L RÉPONDRE v., d'abord respondre (v. 980), puis répondre (v. 1155), est issu d'un latin populaire °respondĕre (e bref) par altération de la quantité syllabique du latin classique respondēre (e long), à l'origine terme de la langue religieuse, qui signifie « remplir un engagement pris solennellement », puis « répliquer par oral ou par écrit », « se présenter à un appel », « être à la hauteur de », « se refléter, produire ». Ce verbe est formé de re- (→ re-) marquant le mouvement en retour, et de spondere « promettre, garantir » (→ épouser). L'italien rispondere (d'où riposta → riposte), l'espagnol responder remontent au même étymon.
❏  La diversité des constructions du verbe, souvent génératrice de sens nouveaux, existe dès l'ancien français : répondre signifie « faire connaître (sa pensée, ses sentiments) en retour, à un interlocuteur qui a exprimé les siens, par oral ou par écrit » (v. 980), avec un complément direct ou en emploi absolu, puis avec un complément indirect désignant la personne à qui l'on s'adresse (v. 1175) : répondre à qqn. ◆  En emploi absolu, il prend le sens de « renvoyer un son » avec un nom de chose pour sujet (1080), sens disparu, et avec un sujet nom de personne, de « discuter au lieu d'obéir » (v. 1155) et « se porter caution pour qqn en justice » (v. 1160). Répondre de qqn ou de qqch. (v. 1206) exprime l'idée d'« accepter la responsabilité des actes de qqn ». Dès le XIIe s., la construction indirecte répondre à correspond à « parler ou écrire pour réfuter une objection, se justifier » (v. 1175) et s'emploie avec le sens élargi de « manifester une attitude opposée ou semblable à celle d'une personne » et d'« être en conformité avec » (XIIIe s.).
■  Les diverses constructions, intransitive (v. 1190), transitive (1220) et absolue (1228) s'emploient spécialement en liturgie pour le fait de répondre aux paroles prononcées par le célébrant. (Cf. répons).
■  Le sens spatial, « être en communication avec (qqn) » (v. 1360), est sorti d'usage après le XVIIe siècle.
■  Au XVIe s., répondre s'emploie pour « se présenter à un appel » (1538) dont procèdent des emplois spéciaux : comme terme de manège, dans répondre aux aides pour un cheval (1690), et au XIXe s. répondre à la sonnerie d'une porte (1875), répondre au téléphone (XXe s.) d'où absolument répondre (téléphone, radio, etc.).
■  La construction transitive directe s'est spécialisée en droit pour « fournir une réponse à » (1549) et répondre une lettre a pris le sens de « répondre en retour à une lettre » (fin XVIe s.), emploi aujourd'hui sorti d'usage et assumé par la construction indirecte répondre à, apparue au XVIe s. (1538).
■  Répondre de, autrefois « accepter la responsabilité de » (ci-dessus), s'est répandu avec le sens de « se porter garant d'une chose », spécialement dans l'expression je vous en réponds (v. 1530).
■  Toujours au XVIe s., la forme pronominale se répondre s'est employée avec un sens réfléchi pour « être assuré d'une chose » (v. 1580), qui a disparu au profit du sens réciproque, « être en rapport de correspondance avec » (1690). L'époque classique a vu le mot signifier « correspondre par symétrie » (1663) et « se faire sentir par une communication » (1640).
■  L'essentiel des sens actuels est alors établi, le XXe s. n'apportant que la spécialisation didactique et technique pour « produire une réaction, un effet attendu » (1935), également réalisée par l'emploi absolu, surtout en phrases de sens négatif (1937), comme ça répond mal, ça ne répond pas.
❏  RÉPONDEUR, EUSE adj., réfection (XIIIe s.) de respondeor et respondeur (fin XIIe s.), était employé en ancien français à propos d'une personne qui fait une réponse. Il a disparu.
■  Repris au XIXe s. comme adjectif, le mot qualifie une personne qui répond avec obstination et impertinence aux remontrances (1855).
■  Au XXe s., substantivé, il désigne un appareil électronique émetteur-récepteur installé dans les avions (1949), puis un appareil permettant de répondre à un appel téléphonique et d'enregistrer un message (1963).
■  RÉPONDANT, ANTE, participe présent de répondre, a été substantivé (v. 1220) pour désigner la personne qui se porte garante de qqn ; il a désigné aussi celle qui soutient une thèse et qui devait répondre aux objections (1690) et celui qui répond la messe (1731). ◆  Les historiens de l'Ancienne Égypte s'en servirent pour désigner la figurine représentant le défunt et destinée à répondre de lui dans l'au-delà.
■  Dans la langue familière avoir du répondant désigne l'argent servant de garantie (av. 1922, Proust) et se dit au figuré d'une femme bien en chair (1936, Céline).
RÉPONS n. m., réfection (v. 1150, respons) de respuns (v. 1050), écrit répons au XVIIe s., remonte par voie demi-savante au latin responsum « fait de répondre », « consultation d'un jurisconsulte » puis, dans la langue liturgique, « graduel » (av. 1150). Responsum est le participe passé neutre substantivé de respondere. À la différence de l'ancien provençal respos (féminin resposa), le français a conservé le n d'après répondre ; les autres langues romanes ont des mots issus du participe passé de leur verbe (italien risposta, → riposte ; espagnol respuesta).
■  Le mot désigne d'abord une parole dite à la personne qui fait une demande (Cf. réponse) avant de se restreindre au sens liturgique de « chant exécuté alternativement par le chœur et par un soliste, dans les offices de l'Église catholique » (v. 1190). Par métonymie, il a été repris pour désigner un signe en forme de ℟ indiquant les répons dans un livre d'Église et marquant le revers des monnaies et des médailles en numismatique (1803).
Le féminin RÉPONSE n. f. (fin XIIIe s.), d'abord response (v. 1160), a supplanté répons dans le sens général de « paroles dites en retour » et « action de répondre », puis pour désigner une lettre écrite pour répondre à une lettre reçue (v. 1265) et ultérieurement, dans un débat d'idées, à un argument opposé à un autre pour le réfuter (1563). Le sens de base est réalisé dans des locutions dont réponse normande (1684) devenue réponse de Normand (1798), allusion à la réputation de ruse qui s'attache aux Normands dès le XVIIe s., avoir réponse à tout (1722), la réponse du berger à la bergère (1870, Littré).
■  Comme répons, mais avec un autre sens, le mot s'est spécialisé en musique pour la reprise du sujet dans une fugue (1753, Rousseau). ◆  Dans le langage de la Bourse, il désigne (1867), dans les opérations à primes, l'option faite par l'acheteur à terme à la date fixée par le règlement de la Bourse (1869, réponse des primes). ◆  Il a développé le sens général de « réaction » (XIXe s.) dans l'usage courant. ◆  Au XXe s., on relève la locution droit de réponse (1923) employée avec une valeur précise en droit.
■  Le mot a reçu récemment des sens spécialisés en psychophysiologie, désignant la réaction d'un organe à une excitation (1935) et, en technique, la propriété qui caractérise la qualité d'une chaîne électroacoustique (1964).
1 REPORTER v. tr. est dérivé (v. 1050) de porter* avec le préfixe re-* indiquant la réitération, l'action en retour.
❏  Réalisant l'idée de « porter de nouveau » avec une idée de mouvement en arrière, le verbe signifie « ramener (un être, une chose) à l'endroit où ils se trouvaient antérieurement ». La notion de retour prend un relief particulier dans le sens temporel plus tardif de « ramener à son origine » (1719), « faire revenir son attention sur une chose d'une époque antérieure », « faire remonter dans le temps à » (1784), au pronominal se reporter « revenir à un moment antérieur » (1752).
■  Le sens de « porter à son tour témoignage », d'abord réalisé dans un contexte juridique (1176-1182, reporter témoin), correspond en général à « redire » (1260), en particulier « rapporter, dénoncer » (1660) ; il a été supplanté par rapporter*. ◆  Le sens de « porter de nouveau (qqch.) », indécis dans une attestation de 1213, où reporter les armes peut signifier « les porter à son tour », est réalisé clairement dans l'emploi ancien pour « être de nouveau enceinte » (v. 1200), puis dans le sens moderne de « revêtir de nouveau » (1771, des joyaux). ◆  La valeur itérative du préfixe disparaît quand le verbe s'emploie dans le sens de « déplacer en un autre endroit » (1220, au pronominal ; puis 1770) et « transmettre, transférer en d'autres mains » (1252). Avec le même sens, le verbe s'emploie en contexte abstrait pour « transférer (son attention, un sentiment) vers un autre objet, une autre personne » (1783). ◆  Il a plusieurs acceptions techniques en correction de copie (1827), en impression et en comptabilité (1835).
■  Transposé sur le plan temporel, ce sens correspond à « différer » (1884), sens usuel qui marque l'aboutissement d'une évolution comparable à celle de remettre.
❏  Le déverbal REPORT n. m., équivalent de « rapport, récit » (v. 1200) en ancien français, semble avoir été repris au début du XIXe siècle. C'est d'abord un terme de Bourse (1826) désignant une opération traitée à la liquidation d'un marché à terme en vue de proroger la spéculation jusqu'à la liquidation suivante. Par métonymie, il recouvre le bénéfice réalisé par le détenteur de capitaux qui prête aux spéculateurs les fonds nécessaires pour réaliser cette prorogation (1831). ◆  Le mot, à la suite du verbe, est passé en comptabilité (1835), par exemple dans le syntagme report à nouveau, dans le vocabulaire des techniques d'impression (1867, report d'impression ; 1964, papier report), en droit commercial (1870, report de faillite), dans le langage des jeux de paris et en politique (report des voix). Dans tous ces sens, il correspond au second groupe de sens du verbe.
■  Par substitution de suffixe, a été créé 2 DÉPORT n. m. (1852) en finances puis (1864) en Bourse pour servir d'antonyme à report.
REPORTEUR n. m., ancien synonyme de « mouchard » en moyen français (1288), a été repris au XIXe s. pour « celui qui fait des reports en Bourse » (1855) et comme nom de l'ouvrier qui exécute les reports des dessins (1874). ◆  Malgré la recommandation officielle, il n'est pas parvenu à remplacer l'anglicisme reporter*. ◆  Le féminin reporteuse (XXe s.) désigne la machine à cartes perforées qui reporte les données contenues dans un fichier sur les cartes d'un autre fichier.
2 REPORTER n. m. est emprunté (1828) à l'anglais reporter spécialisé en journalisme (1813), proprement « celui qui rapporte, relate » (XIVe s.) et spécialement en droit « rapporteur des tribunaux » (1617). Lui-même est repris de l'ancien français reporteur* « rapporteur » (1288).
❏  Le mot, d'abord employé comme terme anglais par Stendhal, est repris à l'anglais comme terme de journalisme (1842 à propos de la France), se répandant à la fin du XIXe siècle. Par extension, il s'emploie à propos d'un journaliste d'information travaillant avec la photographie (1905, reporter photographe) ou d'autres moyens audiovisuels. Grand reporter (attesté 1939) désigne une catégorie de journalistes affectés aux grands reportages. ◆  L'Administration préconise la francisation graphique en reporteur (Journal officiel, 18 janvier 1973), forme utilisée au XIXe s. (1830), puis par Étiemble en 1952, et le terme de reporteur d'images comme équivalent de l'anglais reporter-cameraman ; ces recommandations ne sont guère suivies. Le mot a connu plusieurs formes de féminin (reportrice, reporteresse, dame reporter) mais aucune n'a survécu.
❏  Reporter a produit le dérivé français REPORTAGE n. m. (1865) « activité de reporter » et, par métonymie, « document élaboré par le reporter » (1883), le premier enregistré par Littré dans son Supplément en 1877. L'anglais a reporting à propos du métier de reporter ou du genre journalistique ou littéraire que représente le reportage ; d'autre part, il utilise report ou article pour désigner l'article écrit par un reporter. Le français n'a pas de verbe pour décrire cette activité : on dit faire un reportage. Le mot s'applique aussi aux témoignages photographique, cinématographique ou de télévision.
■  Les composés PHOTOREPORTER n. m., RADIOREPORTER n. m. (1930), d'où RADIOREPORTAGE n. m. (1930, Höfler) et TÉLÉREPORTER n. m. (v. 1968), à côté de TÉLÉREPORTAGE n. m. (1953), plus rares, désignent spécifiquement différents types de reporters.
La langue de l'économie connaît un nouvel anglicisme de la même famille, REPORTING n. m. « établissement ou publication d'états financiers », emprunt à une valeur spéciale du mot anglais, qui correspond à « rapport » (en français, l'expression rapport financier conviendrait).
1 REPOSER v. tr. et pron., modification graphique d'après pose (v. 1050) de repauser (v. 980), vient, comme l'italien riposare, du bas latin repausare « calmer, apaiser », « se délasser » (IVe s.), de re- à valeur intensive (→ re-), et de pausare « cesser, s'arrêter » (→ poser), lui-même du latin classique pausa « arrêt, cessation » (→ pause).
❏  Dès les premiers textes, le verbe s'emploie à la forme pronominale se reposer avec le sens de « cesser de travailler, d'agir, d'être en mouvement pour faire disparaître la fatigue », toujours usuel et dominant. L'emploi intransitif pour « être dans un état de délassement » (v. 1050) est aujourd'hui plus littéraire et l'emploi transitif a le sens plus restrictif de « mettre (le corps, une partie du corps) en état de délassement » (v. 1112). L'extension de la forme pronominale à « se calmer, s'apaiser » est plus tardive (déb. XVIIe s.).
■  Reposer s'emploie intransitivement avec la valeur spéciale de « se trouver en tel ou tel endroit après la mort » (v. 1150), euphémisme à connotation religieuse (d'abord appliqué aux reliques d'un saint), en particulier dans la formule d'inscription funéraire ici repose X (1690).
■  Reposer, suivi d'un complément prépositionnnel de lieu (dans, sur, sous, etc.), exprime par ailleurs l'idée d'« être posé, placé à demeure, soutenu par », en parlant d'une chose (XVe s.), sens à partir duquel se dégage bientôt le figuré, « être établi sur » (v. 1460). Un emploi liturgique, à propos du saint sacrement (1694) correspond à reposoir.
■  Le verbe transitif diversifie ses constructions, s'employant avec un sujet désignant une chose au sens de « procurer une détente à (qqn, ses yeux, son esprit) » (fin XVe s.).
■  Au XVe s., se reposer sur, suivi d'un nom de personne, prend le sens psychologique de « compter sur, s'en remettre à » (v. 1460), également dans s'en reposer sur qqn (1580). ◆  Cette idée a infléchi la signification de la locution figurée se reposer sur ses lauriers en lui faisant prendre sa valeur restrictive actuelle (v. 1850) alors qu'une variante plus ancienne, se reposer à l'ombre de ses lauriers, signifiait simplement « goûter un repos mérité » (XVIIIe s., Saint-Simon).
■  Faire reposer correspond à l'idée de « laisser immobile (un liquide) afin qu'il se clarifie » (1570), à « laisser (une terre) en jachère » (1564) puis, en cuisine, à « laisser (la pâte) un moment avant de la cuire » (enregistré dans les dictionnaires depuis 1964). Reposer ses yeux, sa vue sur... se dit pour « arrêter avec complaisance (sa vue) sur un objet » (av. 1580), emploi qui réactive le lien étymologique poser / reposer.
❏  REPOS n. m., déverbal de reposer (1080), signifie dès l'origine « cessation d'activité, de travail » et concerne spécialement l'absence de troubles sociaux, politiques, d'agitation, de guerre, emploi qui a vieilli.
■  Dès le XIIe s., il sert de désignation euphémistique à l'état qui suit la mort (v. 1112), souvent dans l'expression repos éternel (1564). Dans un style plus littéraire, il correspond à « absence de trouble, d'inquiétude, tranquillité d'esprit » (v. 1155).
■  Son emploi métonymique pour désigner un lieu de repos (XIIe s.) a vieilli après le XVIIe s., puis disparu.
■  Le sens neutre de « cessation de mouvement » (v. 1175), sans valeur de délassement, est surtout réalisé dans des locutions, en repos et au repos (v. 1175), appliquées aux choses et aux êtres vivants. ◆  Du XVIe au XVIIIe s. se développent une série de sens spécialisés : le mot désigne un petit palier interrompant une suite de marches (1534), en peinture la partie d'un tableau dans laquelle les détails sont plus rares, les lumières moins vives et les couleurs moins éclatantes (1677), en architecture la partie d'un édifice sans ornements, présentant une surface unie (1765). ◆  Avec un autre sémantisme, repos s'applique en serrurerie à un épaulement sur une pièce, et sur lequel vient s'appuyer (« reposer ») une autre pièce (1704). ◆  En rhétorique, repos est synonyme de pause (1690) et, à l'époque classique, désigne la césure, la coupe dans un vers (1669). Ce sens trouve son équivalent en musique (1688).
■  Appliqué aux personnes, le mot désigne dès le XVIIe s. un congé accordé en dehors des congés habituels (1690), cette valeur se développant avec le droit du travail (XIXe-XXe s.), donnant lieu à des emplois comme repos des femmes allaitant leurs enfants, repos hebdomadaire (1949), etc.
■  Le sens neutre d'« absence de mouvement », spécialisé en physique (1647), a donné naissance en mécanique à des expressions comme repos absolu, repos relatif (1870), échappement à repos (1964).
■  Depuis le XIXe s., le mot sert de commandement militaire, en emploi interjectif (1812), succédant à des commandements comme garde à vous ! ou portez armes ! ◆  Il s'emploie aussi en biologie pour l'absence de circulation de la sève dans certains végétaux pendant l'hiver des régions tempérées.
■  Au sens psychologique ancien de « tranquillité d'esprit », la locution de tout repos (1867) s'emploie surtout négativement par euphémisme (ce n'est pas de tout repos « c'est très fatiguant », mil. XXe s.).
REPOSÉ, ÉE, le participe passé de reposer, fournit un adjectif (v. 1138) qualifiant la personne qui a pris du repos et, par métonymie, un visage qui ne porte plus de trace de fatigue (1671). Il s'est spécialisé à propos d'un vin débarrassé de ses impuretés par décantation (1694). ◆  La locution à tête reposée (mil. XVIIIe s., Saint-Simon) correspond à l'idée de calme mental, de tranquillité.
■  Son féminin REPOSÉE a été substantivé (v. 1170) au sens de « repos, halte » puis s'est spécialisé en vénerie pour le lieu où un cervidé se repose (v. 1354). Il s'employait encore à l'époque classique dans la locution à reposées (XIIIe s. ; v. 1150, à une reposée) « tout à son aise ».
■  REPOSANT, ANTE, participe présent de reposer, a lui aussi été adjectivé, d'abord dans la locution jor reposant « jour sur son déclin » sortie d'usage. ◆  L'adjectif est repris à la fin du XIXe s. pour qualifier ce qui procure un délassement du corps et une tranquillité de l'esprit (1877), ce qui atténue la fatigue, repose l'esprit (1935).
■  Le déverbal REPOSE n. f., d'abord repouse (v. 1380) puis repose (1611) « halte, repos », spécialisé en musique classique, est sorti d'usage.
REPOSOIR n. m., réfection (1549) de reposouer (fin XIVe s.), commence par désigner de manière générale un endroit où l'on se repose, prenant ensuite une valeur figurée (av. 1654). ◆  Ce sens a disparu au profit de la spécialisation religieuse, « autel aménagé sur le parcours d'une procession pour y exposer le saint sacrement » (1660). ◆  Le mot a pris par ailleurs le sens technique de « cuve dans laquelle repose la teinture » (1752). On a essayé de nommer ainsi un édicule construit au bord d'une route pour le repos des voyageurs (1875), mais sans succès.
Quelques noms d'objets conçus pour le confort ont été formés avec l'élément verbal repose- : REPOSE-PIED ou REPOSE-PIEDS n. m. (1886), REPOSE-TÊTE n. m. (1965) et REPOSE-BRAS n. m. (1974), en concurrence avec appuie-tête, appuie-bras.
2 REPOSER → POSER
REPOUSSER → POUSSER
RÉPRÉHENSION n. f. est emprunté (v. 1190) au latin reprehensio, -onis « reprise de ce qui est omis », d'où « blâme, critique », et par métonymie « objet de blâme ». Ce nom est dérivé de reprehensum, supin de reprehendere « saisir, retenir » et au figuré « empêcher » (→ reprendre).
❏  Le mot est d'abord attesté dans sans répréhension « sans hésitation » puis « sans obstacle » (v. 1450), locution sortie d'usage avant le XVIe siècle. ◆  La valeur de « blâme, réprimande » (1380) a vieilli après le XVIIe s. sans s'éteindre tout à fait.
❏  Le dérivé RÉPRÉHENSIF, IVE adj. « qui réprimande » (XVe s.) est lui aussi archaïque ou rare.
■  RÉPRÉHENSIBLE adj. est emprunté (1314) au dérivé bas latin reprehensibilis « digne de blâme, de critique ». Il est resté vivant avec le sens de « coupable, blâmable ». Il a eu en moyen français la valeur passive de « blâmé, puni » (1493), sortie d'usage.
■  Le dérivé RÉPRÉHENSIBLEMENT adv. (1495) est rare.
L + REPRENDRE v. est issu (v. 1119) du latin reprendere, variante contractée de reprehendere, proprement « empêcher d'avancer », au figuré « blâmer, gourmander, critiquer ». Le mot est formé de re- (→ re-) à valeur intensive, et de prehendere, prendere « saisir », au propre et au figuré (→ prendre).
❏  Le développement sémantique, sur plusieurs siècles, a suivi celui de prendre, dont reprendre devient rapidement le dérivé préfixé. Avec une valeur itérative, reprendre signifie « prendre de nouveau » (qqn) [1140], puis (qqch.) [déb. XIIe s.] ; de ce sens procèdent plusieurs emplois spéciaux, comme reprendre un prisonnier (1538), reprendre une pièce de théâtre (av. 1778), reprendre la mer (1893). Du sens psychologique, réalisé par reprendre qqn à qqch. « le surprendre à nouveau » (vieilli), procède la locution on ne m'y reprendra plus, que je ne nous y reprenne plus (1835), toujours en usage, et qui correspond à un emploi de prendre.
■  Dès le XIIe s., le verbe signifie « continuer d'accomplir (ce qui a été momentanément interrompu) » (v. 1155), spécialement dans le domaine juridique, avec reprendre un procès (1538), reprendre une instance (1690), dans l'expression reprendre son chemin, la route (1817) et, au figuré, dans les locutions reprendre son cours (1875) et reprendre en main (XXe s.), d'après prendre en main.
■  L'idée de « rétablir dans son état habituel, faire revenir à soi » (v. 1185) est réalisée dans les locutions reprendre le dessus, reprendre son haleine (v. 1200), reprendre haleine (fin XVIe s.), reprendre ses esprits, reprendre du poil* de la bête.
■  Le sens figuré de « blâmer, réprimander (qqn) » (v. 1119) est probablement un nouvel emprunt au mot latin (→ répréhensible, répréhensif, répréhension).
■  L'influence de prendre se fait sentir dans le sens de « rendre (ce que l'on avait pris) » (1538), spécialement en termes de commerce, sens à partir duquel le mot acquiert le sens de « racheter à un client (un objet usagé) » (1773). ◆  L'idée de « prendre ce qui a été donné » s'est répandue dans l'usage courant avec un complément désignant une chose concrète (1640) ou abstraite, dans des expressions comme reprendre sa parole (1643), familièrement et par métaphore reprendre ses billes (XXe s.).
■  Au XVIIe s., reprendre a développé le sens de « regagner » (1649, Corneille) qui a eu cours en langue classique, celui de « prendre (la parole) après un silence, une interruption » (1623, souvent en incise, reprit-il, reprit-elle), et ceux de « remonter à un temps plus éloigné » (1679), de « redire, répéter » (1690), dont procède l'emploi au théâtre (XXe s.), et aussi pour « apporter des transformations à (qqch.) » (1690).
Dès le XIIe s., reprendre est employé intransitivement avec le sens de « redonner des signes de croissance, de vitalité » (v. 1175), dont procèdent des emplois spéciaux dans le domaine économique (1870), liés au dérivé reprise.
■  Le sens de « recommencer, avoir lieu de nouveau » est attesté dès l'ancien français (v. 1200). Ultérieurement, le verbe s'est spécialisé dans le domaine de la santé et de la physiologie en parlant d'une greffe, des bords d'une plaie qui se ressoudent (1798), après un emploi de la forme pronominale se reprendre au même sens (1538), qui sorti d'usage. Reprendre se dit en particulier d'un feu qui se ranime (XXe s.) et d'un moteur, d'un véhicule qui fournit rapidement la puissance sollicitée par l'accélérateur (v. 1950).
La forme pronominale se reprendre (XIIIe s.), employée en ancien français au sens de « se cacher », exprime depuis le XVIe s. (1559) l'idée de « corriger, rectifier ce que l'on a dit ». Au XIXe s., elle prend le sens de « recommencer à », construite avec une préposition régissant l'infinitif (av. 1854), notamment avec l'idée accessoire de « tenter » dans la locution se reprendre à plusieurs fois (1862). Elle a également l'acception de « se ressaisir, redevenir maître de soi » (1835).
❏  Les dérivés sont peu nombreux mais usuels.
■  REPRISE, le participe passé féminin, a été substantivé pour servir de substantif d'action au verbe (v. 1213) dans la quasi-totalité de ses sens. Dès les premiers textes, où il désigne le fait de reprendre les armes, ce nom exprime l'action de prendre, de s'emparer de nouveau, généralisé en moyen français (déb. XIVe s.), sens dont procèdent des emplois spéciaux en droit, en agriculture (1845).
■  Par métonymie, reprise s'applique dès le XIIIe s. à chacun des coups disputés au jeu au cours d'une partie, d'où son emploi au billard (XXe s.). ◆  Il désigne l'action de se remettre à qqch., de recommencer (v. 1307), spécialement en parlant d'une pièce de théâtre (1738), des affaires (1875), et l'action de continuer ce qui a été interrompu (v. 1307), entrant dans les locutions à plusieurs reprises (1559), à diverses reprises (1636), et s'employant spécialement en droit à propos d'un procès (1690). Au XVIIe s., le mot se spécialise dans les domaines de la musique (1690), de la poésie et de la chanson (1690) pour « partie d'œuvre que l'on répète », en équitation à propos de chaque leçon donnée au cavalier ou au cheval (1680) et, de là, à l'ensemble des figures exécutées par un ou plusieurs cavaliers selon un tracé déterminé (1694) puis, par métonymie, à l'ensemble des cavaliers travaillant en même temps dans le même manège (1835). Le même sens est spécialisé au XXe s. en boxe (1932), en sports, au cirque, pour « arrêt et recommencement ». ◆  D'après reprendre « réparer », reprise reçoit le sens concret de « réparation » (1611), de nos jours limité à un travail de couture (1762), avec un dérivé verbal spécifique (ci-dessous repriser). Le sens d'« action de réparer » se spécialise en bâtiment (1755) et demeure rare en emploi général (1835). ◆  Au sens de reprendre « récupérer », reprises matrimoniales (1694) s'est dit en droit des biens personnels que chaque époux a le droit de prélever avant partage sur les biens de la communauté, lorsqu'elle est dissoute. Dans le cadre de la théorie anarchiste, reprise désigne le droit de chacun de s'emparer de ce qu'il estime être son dû (av. 1935). Il a développé des acceptions spéciales en droit dans le cadre d'un contrat de location, pour « somme versée pour obtenir le contrat et censée correspondre au fait de reprendre du mobilier, de l'équipement » (1935). Reprise, en relation avec repreneur, s'applique en économie au rachat d'une entreprise par un nouveau financement.
■  La valeur intransitive de reprendre « redonner des signes de croissance, d'activité » est spécialement réalisée à propos de l'accélération rapide de la vitesse de rotation d'un moteur en vue d'obtenir un accroissement de puissance en un temps très bref (1906), et, en économie, pour désigner la fin d'une période de crise, de récession (XXe s.).
Dans sa spécialisation en couture, reprise a produit REPRISER v. tr. (1835), également en emploi absolu (XXe s.), lequel a donné REPRISEUR, EUSE n. et adj. (1846), terme désignant un ouvrier, une ouvrière spécialisé(e) dans le raccommodage, qualifiant ce qui reprise (1957), ainsi que REPRISAGE n. m. (1868).
Le participe passé masculin repris a lui aussi été substantivé, en droit dans l'expression repris de justice (1835) qui existait antérieurement comme adjectif (1549) et qui forme un mot composé.
Reprendre a produit aussi REPRENEUR, EUSE n. pour un homme, une femme d'affaires spécialisé(e) dans le rachat d'entreprises en difficulté (v. 1980). Comme adjectif, on trouve repreneur, euse avec des noms d'entreprises, de sociétés.
❏ voir RÉPRÉHENSION.
REPRÉSAILLES n. f. pl., réfection (1443) de reprisailles (1401), est emprunté au latin médiéval represalia « dommages infligés à titre de réciprocité, de punition », lui-même probablement calqué sur l'italien ripresaglia ou rappresaglia de même sens (XIVe s.). Celui-ci, qui désigne proprement l'action de reprendre ce qui a été pris, est dérivé de riprendere, du latin reprehendere, reprendere (→ reprendre).
❏  Le mot désigne une mesure de violence illicite que prend un État pour répondre à un acte également illicite commis à son égard par un autre État. Par extension, et d'abord dans la locution lettre de représailles (1611) à propos d'une lettre du roi autorisant un particulier lésé à tirer seul et directement vengeance du tort qui lui a été causé (emploi disparu avec l'état du droit autorisant cette pratique), représailles s'est étendu à toute action individuelle de riposte à un mauvais procédé (1654), la locution user de représailles (1718) ayant vieilli. L'usage du singulier représaille (1564) semble disparaître dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
1 REPRÉSENTER v. tr. est emprunté (v. 1175) au latin repraesentare « faire apparaître, rendre présent devant les yeux, reproduire par la parole », « répéter », « rendre effectif », « payer sans délai ou comptant », puis « amener devant qqn » (VIe s.), « livrer à la justice » (VIIIe s.) et « remplacer qqn » (Ve s.). Le verbe latin est formé de re- à valeur intensive, et praesentare (→ présenter).
❏  Le sens premier est « faire apparaître d'une manière concrète ou symbolique l'image d'une chose abstraite ». Parmi les nombreuses extensions, celle de « rendre présent à la mémoire le souvenir de (qqn, qqch.) » (v. 1175) est sortie d'usage après le XVIIe siècle. Le verbe s'est bientôt employé pour « rendre présent par le jeu théâtral » (fin XIIe s.), et plus spécialement « incarner (un personnage) » (av. 1553). Il se réfère également à l'expression de la réalité visible par les arts plastiques (v. 1278). ◆  Autrefois employé au sens de « faire valoir, exposer par la parole » (v. 1278), il est resté plus longtemps en usage pour « faire observer, remontrer avec égard » (1611), emploi devenu archaïque (Cf. ci-dessous représentations « remontrances »).
■  Les sens affaiblis de « ressembler à, évoquer » (1678) et de « donner la sensation de » (fin XVIIe s.) sont sortis d'usage, alors que les acceptions voisines, « donner une impression d'importance, en imposer » (1694) et « être la réplique plus ou moins fidèle de » (1708) sont toujours vivantes.
■  Du sens initial procède celui de « tenir la place de (un absent) », d'abord dans un contexte juridique et administratif, pour « être mandaté officiellement ou légalement pour exercer les droits et défendre les intérêts d'un groupe ou d'un pays » (1283), puis en emploi général (1530) et, ultérieurement, d'après représentant, pour « être le représentant de » (1899).
Le sens de « présenter de nouveau », activant la valeur itérative du préfixe re-*, correspond à un homonyme 2 REPRÉSENTER, itératif de présenter*, et, pour se représenter (v. 1360) [à un examen, etc.], de se présenter.
❏  REPRÉSENTABLE adj., formé au XIIIe s. au sens actif de « qui représente, symbolise », sorti d'usage, a été repris au XVIIIe s. avec la valeur actuelle (1754).
■  REPRÉSENTATIF, IVE adj. et n., dérivé savant de représenter (fin XIVe s.), peut-être d'après le latin médiéval representativus, terme de philosophie (v. 1270), qualifie ce qui représente convenablement un ensemble. Au XVIIe s., il a été étendu à ce qui représente un objet, en est l'image, en philosophie (1644, Descartes), puis en psychologie.
■  Au XVIIIe s., le mot est passé dans le langage des institutions en emploi adjectif (d'abord en diplomatie, 1718) et substantif (av. 1825), et en relation avec représentant, représentation, à propos d'une forme de gouvernement selon laquelle la nation délègue à un parlement l'exercice du pouvoir législatif. Il a enrichi la terminologie de corps représentatif (1764), gouvernement représentatif (1789) et système représentatif (1791) avant et pendant la Révolution.
■  Le sens de « qui est le modèle, le type d'une catégorie de personnes » (av. 1924), répandu avec les progrès de la sociologie et des sondages, est devenu usuel.
■  De représentatif ont été dérivés REPRÉSENTATIVEMENT adv. (v. 1330) et ultérieurement REPRÉSENTATIVITÉ n. f. (1961), employé en statistique et en psychologie sociale (1968).
■  Représentatif fournit lui-même la base de composés dans le vocabulaire des institutions (semi-représentatif, ultra-représentatif).
■  REPRÉSENTANT, ANTE, participe présent de représenter, a été adjectivé (XVe s.) avec le sens psychologique de « qui a de la prestance, en impose » sans réussir à s'imposer durablement. Cette acception a disparu.
■  Il a été refait comme nom pour désigner en droit la personne qui agit à la place d'une autre (1508), puis celle qu'une personne morale, une société choisit pour agir en son nom (1680). Son emploi pour désigner le comédien, l'acteur qui représente un personnage à la scène (1616), est sorti d'usage.
■  Depuis le XVIIIe s., il se dit en politique du citoyen nommé par élection à une assemblée législative (1748) d'où représentant de la nation (1755, Turgot), représentant du peuple (1762), ces valeurs se répandant avec les institutions révolutionnaires.
■  Buffon a tenté d'imposer le mot dans la terminologie des sciences naturelles pour désigner une espèce analogue à d'autres (1778), emploi qui anticipe sur le concept moderne de « chose, individu, animal pris comme type, comme modèle d'une classe, d'une catégorie » (déb. XIXe s.).
■  Au XIXe s., représentant se spécialise en commerce, désignant celui qui recueille des affaires pour une maison de commerce (1875), spécialement dans représentant de commerce. Au XXe s., le mot s'emploie aussi en diplomatie pour la personne chargée de représenter un État, un gouvernement auprès d'un autre. Il acquiert également des spécialisations en mathématiques, en grammaire et en psychanalyse.
■  REPRÉSENTÉ, ÉE, le participe passé, a été substantivé dans la langue juridique (1804) pour désigner l'héritier décédé à la place de qui se présente un autre héritier (appelé représentant).
REPRÉSENTATION n. f. est emprunté (v. 1250) au dérivé latin repraesentatio, -onis « action de mettre sous les yeux », et à basse époque « paiement en argent comptant ».
■  Le mot a évincé les dérivés français representement (v. 1190), representance (XIIIe s.) et representage (1465), tout en suivant le développement sémantique de représenter.
■  Représentation, désignant d'abord le fait de mettre devant, de placer sous les yeux (une lettre, des pièces justificatives), est mal distingué de présentation, mais s'emploie encore en droit à propos de la production d'un acte pouvant servir de titre ou de preuve (depuis 1393) ; le mot assume aussi la fonction d'itératif de présentation « nouvelle présentation » en ce sens (1530).
Représentation est devenu en moyen français le substantif d'action de représenter, désignant l'action de rendre présent ou sensible qqch. à l'esprit, à la mémoire, au moyen d'une image, d'une figure, d'un signe et, par métonymie, ce signe, image, symbole ou allégorie (v. 1370). Il s'est spécialisé en parlant de l'acte artistique consistant à reproduire le réel observable par le dessin, la peinture, la sculpture (v. 1370), puis aussi par la photographie. En moyen français, il s'est appliqué à l'effigie de cire peinte représentant le défunt dans les obsèques princières (XIVe s.) et, ultérieurement, au faux cercueil recouvert d'un drap dans les cérémonies funèbres (1660).
■  Il s'emploie couramment pour l'action de donner un spectacle en public (1538), désignant par métonymie ce spectacle. Cet emploi souligne le caractère de signe par rapport à une virtualité, qui est l'œuvre. Au XVIIe s., il est passé dans la terminologie philosophique pour désigner l'image fournie à l'entendement par les sens ou la mémoire (av. 1654).
■  À l'époque classique, le mot désigne l'action de tenir son rang, les relations d'apparat (fin XVIIe s.), sens auquel se rattache celui de « train de vie auquel certaines personnes sont tenues du fait de leurs fonctions », et dont procèdent frais de représentation et la locution être en représentation (1890), influencée par l'emploi du mot au théâtre.
■  L'ancien sens de « remontrances faites avec égard », qui correspond à un emploi archaïque du verbe (ci-dessus), est réalisé par le pluriel représentations (1718), et survit dans le langage diplomatique, appliqué aux protestations adressées par un gouvernement à un autre.
■  Au XXe s., apparaissent de nouvelles spécialisations scientifiques au sens de « signe qui représente » : en mathématiques, pour la mise en correspondance des éléments de deux ensembles (1932, dans représentation conforme) ; en statistique (1964, représentation statistique) et en psychanalyse ainsi qu'en informatique. ◆  Depuis le moyen français, le mot suit le sémantisme de représenter en désignant l'action de tenir la place de qqn, d'abord par métonymie l'ensemble des personnes et des services qui représentent d'autres individus, d'autres services (v. 1360). Il s'est spécialisé en droit pour une théorie selon laquelle le représentant accomplit un acte au nom et pour le compte du représenté (v. 1398), et selon laquelle les héritiers du défunt viennent à sa succession, non de leur chef, mais à la place d'un de leurs ascendants prédécédé (v. 1398).
■  Rarement usité avec une portée générale, sinon dans l'usage classique (1611, jusqu'au XVIIIe s.), le mot est repris en diplomatie (v. 1360), puis en politique pour l'exercice du pouvoir législatif par des assemblées élues (1772), d'où représentation proportionnelle (1910). Il dépend alors de représentant dans ce sens.
■  Il désigne aussi en commerce la profession de représentant (1893) et, en droit, la charge imposée par la loi à certaines personnes d'agir en justice au profit d'une autre (1936).
SOUS-REPRÉSENTÉ, ÉE adj. et SOUS-REPRÉSENTATION n. f. (1966) s'emploient pour « insuffisamment représenté », « représentation insuffisante », avec l'idée de proportionnalité non respectée. ◆  SUR-REPRÉSENTÉ, ÉE adj. et SUR-REPRÉSENTATION n. f. transmettent aussi l'idée de représentation inexacte, mais par excès.
RÉPRESSION n. f. est soit emprunté (1372) au latin médiéval repressio, -onis, de repressum, soit formé savamment en français, d'après oppression, suppression, sur le radical du latin repressum, supin de reprimere « contenir, empêcher » (→ réprimer).
❏  Le mot, employé par Oresme pour exprimer le fait de contenir un sentiment trop violent, par exemple la colère, est attesté une seconde fois au XVe s. (1482) ; il semble s'être normalement employé aux XVIe et XVIIe s. avant de tomber en désuétude. ◆  Il est de nouveau attesté en 1802, mais pourrait être un peu antérieur, si l'on en juge par répressif (1795), et il sert alors de nom d'action à réprimer dans son sens usuel et second, et concerne la plupart du temps une mesure punitive et non préventive. Il se spécialise à l'époque des grands mouvements sociaux du XIXe s. pour désigner le fait d'arrêter par la violence un mouvement collectif, s'employant aussi à propos d'opérations militaires de maintien de l'ordre (unités de répression, XXe s.).
■  Avec sa valeur initiale, il a été repris en psychologie pour « rejet conscient d'un désir réprouvé par la morale » (1867) et en psychanalyse pour « mécanisme de défense conscient excluant du champ de la conscience des contenus désagréables » (XXe s.), distinct de refoulement.
❏  Il a servi à former RÉPRESSEUR adj. m. et n. m. (1840) « qui réprime », toujours employé au masculin, substantivé en sciences en parlant d'un organisme cellulaire qui bloque la fabrication des enzymes quand ceux-ci ne sont pas nécessaires (1968 dans les dictionnaires généraux), et, en génétique, d'après l'anglais repressor, une protéine qui se fixe en amont de gènes, sur un site dit « opérateur », et inhibe leur transcription ; elle empêche la transcription de l'A. D. N. ou A. R. N. ou bien la synthèse de protéines.
■  Sur le modèle de bataillonnaire, on a formé RÉPRESSIONNAIRE n. (XXe s.), peu usité pour une personne faisant partie d'une unité « de répression ».
Étant donné que répression semble inusité à cette époque, il se peut que RÉPRESSIBLE adj. (1793) soit directement dérivé du latin repressum. D'abord employé pour qualifier ce qui sert à réprimer, il a pris le sens passif de « qui peut être réprimé » (1845), didactique et rare comme son synonyme réprimable.
■  Le préfixé IRRÉPRESSIBLE adj. (1845) est plus courant que son antonyme et qualifie ce qui ne peut être réprimé. ◆  En est dérivé IRRÉPRESSIBLEMENT adv. (1907), d'usage littéraire et rare.
■  RÉPRESSIF, IVE adj. (v. 1328) est dérivé du latin médiéval repressivus (formé à partir de repressum) dans sa spécialisation médicale « qui fait disparaître, qui résorbe », sortie d'usage. ◆  Sa reprise s'est faite d'après oppressif et pour doter réprimer au sens second et usuel d'un adjectif (1795, dans un cadre juridique), en relation avec le mot répression.
RÉPRIMANDE n. f., d'abord reprimende (1549) puis réprimande (1588, Montaigne) d'après mander*, est emprunté au latin reprimenda (culpa) « faute qui doit être réprimée, punie », de culpa « faute » (→ coulpe) et reprimenda, adjectif verbal féminin de reprimere (→ réprimer).
❏  Le mot désigne la remontrance que l'on fait à une personne sur laquelle on a autorité pour la rappeler à l'ordre. Le sens d'« action de réfréner » (1552), correspondant aux premiers emplois de réprimer*, est sorti d'usage. Au début du XIXe s., réprimande est passé dans le langage juridique (administration, travail) pour désigner une peine disciplinaire purement morale (4 avril 1802, Bulletin des lois). En droit pénal, le mot désigne le blâme infligé par le juge de police à un mineur ayant commis une contravention (1936) et, dans le règlement militaire, une punition disciplinaire non restrictive de liberté qu'un chef de corps peut infliger à un officier ou sous-officier (1966).
❏  Le dérivé RÉPRIMANDER v. tr., d'abord écrit resprimander (1535) avant réprimander (1636), signifie « faire une réprimande à (qqn) » et, avec les mêmes acceptions spéciales que le nom, « infliger une réprimande ».
■  Il a pour dérivé RÉPRIMANDABLE adj. (1836), rare.
RÉPRIMER v. tr. est emprunté (fin XIIIe s.) au latin reprimere « faire reculer, réfréner, refouler », de re- (→ re-) marquant le mouvement en arrière, et premere « presser » au propre et au figuré (→ presser).
❏  Le verbe, attesté une première fois pour « contenir (ce qui est excessif) » a été réintroduit par les médecins (1314) avec le sens de « diminuer (la sensibilité) ». Cet emploi a disparu, et réprimer est passé dans l'usage courant dès le milieu du XIVe s., pour « faire en sorte de refouler (la manifestation d'une tendance, d'une chose condamnable) » et « empêcher (les fauteurs de troubles) d'agir, par la contrainte » (v. 1355), emploi en rapport avec répression et répressif, en français actuel, où le verbe, avec des connotations de violences policières, est moins courant que répression.
■  La spécialisation médicale moderne pour « arrêter l'action, le progrès de » apparaît au XVIe s. (v. 1560). ◆  Du XVIe au XVIIIe s., le mot s'employait également avec un complément d'objet désignant une personne ; cet emploi disparu est encore enregistré par les dictionnaires du XIXe siècle.
❏  RÉPRIMABLE adj. (fin XIVe s.) est rare, tout autant que son synonyme savant répressible (→ répression).
■  RÉPRIMANT, ANTE, le participe présent de réprimer, s'est employé substantivement en médecine pour désigner un remède qui arrête la maladie (1645) ; cet emploi a disparu. Le mot a été adjectivé (1748) pour qualifier une personne qui réprime.
❏ voir RÉPRESSION, RÉPRIMANDE.
REPRINT n. m. est un anglicisme apparu au début des années 1960, le mot anglais venant du verbe to print « imprimer », avec le préfixe re-. De sens spécialisé par rapport à réimpression, il s'applique aux ouvrages imprimés reproduits sans composition, par photographie, reproduction anastatique, etc.
REPRISE, REPRISER → REPRENDRE
RÉPROBATION n. f. est emprunté (1496) au bas latin ecclésiastique reprobatio, -onis « action de désapprouver moralement », nom d'action tiré du supin (reprobatum) de reprobare « condamner moralement » (→ réprouver).
❏  Le mot sert de nom d'action à réprouver* : d'abord employé dans le langage religieux, il désigne l'acte par lequel Dieu exclut un pécheur du bonheur éternel. Ce n'est que fin XVIIIe s. que le mot s'est répandu dans l'usage courant pour « blâme par lequel une personne condamne sévèrement les actes, la conduite d'une autre personne » (1793), par affaiblissement « désapprobation sévère » (1810).
❏  RÉPROBATEUR, TRICE adj. est l'emprunt tardif (1788), d'après réprobation, du latin reprobator, nom d'agent tiré du supin de reprobare. Il sert à qualifier ce qui témoigne d'une condamnation sévère, puis (XIXe s.) d'une simple désapprobation. Il s'applique aussi aux personnes.
L REPROCHER v. tr., réfection (XVe s.) de reprochier (v. 1132), remonte à un latin populaire °repropriare signifiant proprement « mettre sous les yeux, rapprocher » et qui a dû s'employer au figuré pour « blâmer, faire grief de ». Ce verbe est formé du latin classique re-* marquant l'intensité (→ re-), et de prope « près, auprès de », sur le modèle du bas latin attesté appropriare (→ approcher). Il est seulement gallo-roman et correspond à l'ancien provençal repropchar ; l'espagnol reprochar est repris au français.
❏  Le verbe signifie « rappeler avec aigreur, faire grief de qqch. » et, avec une nuance différente, « blâmer (qqn) en le rendant responsable d'une faute, d'une chose fâcheuse » (v. 1175). La construction avec de et l'infinitif (reprocher d'avoir fait) a éliminé la construction classique avec que (1640) ou de ce que (av. 1662) qui régissait l'indicatif : reprocher à qqn qu'il a ou de ce qu'il a (fait telle chose).
■  Le sens de « récuser en alléguant des raisons » (1339) a disparu, mais survit dans le langage juridique pour « demander que l'on écarte un témoin en invoquant une cause précise » (1538). La locution familière de sens figuré reprocher la nourriture à qqn « faire sentir à qqn qu'il mange trop » est enregistrée depuis 1718 (Académie).
■  La forme pronominale se reprocher (1686) s'emploie d'abord au sens réfléchi pour « se faire des reproches à soi-même », puis réciproque.
Avec un sujet désignant un aliment, comme transitif indirect construit avec à, reprocher s'emploie dans plusieurs régions de France pour « causer des aigreurs d'estomac » (« les escargots [...] maintenant ils me reprochent », écrivait Pagnol). Cet emploi familier est attesté au XIXe siècle un peu partout en France et en Belgique (Bretagne, Lorraine, Centre, Sud-Est...) ce qui semble indiquer un emploi ancien et général, peu à peu écarté du français standard.
❏  REPROCHE n. m., déverbal de reprocher (v. 1160), est d'abord attesté sous la forme reproce (v. 1080). Le mot est parfois considéré comme féminin (v. 1160) jusqu'au milieu du XVIIe s. ; ce féminin est encore chez Corneille. ◆  Reproche désigne ce que l'on dit à qqn pour lui manifester son mécontentement, spécialement dans la locution sans reproche loc. adj. ou adv. qui a deux valeurs, l'une passive (1527) « à qui on ne peut faire de critiques » (Bayard est appelé le Chevalier sans peur et sans reproche), l'autre active, « sans prétendre reprocher quoi que ce soit » (1594). Le sens métonymique de « motif de blâme » (v. 1160) a disparu au XVIIe siècle. Le pluriel reproches a pris en droit, d'après le sens spécial du verbe, le sens de « raisons que l'on produit pour récuser des témoins » (1549).
■  REPROCHABLE adj. a perdu le sens général de « qui mérite des reproches » (v. 1200), encore usuel à l'époque classique, et ne survit guère qu'au sens juridique de « récusable » (1636).
■  Il en va autrement du dérivé et antonyme IRRÉPROCHABLE adj. (1565), antérieurement inreprochable (v. 1460), répandu dans l'usage courant pour qualifier une personne ou une chose à laquelle on ne peut faire aucun grief ; d'où une chose parfaite dans son genre, avec un développement comparable à celui d'impeccable. ◆  Le mot a pris la spécialisation juridique d'« irrécusable » (av. 1622). ◆  Il a pour dérivés : IRRÉPROCHABLEMENT adv. (1613, Nostradamus) et IRRÉPROCHABILITÉ n. f. (1791), plus rare.
REPRODUIRE, REPRODUCTION, etc. → PRODUIRE
REPROGRAPHIE n. f. est emprunté (1963) à l'allemand (1953), langue où ce mot-valise est formé sur Reproduktion et Photographie (→ reproduction ; photographie), pour désigner l'ensemble des techniques servant à reproduire les documents écrits (photocopie, xérographie, duplication...).
❏  Les dérivés REPROGRAPHIQUE adj., REPROGRAPHIER v. tr. sont attestés entre 1969 et les années 1970.
RÉPROUVER v. tr., d'abord repruver (1080) puis reprover (v. 1120), reprouver (v. 1278), écrit depuis le XVIIIe s. avec un accent, réprouver (1721), d'après la prononciation latine, est issu du latin ecclésiastique reprobare « rejeter, condamner », formé de re- (→ re-) exprimant le mouvement en arrière, au figuré la mise à l'écart, et de probare « éprouver, approuver » (→ prouver).
❏  Le verbe a eu en ancien français le sens de « reprocher (qqch.) à qqn ». ◆  Il s'est fixé avec le sens fort de « rejeter en condamnant sévèrement, écarter avec indignation, critiquer vigoureusement » (v. 1120), perdant les valeurs voisines de « réfuter », « récuser » (v. 1370) et la valeur affaiblie de « regretter » en emploi absolu (XVe s., Charles d'Orléans). Il se spécialise dans la langue religieuse, le sujet désignant Dieu, pour « condamner (un pécheur) », surtout à la voix passive (v. 1278). L'usage de la forme pronominale se réprouver au sens de « se garder de » (XVIe s.) a été rapidement abandonné.
❏  RÉPROUVÉ, ÉE, le participe passé de réprouver, est adjectivé (v. 1170 dans un sens peu clair) et employé avec le sens religieux de « qui s'oppose délibérément à la loi divine par le péché » (v. 1354). ◆  Ultérieurement, il est substantivé, les réprouvés désignant les damnés (1608), puis se laïcise, s'appliquant à l'époque classique à un être condamnable, un mauvais sujet (1680). Cette valeur profane, devenue archaïque, a été remplacée à l'époque romantique par celle de « personne rejetée par la société et qui entre en guerre avec elle » (v. 1820).
■  RÉPROUVABLE adj. (1370), longtemps écrit reprouvable sans accent, qualifie la personne ou l'action qui doit être réprouvée.
❏ voir RÉPROBATION.