RÉTROSPECTIF, IVE adj. est formé (1775) d'après prospectif* et perspectif* avec l'élément rétro-* indiquant le mouvement en arrière, et le radical du latin spectare « regarder, observer », forme fréquentative du verbe archaïque specere (→ spectacle).
❏  Cet adjectif qualifie ce qui est dirigé vers le passé, vers une période antérieure, ce qui « regarde » en arrière. Il se dit aussi de ce qui permet de revoir le passé (1836), et d'un sentiment, d'un état affectif s'appliquant à des faits passés (1854).
❏  Il a produit RÉTROSPECTIVEMENT adv. (1845) et RÉTROSPECTION n. f. (1850), mot didactique.
■  Le féminin RÉTROSPECTIVE a été substantivé (1919) pour désigner une projection, une exposition présentant l'ensemble des œuvres d'un artiste, d'une époque (l'attestation de 1855 donnée par Dauzat-Dubois-Mitterand correspond seulement à un emploi adjectif dans un titre : Esquisse rétrospective des ruines et des reliques nationales, 1843). ◆  Un emploi substantivé du masculin rétrospectif a été proposé (1973) pour faire barrage à l'anglicisme flash-back rendu au Canada par rétrospective.
RETROUSSER et dérivés → TROUSSER
RETROUVER → TROUVER
RÉTROVERSION → VERSION
RÉTROVISEUR → RÉTRO-
L RETS n. m. est l'orthographe savante (1538) de rei (v. 1120), roi (v. 1130), reiz (v. 1155), rez (déb. XIIIe s.), formes archaïques issues du latin retis n. f., surtout au pluriel retes, variante du neutre rete, -is (au pluriel retia) « filet », d'origine obscure. Le mot français fut d'abord féminin, comme retis en latin, avant que sa finale ne le fasse assimiler à un masculin à partir du XVIe s., le féminin disparaissant au XVIIe siècle.
❏  Le mot, le plus souvent usité au pluriel, servait à désigner un filet pour prendre des oiseaux, des poissons, du gibier, acception archaïque. Seul le sens figuré, « artifices par lesquels on s'empare de qqn ou de son esprit » (fin XIVe s., Ch. de Pisan), est resté vivant, dans un style soutenu ou littéraire. Le sens technique de « réseau » en anatomie dans rets admirables « petit plexus ou lacis de vaisseaux entourant la glande pituitiaire » (v. 1560, Paré) est sorti d'usage. Rets a perdu de son importance au profit de son dérivé diminutif réseau.
❏  RÉSEAU n. m., d'abord resel (v. 1180), roisel, raysiau (XIIIe s.) avant la forme actuelle (v. 1300), désigne d'abord un petit filet pour prendre des oiseaux ou du menu gibier. Il a perdu cette valeur diminutive et désigne (fin XVIe s.) un ouvrage formant un filet à mailles plus ou moins larges et, par analogie, un tissu formé de petites mailles (fin XVIe s.), appelé plus tard résille* (→ réticule).
■  Le sens figuré, « ensemble de choses abstraites emprisonnant peu à peu l'individu » s'est développé de bonne heure (v. 1240).
■  À partir du XVIIIe s. la vitalité du mot se manifeste par des spécialisations concrètes : réseau est devenu un terme de description physiologique, pour l'entrelacement de nerfs, de vaisseaux où circule le sang (1762). ◆  Dans la seconde moitié du XIXe s., il s'applique aussi par abstraction à un ensemble de personnes en liaison entre elles, directement ou indirectement (1862), notamment une organisation clandestin. En sciences, le mot s'applique à un ensemble de points communiquant entre eux (av. 1869).
■  Parallèlement, le sens premier suscite d'autres spécialisations, « fond de dentelle à dessins géométriques » (1870), « entrelacement des fils d'une toile d'araignée » (1875). En optique, le mot désigne une surface striée (1827), d'où réseau cristallin (XXe s.). Réseau optique, en analyse spatiale, désigne un système de fentes parallèles équidistantes, très proches, capable de diffracter un rayon lumineux en produisant des interférences.
■  Les sens analogiques se sont multipliés vers le milieu du XIXe s. avec l'idée d'un ensemble de lignes entrecroisées : réseau désigne un ensemble de voies de communication reliant les régions d'un pays (1849), un ensemble de voies de communication télégraphiques (1849), téléphoniques (1879), par métonymie une ancienne division administrative des chemins de fer français (1870) formant aujourd'hui une région, et un ensemble de lignes aériennes, réseau aérien (déb. XXe s.). L'emploi en informatique et en sciences cognitives, d'après l'anglais net (ci-dessous) se rattache à ce sémantisme.
■  Au XXe s., réseau, dans un sens quasi étymologique, désigne l'entrelacs de pierre d'une fenêtre ou d'une rose gothique (1904), une ligne de défense constituée par de la ronce artificielle pour interdire le passage des gens et de certains véhicules (1931) ; il s'emploie par analogie en mathématiques (1904), en hydrologie pour désigner l'ensemble des canalisations construites pour évacuer les eaux de ruissellement (1924, réseau fluvial), et en géographie, à propos de l'ensemble des fleuves et de leurs affluents drainant une région. En biologie, l'expression réseau nucléaire désigne l'entrecroisement de lignes peu colorables qui apparaît dans le noyau après coloration (1904). ◆  Le sens figuré d'« ensemble de points communiquant entre eux » a trouvé de nouvelles applications relatives à la télévision, au commerce (réseau de concessionnaires, de courtage, de distribution, de prospection). ◆  L'application du terme à l'informatique (où réseau rend le mot anglais net) est particulièrement importante, qu'il s'agisse de réseaux locaux, par exemple les réseaux d'entreprise, de réseaux « longue distance » ou du « réseau des réseaux » (→ Internet). Des expressions comme en réseau sont usuelles. Dans l'évolution qui mène des travaux sur l'automatisme (von Neumann) à l'informatique, d'une part, aux neurosciences et au cognitivisme de l'autre, la notion de « réseau » a pris des valeurs nouvelles, par exemple dans l'expression réseau de neurones, pour rendre compte du fonctionnement des systèmes évolutifs, naturels, vivants, matériels et intellectuels (cognitivisme, intelligence artificielle...).
❏ voir RÉSILLE, RÉTIAIRE, RÉTICULE, RÉTINE.
RÉUNIR, RÉUNION → UNIR
RÉUSSIR v., d'abord écrit reuscir (v. 1550), puis réussir (v. 1570), est emprunté à l'italien riuscire, proprement « ressortir » d'où « déboucher » et, par un développement abstrait, « avoir du succès ». Le mot est formé de ri-, préfixe à valeur itérative (du latin re-, → re-) et de uscire « sortir », représentant du latin exire de même sens qui a donné l'ancien français issir (→ issue).
❏  Le verbe a d'abord signifié « résulter, sortir » (réussir de, encore chez Pascal) et « avoir pour conséquence, se révéler », sens vivants jusqu'au XVIIe siècle. L'usage moderne s'est dégagé au XVIe s., réussir à, puis réussir exprimant l'idée d'« aboutir à un heureux résultat » avec un sujet désignant une chose (1537) et aussi une personne (1541). Le sens de « se révéler vrai » (v. 1629, Corneille), a disparu.
■  Au XVIIe s., le verbe commence à diversifier ses constructions, s'employant intransitivement d'abord en parlant de ce qui est bénéfique à qqn (1631) puis aussi d'une personne qui obtient un succès dans un domaine (1624), suivi dans ce cas d'un substantif ou (1627) d'un infinitif. Des emplois ironiques se rencontrent avec les deux constructions depuis la fin du XIXe s., et surtout pour le participe passé RÉUSSI, IE adj. qui s'emploie pour « conforme au projet », « bien accompli, réalisé » et aussi ironiquement (c'est réussi ! ; il est réussi !), renvoyant à l'ancienne ambivalence du mot. L'usage transitif direct du mot (réussir qqch.) est seulement enregistré par Boiste en 1834 ; il est devenu usuel.
❏  RÉUSSITE n. f. est emprunté (1583) à l'italien riuscita « issue », d'où « bonne issue, succès », participe passé féminin substantivé de riuscire (ci-dessus).
■  Le mot a été repris au sens neutre de « résultat, issue », sorti d'usage au XVIIIe s., puis, d'abord employé par Guez de Balzac se moquant des italianismes, il désigne le fait, pour une personne, d'obtenir du succès dans ce qu'elle entreprend (1622), et pour une chose, d'aboutir à un résultat (Cf. issue) et spécialement à un résultat heureux (1639).
■  Au XIXe s., il désigne une méthode de consultation par les cartes à jouer fondée sur des combinaisons de hasard et aussi un jeu de cartes, en général pratiqué par une seule personne, et qui, si on peut le terminer, est censé prédire la réalisation d'un vœu (1842).
■  Par métonymie, le mot désigne, d'abord familièrement, une chose qui obtient du succès, une personne qui représente un succès (déb. XXe s.), quelquefois avec une valeur ironique rappelant que le mot, comme le verbe réussir, pouvait à l'origine désigner une issue bonne ou mauvaise.
REUZ n. m. est un emprunt du français de Bretagne (1910 à Quimper) au breton reus « bruit, tumulte ». Attesté par écrit, en français, en 1910 à Quimper, le mot est courant en français de Bretagne occidentale, pour « tapage, vacarme collectif » et aussi pour « désordre ».
REVALOIR → VALOIR
REVANCHER v. tr., attesté en 1165, également revanchier (v. 1278) et revengier (1345) en ancien français, est formé du préfixe re- et de vengier ou de sa variante venchier, formes anciennes de venger*. Le changement formel l'a démotivé par rapport à venger, mais leur sens les rapproche.
❏  Le mot est resté sémantiquement très proche de venger, ce qui a fini par nuire à sa vitalité. Comme intensif de venger, il s'est employé absolument et à la forme pronominale (v. 1278) pour « rendre la pareille en mal » ; le sens symétrique de « rendre la pareille en bien », plus tardif (1593) et qualifié de familier par les dictionnaires au XVIIIe s. et jusqu'en 1878, a disparu.
■  L'usage classique a privilégié pour le pronominal l'idée de « rendre coup pour coup, se défendre contre une attaque » (1345) et, avec un complément introduit par sur, « se rattraper, se dédommager sur » (1690). En emploi transitif, il a fait prévaloir le sens de « prendre le parti de qqn pour racheter sa défaite par une victoire » (1669), vivant jusqu'au XXe s. dans l'usage populaire.
❏  Le déverbal REVANCHE n. f., d'abord revenche (v. 1270), revange (1358) et revenge, conservé dans le mot anglais revenge, s'est mieux affirmé en se différenciant de vengeance dont il est le quasi-synonyme (v. 1270). Si le sens d'« action de rendre la pareille pour un bien qu'on a reçu » (1588) a disparu, il a laissé à charge de revanche « de réciprocité » (1797). La valeur complémentaire de « fait de rendre la pareille pour un mal reçu » (v. 1525) connaît une grande vitalité aux jeux (1538) et en sports. Par ailleurs, le thème de la revanche est fréquent à propos d'une guerre perdue. La locution adverbiale usuelle en revanche (av. 1619) « en retour, en contre-partie » procède de la notion de compensation ; elle est parfois en concurrence avec par contre, ce dernier ayant été condamné par les puristes.
■  REVANCHARD, ARDE adj. et n. (1894) à propos des nationalistes français militant pour une revanche sur l'Allemagne, a été complété par REVANCHISME n. m., (1900), d'où REVANCHISTE n. et adj. (v. 1960). Ces mots sont marqués par le thème politique de la revanche militaire, mais peuvent s'appliquer à des attitudes analogues, dans d'autres contextes.
RÊVE → RÊVER
? REVÊCHE adj., d'abord écrit revesche (v. 1220), puis revêche au XVIIe s. (1671), est d'origine discutée. Certains (dont Bloch et Wartburg) évoquent un emprunt au francique °hreubisck « rude, âpre, ébréché, raboteux », restitué par l'ancien nordique hriúfr. P. Guiraud, s'appuyant sur l'existence des variantes reverse et reverche (Littré), est favorable, pour des raisons phonétiques et sémantiques, à un dérivé du latin reversus (→ revers), « qui tourne en sens contraire », par une forme non attestée °reversicus avec i bref ; l'assimilation de r devant s ne pose pas de problème, étant un fait de phonétique française bien établi (Cf. pêche, de persica).
❏  En ancien français, l'adjectif s'est employé pour qualifier un feu violent, dangereux, et une personne farouche, sans pitié (v. 1278). De nos jours, il caractérise une personne peu engageante aux manières brusques et déplaisantes (déb. XVe s.) et, par métonymie, ce qui dénote un tel comportement : air, parole revêche... (av. 1709). Le sens de « qui rebute, aspire de l'aversion » en parlant d'une chose (déb. XVe s.) s'est moins bien maintenu.
■  L'adjectif s'emploie aussi techniquement pour un diamant, un marbre rebelle au polissage dans certaines de ses parties (1835), survivance probable de l'ancien sens de « rude au toucher, âpre au goût » (1549).
■  Le féminin a été substantivé (fin XVe s.) comme nom technique d'un tissu grossier, non croisé et peu serré, à poils très longs, frisés ou non, dont l'Angleterre eut la spécialité jusqu'au milieu du XVIIe s. ; de nos jours, il désigne, perdant la valeur d'origine, un tissu solide et spongieux, tantôt lisse, tantôt croisé (1875).
RÉVEIL, RÉVEILLER → ÉVEILLER
RÉVÉLER v. tr. est emprunté (v. 1120) au latin impérial revelare « dévoiler, découvrir », spécialement à basse époque chez les auteurs chrétiens « manifester à l'homme (la connaissance divine) ». Le verbe est formé de re- (→ re-) marquant un mouvement en arrière, et de velare « couvrir » (→ voiler, à 1 voile).
❏  Révéler, d'abord attesté dans des psautiers, est un mot de religion, signifiant « faire connaître par une voie surnaturelle (ce qui était ignoré des hommes et inconnaissable par la raison) ». Le sens général de « connaître, faire savoir (une chose inconnue, secrète) » existe aussi dès le XIIe s. (v. 1155). Au XVIIe s., le verbe s'employait aussi avec un complément désignant une personne, au sens de « faire connaître l'existence, l'identité de (qqn) » (1691, Racine).
■  Ultérieurement, avec un sujet désignant une chose ou une personne, le mot s'est employé pour « être l'indice, la marque de (qqch.) » (1803). Il s'est spécialisé avec une valeur concrète en photographie (1895), probablement d'après révélateur (ci-dessous).
■  La forme pronominale se révéler, relevée en 1715 chez Montesquieu au sens d'« être dévoilé », en parlant d'un secret, a développé ses sens modernes au XIXe s. : elle signifie « se faire connaître sous un aspect encore ignoré » (1807, Mme de Staël) ; suivie d'un attribut, elle s'emploie comme un verbe d'état au sens de « se manifester tel » (1875). En emploi absolu, se révéler se dit d'une personne, pour « affirmer sa personnalité » (1864, Journal des Débats) et spécialement « manifester sa valeur par une belle performance », en parlant d'un sportif (1886), d'un acteur (1906). Le verbe actif a aussi le sens de « faire connaître son talent de manière subite ».
❏  Le participe passé RÉVÉLÉ, ÉE est adjectivé, notamment à propos de ce qui est connu des humains par la volonté divine (1725, religion révélée).
RÉVÉLATION n. f., d'abord revelaciun en anglo-normand puis revelation (fin XIIe s.), avec des variantes, est emprunté au bas latin ecclésiastique revelatio, -onis « action de laisser voir, de laisser apparaître, de découvrir », spécialement « acte par lequel Dieu fait connaître aux hommes sa volonté, son enseignement ». Le mot est dérivé de revelatum, supin de revelare.
■  Le premier emploi, comme pour le verbe, est religieux, et concerne l'acte par lequel Dieu fait connaître surnaturellement à l'homme certaines choses ; par métonymie, il désigne l'ensemble de la doctrine consignée dans l'Ancien et le Nouveau Testament (av. 1662, Pascal). Son sens général et laïque, « action de faire connaître ce qui était caché, secret », est attesté un peu plus tard (v. 1318, revelaucion).
■  Le sens courant prend par extension la valeur d'« inspiration, connaissance intuitive », surtout réalisée dans la locution savoir par révélation (av. 1654). Par métonymie, révélation désigne une information écrite ou orale qui explique des événements obscurs ou fait connaître de nouveaux événements (1835), un fait qui apparaît subitement ou qui, une fois connu, en explique d'autres (1870), par exemple avoir la révélation de qqch. (1883), une personne qui manifeste subitement un grand talent, de grandes qualités (av. 1922, Proust).
■  Un emploi spécialisé en photographie est en relation avec révéler et révélateur.
■  Révélation a produit tardivement RÉVÉLATOIRE adj. (1937, Breton, L'Amour fou), littéraire et rare. Le même type de formation se rencontre dès le XIIIe s. dans l'ancien provençal reveladoira « qui est à révéler par une inspiration divine ».
■  RÉVÉLATEUR, TRICE adj. et n. est emprunté (1444) au bas latin ecclésiastique revelator, du supin de revelare. ◆  Le mot est rare pour désigner la personne qui fait des révélations, sauf dans son sens spécial teinté de messianisme « celui qui révèle une doctrine, une religion, une philosophie » (av. 1865, Proudhon). Il désigne aussi ce qui fait connaître qqch. ou constitue un indice, un signe (1823). ◆  L'usage de l'adjectif pour qualifier ce qui fait connaître ce qui était caché est tardif (1826).
■  Le nom s'est spécialisé en photographie pour désigner le bain dont les constituants chimiques rendent visibles une image latente (1864), d'où un emploi spécial du verbe révéler.
REVENANT → REVENIR
REVENDICATION n. f. est la modification (1506) avec le préfixe re-*, de reivendication (v. 1435), adaptation du latin juridique rei vindicatio, proprement « réclamation d'une chose ». Le terme est formé de rei, génitif de res « chose » (→ rien) et de vindicatio « action de réclamer en justice, de prendre la défense, de tirer vengeance, de punir », tiré du supin (vindicatum) de vindicare (→ venger).
❏  Ce terme de jurisprudence désigne l'action en justice d'un propriétaire qui réclame la mise en possession de sa propriété et, surtout aux XVIIe et XVIIIe s., la réclamation d'une cause par un juge (1690).
■  Le passage du mot dans l'usage général pour « action de réclamer ce que l'on regarde comme un droit » est d'abord attesté chez les socialistes du milieu du XIXe s. (1861, Proudhon) et vient de l'usage étendu de revendiquer (ci-dessous), déjà ancien. La psychopathologie l'a repris (1927) pour désigner un type de délire chronique appelé délire de revendication, recherchant réparation d'un préjudice, réel ou imaginaire, mais l'usage dominant du mot appartient au vocabulaire social (revendications salariales).
❏  Le dérivé REVENDIQUER v. tr., d'abord reivendiquier (v. 1395) puis revendiquier (v. 1395), revendiquer (1660), évolue comme revendication : terme de jurisprudence (spécialement en parlant d'un juge qui demande à juger une affaire comme étant dans ses compétences, 1690), il est passé dans l'usage courant en parlant d'une personne qui demande à être reconnue comme l'auteur d'une action, d'une parole, d'un écrit, d'une œuvre (1674) ; puis, il correspond à « réclamer (ce que l'on regarde comme un droit) » (1708) et, par extension, à « prendre sur soi, assumer » (1875), valeur que n'a pas revendication. Son emploi absolu se rencontre quelquefois au XXe siècle.
■  À son tour, il a produit quelques dérivés : son participe présent REVENDIQUANT, ANTE, d'abord reivendicant (1567), a été substantivé en jurisprudence (un revendicant) pour la personne qui revendique.
■  REVENDIQUEUR, EUSE adj. et n. m. « personne qui revendique » (XIXe s.) s'emploie surtout en psychopathologie. Le mot subit la concurrence du dérivé savant REVENDICATEUR, TRICE adj. et n. (1870).
■  Du radical de revendication est tiré REVENDICATIF, IVE adj. (milieu XXe s.), souvent lié au contexte des conflits sociaux.
REVENDRE, REVENTE → VENDRE
+ REVENIR v. intr. est emprunté très anciennement (v. 980) au latin revenire « venir de nouveau » et « venir à son point de départ », d'où « échoir (d'un bien) » (730), de re- (→ re-) et venire (→ venir).
❏  Dès les premiers textes, le verbe a le sens itératif de « venir de nouveau » avec un sujet indiquant un animé (personne, animal) ; de là, les locutions figurées revenir à la charge « recommencer une requête » et revenir sur l'eau (1690), remplacée plus tard par refaire surface. Abstraitement, revenir correspond à « reprendre une question pour l'examiner, la traiter de nouveau » (1762, revenir sur une affaire) et, par croisement avec l'idée de « retourner sur ses pas », « annuler, changer complètement » ; d'où au XVIIIe s. la locution revenir sur le compte de qqn (1728).
■  Avec un sujet désignant un inanimé, il équivaut à « apparaître ou se manifester de nouveau » (v. 1174), sens très vivant, par exemple dans la locution familière revenir sur le tapis (1904).
Le second sens du latin, « retourner dans un lieu, à son point de départ », s'applique aux personnes (v. 1050), d'où la locution revenir sur ses pas, de sens propre (1643) et figuré (fin XVIIe s.). Une spécialisation a concerné le retour des esprits des morts (1559), d'où revenant (ci-dessous). S'en revenir (v. 1050), qui a eu le même sens, s'est surtout employé pour « revenir à son point de départ », comme s'en venir. Il est moins usuel que s'en retourner, en français de France, où il s'en revient est archaïque, mais il est resté usuel dans l'usage rural, dans de nombreuses régions de France et en français du Québec. Depuis le XVIIe s., le sujet peut désigner une chose dans ce sens spatial (1665) mais la valeur d'« être renvoyé par une régurgitation » est beaucoup plus ancienne (1256).
■  Par extension, revenir près de qqn, vers qqn, à qqn exprime l'idée de « se manifester de nouveau avec lui, dans son intimité », spécialement « revenir auprès de la personne qu'on avait quittée » en lui cédant ou par désir de réconciliation (v. 1640) ; dans ce sens, la langue classique disait aussi revenir pour (1670) et, absolument, revenir (1680).
■  Revenir à exprime abstraitement l'idée de « reprendre (ce qu'on avait interrompu, abandonné) » (v. 1050), spécialement dans en revenir à « reparler de » et « retourner à ses anciens goûts » (1673) et n'y revenez plus « ne recommencez plus » (1752) où le préfixe re- hésite entre ses deux valeurs.
■  Le verbe correspond aussi (1080) à « sortir d'un état pour retrouver son état normal », le complément désignant l'état que l'on quitte (revenir de) et, avec à, l'état où l'on revient (v. 1112), spécialement dans revenir à soi (fin XIIIe s. ; acception attestée en ancien provençal v. 1195). D'abord utilisées pour désigner un changement d'état physique, ces constructions s'appliquent aussi à un changement affectif, mental, moral, revenir à soi exprimant l'idée de « reprendre le droit chemin » (1553) ; revenir à Dieu « retrouver ses sentiments de piété » (av. 1704) ; dans l'usage courant, n'en pas revenir (d'une surprise, d'un étonnement) [1671] signifie « rester surpris ».
■  L'emploi du verbe avec un sujet désignant une fonction physique ou mentale exprime le même processus de recouvrement (fin XIIe s.). À la mémoire revient, succède la mémoire lui revient. ◆  Avec un sujet désignant une abstraction (souvenir, nom, image), revenir correspond à « se présenter de nouveau à l'esprit qui a oublié ou cessé de considérer », en emploi absolu (v. 1200) et avec un complément introduit par à et désignant une personne (1553) d'où cela me, lui revient. ◆  En parlant d'une rumeur, d'une nouvelle, revenir signifie « être rapporté » (av. 1679), notamment à la forme impersonnelle il m'est revenu que (1676), qui ne se dit plus.
■  Le sujet désignant une chose considérée sous le rapport de sa valeur, le verbe a le sens de « échoir à titre de profit » (v. 1175) [Cf. ci-dessous revenu]. De là, il s'emploie avec un sujet désignant une abstraction, au sens d'« incomber » et, au figuré, devient synonyme de « plaire à » (v. 1460), de nos jours avec une négation (ça ne me revient pas).
■  Le rapport entre le sujet et l'objet étant considéré comme un rapport d'équivalence, revenir à s'est employé pour « équivaloir » (v. 1350), de nos jours uniquement vivant avec un pronom sujet dans cela revient à. Cette équivalence recouvrant spécialement un rapport financier, il a pris le sens de « coûter à qqn » (1530) : cela lui revient à... L'usage courant emploie revenir au même pour « être équivalent » : tout revient au même (1671), cela revient au même, « cela se vaut ».
Probablement par l'intermédiaire de la locution revenir à soi « retrouver vie » et par l'emploi ancien de se revenir à propos d'une viande qui se ramollit quand on la passe au feu (av. 1558), la construction faire revenir (1606) renvoie à une opération culinaire ; celle-ci consiste d'abord à faire renfler la viande en la mettant sur des charbons allumés ou sur un gril avant de la larder ou de la piquer, puis à passer un aliment dans un corps gras chaud pour dorer et rendre plus ferme (1798).
❏  REVENUE n. f., participe passé féminin substantivé de revenir (v. 1155), sert à ce dernier de nom d'action exprimant le retour ; il est littéraire et vieilli. Il signifie « nouvelle pousse des bois de taillis » en sylviculture (1283) et, en vénerie, « sortie des bêtes des bois lorsqu'elles reviennent pâturer à découvert » (1328).
■  Le participe passé masculin, REVENU, est substantivé (1320) pour désigner ce qu'on peut retirer annuellement d'un domaine, d'un emploi, à titre de profit, de rente, et, par extension, de salaire. Il se dit de ce que l'État tire des impôts (1471) d'où revenu public (1588), et, au pluriel, revenus de l'État (1690), revenus publics (1748). Les emplois du mot dans le contexte socioéconomique sont devenus essentiels au XXe s. (Cf. par exemple, l'expression administrative française Revenu minimum d'insertion, d'où R. M. I.*).
■  Depuis le XVIIIe s. le mot désigne en technique le traitement thermique que l'on fait subir à l'acier après la trempe, consistant en un réchauffage régulier suivi d'un refroidissement lent (1723).
Le participe présent de revenir a d'abord été adjectivé 1 REVENANT, ANTE adj. (v. 1360) pour qualifier ce qui donne un revenu, sens qui subsiste dans REVENANT-BON n. m. (1690), substantivation de revenant bon (1549) « qui reste comme profit ». Le terme, d'abord appliqué à l'argent restant entre les mains d'un comptable après qu'il a rendu ses comptes, désigne par extension le profit venant d'un marché, d'une charge (1692) et, au figuré, un avantage venant comme par hasard (1740).
■  2 REVENANT, ANTE adj. a qualifié ce qui plaît (v. 1380) et aussi ce qui repousse (1559).
■  Le seul emploi qui s'est perpétué concerne l'âme d'un mort que l'on suppose revenir de l'autre monde (1690). Ce sens, dérivé de revenir « venir hanter un lieu » a donné lieu à un substantif usuel (1718, il a peur des revenants) synonyme de fantôme et entraînant une imagerie traditionnelle, liée à celle du lieu hanté. Le sens de « personne que l'on revoit après une longue absence » (1690), pourtant indépendant, est senti comme familier et plaisant et s'est rattaché au précédent.
■  La locution substantivée REVENEZ-Y n. m. (1638) « retour d'un sentiment depuis longtemps oublié », a été reprise (1808) en parlant familièrement d'une chose à laquelle on revient avec plaisir, surtout dans avoir un goût de revenez-y (1893). Ses emplois pour évoquer un retour vers le passé, les choses anciennes (av. 1869) et pour « action de recommencer » (1870) ont disparu.
■  REVIENT n. m., autrefois en emploi autonome (1833), de nos jours dans la locution prix de revient (1842), prix auquel un objet revient au fabricant.
? RÊVER v., d'abord resver (v. 1130), puis rever (v. 1174) avant l'accent circonflexe, qui apparaît au XVIIe s., est d'origine incertaine. La première syllabe est identifiée comme le préfixe re-*, mais le second élément fait problème : Wartburg y voit un verbe simple °esver « vagabonder », non attesté mais postulé par l'ancien français desver « perdre le sens », représenté en français moderne par le préfixé endêver*. Ce verbe viendrait d'un gallo-roman °esvo « vagabond », réduction phonétique normale d'un latin populaire °exvagus de même sens (par °exvagu, °exvo et °esvo), comme sarcophagus a évolué en °sarcophagu, °sarcou, donnant l'ancien français sarqueue (Cf. cercueil). Exvagus est formé de ex- à valeur intensive (→ é-) et de vagus « qui erre çà et là, c'est-à-dire vagabond » (→ vague). On pourrait même restituer un verbe gallo-roman °exvagare, autre forme pour °exvagari, composé de vagari, présent dans les composés attestés pervagari, circumvagari, divagari (→ divaguer), extravagari (→ extravaguer). De son côté, P. Guiraud, qui considère la réduction de °exvagus en °esvo comme peu normale, et qui tient compte du doublet raver (formes provençales raba, rava à côté de reba, reva), est amené à postuler deux étymons : d'une part, raver, dont le sens est principalement « délirer », « être en fureur », représenterait un type °rabare, dérivé roman du latin rabere, doublet de rabiere, rabiare « être en rage », de rabia (→ rage). Dans ce raisonnement, resver procéderait, non pas tant d'un °exvagere (car le g intervocalique aurait dû laisser les traces d'un yod dans le français : °resvier) mais du latin evadere « sortir, s'échapper » (→ évader) par l'intermédiaire d'une forme °re-exvadere, rêver étant interprété par « s'échapper de la réalité en imagination ». Les deux mots, raver et rêver se seraient croisés en confondant les idées de « délire de la rage » et de « fuite dans l'imagination ». Les deux hypothèses, vraisemblables et ingénieuses, reposent sur des reconstitutions invérifiables.
❏  Le verbe a d'abord eu le sens de « délirer », encore usuel chez les auteurs du XVIIe s., et celui de « dire des choses extravagantes, déraisonnables » (v. 1170). Ces sens, si l'on se range à l'étymologie classique (Wartburg), seraient des emplois figurés de l'ancien sens de « vagabonder », seulement attesté dans le Roman de la Rose (v. 1278) mais dominant en ancien et moyen français, où rêver signifie le plus souvent « aller de-ci de-là pour son plaisir, rôder, s'amuser », spécialement « se promener déguisé pendant le carnaval ».
■  Au XVIe s., le verbe s'est orienté vers l'idée abstraite de « laisser aller sa pensée au hasard sur des choses vagues » (1552, Ronsard), souvent avec une valeur péjorative. Rêver s'emploie aussi transitivement pour « inventer de toutes pièces » (fin XVIe s.) et suivi de la préposition à ou de pour « réfléchir à qqch. » (fin XVIe s.), se rapprochant ainsi du sens de songer* au XVIIe s. ; rêver s'emploie alors pour « méditer profondément » (1620), « s'absorber dans » et même, transitivement, « méditer » (1643, Corneille). Resver si... « s'interroger, méditer » est attesté en 1579 (Larivey).
Le sens moderne, devenu courant, de « voir en songe pendant le sommeil » s'est dégagé au XVIIe s. en emploi transitif (1640, avec un complément indiquant l'objet vu en rêve) et absolument pour « faire des rêves en dormant » (1649, Descartes), rêver à (qqn, qqch.) plutôt rêver de qqn en français du Québec. ◆  Resver supplante songer au XVIIIe et au XIXe s. et s'implante dans la phraséologie courante : il me semble que je rêve (av. 1656, Pascal), on croit rêver (fin XVIIIe s.) « c'est invraisemblable ». Comme transitif, rêver signifie aussi « se représenter comme réalité (ce que l'on désire ardemment) » (1606) et comme intransitif, « laisser aller son esprit sur ce qui n'a aucun rapport avec la réalité présente » (1672). ◆  Par extension, le verbe équivaut à « se laisser aller à des idées chimériques, comme dans un rêve », dans les locutions rêver éveillé (av. 1780) puis rêver tout éveillé (1835) d'où, familièrement, il ne faut pas rêver (XXe s.), tu rêves ! et, au Québec, rêver en couleurs « se faire des illusions ».
■  Rêver exprime, transitivement, l'idée de « voir comme dans un rêve » (av. 1780, Condillac). La construction rêver de (et infinitif) est attestée au XVIe s. (1540, Héroët), alors que rêver de qqch., de qqn « le voir la nuit en rêve », qui s'observe relativement tard (av. 1794, Chénier) est, selon une figure analysée par la psychanalyse, employé couramment pour « souhaiter ardemment une chose, un être, de faire qqch. » (1874, Verlaine), et l'on dit familièrement en rêver la nuit (XXe s.) avec le même sens.
❏  Le dérivé RÊVERIE n. f., d'abord resverie (v. 1210), reverie (v. 1350) puis rêverie (1680) signifie en ancien français « ébats tumultueux, réjouissance », et aussi (v. 1210), jusqu'en langue classique, « délire, perturbation d'esprit due à la fièvre » puis « entêtement intéressé » et « fureur » (v. 1230). ◆  Par métonymie, il en est venu au XVIe s. à désigner une chose trompeuse, une chimère (1535) souvent avec une valeur péjorative : faire une rêverie signifiait « concevoir une idée étrange » (1671, Mme de Sévigné).
■  Son sens moderne, « activité psychique non soumise à l'attention », apparaît chez Montaigne (v. 1580), d'où l'emploi par Descartes de recueil de rêveries (1631), mais ne prend sa résonance actuelle que dans la seconde moitié du XVIIIe s., avec Rousseau et le préromantisme, s'employant par métonymie pour l'image ou la pensée produite par cette activité (av. 1613) et son expression littéraire (v. 1776, Rêveries du promeneur solitaire, Rousseau).
■  Les valeurs nouvelles ont fait disparaître les sens classiques de « méditation où l'on s'absorbe, réflexion profonde » (1580), puis « pensée qui absorbe » (1656, surtout dans un contexte amoureux).
RÊVEUR, EUSE n., d'abord écrit reveeur (v. 1260), resveeur (v. 1330) puis reveur (1401), au XVIIe s. avec accent circonflexe, semble confirmer, par ses anciens sens, l'hypothèse étymologique de Wartburg : il désignait en ancien et moyen français un rôdeur, un coureur de jupons, et en particulier (1481) celui qui se déguisait pour le carnaval. Au XVIe s., le mot s'applique à un radoteur, une personne qui délire (1538).
■  Son emploi pour désigner une personne qui se laisse aller à la rêverie, qui a l'air absent, songeur (av. 1679, Retz, peut-être déjà au XVIe s.), a d'abord été associé à la tristesse, à l'inquiétude, à la mélancolie avant de prendre sa valeur moderne avec Rousseau. Comme adjectif, rêveur s'applique alors à une chose indiquant cet état d'esprit, en ayant les caractères (av. 1778, Rousseau). Le mot abandonne alors définitivement sa valeur ancienne, par laquelle il qualifiait le radoteur, le sot (1534), la personne qui poursuit des idées extravagantes, des chimères (1656). Quant à l'emploi pour « personne qui est absorbée dans ses réflexions » (1690), il est réactivé dans l'expression moderne cela me laisse rêveur « perplexe » (1932, Céline).
■  Le sens de « personne qui fait un rêve nocturne » (1677) relève d'un usage didactique.
■  Le dérivé RÊVEUSEMENT adv. est apparu (1833) avec le sens moderne de rêveur.
Le dérivé péjoratif RÊVASSER v. intr., d'abord ravacer (fin XIVe s.) puis ravasser (v. 1490), revasser (1489) et resvasser (av. 1615), avant rêvasser (XVIIe s.), a signifié d'après rêver « divaguer » (fin XIVe s.), « méditer » (1489), « délirer » (1611), « être distrait » (1653) et « radoter, rabâcher » (1690).
■  De nos jours, depuis le milieu du XVIIe s., il correspond à « avoir un sommeil traversé de rêves vagues » (1609) et à « laisser la pensée, l'imagination se perdre en des rêveries imprécises » (1694), quelquefois (comme rêver) en construction indirecte avec à (1835) et un complément précisant l'objet de la rêverie.
■  Le verbe a pour dérivés RÊVASSERIE n. f., d'abord ravasserie (1533) avant rêvasserie (XVIIIe s.), employé par Montaigne au sens de « chimère » et employé pour « action de rêvasser » (déjà chez Rabelais, puis réattesté en 1824), ainsi que RÊVASSEUR, EUSE adj. (1537, puis 1736).
RÊVE n. m., dérivé implicite de rêver, est apparu tardivement (1674, Malebranche) pour désigner, à côté de songe, la suite d'images qui se présente à l'esprit durant le sommeil. Furetière (1690) précise qu'il « ne se dit guères que des songes des malades qui ont le cerveau aliéné » ; il le dit « vieux » et le dictionnaire de Trévoux (1732), « bas et de peu d'usage ». C'est au XVIIIe s. que le mot, en relation avec le verbe et dans un rapport de complémentarité avec rêverie, remplace peu à peu songe*. Employé absolument, il désigne l'activité psychique pendant le sommeil, avec une confusion faite, jusqu'aux travaux sur la physiologie du rêve, entre l'activité psychique immédiate dans le sommeil et l'ensemble des représentations et souvenirs qu'a le dormeur.
■  Il empiète cependant sur les valeurs de rêverie en désignant aussi une construction de l'imagination en état de veille (1718), sens qui, d'abord péjoratif (Voltaire : le rêve d'un homme en délire), prend avec Rousseau et les préromantiques une valeur poétique. Depuis la Révolution (1794), il désigne spécialement un projet chimérique, sans fondement, d'où (1819) la construction imaginaire destinée à satisfaire un besoin, un désir, dite spécialement au XXe s. selon la terminologie psychanalytique, rêve diurne, et entre dans les locutions usuelles de rêve, de mes rêves (1885), désignant, par métonymie, l'objet d'un désir, d'où, familièrement avec une valeur affaiblie, une chose très charmante, dans c'est le rêve, et négativement ce n'est pas le rêve (déb. XXe s.).