❏
Le sens premier est « faire apparaître d'une manière concrète ou symbolique l'image d'une chose abstraite ». Parmi les nombreuses extensions, celle de « rendre présent à la mémoire le souvenir de (qqn, qqch.) » (v. 1175) est sortie d'usage après le
XVIIe siècle. Le verbe s'est bientôt employé pour « rendre présent par le jeu théâtral » (fin
XIIe s.), et plus spécialement « incarner (un personnage) » (av. 1553). Il se réfère également à l'expression de la réalité visible par les arts plastiques (v. 1278).
◆
Autrefois employé au sens de « faire valoir, exposer par la parole » (v. 1278), il est resté plus longtemps en usage pour « faire observer, remontrer avec égard » (1611), emploi devenu archaïque
(Cf. ci-dessous représentations « remontrances »).
■
Les sens affaiblis de « ressembler à, évoquer » (1678) et de « donner la sensation de » (fin XVIIe s.) sont sortis d'usage, alors que les acceptions voisines, « donner une impression d'importance, en imposer » (1694) et « être la réplique plus ou moins fidèle de » (1708) sont toujours vivantes.
■
Du sens initial procède celui de « tenir la place de (un absent) », d'abord dans un contexte juridique et administratif, pour « être mandaté officiellement ou légalement pour exercer les droits et défendre les intérêts d'un groupe ou d'un pays » (1283), puis en emploi général (1530) et, ultérieurement, d'après représentant, pour « être le représentant de » (1899).
Le sens de « présenter de nouveau », activant la valeur itérative du préfixe re-*, correspond à un homonyme 2 REPRÉSENTER, itératif de présenter*, et, pour se représenter (v. 1360) [à un examen, etc.], de se présenter.
❏
REPRÉSENTABLE adj., formé au
XIIIe s. au sens actif de « qui représente, symbolise », sorti d'usage, a été repris au
XVIIIe s. avec la valeur actuelle (1754).
■
REPRÉSENTATIF, IVE adj. et n., dérivé savant de représenter (fin XIVe s.), peut-être d'après le latin médiéval representativus, terme de philosophie (v. 1270), qualifie ce qui représente convenablement un ensemble. Au XVIIe s., il a été étendu à ce qui représente un objet, en est l'image, en philosophie (1644, Descartes), puis en psychologie.
■
Au XVIIIe s., le mot est passé dans le langage des institutions en emploi adjectif (d'abord en diplomatie, 1718) et substantif (av. 1825), et en relation avec représentant, représentation, à propos d'une forme de gouvernement selon laquelle la nation délègue à un parlement l'exercice du pouvoir législatif. Il a enrichi la terminologie de corps représentatif (1764), gouvernement représentatif (1789) et système représentatif (1791) avant et pendant la Révolution.
■
Le sens de « qui est le modèle, le type d'une catégorie de personnes » (av. 1924), répandu avec les progrès de la sociologie et des sondages, est devenu usuel.
■
De représentatif ont été dérivés REPRÉSENTATIVEMENT adv. (v. 1330) et ultérieurement REPRÉSENTATIVITÉ n. f. (1961), employé en statistique et en psychologie sociale (1968).
■
Représentatif fournit lui-même la base de composés dans le vocabulaire des institutions (semi-représentatif, ultra-représentatif).
■
REPRÉSENTANT, ANTE, participe présent de représenter, a été adjectivé (XVe s.) avec le sens psychologique de « qui a de la prestance, en impose » sans réussir à s'imposer durablement. Cette acception a disparu.
■
Il a été refait comme nom pour désigner en droit la personne qui agit à la place d'une autre (1508), puis celle qu'une personne morale, une société choisit pour agir en son nom (1680). Son emploi pour désigner le comédien, l'acteur qui représente un personnage à la scène (1616), est sorti d'usage.
■
Depuis le XVIIIe s., il se dit en politique du citoyen nommé par élection à une assemblée législative (1748) d'où représentant de la nation (1755, Turgot), représentant du peuple (1762), ces valeurs se répandant avec les institutions révolutionnaires.
■
Buffon a tenté d'imposer le mot dans la terminologie des sciences naturelles pour désigner une espèce analogue à d'autres (1778), emploi qui anticipe sur le concept moderne de « chose, individu, animal pris comme type, comme modèle d'une classe, d'une catégorie » (déb. XIXe s.).
■
Au XIXe s., représentant se spécialise en commerce, désignant celui qui recueille des affaires pour une maison de commerce (1875), spécialement dans représentant de commerce. Au XXe s., le mot s'emploie aussi en diplomatie pour la personne chargée de représenter un État, un gouvernement auprès d'un autre. Il acquiert également des spécialisations en mathématiques, en grammaire et en psychanalyse.
■
REPRÉSENTÉ, ÉE, le participe passé, a été substantivé dans la langue juridique (1804) pour désigner l'héritier décédé à la place de qui se présente un autre héritier (appelé représentant).
◈
REPRÉSENTATION n. f. est emprunté (v. 1250) au dérivé latin
repraesentatio, -onis « action de mettre sous les yeux », et à basse époque « paiement en argent comptant ».
■
Le mot a évincé les dérivés français representement (v. 1190), representance (XIIIe s.) et representage (1465), tout en suivant le développement sémantique de représenter.
■
Représentation, désignant d'abord le fait de mettre devant, de placer sous les yeux (une lettre, des pièces justificatives), est mal distingué de présentation, mais s'emploie encore en droit à propos de la production d'un acte pouvant servir de titre ou de preuve (depuis 1393) ; le mot assume aussi la fonction d'itératif de présentation « nouvelle présentation » en ce sens (1530).
◈
Représentation est devenu en moyen français le substantif d'action de
représenter, désignant l'action de rendre présent ou sensible qqch. à l'esprit, à la mémoire, au moyen d'une image, d'une figure, d'un signe et, par métonymie, ce signe, image, symbole ou allégorie (v. 1370). Il s'est spécialisé en parlant de l'acte artistique consistant à reproduire le réel observable par le dessin, la peinture, la sculpture (v. 1370), puis aussi par la photographie. En moyen français, il s'est appliqué à l'effigie de cire peinte représentant le défunt dans les obsèques princières (
XIVe s.) et, ultérieurement, au faux cercueil recouvert d'un drap dans les cérémonies funèbres (1660).
■
Il s'emploie couramment pour l'action de donner un spectacle en public (1538), désignant par métonymie ce spectacle. Cet emploi souligne le caractère de signe par rapport à une virtualité, qui est l'œuvre. Au XVIIe s., il est passé dans la terminologie philosophique pour désigner l'image fournie à l'entendement par les sens ou la mémoire (av. 1654).
■
À l'époque classique, le mot désigne l'action de tenir son rang, les relations d'apparat (fin XVIIe s.), sens auquel se rattache celui de « train de vie auquel certaines personnes sont tenues du fait de leurs fonctions », et dont procèdent frais de représentation et la locution être en représentation (1890), influencée par l'emploi du mot au théâtre.
■
L'ancien sens de « remontrances faites avec égard », qui correspond à un emploi archaïque du verbe (ci-dessus), est réalisé par le pluriel représentations (1718), et survit dans le langage diplomatique, appliqué aux protestations adressées par un gouvernement à un autre.
■
Au XXe s., apparaissent de nouvelles spécialisations scientifiques au sens de « signe qui représente » : en mathématiques, pour la mise en correspondance des éléments de deux ensembles (1932, dans représentation conforme) ; en statistique (1964, représentation statistique) et en psychanalyse ainsi qu'en informatique.
◆
Depuis le moyen français, le mot suit le sémantisme de représenter en désignant l'action de tenir la place de qqn, d'abord par métonymie l'ensemble des personnes et des services qui représentent d'autres individus, d'autres services (v. 1360). Il s'est spécialisé en droit pour une théorie selon laquelle le représentant accomplit un acte au nom et pour le compte du représenté (v. 1398), et selon laquelle les héritiers du défunt viennent à sa succession, non de leur chef, mais à la place d'un de leurs ascendants prédécédé (v. 1398).
■
Rarement usité avec une portée générale, sinon dans l'usage classique (1611, jusqu'au XVIIIe s.), le mot est repris en diplomatie (v. 1360), puis en politique pour l'exercice du pouvoir législatif par des assemblées élues (1772), d'où représentation proportionnelle (1910). Il dépend alors de représentant dans ce sens.
■
Il désigne aussi en commerce la profession de représentant (1893) et, en droit, la charge imposée par la loi à certaines personnes d'agir en justice au profit d'une autre (1936).
◈
SOUS-REPRÉSENTÉ, ÉE adj. et
SOUS-REPRÉSENTATION n. f. (1966) s'emploient pour « insuffisamment représenté », « représentation insuffisante », avec l'idée de proportionnalité non respectée.
◆
SUR-REPRÉSENTÉ, ÉE adj. et
SUR-REPRÉSENTATION n. f. transmettent aussi l'idée de représentation inexacte, mais par excès.