RHINGRAVE n. m. et n. f. est emprunté (1549) à l'allemand Rheingraf, « seigneur, comte du Rhin », de Rhein « Rhin » et Graf « comte » (→ Burgrave). Ce dernier vient de l'ancien haut allemand gravo, gravio, probablement issu du latin médiéval germanique grafio, graffio, garafio désignant un fonctionnaire franc primitivement muni de pouvoirs exécutifs et qui, à partir du VIe s., se substitue au thunginus comme juge président une assemblée judiciaire (mallus). Par un processus qui sera terminé vers la fin du VIIIe s., le grafio s'identifie peu à peu avec le comes (→ comte). L'origine du mot est controversée : à côté d'une étymologie germanique qui le ramène à un verbe signifiant « décider, décréter », une autre hypothèse le rapproche du grec grapheus « copiste, scribe, secrétaire », employé en grec byzantin comme titre d'un officier, de graphein (→ graphie).
❏
Rhingrave, au masculin, est l'ancien titre des juges et des gouverneurs des villes situées le long du Rhin et de quelques princes d'Allemagne. Par l'intermédiaire d'une locution non attestée
°culotte à la rhingrave, il est employé au féminin (v. 1660, Scarron) pour un haut-de-chausse ample, attaché par le bas avec des rubans, en usage au
XVIIe s. : le rhingrave Salm, gouverneur de Mäestricht, en avait introduit l'usage.
■
Le féminin (attesté chez Littré, 1870) désigne la femme d'un rhingrave.
❏
Le dérivé RHINGRAVIAT n. m. (1836) désigne les fonctions, la dignité de rhingrave.
RHINO- est l'élément formant emprunté au grec rhino-, lui-même de rhis, rhinos « nez » (de l'homme, parfois de l'animal), mot d'origine obscure spécifique au grec et qui s'est substitué au groupe attesté par le latin nares (→ nez), le védique nasa, l'allemand Nase.
❏
L'élément entre dans la construction de termes scientifiques (généralement substantifs) appartenant aux vocabulaires de la médecine et de la zoologie, notamment de la pathologie humaine et animale.
❏
Il est productif depuis la fin du
XVIIIe s., avec le terme de zoologie
RHINOLOPHE n. m. (1799) désignant une chauve-souris caractérisée par des excroissances nasales en forme de fer à cheval et en fer de lance (l'élément
-lophe représente le grec
lophos « nuque » d'où « aigrette, panache »). Ce mot de sciences naturelles a pris une certaine importance littéraire avec Lautréamont.
◈
Au
XIXe s., l'élément
rhino- a fourni au vocabulaire médical
RHINOPLASTIE n. f. (1822) en chirurgie esthétique,
RHINITE n. f. (1830) « inflammation de la muqueuse nasale »,
RHINOLARYNGITE n. f. (1845) « inflammation de la muqueuse nasale et du larynx »,
RHINORRHÉE n. f. « écoulement du mucus par le nez »
(→ -rrhée), RHINOBRONCHITE n. f. (1878). La série
RHINOPHARYNGITE n. f. (1892),
RHINOPHARYNGÉ, ÉE adj. (1897),
RHINOPHARYNX n. m. (1902), tous écrits d'abord avec un tiret
(rhino-), se rapportant à un ensemble constitué par les fosses nasales et le pharynx, est d'usage plus courant que les autres composés.
RHINOLOGIE n. f. (1890) a été supplanté par
otorhinolaryngologie.
◆
Au
XXe s., ont été formés
RHINENCÉPHALE n. m. (1923) « structures de l'encéphale apparues en premier dans la phylogenèse, cerveau “reptilien” (ou “olfactif”) des vertébrés inférieurs, tractus et lobe olfactif du cortex, circonvolution limbique » ; et
RHINOVIRUS n. m. (attesté 1970) « virus d'A. R. N. responsables des infections des voies respiratoires supérieures et du rhume ».
❏ voir
OTORHINOLARYNGOLOGIE, RHINOCÉROS, RHINOVIRUS (art. VIRUS).
RHINOCÉROS n. m., réfection (1549, rhinoceros) de rhinocerons (1288), rhineceront et rinoceros (1380), est emprunté au latin rhinoceros, lui-même repris au grec rhinokêros. Ce mot est formé de rhis, rhinos « nez » (→ rhino-) et keras « corne d'un animal » d'où « corne comme matière première », mot employé à propos d'un instrument de musique à vent, d'une corne à boire et, par métaphore, pour les extrémités d'une chose : ailes d'une armée, bras d'un fleuve, bras d'une lyre, manière de coiffer les cheveux, etc. Keras, également utilisé au premier (→ kératine) et au second terme de composés, est un ancien neutre à vocalisme e qui repose sur °ker-ə-s et appartient à la même racine que le nom de la tête kara (→ chère) et celui du crâne kranion (→ crâne). En ce qui concerne les autres noms de la corne, les autres langues indoeuropéennes ont des formes diverses : le germanique, une forme en n (allemand Horn), le latin une combinaison du n et du u, cornu (→ corne).
❏
Le mot désigne donc, depuis le
XIIIe s., l'un des animaux semi-fabuleux décrits par les Anciens, puis par les voyageurs modernes. Les différentes espèces sont désignées en zoologie par des syntagmes :
rhinocéros à deux cornes (ou
bicorne)
noir (museau étroit),
blanc (museau large, taille de beaucoup supérieure),
rhinocéros de Sumatra, à une corne (ou
unicorne),
rhinocéros indien, rhinocéros de Java. Il a été concurrencé par
rhinocerote (1552) et
rhinocérot (v. 1640, encore dans le dictionnaire de Trévoux en 1721 et 1771). Il a servi, aux
XVIIe et
XVIIIe s., de désignation expressive pour un gros nez (1690,
nez de rhinocéros) et une coiffure « à corne » des petits-maîtres du
XVIIIe s., la
coiffure au rhinocéros (1759, Voltaire).
■
Par analogie, le mot désigne un insecte coléoptère caractérisé par une grosse corne recourbée en arrière (1742 scarabée Rhinocerôt dans une traduction, puis 1756 rhinoceros). Ce sens est usuel en français d'Afrique.
◆
Abrév. courante RHINO n. m.
❏
Le mot a produit RHINOCÉROTIDÉS n. m. pl. (1904), après rhinocérotins, rhinocérotés (1875), terme de classification zoologique.
◆
Dans sa pièce Rhinocéros, E. Ionesco a forgé les dérivés rhinocérite, rhinocérique ; les Goncourt avaient déjà osé rhinocérisé, ée et rhinocéroser (se) dans leur Journal (1879 et 1875).
RHIZO- est l'élément tiré du grec rhizo- qui représente en composition le substantif rhiza « racine », en particulier « racine médicinale », au figuré « fondement (d'une chose concrète) », « souche (d'une famille) » et « origine (d'une chose abstraite) ». Le mot, dont le développement sémantique est le même que celui du latin radix, est rapproché naturellement de ce dernier (→ raifort) mais son vocalisme en i n'est pas expliqué.
❏
Les premières formations savantes avec
rhizo- ou
rhiz- sont relevées au
XVIIIe s. :
RHIZOTOME n. m. (1740), employé pour « herboriste », a disparu ; il a été repris au sens de « coupe-racines » (av. 1867). L'élément est surtout productif aux
XIXe et
XXe s. en botanique :
RHIZOCTONE n. m. (1839),
RHIZOCARPÉ, ÉE adj. (1845) d'une plante dont les organes reproducteurs poussent sur les racines,
RHIZOPHYLLE adj. (1875) et aussi en zoologie, avec
RHIZOPODES n. m. pl. (1842) pour une classe de protozoaires à pseudopodes.
◈
RHIZOME n. m. est emprunté savamment (1817, Gérardin) au grec
rhizôma « ce qui est enraciné, touffe de racines » et, au figuré, comme
rhiza, « fondement », « principe, élément » et « souche, race ». Le mot est dérivé de
rhizoun « enraciner » et, au passif, « s'enraciner », au propre et au figuré, par extension « couvrir de plantations ». Le verbe est lui-même dérivé de
rhiza. Le latin botanique
rhizoma (1804), forgé par le botaniste anglais Gawler, a probablement servi d'intermédiaire.
■
Le mot désigne une tige rampante souterraine qui porte des racines adventives et des tiges feuillées aériennes. Un emploi métaphorique (1976), dans un essai de Deleuze et Guattari portant ce titre, évoque, en opposition à racine le caractère irrégulier et proliférant des structures de pensée.
■
Le mot a produit RHIZOMATEUX, EUSE adj. en botanique (1875).
RHO n. m. est le nom d'une lettre de l'alphabet grec, qui correspond au
r latin, puis français.
RHOTACISME n. m. (1793) est un dérivé didactique, sur le modèle de iotacisme, dénommant la difficulté à prononcer le son r et (1875) la substitution d'un r à une autre consonne (genesis donnant generis, en latin).
RHODANIEN, IENNE adj. est dérivé (1859) du nom latin Rhodanus « Rhône », et qualifie en géographie ce qui est relatif au Rhône ou proche de son cours (le sillon rhodanien). Le nom latin pourrait contenir la racine dan-, gauloise ou préceltique, servant à nommer les cours d'eau, avec un suffixe intensif gaulois (le « grand ou fort cours d'eau »). Une autre hypothèse évoque une racine rod-, remontant à l'indoeuropéen, avec le suffixe latin -anus.
RHODO-, RHOD- est un élément de composés tiré du grec rhodon « rose ».
❏
RHODIUM n. m. est emprunté immédiatement à l'anglais rhodium, mot créé en 1804 par Wollaston, de rhodon d'après la couleur rose des solutions de certains de ses dérivés. Le mot dénomme un élément chimique (symbole Rh, no atomique 45), métal très dur, présent dans la nature en alliage dans des minerais de platine et d'or. RHODIÉ, ÉE adj. se dit (avant 1900) d'un métal allié au rhodium, d'une substance recouverte d'une couche de rhodium (d'où un verbe RHODIER et RHODIAGE n. m., dans les années 1960).
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RHODOPHYCÉES n. f. pl. (v. 1900 ; du grec phukos « algue ») dénomme une famille d'algues rouges.
◆
RHODOPSINE n. f., pris à l'allemand Rhodopsin, 1878, du grec ops « vue » (→ optique) et -in (→ -ine), désigne un pigment de la rétine, sensible à la lumière, aussi appelé pourpre rétinien.
RHODODENDRON n. m., d'abord rododendron (1500), puis rhododendron (1796), est emprunté au latin rhododendron (Pline) « laurier-rose », lui-même repris au grec rhododendron de même sens. Le premier élément est rhodon « rose » qui repose sur °ϝrodon (°wr̥do-), lequel, comme le montre le mycénien, provient d'une langue de l'Orient, probablement de l'iranien, passé en arménien sous la forme vard et en arabe sous la forme ward ; une étymologie sémitique a également été proposée. Rhodon est certainement apparenté, les relations étant mal connues, avec le latin rosa (→ rose). Le second élément est dendron « arbre », tiré du thème °drew-, °dru- que l'on a aussi dans drus, druos « arbre », d'où « chêne » (→ druide). Sous l'influence du latin olere « avoir une odeur » (→ olfactif), le latin botanique rhododendron a donné oleander, forme dont le moyen français a tiré oléandre (1314), ancien nom du laurier-rose encore employé comme terme d'apothicaire aux XVIe-XVIIe s. et nom d'un genre de fougère au XIXe siècle.
❏
Le mot a d'abord désigné le laurier-rose, puis est devenu (1796, Saussure) le nom d'un arbrisseau de montagne de la famille des Éricacées, à feuilles persistantes et fleurs pourpres, violettes, roses ou blanches maculées de rose.
RHODOÏD n. m. est le nom déposé (1949 dans les dictionnaires) d'une matière thermoplastique à base d'acétate de cellulose, analogue au celluloïd mais incombustible, de rhod-, élément tiré du latin Rhodanus « Rhône », cette matière étant fabriquée par les usines Rhône-Poulenc, et -oïd, tiré de la terminaison de celluloïd*.
RHOMBE n. m. et adj. est emprunté (1505) au latin rhombus « losange », « fuseau ou rouet d'airain dont on se servait dans les enchantements » et aussi « turbot, poisson de mer ». Celui-ci, avec ses différents sens, est emprunté au grec rhombos qui désigne d'abord un instrument de bois attaché à une corde (toupie, roue, tambourin) et que l'on fait tournoyer d'un mouvement rapide. D'autre part, par analogie de forme, il désigne la figure du losange et le turbot, d'où l'ancien provençal rom (XIIIe s.). Rhombos est dérivé de rhembesthai « aller et venir, errer, tourner en rond, agir au hasard », apparu assez tard dans les textes mais formant avec rhombos un couple ancien. Deux étymologies ont été proposées : l'appartenance à une racine indoeuropéenne °wremb- (moyen bas allemand wrimpen : « rider, froncer le visage ») est lointaine par le sens ; il est préférable, d'après Chantraine, de rattacher ces termes expressifs à la racine °wer- « tourner » (→ vers, vertige).
❏
Le mot, après un emploi en zoologie pour un coquillage univalve, emploi disparu, a désigné un losange sans angle droit (1536), avant d'être supplanté par le terme général
losange. Ce sens se retrouve dans l'expression
cristal à faces rhombes (1812), en cristallographie, où
rhombe est adjectivé. Les sens de « toupie » (1564), « filet » (1611) sont sortis d'usage.
■
La forme latine rhombus a été reprise dans l'Encyclopédie (1765) comme terme d'histoire antique désignant un instrument magique que l'on faisait tourner au moyen de lanières.
◆
L'ethnologie a repris rhombe (1839) avec une acception très voisine pour désigner un instrument musical formé d'une lame de bois que l'on fait ronfler par rotation rapide autour d'une cordelette, souvent utilisé (Amérique, Nouvelle-Guinée, Australie) dans des pratiques magiques, rituelles.
❏
Les dérivés se rapportent au sens ancien de « losange » :
RHOMBIFORME adj. (1817) et
RHOMBIQUE adj. (1870, après
rhombé 1817), mots didactiques, qualifient ce qui a la forme d'un losange, d'un rhombe.
■
L'élément RHOMB-, RHOMBO-, repris du grec rhombos, a servi à former quelques termes didactiques comme RHOMBOÏDE n. m. (1542), emprunt au bas latin rhomboides, calque du grec rhomboeidês d'où RHOMBOÏDAL, AUX adj. (1671) « qui a une forme de rhomboïde », en géométrie, conservé comme terme d'anatomie pour un muscle (v. 1560), RHOMBOÈDRE n. m. (1784), employé en géométrie et en cristallographie (1818), dont on a tiré RHOMBOÉDRIQUE adj. (1842).
◈
L'élément
rhombo- a servi aussi à former quelques composés, dont
RHOMBENCÉPHALE n. m. mot créé en allemand avant 1897, date où le mot correspondant est attesté en anglais, désigne la partie de l'encéphale comprenant le bulbe rachidien, la protubérance annulaire, le cervelet et le quatrième ventricule (on dit aussi
cerveau postérieur).
◈
ORTHOROMBIQUE adj. (1843 ; de
ortho-) se dit d'un cristal qui possède trois axes de symétrie binaire, perpendiculaires entre eux.
❏ voir
RHUMB.
RHUBARBE n. f., réfection (1570) de reubarbe (XIIIe s.), puis rubarbe (fin XIIIe s.), est emprunté au latin médiéval rheubarbarum de même sens chez Isidore de Séville (VIIe s.), qui le fait venir de rheu, nom « barbare » (non latin), de genre neutre, signifiant « racine » et de barbarum, neutre de barbarus (→ barbare). Il se pourrait que rheubarbarum soit l'altération du type médiéval rhabarbarum par association avec rheum, nom scientifique de la rhubarbe repris du grec rhêon, lui-même emprunté du persan rivand. Le grec et le latin possèdent aussi la forme rha, qui viendrait, d'après Ammien Marcellin, du nom de la rivière Ra, l'actuelle Volga. Les langues européennes ont des formes se rattachant aux deux types : français rhubarbe (d'où l'anglais rhubarb) mais aussi rhabarbe chez Rabelais, italien reobarbaro et rabarbaro, allemand Rhabarber. On trouve aussi le type médiéval rhaponticum, littéralement « rhubarbe du pont » d'où est issu le français rhapontic (v. 1560, Paré), après rheupontic (XVe s.), encore dans les dictionnaires.
❏
Le mot désigne une plante employée en médecine (pour ses vertus laxatives) et importée depuis longtemps de Chine en Europe, à travers la Russie et le Levant, et dont quelques espèces ont été acclimatées en France et en Angleterre comme alimentaires et ornementales. L'expression familière passez-moi la rhubarbe, je vous passerai le séné se dit plaisamment de deux personnes ayant entre elles des complaisances intéressées (1788) par allusion à une phrase de l'Amour médecin de Molière (III, 1) où il s'agit des deux remèdes.
RHUM n. m., d'abord rum (1688), puis rome (1723), avant rhum (1768), est emprunté de l'anglais rum de même sens (1654), avec les variantes rumme et rhum, lequel est à l'origine de l'allemand Rum et du néerlandais rum, du danois et du suédois rum, rom, du russe rom, de l'espagnol et du portugais ron. En français, rhum et ses dérivés sont prononcés rom'. Le mot anglais, d'origine obscure, est peut-être l'abréviation des formes longues rumbullion ou rumbustion, attestées un peu plus tôt avec le même sens (respectivement 1651 et 1652). L'emploi de rumbullion dans le dialecte moderne du Devon au sens de « bagarre, tumulte » inciterait à faire du nom de la boisson une extension métonymique du sens de « bagarre », par allusion aux effets de la boisson alcoolisée, mais rien ne permet de restituer cette filiation, sinon l'emploi de rumbustion dans le parler des colons de la Barbade pour une « boisson forte qui cause souvent des rixes ». Le premier exemple de rum en français se rencontre dans l'Amérique angloise traduction anonyme d'un ouvrage de Richard Blome paru en 1687.
❏
Le mot désigne une eau-de-vie de canne à sucre obtenue par fermentation et distillation du jus de canne. Il donne lieu à des syntagmes comme rhum blanc, rhum agricole, grog* au rhum et, du fait de son utilisation en pâtisserie, baba, omelette, crêpes... au rhum. La route du rhum fait allusion au commerce du rhum entre les « îles » et l'Europe, aux XVIIIe et XIXe siècles.
❏
Rhum a produit en français les dérivés RHUMERIE n. f. (1802) « distillerie de rhum » et « café où l'on boit du rhum et des boissons à base de rhum » (1949), RHUMÉ, ÉE adj. (1932) « additionné de rhum », d'où RHUMER v. tr. (1932), et RHUMIER, IÈRE adj. (1930) « relatif à l'industrie ou au commerce du rhum ».
❏ voir
ROGOMME.
RHUMATISME n. m., d'abord rheumatisme (1549), puis rhumatisme (1673), est emprunté par l'intermédiaire du latin rheumatismus, au grec rheumatismos. Celui-ci désigne un écoulement d'humeur, en particulier un catarrhe et les maladies caractérisées par une fluxion ou un épanchement articulaire. Il est dérivé de rheumatizein « couler, découler », spécialement « souffrir d'un épanchement d'humeurs » (en particulier d'un rhume ou de rhumatismes), dérivé de rheuma (→ rhume).
❏
Ce terme de médecine recouvre des affections diverses ayant pour caractère commun une atteinte douloureuse du système locomoteur, en particulier des articulations. À partir du XIXe s., il est employé dans des syntagmes désignant ces différents types d'affections : rhumatisme articulaire (1814), rhumatisme articulaire aigu et chronique (1875), rhumatisme infectieux (1905), etc.
❏
RHUMATISMÉ, ÉE adj. (1683, M
me de Sévigné), dit d'une personne atteinte de rhumatismes, n'est plus usité.
■
RHUMATISMAL, ALE, AUX adj. (1755) qualifie ce qui a les caractères du rhumatisme, est propre au rhumatisme.
■
RHUMATOLOGIE n. f., de rhumato- pour rhumatisme et -logie* (1945), désigne la branche de la médecine traitant les rhumatismes ; son radical a servi à former RHUMATOLOGISTE n. (v. 1953) et son doublet RHUMATOLOGUE n. (v. 1968) ainsi que RHUMATOLOGIQUE adj. (v. 1972).
■
RHUMATISMANT, ANTE adj., d'abord reumatizante (1478), est un emprunt au bas latin médical rheumatizans, -antis, participe présent de rheumatizare « être atteint de rhumatismes, de catarrhe », lui-même calqué du grec rheumatizein.
■
Le mot s'est employé en moyen français dans la locution humeur reumatizante « cause de rhumatismes ». Son emploi moderne au sens de « atteint de rhumatismes » est attesté en 1780.
RHUMB n. m. est, sous la forme ancienne ryn (1484, ryn de vent) emprunté à l'anglais rim, anciennement rime (1400-1450) ou rym (1440), désignant la jante d'une roue et, par suite, le rebord extérieur d'un objet circulaire (1603). Le mot, en ancien anglais rima, vient d'une racine germanique représentée dans l'ancien norrois rime, rimi (norvégien rime) « bande bordée de terre ». L'altération de ryn en rumb (1553), attestée dans une traduction du castillan, s'est effectuée sous l'influence de l'espagnol rombo (1494), emprunté du latin rhombus (→ rhombe). La forme rhumb (1611) résulte du rétablissement du h latin. L'anglais rhumb, rumb (1578), loin d'être, comme on l'a dit, à l'origine de la forme française, semble emprunté à l'espagnol rombo, voire au français.
❏
Ce terme de marine désigne l'espace angulaire qui sépare l'une de l'autre les trente-deux aires de vent de la boussole (les syntagmes synonymes aire de vent et quart de vent ont supplanté l'ancien rum de vent). L'expression ligne de rhumb (1834), réfection de ligne du rhumb (1765) désigne la courbe décrite par un vaisseau faisant toujours un même angle avec le méridien.
RHUME n. m., d'abord reume (1226) et rume (v. 1276), refait d'après le latin et le grec en rheume (1575) et rhume (1578), est emprunté au bas latin rheuma « flux de la mer » et « catarrhe », lequel est repris au grec rheuma « eau qui coule », spécialisé en médecine pour un écoulement d'humeurs, une suppuration, etc. Le mot, conservé en grec moderne au sens de « courant », est dérivé de rhein « couler » (→ -rrhée).
❏
Le mot, indifféremment masculin ou féminin, encore au début du
XVIIe s., s'est fixé en français classique au masculin, le féminin se rencontrant encore dans certains patois. De l'idée restrictive d'un écoulement d'humeur (du nez, des yeux), attestée jusqu'au
XVIIe s., on est passé à celle d'une inflammation de la membrane muqueuse du nez, de la gorge, accompagnée de cet écoulement, d'abord dans la dénomination ancienne
rhume de froidure (
XIIIe s.), puis en emploi autonome.
◆
Rhume de cerveau (1740 ; 1694
du cerveau) désignant une inflammation de la muqueuse nasale, est le vestige d'une ancienne croyance à la communication entre le cerveau et les fosses nasales. La locution figurée
en prendre pour son rhume (1899), équivalant à
en prendre pour son grade, se rattache à ce sens, qui est le plus usuel.
■
La pathologie a étendu le mot à d'autres inflammations causées par un autre virus que celui de la grippe ou par d'autres agents infectieux : rhume (1765), puis rhume de poitrine (1786) pour « bronchite » et, par plaisanterie, rhume ecclésiastique (1718), « vérole », sont sortis de l'usage ; rhume des foins (1901), pour une inflammation de la conjonctive et de la muqueuse du nez, fréquente à l'époque de la fenaison, est usuel.
❏
De tous les dérivés de rhume, seul le préfixé ENRHUMER v. tr. s'est maintenu. C'est la réfection vocalique, avec substitution de la désinence, de l'adjectif anrimé (déb. XIVe s.), enrimé, enrummé, enrumé (XIVe s.). Le verbe lui-même, surtout employé à la forme pronominale (1492, s'enrimer) pour « contracter un rhume », signifie « provoquer un rhume ». La valeur figurée « ennuyer » (1808), après « tromper » (1798 c'est ce qui vous enrhume « c'est en quoi vous vous trompez »), argotique et populaire, a disparu. ENRHUMABLE adj. (1920, Proust) est le seul dérivé de ce verbe à s'être conservé.
RHYNCHO-, pris au grec
rhunkhos « groin » et « bec », sert à former quelques termes didactiques, comme
RHYNCHONELLE n. f. francisation du latin moderne
rhynchonella créé en 1809 par un naturaliste allemand pour un brachiopode fossile ; ou encore
RHYNCHOTES n. m. pl. (1839), ordre d'insectes hémiptères à rostres (poux, punaises, cigales).
■
RHYNCHOCÉPHALES n. m. pl. est le nom d'un ordre de reptiles fossiles du trias (une espèce, le sphénodon, est encore vivante en Nouvelle-Zélande).
RHYOLITHE n., employé par le géologue de Lapparent (1883), créé en allemand (1863) sur le grec rhein « couler » (→ rhéo-) et lithos (→ -lithe), est le nom d'une lave volcanique dont la pâte est partiellement vitreuse.
❏ voir
RHUMATISME.
RHYTHM AND BLUES → RYTHME
RHYTON n. m. est l'emprunt (1829) du grec rhuton « vase à boire », neutre substantivé de rhutos « qui coule », adjectif verbal de rhein « couler » (→ -rrhée).
❏
Le mot a été repris en archéologie grecque pour un vase à boire en forme de corne ou de cornet façonné, représentant le plus souvent une tête d'animal.
RIA n. f. est l'emprunt (1896), par l'intermédiaire de l'allemand où le mot a été introduit dans la terminologie géographique par F. von Richthofen (1886), du castillan ou du portugais ria « baie étroite » (v. 1493), lui-même issu de rio « fleuve », correspondant au français ru*.
❏
Le mot est employé en géographie pour un golfe marin étroit, allongé, résultant de l'envahissement de la partie basse d'une vallée fluviale par la mer (côte à rias). Cette réalité géographique est analogue au fjord.
❏
L'espagnol rio a lui-même été emprunté par RIO n. m. (1732), mot appliqué en géographie à une rivière ou à un fleuve dans un pays de langue espagnole ou portugaise, ou qui l'a été (sud-ouest des États-Unis, par exemple).