SAPÈQUE n. f., d'abord sapocou (1752), puis sapech (1839), sapèque (1841) est un emprunt au malais, formé de sa « un » et pâku « cent pièces d'étain percées enfilées sur une cordelette ». Le mot était passé en portugais dès 1509 (cepayca).
❏  Le mot s'applique à une petite monnaie chinoise en cuivre.
1 SAPER v. tr. est un emprunt francisé (1547, sapper) à l'italien zappare « piocher », dérivé de zappa « pioche » (Cf. espagnol zapa), du latin médiéval sappa (attesté au VIIIe s.). Selon P. Guiraud, le latin tardif sappa et saper « creuser une tranchée » proviendraient d'un °sappare « produire de la sève », « faire couler la sève », doublet d'un °sapare qui aurait abouti en ancien français à saver, saber, de même sens, dérivé du latin classique sapa « vin cuit réduit aux deux tiers », qui a pris le sens de « sève » dans les langues romanes (→ sève). Le verbe provençal sapa signifie entre autres « fouler aux pieds », « presser » et « curer un fossé », la boue du fossé étant un liquide épais, ce qui relierait le verbe au latin classique sapa. Le bas latin sappa désignerait donc une pelle avec laquelle on soulève, on enlève la boue des fossés, d'où un hoyau. Mais cette hypothèse ingénieuse n'est pas étayée par des faits observés et le sémantisme du verbe la rend très douteuse.
❏  Saper, terme de génie militaire, signifie d'abord « détruire les fondements d'un édifice, d'un bastion, etc., en travaillant avec le pic et la pioche ». Au XVIe s. (1552), il se dit figurément pour « détruire en attaquant les bases, les principes de qqch. ». ◆  Par extension du premier sens, saper signifie (av. 1620, Saint-Amand) « user par la base », le sujet désignant les eaux.
❏  Le verbe a fourni plusieurs dérivés.
■  1 SAPEMENT n. m. (v. 1536, Du Bellay) signifie « action de saper (un mur) ».
■  1 SAPEUR n. m. a désigné d'abord (1547) un soldat d'infanterie employé à saper (un mur, etc.), puis dans sapeur-mineur (1720) et sapeur (1790) un soldat du génie. À partir de 1850, on représente couramment le sapeur portant une longue barbe carrée en éventail et fumant une bouffarde ; de là barbe de sapeur « grande barbe » (1875), l'emploi de sapeur pour « cigare presque entier » (1880), sorti d'usage, et fumer comme un sapeur « fumer beaucoup » (XXe s.), toujours usuel, peut-être par association avec les sapeurs-pompiers* (→ 2 pompe), c'est-à-dire avec le feu et la fumée.
■  Le dérivé 1 SAPE n. f. s'emploie d'abord (v. 1560) avec le sens général de « tranchée creusée sous un mur (un bâtiment, etc.) pour le renverser », d'où par métonymie « prison souterraine » (1564), sens sorti d'usage. ◆  Il désigne ensuite spécialement (v. 1620) une tranchée d'approche pour atteindre l'ennemi, lors d'un siège. Le mot, en parlant de l'Antiquité, désigne l'action de démolir des murailles, notamment avec des machines. ◆  Depuis le XVIIIe s. (Saint-Simon ; repris au XIXe s.), sape se dit par métaphore pour « destruction par la base, menée souterraine pour miner », emploi plus rare aujourd'hui que celui du verbe. Seul le syntagme travail, travaux de sape, vieilli au sens propre, est usuel au figuré ; on a dit travailler à la sape (1751, Prévost).
2 SAPE n. f. est emprunté au latin médiéval sappa dont il reprend d'abord le sens de « hoyau » (1474, sappe), écrit sape au XVIIe s. (1636). Le mot désigne par la suite (1835) une petite faux de moissonneur, à manche recourbé perpendiculairement, usage aujourd'hui régional (parlers franco-provençaux). Par analogie de forme, sape se dit aussi (1904) d'une pelle utilisée par les mineurs.
■  À l'emploi de sape en agriculture se rattache 2 SAPER v. tr. ; attesté en ancien français (mil. XIIIe s.) au sens de « bêcher », ce verbe resté vivant dans les dialectes est repris au XIXe s. pour « couper (les blés) avec la sape » (1842). ◆  L'idée de geste tranchant (comme dans faucher, couper) est probablement à l'origine du sens figuré argotique de « condamner » (1867, in Larchey), le verbe étant attesté dialectalement pour « battre, punir », d'où « se voir infliger une peine pénale » (1926). On peut aussi y voir une métaphore de 1 saper.
■  Du sens de « couper à la sape » dérive 2 SAPEUR n. m. (1845) « moissonneur qui se sert de la sape », ancien terme technique.
■  L'emploi en argot a fourni 2 SAPEMENT n. m. (1873) et 3 SAPE n. f. (1928) « condamnation ».
2 SAPER → 1 SAPER
3 SAPER v. tr., terme d'argot familier attesté au début du XXe s. (1919) au sens de « vêtir, habiller », est d'origine obscure ; un rapprochement métaphorique avec l'argot saper « condamner » (→ 2 saper) met en œuvre le sémantisme de « charger » ; il n'est que vraisemblable.
❏  Le verbe est surtout usité au pronominal (bien se saper) ou au passif (être bien sapé). En français d'Afrique, comme intransitif, saper correspond à « s'habiller à la dernière mode ».
❏  Le déverbal 4 SAPE n. (1926) désigne au masculin un costume, un complet d'homme, emploi qui semble vieilli, et au féminin des vêtements en général, souvent au pluriel sous l'influence de fringues, frusques. En français d'Afrique, la sape désigne la mode masculine et le fait de bien s'habiller.
■  Les composés DÉSAPER v. tr. et pron. « (se) déshabiller », et RESAPER v. tr. et pron. « (se) rhabiller », sont employés familièrement.
■  En français d'Afrique, 3 SAPEUR n. m. se dit d'un homme (en général jeune) qui consacre son argent et son intérêt à la mode.
SAPERDE n. m. est un emprunt en zoologie (1796) au latin saperda, hellénisme, le mot grec désignant un petit poisson salé. Le mot français désigne un coléoptère à larges élytres, et sa larve, qui vit dans le bois qu'elle creuse, s'attaquant à des arbres (saules, peupliers, trembles).
SAPERLIPOPETTE → 1 SACRER
SAPHÈNE n. f. et adj. est un emprunt médical à l'arabe çafiri, apparu en moyen français (1314). On rapproche le mot arabe du grec saphônês « apparent ». Le mot désigne l'une des deux veines collectant le sang des veines superficielles du membre inférieur, dites la grande et la petite saphène. Il est adjectif dans veines saphènes.
SAPHIQUE adj., d'abord écrit saffique (1373), puis par réfection savante saphique (1511 saphicque) et aussi sapphique (av. 1525) par retour au grec, est un emprunt au latin sapphicus « relatif à la poésie de Sapho », employé en métrique (sapphicus versus, sapphicum metrum « vers saphique, hendécasyllabe »). Le latin est lui-même un emprunt au grec sapphikos, dérivé de Sapphô, poétesse de Lesbos.
❏  Cet adjectif didactique s'emploie d'abord comme terme de prosodie ancienne (1373, saffique), en parlant d'un vers composé de trois trochées et de deux ïambes suivis d'une syllabe finale. ◆  De là saphique n. m. « vers saphique » (1576) et adj. strophe saphique (1762). ◆  À la fin du XVIIIe s. (1799, amour saphique), directement dérivé de Sapho, apparaît l'emploi de saphique pour « relatif à l'homosexualité féminine », par allusion aux mœurs attribuées à Sapho.
❏  SAPHISME n. m., dérivé savant de Sapho (av. 1842, Académie, Complément), désigne l'homosexualité féminine (Cf. lesbianisme). Fourier employait saphiennisme (av. 1837).
SAPHIR n. m. et adj. inv. est emprunté (v. 1130), d'abord écrit saphire (1125), au bas latin sapphirus, sappirus en latin impérial, lui-même au grec sappheiros, mot d'origine sémitique. Cf. hébreu sappîr « pierre bleue ».
❏  Le mot, désignant une pierre précieuse de couleur bleue, variété de corindon, s'est employé par analogie au sens de « bouton qui affecte le visage » (1561, Paré), avec les variantes saphis (v. 1500) et saphiz (1548) ; cet emploi a disparu au XVIIe siècle. ◆  Comme terme poétique, il se dit (mil. XVIe s.) de tout ce qui a quelque analogie avec le minéral, par l'éclat ou la couleur. Qualifié, le mot désigne des minéraux de couleur bleue : saphir d'eau « dichroïte bleue » (1680), dit aussi saphir occidental (1791), saphir du Brésil « tourmaline bleue » (1835), saphir électrique « variété de tourmaline ou de topaze » (1842). ◆  Saphir désigne aussi (1907) une petite pointe de cette matière qui fait partie de la tête de lecture d'un électrophone ; cet emploi tend à disparaître avec la technique concernée, laissant la place au laser. ◆  De saphir s'emploie littérairement pour « bleu et lumineux » (1831, chez Hugo ; bleu de saphir, 1779). De là un emploi adjectif (1779, Buffon) et nominal (1800) pour « (de) belle couleur bleue ».
❏  SAPHIRIN, INE, terme didactique, apparaît dans pierre saphirine (v. 1508) « variété de calcédoine bleue », puis saphirine n. f. qui désigne ensuite le silicate double d'alumine et de magnésie (avant 1838-1842, Académie, Complément), emprunt probable à l'allemand (mot créé par Giesecke v. 1820). L'adjectif qualifie (1845, saphirin) ce qui ressemble au saphir (variante saphiréen, éenne).
SAFRE n. m., sans doute directement repris au grec sapheiros, par le commerce passant par Marseille (emprunté par l'espagnol zafre, le portugais safra), a eu en ancien français le sens de « saphir » (v. 1170). ◆  Supplanté par saphir, le mot désigne par analogie l'oxyde bleu de cobalt servant à fabriquer le verre bleu ou l'émail bleu ; il est écrit saphre chez B. Palissy, safre au début du XVIIe s. (1611) et aussi zafre (1690).
SAPIDE adj., attesté une fois au XVIe s. et repris au XVIIIe s. (1754), est un emprunt savant au latin impérial sapidus « qui a du goût, de la saveur », aussi employé au figuré pour « sage, vertueux ». L'adjectif latin dérive du verbe classique sapere « avoir du goût, de la saveur » (en parlant des choses) et, plus souvent au figuré, « avoir du discernement, du jugement ; être sage » (→ savoir).
❏  Sapide s'est d'abord appliqué à une terre fraîche, fertile, acception rare (attestation unique) et disparue. ◆  L'adjectif reprend ensuite (1754) le sens du latin, dans l'usage didactique ou littéraire.
❏  Le dérivé SAPIDITÉ n. f. « qualité de ce qui a une saveur » (1762) est lui aussi didactique.
■  Le contraire INSAPIDITÉ n. f. (1845), qui ne s'est pas maintenu (→ insipidité), a aussi été employé (1865, Goncourt) au sens de « privation du sens du goût ».
INSAPIDE adj., de 1 in-, est un équivalent didactique et rare de insipide*.
❏ voir SADE, INSIPIDE.
SAPIENCE n. f. est un emprunt (v. 1120), d'abord sous la forme latine sapientia (v. 1090), au latin classique sapientia « intelligence, bon sens », « sagesse », employé pour traduire le grec sophia (→ sophisme). Le nom dérive de sapiens, -entis « intelligent, sage, raisonnable », participe présent adjectivé de sapere « avoir du goût (en parlant de choses) » (→ insipide, sapide) et, au figuré, « avoir du discernement ; être sage » (→ savoir).
❏  D'abord terme de philosophie désignant les connaissances les plus générales, sapience se dit ensuite (v. 1120) pour « sagesse » et en religion pour « verbe, sagesse de Dieu ». Noté comme « vieux » en 1718 par l'Académie, il est parfois repris comme archaïsme littéraire. ◆  En religion, la Sapience a désigné (1550) le livre de Salomon.
❏  SAPIENTIAL, ALE, AUX adj. et n. m. pl., terme de théologie emprunté au bas latin sapientialis « intellectuel », dérivé de sapientia, s'emploie dans livres sapientiaux (1374, livres sapiencialz ; forme moderne, 1740) en parlant des livres de l'Ancien Testament qui contiennent des maximes morales (les Proverbes, le Cantique des Cantiques, etc.).
■  SAPIENS adj., didactique, est repris (1735) dans homo sapiens pour qualifier l'homme en tant qu'espèce capable de pensée abstraite.
■  Leroi-Gourhan a introduit (mil. XXe s.) avec la même valeur l'adjectif SAPIEN, IENNE.
L SAPIN n. m. est issu (v. 1165) du latin classique sap(p)inus désignant un arbre résineux, aussi sappium chez Pline ; le mot est probablement composé de °sap(p)us, peut-être gaulois, et du latin classique pinus (→ pin). °Sappus a abouti à sap en ancien français (fin XIe s.) et en ancien provençal (v. 1181), forme qui se maintient jusqu'au XVIe s., prenant un sens technique (1773) dans le vocabulaire de la marine, et est encore attestée dans les dialectes, en argot jusqu'au XIXe siècle. P. Guiraud rattache sap à un verbe gallo-roman °sappere « produire de la sève », dont l'existence est supposée d'après le latin sapa « vin cuit réduit à l'état de sirop » (→ sève), le sap(p)inus étant un arbre producteur de sève.
❏  Le mot désigne couramment un arbre d'une famille de résineux à tronc droit et à feuilles persistantes ; de là vient par métonymie un emploi adjectivé disparu pour « en bois de sapin » (v. 1120) et le sens usuel de « bois de sapin » (XIIIe s. ; v. 1155, sap). Ce bois étant couramment utilisé en menuiserie, le mot s'est dit pour « poutre » (1458) et en argot (1628) pour « planche », encore au XIXe siècle. ◆  Par figure, sentir le sapin signifie (1694) « n'avoir plus longtemps à vivre », par allusion au cercueil fait de ce bois ; de même on a dit surtout de sapin (1695), redingote de sapin (1881) pour « cercueil », d'où un sapin (1867). ◆  Sapin a aussi désigné (1723) un fiacre, ce bois entrant dans la fabrication de la voiture, puis (XXe s. : 1935, Simonin) un taxi. ◆  En argot, il s'est dit pour « plancher » (1836) avec la locution argotique disparue sapin des cornants « plancher des vaches » (1829). ◆  En français québécois, passer un sapin à qqn signifie le tromper, le duper. ◆  Sapin s'emploie par extension (1875) pour d'autres résineux (épicéa, pin) dans l'usage courant (abusif en botanique). ◆  Enfin, au XXe s., l'expression sapin de Noël correspond à la coutume de l'arbre givré et orné décorant à Noël les habitations, les jardins, des lieux publics, en signe de fête.
❏  SAPINE n. f. « bois de sapins » (v. 1175), sens disparu, s'est employé pour « bateau de rivière (en bois de sapin) » (1295), encore au XIXe siècle. ◆  Le mot désigne régionalement (Bourgogne) un baquet en bois pour mettre le raisin (XVe s.), d'où le sens disparu de « caisse à bouteilles » (1611, Cotgrave). ◆  Il désigne aussi (1694) une solive en bois de sapin, servant en particulier aux échafaudages, puis en technique (1870) un appareil de levage aujourd'hui fait de pièces métalliques.
■  SAPINETTE n. f. était le nom (1505) d'un crustacé qui s'attache aux rochers et aux bateaux. ◆  Ce mot a été reformé pour « bois de sapins » (1600, sapinnette). C'est aussi le nom (1757) d'un épicéa d'Amérique du Nord (dit épinette au Canada francophone) et dans plusieurs régions de France, le nom de l'épicéa, en général. Par ailleurs le mot désigne (1756) une boisson faite à partir de bourgeons de cet arbre. ◆  En Normandie, c'est un des noms de la pomme de pin ; dans la Sarthe, des aiguilles de conifères. ◆  Il désigne après sapine (ci-dessus) un bateau de rivière (1845), aussi dit sapinière n. f. (1678, en ce sens).
■  SAPINIÈRE n. f. « plantation de sapins » (1619 Champlain) s'est dit en argot (1867), d'après la valeur de sapin « cercueil », pour « fosse commune ».
■  SAPINEAU n. m. « jeune sapin » (1876) est rare.
SAPINAGE n. m. s'emploie (1712) en français du Canada pour un ensemble de branches de conifères.
SAPITEUR n. m. est un emprunt (1736) au provençal sapitour, d'un dérivé du latin sapere « savoir », pour désigner, en droit maritime, l'expert chargé d'estimer la valeur d'une cargaison. En droit général, il se dit du commissaire chargé de conduire une enquête publique, et d'un expert auprès des tribunaux.
SAPONAIRE n. f. est un emprunt (1562 ; saponere, XIVe s.) au latin médiéval des botanistes saponaria, dérivé du latin classique sapo, saponis qui a donné savon*.
❏  Le mot a remplacé erbe savoniere (fin XIe s.), herbe savonnière (1538), encore chez Oudin (1640), ou savonnière n. f. (1616), encore dans Larousse en 1875. Il désigne une plante à fleurs roses et odorantes qui contient un glucoside dont la dissolution mousse comme du savon.
❏  SAPONINE n. f., dérivé savant du latin sapo (1832), désigne ce glucoside, qui fut d'abord extrait de la saponaire.
■  SAPONIFIER v. tr. est dérivé savamment (1797) du radical du latin sapo, d'après les verbes en -fier. ◆  Ce verbe technique signifie « transformer (un corps gras) en savon ». En chimie (XXe s.), il correspond à « transformer (un ester) en acide et alcool (sous l'action d'une base) ». ◆  En dérivent SAPONIFICATION n. f., d'abord « art de faire le savon » (1792), puis terme technique (1797) et de chimie correspondant au verbe, SAPONIFIABLE adj. (1845), d'où INSAPONIFIABLE adj. (1867), et SAPONIFIANT, ANTE adj. (XXe s.).
■  SAPON-, élément tiré du latin sapo, entre dans la composition de termes didactiques de chimie, comme SAPONACÉ, ÉE adj.pour « qui a certaines caractéristiques du savon » (1793, Lavoisien), SAPONITE n. f. (1870), SAPONOSIDE n. f. (1972), de -oside*, etc.
SAPOTILLE n. f. est un emprunt (début XVIIIe s.) à l'espagnol zapotillo, diminutif de zapote, emprunt au tzeltal (langue des Aztèques du Mexique) tzapotl. Zapote avait été adapté en français en çapote (1598), puis sapote (1666). Sapotille désigne une grosse baie charnue, à chair brune, savoureuse, qui se mange très mûre, blette.
❏  SAPOTILLIER n. m. est le nom donné en français (1765 dans l'Encyclopédie) à l'arbre d'Amérique centrale qui produit les sapotilles, et dont le bois répand en brûlant une odeur comparable à celle de l'encens. Son latex sert à la fabrication du chewing-gum.
SAPRISTI → 1 SACRER
SAPROPHYTE adj. et n. m. est un composé savant (1875) de sapro-, du grec sapros « putride », « moisi », mot d'origine inconnue, et de -phyte, du grec phuton « ce qui pousse », dérivé de phuein « faire naître, faire pousser » (→ phyto-, -phyte).
❏  Le mot se dit d'un organisme qui tire les substances nécessaires à sa vie des matières organiques en décomposition. ◆  Par extension, l'adjectif (attesté 1933) s'applique à un germe qui vit dans l'organisme sans être pathogène.
❏  En dérivent SAPROPHYTIQUE adj. (1896) et SAPROPHYTISME n. m. (1892).
À partir de SAPRO-, premier élément, ont été composés des termes didactiques comme SAPROPHAGE adj. et n. m. (1827), de -phage, « qui se nourrit de matières putréfiées », 1 SAPROPÉLIQUE adj. (1904) « qui vit dans la vase des étangs » (de la flore, de la faune), du grec pêlos « boue, fange », d'où SAPROPEL n. m. (créé par H. Potonié, av. 1908 [Revue des sciences]) « masse gélifiée de plancton », d'où 2 SAPROPÉLIQUE adj. (1913) et SAPROPÉLIEN, IENNE adj. (1922).
SAQUER → SAC
SARABANDE n. f. est un emprunt (1606), aussi sous les formes zarabanda (1605, Le Loyer), serabante (1605, J. Bordier), à l'espagnol zarabanda (1539) désignant une danse vive et lascive accompagnée de castagnettes, puis un grand vacarme, mot lui-même emprunté par l'arabe au persan sarband « turban » de sar « tête » et band « lien ». Cependant, ce mot ne semble pas concerner la danse et dastband, de dast « main », qui, lui, désigne une danse, ne convient pas formellement. On a supposé aussi une altération de l'espagnol zarenda « crible, van », par allusion au mouvement. Cette hypothèse rendrait compte du caractère de la danse andalouse, qui aurait été autochtone.
❏  Le mot, en passant d'Andalousie au reste de l'Europe, a perdu en musique sa valeur de « danse lascive, désordonnée et agitée » pour désigner une danse mondaine ou de cour. Cette danse à trois temps, lente (1636, Mersenne), voisine du menuet, en vogue aux XVIIe et XVIIIe s., correspondait à un air que le mot désigne aussi (1623). Il s'applique par extension à la partie d'une suite qui s'en inspire, dans la musique du XVIIIe s. (Bach, par exemple).
■  Mais le sens initial semble avoir survécu, notamment en parlant de l'Espagne (Lesage), et le mot a été repris pour « jeux bruyants, vacarme » (av. 1778, Voltaire) et pour « danse joyeuse et collective » (fin XIXe s.), en particulier dans danser, faire la sarabande. ◆  Cette valeur, comme celles de « ribambelle de gens qui s'agitent » (XXe s.) et « succession rapide, sans ordre, d'éléments disparates », vient en partie de la forme du mot (Cf. farandole, ribambelle).
❏  Du sens courant vient SARABANDER v. intr. (mil. XXe s.), familier.
SARBACANE n. f. est l'altération (1540), d'abord notée salbaquane (1526), sous l'influence de canne, de sarbataine (Genève 1524), sarbatenne (1525). Ce mot est un emprunt à l'espagnol zebratana (1476), devenu cerbatana, mot d'origine malaise (sumpitan ou sempitan), transmis par l'arabe zarbaṭāna.
❏  Le mot désigne, comme son étymon, un tube creux servant à lancer de petits projectiles, par la force du souffle. ◆  Par analogie de forme, il s'est dit d'un tuyau servant de porte-voix (XVIIe s.) et a désigné au figuré un intermédiaire (déb. XVIIIe s., Saint-Simon), sens rapidement disparu.