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Le mot est d'abord attesté au sens de « temps qu'il fait », puis de « temps indéterminé, époque, laps de temps », encore au
XVIIIe s., d'où viennent les locutions disparues
en nule saison « jamais » (v. 1155),
longue saison « longtemps » (
XIVe s.).
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Il désigne spécialement (1160,
seison) l'époque de l'année où se font certains travaux agricoles, la période où poussent certains produits de la terre
(Cf. judéo-français saizon « moisson »), par exemple dans fruits, légumes de saison, et aussi dans marchande des quatre saisons. De cette acception vient l'emploi (v. 1190) pour « temps favorable, moment opportun pour faire qqch. », avec les locutions
en saison « à propos, opportun » (v. 1175), supplantée par
de saison (v. 1220) ;
il est saison de « le moment est venu de » (v. 1220) s'est maintenue jusqu'au
XVIIIe siècle ;
de saison, qui a aussi signifié (v. 1210) « à point, assez cuit » en parlant de la viande, correspond à « bon à manger dans son état actuel » en parlant d'un animal (
cerf de saison, v. 1250 ;
bœuf de saison, 1534, Rabelais).
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De l'idée de « moment favorable » viennent les emplois disparus pour « prospérité » (v. 1230) et « puissance, faveur » (v. 1260-1270).
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Au XIIIe s., saison prend dans l'usage didactique le sens aujourd'hui dominant, « chacune des quatre grandes divisions de l'année » [en zone tempérée] (v. 1260), ceci dans les usages du français en zones tempérées (Europe, Amérique du Nord). Le mot a une autre valeur dans les régions francophones des zones (sub)tropicales : « chacune des époques de l'année caractérisée par un climat relativement constant », avec par exemple l'expression saison des pluies (v. 1370) aujourd'hui employée, en contraste avec saison sèche, pour caractériser les deux saisons des pays tropicaux. En outre, en français des zones tropicales africaines, on parle de grande et petite saison sèche, séparées par la grande et la petite saison des pluies (ou hivernages). En Nouvelle-Calédonie, on parle de saison chaude et saison fraîche (ou saison sèche) pour l'été et l'hiver austral, la première étant dite saison des cyclones.
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Par métonymie de l'emploi en agriculture, saison s'est dit d'une terre qu'on laboure dans l'année tandis qu'on laisse reposer les autres (1303, en ancien wallon ; relevé, en 1690, par Furetière).
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En moyen français (1440-1475) apparaît le sens particulier, en emploi qualifié, de « période de l'année propice à une activité » (voyages, bains, etc.). Au XVIe s., on relève la locution en temps et en saison « en temps voulu » (1538) puis en temps et saison (1613, encore en 1678), opposée à hors temps et saison (1538). Cette dernière a été supplantée par hors de saison (mil. XVIe s.) puis hors saison. Avant la saison « prématurément » (1538) puis avant saison (1669) est sorti d'usage.
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Par figure, le mot désigne (mil. XVIe s., Du Bellay) une période particulière de la vie, d'où la vieille saison « l'âge avancé » (fin XVIe s., Brantôme), et la durée de la vie (déb. XVIIe s.), emplois disparus, comme jeune saison « la jeunesse » (1re moitié XVIIe s.). À partir du XVIIe s., l'emploi du mot dans des locutions se développe ; on relève la belle saison (1669), opposé à la mauvaise saison (attesté en 1835) ; saison de l'amour « époque de l'année où les animaux s'accouplent » (mil. XVIIIe s., Buffon), devenu saison des amours (1805).
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L'emploi pour « durée pendant laquelle on prend les eaux » est relevé au XVIIIe s. (1770, Diderot, saison d'eaux ; puis absolument au XIXe s.) ; il s'est étendu à toutes sortes d'activités plus ou moins périodiques (avant, pendant la saison). Au milieu du XIXe s., le mot désigne en emploi absolu l'époque de l'année où des visiteurs, des touristes affluent en un lieu, d'où haute saison, basse saison, hors saison (XXe s.), et du moment où un sport s'exerce. De demi-saison, par exemple en parlant d'un vêtement, est attesté en 1870, et quatre-saisons « variété de fraise remontante » en 1875.
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Enfin les Saisons, comme nom propre didactique, s'applique aux trois déesses qui présidaient à l'année chez les Grecs (1788) et aux quatre déesses représentant les saisons chez les Romains (1842).
Le dérivé SAISONNIER, IÈRE adj. et n. qualifie (1775) ce qui est propre à une saison, ce qui ne dure qu'une saison (1870) ; il désigne et qualifie spécialement (1928, adj.) un ouvrier qui travaille à des tâches liées à une saison et une activité qui varie selon l'époque de l'année. SAISONNER v. intr. a signifié (1295) « être de saison » ; terme d'agriculture, il s'est employé au XVIe s. pour « rendre fertile (une terre) ». Aujourd'hui c'est un terme technique (v. 1560) qui signifie « donner une grosse récolte (de fruits) ».
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SAISONNALITÉ n. f. (1985) désigne le caractère saisonnier d'un phénomène social, économique.
Les composés et préfixés sont usuels.
ASSAISONNER v. tr. apparaît (1209) avec le sens de « disposer, préparer », proprement « approprier à la saison » d'où le participe passé
asaisnié, assesonné « apprêté », en parlant d'un plat (
XIIIe s.), et
soi asaizoner « se préparer, se mettre en état convenable » (v. 1320). Le verbe s'est employé au sens concret de « cultiver (la terre) » (1371), proprement « conduire les cultures selon les saisons », d'où
assaisoné « mûr » en parlant du blé (1407), des fruits (
XVIe s.) et le sens de « faire mûrir » (mil.
XVIe s.).
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Au
XVIe s.,
assaisonner prend le sens aujourd'hui courant d'« accommoder (un plat) avec des produits qui en relèvent le goût » (1538 ; mais antérieur, car
saysonner est relevé en 1530). Par figure, le verbe signifie (1572) « donner du piquant, de l'agrément à (qqch.) », métaphore littéraire. Il s'est employé au
XVIIe s. pour « accommoder ensemble (des choses différentes) ». Le sens métaphorique et familier de « maltraiter (qqn) » (
XXe s.), qui correspond à
arranger, est très vivant.
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Le dérivé ASSAISONNEMENT n. m. désigne ce que l'on emploie pour assaisonner (1538), l'action, la manière d'assaisonner un plat (1597). Il a vieilli au sens figuré (1580, Montaigne).
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ASSAISONNEUR, EUSE n. (1538) est noté peu usité par Furetière.
MORTE-SAISON n. f. (v. 1380), de
2 mort, s'est d'abord dit du temps de l'année où la terre ne produit rien, où l'on ne fait rien ; l'emploi moderne, en parlant de l'époque de l'année où l'activité économique ou commerciale est réduite, est attesté dès 1517 à propos de la pêche.
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ARRIÈRE-SAISON n. f. (v. 1500), de arrière, désigne l'automne, dernière saison de l'année, et la fin de l'automne, le commencement de l'hiver. Dans le domaine agricole, le mot se dit de la fin d'une saison, des mois qui précèdent la nouvelle récolte (1690, vin, blé d'arrière-saison) ; par extension, il s'emploie en parlant de toute fin d'époque (1907) et au figuré de l'âge voisin de la vieillesse.
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CONTRE-SAISON (À) loc. adv., qui signifie d'abord (déb. XVIIe s.) « hors de saison », est d'emploi littéraire et s'applique notamment aux fruits, légumes ou fleurs produits hors de la saison normale.
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INTERSAISON n. f. (1934), de inter-, se dit en sports de l'espace de temps qui sépare deux saisons sportives.