RIAD n. m., entré dans les années 1990 dans le vocabulaire français du tourisme, puis de l'immobilier, est pris à l'arabe ryād, pluriel de rawda « jardin » désignant un patio intérieur planté, et, par métonymie, la résidence construite autour. Le mot, écrit aussi RYAD, s'applique à une résidence privée marocaine de style arabo-andalou avec patio planté (souvent d'orangers). Certains riads sont aménagés en hôtels.
RIAL n. m. (attesté dans les années 1960), mot persan, est le nom de l'unité monétaire de l'Iran, divisée en 100 dinars.
R. I. B. n. m. est le sigle (1980) de relevé d'identité bancaire, prononcé éribé et, plus souvent, rib.
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RIBAMBELLE n. f. (1790) est d'origine incertaine, peut-être d'un mot dialectal issu de la contamination de riban, forme dialectale de ruban*, et du radical expressif bamb- qui évoque le balancement, attesté dans le franc-comtois bamballer « balancer », le lorrain bambiller « osciller ». La contamination aurait été favorisée par l'identité de la syllabe -ban-. P. Guiraud voit en ri- la variante de re-*, préfixe fréquentatif et itératif, et le sens propre du mot serait selon lui « longue suite d'oscillations ».
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Ribambelle s'emploie pour désigner une longue suite et, par extension, un grand nombre d'hommes, de choses, d'animaux. Il se dit spécialement d'un motif découpé dans un papier plié en accordéon et qui, déplié, présente une suite de figures identiques.
RIBAT n. m., transcription de l'arabe r᾿bat, désigne en français du Maghreb un ermitage isolé, un lieu de prière, et par extension, les ribats étant souvent fortifiés, un fortin.
RIBAUD, AUDE n. et adj. est issu (v. 1165) de l'ancien verbe riber « se livrer à la débauche », proprement « frotter », emprunté à l'ancien haut allemand rîban « frotter » et « coïter » (allemand reiben « frotter »). Godefroy rapproche le mot français du neuchâtelois riber « frotter, râper, user par le frottement » et de la variante vaudoise ribler ; le français a eu également le type ribler (1424) « se livrer à la débauche » qui a repris la valeur étymologique en s'employant pour « rectifier (une meule, un carreau), dresser ou arrondir sa surface par abrasion » (1846).
❏
En ancien et moyen français,
ribaud était un terme d'injure général appliqué à un débauché, un méchant, un scélérat, voire un simple vagabond. Il lui arrivait de désigner un amant coupable d'adultère ou d'inceste. Il a désigné un homme ou une femme qui suivait l'armée en vue du pillage (
XIIIe s.). Passant du jugement moral négatif — d'abord sexuel — à la dépréciation sociale, il s'est employé (v. 1278) pour désigner, du temps de Saint Louis, les gens de peine tels que les portefaix et les crocheteurs. L'expression
roi des ribauds (v. 1278) désignait l'officier de la suite du roi qui avait à s'enquérir des divers crimes et délits et était chargé de la police des gueux et des femmes publiques. Le féminin
RIBAUDE, moins général, concerne surtout les femmes de mauvaise vie (v. 1175).
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Le mot s'employait aussi adjectivement en parlant d'une chose sale, déshonnête (1587), d'une personne débauchée (1690).
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Ultérieurement, le féminin ribaude est devenu un terme technique pour un canon (ci-dessous ribaudequin), puis une barre saillante que présente quelquefois la surface des étoffes et qui provient soit de l'inégalité des matières employées, soit d'un défaut produit lors du foulage des draps. Le mot, au masculin comme au féminin, est archaïque dans tous ses emplois, mais vivant par les évocations historiques du moyen âge.
❏
RIBAUDAILLE n. f. (1150), mot collectif méprisant pour une troupe de vauriens, et
RIBAUDERIE n. f. (v. 1268), élargissement de
ribaudie (v. 1180), « comportement de débauché », sont sortis d'usage.
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RIBAUDEQUIN n. m. est emprunté (1346) au néerlandais
ribaudekijn, nom d'un engin de guerre formé de plusieurs bouches à feu de petit calibre, montées parallèlement sur un affût à roues. C'est un diminutif du français
ribaude pris dans son sens ancien de « canon » (1340) parce que cet engin était confié à la garde des ribauds ou (plutôt) par une métaphore érotique.
❏ voir
RIBOTE, RIBOULDINGUE.
RIBLON n. m., présent chez Buffon, probablement mot régional dérivé du verbe ribler « frotter », qui a donné RIBLEUR n. m. (1484) mot qu'emploie Rabelais pour « débauché », est devenu dans la deuxième moitié du XVIIIe s. et au XIXe un terme technique pour « déchets de ferraille, copeaux métalliques ». Ces termes techniques ont survécu au verbe ribler ; ils sont utilisés dans la fabrication de certaines fontes et aciers.
RIBO-, élément de mots de biologie et de biochimie, est tiré de
RIBOSE n. m. (1892) lui-même formé par substitution de suffixe, avec
-ose, de acide
ribonique, d'après l'allemand
ribonsaüre (E. Fischer 1891). Cette forme réduit celle de acide
arabonique (1891), dérivé de
arabine « principe chimique de la gomme
arabique ». Le ribose est un ose
(→ 1 -ose) présent dans l'acide ribonucléique (ci-dessous).
RIBONUCLÉIQUE adj. semble créé en anglais (ribonucleic, 1931), adapté en français d'abord sous la forme acide ribose nucléique (1949), pour désigner l'acide nucléique formé de ribose et d'une base purique ou pyrimidique ; son sigle est ARN. Le ribose étant réduit en désoxyribose forme l'acide désoxyribonucléique (ci-dessous).
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Le composé RIBONUCLÉASE n. f. (de ribo- et nucléase) dénomme l'enzyme pancréatique catalysant l'hydrolyse de l'ARN.
RIBOSOME n. m. est un mot-valise formé de ribo- et microsome, mot créé en 1947 par Albert Claude. Il dénomme un organite du cytoplasme formé de trois types d'acides ribonucléiques associés à 52 protéines et déchiffrant le code de l'ARN messager effectuant ainsi la synthèse des protéines. L'adjectif est RIBOSOMAL, AUX (v. 1970).
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POLYRIBOSOME n. m., formé en anglais, diffusé en français dans les années 1970, désigne l'association de plusieurs ribosomes liés à une molécule d'ARN messager et réalisant la synthèse des protéines. POLYSOME n. m., contraction en anglais (1962) de polyribosome, est aussi employé en français (1965).
RIBOFLAVINE n. f. est un calque de l'allemand Riboflavin (1935), de Flavin « flavine », pour une vitamine B présente dans les céréales, la levure de bière.
DÉSOXYRIBONUCLÉIQUE adj. est formé de dé- (dés-), oxy- et ribonucléique (1960) pour nommer l'acide des protéines du noyau de la cellule vivante (nucléoprotéine), formé de deux bases puriques, l'adénine et la guanine (→ adéno-, guano), de deux bases pyrimidiques, la thymine et la cytosine (→ thymus, cyto-). Cet acide est un constituant essentiel des chromosomes et est porteur des caractères génétiques. Abréviation courante : A. D. N.
RIBOT n. m., mot régional de l'ouest de la France, attesté par écrit au XVIIIe s. pour désigner le pilon d'une baratte à beurre, vient du même radical germanique que le verbe rider*. Le mot, par métonymie, s'est appliqué au petit-lait ou babeurre, surtout en apposition dans lait ribot ; il est usuel en Bretagne, Vendée, etc.
RIBOTE n. f. (1764), d'abord ribotte (1754), est dérivé de riboter v. intr. signifiant « faire la noce, mener joyeuse vie », dont le dérivé riboteur est attesté en 1745. RIBOTER, attesté à la même époque (1755), est issu par changement de suffixe de l'ancien verbe ribauder « paillarder » (1260), lui-même de ribaud*.
❏
Le mot se rencontre encore plaisamment pour désigner un excès de table et de boisson ayant quelque chose d'inhabituel (1834 faire ribote), spécialement l'état d'ivresse (1790, en ribote). Le sens figuré, « excès » (1861, Baudelaire ribotes de travail) est inusité.
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RIBOUIS n. m. (1854) est d'origine discutée : selon Bloch et Wartburg, il remonterait à bouis, ancienne forme de buis* encore répandue dans les parlers, désignant dans la langue des cordonniers un brunissoir de buis servant à polir la semelle. Le préfixe re-, toujours selon Bloch et Wartburg, viendrait de rebouiser, attesté dès le XVIIIe s. au sens figuré de « donner bon air à qqch. » et dont le sens propre se serait perdu, ce qui n'est pas étonnant pour un mot d'argot. Selon P. Guiraud, qui accepte une relation entre ribouis et le bouis des cordonniers, ribouis serait aussi à rattacher à bouis « marionnette » (→ boui-boui) et à bouif « cordonnier », mots qui, selon lui, appartiennent à un radical expressif bobb- désignant un objet rond ; selon cette hypothèse, rebouiser signifierait « donner une forme ronde » (c'est pourquoi on rebouise un chapeau).
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Ribouis, mot du langage populaire, a été employé pour désigner un savetier avant d'être attesté au sens de « vieux soulier réparé » (1880) et, par extension « vieux soulier », par métonymie « pied » (1901). Il a vieilli.
RIBOULDINGUE n. f. vient (1892) du croisement entre un premier élément discuté et un second élément identifié comme dinguer*. Certains y voient le déverbal de ribouldinguer (ci-dessous). Ils font du premier élément ribouler v. intr. (1890) « vagabonder », un élargissement d'après boule de l'ancien ribler (1424), lui-même altération de riber « vagabonder, courir les rues la nuit » (→ ribaud). Celui-ci, déjà considéré comme vieux au XVIIe s. (Furetière), avait donné ribleur n. m. (1484) « fripon, mauvais garçon », sorti d'usage et parfois repris par archaïsme (Moréas). D'autres voient dans riboul- un dérivé probable du dialectal riboula, reboula « festin à la fin de la moisson » (d'où reboule dans le Vivarais) ou encore le dérivé intensif en ri- (variante de re-*) de bouler « rouler ou devenir comme une boule », de boule*.
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Ribouldingue, mot familier, désigne une partie de plaisir (Cf. les synonymes plus modernes tels que bamboula, java) surtout dans la locution faire la ribouldingue (1932, après pousser la ribouldingue, 1909, qui suggère une autre acception) équivalant au verbe ribouldinguer. Le mot a servi de nom pour l'un des trois Pieds-Nickelés. Au XXe s., on rencontre parfois l'abréviation la RIBOULE n. f.
❏
RIBOULDINGUER v. intr. (1900, A. Allais) est soit dérivé du nom, soit directement formé sur dinguer (voir ci-dessus) ; il signifie « faire la noce, la ribouldingue », et a vieilli comme le substantif.
RIBOULER v. intr. (1862) est un mot des dialectes où il est antérieurement attesté sous la forme rebouler ; il est formé de ri-, re-*, à valeur intensive, et de boule*.
❏
Le mot, qui appartient à l'usage populaire, s'emploie dans la locution ribouler des yeux, des prunelles (1862) « rouler des grands yeux en signe d'ébahissement ». Il tend à vieillir.
❏
RIBOULANT, ANTE, participe présent adjectivé, qualifie des yeux ronds et mobiles qui expriment la stupéfaction (milieu XXe s.).
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RICANER v. (fin XIVe s.) est peut-être la variante, influencée par rire*, de recaner « braire » (XIIIe s.) forme normanno-picarde correspondant à l'ancien français rechaner de même sens (v. 1119). Ce mot est formé de re-* et de l'ancien français kenne n. f. « mâchoire, joue » (v. 1160), variante chane (v. 1220) [→ quenotte], emprunté au francique °kinni « mâchoire, joue » (apparenté à l'anglais chin « menton »), issu d'une forme en k de l'indoeuropéen °genu- « menton, mâchoire » dont relève le grec genus « mâchoire inférieure » (→ ganache, -gone, prognathe). P. Guiraud ajoute que, quelle que soit la parenté du mot avec la famille de °kinni, ricaner a dû être spontanément interprété comme formé sur °riquer « rire » et haner « hennir ».
❏
Le verbe s'est éloigné de son sens premier « braire » pour signifier péjorativement « rire », soit « rire de manière forcée pour se moquer de manière malveillante » (1538) soit « rire bêtement à propos de tout » (1690). Il a gardé ces deux valeurs, la première donnant au figuré « ironiser de manière sarcastique » (1875). On emploie aussi le verbe avec un complément en de (XVIIIe s., Voltaire) désignant l'objet de la dérision, et transitivement pour « dire (qqch.) en ricanant » (1887), emploi rare.
❏
Les dérivés sont
RICANEUR, EUSE n. (1555) et
adj. (1679),
RICANERIE n. f. (fin
XVIIe s.) « rire mauvais », rare et archaïque,
RICANEMENT n. m. (1702), relativement plus courant,
RICANANT, ANTE, adjectivation du participe présent (déb.
XXe s.).
RICANEUX, EUSE adj. et n. s'emploie en français du Québec, non pour
ricaneur, mais pour
railleur ou « qui fait rire, comique ».
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Ricaner a aussi influencé la formation de RICASSER v. intr. (av. 1525, et chez Huysmans) dérivé de rire*.
RICERCARE n. m., attesté en 1839 dans Fétis, est un emprunt à l'italien, substantivation du verbe ricercare qui correspond au français rechercher, d'où l'emploi ancien de recherche en ce sens musical (1732). Le mot désigne un genre musical en vogue du XVe au XVIIIe siècle, improvisation libre au luth, puis au clavecin et à l'orgue. En français, ce terme didactique est prononcé à l'italienne « ritchercaré ». Le pluriel conserve la forme italienne, des ricercari.
G
RICHE adj. et n., également rice en ancien français (1050), est issu du francique °rîki « puissant ». Ce mot appartient à une racine germanique que l'on retrouve dans le vieil anglais ríce (anglais moderne rich), le moyen néerlandais rijcke, rijck (néerlandais rijk), l'ancien haut allemand rîchi, rîche (allemand reich) l'ancien norrois ríkr (norvégien et suédois rik, danois rig), le gotique reiks. Cette racine représenterait une adaptation précoce du celtique rix (gaulois rix, par exemple dans Vercingétorix, irlandais rí) correspondant au latin rex (→ roi), de la racine indoeuropéenne qu'on retrouve dans rajah* « souverain ».
❏
En ancien et moyen français, l'adjectif correspond à « puissant », à la fois quant au pouvoir politique, à l'importance sociale (l'état de noble) et à l'ampleur des possessions matérielles. De ce sens large procèdent, aux
XIIe et
XIIIe s., la valeur figurée de « considérable », avec une nuance admirative et la valeur psychologique de « courageux, intrépide (à la guerre) ». Les textes religieux, notamment la parabole du
mauvais riche, firent prendre au mot la valeur morale dépréciative de « hautain, arrogant, orgueilleux ».
■
Par spécialisation, on est passé dès le XIe s. (1050) au sens demeuré actuel de « qui possède de grands biens », le même développement s'opérant pour l'ancien anglais dès les premiers textes (v. 900). Riche est employé seul ou dans riche de... avec le sens de « qui possède en abondance (qqch.) » (v. 1207) et, ironiquement, « qui n'a pour tout bien que... » (XVe s.), également « dont la fortune s'élève à... » (1751). Il entre dans des locutions intensives : être riche comme Crésus (1690), être riche à millions (1694) et dans des syntagmes comme riche parti (1870), riche mariage (1870).
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Dès le XIIe s., l'adjectif qualifie une collectivité dont la situation financière ou économique est prospère (v. 1160). De ce sens relèvent les emplois du XXe s. pays riches (en concurrence avec développés), économie riche, etc.
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Riche en (1553) de... (1580) qualifie figurément une personne possédant en abondance des qualités personnelles ou une qualité à un haut degré. C'est de ce sens, avec un souvenir de la valeur large de l'ancien français (« puissant, noble »), que procède l'ancienne locution riche taille (XVIe s.) usuelle au XVIIe s. : « taille harmonieuse et élancée ».
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Par métonymie du sens financier, le mot qualifie une chose d'un grand prix, d'une grande valeur (v. 1112), vieilli comme adjectif mais continué par l'emploi adverbial (1919, ça fait riche).
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Par extension, riche qualifie une terre propre à fournir des récoltes importantes (v. 1131), par métonymie ces récoltes (1694) et, familièrement, une affaire pouvant rapporter gros (1907).
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Plus généralement, l'adjectif qualifie toute chose qui renferme beaucoup d'éléments d'une certaine sorte, seul (déb. XIIIe s.) et avec un complément introduit par en, de (1544, concret et abstrait).
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Avec une valeur figurée proche du sens initial de l'adjectif, il se dit dès l'ancien français (v. 1155) de ce qui présente les caractères (opulence, variété, éclat) attachés aux choses de prix.
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Ultérieurement, il est employé en parlant des choses de l'esprit offrant une large possibilité de développements (1580, Montaigne), notamment en parlant de la rime en poésie (dès 1548), ou encore dans langue riche (1671) et dans l'expression familière une riche idée (XXe s.).
L'adjectif est substantivé dès les premiers textes (1050) en désignant une personne puissante qui possède de grands biens par opposition au pauvre (« a lui en vindrent e li riche e li povre »). Les riches et les pauvres équivaut à les gros et les petits, plus familier.
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Le nom est employé dans le syntagme lexicalisé nouveau riche (1721, Montesquieu), à son tour pris adjectivement (déb. XXe s.) avec une valeur péjorative. Celle-ci se retrouve dans gosse de riche, familier pour « enfant gâté de famille aisée » (déb. XXe s.).
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Le dérivé
RICHESSE n. f. réfection (v. 1138) de
richoise (v. 1119) puis
richece (v. 1130), a les mêmes valeurs sémantiques que
riche. Il a évincé le type
richeté (v. 1130) tandis que
pauvreté supplantait
pauvresse n. f.
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Le mot signifie d'abord « puissance, haut rang », puis désigne l'état d'une personne qui possède des biens importants et, par métonymie, l'abondance de biens en possession d'une personne (v. 1119), sens véritablement assuré au milieu du XIIIe siècle.
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Il s'applique aussi à l'état d'un groupe, d'une société dont la situation économique est prospère (1273).
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Avec une valeur particularisante, le pluriel les richesses (v. 1119) s'applique aux biens matériels considérés comme des objets de possession et à tout ce qui (biens matériels, services) est susceptible de satisfaire un besoin matériel de l'homme, possédant ordinairement une valeur d'échange (1273) ; dans ce dernier cas, il s'emploie parfois au singulier.
■
Par métonymie, richesse concerne le caractère des objets de grand prix ou qui en possède l'opulence, la somptuosité (v. 1138). Le plus souvent au pluriel, richesses, il recouvre ce qui est propre à la satisfaction des besoins et désirs humains (1273) et les choses précieuses, celles auxquelles on attache une valeur particulière (1273).
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Il s'emploie aussi en parlant de la faculté de produire en abondance des biens économiques et, concrètement, d'une ressource, d'une activité permettant de produire des biens, une source de revenus (acceptions attestées en 1562 à propos de la fertilité agricole). Cependant, le mot n'a acquis sa valeur économique moderne qu'au XVIIe siècle. Richesse en... s'applique à ce qui renferme en quantité appréciable une certaine chose (Académie 1694).
■
Le développement des sens figurés abstraits remonte au français classique : richesse désigne un bien intellectuel, moral, spirituel (1587, surtout au pluriel), le caractère de ce qui est fécond du point de vue intellectuel, affectif ou esthétique (1647, les richesses de la langue), ce qui fait la valeur d'une chose (1675). Il concerne aussi la qualité d'une faculté, d'un don qui atteint une grande perfection chez une personne (av. 1742).
◈
L'adverbe
RICHEMENT (v. 1138) a tous ses sens dès l'ancien français, de « luxueusement », « avec profusion » (v. 1170) à « en fournissant des biens matériels importants » (1273). L'emploi figuré avec une valeur intensive, pour « extrêmement » (1552) est sorti d'usage.
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RICHISSIME adj., relevé une première fois au XIIIe s., a été repris en 1801 pour qualifier familièrement une personne très riche.
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RICHARD, ARDE n. (1466), autre dérivé d'usage familier, est employé avec le même sens. Cette forme, avec le suffixe péjoratif -ard, est soutenu par l'existence du prénom et patronyme usuel Richard.
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Le composé
ENRICHIR v. tr. (v. 1120) exprime le fait de donner de grands biens à qqn et, avec un complément désignant une collectivité, un pays, de procurer la prospérité économique (1323). Il est employé avec un complément second introduit par
de au sens de « pourvoir (qqch.) de (ce qui constitue un ornement précieux, une richesse) » (v. 1460), surtout au participe passé
enrichi de. Depuis le
XVIe s., au figuré, le verbe signifie « ajouter à (un récit) des détails pour le rendre plus vivant » (1549), « rendre (une langue) plus expressive par l'apport de mots nouveaux » (1572) puis « cultiver (l'esprit, une faculté) de manière à accroître ses qualités, ses connaissances » (1680).
■
La forme pronominale s'enrichir « devenir riche » (1352) a supplanté l'emploi intransitif de enrichir (v. 1175), qui a disparu. S'enrichir se dit aussi au figuré, d'un esprit qui accroît ses qualités (1680), d'une langue qui accroît son expressivité (1690).
■
Enrichir a produit le substantif d'action ENRICHISSEMENT n. m. (1530), antérieurement enrichiment (1500, une première fois au XIIIe s.) « fait de recevoir un don », sens sorti d'usage.
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Le mot concerne le fait de pourvoir d'ornements précieux (1530) et, par métonymie, désigne un ornement précieux dont un objet est pourvu (1542). Au figuré, il correspond à enrichir, au sens d'« accroissement du pouvoir expressif (d'une langue) » (1579, Du Bellay) et pour « fait d'orner (un texte littéraire) » (1631).
■
Le sens matériel pour « accroissement de fortune », tardif (1787), est d'abord qualifié de fautif puis de rare dans les dictionnaires du XIXe s. ; il s'est depuis imposé comme le plus courant.
■
ENRICHI, IE, le participe passé, est adjectivé et substantivé, surtout avec la valeur péjorative de « nouvellement riche » (1754, nouvel enrichi).
■
Le participe présent ENRICHISSANT, ANTE s'emploie adjectivement (1845) pour qualifier, au figuré, ce qui enrichit l'esprit, la sensibilité, et ne s'emploie pas au sens concret.
◈
RICHOMME n. m. est la francisation (1721), d'après
riche et
homme, de
rico hombre, forme enregistrée par Furetière en 1690 et empruntée à la locution espagnole
rico hombre (ou
ricombre, ric-hombre) qui désignait, du
XIIe au
XIVe s., les membres de la haute noblesse portugaise, castillane, navarraise, aragonaise. Ce terme est formé de
rico « puissant » (du francique
°rîki de même sens, ci-dessus) et de
hombre du latin
homo, hominis (→ homme). On a écrit aussi
riche-homme (fin
XIXe s.). Le mot, formé sur le même modèle que
prud'homme, est didactique.
1 RICHELIEU n. m. Le nom du cardinal de Richelieu a servi, pour des raisons mal connues (une marque de chaussures ?) à la désignation (1894) d'un type de chaussures basses, lacées.
2 RICHELIEU n. m., en pâtisserie, vient du cuisinier du duc de Richelieu, au XVIIIe siècle, et désigne un gâteau de pâte à biscuit, aux amandes, aux fruits ou à la confiture, ainsi qu'une recette de pâté en croûte.
RICIN n. m. est emprunté (1548) au latin ricinus « tique » et « plante dont les graines fournissent une huile, également appelée cici ou croton » (Pline). Ce mot rural, dont seul le premier sens est ancien, est d'origine obscure ; les deux sens peuvent correspondre à une homonymie.
❏
Le mot a été repris comme terme de botanique et, d'après l'huile tirée des graines de cette plante, on a fait
huile de ricin (1775), employée comme purgatif.
Ricinus de l'Amérique (1615) puis
ricin d'Amérique (1870), désigne une autre plante herbacée (nom botanique :
jatropha).
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Reprenant plus tard l'autre sens du latin, le mot désigne aussi les Acariens du genre ixode (1870).
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Les dérivés sont RICINÉ, ÉE adj. (1871) en pharmacologie, les termes de chimie RICINOLÉIQUE adj. (1875), d'abord ricinolique (1855), dont est tiré RICINOLÉATE n. m. (1875), RICININE n. f. (1875), RICINISME n. m. « intoxication par les graines de ricin » (XXe s.).