SALAMI n. m. est un emprunt (1841), d'abord sous la forme salame (av. 1674 ; repris en 1852), à l'italien salami, pluriel de salame, salume, [prononcé loumé], désignant, comme terme collectif, de la viande salée ; l'italien dérive de sale « sel », emprunté au latin sal (→ sel).
❏  Salami désigne un gros saucisson sec, d'abord fabriqué en Italie (en particulier à Bologne et à Milan). ◆  Par analogie, le mot se dit en politique (1969 ; sens probablement emprunté à l'anglo-américain, par une métaphore analogue à celle de saucissonner) d'une méthode consistant à amener un adversaire à composer, en lui extorquant une suite de concessions minimes (de même que l'on débite une à une de fines tranches dans un salami).
SALANGANE n. f. est un emprunt, d'abord sous la forme salangan (1719), à une langue des Philippines, pour un passereau de la famille des martinets, vivant notamment en Malaisie. Il est connu en particulier pour son nid fait d'algues de la famille des Floridés, qui sert à la confection d'un plat apprécié, en Extrême-Orient (appelé erronément nid d'hirondelle).
SALAUD → SALE
G SALE adj. est issu (v. 1160-1170) du francique °salo « qui est trouble, terne », représenté dans les langues celtiques, comme l'ancien irlandais sail « sale », et germaniques, comme l'ancien danois salo « sale, terne » et l'anglo-saxon salo.
❏  L'adjectif s'applique d'abord, dans le domaine concret, à ce qui est malpropre, personne ou chose, et spécialement (v. 1210 in T. L. F.) à une personne qui se lave insuffisamment. Dans ce sens, plusieurs locutions comparatives ont cours (sale comme un cochon, un peigne, etc.). Avec une valeur abstraite, il qualifie (XIIIe s.) ce qui est déshonnête, blesse la pudeur. ◆  Par extension du premier emploi, il se dit (fin XVe s.) de ce qui, sans être souillé, n'est pas net, est d'une teinte équivoque, terne, d'où gris sale (1611) ; cette valeur correspond au sens initial de l'étymon. ◆  L'adjectif s'est employé (XVIe s.) en parlant de ce qui est contraire à l'honneur, de ce qui est impur. De l'idée d'« absence de netteté » vient l'emploi figuré dans côte sale « dangereuse, pleine de bancs » (1680), qui s'est dit jusqu'à la fin du XIXe siècle. Son cas est sale s'est dit (1690) d'un homme fortement menacé de poursuites judiciaires. Employé en peinture à propos des couleurs mal fondues d'un tableau (1798), l'adjectif est encore en usage. ◆  La valeur abstraite et morale, attestée au XVIe s. à propos des personnes, se développe au XIXe siècle ; l'adjectif qualifie (1870) des personnes que l'on condamne ou que l'on méprise (sale type, etc.), d'où son emploi fréquent dans les injures, notamment xénophobes et racistes. ◆  Il s'applique à ce qui est laid, d'où avoir une sale gueule (1888, Courteline), ou très désagréable, par exemple dans une sale affaire (1847, Balzac), et est employé en général comme dépréciatif pour « très mauvais » (sale temps, 1858 au figuré). L'expression (c'est un) sale coup pour la fanfare (1881) n'est pas expliquée. C'est pas sale (mil. XXe s.) correspond à « c'est excellent ». ◆  Avec sa première valeur, il est repris (1968) en parlant d'une bombe atomique dont les retombées radioactives sont importantes (opposé à propre, aussi dans cet emploi spécial).
❏  Le dérivé SALIR v. tr. signifie « rendre sale ou plus sale » (XIIe s. ; seulement XIIIe s. selon T.L.F.) ; avec le même sens, ensalir (XIIIe s.) s'est maintenu jusqu'au début du XVIIIe siècle. ◆  Salir s'emploie au figuré depuis la première moitié du XVIIe s. (Guez de Balzac, au pronominal). ◆  Le pronominal s'utilise spécialement aux sens de « perdre son éclat », en parlant d'une couleur (1740, se salir), et de « se souiller par ses déjections » (1764, le sujet désignant un enfant, un malade). Le transitif s'emploie avec les mêmes valeurs.
Le verbe a fourni plusieurs dérivés.
■  SALISSURE n. f. « chose qui salit » (v. 1540), SALISSEMENT n. m. (1576) « action de salir », rare.
■  SALISSEUR, EUSE n. (1886, Bloy, au figuré).
■  SALISSON n. f., régional et familier pour « petite fille malpropre » (1585) et analogue à souillon, a désigné une petite servante chargée des travaux les plus salissants (1690).
■  SALISSANT, ANTE adj. s'applique à ce qui se salit facilement (1694), à ce qui fait que l'on se salit (1834) ; il s'emploie spécialement en agriculture dans plante salissante (XXe s.), semée à la volée, ce qui exclut le sarclage. ◆  Le composé INSALISSABLE adj. (1845) est rare.
■  RESALIR v. tr. (1875) a le sens itératif attendu.
Par ailleurs, sale a des dérivés noms et adverbe.
■  SALETÉ n. f., « caractère de ce qui est sale » (1511 [1563 selon T.L.F.]), se dit au figuré pour « impureté, obscénité » (1572). Une saleté désigne une chose sale (1680) et au figuré une chose immorale, grossière (1690). ◆  Le mot s'emploie familièrement (1836) pour « chose sans valeur » et comme terme d'injure (1916).
■  SALEMENT adv. (1511) s'emploie au figuré (1671) « impudiquement », et spécialement comme intensif familier (1902), équivalent de « beaucoup, très ».
■  SALAUD, AUDE n. et adj. est sorti d'usage au sens de « personne très sale » (1584 ; XIIIe s. selon Dauzat). Le mot s'emploie familièrement (1798) comme terme d'injure, puis équivaut à « personne moralement répugnante » (mil. XIXe s.) et à « homme salace » ; dans ce cas, il n'y a pas forcément de péjoration, l'état des mœurs valorisant la liberté sexuelle chez l'homme ; à l'inverse, cette liberté est dépréciée chez la femme dans l'emploi de salope*. Le féminin salaude (1584 ; « prostituée », 1798) ne s'emploie plus, supplanté par salope*.
■  SALINGUE adj. et n. est formé (1925) à partir du suffixe argotique -ingue et reprend les valeurs de sale.
❏ voir SALIGAUD, SALOPE (et SALOP).
SALEP n. m. est un emprunt de l'arabe salilap en pharmacie (1740) à propos d'une fécule extraite des tubercules de l'orchis, utilisée comme aliment et en pharmacie.
SALER et dér. → SEL
SALÉSIEN, IENNE adj. est dérivé du nom propre Sales, nom d'un lieu et d'un château près de Thorens, en Savoie, où est né saint François de Sales, pour qualifier sa doctrine, ses idées, ses œuvres. ◆  Au féminin (1808), c'est le nom d'une religieuse de la congrégation des Filles de Marie-Auxiliatrice. Au masculin, un prêtre de l'ordre inspiré par saint François de Sales et fondé en 1836 par Dom Bosco.
SALICAIRE n. f. est emprunté (1694) au latin des botanistes salicaria, dérivé du latin classique salix, -icis « saule », qui a pour correspondant l'irlandais sail et est apparenté à l'ancien haut allemand salaha (→ saule).
❏  Le mot désigne une plante du bord des eaux (nom scientifique : Lythrum), utilisée en pharmacie comme antidiarrhéique ; son nom vient du fait qu'elle pousse souvent parmi les saules.
❏  SALICACÉES n. f. pl., dérivé savant (1884) du latin salix avec le suffixe -acées, désigne en botanique une famille de plantes regroupant les saules et les peupliers. ◆  On rencontre, avec le même sens, SALICINÉES n. f. pl. (1817) et SALICARIÉES n. f. pl. (1845), sortis d'usage.
■  SALICALES n. f. pl., formé savamment (mil. XXe s.) sur le latin salix, désigne un ordre de plantes ne comprenant que la famille des salicacées.
❏ voir SARGASSE, SALICYLIQUE.
? SALICOQUE n. f., mot normand de formation obscure, apparaît sous la forme saige coque en 1530 (donné comme terme de Rouen), puis salecoque, salcoque (1554) et salicoque en 1560 (variante salicot, dans le midi de la France). Une forme saillecoque (1642) permet de supposer une composition avec salir, variante ancienne et dialectale (Normandie) de saillir* « sauter » et de coque* « coquillage » (Cf. le normand sauticot), mais il ne s'agirait peut-être, selon Bloch et Wartburg, que de croisements secondaires. Selon P. Guiraud, le mot serait un composé tautologique ; le second élément serait à rapprocher de coquer « frapper » et coter « donner des coups de corne », la salicoque étant l'animal qui « donne des coups de corne en sautant » ; crevette*, forme normande de chevrette, manifesterait ce sémantisme, la crevette projetant ses antennes en avant comme si elle donnait des coups de corne.
❏  Salicoque, terme régional, désigne une crevette grise ou (en Normandie) rose, nommée à Paris bouquet (dérivé de bouc présentant aussi l'idée de « corne »).
SALICORNE n. f. représente une altération (1611) d'après corne* de salicor (1564), qui serait un mot d'origine arabe d'après O. de Serres (« salicor, par les Arabes dit salcoran »). P. Guiraud fait l'hypothèse d'un croisement entre le latin sal, salis (→ sel) et corneus « de corne », dérivé de cornu (→ corne), salicorne étant proprement selon lui une « corne à sel ».
❏  Le mot désigne une plante qui pousse sur les terrains salés du littoral atlantique ou méditerranéen.
SALICYLIQUE adj. est dérivé (1838) de salicyle n. m. (1838). Ce terme sorti d'usage est composé, par suffixation en -yle (du grec hulê « bois, matière »), du radical de salicine n. f. (1830), terme de chimie également disparu, dérivé savant du latin salix, -icis (→ salicaire), avec le suffixe -ine.
❏  Salicylique se dit de l'acide ortho-hydrobenzoïque, présent dans les fleurs de reines-des-prés ; autrefois employé pour la conservation des aliments, cet acide est utilisé en médecine pour ses valeurs antiseptiques.
❏  De l'adjectif dérivent les termes de chimie SALICYLATE n. m. (1844), suffixe -ate, SALICYLIDE n. m. (1904) et le terme de médecine SALICYLISME n. m. (XXe s.).
Le composé préfixé ACÉTYLSALICYLIQUE adj. (fin XIXe s.), de acétyl-*, se dit, en chimie et en pharmacie, de l'acide couramment nommé « aspirine ».
Sur le radical de salicyle ont été formés SALICYLER v. tr. (1890) et SALICYLÉ, ÉE adj. (1912).
■  SALICOSIDE n. m. ou f., composé (1933) de salic(ine) et de -oside, d'après glucoside, s'est substitué à salicine pour désigner un glucoside contenu dans l'écorce du saule, du peuplier.
SALIGAUD n. m., écrit saligot (v. 1170) jusqu'au XVIIe s., puis saligaud (1656), est un mot appartenant d'abord aux parlers picard et wallon, probablement dérivé du francique °salik « sale », dérivé de °salo (→ sale) à l'aide du suffixe péjoratif -ot. Le mot apparaît dans deux chansons de geste d'origine picarde, vers 1170 et vers 1220, comme nom propre de deux rois sarrasins, puis comme surnom (1269, à Liège).
❏  Saligaud est attesté vers 1380 en wallon comme épithète injurieuse. Au début du XVIIe s. (1611) en emploi adjectivé, il qualifie une personne négligente dans sa mise, sale, d'où l'emploi substantivé moderne et familier pour une personne sale (1656, saligot et saligaud). ◆  Par figure, saligaud se dit (1866) d'une personne qui agit de manière moralement répugnante.
❏  La variante graphique saligot, saligote « femme sale » (1821) a fourni le dérivé SALIGOTER v. tr. ou saligauder (1859) « salir » (fin XIXe s.), qui se dit familièrement pour « faire très mal (un travail) », comme saloper.
SALIQUE adj. est un emprunt savant (1380) au latin médiéval salicus, dérivé du bas latin Salii « les Francs Saliens », nom d'une tribu franque établie sur les bords de la rivière Sala (aujourd'hui l'Yssel).
❏  L'adjectif est d'abord attesté dans Loi salique « recueil de lois des anciens Francs Saliens » qui contient une règle excluant les femmes du droit de succession à la terre des ancêtres ; cette règle a été invoquée au XIVe s. pour empêcher les femmes de succéder à la couronne de France. En histoire, salique qualifie plus généralement ce qui est relatif aux Francs Saliens.
❏  SALIEN, IENNE est la forme française désignant les Francs Salii (ci-dessus). Comme nom, il est attesté en 1589, comme adjectif, au XVIIIe s. (1756).
SALIVE n. f. est un emprunt savant (1170) au latin saliva « salive, bave » et « saveur (qui excite la salive) », aussi « salive en tant que marque de désir ou d'appétit ». Saliva, d'origine obscure, est bien représenté dans les langues romanes où il s'est vu cependant concurrencé par d'autres dénominations plus fortes et plus expressives, comme bave en français.
❏  Salive désigne le liquide produit par la sécrétion des glandes de la bouche. À partir du XVIIe s., le mot entre dans plusieurs locutions figurées : la salive en vient à la bouche « on a un grand appétit de » (1636) et, par une relation avec la bouche, organe de la parole (réalisée aussi dans baver, bavasser, bavard), perdre sa salive « perdre du temps à parler, à s'efforcer de persuader qqn » (1843), dépenser sa salive « parler beaucoup » (1867 ; dépenser beaucoup de salive, 1907), avaler sa salive « se retenir de parler » (1870).
❏  Le dérivé SALIVEUX, EUSE adj., d'abord « plein de salive » (1570), puis « qui ressemble à de la salive » (1842), acceptions disparues, est un équivalent littéraire et rare de baveux.
À l'époque impériale, ont été formés des dérivés du latin saliva, auxquels sont empruntés plusieurs mots.
■  SALIVATION n. f., emprunt savant (v. 1560, Paré) à salivatio (de salivatum, supin de salivare), se dit en anatomie de la sécrétion de la salive, spécialement de la sécrétion excessive. ◆  Ce substantif semble antérieur au verbe SALIVER v. intr. « sécréter, rendre de la salive », emprunt (1611) de salivare, mais l'ancien provençal connaissait le verbe salivar dès le XIVe siècle. ◆  Le verbe a fourni SALIVANT, ANTE adj. (1765) « qui fait saliver », d'emploi rare, et SALIVEUR, EUSE n. (XXe s.) « personne qui salive ».
■  SALIVAIRE adj. (fin XVIe s. bave salivaire, puis 1690), emprunt au dérivé latin salivarius, s'emploie en anatomie (1718, glandes salivaires).
■  SALIVAL adj. (v. 1560, Paré), dérivé de salive et qui correspond à un adjectif de l'ancien provençal (v. 1350), est sorti d'usage.
Salive a enfin fourni le composé INSALIVATION n. f. « imprégnation des aliments par la salive » (1805), didactique, et on relève le verbe insaliver chez Flaubert.
❏ voir SIAL(O)-.
G SALLE n. f., réfection graphique (v. 1250) des formes sale (1080) et saule (1220), employées à côté de salle jusqu'au XIVe s., est issu du francique °sal, mot masculin (Cf. allemand Saal) devenu féminin : on relève sala dans les Lois Barbares. La voyelle accentuée a a été conservée, peut-être sous l'influence de halle. L'espagnol et le portugais ont sala « pièce principale d'habitation ». L'italien sala a pour augmentatif salone → salon.
❏  Le mot a d'abord désigné, dans un château, la grande pièce où avaient lieu les réceptions (aussi grand-salle). Jusqu'au XVIe s., le mot s'emploie seul ; il s'est dit par métonymie pour « palais, résidence d'un souverain » (v. 1250) et pour « bâtiment » en général (1340). Également au XIVe s., il a désigné l'ensemble des rideaux et des tapis dont on peut garnir une pièce, sens disparu. Il s'est employé à la même époque pour parler de la salle du palais où se tenait l'audience d'un tribunal, d'où le sens de « tribunal » (1382), lui aussi disparu (on dit salle d'un tribunal). C'est toujours l'idée de « lieu vaste » que l'on a avec le sens de « cour pour les tournois ». ◆  Salle capitulaire (du chapitre) semble une expression d'archéologue (1832). ◆  À partir du XVIe s., le mot, souvent qualifié, se spécialise pour désigner un lieu destiné à des activités spécifiques ou un lieu ouvert au public. On relève salle d'audience (d'un tribunal) en 1538 et l'emploi de salle pour « lieu vaste et ouvert destiné à un service public » (1559), puis salle du bal (1582), et salle de bal (1591), forme qui est restée. Salle désigne aussi l'endroit où le maître d'armes enseigne (1594), puis on emploie salle d'escrime (1636), salle d'armes (1677). ◆  Au XVIe s. (1558) et au XVIIe s., salle se disait couramment de la pièce où l'on vivait et recevait ; cet emploi reste régional et rural, salle désignant encore la pièce principale, notamment dans l'ouest de la France, en Bourgogne, aussi dans l'Est (Meuse) ; en ville, il a été concurrencé et supplanté par salon, puis living et salle de séjour (1955, Camus), d'où le séjour (1960). ◆  Salle du commun « salle où les domestiques mangent » (1616) a disparu. Il en est de même pour salle employé seul pour « endroit du collège où l'on se réunit, spécialement pour les punitions » ; de là avoir la salle « être fouetté » (1611), donner la salle « le fouet » (1636) aujourd'hui incompréhensibles. ◆  Salle, au sens de « pièce disposée pour y prendre les repas » (XVIIe s.), est sorti d'usage, remplacé par salle à manger (1584), véritable composé qui s'emploie aussi, par une métonymie commune aux mots désignant des pièces d'habitation (chambre, salon), pour le mobilier de cette pièce. Au Québec, on emploie traditionnellement salle à dîner, dans ce sens. En restauration, en français de France, salle peut s'opposer à cuisine (travailler en salle, au service), à terrasse (cafés), à bar. ◆  Salle de danse (1669) ou salle (1690) « lieu où l'on enseigne la danse » n'est plus employé. ◆  Salle désigne spécialement (1680) une pièce où sont les lits des malades, dans un hôpital. Le mot employé seul, dans ce contexte, semble très antérieur à salle d'hôpital (attesté 1833, P. Borel). Salle d'opération (1855) a vieilli (par rapport à bloc opératoire) mais salle reste usuel dans de nombreux termes hospitaliers. ◆  Salle s'est dit (1690) pour « pièce où l'on fait la classe », remplacé par salle d'étude (1855), puis salle de classe (1900, Colette) et plus couramment classe. ◆  Plusieurs expressions ont disparu : salle des gardes (1643) pour les gardes du corps du souverain, salle de garde, aujourd'hui réservé à la salle où se tiennent les internes de garde, dans un hôpital, expression toujours vivante et qui évoque l'humour particulier des carabins dans chansons de salle de garde, en général obscènes. ◆  Salle de bains a désigné (1691) une pièce d'un appartement de bains ; au sens moderne, salle de bains (1765) a remplacé salle à bains, en usage aux XVIIIe et XIXe s., et est devenu usuel vers la fin du XIXe s., avec la diffusion de l'hygiène domestique. Salle d'eau (1952), dans ce sens, est indépendant de salle d'eau « partie basse d'une fontaine » (1691). ◆  À la fin du XVIIIe s., salle de discipline se dit du local disciplinaire d'une caserne, aussi nommé salle de police (1835). ◆  Salle d'asile (1801) « établissement public où l'on reçoit les très jeunes enfants » a été remplacé au XXe s. par (école) maternelle.
■  Le mot désigne aussi un local aménagé pour recevoir des spectateurs, dans salle des comédies (Académie, 1694), salle de spectacles (1738) et aussi dans salle de concert (1835), absolument salle, en particulier pour le théâtre, le cinéma (1917, salle obscure « cinéma », le plus souvent au pluriel). ◆  Par métonymie, la salle désigne (1835, Vigny) le public d'une salle de spectacle. ◆  Salle des pas perdus, nom d'une grande salle au Palais de justice de Paris (1835), se dit de la pièce qui précède la salle d'audience, puis au XXe s. du hall d'une grande gare. ◆  On relève, aussi au XIXe s. (1835), salle de réception et salle d'attente (1823 ; 1835 dans une gare ; ensuite aussi à propos de la pièce d'un cabinet médical, d'un bureau, etc., où l'on attend). Salle de contrôle est apparu en radiodiffusion (1934). ◆  Salle des ventes est attesté au XIXe s. (1860, Duranty) à propos du local réservé à des ventes aux enchères. ◆  Fille de salle, garçon de salle correspond à « domestique chargé de l'entretien d'une pièce commune » (1875). ◆  Salle est rarement appliqué à un espace sommairement aménagé ; cependant, en français de l'océan Indien, on parle de salle verte pour un abri de branchages installé temporairement, par exemple pour une fête.
❏  Le composé ARRIÈRE-SALLE n. f. (1853) se dit d'une salle située derrière une autre (par exemple dans un restaurant).
❏ voir SALON, SALOON.
SALMANAZAR n. m. est tiré (1964) du nom des rois assyriens, évoquant l'idée de monuments immenses, pour nommer, dans la série des jéroboams, etc. une très grosse bouteille de champagne contenant douze bouteilles normales.
SALMIGONDIS n. m. (1627), (d'abord salmigondin 1552, Rabelais puis salmigondi 1596), représente un élargissement du moyen français salemine (1393) ou salamine (1545) « mets dans lequel entrent plusieurs espèces de poissons », dérivé du radical de sel* par suffixation en -ain, -in (du latin -amen) ou -ine, à valeur collective. Au XVIe s., salemine, salmin se serait croisé avec un second élément -gondin (-gondis), qui pourrait être issu de l'ancien verbe condir « accommoder » (XIIe s.) et « assaisonner » (XVIe s.), emprunté au latin condire « épicer, assaisonner » et « embaumer » (→ condiment).
❏  Le mot est sorti d'usage pour désigner un ragoût fait de plusieurs viandes réchauffées (1552). ◆  Au figuré, par la même métaphore que dans salade, macédoine..., il se dit (1618) d'un mélange confus de divers éléments, en parlant d'un discours, d'une conversation, d'un ouvrage.
❏  SALMIS n. m., d'abord écrit salmi (1718), est la forme abrégée de salmigondis. Le mot est surtout employé au propre, notamment en parlant d'un ragoût de pièces de gibier (1740). ◆  Sa valeur figurée (1800), qui équivaut à celle de salmigondis, est plus rare.
SALMONELLE n. f., francisation (1913) du latin moderne salmonella, est tiré du nom du biologiste E. Salmon pour nommer un type de bactéries comprenant des bacilles paratyphiques.
SALMONELLOSE n. f. désigne (dès 1901) une infection due à des salmonelles, paratyphoïde, infections alimentaires...
SALMONICULTURE, SALMONIDÉS... → SAUMON
SALON n. m. représente un emprunt (1650 dans une traduction) à l'italien salone « grande salle », augmentatif de sala « salle », de même origine que le français salle*.
❏  Salon désigne d'abord la pièce d'un appartement ou d'une maison, voire d'un palais (le salon Carré du Louvre), meublée et aménagée pour recevoir des visiteurs, d'où l'expression salon de compagnie « pièce où l'on reçoit ses amis », sortie d'usage. Le mot s'est spécialisé pour « pièce de réception », dans les appartements et maisons bourgeois. ◆  Le mot s'est employé par extension dans salon de feuillage (1678), salon de treillage (1691), à propos d'un espace couvert de verdure, dans un jardin ; salon de verdure fut en usage aux XVIIe et XVIIIe siècles. ◆  Au milieu du XVIIIe s., salon prend une nouvelle valeur : « exposition périodique des ouvrages d'artistes vivants » (1750) ; cette acception vient du fait que des expositions eurent lieu à Paris dans le salon Carré du Louvre à partir de 1737 ; par métonymie, le mot désigne (1768, Les Salons de Diderot) le compte rendu d'une exposition artistique. L'emploi absolu (1777) pour désigner la galerie où l'on expose les œuvres des artistes vivants (à l'époque, la Galerie du Louvre) s'est effacé devant le sens moderne d'« exposition », en particulier dans des syntagmes comme Salon des refusés (1863), devenu le Salon des artistes indépendants (1884) puis le Salon des indépendants, ou encore Salon d'automne (1903), Salon des Tuileries (1922), etc. Dès la fin du XIXe s., le mot dans cet emploi passe aux domaines industriel et technique, dans un contexte analogue à celui d'exposition : Salon de l'automobile (1898), de l'auto, etc.
À la fin du XVIIIe s., on retrouve la valeur initiale de salon avec le sens de « salle, ou local, où l'on reçoit des clients, dans un établissement public ou commercial » (1798, salon « salle d'un traiteur »). Dans cette acception, le mot s'emploie le plus souvent dans des locutions figées, comme salon de coiffure, d'abord salon pour la coupe des cheveux (1822), salon d'essayage (1863), salon de thé (1923), et, en français de Belgique, salon de consommation. ◆  Parallèlement au développement de ce sens, salon se dit (1807, Mme de Staël) d'un lieu de réunion dans une demeure privée, où l'on reçoit régulièrement, d'où faire (tenir) salon « se réunir » (av. 1885) ; par métonymie, il désigne la société mondaine (1829, surtout au pluriel) dont procède poète de salon (1835), rapidement péjoratif comme mondain. La locution le dernier salon où l'on cause (XXe s.) se dit par plaisanterie de toute réunion, de tout lieu où les gens bavardent. Par métonymie, salon se dit (1883) d'un mobilier de salon. ◆  Du sens de « local dans un lieu public ou commercial » vient l'emploi du mot pour désigner une pièce conçue pour recevoir les clients, dans certaines professions (1888, Maupassant), analogue à salle d'attente. D'autres syntagmes, de nature publicitaire, sont employés. Au Québec, se sont développés des salons de bronzage ; en Belgique des salons lavoir (lavoir se disant là où on emploie laverie, en français de France).
❏  SALONNIER, IÈRE n. et adj. s'est dit (1870, n.) d'un journaliste, d'un critique qui rend compte des réunions mondaines. L'adjectif s'emploie (1891) pour qualifier ce qui est propre aux salons. ◆  En dérive SALONNIÈRE n. f. (1890, Maupassant), « femme qui fréquente les salons », vieilli, et en haute couture (XXe s.) « employée d'une maison de couture qui reçoit les clients ».
■  SALONNARD, ARDE adj. (1914, L. Daudet), formé avec le suffixe péjoratif -ard, se dit d'une personne qui, fréquentant les salons mondains, en tire des profits pour s'assurer une situation. On trouve aussi la graphie salonard.
■  SALONNER v. intr. (1947), « fréquenter un salon », est rare.
❏ voir SALOON, VOITURE (WAGON).