Dès les premiers textes, le verbe a le sens itératif de « venir de nouveau » avec un sujet indiquant un animé (personne, animal) ; de là, les locutions figurées
correspond à « reprendre une question pour l'examiner, la traiter de nouveau » (1762,
) et, par croisement avec l'idée de « retourner sur ses pas », « annuler, changer complètement » ; d'où au
s. la locution
(1728).
Le second sens du latin, « retourner dans un lieu, à son point de départ », s'applique aux personnes (v. 1050), d'où la locution
revenir sur ses pas, de sens propre (1643) et figuré (fin
XVIIe s.). Une spécialisation a concerné le retour des esprits des morts (1559), d'où
revenant (ci-dessous).
S'en revenir (v. 1050), qui a eu le même sens, s'est surtout employé pour « revenir à son point de départ », comme
s'en venir. Il est moins usuel que
s'en retourner, en français de France, où
il s'en revient est archaïque, mais il est resté usuel dans l'usage rural, dans de nombreuses régions de France et en français du Québec. Depuis le
XVIIe s., le sujet peut désigner une chose dans ce sens spatial (1665) mais la valeur d'« être renvoyé par une régurgitation » est beaucoup plus ancienne (1256).
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Par extension, revenir près de qqn, vers qqn, à qqn exprime l'idée de « se manifester de nouveau avec lui, dans son intimité », spécialement « revenir auprès de la personne qu'on avait quittée » en lui cédant ou par désir de réconciliation (v. 1640) ; dans ce sens, la langue classique disait aussi revenir pour (1670) et, absolument, revenir (1680).
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Revenir à exprime abstraitement l'idée de « reprendre (ce qu'on avait interrompu, abandonné) » (v. 1050), spécialement dans en revenir à « reparler de » et « retourner à ses anciens goûts » (1673) et n'y revenez plus « ne recommencez plus » (1752) où le préfixe re- hésite entre ses deux valeurs.
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Le verbe correspond aussi (1080) à « sortir d'un état pour retrouver son état normal », le complément désignant l'état que l'on quitte (revenir de) et, avec à, l'état où l'on revient (v. 1112), spécialement dans revenir à soi (fin XIIIe s. ; acception attestée en ancien provençal v. 1195). D'abord utilisées pour désigner un changement d'état physique, ces constructions s'appliquent aussi à un changement affectif, mental, moral, revenir à soi exprimant l'idée de « reprendre le droit chemin » (1553) ; revenir à Dieu « retrouver ses sentiments de piété » (av. 1704) ; dans l'usage courant, n'en pas revenir (d'une surprise, d'un étonnement) [1671] signifie « rester surpris ».
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L'emploi du verbe avec un sujet désignant une fonction physique ou mentale exprime le même processus de recouvrement (fin XIIe s.). À la mémoire revient, succède la mémoire lui revient.
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Avec un sujet désignant une abstraction (souvenir, nom, image), revenir correspond à « se présenter de nouveau à l'esprit qui a oublié ou cessé de considérer », en emploi absolu (v. 1200) et avec un complément introduit par à et désignant une personne (1553) d'où cela me, lui revient.
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En parlant d'une rumeur, d'une nouvelle, revenir signifie « être rapporté » (av. 1679), notamment à la forme impersonnelle il m'est revenu que (1676), qui ne se dit plus.
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Le sujet désignant une chose considérée sous le rapport de sa valeur, le verbe a le sens de « échoir à titre de profit » (v. 1175) [Cf. ci-dessous revenu]. De là, il s'emploie avec un sujet désignant une abstraction, au sens d'« incomber » et, au figuré, devient synonyme de « plaire à » (v. 1460), de nos jours avec une négation (ça ne me revient pas).
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Le rapport entre le sujet et l'objet étant considéré comme un rapport d'équivalence, revenir à s'est employé pour « équivaloir » (v. 1350), de nos jours uniquement vivant avec un pronom sujet dans cela revient à. Cette équivalence recouvrant spécialement un rapport financier, il a pris le sens de « coûter à qqn » (1530) : cela lui revient à... L'usage courant emploie revenir au même pour « être équivalent » : tout revient au même (1671), cela revient au même, « cela se vaut ».