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Dans son usage transitif, le verbe signifie « déplacer (un objet) en le faisant tourner sur lui-même », emploi concret auquel correspond, depuis l'époque classique, un emploi figuré (1642, Corneille). La locution
rouler les yeux « les mouvoir en tous sens » (fin
XIIe s.) réalise l'idée de balancement ou de rotation (du corps, d'un organe) réalisée ultérieurement dans plusieurs locutions figurées : ainsi
se rouler les pouces (1869), elliptiquement
se les rouler « ne rien faire » (1901) ;
rouler sa bosse (1816), qui semble une modification expressive de
rouler son corps « beaucoup voyager » (1781) ;
rouler les, des mécaniques (1947), après
rouler les épaules « balancer les épaules » (1876), au figuré « prendre une attitude avantageuse ». De l'idée de rouler sa langue vient
rouler un patin « faire un baiser profond »
(→ patin), en français de Louisiane,
rouler un bec.
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D'après le latin °rotulare, rouler signifie aussi « faire tourner (une chose), lui donner la forme d'un rouleau » (1553), en particulier dans rouler une cigarette (1854) et, en marine, dans rouler la toile « la serrer sur la vergue » (1904).
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Rouler exprime le fait de « faire avancer, déplacer » lorsque le complément désigne un véhicule monté sur roues ou roulettes (1611) et, par métonymie, la personne qui s'y trouve (1833). La locution rouler carrosse (1709), modification de faire rouler un carrosse (où rouler est intransitif, Cf. ci-dessous) [1690], signifie « avoir une voiture à soi » ; elle s'emploie par extension pour signifier de qqn qu'il mène un grand train de vie (1837).
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Le verbe s'emploie aussi pour « faire avancer (un objet cylindrique) », par exemple rouler des tonneaux. En français de Louisiane, rouler la canne, « récolter la canne à sucre », d'où rouler « fabriquer le sucre ». Voir ci-dessous roulaison.
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Rouler qqch. dans sa tête ou dans son esprit (1636) correspond à « tourner et retourner dans sa tête ». L'emploi concret correspondant, pour « tourner et retourner (qqch., qqn) sur toute sa surface » , est beaucoup plus tardif (attesté indirectement dans un emploi métaphorique en 1836 : rouler qqch. dans la boue). Le sens d'« aplanir (une chose) avec un rouleau » (1680, Richelet) témoigne directement de l'influence de rouleau (→ rôle). Ultérieurement, rouler qqch., qqn dans (un objet souple) signifie « envelopper complètement » (déb. XIXe s.). La locution rouler les « r » (1845) fait allusion au fait de faire vibrer (« rouler ») sa langue contre ses dents (Cf. ci-dessous r roulé).
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Un emploi figuré et familier, avec un complément nom de personne, est « abuser (qqn) pour en tirer le meilleur profit » (1834) et, spécialement, « voler » ou « duper », sens qui a influencé la locution rouler qqn dans la farine (1867), issue de la cuisine, et qui se rattache à un emploi qui semble antérieur de rouler pour « se moquer de » (1808), d'où se faire rouler « être trompé, volé ».
L'usage intransitif de
rouler date lui aussi des premiers textes, à propos d'une personne, d'une chose qui tombe en tournant sur soi et d'une chose qui avance en tournant sur elle-même (v. 1160), notamment des roues, roulettes, etc. Par extension,
rouler se dit de ce qui remue en tous sens, par exemple les yeux (v. 1695).
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La plupart des autres emplois apparaissent au XVIe et au XVIIe s. : par métonymie, rouler s'emploie en parlant d'un véhicule qui se déplace (1585) et, par une autre métonymie, d'une personne qui se déplace en véhicule (1611), d'abord surtout un véhicule hippomobile, en relation avec l'emploi transitif, par exemple dans rouler carrosse (ci-dessus). Ce dernier emploi a suscité les locutions figurées rouler sur l'or (1736), qui est peut-être une altération du pronominal se rouler sur l'or (1690) dans laquelle rouler avait un autre sens.
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Au début du XXe s., le verbe tombe dans l'attraction du contexte de l'automobile, d'où de nombreux emplois plus ou moins figés (rouler vite, bien, rouler à 100 à l'heure, etc.). Un certain nombre de formules, comme le je roule pour vous des camionneurs, exploite ce sens.
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Au figuré, rouler intransitif correspondant à « bien fonctionner », et se substituant à aller, marcher, apparaît (1859) dans la tournure impersonnelle ça roule (généralement déterminée par un adverbe comme bien ou mal).
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Le sens figuré pour « avoir les moyens de subvenir à ses besoins, vivre » (1640) a disparu après l'époque classique, à la différence du sens plutôt péjoratif de « mener une existence aventureuse » (1618), demeuré littéraire (il a roulé un peu partout), le transitif rouler sa bosse étant plus courant.
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Rouler se dit abstraitement d'idées, de projets qui sont tournés et retournés dans l'esprit (1656). Il concerne aussi un entretien, un discours qui a pour objet tel thème, dans la construction rouler sur (1660). Rouler sur signifiait aussi « dépendre de » (1668) d'où la locution tout roule là-dessus « le reste en dépend » (1690). En français de la Louisiane, on emploie l'expression laisser le bon temps (ou les bons temps) rouler, comme équivalent de « prendre du bon temps, ne pas s'en faire ».
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Rouler se dit également de ce qui a une circulation active (1690), d'un navire animé de mouvements alternatifs sous l'effet de la mer (1678) ; Cf. ci-dessous roulis. Il s'emploie techniquement en imprimerie en parlant d'une presse mise en mouvement (1680), aujourd'hui d'une rotative, notamment pour l'impression des journaux.
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Il exprime encore le fait de produire un bruit sourd, prolongé, pareil à un grondement (1787).
La forme pronominale
se rouler « se tourner de côté et d'autre (dans, sur qqch.) » (1538) a pris au
XIXe s. la valeur de « s'envelopper entièrement dans une chose » (1830), par exemple
se rouler dans une couverture, en concurrence avec
s'enrouler.
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La locution se rouler par terre (1869), au figuré, signifie « être pris d'une crise de fou rire », le rire non maîtrisé étant exprimé par la torsion du corps (Cf. se tordre, se gondoler et ci-dessous roulant).
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Pour le participe passé, voir plus loin, roulé, ée.
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ROULIS n. m., d'abord
roeleïz (v. 1160),
rolleïs (
XIIIe s.), a désigné dans sa première occurrence une mêlée d'hommes et, concrètement, une palissade de troncs d'arbres ou de fascines roulés (
XIIIe s.), sens limité à l'ancien français. Ce n'est qu'au
XVIIe s. (
roulis, 1611) qu'il a pris son sens moderne courant, désignant le balancement d'un navire sous l'effet du vent et de la houle (1671), d'où
coup de roulis (1904, au propre et au figuré),
planche à roulis, rappel de roulis (1904), expressions techniques.
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Par extension, le mot désigne un mouvement de droite à gauche (fin
XVIIe s.) et, au figuré, le bouleversement, la confusion (av. 1885, Hugo). Par analogie, il s'applique au mouvement d'un véhicule (1844), d'une motrice, d'une voiture de chemin de fer oscillant autour d'un axe parallèle au sens de la marche (1875), et au mouvement oscillatoire d'un aéronef autour de son axe longitudinal (v. 1950).
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ROULEUR, EUSE adj. et n. est attesté en 1284 sous la forme archaïque
roleresse au féminin, en parlant d'une femme qui fait rouler qqch. L'adjectif qualifie ce qui roule (1358), spécialement un insecte qui roule les feuilles des plantes pour s'en nourrir ou pour y pondre (1734).
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Il est substantivé d'abord pour désigner l'ouvrier qui roule des tonneaux (fin
XVIe s.) puis celui qui, dans les mines, est occupé au roulage à bras (1765,
Encyclopédie), qui pousse des chariots (1803).
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Avec une valeur péjorative liée à un sens de rouler (et de rouler sa bosse), il s'est appliqué à un marchand forain (1771), puis à un ouvrier, une ouvrière qui change trop souvent de place (1813) et aussi à une personne qui erre dans de mauvais lieux (1790), une femme de mauvaise vie (1856). De nos jours, rouleur désigne un navire qui roule beaucoup (1725), un coureur cycliste doué de qualités d'endurance pour les parcours à plat (1926). Il désigne aussi certains appareils roulants, par exemple un cric monté sur roues pour manœuvrer les véhicules dans un garage (1933).
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En argot, d'après un sens de rouler « jouer aux dés », ROULEUR s'est dit en argot 1920 pour « joueur de dés ».
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Le féminin rouleuse a servi à désigner une ouvrière (1837), puis un appareil destiné à rouler à la main les cigares et cigarillos (v. 1950) et, en français du Québec, une cigarette roulée à la main.
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ROULIER, IÈRE n. m. et adj. (1292) a longtemps désigné un voiturier transportant des marchandises. Le mot s'employait aussi comme adjectif pour qualifier ce qui a trait au transport des marchandises par roulage (1435,
civiere ruilliere, en parlant d'une brouette). Il s'est spécialisé en marine pour un navire qui touche tous les ports où il peut trouver du fret (1931), un type de navire de charge et un marin qui voyage sans cesse (1936).
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Le féminin ROULIÈRE n. f. (1829) « blouse de roulier » a désigné un vêtement féminin à la mode à la fin du XIXe s., puis est sorti d'usage.
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ROULOIR n. m., d'abord
rolloir (1364), employé comme adjectif en parlant d'un tonneau qui roule facilement, a été substantivé comme nom d'un instrument servant à rouler (1444).
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Le mot a pris sa forme actuelle et a reçu ses sens techniques au XVIIIe s. : il désigne alors l'outil au moyen duquel le cirier roulait les bougies et les cierges sur une table (1723), le rouleau d'un métier à bras (1751), le cylindre dont on se sert dans l'industrie textile pour effacer les plis de la toile (1763, Encyclopédie).
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ROULANT, ANTE adj., participe présent de
rouler, d'abord attesté comme nom (v. 1468), a été adjectivé pour qualifier un objet qui roule (1606). Par extension, il se dit d'un objet muni de roulettes (1668), en particulier dans
chaise roulante (1694).
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Matériel roulant se dit (1863) de l'ensemble des locomotives et voitures employées à l'exploitation d'une voie ferrée. Par métonymie,
roulant qualifie et désigne familièrement le personnel employé à bord des véhicules de transport en commun (1939), ainsi que l'employé des postes qui trie le courrier dans le train (1968, dans les dictionnaires).
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Par une autre métonymie, l'adjectif s'applique à une voie de communication bien tracée et favorisant la vitesse (chemin roulant, 1694). Tapis roulant (1907) se dit d'une surface animée d'un mouvement continu, servant à transporter les personnes ou des marchandises ; escalier roulant correspond à escalier mécanique.
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En relation avec les sens figurés du verbe, roulant qualifie un feu de tir continu (1751). Il se dit aussi des fonds avec lesquels on fait face aux besoins courants (1770).
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Roulant, d'après se rouler (par terre, de rire), est employé au figuré dans le langage populaire, puis familier, au sens de « qui fait rire à se tordre » (1883, Huysmans) ; Cf. tordant.
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Ses quelques emplois substantivés, au masculin et au féminin, pour désigner des objets roulants (1566, pour une charrette ; 1827, pour une voiture), ou un nomade vivant dans une roulotte (1875), sont sortis d'usage.
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Seul l'emploi de ROULANTE n. f. désignant une cantine (1933), elliptiquement pour cuisine, marmite roulante (1877), est encore en usage, mais dans un contexte militaire ou collectif.
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ROULEMENT n. m. (1538) désigne proprement l'action, le mouvement de ce qui roule, sens dont participent les locutions techniques récentes comme
chemin de roulement « voie cimentée d'aérodrome » (1960).
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Le mot désigne aussi le mouvement alternatif des yeux ou d'une partie du corps (1665). Par métonymie, il se dit d'un bruit pareil à celui d'un objet qui roule bruyamment, d'abord en parlant des sons différents poussés d'une même haleine par la voix (1680), puis dans roulement de tambour (1732) et en général (v. 1776).
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Au figuré, avec l'idée d'échange circulaire, roulement s'applique à l'action de remplacer qqn dans ses fonctions (1819) et, spécialement, de la répartition annuelle des magistrats d'un même tribunal entre les chambres qui le composent (1835). En termes de commerce, fonds de roulement (1838) s'emploie pour la somme ou les valeurs destinées à faire face aux dépenses d'exploitation, roulements de fonds (1842) désignant la circulation d'espèces, de capitaux.
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Le mot ne se rencontre que plus tard à propos du déplacement d'un objet qui tourne sur lui-même sans glisser sur une surface (1838) et, en mathématiques, du déplacement d'une courbe plane que l'on fait rouler sur une base (1875).
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ROULÉ, ÉE, participe passé de
rouler, est employé adjectivement (v. 1560) pour qualifier un objet disposé en boule ou en rouleau, en particulier un gâteau dont la pâte est enroulée sur elle-même (1938), emploi avec lequel il est aussi substantivé (v. 1950).
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Son emploi familier dans le syntagme bien roulé « bien proportionné (en parlant du corps, et notamment d'une femme) » (1869), vient de la même métaphore que fait(e) au tour.
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L'emploi de roulé en phonétique, pour qualifier la consonne r prononcée avec vibration de la langue, date du début du XXe siècle.
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Le féminin roulée, de son côté, est substantivé avec quelques acceptions spéciales : ce nom désigne un filet utilisé pour la pêche à la lamproie (1771), a servi à désigner une volée de coups dans le langage populaire (1800) [Cf. tournée] et sert de nom, dans l'usage populaire, pour la cigarette roulée à la main (et non à la machine, comme la toute cousue) [une roulée, v. 1950].
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ROULÉ-BOULÉ n. m. (1961 in Petiot) désigne, d'abord dans le contexte du parachutisme militaire, une chute volontaire suivie d'une culbute. Il est formé des participes passés de
rouler et de
bouler, fam., de
boule.
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ROULAGE n. m., daté par Bloch et Wartburg de 1567, sans indication de sens, a d'abord concerné, en relation avec l'ancien sens de
roulis, l'opération par laquelle on réunit des branchages en fascines (v. 1600), sens disparu.
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Le mot désigne plus durablement le transport des marchandises par voiture (1668) et, par métonymie, l'établissement se chargeant du transport par voiture (1803). D'usage plus technique que
roulement, il s'est employé comme nom d'action de rouler (1690), mais ce sens rare a disparu.
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Dans l'usage administratif,
police de roulage désigne la réglementation de la circulation des véhicules. En français de Belgique, le mot est usuel pour « circulation »
(accident de roulage). En termes de commerce maritime, on parle de
manutention par roulage lorsque les véhicules transportant les marchandises embarquent sur un navire.
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Quelques valeurs spéciales correspondent à celles du verbe : passage au rouleau d'un champ (1842) ; transport du charbon en berline dans les mines (1875). L'Administration française préconise roulage pour la manutention de marchandises à l'aide d'engins roulants, afin d'éviter l'anglicisme roll on / roll off (1975).
◈
ROULAISON n. f. désigne en français de l'océan Indien, notamment à Maurice, et aussi de la Louisiane, la récolte et le transport de la canne à sucre, la période où les machines de l'usine sucrière « roulent ».
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ROULADE n. f., spécialisé au domaine acoustique, désigne un ornement de chant, une succession de notes chantées rapidement et légèrement sur une seule syllabe (1622), ainsi que le chant trillé de certains oiseaux (1690).
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Au sens spatial de rouler, le mot désigne une tranche de viande ou de poisson roulée et garnie (1778), concurrençant aussi roulé en pâtisserie (1933).
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Le mot dénomme aussi un mouvement de gymnastique, distinct du roulé, consistant à s'enrouler sur soi-même (v. 1950).
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ROULURE n. f. (1775) est apparu, en relation avec le sens figuré péjoratif du verbe, « aller çà et là »
(Cf. rouler sa bosse), au sens de « femme vile, prostituée de bas étage ». C'est aussi un terme d'injure agressive
(Cf. salope). Dans ce sens, le rapport avec le verbe
rouler n'est plus senti.
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Ce nom est repris pour désigner l'état de ce qui est enroulé sur soi-même (1812) et, en technique, la manière de réunir deux plaques métalliques entre elles par roulage (1876).
◈
ROULOTTE n. f., dérivé de
rouler au sens d'« aller, avancer (en parlant d'une voiture) », a eu le sens de « charrue » et de « voiture attelée » (début
XIXe s.), dont procède la locution familière
vol à la roulotte « vol dans les voitures en stationnement » (1836).
■
Le sens moderne, « grande voiture où logent les forains et les nomades » (1878), s'est différencié dans la première moitié du XXe s. de la voiture ou remorque aménagée en logement pour faire du tourisme (1933), à laquelle est aujourd'hui réservé en français de France, le nom de caravane, par anglicisme. Cependant, en français du Québec roulotte se dit pour « remorque ou véhicule aménagé pour le camping », et, surtout en milieu rural, dans roulotte à patates (équivalant à la roulante du français de France) pour « petit restaurant installé dans une voiture », dispositif aussi appelé roulotte en français de Polynésie, de Nouvelle-Calédonie.
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De roulotte sont dérivés ROULOTTIER, IÈRE n. (1821), autrefois « charretier », puis « voleur à la roulotte » (1835) et « nomade vivant dans une roulotte » (1895), ainsi que ROULOTTAGE n. m. (début XIXe s.) avec le sens argotique de « vol à la roulotte » (1956).
◈
La productivité de
rouler au
XXe s. est attestée par
ROULISSE n. f. (v. 1950), mot technique désignant l'anneau de surface élargie intallé à la base de chaque retraite de revêtement d'un puits de mine.
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Enfin, roulette, forme altérée de rouellette, dimunitif de rouelle*, est aujourd'hui spontanément rattaché à rouler.
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Rouler a servi à former deux verbes préfixés.
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ENROULER v. tr. (1334), dérivé verbal de rouler formé avec le préfixe en-, enchérit sur l'emploi de rouler pour « envelopper (une chose) autour d'une autre ou sur elle-même » et « envelopper dans qqch. que l'on roule autour » (XXe s.). La forme pronominale s'enrouler se dit pour « se retourner, se lover sur soi-même » (1834), entourer qqch. en faisant des spires (av. 1850) et, par extension, en parlant d'une personne, pour s'envelopper dans qqch. qui entoure (XXe s.).
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Il a donné le substantif d'action ENROULEMENT n. m. (1641), le nom plus technique ENROULAGE n. m. (XIXe s.), les termes techniques ENROULEUR, EUSE adj. et n. m. (1870) et ENROULOIR n. m. (v. 1950), et le préfixé de sens itératif RENROULER v. tr.
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DÉROULER v. tr., d'abord
desroller (1389), est formé avec le préfixe
dé- pour servir d'antonyme à
rouler et à
enrouler au sens de « défaire (ce qui était roulé, enroulé) », à la fois dans l'usage courant et dans des emplois techniques (dans l'industrie du bois).
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Avec un sujet désignant une chose, il correspond à « étaler sous le regard », « offrir à l'œil ou à l'esprit » (1790), sur un plan spatial ou temporel.
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La forme pronominale se dérouler, en plus du sens propre, « s'étendre en longueur en cessant d'être roulé », se dit au figuré d'une suite d'événements, de pensées qui prennent place dans le temps (1798).
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Les principaux dérivés sont DÉROULEMENT n. m. (1704), d'abord relevé en géométrie descriptive, puis avec la valeur générale, « action de dérouler ou de se dérouler » (1805) et, au figuré, « fait de se succéder dans le temps » (1799).
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DÉROULAGE n. m. (1802), synonyme du précédent, est technique pour le débit d'une bille de bois en une feuille mince et continue (1870).
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DÉROULEUSE n. f. (1911) s'emploie pour « machine effectuant le déroulage du bois » et « dispositif pour l'enroulage et le déroulage des fils du téléphone ».
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DÉROULANT adj. m. s'emploie en informatique (1994) à propos du menu sous forme de liste qui propose plusieurs options lorsqu'on l'affiche.
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DÉROULEUR n. m. (1924) désigne aussi un dispositif permettant l'enroulement et le déroulement d'une bande, d'un câble. Le mot avait été formé (1802) pour « personne qui déroule (qqch.) ».