RESSOUDER → SOUDER
RESSOURCE n. f., réfection d'après source (déb. XVe s.) de resorce (v. 1160), est le féminin de resors, resours « relevé, rétabli » (v. 1155), encore dans les dialectes en parlant d'une pâte bien levée ou de ce qui vient en abondance, substantivé en moyen français aux sens de « renouvellement, jaillissement, relèvement ». C'est le participe passé de l'ancien verbe resurdre (v. 980), resordre (XIIe s.) puis resourdre « ressusciter » (resurdre), « se remettre debout » (v. 1160), « se renouveler, recommencer » (v. 1160), « reparaître quelque part » (1247), « se rétablir » (XIIe s.) et, transitivement « secourir ». Le verbe est issu du latin resurgere « rejaillir », au figuré « se rétablir » (→ résurgence, résurgent), et constitue donc le doublet populaire de resurgir (→ surgir). Resurgere vient de re- et surgere (→ sourdre, surgir).
❏  En ancien et moyen français, le mot désignait le secours que l'on obtient d'un pays, puis aussi le relèvement, le rétablissement (XVe s.).
■  Le passage au sens moderne s'est fait par déplacement métonymique sur les moyens : ressource désigne alors le moyen de faire face à une situation difficile, sens qui, dans sa généralité, (déb. XVe s.) donne lieu aux locutions sans ressource (déb. XVe s.), en dernière ressource (attesté milieu XXe s.).
■  Les extensions précisent la nature des moyens mis en œuvre : ressource désigne la capacité physique de fournir un nouvel effort après une dépense d'énergie (1588), ainsi que les moyens matériels dont on peut disposer pour assurer son existence ou subvenir à ses besoins (fin XVIe s.), surtout au pluriel ressources (av. 1799). ◆  Au XVIIe s., le mot se dit de la capacité permettant de soutenir qqn moralement (1687, Bossuet), le pluriel s'appliquant aux moyens d'action inhérents à une situation, un comportement, une activité, et aussi aux capacités inhérentes à une personne (av. 1692, Fénelon) notamment dans la locution plein de ressources (1718), homme de ressources (1740). Ressources s'est spécialisé pour les possibilités langagières (av. 1782, D'Alembert) et aussi les réserves dont dispose un pays, son potentiel économique (fin XVIIIe s.).
■  Le XXe s. apporte deux spécialisations techniques, en couture « partie d'étoffe laissée en suspens dans les coutures, les ourlets » (déb. XXe s., Colette) et en informatique, « partie d'un système utilisable par différents utilisateurs » (1975). D'après l'anglais, on parle aussi de personne-ressource « spécialiste que l'on peut consulter » (Cf. consultant), emploi courant au Québec.
■  En marge de ce développement, ressource a gardé en fauconnerie le sens concret de « redressement » ; il désigne la remontée de l'oiseau après un mouvement de descente (1373) ; de ce sens procède l'emploi en aéronautique pour la manœuvre de redressement d'un avion après un piqué (1920).
En économie et en gestion des entreprises, on parle de ressources humaines à propos du personnel, du point de vue de son utilisation optimale. De là les expressions direction, directeur (-trice) des ressources humaines, figées et abrégées en D. R. H., en France.
❏  RESSOURCEMENT n. m. (déb. XXe s., Péguy), « rejaillissement, retour aux sources » et SE RESSOURCER v. pron. (v. 1978), le plus souvent employés dans des contextes idéologiques (religion, politique), sont soit dérivés de ressource, soit recréés sur source* avec le préfixe re-* à valeur itérative et un suffixe.
RESSOUVENIR, RESSUER, RESSUYER et dérivés → SOUVENIR, SUER, ESSUYER
RESSUSCITER v. est emprunté (v. 1119) au latin resuscitare, de re- (→ re-) à valeur itérative, et suscitare « lever, soulever » (→ susciter). Le verbe latin, rare à l'époque classique, où il a le sens de « réveiller, rallumer (la colère) » a développé à basse époque d'autres acceptions : « reconstruire, relever », au figuré « ramener à la vie, faire revivre », se spécialisant dans la Vulgate avec la double construction transitive et intransitive.
❏  La langue ecclésiastique l'a repris en français, au sens de « revenir de la mort à la vie » et, transitivement, « faire revenir de la mort à la vie » (v. 1155). Les extensions de sens consistent en emplois hyperboliques et figurés : ressusciter se dit d'un malade qui revient à la santé (XIIIe s.) et, au figuré, de qqn qui se manifeste à nouveau, témoigne d'un regain de vitalité (v. 1360).
■  La construction transitive correspond symétriquement à « rendre à la santé » (fin XVIe s.), « donner une nouvelle vigueur à (un être vivant) » (1690) et, au figuré, « donner un nouveau lustre à (qqch.) » (1546), « rendre à (qqn) la joie de vivre » (1633). Le sens fort de « ramener à la vie » a suscité un emploi métaphorique (1694) et la locution figurée expressive capable de ressusciter un mort (1870), annoncée dès le XIIe s. par faire ressusciter le mort. ◆  L'emploi pronominal se ressusciter (1559) « se ranimer » et proprement « revenir à la vie » (fin XVIe s.), senti comme superflu, a été abandonné.
❏  Les dérivés français ne parvinrent pas à supplanter résurrection : RESSUSCITÉE n. f. (déb. XIIIe s.) et RESSUSCITEMENT n. m. (v. 1220) ont disparu.
■  RESSUSCITATION n. f. (XIIIe s.), emprunté au bas latin ecclésiastique resuscitatio, -onis (du supin de resuscitare) ne s'est maintenu que dans un emploi médical métonymique : « ensemble des moyens mis en œuvre pour ramener un malade à la vie ».
■  RESSUSCITEUR adj. et n. m. (XIVe s.) tiré savamment du verbe, est resté rare au sens propre et figuré de « celui qui renouvelle, rétablit » (1549). Il s'est appliqué avec une intention laudative à un bon médecin (v. 1750).
RESTANQUE n. m., emprunt au provençal restanco, de la famille du latin stare, comme rester, désigne en français de Provence, d'Ardèche (attesté en 1685) le muret de pierres sèches retenant une terrasse cultivée et, par métonymie, la terrasse.
+ RESTAURER v. tr., d'abord restaurar (fin Xe s.) puis restaurer (v. 1138), est emprunté au latin impérial restaurare « rebâtir, refaire, réparer » et, à basse époque « reprendre, renouveler ». Ce verbe a été formé, par substitution de préfixe (re- ayant ici valeur itérative, → re-), sur instaurare (→ instaurer), verbe rare, surtout technique, dont le sens de « réparer, recommencer » était peu conciliable avec la valeur du préfixe in- (→ en). La substitution de préfixe s'est faite sur le modèle de instituere-restituere (→ instituer, restituer) et instaurare a pris le sens d'« offrir pour la première fois ». L'ancienne forme française restorer fut empruntée par le moyen néerlandais (restoren) et l'anglais (to restore).
❏  Le verbe présente en ancien français des sens différenciés : exprimant d'abord le fait de guérir une blessure, un organe malade, de rendre l'usage d'une partie du corps (v. 980) ; il signifie ensuite « redonner des forces à (qqn) », le sujet désignant la nourriture, des aliments fortifiants (v. 1216). Il a aussi développé les sens figurés de « ressusciter », « faire le salut spirituel de » (v. 1250) qui ont disparu.
■  Dès le XIIe s., il s'est employé dans un sens général pour « remettre dans un état antérieur » (v. 1155), spécialement en architecture (v. 1138), puis en art (1680).
■  Il a eu d'autres valeurs en ancien français « remplacer (qqch.) » (1165), « restituer » (1284, en droit), « compenser, dédommager » (1209) d'où « indemniser » (1278).
■  La forme pronominale se restaurer (XIVe s.) a seulement le sens de « reprendre des forces », spécialement « en prenant de la nourriture » (1819).
❏  Dès le XIIe s., le dérivé restor n. m. (v. 1160), ensuite écrit RESTAUR (1690), dont provient le moyen néerlandais restoor, correspond au verbe ; il a progressivement reculé sous la concurrence de restauration, résistant plus longtemps comme terme de droit (1752), spécialement en droit commercial (1690). Les autres tentatives faites pour donner à restaurer un nom d'action, restorement (v. 1155), restaurance (v. 1200), restaurage (déb. XIIIe s.) ont échoué, la fonction étant assumée par restauration.
RESTAURANT, le participe présent, est substantivé dès le moyen français avec plusieurs sens correspondant au verbe, « dédommagement » et « rétablissement » (1534), dans la locution être hors de restaurant « sans aucune force ». ◆  L'acception d'« aliment reconstituant » (1521, dès 1507 en ancien provençal pour une boisson) a eu un usage plus important, auquel correspond un emploi adjectif (1660). Au milieu du XVIIe s., restaurant s'est spécialisé pour désigner un bouillon reconstituant fait de jus de viande concentré (1666, La Fontaine). Le mot a pris le sens figuré de « réconfort » (v. 1750) et, par métonymie, la seule valeur vivante aujourd'hui « établissement servant des repas (à l'origine des bouillons) contre paiement » (1771). L'institution, distincte dès l'origine de l'auberge avec sa table d'hôte, est urbaine ; elle se développe en France au XIXe siècle. Par extension, le mot désigne la partie d'un établissement réservée au service des repas (1862) ; il entre dans quelques composés, indiquant que les repas peuvent être pris dans le lieu indiqué par le premier élément du terme (café-restaurant, hôtel-restaurant, wagon-restaurant). On l'abrège familièrement en RESTAU (1899), ou RESTO (1947), spécialement dans restau U (v. 1960), abréviation étudiante pour restaurant universitaire.
RESTAURATION n. f. est emprunté (fin XIIIe s.) au dérivé bas latin restauratio, -onis « renouvellement ». L'ancien français a eu le doublet populaire restoreson (1252) « rétablissement de la santé, guérison ».
■  Le mot a le même sémantisme que le verbe : il désigne l'action de remettre une chose en état, et spécialement le rétablissement d'un édifice ancien (1560), d'un objet d'art.
■  Les médecins l'emploient dès le début du XIVe s. pour désigner le retour de l'organisme à l'état précédant une maladie, une blessure ou des privations (1314). Il a pris le sens figuré de « nouvelle vigueur donnée à une fonction spirituelle disparue ou dégradée » (1553) ; ces valeurs ont disparu.
■  Le mot s'est spécialisé en politique pour le retour à la tête du pays d'un souverain d'une dynastie écartée, d'abord en parlant de la dynastie des Stuart en Angleterre au XVIIe s. (1677). Il s'agit alors aussi, dans le vocabulaire de l'époque, d'une révolution. Le mot est repris à propos du retour de la dynastie des Bourbons en France après l'Empire en 1815 (sens attesté en 1829) : avec une majuscule, il désigne la période historique pendant laquelle, de 1815 à 1830, la monarchie fut restaurée (attesté 1827), se prêtant à un emploi en apposition comme terme d'arts décoratifs.
■  Au XXe s., le sens physique est spécialisé en géographie à propos d'un rétablissement d'un site naturel dans son état primitif (v. 1950), dans restauration des montagnes (1964), à propos de l'ensemble de mesures de protection et de remise en état des terrains de haute montagne attaqués par l'érosion après l'exploitation abusive des forêts.
■  Le contact du mot avec restaurant s'est produit en Suisse restauration désigne un mets servi dans un restaurant (Neuchâtel), et aussi l'établissement qui sert à manger (1836 Gautier, à propos de la Belgique ; 1890, dans les récits des voyageurs en Suisse alémanique). En français de France, le mot sert à désigner la branche d'activité industrielle ou artisanale consistant à fabriquer et à servir des repas (1961), en relation avec restaurant et restaurateur.
RESTAURATEUR, TRICE n. est emprunté (XIVe s.) du bas latin restaurator « celui qui rebâtit une ville », du supin du latin classique restaurare (→ restaurer).
■  Le mot a désigné jusqu'au XVIIe s., un aide-chirurgien qui remet en place un membre cassé. Puis d'après restaurer, il désigne la personne qui rétablit, répare qqch. (v. 1505), spécialement l'artiste dont le métier consiste à réparer des œuvres d'art (1782). D'Aubigné s'en sert pour surnommer Henri IV (1630) avec la valeur de « personne qui remet en honneur une institution, rend vigueur à un État », mais ce sens ne se répandit pas dans l'usage.
■  Au XVIIIe s., d'abord au féminin restauratrice (1767), puis au masculin (1771), c'est devenu le nom de la personne qui tient un restaurant ; son emploi métonymique pour l'établissement où l'on mange (1798) n'eut pas de succès. Il a été adjectivé (1706) pour qualifier un aliment fortifiant, un « restaurant », sens disparu quand le mot prend son sens moderne.
RESTER v. intr. est emprunté au XIIe s. (apr. 1150) au latin restare, « s'arrêter », « persister », « subsister » et « être de reste », formé de re- (→ re-) à valeur intensive et de stare « se tenir debout, se tenir ferme » (→ station) qui a produit plusieurs formes du verbe être : étant, j'étais... (→ état).
❏  Le verbe signifie dès l'origine « demeurer sur place dans le lieu où l'on est ». Il est alors en concurrence avec l'ancien français remanoir (→ rémanent). Ce sens est resté usuel et a donné lieu à des emplois connus, comme l'exclamation attribuée à Mac-Mahon après la prise du fort de Malakoff, en septembre 1855 : J'y suis, j'y reste !, reprise plus tard ironiquement lorsqu'il refusa de démissionner de la présidence de la République. ◆  Dès les premiers emplois, rester signifie aussi « s'arrêter en cours de route sans aller plus loin », au propre (v. 1190) et au figuré, notamment dans les locutions postérieures rester court (1559), en rester à (1773) « s'en tenir à », en rester là (1754). Cette valeur a donné lieu à des emplois figurés et spécialisés, comme rester en arrière, employé par exemple à propos d'un bâtiment dont la construction avance moins vite que d'autres (1845), ou bien, en termes de manège, rester dans la main (1870), qui se dit d'un cheval qui ne cherche pas à échapper à l'action du mors.
■  Plusieurs extensions se sont développées à partir de cette même valeur : rester a pris le sens de « loger, habiter » (1647), marqué comme gasconisme au XVIIIe s., puis comme familier (1893), en fait usuel dans de nombreux usages régionaux du français, notamment occitan, et en français d'Afrique. L'expression elliptique y rester (1585), d'usage familier, induit l'idée de « ne pas revenir d'une entreprise hasardeuse » et constitue souvent un euphémisme pour « mourir », comme les locutions rester sur place (1732), rester sur le carreau (1771).
■  Le sens temporel de « s'attarder, passer trop de temps », enregistré tard dans les dictionnaires (1870), doit être beaucoup plus ancien régionalement, notamment avec une nuance durative dans la construction rester à et infinitif (1832). Rester signifie aussi « être présent, prolonger son séjour » et, avec un sujet désignant une chose, « continuer à apparaître, à se manifester » (1875), cette dernière signification réalisée familièrement dans les locutions rester sur l'estomac, le cœur, « écœurer ».
■  Une autre acception ancienne du verbe est « se trouver durablement dans une position » (v. 1240) et, de là « continuer à être dans tel ou tel état », suivi d'un complément prépositionnel ou d'un attribut (1671). D'où le sens de « se maintenir dans la même attitude » (v. 1750, Buffon), par exemple dans les expressions rester debout, rester tranquille, et le sens abstrait « garder le même statut, la même fonction professionnelle » (av. 1778, Voltaire).
■  Un développement du XVIIe s. a donné au verbe le sens de « subsister, continuer à vivre », réalisé en construction impersonnelle (1635) et personnelle (1640). ◆  Par opposition à ce qui passe, disparaît, il exprime l'idée de « continuer à être, à exister » (1748) et de « se perpétuer dans la mémoire, dans l'usage » (1764). ◆  En français régional de France, en français de Belgique, du Québec, en français du Liban, rester s'emploie pour « habiter, vivre (dans un lieu) ». Cet emploi ancien s'est maintenu dans de nombreuses régions, au nord et nord-est de la France, en Auvergne, dans le Jura, en Savoie, aussi dans le Sud-Ouest. Le fait qu'il soit normal au Québec laisse penser qu'il était vivant dans l'Ouest, au moins jusqu'au XIXe siècle. ◆  En revanche, si on l'entend en français de Belgique, il ne semble pas implanté en Suisse. En français d'Afrique, c'est surtout le fait des anciennes colonies belges. Par rapport à la norme du français, cet usage a été considéré en France comme une faute ou un signe d'inculture. Proust l'attribue à la bonne, Françoise, et écrit « les fautes des gens du peuple consistent [...] très souvent à interchanger des termes... », Françoise employant rester pour demeurer et demeurer (quelques minutes) pour rester, pensait-il.
Avec un nom de chose pour sujet, rester exprime l'idée d'« être à la disposition de qqn » (1382), réalisée à la fois en construction personnelle et impersonnelle (il reste... 1538). Le verbe a eu la nuance accessoire d'« être de rebut » (1382) Cf. ci-dessous reste, alors que rester implique plutôt en français contemporain une utilisation possible. Placé en tête de phrase et entraînant une inversion du sujet, il correspond à « être encore à faire » (1549), également dans il reste à ou reste à (1580) par exemple reste à savoir, et il reste de (1657, Pascal), construction devenue littéraire et recommandée de nos jours dans le cas d'une action passée qui a produit un résultat permanent et durable.
■  Il reste que (1936), reste que « il est néanmoins vrai que », constitue le seul cas où la tournure impersonnelle ne répond à aucun emploi du verbe personnel.
❏  RESTE n. m., souvent féminin jusqu'à la fin du XVIe s., est le déverbal (v. 1220) de rester. ◆  Dès les tout premiers textes, il désigne la plus petite partie d'un tout et, avec une valeur de neutre, ce qui demeure d'une quantité, d'un ensemble dont la plus grande partie a été retranchée. Il s'applique spécialement à la partie d'une somme qu'il faut encore payer ou qui reste à recevoir (1324), par exemple dans la locution être en reste (demeurer en reste, fin XVe s.), dont le sens propre, « être redevable d'une partie d'une somme » (1382, être en reste de payer) a disparu ; le sens figuré, « être débiteur dans un échange avec autrui, être redevable de » (1694), également à la forme négative (1835, n'être jamais en reste) est resté en usage. ◆  Le même sens est réalisé dans quelques locutions figurées comme donner son reste à qqn (1673) « avoir toujours le dernier mot », sortie d'usage, et ne pas demander son reste (1694) ou ne pas attendre son reste (1798) « abandonner, fuir, sans chercher à résister ou à poursuivre », reste ayant perdu dans ces locutions sa valeur comptable.
■  Le langage mathématique a repris reste pour lui faire désigner ce qui est en excès d'un dividende (1754, Encyclopédie), le résultat d'une soustraction (1765, Encyclopédie), et spécialement le nombre qu'il faut ajouter au carré de la valeur approchée de la racine carrée d'un nombre pour retrouver ce nombre, ou encore (XXe s.) la somme de la série restante après suppression de tous les termes qui précèdent un terme déterminé (le reste d'une série). ◆  Par transposition de l'idée de « quantité nombrable » sur le plan temporel, reste désigne aussi le temps qui doit encore s'écouler (1559, au féminin dès 1445) ; on disait autrefois jouir de son reste pour « profiter des derniers moments d'une situation agréable que l'on va perdre ».
■  Par ailleurs et depuis l'ancien français, le mot désigne, avec une inversion du rapport, la plus grande partie d'un tout, à l'exclusion d'une petite quantité. Il désigne ainsi tout ce qui, dans un tout, n'appartient pas à la partie prise en considération (v. 1220), sens dont procèdent des emplois comme ne pas s'embarrasser du reste (av. 1747). Il s'applique plus particulièrement à ce qui reste à faire ou à dire (1487), l'expression et le reste (1659), placée à la fin d'une énumération, indiquant qu'on ne la complète pas ou, par litote, qu'on ne veut pas la compléter. Cette idée de base s'applique à l'espace qui demeure en dehors d'une petite parcelle (XVe s.), au temps excédant un bref moment et, dans des locutions adverbiales, à tout ce qui n'a pas encore été exprimé dans du reste (1553), au reste (1559).
■  Au XVIe s., reste commence à évoquer l'idée de ce qui subsiste d'une chose altérée ou enfuie (souvent avec un complément prépositionnel), d'abord une personne qui demeure la seule survivante d'une famille, d'un groupe, d'une catégorie (1559), et ce qui reste d'un sentiment, d'une qualité (1580, Montaigne) ; ces acceptions ont disparu.
■  Depuis le XVIIe s., le pluriel restes reçoit des sens particuliers, désignant le cadavre d'un être humain, souvent décomposé ou mutilé (1616), et aussi les traits de beauté qui demeurent chez une personne d'âge mûr (1680), dès 1660 dans la locution avoir de beaux restes, ou encore ce qui subsiste d'une chose que le temps ou une autre cause a dégradée (1675). Le singulier reste évoque ce qui persiste d'un phénomène naturel sur le point de s'achever (av. 1890).
■  Là encore, par une inversion du rapport, reste s'applique aussi, depuis le XVIe s., à ce qui reste en plus, le surplus. Il a quelquefois d'après une valeur de rester qui a vieilli, la valeur dépréciative de « rebut », d'abord en parlant des reliefs d'un repas (1548 ; 1663 au pluriel), et spécialement à l'époque classique où les restes (d'un homme) s'applique péjorativement à une femme dédaignée par un homme parce qu'elle a appartenu à un autre (1642) — emploi qui trahit un antiféminisme méprisant — et en général à ce que qqn a dédaigné (av. 1696). À la même époque, on appelait reste de gibet (1640) un coupable ayant échappé à un châtiment mérité, d'où, ultérieurement reste de potence (1842), reste de bagne (1875), tous emplois sortis d'usage. La locution voici le reste de notre écu (1651) puis de nos écus (1762), s'est employée familièrement à propos d'une personne que l'on attendait pas et qui vient malencontreusement troubler une situation.
RESTANT, ANTE, le participe présent de rester, est adjectivé et substantivé (v. 1228) en parlant d'une personne qui demeure après le départ des autres, et spécialement d'une personne qui survit à d'autres (1870). L'expression poste restante (→ poste) a pris une valeur spécifique.
■  RESTANT n. m. est une sorte de doublet de reste, surtout appliqué à des choses matérielles (1323) ; il est employé seul ou dans la locution un restant de (et substantif) [1875] à propos de ce qui subsiste de qqch. avant son entière disparition.
■  RESTABLE adj., d'après le sens de « habiter, vivre (en un lieu) », se dit en français du Québec là où on emploie vivable ailleurs (c'est pas restable, ici !).
❏ voir RÉTIF ; ÊTRE, STATION.
RESTITUER v. tr. est emprunté (1261) au latin restituere « remettre à sa place primitive, dans son état premier ou normal », « rétablir, rendre », de re- (→ re-) marquant le mouvement en arrière et statuere « établir, poser, placer » (→ statuer). Les nombreux préfixés de statuere ont produit par emprunt plusieurs verbes en français (destituer, prostituer...).
❏  Le mot a repris du latin ses sens de base, « rendre (ce qui a été pris ou qui est possédé indûment) » et « rendre (qqch.) à sa forme, à son état régulier après une altération » (v. 1355).
■  En droit, il signifie « remettre (qqn) dans la situation juridique où il était avant un jugement annulé » (1362).
■  Il signifie spécialement « rétablir (un texte altéré) » (1690), « représenter en plan d'après les documents (un édifice, un monument détruit) » (1835).
■  L'argot l'a employé dans la locution restituer sa doublure « mourir » (1867), qui a disparu. Une autre spécialisation de sens, analogue à celle de rendre, est en usage au Québec (1882 en français du Canada) ; Cf. renvoyer.
■  Le verbe a développé le sens figuré de « rétablir par la pensée, recréer » (1849), s'employant aussi avec un sujet désignant un appareil au sens de « donner en retour, produire » (1885).
❏  De restituer sont dérivés des adjectifs tirés des participes passé et présent, et RESTITUABLE adj. (1460) « qui doit être rendu », d'usage juridique.
RESTITUTION n. f. est emprunté (1251) au dérivé latin restitutio, -onis « rétablissement, restauration, réparation » et, à basse époque, « action de rendre ».
■  Le mot a été emprunté pour désigner l'action de rendre ce que l'on possédait indûment, mais il faut attendre le XVIe s. pour le voir désigner, comme substantif verbal de restituer, l'action de remettre une chose dans son état originel (1542) et, en droit, le jugement qui relève qqn d'un engagement contracté, le remet dans son état antérieur (1549).
■  Il a pris les sens spéciaux du verbe, désignant l'opération qui consiste à donner un passage disparu dans un texte altéré (1542), un édifice disparu (1818) avec influence probable de reconstitution. Il s'emploie spécialement en numismatique antique à propos de médailles reproduisant des types anciens (1762, monnaies de restitution ; 1721, elliptiquement restitutions). Déjà employé dans l'Encyclopédie (1765) pour désigner l'action par laquelle un corps élastique se rétablit dans son état premier, il s'est spécialisé au XXe s. en physique (1956, coefficient de restitution). En agronomie, il concerne le retour au sol des résidus de récolte produits par une exploitation agricole (1920).
■  RESTITUTEUR n. m. emprunt (fin XIVe s.) au dérivé latin restitutor au sens de « celui qui fait restitution », s'est spécialisé en numismatique pour désigner un empereur romain qui a fait frapper des médailles en mémoire de ses prédécesseurs (1771). Il s'emploie rarement à propos de celui qui opère une restitution artistique (v. 1850). Dans le langage technique, il est adjectivé pour qualifier un appareil effectuant la restitution de documents microcopiés (1969).
■  RESTITUTOIRE adj. est emprunté (XVIe s.) au dérivé bas latin juridique restitutorius, du supin de restituere. ◆  D'abord attesté dans un coutumier, le mot est très rare avant 1845 ; Littré l'enregistre (1870) qualifiant ce qui est relatif à une restitution juridique.
RESTO → RESTAURER
RESTREINDRE v. tr. est emprunté (v. 1130), avec francisation d'après les verbes en -eindre comme étreindre*, au latin restringere « serrer ou attacher en ramenant en arrière, resserrer », au figuré « ramener à des limites plus réduites ». Le mot est formé de re- (→ re-) indiquant le mouvement en arrière et de stringere « serrer, resserrer, lier » (→ strict).
❏  En ancien français, où la forme la plus courante était restraindre, à côté des variantes rétrindre, rétreindre, retraindre, le sémantisme du verbe était étendu et comprenait divers sens concrets : « attacher solidement, réparer, refermer » (v. 1130), « resserrer, presser, lier » (v. 1155), « embrasser, étreindre » (XIIIe s.), « harnacher, brider (un cheval) » (v. 1180), « bander, panser » (v. 1180). Par l'image de l'objet ou du territoire délimité et comme attaché, le verbe s'employait au figuré pour « tenir de près, surveiller », « soulager de » (restreindre de qqch.). ◆  La forme pronominale se restreindre avait le sens moral de « se contraindre », empiétant sur l'aire d'emploi d'astreindre, et celui de « s'abstenir » (fin XIIe s.).
■  Seul le sens de « réduire à des limites plus étroites », au propre et au figuré (1283), est resté vivant, la construction restreindre qqn à qqch. signifiant « assigner comme limite à ». Se restreindre a pris le sens de « réduire volontairement ses dépenses » (fin XIVe s.), puis « devenir moins étendu » au propre et au figuré (1559). L'emploi pronominal postérieur pour « se borner à » (fin XVIIe s., Bossuet) est demeuré rare.
❏  RESTREINT, EINTE, participe passé de restreindre, est employé adjectivement au sens de « contenu dans d'étroites limites » (fin XIVe s.).
■  RESTREIGNANT, ANTE, participe présent, d'abord écrit restregnant, a perdu son emploi adjectif pour « qui resserre, donne de l'angoisse » (fin XVIe s.) pour celui de « qui restreint » (av. 1778, Voltaire), d'usage littéraire.
RESTRICTION n. f., réfection (v. 1380) de restrinction (v. 1314), est emprunté au dérivé bas latin restrictio, -onis, « modération, limitation ». Le mot a éliminé les anciens dérivés français restrainte que l'on retrouve dans l'anglais restraint, ou restreinte, restraignement ou restreignement, restrainture.
■  Le mot a un sémantisme plus simple que le verbe : le sens physique de « resserrement, arrêt », en usage chez les médecins en moyen français, a disparu. Le mot désigne une considération limitant la portée d'une chose (v. 1380), notamment dans la locution sans restriction (fin XVIIe s.).
■  Le pluriel restrictions a reçu le sens de « limitation des dépenses, du train de vie » (1419), repris en économie à propos des mesures limitant la consommation en temps de guerre ou de pénurie (1921) et particulièrement appliqué à la période où la France et la Belgique étaient occupées par l'armée allemande (1941-1945).
■  La locution restriction mentale, d'abord relevée dans la critique pascalienne contre les jésuites (1657), désigne un artifice consistant à s'exprimer en passant sous silence une condition ou une réserve formulée mentalement et qui restreint ou change le sens de ce qu'on dit de manière à tromper l'interlocuteur. Par extension, restriction désigne l'omission volontaire d'une partie de ce que l'on pense (1869).
■  L'emploi pour l'action de réduire, de limiter le nombre, la quantité de qqch. (1890, Journal des savants) est didactique.
RESTRICTIF, IVE adj. est formé savamment (fin XIVe s.) sur le radical du latin restrictus, participe passé de restringere. Il a éliminé l'ancien doublet restraintif (1385) « astringent », « qui resserre », substantivé pour désigner un médicament astringent (encore au XVIIe s.) et, en général, ce qui contient, retient, réprime, freine, forme obstacle ou empêchement.
■  Restrictif, dans sa spécialisation médicale, a subi au XVIIIe s. la concurrence de restringent (1537 ; 1694 comme nom), lui-même emprunté au participe présent (restringens) du latin restringere et éliminé par le mot apparenté astringent. ◆  L'adjectif qualifie ce qui restreint, limite la portée d'une chose (1512), spécialement en grammaire, une proposition subordonnée introduite par excepté que, hormis que.
RESTRUCTURER → STRUCTURE
RESUCÉE, RESUCER → SUCER
RÉSULTER v. tr. ind. est emprunté (1491) au latin resultare « sauter en arrière, rebondir, rejaillir » et, en latin médiéval, « apparaître comme l'effet de » (XIIIe s.), et aussi « regimber, faire résistance à », de re- (→ re-) marquant le mouvement en arrière et saltare « danser, sauter » (→ sauter).
❏  Le verbe, emprunté avec le sens abstrait logique de « s'ensuivre de », qui s'explique étymologiquement par l'idée de rebondissement, de rejaillissement, s'est spécialisé dans le domaine intellectuel au sens d'« être établi par un raisonnement, une démonstration » (1636), également dans la tournure impersonnelle il résulte, il en résulte.
■  Les sens concrets du latin, « rejaillir, ressortir » (1531), « rebondir » et « retentir » n'ont eu cours qu'au XVIe siècle.
❏  Le participe présent adjectivé RÉSULTANT, ANTE (av. 1553, Rabelais) est d'abord usité dans le langage de la procédure. Il se dit, en mathématiques, de ce qui est relatif au résultat de la composition de tous les éléments d'un système (1811), s'emploie spécialement en physique et en musique.
■  Son féminin RÉSULTANTE a été substantivé en mécanique pour désigner la force unique résultant de la composition de ces forces (1652, puis 1796). ◆  Il est passé dans l'usage courant à propos du résultat de l'action conjuguée de plusieurs facteurs (1874, Hugo).
■  Le masculin RÉSULTANT est lui-même substantivé en mathématiques pour le résultat de l'élimination de la variable entre deux équations (1877).
■  RÉSULTATIF, IVE adj. a été dérivé savamment du verbe en linguistique (1933) pour caractériser des morphèmes lexicaux impliquant un état présent résultant d'une action passée (savoir par rapport à apprendre, tenir à saisir).
RÉSULTAT n. m. est emprunté (v. 1570) au bas latin scolastique resultatum « effet qui s'ensuit d'un fait d'une action », substantivation du participe passé neutre de resultare dans son sens logique.
■  Le mot, introduit par les clercs, est resté didactique jusqu'au XIXe siècle. Il désigne ce qui résulte, s'ensuit (d'une délibération, d'un principe, d'une opération, d'un événement). Son emploi comme substantif d'action de résulter appartient à l'usage classique. ◆  Les extensions, souvent au pluriel résultats, désignent des informations fournies par une étude, une recherche scientifique (1753, Buffon), puis, le mot étant devenu usuel au XIXe s., les effets d'une consultation électorale (1885), la décision de succès ou d'échec à un examen scolaire (1908) et la valeur du travail scolaire (v. 1950), la solution d'une opération mathématique (1932), ce qui résulte d'une compétition sportive (1899), et, en comptabilité, le solde des profits et pertes (milieu XXe s.).
RÉSUMER v. tr. est emprunté (1370) au latin resumere « reprendre, ressaisir », de re-, préfixe à valeur itérative (→ re-) et de sumere « prendre, se saisir de », lui-même issu de °sus-(e)mere « se saisir, se charger de » (→ somptueux) qui dérive de emere « prendre », « acheter » (→ exempt).
❏  Le verbe apparaît en français au sens concret de « reprendre (un objet jeté) » et au figuré « reprendre (ce que l'on a dit), répéter » (1370, encore au XVIIIe s. dans le style burlesque), tous deux sortis d'usage, tandis que l'anglais to resume continue de s'employer en ce sens.
■  Le développement du sens actuel procède de cette idée de répétition ; résumer a pris à la fois le sens spécialisé de « répéter (un argument) afin d'y apporter ensuite une solution », dans l'ancienne scolastique (attesté XVIIe s.), et la valeur de « dire l'essentiel en peu de mots » (1690) pour un acte impliquant la restitution, la reprise d'idées, de mots, devenue la plus usuelle. La forme pronominale se résumer (1796) exprime également l'idée de « se redire en peu de mots ». ◆  Par extension, résumer (1838) et se résumer (1831) s'emploient avec un sujet désignant une chose, objet concret ou abstraction, avec le sens figuré de « contenir en soi sous une forme condensée », « consister en ».
❏  RÉSUMÉ, le participe passé de résumer, a été substantivé (1750) pour désigner un exposé condensé consistant en peu de mots. Par le même développement métonymique qu'abrégé, il s'applique à un type d'ouvrage succinct faisant le point sur une question (1825). Il a servi à former la locution adverbiale en résumé « en bref » (1803) et s'emploie également avec une valeur figurée.
RÉSURGENCE n. f. est dérivé savamment (1896) du latin resurgens, -entis, participe présent de resurgere « se relever » et, au figuré, « se rétablir », spécialement « ressusciter » (→ résurrection). L'ancien français avait un verbe issu de resurgere : resurdre (v. 980), ressourdre (XIIIe s.), dont il reste le participe passé féminin ressource*. Le verbe latin est formé de re- à valeur itérative (→ re-) et de surgere (→ sourdre, surgir).
❏  Ce mot didactique désigne la réapparition à l'air libre, sous forme d'une source à gros débit, d'une nappe d'eau souterraine. Il s'emploie au figuré pour « réapparition » (1924).
❏  RÉSURGENT, ENTE adj., emprunt (déb. XVIe s.) au participe latin resurgens, -entis, est employé au XVIe s. au sens de « ressuscité », en parlant du Christ, sens sorti d'usage sous la concurrence de ressuscité. Il a été repris sous l'influence de résurgence pour qualifier les eaux d'une rivière qui réapparaissent à l'air libre (1923) et, au figuré, un phénomène qui se produit de nouveau (1925).
RÉSURRECTION n. f., d'abord resurrecciun (v. 1120) puis résurrection (v. 1160), est emprunté au latin ecclésiastique resurrectio, -onis « fait de se relever en revenant à la vie », de resurrectum, supin de resurgere (→ résurgence).
❏  Le mot a triomphé des divers dérivés de ressusciter avec le sens religieux de « retour à la vie », devenant par le sens et la quasi-paronymie le dérivé sémantique de ressusciter. Par métonymie, il désigne une fête de l'Église catholique célébrant la résurrection du Christ (début XIIe s.), une image de cet événement (1680).
■  Le sens second de « guérison prompte et inattendue » (1676), et le sens figuré de « remise en honneur de ce qui était oublié ou en décadence » (1669, Molière) restent marqués par la valeur religieuse et correspondent à des emplois du verbe ressusciter.
❏  La dérivation consiste en quelques mots tardifs, d'usage littéraire : RÉSURRECTEUR n. (1788) et adj. (1842) s'est peu répandu de même que RÉSURRECTIONNEL, ELLE adj. (1832).
■  RÉSURRECTIONNISTE adj. et n. m. (1834), d'abord appliqué au criminel qui déterrait clandestinement les cadavres pour les vendre aux anatomistes, désigne les personnes qui croient en la résurrection (1840). ◆  Au figuré, le mot désigne l'artiste qui semble ressusciter par son art des êtres ou des choses disparus (av. 1867), qui fait revivre un art ancien (1870), emplois archaïques.
? RETABLE n. f., attesté depuis 1426, est d'origine discutée : Bloch et Wartburg en font un emprunt à l'ancien provençal retaule, avec adaptation d'après table*, comme l'espagnol retablo adapté du catalan retaule. Le mot d'ancien provençal est lui-même issu, par simplification du préfixe, de reiretaule (XIIIe s.) auquel correspond le latin médiéval retrotabulum, de retro (→ rétro-) et tabula « planche », « autel » (→ table) avec changement de terminaison et de genre. L'hypothèse d'un emprunt à l'espagnol retablo est infirmée pour des raisons chronologiques. On a aussi évoqué une formation en français, de re-* marquant la position en arrière, et de table*.
❏  Le mot désigne le panneau vertical placé derrière un autel et surmontant la table, lorsqu'il est décoré de peintures, puis l'œuvre peinte sur ce support. Il appartient au vocabulaire religieux, puis à celui de l'histoire de l'art.
RÉTABLIR → ÉTABLIR
RÉTAMER → ÉTAIN
RETAPER → TAPER