SANHÉDRIN n. m., réfection savante (1663 ; sanedrin, 1605) de senedrin (1573), a été emprunté à l'hébreu et à l'araméen sanhédrîn « tribunal des Juifs » (Matthieu, V, 22), du grec sunedrion « assemblée », « collège judiciaire », composé de sun « ensemble » (→ syn-) et de hedra « siège » (→ cathédrale, chaise).
❏  Le mot a été employé (1573) comme nom d'un traité du Talmud. Il désigne en histoire (1605) une assemblée formée de membres de la noblesse sacerdotale juive et de docteurs pharisiens, tribunal religieux et civil pour toute la Palestine antique. Par figure, il s'est dit péjorativement (déb. XVIIIe s., Saint-Simon) d'un tribunal partial (à cause de la condamnation de Jésus) ; cet emploi a disparu au XIXe siècle.
SANICLE n. f. est l'adaptation ancienne (XIIe s.) du latin des botanistes sanicula, de sanus (→ sain) à cause des vertus médicinales de la plante, une opiacée des régions humides et boisées, à fleurs en ombelles. Elle était aussi appelée herbe de Saint Laurent.
SANIE n. f. a été emprunté au XIIIe s., en ancien picard sous la forme sainnie, sous la forme moderne avant 1478 chez Guy de Chauliac, au latin sanies « sang corrompu, pus qui s'écoule d'une blessure », dont l'origine est inconnue. On peut penser à la famille de sanus « sain », par une évolution analogue à celle de purin, apparenté à épurer et donc à pur.
❏  Ce mot de médecine ancienne est archaïque et littéraire aujourd'hui.
❏  SANIEUX, EUSE adj. est emprunté (1314, sanieus) au dérivé latin impérial saniosus. Ancien mot de médecine, l'adjectif est littéraire au figuré (déb. XXe s.) pour « purulent ».
SANITAIRE → SANTÉ
L SANS prép. est attesté vers 980, alors écrit sen et sens avec un s adverbial ; on relève ensuite senz (v. 1050), seinz (1080), sainz (v. 1155) et enfin sans (v. 1200). Le mot est issu du latin sine, préposition suivie de l'ablatif ; sine s'employait seul ou avec une négation (par ex. non sine) formant litote, et était souvent joint à omnis « tout » (→ omni-) et à ullus « un quelconque », dérivé de unus (→ un). Sine est apparenté à des formes du tokharien et de l'irlandais (sain « différent », adj.) qui permettent de reconstruire une forme originelle du latin, °s-ni. L'appartenance indoeuropéenne est attestée par le sanskrit sanitúḥ « séparément, en outre » ; sans s initial, on relève le sanskrit ánu « de côté », le gotique inu et l'ancien haut allemand ānu « sans », le grec aneu « séparément, sans ».
❏  Dans les premiers emplois, sans, placé devant un nom ou un pronom, marque l'absence, le manque (de qqn ou qqch.) ou indique l'exclusion (1080), d'où sans plus (v. 1250). La préposition forme de nombreuses locutions adjectives ou adverbiales à valeur négative (sans égal, sans exception, etc.). En ancien français, sans ce que était suivi du subjonctif (v. 1155) ; cette construction a cédé la place à sans que avec l'indicatif (fin XVIe s. ; voir ci-dessous), équivalant à sans le fait que, courant à l'époque classique et sorti d'usage. ◆  Depuis le XIVe s., sans est également employé suivi d'un infinitif, pour écarter une circonstance ; au XVIIe s., le sujet de l'infinitif et celui de la principale pouvaient être différents, construction qui ne subsiste que dans quelques exemples, tels sans mentir, cela va sans dire « sans que qqn (un autre) ne le dise ». Sans, sans que peut être renforcé par un autre mot négatif, aucun, jamais, etc. (v. 1200, sans point de). Sans que (loc. conj.) suivi du subjonctif (1373) a remplacé sans ce que et s'emploie de façon identique à sans avec l'infinitif ; c'est à partir de l'époque classique que l'on trouve sans que construit avec ne. ◆  On relève à partir du XVIe s. sans plus avec l'infinitif, « sans davantage » (1530), puis les constructions sans cela (1538), sans quoi, à valeur hypothétique, non sans « avec pas mal de », suivi d'un nom ou d'un infinitif (1549). Sans autre, en français de Suisse, équivaut au sans plus de France, avec plusieurs valeurs courantes, « sans façon, sans formalité », « facilement », « sans discussion », etc. En réponse, sans autre s'emploie pour « bien sûr, je vous en prie ! ». ◆  Sans a pris dans l'usage familier une valeur adverbiale (1821), dans des tours qui s'expliquent parfois par une ellipse, comme les jours sans ; être sans un « sans argent », par ellipse de sou (Cf. être sans le sou), est attesté au début du XXe siècle (1910, chez Colette).
❏  Le mot, avec sa valeur générale, entre comme élément dans la construction de composés issus d'expressions où sans précède un substantif : compagnons sans soutie (XIVe s.) qui donnera un sans souci ; personne sans cœur, etc. Ces tournures servent à former des noms à partir du XVIIIe siècle.
❏ voir ABRI, CŒUR, CULOTTE, DIEU, DOMICILE, EMPLOI, FAÇON, FAUTE, FIL, GÊNE, GRADE, LOGIS, PAPIER, PATRIE, SOU, SOUCI.
SANSONNET n. m. est le diminutif (v. 1480) du moyen français sanson (v. 1480), emploi plaisant du nom propre Samson. On a aussi dit chansonnet (1611), d'après chanson, dénomination encore relevée dans les dictionnaires du XIXe siècle. On a proposé un croisement avec sassonet, dérivé de sasser « cribler » (→ sas), qui permet de faire entrer sansonnet dans le paradigme des « oiseaux à taches » avec la grive, par exemple (P. Guiraud).
❏  Sansonnet est un autre nom de l'étourneau. Outre la petitesse de l'oiseau, un calembour est possible (sans son nez ?) pour expliquer la locution familière attestée au XIXe siècle : ce n'est pas de la roupie de sansonnet (→ 1 roupie).
SANSCRIT, ITE ou SANSKRIT, ITE n. m. et adj. apparaît d'abord sous la forme hanscrit (1667) ; sanscreat, 1725, et sanscrit au XVIIIe s. (1756, chez Voltaire). Le mot est emprunté au sanskrit samskr(i)ta « parfait », c'est-à-dire « observant toutes les règles fixées par les grammaires », par opposition à prākrita « à l'état naturel, peu soigné », qui a donné prakrit.
❏  Le mot désigne la langue classique et sacrée de la civilisation brahmanique de l'Inde, appartenant au groupe dit indo-aryen des langues indoeuropéennes. Il s'emploie aussi comme adjectif (1803). La graphie sanskrit (1870, adj. et n.) l'emporte sur sanscrit dans l'usage didactique.
❏  Les dérivés sont didactiques.
■  SANSCRITISTE (1830) ou SANSKRITISTE (1876) n. signifie « spécialiste du sanscrit ».
■  SANSCRITISME (1867, Burnouf ; dès 1849 pour « caractère indoeuropéen »), graphie aujourd'hui vieillie, et SANSKRITISME n. m. (1876) désignent l'ensemble des disciplines se rapportant au sanscrit (Cf. indianisme).
❏ voir voir aussi l'article encadré le sanskrit et les prâkrits.
⇒ encadré : Le sanskrit (et les prâkrits)
SANTAL n. m. est emprunté, sous la forme sandali (v. 1240) ou sandal (1256), au latin médiéval sandalum, lui-même emprunt au grec tardif sandalon, altération de santalon, sur lequel a été refaite la forme santal (1550). Santalon est emprunté à l'arabe sandal, lui-même du sanskrit čandana. On relève en ancien français, à côté de la forme sandal encore usitée à l'époque classique, les variantes sandle (1298) et sandre (XIIIe s., isolément). L'apparition du mot en français correspond aux débuts de l'importation du bois de santal (1re moitié du XIIIe s.) de l'Orient vers Marseille. Le passage de d à t peut provenir de l'homonymie avec sandale et de l'influence de sentir, senteur.
❏  Santal, d'abord relevé au sens de « poudre médicinale fabriquée avec le bois du santal », s'emploie ensuite (1538, sandal) pour désigner ce bois odoriférant dont on extrait essence et poudres, aussi appelé bois de santal, puis l'arbre lui-même (1562). On relève faux-santal en 1752.
❏  Le dérivé SANTALINE n. f. (entre 1814 et 1820, Pelletier) est un terme technique désignant la matière colorante obtenue à partir du bois de santal rouge.
■  SANTALACÉES n. f. pl., terme de botanique (1842 ; suffixe -acées), se dit de la famille de plantes comprenant le santal.
L SANTÉ n. f. représente l'aboutissement (v. 1175) par l'intermédiaire de santet (v. 1050) de sanitatem, accusatif du latin sanitas, -atis « santé (du corps et de l'esprit) » et spécialement « raison, bon sens », « pureté, correction (en parlant du style, en rhétorique) » ; sanitas est un dérivé de sanus (→ sain). Le mot latin avait été emprunté sous la forme sanitad (v. 980), devenu saniteit (v. 1190), forme relevée jusqu'au début du XVIe s., et sanité (XIIIe s.), encore attesté dans des dictionnaires au sens de « bon état de santé » au XIXe et même au XXe siècle.
❏  Le mot conserve le sens du latin, d'abord en parlant du bon état physiologique d'un être vivant, d'où (en) bonne santé (v. 1250), plus tard grande santé (1611), sorti d'usage, petite santé (1636) toujours usuel dans l'usage familier (comment va cette petite santé ?), santé de fer (déb. XVIIIe s., Saint-Simon), santé insolente (1835), etc. ◆  Par extension, le mot s'est employé (v. 1190, santeit) à propos du bon état d'un objet, encore relevé chez Malherbe. ◆  Il se dit aussi (v. 1200) de l'équilibre et de l'harmonie de la vie psychique, religieuse (santé spirituelle, 1590), intellectuelle (santé de l'esprit, 1890), morale (santé morale, 1812). Par extension du premier emploi (XVe s.), santé désigne le fonctionnement plus ou moins harmonieux de l'organisme (Cf. complexion). ◆  La locution de santé « qui doit conserver la santé », relevée en 1835 (chocolat de santé), est désuète. À la fin du XIXe s., on relève la locution figurée en avoir une santé (1894 dans Courteline), puis avoir de la santé (1912) « avoir beaucoup d'aplomb ».
■  Avec l'idée de bon état, il s'est dit au figuré (XVIe s.) de la bonne qualité d'un jugement, puis de l'état salubre de l'air (1600), d'une ville, d'un pays (1659).
■  Au sens initial, le mot s'utilise en souhaitant à qqn une bonne santé, acte social désigné par les locutions boire à la santé de qqn (1595), porter la santé de qqn (1655) qui a disparu, et dans de nombreuses formules : à vos santés ! (1628), bonne santé ! (1631), à votre santé ! (1622) d'où, elliptiquement, santé ! (1781) et à la vôtre ! (1875). Par extension (1629), santé se dit de cet acte lui-même plus tard appelé toast. Un autre emploi (local) de santé ! est une adresse de politesse pour une personne qui vient d'éternuer.
■  Avec l'idée de « situation collective quant à la santé des personnes » (attesté mil. XVIIe s.), santé a désigné (1669) une maison où l'on mettait en quarantaine certains malades, par exemple des pestiférés ; on a dit aussi lieu de santé (1694), maison de santé (1721). La Santé, ancien hôpital de Paris, est devenu ensuite une prison (1888). Maison de santé « hôpital » (av. 1721) s'est dit (1812) d'un établissement privé où l'on reçoit des malades ; l'expression, remplacée par clinique dans cette acception, étant conservée aujourd'hui par euphémisme pour « hôpital psychiatrique » (XXe s.). Bureau de santé (1812), puis la santé, désigne dans un port le service de surveillance des maladies épidémiques ; service de santé se dit de l'ensemble du personnel médical dans l'armée (1825), puis dans un port (1875), et autrefois (1835) des médecins attachés au service de la santé d'un souverain. Officier de santé, aujourd'hui archaïque pour « médecin sans doctorat » (de 1804 à 1892, ce fut le cas d'Émile Littré), est, en tant qu'expression, antérieur à 1680 (Richelet).
❏  Le suffixe argotique -oche, -uche sert à former SANTOCHE, SANTUCHE n. f., pour « santé » et surtout pour « Prison de la Santé ».
SANITAIRE adj. et n., dérivé savant (1801) du latin sanitas, s'applique à ce qui est relatif à la santé publique et à l'hygiène, d'où cordon sanitaire (1829). L'adjectif s'emploie spécialement pour qualifier ce qui appartient au service de santé dans l'armée (train sanitaire, 1916), d'où les sanitaires n. m. pl. « les membres de ce service » et une sanitaire n. f. « une voiture sanitaire », emplois archaïques.
■  Depuis le milieu du XXe s., l'adjectif s'emploie surtout en parlant des appareils et installations employés pour distribuer et évacuer l'eau dans les habitations, d'où plomberie sanitaire (1928), installations (v. 1930), appareils (v. 1940) sanitaires, puis le sanitaire n. m. et les sanitaires n. m. pl., euphémisme pour « W. C. ».
■  De cet emploi semble être dérivé SANISETTE n. f., nom déposé d'un modèle de W. C. publics (v. 1980), suffixe diminutif -ette et s de liaison.
SANTIAG n. m. est l'apocope (1978 chez le chanteur Renaud) de Santiagos, du nom de lieu hispanique Santiago (« saint Jacques »), employé comme nom de marque pour ces bottes de style mexicain, à bouts pointus et talons en biais, à la mode dans les années 1980-1990.
❏  L'aphérèse TIAG n. m. (1980) n'a pas été longtemps en usage.
1 SANTON n. m. est un emprunt (1598 ; d'abord sancton, d'après le latin, 1530), à l'espagnol santón, de santo « saint », du latin sanctus (→ saint).
❏  Le mot a désigné, comme en espagnol, un ascète musulman qui se consacrait à la pratique et à l'enseignement de la religion et, par extension, dans certaines religions orientales, un moine mendiant. Le mot est archaïque dans cet emploi, comme pour « tombeau d'un santon » (XIXe s.) ; on emploie l'emprunt à l'arabe marabout.
2 SANTON n. m. est emprunté (1896 chez Paul Arène) au provençal santoun « petit saint ; petit buste de saint », dérivé de sant (→ saint).
❏  C'est le nom donné aux figurines traditionnelles de terre cuite qui décorent la crèche de Noël en Provence. Répandu en français central, le mot fait toujours allusion à la Provence.
❏  Le dérivé SANTONNIER, IÈRE n. (1912, « marchand de santons ») désigne l'artisan qui fabrique des santons.
SANTONINE n. f. représente une altération (1732) de santonique (1542), d'abord centonique (XIVe s.), emprunté au latin santonica (herba), proprement « herbe de Saintonge » ; santonica est le féminin d'un adjectif dérivé de Santones (n. m. pl.), nom d'un peuple gaulois aquitain qui habitait la région appelée pour cela Saintonge.
❏  Santonine est le nom d'une variété d'armoise. Le mot a désigné une graine propre à faire mourir les vers intestinaux ; il désigne par la suite (1830) le composé constituant le principe actif du semen-contra, utilisé comme purgatif et vermifuge.
❏  SANTOLINE n. f., variante (1566) de santonine, désigne un arbrisseau aromatique (dit aussi petit cyprès), à propriétés vermifuges.
SANTOUR ou SANTUR n. m. est un emprunt (attesté en 1875) à un mot arabe adaptant les deux premières syllabes du mot grec psalterion (par ailleurs emprunté par le français) pour désigner une variété de cithare à caisse trapézoïdale, à très nombreuses cordes, dont on joue en les frappant avec deux fines baguettes (instrument voisin du cymbalum, du tympanon). C'est un mot de spécialiste.
SANZA n. f., emprunt à une langue africaine, désigne un instrument fait de lamelles vibrantes de bambou ou de métal que l'on pince.
SANVE → SINAPISME
SAOUÈTE n. m. ou f. est un emprunt à une langue kanak, le nemi, où le mot signifie « clone d'igname » (d'après Haudricourt), appliqué dans l'usage familier, en français de Nouvelle-Calédonie — un peu comme patate en France —, à une personne grossière, un imbécile ou à quelqu'un d'extravagant, de drôle. Le mot manioc a un emploi comparable.
SAOUL → SOÛL
SAPAJOU n. m. (1654), ainsi que ses variantes sapageou (1606), sapagou (1665) et sapajon (1743), est aussi représenté par sapaiou, introduit en 1614 par Claude d'Abeville, et emprunté au tupi, langue indigène du Brésil (spécialement de l'île Maranhão) où il séjourna.
❏  Le mot désigne un petit singe de l'Amérique centrale et du Sud, pourvu d'une longue queue préhensile. ◆  Par analogie, le mot se dit familièrement (1718) d'un homme petit et laid.
❏  SAJOU n. m. est une variante savante (1767, Buffon) de sapajou.