RÉSORBER v. tr. est un emprunt savant et tardif (1761) au latin impérial resorbere « avaler, aspirer de nouveau » « refluer » (de la mer), de re- (→ re-) à valeur itérative et de sorbere « avaler », « gober (un œuf) » « absorber (au propre et au figuré) », « engloutir ». Ce verbe, également conservé dans le composé absorber*, appartient à une racine indoeuropéenne peu documentée, que l'on retrouve dans le lituanien surbiù ou srébiù « boire à petites gorgées », « sucer ».
❏  Le mot a été repris en médecine pour « opérer ou laisser s'opérer la reprise progressive par la circulation d'humeurs ou de liquides épanchés ». Au XIXe s., il a pris le sens figuré d'« éliminer progressivement par une action interne » (1856) et, sans idée de mal, « faire disparaître par assimilation » (av. 1865). La forme pronominale se résorber, « disparaître petit à petit » (1870, Littré), s'emploie au propre et au figuré.
❏  RÉSORBANT, ANTE, adjectivation de son participe présent (1764, Ch. Bonnet), est spécialisé en thérapeutique.
■  RÉSORBABLE adj. (1932, Larousse) est rare.
RÉSORPTION n. f. est dérivé savamment (1746) du latin resorbere sur le modèle d'absorption*. ◆  Le mot, en physiologie et en médecine, désigne la disparition partielle ou totale d'un produit pathologique absorbé par les tissus voisins. Il s'est répandu à propos de la disparition progressive d'une chose dans ce qui l'entoure (av. 1865), avec des spécialisations en médecine. Il a été repris en physique pour l'absorption par un corps ou un système de particules libérées d'une absorption antérieure (XXe s.), spécialement en physique nucléaire, pour la diffusion en arrière de particules chargées ou de neutrons. ◆  Il est passé dans l'usage courant, comme substantif de résorber, désignant la suppression progressive d'un inconvénient, d'un surplus.
RÉSORCINE n. f. est très probablement emprunté (1865) à l'allemand Resorcine, mot recréé ou emprunté par Hlasivetz et Barth qui découvrirent cette matière colorante dans les produits de la fusion d'une résine, le galbanum avec la potasse. Le mot avait été formé par Robiquet en 1829, du latin resina (→ résine) et du latin moderne orcina « matière colorante tirée d'une espèce de lichen », formé sur le radical du catalan orcella désignant un lichen, qui a donné orseille, nom d'un lichen (orsolle, XVe s.) et qui vient peut-être de l'arabe.
❏  Le mot, qui a pour dérivé RÉSORCYLIQUE adj. (1890) qualifiant un acide dérivé de la résorcine, désigne comme nom, un diphénol employé en médecine comme antiseptique, et dans l'industrie des colorants. RÉSORCINOL n. m., formé avec la finale de phénol, désigne un diphénol de formule un peu différente, ayant les mêmes utilisations que la résorcine.
+ RÉSOUDRE v. tr. (XIIIe s.), est l'adaptation, d'après l'ancien verbe soudre « payer » (XIIe s.), du latin resolvere « dénouer, délier », « dissoudre », aussi « payer », par ailleurs « expliquer », de re- (→ re-) à valeur intensive et solvere « délier, détacher », « acquitter », « trouver une solution », lequel est à l'origine de soudre (→ solution, solvable). Résoudre a éliminé l'emprunt résolver (1370).
❏  D'abord attesté à l'infinitif passif estre resous avec un sujet désignant une chose et un complément d'attribution désignant une personne, le verbe se confond avec soudre et signifie « être payé, remboursé ». Ce sens, encore manifesté en 1498 par se résoudre de « s'acquitter de », a disparu au XVIe siècle.
■  L'emploi actif apparaît (v. 1300) au sens concret de « décomposer (un corps) dans ses éléments constituants, faire disparaître », le passif restant plus courant (début XVIe s.). Par extension, le verbe signifie « faire passer d'un état dans un autre, plus simple » (v. 1462).
■  La forme pronominale SE RÉSOUDRE réalise la valeur passive de « se séparer, se diviser » (v. 1360), « se dissoudre » (1690) et par extension « être converti dans un autre état » (1559) ; bien avant la forme active, elle prend le sens figuré de « consister en » (1580, Montaigne).
■  Avant la fin du XVIIIe s., le verbe signifie en médecine (v. 1560) « faire disparaître (une tumeur, un abcès) » et, à la forme pronominale, « disparaître progressivement ». Il est employé en droit au sens d'« annuler (un contrat) » (1668) et en musique pour « opérer la résolution de (une dissonance) » (1752).
■  Au XVe s., résoudre prend le sens de « trouver la solution de, élucider », soit par réemprunt au latin, soit par spécialisation de l'idée de « transformation en un état plus simple », d'abord en logique, puis aussi en mathématiques (1765, résoudre une équation) et couramment.
■  Le développement du troisième sens principal de résoudre date du moyen français où resoldre de (1356), avant résoudre de, correspond à « décider de ». L'emploi du transitif résoudre qqch. (1544, Scève) a régressé en dehors de quelques emplois comme résoudre la perte de qqn (1665) ; les constructions résoudre qqn à (fin XVIe s.) « le décider à », et résoudre que (1662, Corneille) se sont mieux conservées. Le pronominal se résoudre réalise la même idée, (fin XVe s.), surtout dans se résoudre à (déb. XVIIe s.) ; se résoudre que (déb. XVIIe s.) a décliné au profit de se résoudre à ce que.
■  Les trois valeurs principales correspondent à une répartition entre deux substantifs, résolution (la première et la troisième) et solution (la deuxième).
❏  L'ancien participe passé RESOUS (souvent résout aux XVIe et XVIIe s.) au féminin RÉSOUTE, adjectivé (fin XIIe s.), couvrait tous les emplois du verbe. Il a disparu en dehors des dialectes où il signifie « hardi, dispos, en bonne santé, déluré, gaillard » ; le sens physique d'« évaporé, décomposé », peut-être soutenu par dissous dont il est le quasi-synonyme, s'est employé plus longtemps.
■  Le participe moderne, RÉSOLU, UE, calqué du latin resolutus, adjectivé, d'abord ressolu « solitaire » (1340), puis résolu (v. 1370) « décomposé en », a disparu. ◆  Seule l'acception postérieure de « ferme dans ses projets » (1478-1480) s'est maintenue, en emploi indépendant et dans la construction résolu à (1549) qui a éliminé l'emploi classique résolu de.
■  Avec ce sens, résolu a produit plusieurs dérivés. RÉSOLUMENT adv. (1544), d'abord resoluement (av. 1450) signifie « sans contredit possible », « sans hésitation » ; jusqu'au XVIIe s., il avait aussi le sens de « à tout prix, coûte que coûte » (1530).
■  L'antonyme préfixé IRRÉSOLU, UE adj. (v. 1550) qualifie la personne qui ne s'est pas encore décidée à qqch., se trouve dans un état d'indécision ; plus rarement, il qualifie une question non encore tranchée (1580).
■  L'adverbe dérivé, IRRÉSOLUMENT, d'abord écrit irresoluement (1580), n'a pas eu le succès de résolument.
RÉSOLVANT, ANTE adj., emprunt (1314) au latin resolvens, -entis, participe présent de resolvere, s'est confondu plus tard avec le participe présent de résoudre. ◆  Il a été introduit par les médecins pour qualifier ce qui détermine la résolution des tumeurs, des engorgements, avant de décliner sous la concurrence de résolutif*. Cet adjectif était aussi substantivé (v. 1549). ◆  Le féminin RÉSOLVANTE a été substantivé en mathématiques (1932) d'après forme résolvante (1904), à propos d'une nouvelle équation typique permettant de résoudre une équation.
■  De résolvant est dérivé RÉSOLVANCE n. f. (v. 1970), mot didactique qui désigne le pouvoir séparateur d'un instrument d'optique d'après résolution.
❏ voir RÉSOLUBLE, RÉSOLUTIF, RÉSOLUTION.
RESPECT n. m. est emprunté (1287) au latin respectus « regard en arrière » qui a pris d'une part le sens de « recours », « refuge », développé dans répit*, et de l'autre le sens d'« égards, considération ». Respectus est le nom d'action qui correspond au verbe respicere « regarder en arrière », de re- et specere (→ spectacle). Le nom répit a la même origine.
❏  Le sens de « point de vue, rapport, prise en considération, motif », réalisé dans la locution au respect de « à l'égard de, en comparaison de » (XVIe s.), est sorti d'usage à la fin du XVIIe s. ; il continue de vivre dans l'anglais respect emprunté au XIVe s. au français ou au latin. L'acception de « redevance due aux églises » (1374) est propre au moyen français. ◆  Les sens actuels sont issus au XVIe s. de l'ancienne valeur par un développement propre au français et à l'ancien provençal (dès 1455) : respect désigne le sentiment qui porte à traiter qqn avec les égards dus à son âge, son rang, son mérite (av. 1540), son sexe, d'où manquer de respect à une femme (1671, Mme de Sévigné). Respect est entré dans les formules de politesse, telles sauf votre respect (1636), sauf le respect que je vous dois (1690), avec le respect que je vous dois (1718) et son pluriel respects a reçu le sens métonymique de « témoignages, marques de déférence » (1580), conservé dans la formule de politesse mes respects. L'usage poli du mot est illustré par son emploi en interjection, en français d'Haïti, pour saluer qqn et l'inviter à entrer chez soi (l'invité dit : honneur !).
■  Par extension et affaiblissement de l'idée de « vénération », le mot désigne l'attitude qui consiste à ne pas porter atteinte à une chose jugée bonne, précieuse (1588, Montaigne). ◆  L'accent étant mis sur l'autorité, il désigne aussi la soumission forcée par considération de force, de la supériorité (v. 1675), dans les locutions verbales tenir, garder qqn en respect. Dans l'expression respect humain (1651, Corneille), il réalise l'idée voisine de « réserve, pudeur conduisant à se garder de certains actes par crainte du jugement des hommes ».
■  Comme en témoigne la rime respec-bec relevée chez La Fontaine, le c était encore prononcé au XVIIe siècle. ◆  Dans la seconde moitié du XXe siècle, le mot, en recul dans ses emplois traditionnels, a reçu un regain d'usage du fait de l'importance du concept dans les cultures de nombreux immigrés, notamment venus du Maghreb et d'Afrique noire. Dans le langage des « jeunes », respect et respecter sont des mots très courants, avec une requête parfois agressive d'être considérés comme des égaux. Des expressions comme total respect en font un quasi-synonyme de considération, voire admiration.
❏  RESPECTABLE adj. s'il est vraiment antérieur au verbe respecter (il est attesté v. 1460), ne peut en être dérivé. L'existence de correspondants dans d'autres langues romanes (italien, espagnol, portugais) postulerait un bas latin °respectabilis, vraisemblable mais non attesté. ◆  L'adjectif semble rare en français jusqu'au XVIIe s. où il compte parmi les mots à la mode (Bouhours, en 1692, le dit né à la Cour) et où il est emprunté par l'anglais (d'où respectability, repris par le français, voir ci-dessous respectabilité).
■  Au XIXe s., sans être considéré comme un anglicisme à l'instar de respectabilité*, il est souvent employé dans un contexte anglo-saxon et développe la valeur d'« assez important, digne de considération » (déb. XIXe s.).
■  RESPECTUEUX, EUSE adj. dérivé de respect (1540) qualifie une personne qui témoigne du respect aux êtres et aux choses et, par métonymie, ce qui est signe de respect, de savoir-vivre (1572), quelquefois avec un complément introduit par de et spécialement, en droit, dans les expressions sommation respectueuse (1718) et acte respectueux (1804). ◆  L'idée de crainte s'ajoute parfois à celle de « désir de ne pas porter atteinte », par exemple dans la locution à une distance respectueuse (1835). ◆  Par allusion au titre de la pièce de J.-P. Sartre, La P[utain] respectueuse, le mot a été substantivé pour désigner une prostituée (1947), emploi assez vite sorti d'usage.
■  Respectueux a produit IRRESPECTUEUX, EUSE adj. (1611) dont est tiré IRRESPECTUEUSEMENT adv. (1710), DÉRESPECTUEUX, EUSE adj. (1787) synonyme momentané de irrespectueux, et RESPECTUEUSEMENT adv. (1636).
■  IRRESPECT n. m., préfixé de respect d'après irrespectueux, apparaît pendant la Révolution (1794, Vocabulaire de nouveaux privatifs français), et est devenu usuel dans une langue soutenue.
PORTE-RESPECT n. m., mot archaïque, a désigné au XVIIe s. (1665, Molière) une arme de défense, puis (1742) un homme dont la force, la carrure imposante, force le respect (encore en usage au long du XIXe siècle).
NON-RESPECT n. m. (1843), terme juridique et administratif, désigne le fait de ne pas respecter, de ne pas observer une obligation.
RESPECTER v. tr., attesté au XVIe s. (1554, antérieur si respectable [ci-dessus] en est dérivé) est emprunté au latin respectare « regarder derrière soi », « être dans l'attente », et au figuré « prendre en considération ». Ce verbe est le fréquentatif de respicere, formé de re- (→ re-) indiquant le mouvement en arrière et de spicere « regarder » (→ spectacle). Il a donné en ancien et moyen français les formes plus populaires respoitier (v. 1155) « épargner, sauver », respiter (v. 1175), répiter « sauver », « différer, ajourner », alignées sur le substantif répit* et qui signifient parfois « observer un droit ». Le mot correspond en anglais à l'emprunt to respite (XIVe s.).
■  Le verbe a rejoint le sens moderne du substantif respect, et a été considéré comme son dérivé : le sens de « considérer comme une chose dont on doit tenir compte » (1554) est sorti d'usage. Respecter signifie ensuite « avoir de la déférence, des égards pour (qqn) » (1560), et « observer scrupuleusement (ce qu'il convient de faire, ce qui est prévu) » (1580), emplois dont procèdent les acceptions de « ne pas abîmer » (1636), « ne pas troubler » (1672). Il s'emploie, d'après le sens du nom, dans la locution respecter une femme (1833).
■  La forme pronominale se respecter (1740) entre dans la locution qui se respecte (1875), qualifiant un substantif avec la valeur de « réel, qualifié à juste titre ».
RESPECTABILITÉ n. f. est emprunté (1784, Beaumarchais) à l'anglais respectability « qualité, condition d'une personne jugée respectable » (v. 1785), lui-même dérivé de l'adjectif respectable, emprunté au français respectable (ci-dessus) au XVIIe siècle.
■  Le mot, rare avant le milieu du XIXe s. (1842), s'est employé au XIXe s. pour évoquer une notion anglaise ; il a longtemps été senti comme anglo-saxon, souvent avec la graphie anglaise respectability (Balzac, 1842), avant d'être acclimaté en français et considéré comme le dérivé de respectable.
❏ voir RESPECTIF ; RÉPIT.
RESPECTIF, IVE adj. est emprunté (v. 1534) au latin scolastique respectivus « relatif à » (av. 1216), dérivé du latin classique respectus « égard, considération » (→ respect). L'ancien provençal respectiu (v. 1350) incite à croire que le mot français est antérieur au XVIe siècle.
❏  Les premiers sens, « attentif, prudent » (encore en 1611), et « respectueux » (1593), sont sortis d'usage. ◆  En français moderne, l'adjectif qualifie ce qui concerne chaque chose, chaque personne par rapport à une autre. Attesté au XVIIe s. (1680), ce sens est probablement plus ancien et même antérieur aux autres acceptions, si l'on en juge par le dérivé respectivement (ci-dessous).
❏  RESPECTIVEMENT adv. est attesté dès 1415 avec son sens actuel. Il se construit avec à et signifie « en ce qui concerne l'un parmi plusieurs éléments ».
RESPIRER v. est emprunté (v. 1190) au latin respirare, « renvoyer en soufflant, exhaler », employé absolument au sens physiologique, et « reprendre haleine », au figuré « se reposer, avoir du répit ». Ce verbe est formé de re- (→ re-) indiquant le mouvement en retour et de spirare « souffler » (→ spirituel). Son aire de diffusion est vaste, même si, dans le sud de la France, il n'a pu remplacer partout les représentants d'un latin populaire °alenare (→ haleine) et que, çà et là, il a été refoulé par ceux de pulsare (→ pousser). La prononciation de l's est probablement due à l'influence de esprit ou peut être un rétablissement à l'époque moderne d'après le latin.
❏  Le mot a été repris au sens ancien de « revenir à la vie », auquel correspondait le sens transitif de « rendre la force vitale, le souffle » (déb. XIIIe s.), et qui témoigne de l'attraction de esprit « souffle, vie », la formule respirer l'esprit réunissant les deux mots.
■  Il a repris, peut-être sous l'influence de répit, le sens figuré du mot latin, « avoir un délai, un moment de calme » (déb. XIIIe s.), et le sens primitif « exhaler » (v. 1280). Ce dernier, moins vivant aujourd'hui en emploi propre, a reçu le sens figuré de « se répandre, rayonner de, témoigner de » (v. 1585).
■  La valeur physiologique, qui existait déjà en latin, « attirer l'air dans sa poitrine puis l'en rejeter », apparaît en même temps (v. 1280) ; ultérieurement, une certaine confusion se produisit avec aspirer « attirer par la respiration » (fin XVIe s.) ; de là respirer pour « humer » (1671, La Fontaine). Mais l'emploi de respirer après, au sens figuré de « désirer ardemment » (v. 1570) ne réussit pas à concurrencer aspirer à. ◆  En français québécois, l'expression respirer par le nez s'emploie pour « se calmer » (sous forme d'injonction, à l'impératif).
■  L'emploi absolu au sens de « vivre » (fin XVIe s.) procède de la valeur physiologique mais aussi d'« aspirer l'air ». ◆  Plus tard, le mot s'est spécialisé en botanique (1768), la notion physiologique de « respiration » s'élargissant. ◆  Les valeurs métaphoriques, « avoir l'apparence de la vie (pour un tableau) » (déb. XIXe s.) et « se manifester par quelque apparence » (1870), sont littéraires. ◆  En argot, le verbe s'est employé pour « boire » (1881), « flairer, soupçonner » (mil. XXe s.), « aspirer (une poudre, de la drogue) ».
❏  RESPIRABLE adj. (1380) évoque le bas latin respirabilis mais peut être dérivé en français. Il a signifié « qui respire » et « grâce à quoi on respire » (v. 1585) avant de prendre le sens de « que l'on peut respirer » (1686), seul en usage aujourd'hui (air, atmosphère respirable). Il a servi à former l'antonyme IRRESPIRABLE adj. (1779), souvent employé avec la valeur figurée d'« insoutenable » (XIXe s.), et RESPIRABILITÉ n. f. (1836) d'où IRRESPIRABILITÉ n. f. (1845) d'après irrespirable, d'usage didactique.
■  Le dérivé RESPIR n. m. (1530) ou respire (XIXe s.), très vivant au XVIe s. comme désignation du souffle, de l'action de respirer, a été évincé par respiration, mais survit dans plusieurs parlers du Centre et de l'Ouest (et au Canada).
■  RESPIRATEUR n. m., dérivé savant du verbe (1802), désigne un appareil permettant de rester longtemps dans un air suffocant, et (milieu XXe s.) un appareil destiné à assurer une ventilation pulmonaire artificielle.
RESPIRATION n. f. est emprunté (v. 1370), comme l'ancien provençal respiracio (XIVe s.) au dérivé bas latin respiratio, -onis « respiration, pause pour reprendre haleine, exhalaison ».
■  Le mot est dès l'origine un terme de physiologie s'appliquant à la fonction commune à tous les êtres vivants, mais d'abord chez les animaux supérieurs et l'homme, fonction par laquelle ils absorbent de l'oxygène et rejettent du gaz carbonique et de l'eau. ◆  Les emplois figurés, tel « action de reprendre courage » (v. 1450) sont archaïques ; quelques valeurs métaphoriques insistent sur l'idée de souffle, de rythme, spécialement en musique « action d'observer certaines mesures pour respirer en chantant » (1845). ◆  Les emplois didactiques et techniques se multiplient à partir du XVIIIe s., le concept initial s'élargissant aux plantes (1783) et, dans les syntagmes respiration artificielle (1834), respiration assistée ou contrôlée (1964), désignant des techniques d'aide. Au XXe s., confondu avec aspiration, il désigne l'absorption de qqch. par les voies respiratoires.
■  Respiration des réservoirs (attesté dans les dictionnaires en 1964) s'applique en technique à l'aspiration d'air extérieur ou au rejet de vapeurs par un réservoir de stockage pétrolier, lorsque les variations de la température ambiante modifient le volume et la tension de vapeur du produit stocké.
RESPIRATOIRE adj. est soit emprunté (1566) au dérivé bas latin respiratorius (Ve s.), soit dérivé du verbe français. ◆  Le mot, qui qualifie ce qui concourt à la respiration, est rare avant le XIXe s. ; il qualifie alors un appareil permettant à l'homme de séjourner dans des milieux impropres à la respiration (1845) et ce qui a rapport à la respiration (1833), d'où quotient respiratoire (1904). Il qualifie aussi (1904) les échanges gazeux qui se produisent au niveau de l'alvéole pulmonaire et des tissus par absorption d'oxygène.
RESPIR ou RESPIRE n. m., déverbal de respirer, est attesté au XVIe s. (1530) pour « respiration ». Devenu archaïque, il a subsisté dans plusieurs régions (on le trouve dans George Sand, écrit respire) et en français du Canada, spécialt pour « fait d'inspirer » (prendre un respir).
❏ voir PERSPIRATION, TRANSPIRER.
RESPLENDIR v. intr. est la francisation (v. 1120) du latin resplendĕre (e bref), altération de resplendēre (e long) « renvoyer la clarté, reluire », de re- (→ re-) indiquant le mouvement en retour, et splendere « briller, être éclatant » au propre et au figuré (→ splendeur, splendide). Ce verbe, surtout poétique et noble, est d'origine incertaine ; un rapprochement avec le lituanien spléndžiu « je brille », est mal établi et on ignore s'il s'agit d'une forme indoeuropéenne.
❏  Le verbe signifie « répandre une lumière abondante et éclatante, briller d'un vif éclat », également avec des connotations nobles, superlatives, qui favorisent des emplois plus abstraits.
❏  Le dérivé RESPLENDISSEMENT n. m. (v. 1120) relève d'un usage littéraire.
■  RESPLENDISSANT, ANTE, adjectivation du participe présent de resplendir (v. 1160), est employé assez couramment au propre et au figuré.
RESPONSABLE adj. et n., d'abord responsavle (1284) comme nom et responsable (1304) comme adjectif, est un mot savant dérivé du latin responsum (→ répons), supin de respondere pris au sens de « se porter garant » (→ répondre).
❏  Dans son ancien emploi substantif, c'est un terme de féodalité désignant l'homme ayant la charge à vie de payer à un seigneur la rente d'un fief ecclésiastique, et l'adjectif a d'abord qualifié en droit une personne admissible en justice (1304).
■  C'est au XIVe s., que cet adjectif qualifie la personne qui doit rendre compte de ses actes et de ceux des personnes dont elle a la garde, d'abord dans un cadre juridique, puis aussi en vertu de la morale admise. À l'époque classique, on pouvait introduire par la préposition à le complément désignant la personne, l'autorité devant laquelle on est responsable (1669, Molière, Tartuffe).
■  Au XVIIIe s., l'adjectif s'emploie aussi dans un contexte politique, à propos d'un gouvernant devant rendre compte de sa politique ; Cf. ci-dessous responsabilité. Par extension, suivi d'un complément introduit par de, il correspond à « chargé de ». ◆  Au XXe s., il est substantivé à propos d'une personne ayant une fonction de décision et devant rendre compte de ses actes (1935).
■  Sous l'influence de l'anglais responsible, l'adjectif a pris la valeur psychologique de « sérieux, réfléchi » (v. 1965), s'appliquant par métonymie à un acte (1968, l'Observateur).
❏  RESPONSABILITÉ n. f. (1783), dérivé de responsable, d'abord dans des traductions de discours de Fox (Courrier de l'Europe), a subi l'influence sémantique de l'anglais responsibility (1733), spécialisé en droit constitutionnel, mot dérivé de responsible ; le moyen français responsibiliteit (XVe s.), dérivé de l'ancien français responsible, était depuis longtemps sorti d'usage. ◆  Le mot est apparu en droit constitutionnel anglais, puis général, pour désigner l'obligation pour les ministres de quitter le pouvoir lorsque le corps législatif leur retire sa confiance. ◆  Il est passé dans l'usage courant, connaissant un véritable engouement dans la langue des journaux et des discours politiques, avec la valeur de l'adjectif français pour « obligation de répondre de ses actes » (1788). Il désigne en droit civil l'obligation de réparer les dommages causés à autrui par soi-même ou par une personne, un animal, une chose que l'on a sous sa garde (1804, Code civil), et, en droit pénal, l'obligation de supporter le châtiment prévu par la loi (1904), d'où responsabilité atténuée (1936). Au XXe s., il a pris par métonymie le sens de « charge qui confère l'initiative de décisions mais oblige celui qui en est investi à rendre compte de ses actes » (1930).
■  IRRESPONSABLE adj. (1786), antonyme préfixé de responsable, a immédiatement les deux valeurs, juridique et courante ; il est substantivé pour désigner une personne qui agit à la légère, sans se préoccuper des conséquences de ses actes (1934).
■  Il a produit d'après responsabilité le nom correspondant, IRRESPONSABILITÉ n. f. (1790), qui a supplanté la forme non-responsabilité (1784).
■  RESPONSABILISER v. tr., tiré de responsable, semble dater des années 1960 (1963, A. Boudard au pron.). Ce verbe et son dérivé RESPONSABILISATION n. f. (v. 1970) sont assez courants.
RESQUILLER v. est emprunté (1910) au provençal resquilha, resquilla qui a de nombreuses variantes dans les dialectes occitans : « glisser, laisser échapper un mot trop libre », « faire un faux pas ». Ce mot est selon les uns (par exemple Wartburg) rattaché au germanique Kegil « quille » par une évolution obscure, ou, selon les autres, formé de re- (→ re-) à valeur intensive et de esquilha « s'enfuir », lui-même de quilho « jambe », de même origine que le français quille*, avec un préfixe du latin ex- (français e-) marquant l'éloignement, et la privation (des jambes).
❏  Le verbe semble signifier d'abord « outrepasser son droit » ; selon Dauzat, il a eu cours dans l'argot des marins à Salonique au sens de « s'esquiver du bord » (1915-1916). En français régional de Marseille (Auguste Brun), resquiller « glisser, patiner » avait pris le sens figuré actuel plus tôt que dans le reste de la France. Selon une anecdote marseillaise, le mot y serait apparu en 1850, à l'occasion d'une représentation du Prophète, de Meyerbeer, où des patineurs (resquilhaires) devaient apparaître sur scène, et où des personnes voulant assister au spectacle sans payer se faisaient passer pour des membres de la troupe (origine douteuse, sans texte à l'appui). Esnault donne le verbe en 1910 pour « se procurer une chose, un avantage sans payer ». La spécialisation pour « se faufiler dans une salle de spectacle, entrer sans payer, sans faire la queue » n'est attestée que depuis 1927.
En français régional de Provence, resquiller s'emploie pour « glisser ».
❏  De resquiller dérive le nom d'action RESQUILLE n. f. (1924) ou RESQUILLAGE n. m. (1936), le premier plus courant.
■  RESQUILLEUR, EUSE n. et adj. est emprunté (1924) au provençal resquilhaire « qui disparaît sans payer », de resquilha ou plutôt, vu les dates d'attestation, dérivé du verbe français. ◆  Le mot qualifie la personne qui fraude, resquille et une personne peu scrupuleuse ; de populaire, il s'est diffusé comme le verbe, dans l'usage courant.
RESSAC n. m. est emprunté (1613), peut-être par l'intermédiaire du provençal ressaco, à l'espagnol resaca qui vient de la locution saca y resaca « mouvement de flux et de reflux de la mer », parce que le mouvement de la mer enlève les objets qui se trouvent sur le sable, les y rejette et les y enlève de nouveau. Ce mot est tiré du verbe resacar « tirer en arrière », de re- (latin re-, → re-) indiquant le mouvement en arrière et sacar « tirer », de saco « sac » qui remonte au latin saccus (→ sac).
❏  Ressac désigne le va-et-vient de la mer, des vagues, le long du littoral, avec une idée de violence résultant d'un choc.
RESSAISIR → SAISIR
RESSASSER → SAS
RESSAT → RECEVOIR
RESSAUT n. m. est emprunté (1651) à l'italien risalto, employé en architecture pour désigner une saillie interrompant le plan vertical d'un bâtiment. C'est le dérivé du verbe risaltare « faire saillie », proprement « sauter de nouveau », de ri-, préfixe à valeur intensive (latin re-, → re-) et de saltare « danser, sauter », correspondant au français sauter* et de même origine latine.
❏  Repris en architecture avec le sens du mot italien, ressaut, d'abord dans l'expression escalier qui fait ressaut (1676) « qui ne se développe pas de façon continue », est passé plus tard dans l'usage général pour désigner une saillie, une dénivellation (1811), et techniquement une rupture de pente (1796).
■  Déjà employé dans la première moitié du XVIIIe s. par Saint-Simon à propos d'un sursaut dans la conversation (1740-1755), il a pris le sens figuré de « mouvement brusque, sursaut » (1875), parfois confondu avec un homonyme, le déverbal de ressauter (→ sauter), qui a cours dans l'usage populaire pour « colère ; protestation » ; cette valeur figurée a vieilli.
❏  Lui-même a produit 2 RESSAUTER v. intr. (1691) pour « former un ressaut » en architecture.
RESSEMBLER → SEMBLER
RESSEMELER → SEMELLE
RESSENTIMENT, RESSENTIR → SENTIR
RESSERRER, RESSERRE → SERRER
RESSERVIR → SERVIR
1 et 2 RESSORT → SORTIR