre vivement à une objection ». Il est formé de re- (→ re-), préfixe à valeur intensive, et de plicare « plier, replier » (→ plier).
❏  Le mot signifie « répondre avec vivacité et à-propos à des raisonnements, des objections », spécialement en droit. Il a aussi la valeur de « répondre avec impertinence et obstination », en emploi absolu (1283) ou avec un complément direct (v. 1393).
❏  Le déverbal RÉPLIQUE n. f. (v. 1307) a eu une expansion sémantique plus riche : outre les sens correspondants au verbe, « réponse faite pour réfuter ce qui vient d'être dit ou écrit » et « réponse vive et prompte, impertinente » (déb. XVe s.), par exemple dans la locution sans réplique (1775), il se spécialise au XVIIe s. au théâtre en parlant de la partie d'un dialogue dite par un acteur lorsque son interlocuteur cesse de parler (1646). De là, il désigne notamment le dernier mot d'un acteur (1798), entrant dans manquer sa réplique (av. 1799), donner la réplique (1803), cette dernière expression passant dans l'usage courant dans le contexte d'une conversation (1844, Balzac).
■  D'après l'ancien sens de répliquer, « reporter à plusieurs reprises » (1377) et « répéter, redoubler » (1420), à la suite de l'ancien provençal (v. 1350, en réthorique), et activant la valeur itérative de re-, réplique a pris le sens de « reproduction, simulacre » (v. 1480). Ce sens a été repris et répandu au XIXe s. en art pour la répétition d'une œuvre par son créateur ou sous la surveillance de celui-ci (1875) ; par extension, le mot s'applique à une œuvre semblable à son original (1875) et une personne qui semble le double d'une autre (1636). ◆  En musique, réplique désigne la répétition d'une note à l'octave (1690) et la reprise du sujet principal dans une fugue (1703). ◆  Parmi les valeurs techniques, celle qu'a pris le mot pour « nouvelle secousse sismique, après une autre plus forte », est connue par l'usage qu'en font les informations, en cas de tremblement de terre.
■  Le dérivé RÉPLIQUEUR, EUSE n. (1907) est peu usité.
RÉPLICATION n. f. est pris à l'anglais replication (1936), spécialisé en biologie (1948), du verbe replicate, de même origine que répliquer. Le mot, en génétique, désigne le mécanisme par lequel les acides nucléiques, le matériel génétique se reproduisent continuellement et identiquement, de manière à former des molécules complémentaires.