SANCTIFIER v. tr. représente une réfection (1486) par latinisation de l'ancien français saintefier (v. 1120), issu du latin ecclésiastique sanctificare « rendre saint » (IIIe s.), formé à partir du latin classique sanctus (→ saint) et de facere (→ faire). On relève aussi en judéo-français la forme saintijer (Cf. espagnol santiguar) et en ancien français les variantes santifier (1155, Wace), saintefier (XIIe-XIIIe s.), sainctifier (fin XIVe s.).
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Les principaux emplois du verbe apparaissent dès le XIIe siècle ; il signifie comme en latin ecclésiastique « rendre saint (qqch.), conforme à la loi divine » (XIIe s., saintefier) et, spécialement, « honorer dignement (le nom de Dieu) » (XIIe s., saintefier ; forme moderne, 1550), d'où « célébrer religieusement (le dimanche, les fêtes de l'Église) » (v. 1265), sens disparu.
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Sanctifier se dit parallèlement (v. 1155, santifier) pour « rendre sacré, noble (qqch.), par l'accomplissement de certains rites religieux » ; cet emploi est aujourd'hui littéraire.
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De la première valeur vient le sens de « mettre (qqn) en état de grâce » (1550, sainctifier ; 1541, se sanctifier, chez Calvin) et ensuite « mettre par de bons exemples dans la voie du salut » (1689, Racine). Le verbe s'est dit à l'époque classique pour « sanctionner » (1649, Retz), acception sortie d'usage.
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Le dérivé
SANCTIFIANT, ANTE adj., « qui sanctifie », s'emploie dans
grâce sanctifiante (1641).
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Aux dérivés du latin ecclésiastique
sanctificatum, supin de
sanctificare, ont été empruntés deux mots.
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SANCTIFICATION n. f., forme refaite (1560) sur sanctificatio, de saintificatiun, santificatiun (v. 1120), sanctificassion (v. 1300), désigne d'abord l'action de sanctifier (qqn, qqch.), puis l'action de révérer comme saint (1541, Calvin) ainsi que la célébration des jours consacrés à Dieu (1561, Calvin). Au XIXe s., sanctification se dit du fait de conférer (à qqch.) un caractère sacré.
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SANCTIFICATEUR, TRICE n. et adj., emprunt au dérivé latin sanctificator « celui qui sanctifie », est une réfection (1486 ; le T.L.F. ne retient que 1539, Calvin) des formes nominales anciennes empruntées, sanctifiaire (XIIIe s., hapax), ou évoluées : saintefierres (fin XIIIe s., Joinville) et saintefieur (v. 1310). On relève au XIIIe s. sanctificador en ancien provençal.
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Le mot conserve le sens religieux du latin ; il est attesté comme adjectif à partir de 1752.
SANCTION n. f. est un emprunt (XIVe s., hapax) au latin classique sanctio « peine, punition » et en bas latin « édit, ordonnance » (Ve s.). Sanctio dérive du supin sanctum (→ saint) de sancire, terme de la langue religieuse et politique signifiant « rendre sacré ou inviolable » puis « établir solennellement (par une loi) », d'où « ratifier, sanctionner ».
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Introduit dans la langue religieuse, le mot désigne un précepte, puis une règle monastique (1493), un règlement concernant les matières ecclésiastiques (1516 ; encore à la fin du XIXe s.), toutes acceptions disparues.
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Sanction se dit ensuite (1762) de l'approbation donnée à qqch. et en droit (1765) d'une peine ou d'une récompense prévue pour assurer l'exécution d'une loi, d'où la valeur générale de « peine ou récompense provoquée par une certaine manière d'agir » et « conséquence résultant d'une façon d'agir », d'ordre naturel ou social (av. 1778, Rousseau).
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Comme terme de droit ou d'histoire, le mot désigne aussi (1788, Féraud) l'acte par lequel le souverain, le chef du pouvoir exécutif, revêt une mesure législative de l'approbation qui lui donne une force exécutoire.
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Au XXe s., sanction se dit couramment d'une peine établie par une loi pour réprimer certains actes, et en droit international s'emploie dans sanction économique, militaire, etc. En français contemporain, le mot évoque le concept de punition et sa valeur générale (incluant « récompense ») n'est connue que d'une minorité de locuteurs.
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SANCTIONNER v. tr. signifie (1777) « donner la sanction (à une loi) » puis le verbe prend le sens général (1798) de « confirmer (légalement ou officiellement) ».
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Au XXe s., il se dit pour « punir par une sanction ».
SANCTUAIRE n. m. est la réfection (v. 1380) d'après le latin de l'ancien français saintuarie (v. 1120), issu du latin sanctuarium « cabinet d'un roi » et, en bas latin, « lieu sacré », lui-même dérivé de sanctus (→ saint).
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Le mot désigne d'abord la partie du temple de Jérusalem où était gardée l'arche d'alliance, aussi nommée
Saint* des Saints ; dès le
XIIe s., il s'emploie (v. 1155) à propos du lieu le plus saint d'un édifice religieux.
◆
Par extension,
sanctuaire désigne un lieu saint (1559), un édifice consacré aux cérémonies du culte (1611) et la partie d'une église où se trouve le maître-autel (1690). Il s'emploie par figure à propos d'un lieu fermé, secret (1788), dès le
XVIIe s. dans l'expression sortie d'usage
le sanctuaire de la justice « le palais de justice » (1677).
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Au XXe s., par emprunt (1970) à l'anglais sanctuary, sanctuaire se dit d'un lieu protégé des combats au cours d'un conflit, puis d'un lieu protégé où vit une espèce animale menacée (1932) ; le mot anglais, emprunté (XIVe s.) à l'ancien français, a le sens de « lieu protégé » depuis le XVIe s. dans des composés (sanctuary town « ville sanctuaire »).
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Lié aux emplois récents de sanctuaire, SANCTUARISER v. tr. (1973) est probablement emprunté à l'anglais to sanctuarize (1602) ; il a fourni SANCTUARISATION n. f. (1973).
SANCTUS n. m., mot latin intégré au français vers le milieu du XIIIe s., signifie « saint », dans les premiers mots d'un hymne catholique de louange à Dieu : Sanctus, sanctus, sanctus Dominus... Le Sanctus désigne la partie de la messe où l'on chante cet hymne, après la partie dite Préface ; c'est la quatrième partie d'une messe en musique.
SANDALE n. f., réfection (v. 1225) de sçandale (v. 1170), cendale (1260), est emprunté au latin sandalium (pl. sandalia) « sandale, chaussure de femme », lui-même emprunté au grec sandalion, diminutif de sandalon désignant une chaussure de bois fixée par des courroies passant sur le pied, probablement emprunt oriental (Cf. persan sandal). La sandale était connue dans l'Égypte ancienne et en Syrie, où elle était le privilège des dieux, des rois et des hauts dignitaires ; de l'Égypte, elle passe en Grèce puis en Italie où, ornée d'or et de soie, elle reste réservée à l'aristocratie. Au début de l'ère chrétienne, les prêtres se distinguent par le port de sandales pour célébrer les cérémonies sacrées.
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Sandale, en concurrence avec sandaile (v. 1240) et sandaire (XIIIe s.), désigne (v. 1225) une chaussure légère constituée d'une semelle retenant le pied par des cordons ou des lanières, d'abord utilisée par les religieux, qui en eurent longtemps l'exclusivité.
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Le mot s'est aussi employé, par analogie de forme (1694, Corneille), pour désigner un bateau en usage dans le Levant et sur les côtes de l'Afrique septentrionale.
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Certains emplois particuliers du sens premier sont sortis d'usage : sandale a désigné un soulier à demi-empeigne et forte semelle, que l'on chaussait pour tirer ou faire de l'escrime (1701, Furetière), et la petite plaque de bois sur laquelle on appuie le pied pour faire mouvoir un soufflet d'orgues (1836).
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La locution figurée secouer la poussière de ses sandales « quitter pour jamais (qqn ou qqch.) » (1839) est très littéraire.
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Au XXe s., la sandale devient une chaussure légère courante, portée par les hommes et les femmes, caractéristique des vacances.
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SANDALIER n., terme technique, désigne (1680) la personne qui fait des sandales.
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Il a pour équivalent
SANDALISTE n. (mil.
XXe s.).
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Le diminutif SANDALETTE n. f. (1922) désigne une sandale légère à empeigne très basse.
SANDARAQUE n. f., réfection (1547) de formes comme sandarach (1537), antérieurement altérée en landarache (1482), est un emprunt au latin impérial sandaraca « sulfure rouge d'arsenic, réalgar », lui-même pris au grec sandarakê, emprunt oriental de source inconnue.
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Le mot s'est employé autrefois au sens du latin jusqu'au XVIIIe siècle ; il désigne ensuite (1611, aussi sandarache) une résine extraite d'une espèce de thuya, utilisée autrefois pour glacer le papier et l'empêcher de boire, aujourd'hui dans la préparation de vernis ; en ce sens, on relève les formes latines sandaraca (1559) et sandaracha (1562).
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Il s'est dit par analogie de la substance dont se nourrissent les abeilles ouvrières (1812 ; sous la forme latine, 1562).
SANDERLING n. m. est un emprunt (attesté en 1750) à l'anglais, le mot étant formé sur sand « le sable ». Il désigne en ornithologie un oiseau (charadriiformes) des rivages marins, aussi appelé bécasseau des sables.
SANDJAK n. m. est un emprunt, d'abord sous les formes sangiac (1767) et sanjak (1765) au turc sancak « bannière » et « circonscription territoriale ottomane ». Le mot s'emploie en histoire pour une circonscription d'une région soumise à l'autorité d'un pacha, dans l'Empire ottoman. Il a continué à s'employer en Syrie et au Liban, après la chute de l'Empire turc (le sandjak d'Alexandrette).
SANDOW n. m., relevé en 1902 chez Jarry, est le nom anglais d'une marque déposée par la firme qui produisait l'extenseur ainsi appelé, probablement d'après Sandow, nom d'un athlète célèbre au XIXe siècle.
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Le mot désigne un câble élastique, d'abord utilisé dans le montage de certains appareils de gymnastique, d'où son emploi (1933) pour un câble freinant l'atterrissage d'un avion (1929), pour l'appareil gymnastique, pour le lancement des planeurs (1933), etc.
SANDRE n. m. est une adaptation (1785, trad. de l'allemand) de l'allemand Zander ; sous l'influence du latin scientifique sandra, de même origine, et sans doute aussi de l'homonyme cendre, le mot est donné comme féminin dans la plupart des dictionnaires de 1900 à 1950.
❏
Sandre désigne un poisson de rivière, que l'on rencontre en particulier dans les cours d'eau de l'Allemagne du Nord et dans le bassin du Danube.
SANDWICH n. m., attesté en 1802 et répandu au XIXe s., est emprunté à un mot anglais (1762) tiré du nom de John Montagu, comte de Sandwich (1718-1792), dont le cuisinier inventa, dit-on, ce mode de repas sommaire pour éviter à son maître de quitter sa table de jeu. Le mot s'est employé au féminin, encore dans Littré, en 1870. Queneau l'a francisé en sandouiche (1951), mais l'orthographe anglaise est seule normale.
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Le mot désigne un mets constitué par deux tranches de pain entre lesquelles on place des aliments froids. En France, la réalité ainsi désignée est très différente de son équivalent anglo-américain. Le sandwich est souvent fait avec de la baguette, et non avec le pain de mie anglo-saxon. Le sandwich à la française est appelé sous-marin (anglais submarine) en français du Canada. En Belgique, le mot peut désigner un petit pain non garni (on dit en français d'Afrique pain chargé). Ce nom est usuel au Québec, mais souvent féminin (une sandwich) et prononcé san'ouitch.
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Le mot donne lieu à divers syntagmes : sandwich au jambon, au pâté, en apposition sandwich jambon, rillettes, etc.
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Il s'emploie par analogie dans la locution adverbiale en sandwich (1875) « en étant coincé entre deux choses ou deux personnes » et dans homme-sandwich (1876), payé pour se promener dans les rues en portant des placards publicitaires, à l'origine, l'un devant l'autre derrière ; cet emploi semble inspiré par l'anglais sandwich (1836-1839) et sandwich-man (1864 ; de man « homme »).
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C'est aussi par analogie que le mot est utilisé en biologie (1933) et dans le vocabulaire technique (1934 ; en apposition matériaux sandwich).
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SANDWICHER v. tr. s'emploie au propre (1908 à Québec ; en France 1925) et au figuré (relevé en 1958) pour « mettre en sandwich ».
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SANDWICHERIE n. f., dérivé apparu dans les années 1980 en France (peut-être antérieur en français de Belgique) pour un établissement où l'on vend des sandwiches, des boissons, etc. Il fait partie d'une vague de suffixés en
-erie.
L
SANG n. m. est issu (v. 980), écrit aussi sanc (1080), du latin classique sanguen, forme neutre fréquente pour cette notion dans d'autres langues, de sanguis, sanguinis « sang qui coule », par opposition à cruor « sang coagulé » (→ cru, cruel). Sanguis est toujours au singulier, sauf en latin ecclésiastique. Il signifie aussi « constituant de la parenté ou de la descendance », selon la tradition ancienne et rendue caduque par la science du XIXe s., qui fait du sang le porteur des caractères héréditaires et raciaux. Le latin a employé sanguis par figure pour « force vitale, vie », en parlant de l'État, de l'éloquence, etc., et par ailleurs dans des locutions. Le mot reste d'origine obscure, comme les équivalents grec haima (→ hémo-) ou gallois gwaed ; le vieux slave kruvi est de la famille de cruor, alors que les formes du baltique remontent au groupe du sanskrit ásṛk, asnáḥ.
❏
Le mot désigne, comme son étymon
sanguis, le sang liquide, liquide organique rouge présent dans le corps des animaux supérieurs, notamment les oiseaux et les mammifères, surtout perçu lorsqu'il s'échappe soit par une cause naturelle, pathologique ou non (le sang menstruel), soit et surtout par une cause traumatique, blessure, coupure. Le sang est alors culturellement le symbole de la vie qui s'écoule et, par transfert métonymique, celui de la violence, voire de la cruauté
(verser le sang). Le lien entre violence et parenté, et donc hérédité, est déjà établi par la Genèse, à propos de l'assassinat d'Abel par Caïn : il s'exprime par la locution
la voix du sang. Ces thèmes symboliques sont exploités tout au long de l'histoire des mots exprimant cette notion fondamentale, comme on va le voir pour le français
sang. Enfin, le concept scientifique de sang, après la distinction antique des veines* et des artères* et la théorie galénique, se met en place au
XVIIe s., grâce à Harvey, premier descripteur de la circulation (1619 ; puis 1628), et à Leuwenhoek qui observe les globules rouges en 1652. La découverte des groupes sanguins est récente (1900, Landsteiner) et permet de reprendre le thème de l'hérédité, validé par celui de la permanence génétique, après les déviations idéologiques des
XVIIIe-
XIXe s., où un mythe du sang, toujours actif au
XXe s., alimente la pensée raciste.
Le sens du mot et sa symbolique essentielle n'évoluent que très lentement ; en revanche, le concept scientifique se construit aux
XVIIe et
XVIIIe, puis se précise aux
XIXe et
XXe siècles. À partir de cette acception, le mot est employé au propre et au figuré dans de nombreuses locutions :
sang versé (à la guerre, dans une rixe...).
Sang sert de métaphore de la vie humaine, spécialement dans le vocabulaire religieux et comme principe (fictif) de la famille et de la descendance, voire d'une naissance « pure ».
■
Dès les premières attestations phraséologiques, le sang est celui versé par violence (1080) : de sang « de nature sanguinaire » (XIIe s.), traire (« tirer ») le sang « verser le sang » (seconde moitié XIIe s.), espandre le sang (XIIe s.) puis respandre (1550). Sang a signifié aussi « meurtre, sang versé » (1170) et faire sang s'est dit (1283) pour « blesser », d'où sang fait « blessure ».
◆
La valeur métaphorique de « principe des passions » apparaît dans avoir le sang müe « être troublé, bouleversé » (v. 1172), sorti d'usage. Faire bouillir le sang (le sang bout dans les veines, 1624, Hardy) et sang-bouillant « homme d'un caractère emporté » (XVIIe s.) réalisent une métaphore plus ancienne (XIVe s.). On trouve aussi le sang se glace, se gèle (1583, Garnier).
◆
Sang « principe de vie » est souvent associé à chair ; ainsi, on dit que le Christ prend la chair et le sang, devient un homme (v. 1206). Par ailleurs, en religion, le mot désigne le sang que le Christ a versé pour la rédemption des hommes ; attesté isolément, cet emploi est repris au XVIIe s. (1670).
■
Vers 1200 apparaît aussi la valeur métaphorique du sang avec la valeur de « famille », puis comme constituant de la descendance, de la parenté, dans boins sains ne poet falir (bon sang ne peut faillir ; v. 1330), devenue bon sang ne peut mentir (1577) « les qualités, (par ironie) les défauts des parents se retrouvent chez les enfants » et (1640) « l'affection naturelle entre personnes de même sang ne manque pas de se déclarer ». On relève aussi en moyen français la locution estre de sang à qqn « être son parent » (1390), mon (ton, etc.) sang « mon père », « ma fille », etc. (1440-1475) et estre de sang « de famille royale » (1440-1475), locutions disparues à la différence de prince du sang (1573).
■
Dans l'ordre du caractère, sont employés de froid sang (1395) qui a donné sang-froid (ci-dessous), a sanc rassis « avec calme » (1346), d'où être de sang rassis (1538) ; fort à sang « emporté » (1440-1475) qui a été remplacé par avoir le sang chaud (1636). Mauvais sang « mauvaise intention » (1440-1475) a pris ensuite une autre acception (ci-dessous).
◆
Au XVIe s., sang est employé en médecine dans sang meurtry « meurtrissure » (1510), sang mort « ecchymose » (1598) et dans tirer du sang à qqn (1538) qui correspond à saigner (→ saignée, saigner).
◆
Prix de sang (1550), puis prix du sang « prix payé à un homme qui a livré un condamné à mort » traduit une expression biblique (en latin pretium sanguinis).
◆
Le mot s'emploie pour « liquide mêlé de sang » dans suer sang et eau (1588).
◆
Rouge sang de bœuf désigne une couleur (déb. XVIIe s.).
◆
Le XVIe siècle voit apparaître la précision conceptuelle qui va de pair avec les progrès de la physiologie : sang arterial, sang veynal (1520).
Au XVIIe s., les locutions se multiplient, beaucoup étant aujourd'hui littéraires et archaïques. Elles concernent notamment le thème symbolique de la violence et de la mort violente : (1636) tremper ses mains dans le sang (variante : au sang), laver un outrage dans le sang ; (1647) être altéré de sang ; (1652) pleurer des larmes de sang ; (1662) verser le sang, se couvrir du sang de qqn ; (1664) mettre qqn en sang, inonder un pays de sang ; (1675) nager dans le sang.
◆
Le vocabulaire religieux s'enrichit pour désigner le sang du Christ (1670, le sang de l'Agneau), spécialement avec Précieux sang, vin changé en sang du Christ, dans l'Eucharistie (1680).
◆
À la fin du siècle, les dictionnaires enregistrent de nouvelles locutions figurées, comme tirer le sang des veines « tirer de l'argent de la bourse (d'un avare) », donner jusqu'à la dernière goutte de son sang « se sacrifier entièrement », le sang répandu « les tués », payer qqch. de son sang (1690, Furetière), épargner le sang. Se battre au premier sang signifie « se battre en duel, en cessant le combat dès la première blessure » (1694, Académie).
La métaphore de l'extraction dans
sang noble (1665) se retrouve (1701) dans
droit du sang « que donne la naissance »,
force du sang (vieux),
voix du sang ; (être) dans le sang se dit des caractères héréditaires (1701) ou pour « inhérent à la personne » (1798). Le thème du sang pour « hérédité », devenu scientifiquement caduc, alimentera pourtant les hiérarchies racistes aux
XIXe et
XXe siècles.
◆
Sur le plan psychologique, le sang « tempérament » produit au
XVIIIe s.
faire du bon sang « éprouver du plaisir » (1735), transformé en
se faire du bon sang (1870), à côté de
cela fait faire de mauvais sang (1752), puis
du mauvais sang (1766) et
se faire du mauvais sang (1769) « se tourmenter ».
■
À la même époque, le mot s'emploie concrètement en cuisine : au sang « cuit dans son sang » (1740, canard au sang).
◆
En sciences, la division proposée au XVIIIe s. (1781) en animaux à sang chaud (oiseaux et quadrupèdes), à sang froid (serpents, poissons), à sang rouge, à sang blanc restera en usage jusqu'au début du XXe s. où c'est la variation thermique du sang qui devient le critère (homéothermie, etc.).
◆
La figure du sang en mouvement pour exprimer l'irritation, l'excitation a de nombreuses variantes, comme fouetter le sang (1784), allumer le sang (1800), etc. À la fin du XVIIIe s., les dirigeants de la Terreur ont été nommés (1793-1795) par leurs adversaires buveurs de sang, hommes de sang, tigres altérés de sang par un usage de rhétorique classique (ci-dessus).
■
L'exploitation métaphorique de la qualité du sang pour symboliser celle du tempérament se développe alors : n'avoir pas de sang dans les veines « être sans énergie, lâche » (1798), avoir du sang de navet (1875), de poulet (XXe s.) s'opposent à avoir du sang dans les veines (attesté en 1835).
◆
Avoir qqch. dans le sang (1888) signifie « être intuitivement disposé à qqch. ».
◆
Le dictionnaire de l'Académie (1835) relève coup de sang « hémorragie cérébrale », le sang a coulé (a été répandu) et faire couler le sang « être la cause d'une rixe sanglante », qui montrent l'enrichissement des emplois concrets.
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L'idée de « race » passe dans le domaine animal, avec sang « race de chevaux » (1835), de pur sang, cheval pur-sang (1842) et demi-sang (1870), pur-sang étant repris par l'argot pour « vin pur » (1867) et « prostituée de luxe » (1867), dans ce cas par jeu de mots sur pouliche.
◆
On trouve encore, pour des réactions psychologiques, le sang lui monte à la tête (1835) et, dans un registre plus populaire, se manger le sang « s'impatienter, s'inquiéter » (1842), faire tourner le sang à qqn « lui causer un vif émoi » (1847), se ronger les sangs « se contenir » (1875).
◆
Bon sang ! (1880) est une interjection marquant la mauvaise humeur, la colère, etc., qui continue par le sang de Dieu, masquée par le sang bleu (→ palsambleu).
◆
Avoir du sang bleu « être de sang noble » (1817, Stendhal) est un emprunt tardif à l'espagnol sangre azul, expression attribuée à la noblesse castillane qui se targuait de ne pas s'être mésalliée avec les Maures ou les Juifs, et qui trouve sans doute son origine dans le fait que les veines des personnes de complexion délicate apparaissent nettement.
◆
Avec la valeur de « principe vital », sang est employé au XXe s. par une nouvelle métaphore dans un apport de sang frais « d'éléments nouveaux, jeunes » ou « de capitaux ». Voir aussi le schéma.
■
L'échange de sang entre deux personnes valant comme pacte d'alliance et de paix définitif, le mot, en français d'Afrique, entre dans l'expression boire le sang, avec cette valeur.
❏
Sang a fourni quelques composés.
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SANG-FROID n. m., d'abord locution adverbiale (1395, de froid sang ; 1569, de sang froid) au sens de « sans emportement », est attesté comme nom en 1672. Le mot se dit pour « maîtrise de soi ».
■
SANG-DE-DRAGON (v. 1560) ou SANG-DRAGON n. m. (XIIIe s., sanc de dragon), précédé par l'ancien provençal sanc de draco (v. 1220), désigne une résine d'un rouge foncé, autrefois employée comme astringent, aujourd'hui comme colorant, puis une couleur (1332, sang-de-dragon). Sang-de-dragon est aussi le nom (1611) d'une variété de patience, dont les feuilles donnent un suc rouge et qui étaient utilisées comme astringent.
■
SANG-MÊLÉ n. inv. s'est employé pour « mélange de races » (1772) et désigne aujourd'hui une personne issue du croisement de races différentes (1798 ; Cf. métis).
◈
Les dérivés de
sang sont sortis d'usage à l'exception des mots régionaux comme
SANGUET n. m., SANGUETTE n. f., SANQUET n. m., SANQUETTE n. f., qui désignent dans le sud de la France (dans l'Ouest et le Centre pour
sanguette). Les variantes avec le son
k (
sanquet, 1802 à Montpellier) sont empruntées à l'occitan
sanquet (
sanquette se disant dans le sud-ouest de la France). Toutes ces formes désignent des préparations de sang d'un animal tué à la ferme, soit de porc (différentes du boudin), soit de volaille, de lapin, parfois présentées en galettes.
◈
Plusieurs mots de la famille de
sang ont été empruntés à des dérivés latins de
sanguinis.
■
SANGLANT, ANTE adj. est issu (1080) du latin sanguilentus « en sang », forme rare de sanguinolentus (voir ci-dessous sanguinolent). Le mot s'emploie principalement dans des contextes de violence, d'abord pour « couvert de sang, en sang » (1080), dans plaie sanglante (fin XIIe s.) ; puis il s'applique à ce qui est couvert du sang qu'on a fait couler (v. 1155) et à la personne qui a fait couler le sang (1172-1174).
◆
Par figure, sanglant s'est utilisé jusqu'au XVIe s. (v. 1395, n. m.) comme élément pour renforcer la valeur péjorative d'un adjectif ou d'un nom (v. 1450, le sanglant pis « ce qu'il y a de pis au monde »), et comme terme d'injure (XVe s.) ; bloody a gardé cette valeur en anglais (Cf. sacré).
◆
Sanglant qualifie ensuite ce qui a la couleur du sang (v. 1580) et ce qui s'accompagne d'effusion de sang (1580 ; 1672, mort sanglante), spécialement (1640) de ce qui s'accompagne de luttes meurtrières, en parlant d'un espace de temps (un règne sanglant). L'adjectif s'applique aussi à ce qui doit faire couler le sang, par exemple un ordre (1640), et signifie figurément « extrêmement blessant » (v. 1650).
◆
Viande sanglante (1694) a été supplanté par viande saignante, l'adjectif ayant pris une valeur de violence meurtrière.
◈
De l'adjectif a été dérivé
SANGLANTER v. tr. (v. 1200), dès vers 1180 au participe passé.
■
De là vient le préfixé ENSANGLANTER v. tr. (v. 1150), d'abord au participe passé ensanglentet (1080). Le verbe signifie « couvrir, tacher de sang » (1215, au pronominal), puis (1640) « couvrir du sang qu'on fait couler » en parlant d'une guerre, d'un meurtre, et « marquer par la violence, la mort » (1643).
◆
Il s'emploie par figure (1690) au sens de « représenter des meurtres sur une scène de théâtre ».
◆
Le verbe est littéraire et vieilli pour « colorer de rouge » (av. 1848, Chateaubriand, parlant du soleil couchant).
■
ENSANGLANTEMENT n. m. signifie (v. 1190) « sang dont qqch. est couvert », puis (v. 1350) « action d'ensanglanter ».
◈
SANGUIN, INE adj. est un emprunt au dérivé latin classique
sanguineus « sanglant, ensanglanté », « sanguinaire » et « couleur de sang », dont il reprend d'abord (1138) le premier sens.
◆
L'adjectif s'applique (1
re moitié
XIIe s.) à ce qui est couleur de sang, d'où l'emploi disparu pour désigner une sorte d'étoffe rouge (v. 1200,
n. m.) propre à l'ancien français.
◆
Sanguin se dit ensuite d'un tempérament où le sang prédomine (v. 1265), substantivé (1279) « homme sanguin », d'où
tempérament sanguin (1694). Au
XIVe s.,
sanguin s'applique à qqn qui a de bonnes couleurs (v. 1360).
◆
Il qualifie (v. 1380) ce qui a rapport au sang, à sa circulation dans l'organisme, avec des syntagmes qui témoignent de l'évolution de la physiologie après le
XVIIe siècle :
vaisseau sanguin (1754),
système sanguin (1805, Cuvier),
groupe sanguin (
XXe s.).
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Viande sanguine (1485) « saignante » a disparu par répartition des emplois entre
sanglant, sanguin, saignant.
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Sanguin s'applique ensuite à un jaspe vert marqueté de rouge (1701), puis à une orange dont la pulpe est tachée de rouge (attesté 1907), substantivement
une sanguine (1892).
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En argot,
le sanguin a désigné (1901) le cœur, et aussi (1916) le vin rouge.
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SANGUINE n. f. s'est spécialisé pour désigner une variété d'hématite rouge (XIIIe s., pierre sanguine, isolément ; puis 1562), puis un crayon fait de cette matière (1767) et par extension un dessin exécuté à la sanguine (1863). Sanguine se dit également (1842) d'une variété de poire d'Italie. Orange sanguine est plus récent (1910).
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De sanguin vient aussi SANGUINELLE n. f., désignation régionale du cornouiller sanguin (sanguinea), arbuste à fleurs blanches et à baies noires (1767), qui a remplacé sanguinon (v. 1485).
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1 SANGUINAIRE adj., emprunt au dérivé latin classique sanguinarius « de sang » et au figuré « qui se plaît à répandre le sang », reprend d'abord le premier sens du latin (v. 1370, Chauliac), qui a disparu, puis l'acception figurée (1531).
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Par extension, l'adjectif s'applique à des sentiments, pour « qui cherche à tuer, à faire couler le sang » (1580), et signifie « où le sang coule » (1756).
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Sanguinaires n. f. pl. s'est employé pour carnassiers en histoire naturelle.
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2 SANGUINAIRE n. f. a d'abord été, du XIIIe au XVIIIe s., le nom de plusieurs plantes astringentes (polygonum aviculaire, géranium sanguiné, etc.) : cette désignation vient du latin sanguinaria herba (Pline) ; l'Encyclopédie (1765) reprend sanguinaria pour désigner une herbacée vivace, commune dans l'Amérique septentrionale, et qui contient un latex couleur de sang ; on emploie dans ce sens sanguinaire (1829).
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SANGUINOLENT, ENTE adj. est emprunté (fin
XIVe s.) au latin
sanguinolentus « injecté de sang » (des yeux), « couvert de sang » ; il s'emploie d'abord en médecine, s'appliquant à ce qui est teinté de sang.
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Il a signifié « où il y a beaucoup de sang » puis qualifie (v. 1560) ce qui est d'une teinte rouge évoquant le sang, sens devenu péjoratif.
Sanguinolent est sorti d'usage au sens (1575) de
sanguinaire. Pêche sanguinolente, « variété d'une couleur rouge » (1755), a été supplanté par
SANGUINOLE n. f. (1721 ; 1690,
sanguinolle), le mot désignant également une variété de poire (1715).
❏ voir
CONSANGUIN, EXSANGUE, PALSAMBLEU, SAIGNER, SANGRIA, SANGSUE.
L
SANGLE n. f., variante graphique (XIVe s.) de cengle, attesté dans la Chanson de Roland (1080), puis sengle au XIIe s., est issu du latin cingula « ceinture, ceinturon », « sangle » (aussi cingulum, cingillum et, dans les gloses, cingella) ; le mot dérive de cingere « ceindre », par extension « entourer, envelopper » et « écorcer » (→ ceindre).
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Le mot désigne une bande qui passe sous le ventre d'une bête de somme, pour assujettir un bât, une selle.
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Il s'est employé par analogie (v. 1130) pour « enceinte d'une ville ».
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Depuis le XVIe s., sangle se dit par extension d'une bande de cuir, de tissu, etc., utilisée pour lier, ceindre (1532, Rabelais), pour suspendre l'épée, porter des fardeaux (1680), et spécialement désigne (1680) une bande de toile forte formant le fond d'un siège (1680, lit de sangle).
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Par analogie de forme, il s'est appliqué (1875) à une couleuvre et s'emploie en anatomie dans sangle abdominale (ou sangle) « ensemble des muscles abdominaux qui soutiennent les viscères » (1895).
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Comme terme d'alpinisme (1890), il désigne un palier peu incliné permettant de traverser une paroi (Cf. vire).
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Le dérivé
SANGLER v. tr., « serrer avec une ou des sangles » (
XIIe s.), est rare au sens extensif de « serrer fortement comme avec une sangle » (v. 1265). En revanche, le passif
(être sanglé dans un uniforme) est demeuré en usage. Le verbe est vieilli pour « frapper à coups de sangles » (v. 1460), d'où l'expression classique
sangler un coup (1636), et sorti d'usage au figuré pour « maltraiter » (1612), « critiquer violemment (qqn) » (
XVIIe s.).
Sangler, par allusion à l'idée de coup, a signifié « coïter » (1680).
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Il se dit techniquement pour « garnir (un objet : siège, meuble) de sangles » (1690).
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SANGLADE n. f. « coup de sangle » (1546, Rabelais), sorti d'usage, est dérivé du verbe ou directement de sangle.
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SANGLAGE n. m. (mil. XXe s.), « action de sangler », est un terme technique.
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Le composé CONTRE-SANGLE n. f. (1268-1271 ; v. 1160, contresengle) désigne une courroie, fixée à l'arçon de la selle et servant à arrêter la boucle de la sangle.
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Le préfixé DESSANGLER v. tr. (1530 ; v. 1165, descengler), « détacher la sangle », a signifié « décrocher » (XIIIe s.) et s'emploie par extension pour « desserrer (ses vêtements) » (1870).
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SANGLON n. m., diminutif de sangle (1375, dans le Sud-Ouest), terme technique, désigne (v. 1500) une petite courroie de harnais ; il a servi à former CONTRE-SANGLON n. m. (1583-1590) qui a pris au XXe s. le sens d'« extrémité (d'une ceinture, etc.) qui se fixe à la boucle ».
L
SANGLIER n. m. est obtenu (v. 1155, senglier) par changement de suffixe, de formes en -er, sengler (v. 1120), sangler (v. 1140, jusqu'au milieu du XVIe s.) ; sanglier est relevé vers 1300. Le mot est issu par évolution phonétique du latin médiéval singularis (porcus), proprement « porc qui vit seul », du latin classique singularis « isolé, solitaire » (→ singulier) et de porcus (→ porc). On a aussi employé adjectivement porcq saingler (v. 1265), en ancien provençal porc cenglar (XIIIe s.), puis porc senglier (1380) et porc sanglier (v. 1501 ; encore à la fin du XVIIIe s.).
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Sanglier, qui a gardé le sens initial, désignant un mammifère sauvage, proche du porc, et important comme gibier (chasse au sanglier), s'emploie par analogie pour désigner un poisson méditerranéen dont le museau ressemble à celui d'un porc (1558 ; puis sanglier de mer) ; sanglier d'Amérique se dit (1870) du pécari.
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En français d'Afrique, le mot s'utilise par extension à propos de suidés comme le phacochère, le potamochère. En France même, en particulier en Corse (comme en langue corse), il peut s'appliquer au porc sauvage, même élevé (saucisson de sanglier).
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Le mot s'emploie par métonymie pour désigner la chair de l'animal.
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L'importance du sanglier est grande dans le domaine concret (chasse) et symbolique ; en témoigne la richesse du vocabulaire qui s'y rattache, avec laie, qui a éliminé le féminin régulier sanglière n. f. (1606 ; noté comme inusité, en 1771, Trévoux), marcassin, etc.
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L'argot de Vidocq emploie le mot comme sobriquet du prêtre chargé de confesser un condamné à mort (1828, Vidocq).
L
SANGLOT n. m., qui apparaît sous la forme moderne dès le XIIe s. (v. 1175), s'est aussi employé sous les formes souglout, seglout (XIIIe s., en picard), sanglout (v. 1210), senglout (1549 ; encore en 1660) ; il est issu d'un latin populaire °singluttus, altération d'après gluttus « gosier » ou gluttire « avaler » (→ déglutir) du latin classique singultus « sanglot », « hoquet », « gloussement de la poule », etc., mot de type expressif.
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Le mot se dit, comme en latin, d'une contraction spasmodique qui se produit dans une crise de larmes. Il s'est employé aussi pour « hoquet » en ancien et en moyen français (XIIIe s., seglout). Il a désigné, par analogie ou par reprise du sens latin « glouglou de liquide », le soulèvement des vagues (déb. XVIe s., seglout ; v. 1510, singlot). Ces valeurs ont disparu.
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Par extension, sanglot s'emploie (1835) pour parler de l'expression sincère de la douleur et, par figure, d'un bruit comparé à un sanglot (1859, Hugo) ; cet emploi poétique s'illustre avec les célèbres « sanglots longs Des violons De l'automne » (Verlaine).
❏
SANGLOTER v. intr. est issu (v. 1160) d'un latin populaire
°singluttare, altération du latin classique
singultare ; comme pour
sanglot, on relève plusieurs variantes anciennes, tels
sanglouter (v. 1150),
sanglotir (v. 1175),
sengloutter (1530).
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Le verbe a d'abord signifié « avoir le hoquet » et se dit pour « pleurer avec des sanglots » ; il est aussi transitif au
XVIe s. dans
sangloter des larmes, des cris, etc. L'emploi figuré (1759, Voltaire) est littéraire.
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Du verbe dérivent SANGLOTEMENT n. m., réfection attestée tardivement (1660, sanglottement) de segloutement (XIIIe s.), rare du XVIIe au XIXe s. (1853, Baudelaire) et littéraire, et SANGLOTANT, ANTE adj. (1886, Goncourt, in T.L.F.).
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SINGULTUEUX, EUSE adj., dérivé savant du latin classique
singultus, qualifie ce qui a rapport au sanglot (1785), spécialement en médecine, dans
respiration singultueuse (1828).
SANGO n. m. et adj., mot de cette langue, désigne une langue africaine du sous-groupe oubanguien, idiome officiel de la République centrafricaine et langue véhiculaire au Tchad.
SANGRIA n. f., d'abord francisé par altération en sang-gris (1723), reprend au XXe s. la forme de l'espagnol sangría, dérivé par analogie de couleur de sangre « sang », de même origine que sang*. L'anglais sangaree (1736) est considéré par le dictionnaire d'Oxford comme un emprunt à l'espagnol sangria, attesté plus tard (1803 ; 1775 à la Nouvelle-Orléans). Le français sang-gris est actuellement la première forme attestée.
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Le mot désigne, comme en espagnol, une boisson faite de vin rouge sucré et d'oranges. On a dit en français vin d'oranges.
SANGSUE n. f. est issu (v. 1170 ; 1190, sansue ; encore au début du XVIIe s.) du latin impérial sanguisuga « suce-sang », composé de sanguis (→ sang) et de sugere (→ sucer). On trouve aussi en moyen français sansuce (v. 1500), sangsucce (1568). Le latin classique hirudo n'a laissé que quelques traces dans les parlers méridionaux (ancien provençal eruge).
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Le mot désigne un annélide qui possède une ventouse à chaque extrémité ; on utilisait autrefois les sangsues pour les saignées locales.
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Par figure, il se dit (XIIIe s., Rutebeuf) d'une personne qui s'enrichit aux dépens des autres, emploi vieilli, d'où l'argot ancien « femme qui ruine son amant » (1867). Le mot a été repris au XXe s. pour désigner une personne qui importune, « s'accroche », acception vieillie.
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Une analogie dans le vocabulaire technique correspond à « rigole d'assèchement » (1625).
SANGUISORBE n. f. est la francisation (1564) du latin des botanistes sanguisorba, du latin sanguis (→ sang) et sorbare (→ absorber), pour nommer une plante rosacée vivace, à fleurs roses ou rouges réunies en épis, et dont les jeunes feuilles sont comestibles. Son nom usuel est pimprenelle.