ROTATION n. f. est emprunté (1375) au latin rotatio « action de mouvoir en rond, de faire tourner », dérivé de rotatum, supin de rotare « tourner » (→ roue, 1 rouer).
❏  Le mot, terme technique désignant le mouvement d'un corps tournant autour d'un axe fixe, est rare avant le XVIIIe s. (1701), date où il fait l'objet d'un nouvel emprunt. Par extension et par l'intermédiaire d'un emploi en physiologie, il passe dans l'usage courant (v. 1710) pour désigner un mouvement circulaire. ◆  Avec une valeur abstraite, il passe en économie où rotation des stocks, des capitaux (1765) concerne la succession des renouvellements d'un stock, la circulation. L'idée d'une série périodique d'opérations s'applique aussi en agriculture dans la locution rotation des cultures (1801), puis en sylviculture où le mot désigne la durée séparant deux passages consécutifs sur le même point des coupes (1933).
■  La notion de rotation en géométrie (XVIIIe s.) et en cinématique (rotation plane, dans l'espace, rotation vectorielle ; mouvement de rotation des solides) donne lieu à des applications en astronomie, en physique (rotation du plan de polarisation, rotation des molécules, des particules ; Cf. moment cinétique, spin). ◆  On parle aussi de rotation en physiologie, en gymnastique, en sports (ski, volley-ball), à propos des mouvements rotatoires du corps ou d'une partie du corps.
■  Le sens abstrait, vers le milieu du XXe s., concerne la fréquence des voyages effectués par un moyen de transport affecté à une ligne régulière (1953) et, dans rotation du personnel (1964), au roulement des fonctions.
❏  Sur le radical de rotation est formé ROTATIF, IVE adj. (fin XIVe s.), repris avec le sens technique actuel « qui agit en tournant » (1942), spécialement dans machine rotative (1845) et presse rotative (1873), cette dernière donnant lieu à l'emploi de ROTATIVE n. f. (1907), mot qui évoque surtout l'impression des journaux, la presse. ◆  Le dérivé ROTATIVISTE n. dénomme le technicien qui conduit une rotative. ◆  Rotative a donné, par apocope et suffixation en -o, ROTO n. f. (1923, dans les dictionnaires).
■  ROTOGRAVURE n. f. formé (1914) d'un élément roto- et de gravure, désigne un procédé d'héliogravure sur cylindre.
■  Le radical de rotation a servi à former ROTATOIRE adj. (1746), qualifiant ce qui constitue une rotation et spécialement, en physique et chimie, le pouvoir qu'ont certaines substances de faire tourner le plan de polarisation d'un rayon lumineux qui les traverse (1847).
■  Rotation a aussi produit ROTATIONNEL, ELLE adj. (1894, P. Curie), spécialisé en physique et substantivé dans le rotationnel d'un champ de vecteurs.
ROTATEUR, TRICE adj. est emprunté (1611) au bas latin rotator « celui qui fait tourner », du supin de rotare.
■  Ce mot didactique a été repris en anatomie, d'abord comme substantif, puis adjectivé (1690 à propos d'un muscle ; emploi général mil. XIXe s.).
ROTOR n. m., désignant la partie d'un moteur affectée d'un mouvement de rotation, est la contraction (1900) du bas latin rotator, « ce qui fait tourner », du latin classique rotare. Pour « voilure tournante (d'un hélicoptère) » c'est probablement un emprunt (1933) à l'anglais rotor (1930).
1 ROTE n. f. est emprunté (v. 1155) à un germanique °hrôta attesté sous la forme latinisée chrotta (VIe s., Fortunat), rotta (v. 750), et par l'ancien haut allemand hruozza. Le gallois crwth « violon » et l'irlandais cruit « harpe », qui représentent certainement le même mot, signifient respectivement « ventre » et « bosse ». Ces noms d'instruments pourraient donc être nés d'emplois par analogie de forme ; dans ce cas, les acceptions originelles (« bosse » ou « ventre ») n'étant représentées que dans les langues celtiques, le mot a pu être emprunté par les Francs et pourrait remonter au gaulois ou, venant de Grande-Bretagne, avoir été transmis en Gaule par les Francs.
❏  Ce mot désigne un ancien instrument de musique à cordes pincées, utilisé notamment par les jongleurs « bretons » (Celtes de Grande-Bretagne).
2 ROTE n. f. est un emprunt (1526) au latin ecclésiastique moderne rota, désignant le tribunal ecclésiastique siégeant à Rome. Ce terme est un emploi spécialisé du latin classique rota (→ roue). La juridiction a été créée en 1331 par le pape Jean XXII à Avignon et a pris le nom de rota parce que les juges s'installaient pour siéger sur un banc circulaire.
❏  Le mot désigne la juridiction ecclésiastique du Saint-Siège instruisant surtout des causes matrimoniales, formée de juges qui ont reçu (av. 1720) le nom de auditeurs de rote. Par analogie, il s'applique à un tribunal collégial espagnol fonctionnant comme la rote romaine et qui lui est subordonné (attesté XXe s.).
ROTENGLE n. m. est un emprunt fautif (1764) à l'allemand Roteugel, variante de Rotauge « œil (Auge) rouge (rot) », pour un poisson (Cyprinidés) aux yeux et aux nageoires rouges.
ROTÉNONE n. f. est un emprunt international (attesté en français en 1933) à un mot japonais (K. Nagaï, 1902), dérivé du nom d'une plante, roten, pour désigner le produit toxique insecticide qu'on extrait de certaines légumineuses.
ROTIFÈRE adj. et n. m. est un composé savant (1762) de l'élément roti-, tiré du latin rota (→ roue) et de -fère* « qui porte ».
❏  Ce terme de zoologie est employé surtout au pluriel pour désigner un groupe d'organismes microscopiques, abondants dans les eaux douces, portant deux couronnes de cils vibratiles autour de la bouche.
■  L'adjectif qualifie en zoologie ce qui porte un organe rotateur.
1 ROTIN n. m. est emprunté (1688), par le néerlandais rottin, au malais r̄otan, nom d'un palmier d'Inde, de Malaisie et d'Afrique tropicale (appelé aussi jonc d'Inde) dont les tiges servent à fabriquer des cannes, des meubles. Avant l'emprunt par le néerlandais, la forme rota (1610) atteste le passage par le portugais. ◆  La variante ROTANG n. m. (1610) pourrait venir directement du malais ; elle est en usage en botanique.
❏  Le mot désigne la partie de la tige des branches du rotang servant à faire des meubles, des cannes, ce matériau (du rotin) et, par métonymie, (un rotin) une canne faite de tige de rotin (fin XVIIe s.). Cette acception, en français de l'île Maurice, figure dans l'expression rotin bazar pour la tige de palmier utilisée autrefois pour les punitions corporelles à l'école.
❏  ROTINEUR n. m. (1875), puis ROTINIER n. m. (1933) ont servi à désigner l'ouvrier qui travaille le rotin. ◆  ROTINER v. s'emploie en français de Guyane pour « travailler le rotin » (intransitif) et « couvrir, garnir de rotin » (transitif : rotiner une chaise)
? 2 ROTIN n. m., mot populaire pour « sou, monnaie », attesté depuis 1835, est d'origine obscure : on a pensé à une altération de rondin au sens argotique de « pièce d'or » (1837), diminutif de rond*, attiré par l'homonyme 1 rotin. P. Guiraud évoque un dérivé de l'adjectif rot « rompu », employé substantivement, comme dans ropts n. m. pl. « tessons d'un pot » ou roupte n. f. « partie cassée de qqch. », issu du latin ruptus, féminin rupta (→ route), participe passé passif de rumpere (→ rompre). Selon cette hypothèse non corroborée, le rotin serait proprement un petit morceau, une petite pièce. À noter que, de manière aussi peu explicable, jonc, osier désignent l'or en argot.
❏  Le mot est un synonyme populaire de « sou », surtout usité dans des phrases négatives (n'avoir pas, plus un rotin).
RÔTIR v., d'abord rostir (v. 1155), puis rôtir (1487), est emprunté à une forme germanique °raustjan « faire griller à la broche », postulée par l'ancien haut allemand rôsten (moyen haut allemand et allemand rösten), lequel serait dérivé de rôst n. m., rôste n. f. « gril ». L'ancien provençal raustir et l'italien arrostire remontent au même étymon, lui-même passé dans le latin du Bas-Empire par les garnisons franques du long du Rhin. L'anglais to roast est repris de l'ancien français. Selon P. Guiraud, qui ne nie pas la possibilité d'un emprunt germanique, la forme romane représenterait aussi un latin °rŭstum « buisson de ronces », et signifierait proprement « cuire sur un feu de broussailles ou de roseaux ». Cette hypothèse manque de supports concrets.
❏  Le mot signifie « faire cuire à la broche, au four » et, par extension, « faire cuire dans la braise ou dans la cendre » (1690). ◆  Par exagération, et dès l'ancien français, ce verbe est employé dans le langage familier pour « exposer à une forte chaleur » (v. 1190). La forme pronominale se rôtir (v. 1190) exprime cette même idée, en parlant d'une personne qui s'expose au soleil, de même que le passif et le participe passé (être rôti au soleil), et que le factitif (se faire rôtir).
■  Rôtir est également employé intransitivement à propos d'un aliment qui cuit à feu vif (1178 ; rare avant le français classique). Au figuré et familièrement, il se dit d'une personne qui reçoit une chaleur très vive (1690).
■  Être rôti, en langue populaire, s'est dit pour « être perdu, condamné », et c'est rôti pour « c'est perdu, fichu ». Ces emplois semblent avoir disparu.
❏  Le déverbal RÔT n. m., attesté très tôt sous la forme rost (v. 1112) refaite en rôt (1636), ne se dit plus que par archaïsme pour rôti. Dans l'ancienne ordonnance du repas, le mot a désigné par métonymie le service qui suivait les potages et entrées, puis a désigné le repas lui-même (v. 1398). On connaît encore la locution figurée la fumée du rôt.
RÔTI n. m. est la substantivation du participe passé masculin de rôtir, d'abord sous la forme rosti (v. 1160) puis rôti (1636). Le mot désignait autrefois toute pièce de viande rôtie, emploi qui s'est substitué à celui de rôt (ci-dessus), et dont procède la locution s'endormir sur le rôti « retarder d'accepter un avantage » (1611), de nos jours équivalente à « se reposer après un succès » (1842) ; Cf. se reposer sur ses lauriers, puis « manquer d'ardeur en amour », ou « s'endormir après l'amour ». C'est aussi de cette acception large qu'est venu le sens métonymique de « partie du repas où l'on sert les viandes » (1671).
■  De nos jours, rôti se réfère seulement à un morceau de viande de boucherie bardé et ficelé, cuit à sec peu de temps et à feu vif, ou destiné à cette cuisson, notamment dans rôti de veau, plus courant que rôti de bœuf, à cause des termes spéciaux et des emprunts (→ rosbif).
■  Le participe passé féminin, RÔTIE, est lui aussi substantivé sous la forme rostie (XIIIe s.) puis rôtie (fin XVIe s.) pour désigner une tranche de pain grillée et, autrefois (1765), une tartine. De nos jours archaïque ou régional en France (Ouest, Centre-Ouest), le mot est encore courant au Québec où il désigne la tranche de pain de mie grillé appelée toast en France, la tranche de « pain français » grillé étant appelée en France pain grillé. Rôtie et toast sont en concurrence en français du Canada, rôtie est vieilli (ou régional) en français d'Europe. ◆  En France, la survivance de rôtie, au sens spécial de « tranche de pain grillé trempée dans un vin chaud sucré », ou encore « soupe, au sens originel, portée aux nouveaux mariés pendant la nuit de noces », relève surtout du folklore.
RÔTISSEUR, EUSE n., d'abord rostisseur (1396) avant rôtisseur (1636), sert à nommer le commerçant qui vend des viandes rôties, un cuisinier qui sait rôtir les viandes (v. 1590) — avec un dicton proverbial : on devient cuisinier, mais on naît rôtisseur — et (XXe s.) le traiteur qui les prépare et les sert.
■  RÔTISSERIE n. f., d'abord rostisserie (v. 1460) puis rôtisserie (1636), désignait anciennement la boutique du rôtisseur, où l'on vendait des viandes rôties et où on les mangeait. Il se disait de la pièce voisine de la cuisine, dans les grandes demeures, affectée à la préparation des viandes rôties (v. 1465), sens qui a été repris par les historiens modernes. De nos jours, il figure surtout dans des noms d'établissements et des enseignes, et désigne un restaurant spécialisé dans les viandes, les volailles rôties (v. 1930) ou encore, par retour au sens initial, un volailler où l'on vend des volailles rôties. Rôtisserie et rotisseur désignent aujourd'hui un commerce et un commerçant qui vend aussi des plats cuisinés ; Cf. traiteur.
■  RÔTISSOIRE n. f., anciennement rostissoir n. m. (v. 1390) et roustissoire (1462), refait en rôtissoire (1765), désigne un ustensile de cuisine servant à faire rôtir la viande, consistant en broche et tournebroche, coquille et lèchefrite. Le mot, devenu archaïque, a été repris (milieu XXe s.) pour désigner un four muni d'une broche tournante.
■  RÔTISSAGE n. m. (1757), « torréfaction des minerais », a été repris d'après rôtir (1826) comme substantif d'action de rôtir.
❏ voir ROSBIF, RÖSTIS, ROUSTIR.
ROTOGRAVURE → GRAVURE
ROTONDE n. f. est emprunté (1488) à l'italien Rotonda, nom propre d'un édifice romain circulaire surmonté d'une coupole (dénomination correspondant au romain Ritonna), féminin substantivé de rotondo « rond », lequel est emprunté au latin rotundus (→ rond).
❏  Le mot, d'abord employé comme nom propre Saincte Marie la Rotonde, Notre-Dame de la Rotonde, pour l'église établie à Rome dans l'ancien Panthéon, est peu usité avant la fin du XVIIe siècle.
■  Rotonde est alors repris comme nom commun pour désigner un édifice circulaire surmonté d'une coupole (dans Furetière, 1690). De là ses spécialisations pour « petit pavillon sur colonnes placé dans un jardin » (1782) et, en chemins de fer, « construction circulaire ou demi-circulaire dans laquelle les locomotives sont remisées sur des voies en éventail » (1875). Par métonymie, rotonde désigne un emplacement de forme ronde, anciennement le compartiment arrière d'une diligence (1833), sens repris dans certains autobus parisiens (v. 1980), l'emplacement où se tenaient les parieurs aux courses et, en technique, l'ensemble des panneaux arrondis constituant l'arrière d'une carrosserie automobile (1949).
■  Dans l'histoire de l'habillement, les sens de « fraise ronde, à la mode sous Henri IV et Louis XIII » (1613) puis « ample manteau de cavalier à pèlerine » (1875) pourraient être des emprunts indépendants.
❏ voir ROTONDITÉ.
ROTONDITÉ n. f. est emprunté (1314) au latin rotunditas « caractère de ce qui est rond », dérivé de rotundus (→ rond, rotonde).
❏  Le mot exprime le caractère de ce qui est rond, sphérique, autrefois dans la locution en rotondité « à la ronde ». ◆  Au XVIIe s., il a pris le sens concret de « rondeur physique (d'une personne) » (1696), familier, le pluriel rotondités se disant plaisamment des formes rondes et pleines du corps féminin, et spécialement des fesses.
❏  ROTOND, ONDE adj. (av. 1867), emprunt savant du latin rotundus, se rencontre chez quelques écrivains avec les sens de « rond » (Baudelaire) et, d'après rotondité, « bedonnant » (1891, Huysmans).
ROTOR → ROTATION
ROTROUENGE n. f. est dérivé en ancien français (XIIIe s.) d'un sens du verbe retrouuer (retrouver), « répéter », appliqué au retour du refrain. Terme d'histoire littéraire, il désigne un type de poème médiéval et de chanson ; composé de strophes et d'un refrain répété.
ROTTWEILER n. m. est emprunté à un dérivé allemand d'un nom de lieu Rottweil, dénommant un chien de garde trapu, à poil noir ras.
ROTULE n. f. est emprunté (1487) au latin rotula, proprement « petite roue », diminutif en -ula de rota (→ roue).
❏  Ce terme d'anatomie désigne l'os mobile en forme de disque arrondi sur le dessus, situé à la partie antérieure du genou ; il est passé dans l'usage général. De là, la locution expressive familière être sur les rotules « être épuisé » (1954), variante de être sur les genoux.
■  Par analogie de forme, le mot est employé en zoologie pour désigner un oursin irrégulier, très aplati (1776), et en mécanique pour une articulation sphérique utilisée dans les organes qui s'orientent dans tous les sens (1875).
❏  Son dérivé ROTULIEN, IENNE adj. (1822), didactique, qualifie ce qui concerne la rotule (ligament rotulien, réflexe rotulien).
L ROTURE n. f. est issu par évolution phonétique (v. 1175) du latin impérial ruptura « fracture » qui a donné rupture* par emprunt savant. C'est un dérivé de rumpere (→ rompre). En latin populaire, le mot a probablement désigné une terre « rompue », défrichée (rompre une terre s'est dit en ancien français et longtemps encore régionalement, par exemple dans le Berry) et, par suite de l'organisation sociale de la France, la redevance due pour une terre à défricher, enfin la terre soumise à cette redevance (Cf. le développement de coterie), c'est-à-dire un héritage non noble.
❏  Passé en ancien français avec le sens concret de « déchirure », sorti d'usage, roture a été repris en parlant d'une terre nouvellement défrichée, soumise à un cens, c'est-à-dire non noble ; cette reprise, attestée au début du XVe s. (1406, roupture), doit être antérieure, à en juger par roturier.
■  L'emploi du mot pour l'état d'une personne non noble est seulement relevé dans les textes en 1549, mais est probablement plus ancien, comme l'indique aussi le dérivé roturier (ci-dessous), à moins qu'il ne vienne lui-même de ce dérivé, pour servir de pendant à noblesse. Le mot a développé un sens figuré dans la locution en roture « déprécié moralement » (1665) à l'époque classique. La valeur figurée pour « manque de culture » (av. 1922, Proust) est un emploi d'auteur, plutôt métaphorique du sens usuel. Parallèlement, par métonymie, roture se dit avec une valeur collective pour « ensemble des roturiers » (1611).
❏  Le dérivé ROTURIER, IÈRE adj. et n., à rapprocher du latin médiéval ruptuarius « paysan » (1072), est attesté dès le XIIIe s. dans le Poitou, puis à partir de 1306 à Paris (comme terme régional) pour désigner et qualifier une personne non noble possédant une « terre rompue », une roture (voir ci-dessus). Il gagne tout le domaine d'oïl au XVIe s. dans la langue littéraire. Par extension, l'adjectif s'applique avec une valeur figurée à une personne qui manque de distinction (XVe s.).
■  De roturier est dérivé ROTURIÈREMENT adv. (1411), autrefois « selon les lois qui concernent la roture », de nos jours et rarement « à la manière des roturiers » (1573).
1 ROUAN, ANNE adj. est un emprunt oral (1340) à l'ancien espagnol roán (espagnol moderne roano) qui se dit d'un cheval, d'un mulet ou d'un bœuf aux crins noirs et à la robe formée de poils blancs, noirs ou roux. Ce mot est issu d'un latin populaire °ravidanus, issu par élargissement du latin classique ravidus « grisâtre ». Ce dernier est dérivé de ravus « d'un gris tirant sur le jaune », mot à l'étymologie obscure, le rapprochement avec l'ancien haut allemand grāo « gris » se heurtant à des difficultés formelles ; le suffixe °-wo- est cependant courant à la base de mots exprimant des couleurs, avec la valeur probable de « tirant sur », par exemple dans canus (→ chenu) helvus « jaunâtre ».
❏  Ce terme d'hippologie a gardé son sens d'emprunt. Par analogie, on appelle antilope rouanne l'hippotragus.
L 2 ROUANNE n. f., réfection (attesté 1680 mais antérieur ; Cf. rouannette) d'après la prononciation de roisne (attesté XIIIe s.) puis roynne (déb. XVe s.), est issu d'un latin populaire de Gaule °rucina, altération du latin classique runcina. Celui-ci est emprunté, avec développement d'une consonne nasale sous l'influence de mots comme rincare « sarcler, aplanir », au grec rhukanê « rabot, varlope ». Ce mot n'a pas d'étymologie claire : un rapprochement avec le sanskrit srúc- « longue cuillère de sacrifice » est peu plausible.
❏  Le mot est un nom technique d'outil, employé anciennement pour une tarière et, en médecine, une rugine* (1314), puis pour un compas muni d'une branche tranchante à l'aide duquel les employés des contributions indirectes marquaient les tonneaux visités (déb. XVe s.). ◆  Il désigne aussi un compas servant à marquer le bois de charpente (déb. XVe s.), puis l'outil de tonnelier, de sabotier, servant à tailler, à dégrossir et à évider le bois (1904).
❏  ROUANNER v. tr., réfection graphique tardive (1870) de roisnier (fin XIIe s.), roysner (1543), s'est employé en médecine pour « trépaner » et pour « entailler avec la rouanne » (1333), puis « marquer avec la rouanne » (1543).
■  ROUANNETTE n. f., diminutif de rouanne (1642), d'abord royenette (XIIIe s.), désigne une petite rouanne servant au marquage des bois de charpente.
RÉNETTE n. f. terme technique ancien, correspond à la réduction phonétique, au XVIIe s. (1659), de roynette (XIIIe s.), diminutif de roisne, forme ancienne de rouanne. Le mot a d'abord désigné l'instrument du maréchal ferrant pour entamer la corne des sabots d'équidés en y pratiquant des sillons, puis (1660, aussi écrit rainette par l'influence de raie, rayer, 1803) un outil de menuisier, de cordonnier, à lame courbe et tranchante, pour tracer des raies sur le bois, le cuir.