SABRE n. m. a été introduit par les mercenaires allemands ; relevé en 1598 (Bouchet), le mot est emprunté à l'allemand Sabel (1428), variante de Säbel « arme blanche à lame plus ou moins recourbée », lui-même du hongrois száblya, peut-être par l'intermédiaire du polonais szabla.
❏  D'abord attesté au sens de « fouet » (1598), sabre reprend ensuite la valeur de l'étymon (1634 ; 1629, écrit sable). Le mot entre dans la locution péjorative traîneur de sabre « militaire fanfaron et belliqueux » (v. 1830), le sabre symbolisant l'armée (1817, Mme de Staël) ; bruit de sabre « menace de guerre » est vieilli (Cf. bruit de bottes) ; sabre de bois ! est un juron familier. En argot (v. 1930), par la métaphore fréquente du pénis comparé à une arme d'estoc, coup de sabre s'est dit pour « pénétration sexuelle ». ◆  Le mot désigne par métonymie (1898) le sport de l'escrime au sabre (à côté d'escrime, épée...) et un cavalier armé d'un sabre. Sabre d'abattis ou d'abattage (1964) se dit d'un outil servant à se frayer un chemin en brousse (Cf. machete). ◆  Sabre s'emploie plaisamment, en français de France, pour « rasoir à main ». À la Guadeloupe, en Nouvelle-Calédonie, le mot désigne un coutelas, une machette (souvent sabre d'abattis, ou coupe-coupe, ou grand couteau) et dans l'océan Indien, l'instrument tranchant pour couper la canne à sucre (sabre à canne). À la Réunion, on parle de sabrer pour « récolter la canne à sucre ».
■  Le mot est employé par analogie pour nommer un poisson étroit et allongé (1770) et divers instruments courbes : en verrerie traditionnelle (mil. XVIIIe s.), dans le traitement des peaux (XIXe s.), la tonte des haies (1840), etc. ; haricot sabre (1870) désigne une variété à gousse plate et recourbée.
❏  Le dérivé SABRER v. tr., « frapper à coups de sabre » (1680), s'est utilisé par métaphore (1718) dans sabrer une affaire « la juger avec précipitation » et par extension « exécuter rapidement à grands traits » (1798). ◆  À côté de l'usage du verbe dans la technique des peaux, parallèle à celui de sabre, c'est l'idée de « hâte » ou de « coup porté » qui domine. Sabrer a vieilli au sens (XXe s.) de « critiquer sans ménagement » et signifie surtout « pratiquer de larges coupures dans (un texte) » et « traiter sans ménagement », d'où se faire sabrer « se faire renvoyer (d'un établissement scolaire), licencier ». ◆  Par figure et en même temps que sabre, sabrer se dit aussi (v. 1930) pour « posséder sexuellement (une femme) ».
■  Le dérivé SABREUR n. m. désigne celui qui se bat au sabre (1790) et au figuré un soldat brutal (1790). Le sens sportif de « personne qui pratique l'escrime au sabre » apparaît au XXe s. (1924). ◆  Le mot est sorti d'usage (1860) en parlant de qqn qui travaille vite et mal (Cf. saboter).
■  Le verbe a fourni d'autres dérivés techniques : SABRAGE n. m. apparaît (1883) au sens de « hachure », en dessin, et signifie ensuite (1895) « action de sabrer » ; SABREUSE n. f. (1951) est le nom d'une machine employée pour le sabrage des peaux.
❏ voir SABRETACHE.
SABRETACHE n. f. représente (1752) une altération, d'après sabre, de l'allemand Säbeltasche « poche de sabre », composé de Säbel « sabre* » et de Tasche « poche » ; on trouve aussi sabeltache (1845), saberdache (1851).
❏  Le mot désignait un sac plat plus ou moins orné, en cuir, que les cavaliers suspendaient au ceinturon, à côté du sabre ; ce sac contenait à l'origine des ordres ; il devint un simple ornement. La sabretache fut supprimée des uniformes en 1870.
SABURRE n. f. est emprunté (1538) au latin saburra « lest de navire, ballast », terme technique sans doute emprunté, dont le dérivé saburratus est employé au figuré pour « lesté », en parlant de l'estomac. Le latin avait abouti en ancien français à savoure n. f. « lest » (1298), devenu ensuite saorne (1615), savorne (1622).
❏  D'abord relevé au sens de « lest », saburre se disait en médecine ancienne (1765) de l'humeur qui enduit la langue et le palais d'un malade, des matières muqueuses que l'on supposait se trouver dans l'estomac, à la suite de mauvaises digestions.
❏  Le dérivé SABURRAL, ALE, AUX adj. (1776), toujours employé, se dit de la langue lorsqu'elle est recouverte d'un enduit blanc jaunâtre. On trouvait chez Rabelais saburrer l'estomac « se remplir la panse » (1534).
L + 1 SAC n. m. est l'aboutissement (v. 1050) du latin classique saccus, terme général pour « sac à blé, à argent », employé dans des expressions comme saccus vinarius « crible pour filtrer le vin » ; le mot a pris par métonymie, en latin populaire, le sens de « vêtement de crin grossier ». Saccus est un emprunt ancien au grec sakkos, lui aussi terme commercial, nom de la toile d'emballage, emprunté au sémitique, probablement au phénicien (Cf. l'hébreu sȧq). Le mot existe dans les langues romanes (italien sacco, espagnol saco) et a pénétré dans le domaine germanique (gotique sakkus, allemand Sack, anglais sack).
❏  Sac, d'abord employé pour désigner une étoffe grossière, est ensuite attesté dans un emploi métonymique en « judéo-français » (XIe s.) au sens de « contenu d'un sac », précisément « quantité de raisins ou d'olives pressée en une fois », puis on le trouve au sens général (v. 1160) de « contenant de toile ouvert seulement par le haut ». Les usages du mot sont liés à ces deux valeurs. Sac se dit (v. 1120) d'un vêtement grossier confectionné avec de la toile, signe de pénitence dans la Bible, d'où sacbeni (1690) « vêtement de toile donné aux condamnés à mort par l'Inquisition », terme disparu. ◆  Par analogie, le mot s'est employé en médecine (1314) pour « dépôt d'humeurs formé près d'une plaie », encore au XIXe s. (1835). Au figuré, faire le sac a signifié (1375) « mettre un lit en portefeuille ». À la fin du XIVe s., sac s'est dit par analogie pour « ventre, estomac », d'où sac à vin « ivrogne » (1485), toujours en usage, sac à bran (à merde) « homme ventru » (1640). ◆  On relève au milieu du XVe s. trousser son sac et ses quilles (1680, avoir... ; 1690, prendre...) « déguerpir sans demander son reste », sorti d'usage, comme le sac et les quilles de qqn « son bien » (v. 1510) ; donner à qqn son sac et ses quilles signifiait « le congédier » (1611), d'où donner son sac à qqn (1808) qui a produit 2 saquer. Le mot a désigné (1478) le dossier contenant les pièces d'un procès, à l'origine un sac, d'où sac de procès (1549) et les locutions figurées et vieillies : le fond du sac « ce qui est caché » (1608), juger sur l'étiquette (du sac) « sur les apparences » (1675) ; restent vivantes les locutions vider son sac (1640 ; 1596, tu me vuyderas le fond du sac de tes pensées, in Enckell) « n'avoir plus de ressources mentales », puis « dire le fond de sa pensée » (1837), sens actuel, et l'affaire est dans le sac « le succès est assuré » (1680).
■  Par extension de l'idée de « contenant », le mot désigne un objet souple qui sert à ranger, à transporter diverses choses (1599, sac de nuit), d'où sac à ouvrage (1740), sac à dos (1824), sac de voyage, etc.
■  Au XVIIe s., le mot entre dans plusieurs expressions : (homme) de sac et de corde « peu recommandable » se dit par allusion à la façon dont on traitait certains malfaiteurs, enfermés dans un sac noué d'une corde et noyés (et, pour corde, à la pendaison) ; sac évoquait la pratique du vol, par jeu de mots sur sac « pillage » (→ 2 sac) ; avoir la tête dans le sac signifiait « être dans la plus totale ignorance » (1675) ; on relève ensuite prendre qqn la main dans le sac « le prendre sur le fait » (1798). ◆  Sac à terre (1676), aujourd'hui sac de terre, aussi sac de sable, désigne un matériau pour édifier une fortification. Sac percé, métaphore pour « prodigue » (1690), a été remplacée par panier percé. ◆  Parallèlement, sac devient un terme d'anatomie (1677) désignant une cavité ou une enveloppe en forme de sac. ◆  Le mot s'est employé pour « taie d'oreiller » (1692) et « petit filet pour la pêche » (1752). Sac à laine, disparu, puis sac à papier (1791), vieilli, sont des euphémismes remplaçant un juron (→ sacré). ◆  Sac d'os, fig. « personne très maigre », a été précédé par sac à os (1878).
■  Sac pour « situation complexe » (XIXe s.) fait allusion au fait que le contenu d'un sac n'est pas visible ; ce sens a disparu, il a cédé la place à sac de nœuds, sac d'embrouilles (années 1960). ◆  Au concret, sac à coucher (1825) est remplacé par sac de couchage (1904) et a eu des équivalents argotiques : sac à viande (1850) ou, familier sac à puces (1916), expression qui s'applique aujourd'hui à un chien. ◆  D'abord argotique (1846), sac équivaut familièrement, en France, à « billet de 1 000 F » (avant la réforme monétaire de 1960) et a donné le dérivé argotique SACOTIN n. m. (v. 1910) ; la métaphore vient du fait que la Banque de France emploie à partir de 1805, pour les transports de fonds, des sacs de toile contenant chacun 1 000 F en pièces d'or ou d'argent ; de là avoir le sac (1844), être au sac « être riche » (1878), épouser le sac « faire un riche mariage ». ◆  Mettre dans le même sac (mil. XIXe s.) signifie figurément « englober dans la même réprobation », le sac étant alors ce qui sert à ranger ou à enfermer ; avoir bien des tours (1851), plus d'un tour (1935) dans son sac et sac à malices (1876) reprennent la valeur de sac pour « esprit ». ◆  Par figure, un sac à charbon s'est dit (1884) pour « prêtre en soutane », un sac au dos pour « fantassin » (1899). ◆  Sac à main (v. 1903) ou sac désigne un accessoire féminin qui contient les fards, l'argent, etc. ; il a pour équivalent sacoche en Belgique, au Québec ; sac, dans le langage des écoliers (déb. XXe s.), équivaut à « cartable ». L'expression sac d'école est courante au Québec, dans ce sens. D'une manière générale, les emplois de sac « contenant souple ou rigide » se sont multipliés après 1950-1960. Les sacs (de voyage) tendent à devenir aussi répandus que les valises rigides dans la catégorie des bagages ; les sacs remplissent de nombreux usages, représentés par des syntagmes comme sac plastique, sac poubelle*, etc. Le mot a pour synonyme régional poche. ◆  En outre, le mot s'emploie en Belgique là où on dirait sacoche en France.
❏  Le dérivé SACHET n. m., formé (v. 1190) avec le suffixe diminutif -et, se dit d'un sac, puis (1416) d'un petit coussin où l'on met des parfums, placé dans le linge. Au sens de « petit sac », on trouve sacon (v. 1200), sacel (v. 1215) et sachot (XIVe s.).
■  SACHÉE n. f., en ancien et moyen français, s'est dit (v. 1190, sachiee) du contenu d'un sac ; on emploie plutôt sac par métonymie, et la locution à la sachée « en abondance » (1493) a disparu. SACHERIE n. f., « fabrique de sacs », n'est attesté qu'en 1941, mais on relève saquerie, sacquerie, de sens incertain, en moyen français (1485).
SACQUER ou SAQUER v. tr. (v. 1175), d'abord sachier (1150), a signifié « tirer (l'épée) du fourreau » et « retirer violemment (qqn) d'un endroit », puis « tirer violemment, ôter, arracher » (mil. XIIe s. ; v. 1175, saquer les yeux à qqn « les crever »). ◆  Par ailleurs, le verbe s'est dit (XIIIe s., sachier) pour « bousculer, bouleverser », et encore aujourd'hui pour « agiter par saccades ». Il s'emploie figurément pour « tirailler (au moral), réprimander » (1300-1350, écrit sakier ; v. 1380, sachier), valeur reprise au XIXe s. par l'argot des Arts et Métiers (1869), et au XXe s. surtout dans un contexte scolaire (Cf. sabrer). ◆  Comme terme de marine, il signifie « tirer en dedans du navire » (1678, saquer la voile). ◆  Sa(c)quer « renvoyer, exclure » (1866), d'abord en argot, puis familier, vient de la locution donner son sac à qqn « le congédier », attestée dès 1611, et a produit les dérivés argotiques SAQUEMENT n. m. (1878) et SAQUAGE (Bruant, 1901). ◆  Ne pas pouvoir sacquer qqn signifie « ne pas le supporter, le sentir » (1919).
SAQUET n. m., emprunt au provençal saqueti, qui s'emploie aussi en français, désigne en Provence un petit sac, un sachet et un instrument de pêche formé d'un petit sac maintenu ouvert par un anneau de métal. Le mot a désigné un jeu de hasard, à Marseille, et on dit tirer au saquet, au loto, pour « tirer un numéro au hasard, dans le sac ».
Le préfixé ENSACHER v. tr. (v. 1220, ensachier ; forme moderne, XVe s.) signifie « mettre (qqch.) dans un sac », spécialement « mettre (des fruits encore sur l'arbre) dans des sachets pour les préserver » (XXe s.). ◆  Le verbe a fourni les termes techniques ENSACHEMENT n. m., attesté isolément au XVIe s. (ensacquement) et repris en 1829, synonyme de ENSACHAGE n. m. (1848), et ENSACHEUR, EUSE n. (1800), spécialement au féminin « machine à ensacher » (1888) et au masculin « dispositif facilitant le remplissage des sacs » (1907). SACHERIE n. f. se dit en français du Maghreb d'une fabrique de sacs en plastique.
■  BISSAC n. m. (v. 1460), formé avec bis- indiquant le redoublement (→ bi-), désigne un sac fendu en long par le milieu et dont les extrémités forment deux poches. Le mot s'est employé dans les locutions réduire au bissac « réduire à la mendicité » (v. 1550), être au bissac « aller mendier » (1694), sorties d'usage (→ besace).
SACCULE n. m. est un emprunt (1842) au latin sacculus, diminutif de saccus. Le mot désigne en botanique un organe creux et en anatomie (1870) une vésicule placée à la partie inférieure du vestibule (cavité centrale du labyrinthe de l'oreille interne). ◆  SACCULINE n. f., dérivé de sacculus, a désigné (1827) un polypier, puis (1870) un crustacé dont la larve (nauplius) est normale, mais qui se fixant en parasite sur un crabe, subit une régression, développant le sac viscéral externe auquel il doit son nom.
❏ voir SACOCHE, SACQUEBUTE.
2 SAC n. m. est un emprunt (1466-1467) à l'italien sacco (XIVe s.), notamment employé dans mettere a sacco « mettre à sac ». Sacco représente une abréviation de saccomanno « pillard », analogue à l'espagnol sacomano « pillage », lui-même emprunté au moyen allemand sakman, littéralement « homme au sac », d'où « pillard, brigand ». Le premier élément sak remonte peut-être au latin saccus (→ 1 sac), mais on a aussi proposé de voir dans saccomanno un dérivé du latin populaire °saccare, lui-même d'origine germanique. Saccomanno a eu pour correspondants en moyen français sacquement n. m. (1422), saquemand (1596) « pillard » et « pillage », encore employé au XVIIe s. et directement emprunté de l'allemand.
❏  Le mot est d'abord employé dans la locution metre en saq « massacrer », puis (1527) mettre à sac (une ville, etc.) « piller de fond en comble ». Par affaiblissement de sens, mettre à sac s'est employé au XIXe s. (chez Balzac) pour « déranger complètement ».
❏  SACCAGER v. tr. est emprunté à l'italien saccheggiare (XIIIe s.), dérivé de saccheggio « pillage », lui-même de sacco. ◆  Le verbe signifie « mettre à sac » (v. 1450), d'où par extension « détruire ». Il s'est dit pour « mettre à mal (qqn) » (1553) jusqu'au milieu du XVIIe siècle ; par affaiblissement, il s'emploie (XVIe s.) au sens de « bouleverser, mettre en désordre ». On relève aussi en moyen français, pour le premier sens, sacquer (v. 1530) et sacmenter (mil. XVe s.), encore au sens de « massacrer » (1540) au XVIIe siècle.
Le dérivé SACCAGE n. m. (1596), nom d'action correspondant aux diverses significations du verbe, s'emploie aussi au sens affaibli et désigne (1803) un amas d'objets abîmés et en désordre.
■  SACCAGEMENT n. m. est sorti d'usage pour « pillage » (1544) et est vieilli pour « bouleversement » (attesté 1870, Goncourt).
■  SACCAGEUR, EUSE n. s'emploie au propre (1553) et au figuré.
SACAGNE ou SACCAGNE n. m. ou n. f. vient de l'argot italien zacan « canif », d'où saccagné (1887), puis sac(c)agne (1899), d'abord pour le canif des pickpockets servant à couper les poches (aussi sacail), puis pour le couteau des assassins (alors plutôt féminin [années 1920]), remplaçant en partie le mot surin. Le mot reste attaché à l'époque (1880-1940).
SACCADE n. f., attesté chez Rabelais en 1534, est d'origine discutée. Pour Bloch et Wartburg, le nom est dérivé par suffixation en -ade (Cf. ruade) de saquer (v. 1175), forme dialectale de l'ancien français sachier (1150) « tirer violemment », dérivé de 1 sac — le remplissage des sacs de blés suppose des secousses successives — ; il pourrait aussi être dérivé de l'espagnol sacar, de même sens et de même origine, beaucoup de termes de manège ayant été empruntés au XVIe s. à l'espagnol ou à l'italien. P. Guiraud relève que sachier a aussi eu le sens de « renverser » (1172-1174) et dans les dialectes « secouer violemment », « rouer de coups ». Le rapprochement des deux valeurs et de la forme avec les mots d'argot satte, satou « gourdin » et satonner « rouer de coups » conduisent P. Guiraud à proposer un gallo-roman °sapicare / °sapitare, dérivé d'un °sapare « faire couler la sève », reconstitué par les formes dialectales saver, saber (→ sabot). Le verbe signifierait « faire sortir la sève en frappant sur l'écorce » et secondairement « déchirer », « écraser » et « frapper avec violence, rosser », ces acceptions étant en accord avec celles de sachier dont procède saccade. Mais ceci reste très hypothétique.
❏  Saccade a désigné, en termes de manège, une brusque secousse donnée par un cheval pour jeter bas le cavalier ; Rabelais utilise aussi le mot par métaphore avec une valeur érotique (1534) dans elle aura la saccade. Par extension, le mot signifie « secousse violente que l'on donne à qqn en le tirant » (1617) et spécialement « brusque secousse donnée aux rênes d'un cheval » (1651). ◆  L'idée de brusquerie est conservée dans l'emploi figuré pour « rude réprimande, correction » (1694) et dans la locution figurée donner la saccade à qqn « supplanter » (1701), qu'on peut interpréter comme érotique (Cf. baiser, avoir) ; ces emplois sont sortis d'usage. La notion d'irrégularité est retenue en parlant de l'écriture (1765), du discours et du style (1788). ◆  Par extension, saccade désigne (v. 1800) tout mouvement brusque et irrégulier.
❏  Le dérivé SACCADER v., d'abord employé, comme saccade, dans un contexte érotique par Rabelais (1532, saccader une femme), se dit en équitation (1611) et pour « avoir un mouvement saccadé » (XXe s., intr.) Le transitif « rendre saccadé » est attesté en 1839 chez le romantique Ph. O'Neddy.
■  SACCADÉ, ÉE adj. s'applique par figure au style (1774, Beaumarchais) et qualifie un mouvement brusque et irrégulier (1779, de la diction). Les emplois concrets sont attestés postérieurement.
SACCAGER → 2 SAC
SACCHAR-, SACCHARO- est un élément tiré du latin saccharum, emprunté au grec sakkharon « sucre », lui-même emprunt au pali sakharā ; le mot désignait une concrétion siliceuse logée dans les entre-nœuds de certains bambous, que l'on importait d'Inde pour l'utiliser en médecine.
❏  Il sert à former, à partir du XIXe s., des termes scientifiques, en particulier en chimie.
■  SACCHARIN, INE adj., didactique, s'applique d'abord (1573, puis 1694) à ce qui est de la nature du sucre, à ce qui a rapport au sucre, puis au XIXe s. qualifie ce qui est relatif à la production du sucre (1846, industrie saccharine). ◆  Le mot est substantivé, d'abord au masculin (1812) puis au féminin SACCHARINE (1868), pour désigner une substance blanche à pouvoir édulcorant. Seul ce dernier est courant. ◆  De l'adjectif procède SACCHARINIQUE adj. (1890), équivalent de SACCHARIQUE adj. (1837) qui qualifie un acide. Saccharine a fourni l'adjectif SACCHARINÉ, ÉE (1842), d'usage assez courant.
■  SACCHARATE n. m. (1799) « sel de l'acide saccharique » est formé avec le suffixe -ate.
■  SACCHARIFIER v. tr. (1823, au p. passé ; puis 1843) signifie « transformer en sucre (les matières amylacées et cellulosiques) ». ◆  Le verbe a fourni SACCHARIFICATION n. f. (1823) « transformation en saccharose, en glucose », SACCHARIFIABLE adj. (1843) et SACCHARIFIANT, ANTE adj. (1846).
■  SACCHAROSE n. m. (1860), formé avec le suffixe -ose, désigne le sucre alimentaire constitué de glucose et de fructose ; le composé SACCHAROSURIE n. f. (XXe s.), de -urie, « présence de saccharose dans le sang », est un terme de médecine.
SACCHAROMYCES n. m. pl. (1890), formé avec l'élément -myces, du grec muke « champignon », ou SACCHAROMYCÈTES, terme de botanique, est le nom générique des levures employées comme agents de fermentation des sucres. ◆  Le radical de ces mots a fourni le terme de biologie SACCHAROMYCOSE n. f. (1933), de mycose, désignant les levures qui sont employées comme agents de fermentation des sucres, telle la levure de bière.
SACCHARASE n. f. (mil. XXe s.), formé avec le suffixe -ase, est un terme de biochimie désignant l'enzyme qui catalyse l'hydrolyse du saccharose. ◆  SACCHARIDE n. f., formé de saccharo- et -ide, a d'abord désigné (1826) un ensemble de composés du carbone de la famille des sucres, puis (1860) ce qu'on a nommé plus tard polysaccharide. ◆  POLYSACCHARIDE n. m. est un emprunt (attesté fin XIXe s.) à l'allemand (Tollens, 1858), de saccharid, pour un glucide naturel provenant de la condensation de molécules de sucres simples (oses).
SACCHARIMÈTRE n. m. (1839) dénomme l'appareil de mesure de la concentration en sucre d'une solution (souvent par polarimètre). SACCHARIMÉTRIE n. f. (1839) et SACCHARIMÉTRIQUE adj. (1853) en dérivent.
SACERDOCE n. m. est emprunté (fin XIIIe s.) au latin sacerdotium, dérivé de sacerdos, -otis « celui qui accomplit les cérémonies sacrées » puis « prêtre », en général ; sacerdos représente un composé ancien de type indoeuropéen, issu de °sakro-dhō-ts « qui fait une action sacrée » (→ 1 sacrer). Le second élément appartient à la racine °dhē- « placer », représentée dans facere (→ faire). Sacerdos « prêtre » est représenté en judéo-français sous la forme sezers, en ancien français sacerdote (v. 1120), forme employée par Ronsard et attestée encore au XIXe s. (Cf. aussi en moyen français sacerdos, 1442 ; 1538, sacerdot, jusqu'au XVIIe s.).
❏  Sacerdoce s'est d'abord employé pour désigner le ministère de ceux qui, dans l'Ancien Testament, avaient le pouvoir d'offrir à Dieu des victimes pour le peuple ; le mot désigne ensuite, dans la religion catholique, la prêtrise (1611) et le ministère du pape, des évêques. ◆  Il désigne par extension (fin XVIIe s.) le corps ecclésiastique et l'autorité ecclésiastique (v. 1680) et s'emploie en parlant du ministère de ceux qui, dans l'Antiquité, offraient les sacrifices aux dieux (1694, Académie). ◆  Par figure, sacerdoce se dit (1677) d'une fonction qui demande de l'abnégation, comme vocation.
❏  SACERDOTAL, ALE, AUX adj. est emprunté (1325) au latin sacerdotalis, dérivé de sacerdotium, avec la variante sacerdote (v. 1420). ◆  Le mot qualifie ce qui est propre au sacerdoce, en tant qu'état et que corps, et ce qui évoque le sacerdoce. Il entre dans des expressions didactiques : jeux sacerdotaux, que les prêtres donnaient au peuple, et le corps sacerdotal « les prêtres ».
■  L'adjectif a fourni des dérivés sortis d'usage : SACERDOTALITÉ n. f. (v. 1508), SACERDOTALEMENT adv. (1552), SACERDOTALISME n. m. (1872).
SACHEM n. m. est un mot iroquois introduit en français dans un récit de voyage (1784) et employé ensuite par Chateaubriand (1801). Selon l'hypothèse de Bruneau, dans l'Histoire de la langue française, sachem serait « un mot oriental qu'une fantaisie du voyageur anglais Carver avait naturalisé américain » (en 1774) ; cependant, l'attestation du mot dès 1622 dans des relations anglaises va à l'encontre de cette thèse.
❏  Sachem désigne un vieillard qui faisait fonction de conseiller et de chef chez les peuples indiens du Canada et du nord des États-Unis (un grand sachem). Th. Gautier a appliqué le mot à Chateaubriand (1872, « Sachem du romantisme ») ; grand sachem se dit familièrement (XXe s.) pour « grand personnage, chef ».
SACHET → 1 SAC
SACOCHE n. f. (1636), qui apparaît sous la forme sacosse (1606), est emprunté à l'italien de Toscane saccoccia « poche, sacoche », dérivé de sacco, mot emprunté au latin saccus (→ 1 sac). Sacoche est d'ailleurs senti comme un quasi-dérivé de sac.
❏  Le mot a d'abord désigné au XVIIe s. un double sac de cuir dont se servaient les courriers en voyage, et par la suite (1835) un long sac de cuir ou de toile où les garçons de recette mettent l'argent qu'ils touchent. Dans le vocabulaire militaire (1870), il se dit d'une poche de cuir fixée à la selle du cavalier, puis (XXe s.) d'un cycle. ◆  Depuis le début du XXe s., sacoche désigne une grosse bourse de cuir qui se porte au côté ou dans le dos ; le mot s'emploie en Belgique et au Québec pour « sac à main (de femme) ».
SACOLÈVE, d'abord n. f. (1823) puis n. m. (1831), est un emprunt au vénitien sacoleva, pris au grec byzantin sakolephia, de sakos « tissu en poil de chèvre » et laiphê « voile de navire ». ◆  Le mot désigne un navire à voiles à coque incurvée, relevée à ses extrémités, qui était utilisé en Méditerranée, notamment en Grèce pour la pêche aux éponges.
SACQUEBUTE ou SAQUEBUTE n. f., qui apparaît sous la forme saqueboute (v. 1310), toujours en usage dans l'Encyclopédie, puis saquebute (1524), est formé à partir des verbes saquer (→ 1 sac) et bouter*. La graphie saqueboute a été reprise avec la redécouverte du répertoire de la musique ancienne.
❏  Ce terme d'archéologie désigne une lance, armée d'un fer crochu pour désarçonner un cavalier.
■  Il désigne par analogie de forme (1466) un ancêtre du trombone, nommé aussi trompette saicqueboute (v. 1488). Probablement né en Italie, l'instrument connaît un grand succès à la Renaissance, souvent associé au cornet à bouquin ; disparu en France avec Lully, modifié au XVIIIe s., il est remplacé par le trombone.
SACQUER, SAQUER → 1 SAC
1 SACRE n. m. est un mot emprunté (fin XIIIe s.) à l'arabe ṣăqr, d'où vient aussi l'espagnol sacre, l'italien sagro, désignant un oiseau de proie asiatique proche du faucon.
❏  Le mot, en français, désigne la variété de faucon que l'on utilisait à la chasse (1622, sacre « sacre femelle »). ◆  Par la même métaphore que fauconneau (1554), il s'est dit d'un canon lançant des projectiles de cinq livres et, par figure (fin XVe s.), d'un homme sans foi ni loi, emploi disparu sans doute par confusion avec les dérivés de sacré. Sacre s'est aussi dit, en argot ancien (1628), pour « sergent ».
❏  Le dérivé SACRET n. m. (1373), d'abord sacrellet « petit sacre » (XIIIe s., hapax), désigne en fauconnerie un sacre mâle, plus petit d'environ un tiers (→ tiercelet), la femelle, plus employée en chasse, étant désignée par sacre.
2 et 3 SACRE → 1 SACRER
1 SACRÉ → 1 SACRER
2 SACRÉ → SACRUM