SALOON n. m. est un emprunt (1852) à l'anglais des États-Unis saloon, lui-même emprunté au français salon*. Saloon avait en anglais le sens (1728) de « pièce de réception (dans une maison privée) » ; le mot se dit ensuite (1747) d'une grande salle ou du hall d'un lieu de rencontre, de divertissement ; au XIXe s., saloon a pris en anglo-américain le sens de « vaste bar avec de la musique et des jeux », surtout dans l'Ouest (1841).
❏  Le mot s'est quelquefois employé en français comme terme étranger (1800, puis 1852, Nerval, à propos de l'Angleterre). ◆  C'est au sens américain de « bar, tripot » (1895) qu'il s'impose, en parlant du Far-West ; le mot a été vulgarisé par les westerns et ne s'utilise guère hors de ce contexte.
? SALOPE n. f. et adj. (1660), d'abord saloppe (1611 ; salouppe 1607) et donné comme orléanais par Cotgrave, est d'origine incertaine. On propose habituellement d'en faire un composé tautologique de sale* et de hoppe, variante dialectale de huppe*, cet oiseau étant réputé très sale, ce que confirmerait l'expression attestée régionalement (Wartburg) sale comme eune hoppe (Lorraine), sale comme une oupotte (Franche-Comté).
❏  Le mot, qui désigne d'abord une femme sale, s'est appliqué à une personne (homme ou femme) très malpropre (1690), sens disparu en français de France, mais vivant en français du Québec (petite salope, à une fillette sale). ◆  De l'idée de « saleté, souillure », on passe au sens de « femme dévergondée » (1775), « prostituée » (1808), par un glissement sémantique courant en français. Salope s'utilise ensuite comme terme d'injure pour une femme (1877, Zola), rattaché alors à salaud dont il est devenu le féminin, puis comme terme intensif de mépris adressé à un homme.
❏  SALOPERIE n. f. a d'abord signifié (1694) « très grande malpropreté » ; les sens postérieurs sont liés à cette valeur, au propre et au figuré. ◆  Le mot désigne aussi une chose sale (1704 ; Cf. ordure), une chose de très mauvaise qualité, répugnante, sans valeur (1830 ; Cf. cochonnerie). Par figure, il se dit d'un acte (1893) ou d'un caractère (XXe s.) moralement abject. ◆  Par hyperbole, saloperie de s'emploie (1919) pour parler de ce qui est méprisable, détestable.
■  SALOPER v. tr. s'est employé (1806, intr.) pour « fréquenter les prostituées ». Il prend ensuite familièrement le sens de « mal faire un travail » (1841) et est employé (XXe s.) comme intensif de salir.
■  SALOPETTE n. f. désigne un vêtement d'enfant (1832, salopète) ou un vêtement de travail (1836) que l'on met par-dessus les vêtements pour ne pas les salir ; aujourd'hui la salopette est aussi un vêtement de fantaisie, pour enfant ou adulte. Il a perdu toute connotation négative.
■  SALOP n. m. (1837), sorti d'usage à cause de la paronymie avec salaud, signifiait « individu méchant ». ◆  En dérive SALOPIAUD n. m. (1866) ou salopiau (1879, Huysmans), vieilli au sens fort de « salaud » et employé familièrement pour « petit sale » (XXe s.). On trouve les variantes salopio et surtout SALOPIOT.
■  SALOPARD n. m. est d'abord attesté comme terme d'argot militaire (1911), nom injurieux par lequel les soldats français désignaient les dissidents marocains aux ordres d'Abd el-Krim. ◆  Ce mot est sans doute beaucoup plus ancien, la forme chalopparde étant relevée en 1752. Il s'emploie couramment pour salaud, en moins injurieux.
■  SALOPIN n. m., mot dialectal repris par Jarry (1896), est probablement un croisement de salop(ard) et (galo)pin et équivaut à « sale galopin ».
■  Le composé MARIE-SALOPE n. f., de Marie, nom donné couramment à des bateaux, désigne d'abord (1777) un bateau à fond mobile qui conduit en haute mer les produits de dragage. ◆  Le mot a vieilli aux sens de « femme malpropre » (1831) ou de « prostituée » (1867).
SALPE n. f. est la francisation (1869) du latin zoologique salpa (1861), emprunt au grec salpê, nom d'un poisson de mer, pour dénommer un tunicier, petit animal marin des mers tropicales, ressemblant à une éponge.
SALPÊTRE n. m. est un emprunt du XIVe s. (1338 ; puis v. 1360) au latin médiéval salpetrae, proprement « sel de pierre », composé du latin classique sal, salis (→ sel) et de petrae, génitif de petra « roc, roche, rocher » (→ pierre). On relève plusieurs variantes latinisantes : salipestre (1375), sallepetre (1406), sallepestre (XVe-XVIe s.), etc.
❏  Salpêtre est le nom usuel du nitrate de potassium utilisé comme engrais et dans la composition des poudres, des explosifs, etc. ; de là viennent les emplois figurés de salpêtre pour « vivacité du tempérament » (1677) et les expressions être tout (pétri de) salpêtre (1694), qui se disait d'une personne très vive, n'être que (feu et que) salpêtre (1694), c'est du salpêtre, etc. ; ces emplois sont sortis d'usage ainsi que le sens étendu de salpêtre pour « poudre de guerre » (1667, Boileau) propre à la poésie classique (XVIIe-XVIIIe, voire XIXe siècles). ◆  Le mot désigne aujourd'hui couramment les efflorescences de mélanges de nitrates qui se forment sur des corps humides (1871, salpêtre terreux).
❏  Salpêtre a fourni plusieurs dérivés. SALPÊTRIER n. m. désignait un ouvrier fabriquant du salpêtre (1482) et, sous l'Ancien Régime, un officier qui était autorisé à collecter et à fabriquer le salpêtre.
■  SALPÊTREUX, EUSE adj. (1571) « couvert de salpêtre » est rare.
■  SALPÊTRER v. tr. (1762), d'abord SALPÊTRÉ p. p. adj. (1585) « mêlé de salpêtre », a donné SALPÊTRAGE n. m. (1838), « action de salpêtrer un sol ».
■  SALPÊTRIÈRE n. f. désignait (1660) la salle d'un arsenal où l'on fabriquait le salpêtre. La Salpêtrière, à Paris, ancienne fabrique de poudre, fut transformée en hôpital au XVIIe siècle.
■  SALPÊTRISATION n. f. (1845) s'est dit de la formation de salpêtre sur les murs.
SALPICON n. m. est un emprunt (1712) à l'espagnol salpicón, composé de sal « sel », du latin classique sal (→ sel), et d'un dérivé de picar « piquer », du latin populaire °pikkare (→ piquer).
❏  Le mot, encore utilisé comme terme de cuisine, conserve le sens de l'étymon et désigne une préparation de volailles, crustacés, champignons, légumes, etc., coupés en petits dés et servant à garnir des vol-au-vent, des bouchées, etc., ou à accompagner une viande.
SALPINGITE n. f. est un dérivé savant (1858), avec le suffixe -ite indiquant une affection aiguë, du bas latin salpinx, -ingis « trompette », emprunt au grec salpinx, -ingos, de même sens, mot sans étymologie assurée.
❏  Le mot désigne, en médecine, l'inflammation d'une ou des deux trompes de l'utérus (trompes de Fallope) et l'inflammation de la trompe d'Eustache (dans l'otite).
❏  SALPING-, SALPINGO- est un premier élément tiré du latin salpinx, -ingis et entre dans la composition de termes médicaux concernant la trompe d'Eustache, tels que SALPINGOSCOPIE n. f. (1903), de -scopie. ◆  D'autres composés concernent les trompes de l'utérus, comme SALPINGOTOMIE n. f. (1890), de -tomie, du grec tomê « coupure, ablation » ; SALPINGECTOMIE n. f. (fin XIXe s.), de -ectomie, du grec ektomê ; SALPINGO-OVARITE n. f. (1904), de ovarite ; SALPINGOGRAPHIE n. f. (1933) « radiographie des trompes utérines » ; SALPINGOSTOMIE n. f. (mil. XXe s.), de -stomie, du grec stoma « bouche, ouverture » ; SALPINGOPLASTIE n. f. (mil. XXe s.), de -plastie, du grec plastos « modelé ».
SALSA n. f. est l'emprunt (international) à un mot espagnol de Cuba et Porto-Rico, spécialisation de sens de salsa « sauce » pour une sauce très pimentée et, au figuré, un type de musique dite « afro-cubaine » au rythme très marqué. En français, le mot, attesté dans les années 1970, désigne surtout la danse sur cette musique.
SALSEPAREILLE n. f. apparaît (v. 1560, Paré) sous la forme salseparille ; on relève chez Ménage (XVIIe s.) les variantes salseperille, sarzepareille. La forme moderne (1585) représente une francisation, d'après l'adjectif pareille, féminin de pareil*, du portugais salsaparilla ou de l'espagnol zarzaparrilla, mot composé de zarza « ronce », emprunt à l'arabe saras « plante épineuse », et de parrilla, qui est peut-être un diminutif de parra « treille », d'origine prélatine. Scaliger avait proposé au XVIe s. de tirer parrilla du nom de Parillo, médecin espagnol qui aurait le premier utilisé les propriétés de cette plante, importée d'Amérique par les Espagnols.
❏  Salsepareille est le nom donné à une plante de la famille des Liliacées (nom scientifique : Smilax), arbuste épineux dont la racine a des vertus dépuratives.
SALSIFIS n. m., qui apparaît sous les formes salsefie (fin XVIe s.), sercifi en 1600 (O. de Serres), a de nombreuses variantes au XVIIe siècle : sassefique (1611, Cotgrave), sassefrique, sassefy, salsifix (mil. XVIIe s.) ; la forme actuelle est relevée en 1680 par Richelet. Le mot est emprunté à l'italien (erba) salsifica (XIVe s.), qui a eu lui-même des formes variées : salsefica, sassifrica (XVIe s.), sassefrica, et dont l'origine est obscure. Salsifica représenterait peut-être le latin saxifrica, proprement « (plante) qui brise les rochers », variante du bas latin saxifraga (→ saxifrage). P. Guiraud suppose un composé de deux éléments : salsa « salée », en raison de l'amertume des feuilles de l'erba salsifica et °fica, de ficus « figue » et « verrue », le salsifis commun étant nommé « salsifis à feuilles de poireau » ; mais cette hypothèse n'est pas étayée.
❏  Salsifis désigne une plante potagère cultivée pour sa racine (salsifis blanc, à feuilles de poireau, salsifis noir) et plus couramment, par extension, la racine comestible. ◆  Par analogie de forme (1891), le mot s'est employé en argot, puis pour « doigt ».
SALTARELLE n. f. est emprunté (1834) après saltarella, donné comme mot italien (1703), à l'italien saltarello « danse populaire, rapide et sautillante » (issue des danses bachiques), diminutif de salto « saut* », de même origine que le mot français.
❏  Saltarelle conserve le sens de l'italien.
SALTATION n. f. est emprunté (1372, saltacion ; 1559, forme moderne) au latin saltatio « danse », formé sur saltatum, supin de saltare « danser », « exprimer par la danse, la pantomime » (→ sauter).
❏  Le mot désigne, en parlant de l'Antiquité romaine, l'art des mouvements réglés du corps, comprenant la danse, la pantomime et l'action théâtrale. ◆  Par l'idée de « mouvement vif », il désigne en paléontologie (1919) l'apparition brusque d'une nouvelle espèce vivante et, en géomorphologie (mil. XXe s.), le déplacement des particules d'un fluide par brusques entraînements successifs.
❏  Des dérivés du latin saltare viennent deux emprunts didactiques.
■  SALTATEUR n. m. (1819), pris au latin saltator, du supin du verbe, désigne un mime danseur de l'Antiquité romaine.
■  SALTATOIRE adj. (1893 ; au sens de « de la danse », 1878, Goncourt), pris au latin saltatorius « adapté au saut » (en zoologie), est appliqué en médecine à une maladie qui se manifeste par des mouvements rappelant ceux de la danse (chorée saltatoire dite couramment danse de saint Guy).
SALTIMBANQUE n. est emprunté au XVIe s. (Pasquier) ou au XVIIe s. (1615 selon T.L.F.) à l'italien saltimbanco, littéralement « saute-en-banc » (aussi cantimbanco « chante-en-banc »), mot formé de saltare « sauter », du latin classique saltare « danser » (→ sauter), de in « dans, sur » et de banco « banc, estrade » (du radical du germanique °bank ; → banc).
❏  Le mot est d'abord employé (XVIe s.) pour désigner un bateleur qui se produit sur les places publiques, dans les foires. Il se dit ensuite péjorativement d'une personne qu'on ne peut prendre au sérieux (1690) et d'un mauvais orateur aux gestes outrés (1694) ; ces emplois sont vieillis.
SALTO n. m., mot spécialisé d'abord au Canada, en gymnastique, est emprunté à l'italien salto « saut », dans l'expression salto mortale (employée en français par Amiel, 1866), mot-à-mot « saut mortel », équivalant au français saut périlleux. Le mot désigne un saut périlleux, en gymnastique, en patinage artistique (salto avant, arrière ; double, triple salto).
SALUBRE adj. est emprunté (1444 ; p.-ê. XIVe s., sans doute antérieur, Cf. salubrement) au latin saluber (et salubris) « utile à la santé, salutaire, sain » et « bien portant », dérivé de salus, -utis « bon état, santé » et « sauvegarde, conservation » (→ salut).
❏  Reprenant les valeurs du latin, l'adjectif qualifie d'abord ce qui a une action favorable sur l'organisme. En ce sens, plus fort que sain, il s'emploie notamment en parlant du climat, d'un cadre de vie ; il se dit par figure (1580, Montaigne) de ce qui est propre à préserver la santé morale.
❏  De l'adjectif dérive SALUBREMENT adv. (v. 1190) « d'une manière salubre », d'emploi rare.
SALUBRITÉ n. f. est emprunté (1444 ; 1491 selon T.L.F.) au dérivé latin salubritas dont il reprend d'abord le sens propre, « caractère de ce qui est favorable à la santé des humains » (aussi salubricité, 1569, de salubre). ◆  Salubrité s'emploie spécialement (1835) en parlant des soins que l'administration prend de la santé publique, d'où salubrité publique (1870, Littré), et de l'état d'un milieu favorable à la santé. L'emploi figuré (XXe s.) pour « apparence de santé (d'une personne) » est littéraire et rare.
INSALUBRE adj., emprunté (1505) au latin insalubris « malsain », de in- (→ 1 in-) et salubris, qualifie au propre ce qui est malsain, spécialement en droit en parlant d'industries ou d'établissements ; au figuré pour « malsain », le mot est littéraire et vieilli.
■  Le dérivé INSALUBREMENT adv. (1838) est rare.
■  INSALUBRITÉ n. f., « caractère de ce qui est insalubre » (1532), est rare avant la fin du XVIIIe s. puis assez usuel, notamment en droit.
SALURE → SEL
L SALUT n. m. représente l'aboutissement (v. 980) de salutem, accusatif de salus, -utis « état de la personne ou de ce qui est entier », « bon état », « salut, sauvegarde, conservation » puis « vie », par opposition à « mort ». La notion est personnifiée et divinisée dans la déesse Salus, « celle qui assure le salut », et le mot est souvent employé comme formule de salut (salutem dicere, dare). Comme fides (→ foi), salus, ancien terme religieux passé dans la langue courante, a été repris dans la langue de l'Église chrétienne qui lui a donné une nouvelle valeur. Le mot dérive de salvus « entier, intact » (→ sauf).
❏  C'est d'abord dans le vocabulaire religieux que salut est employé, en relation de sens avec le verbe sauver, désignant le fait d'échapper à la mort, à la damnation éternelle, grâce à la médiation du Christ. ◆  Depuis La Chanson de Roland (1080), le mot désigne une marque extérieure de civilité qu'on rend aux personnes que l'on rencontre ou que l'on quitte et devient une formule exclamative par laquelle on souhaite à qqn santé, prospérité (v. 1155). ◆  À partir du XIIe s., il se dit du fait d'échapper à la mort ou au danger (v. 1150), avec les locutions arriver à port de salut « à bon port » (XVIe s.) et planche de salut. Au XIIIe s., salut la Dieu mere équivaut à avé Maria (v. 1223), ensuite sous la forme salut de la Vierge (1660). ◆  Salut a aussi été employé au XIIIe s. (XIIe s., en ancien provençal) pour désigner une pièce de vers qui commence par une salutation à la dame dont le poète fait l'éloge, d'où l'emploi pour « récit » (v. 1250) qui a lui aussi disparu. ◆  En tant que formule de souhait, salut s'utilisait spécialement (1316) dans le préambule des lois et ordonnances, dans les bulles des papes, etc., usage qui se maintient avec salut et fraternité, utilisé pour terminer une adresse, une lettre, à l'époque de la Révolution. ◆  Dans le vocabulaire de la liturgie catholique, salut (v. 1520) ou salut du saint sacrement se dit d'une cérémonie qui comprend la bénédiction du saint sacrement. Dans un contexte religieux, le mot a aussi désigné un sauveur, spécialement le Christ (1535 ; 1689, Racine, dans un emploi profane). ◆  Comme formule brève d'accueil ou d'adieu, avec une valeur très affaiblie, le mot est attesté dès 1612 ; il est devenu en français moderne un équivalent familier de bonjour et d'au revoir. Il s'emploie spécialement en marine pour désigner (1670, aussi salut de mer) un échange de signes de reconnaissance entre deux navires, et dans le vocabulaire militaire (1680, salut militaire). ◆  Dans le sens initial du mot, « fait d'être sauvé », il entre à la même époque dans le proverbe hors de l'Église, point de salut (Furetière, 1690), généralisé en hors de..., point de salut. ◆  Salut public est une expression consacrée par le Comité de la Convention qui porte ce nom (1793), mais employée auparavant et usitée avec un sens large dans mesure de salut public « mesure d'urgence » (XIXe s.). ◆  Armée du Salut est le nom (1884 ; anglais Salvation Army) d'une association protestante fondée par William Booth, destinée à la propagande religieuse et au secours des indigents, d'où le dérivé SALUTISTE n. et adj. (1890).
❏  SALUER v. tr. est issu (1080) par l'intermédiaire de la forme saluder (v. 980) du latin salutare, rarement employé au sens de « donner le salut, sauver », et très couramment avec les sens affaiblis de « dire bonjour à qqn », « venir présenter ses hommages » ; le verbe dérive de salus.
■  Le verbe apparaît vers 980 (saluder) au sens d'« honorer, adorer ». Avec une autre valeur du latin, « donner à qqn une marque extérieure de civilité, de respect, en le rencontrant », il est attesté à partir de La Chanson de Roland (1080, saluer) et il est demeuré usuel. ◆  Le verbe reprend (v. 1170) le sens premier du latin, « sauver », encore au XVIIe s. avec une valeur affaiblie. Il s'emploie spécialement (1538) pour « faire ses compliments par lettre », puis « faire le salut militaire à » (1609), saluer de la voix correspondant à « crier Vive le Roi », dans la marine (1690, Th. Corneille). Saluer empereur, etc., « nommer par acclamation » (1643), est sorti d'usage. Saluer signifie aussi « manifester du respect à (qqch.) par des pratiques réglées » (1611, saluer le drapeau, l'autel, etc.). ◆  Le verbe reprend au XVIIe s. le sens latin de « visiter (qqn) » (1662). ◆  Au XIXe s., il signifie par figure « accueillir (qqch., un événement) par des manifestations extérieures » (1839, Balzac).
■  Le dérivé SALUABLE adj. s'est appliqué à ce qui donne la santé (v. 1155) et qualifie (XXe s.) ce qui mérite d'être salué.
■  SALUEUR, EUSE adj. et n. (v. 1530 ; féminin, relevé en 1875) se dit de qqn qui fait beaucoup de saluts, qui salue.
■  SALUADE n. f. « révérence » (v. 1560), donné pour vieilli en 1762, est sorti d'usage.
SALUTATION n. f. est emprunté (v. 1275) au latin salutatio « geste de salut », « action de présenter ses civilités », « hommages, visite », dérivé de salutatum, supin de salutare. ◆  Le mot est sorti d'usage pour « action de saluer », premier sens attesté, noté peu usité en 1718. ◆  Dans le vocabulaire religieux, sainte salutation (XVe s.), puis salutation angélique (1680), désigne les paroles de l'Ave Maria par lesquelles l'ange Gabriel annonça à la Vierge Marie qu'elle serait mère du Christ. ◆  Le mot se dit aussi (1718) d'une manière de saluer solennelle ou exagérée. Il s'emploie au pluriel dans les formules de politesse écrites. ◆  SALUTAS ! formule populaire de salut (surtout pour prendre congé), avec s final prononcé, est attesté en argot dans les années 1950.
SALUTAIRE adj. est un emprunt au dérivé latin salutaris « qui concerne la conservation, le salut », « utile, avantageux, favorable ». L'adjectif conserve d'abord le sens du latin (1315, estat salutaire, d'une ville), dans le domaine physique (1567) ou moral (1495) ; il s'applique en religion à ce qui est propre à assurer le salut de l'âme (v. 1400), d'où legation salutaire « legs pieux » (1619), sorti d'usage.
■  SALUTAIREMENT adv. (XVIe s.) est vieilli ou littéraire.
❏ voir SALUBRE, SAUF, SAUVER.
? SALVAGNIN n. m., nom d'un vin vaudois, est d'origine inconnue, comme sauvignon auquel il semble apparenté. Le mot a d'abord désigné (1771) un cépage venu de Bourgogne, qui fut abandonné vers la fin du XIXe s. Il est resté pour dénommer un vin d'appellation contrôlée du canton de Vaud, issu du gamay, du pinot noir ou d'un assemblage des deux.
SALVATEUR, SALVATION → SAUVER
1 SALVE n. f. est un emprunt savant (1559) au latin salve « salut », « porte-toi bien », impératif de salvere « être sain et sauf, bien portant », surtout usité comme formule de salutation ; l'italien salva n'est attesté qu'en 1614 au sens de « salutation ». Le verbe dérive de l'adjectif salvus « entier, intact », puis « sauf, sain et sauf, en bonne santé » (→ sauf).
❏  Salve désigne d'abord une décharge simultanée d'armes à feu et, plus tard, de coups de canon (1829), tirée en l'honneur de qqn, puis pour annoncer une nouvelle ou en signe de festivités. Le mot s'emploie aussi (1587, au masculin, d'Aubigné) en parlant d'une décharge d'armes à l'exercice ou au combat, d'où la locution tirer en salve « tirer plusieurs pièces de canon en même temps ». ◆  Par analogie, le mot correspond dans salve d'applaudissements à « applaudissements éclatant ensemble » (1792). ◆  Au XXe s., il désigne par analogie en physique l'apparition brusque d'un grand nombre de paires d'ions (1975 ; aussi salve de neutrons).
❏ voir 2 SALVE.
2 SALVE ou SALVÉ n. m. inv., attesté en 1387 (écrit salvé), est le premier mot d'une antienne latine dite en l'honneur de la Vierge, Salve, Regina « Salut, Reine », de salve « salut » (→ 1 salve) et regina « reine* ».
❏  Dans la liturgie catholique, le mot désigne une prière en l'honneur de la Vierge ; on dit aussi le Salve Regina n. m. (1545). La locution figurée il faut chanter le salvé « l'affaire est terminée » (1690), encore relevée au XIXe s., est sortie d'usage.