1 SCANNER n. m. est l'emprunt (1964) d'un mot anglais dérivé de to scan « scruter, examiner minutieusement », de même origine que le français scander*.
❏  Scanner est d'abord employé comme terme d'imprimerie, désignant un appareil de photogravure analysant et reproduisant des clichés typographiques d'après des documents en noir et blanc ou en couleurs ; il désigne aussi (1975) un appareil utilisé en cartographie pour enregistrer une image, un document, etc. et convertir l'information originale sous une autre forme. ◆  Le mot est plus courant comme terme de médecine (1974) pour « appareil de radiographie en profondeur, traitant les résultats obtenus par une calculatrice électronique ». SCANNEUR n. m. (1980, J. O.), adaptation de l'anglicisme, est la forme recommandée officiellement.
❏  Sur scanner a été dérivé le terme technique SCANNAGE n. m., « utilisation d'un scanner » (1980) [Cf. balayage], pour remplacer l'anglicisme scanning n. m. (1973), emprunté à l'anglais scanning (1968), dérivé de to scan.
■  À partir de scanner ont été composés les termes de médecine SCANOGRAPHIE ou scannographie n. f. (1972) et SCANOGRAPHE ou scannographe n. m. (1977), recommandé officiellement pour remplacer scanning et scanner. ◆  SCANOGRAMME (ou scannogramme) n. m. (1980), emprunté à l'anglais scannogram, désigne l'image obtenue grâce à un scanner, en technologie radar.
2 SCANNER v., adaptation (1980) de l'anglais to scan, signifie « balayer à l'aide d'un scanner (en cartographie) » et, intransitivement, « utiliser un scanner ».
SCANSION n. f. est un emprunt (1741) au latin scansio, dérivé de scandere (→ scander), au sens propre « escalade ». Le mot désigne la manière de scander les vers. Il a été adopté en pathologie pour une anomalie de la prononciation française, qui consiste à renforcer un accent sur certaines syllabes.
SCAPHANDRE n. m. est composé savamment (1767) des mots grecs skaphê, désignant d'abord tout objet creusé, « vase », « canot », « barque », et anêr, andros « homme » (→ andro- ; -andre). Le premier élément vient du grec skaptein « creuser » apparenté au latin scabere « gratter » (→ scabreux). Le grec skaphê a été emprunté tardivement par le latin scapha « barque ».
❏  Scaphandre apparaît avec les sens de « ceinture de sauvetage » (1767) et de « vêtement permettant de se soutenir sur l'eau » (1775), disparus. Le sens moderne, « appareil de plongée individuel », est attesté en 1796, et plus sûrement en 1858, la réalité désignée existant déjà au XVIIe siècle. L'expression scaphandre autonome (pourvu d'une bouteille d'air comprimé) apparaît en 1933 dans les dictionnaires. Scaphandre spatial se dit depuis 1961.
■  Par analogie, le mot désigne par ailleurs (1828) un mollusque gastéropode qui vit sur les côtes de l'Atlantique et de la Méditerranée.
❏  Du sens général dérive SCAPHANDRIER n. m. (1805 au sens ancien de scaphandre, puis 1870 ; 1868, scaphandreur), « plongeur muni d'un scaphandre non autonome ».
■  L'emploi en zoologie a fourni SCAPHANDRIDÉS n. m. pl. (1904), de -idé, du grec eidos « forme, apparence », désignant la famille de mollusques comprenant le scaphandre.
SCAPH-, SCAPHI-, SCAPHO-, élément tiré du grec skaphê, entre dans la composition de quelques mots savants parmi lesquels : SCAPHITE n. m. (1839), terme de paléontologie, « mollusque à tentacule » et SCAPHOPODES n. m. pl. (av. 1892), de -pode, du grec pous, podos « pied », terme de zoologie. ◆  Comme second élément de composition, -scaphe apparaît dans quelques mots savants (bathyscaphe, pyroscaphe).
Quelques mots de la famille sont empruntés directement au grec ou au latin.
■  SCAPHOÏDE adj. (1538) reprend le grec tardif skaphoeidês « en forme de barque », de eidos « forme, apparence » ; ce terme d'anatomie s'emploie notamment dans os scaphoïde (fin XVIe s., aussi n. m.).
■  SCAPHÉ n. m. est emprunté (1818) au latin scaphe « cadran solaire concave », lui-même au grec skaphê « objet creusé ». Ce terme d'Antiquité désigne un gnomon* et un vase sacrificiel.
■  SCAPHIDIE n. f. (1876), emprunt au grec tardif skaphidion, diminutif de skaphis « petit objet creusé et oblong », dénomme un insecte ovale, noir taché de rouge.
■  SCAPHÉPHORE n. m. (1876), pris au grec skaphêphoros, de -phoros « qui porte » (dérivé de pherein « porter »), s'applique au porteur de vases sacrificiels, dans l'Antiquité grecque.
1 SCAPULAIRE n. m. est la réfection (1380) de capulaire (1195), encore chez Ch. de Pisan (fin XIVe s.) ; on note aussi les variantes anciennes chapulaire (fin XIIe s.), scapelaire (1200), scapellaire encore en 1611. Le mot est un emprunt savant au latin médiéval scapularis « relatif à l'épaule » (variante scapularium), dérivé du latin classique scapulae n. f. pl. « épaules », peu représenté dans les langues romanes où il a été remplacé par spatula « épaule (d'animal) » (→ spatule).
❏  Le mot désigne d'abord un vêtement que portent sur leur robe des religieux de certains ordres, ainsi nommé parce qu'il recouvre les épaules à l'aide de deux larges bandes d'étoffe. ◆  Au XVIIe s., il se dit par analogie (1671) d'un objet de dévotion constitué de deux petits morceaux d'étoffe bénits, réunis par deux cordons et portés au cou ; de là médaille scapulaire « tenant lieu de scapulaire » (1935). ◆  Par extension scapulaire désigne ensuite en chirurgie (1752) une large bande de toile passée sur les épaules pour retenir un bandage.
❏  2 SCAPULAIRE adj., dérivé savant (1721) du latin scapulae sur le modèle du nom, qualifie en anatomie ce qui appartient à l'épaule ou à l'omoplate (1721). L'adjectif est employé par extension en zoologie (1791, plume scapulaire). ◆  Il a servi de base aux composés SOUS-SCAPULAIRE n. m. (1690), « muscle qui est sous l'épaule » (1765, adj.), et INTERSCAPULAIRE adj. (1905), de inter-*. ◆  SCAPULALGIE n. f., de -algie, désigne une douleur de l'épaule.
SCAPUL(O)-, élément tiré du latin scapulae, entre dans la composition de quelques mots savants : SCAPULO-HUMÉRAL, ALE, AUX adj. (1839), de huméral, est un terme d'anatomie.
■  SCAPULOMANCIE n. f. (1975), de -mancie*, est un mot didactique qui se dit d'un système de divination par l'interprétation des os brûlés, notamment des omoplates du daim, pratiqué en particulier dans la Chine et le Japon anciens.
SCARABÉE n. m. est un emprunt savant (1526) au latin classique scarabaeus « escarbot (sorte de scarabée) », lui-même altération du grec karabos « crabe », « langouste » et « scarabée », mot qui désigne aussi un bateau en grec byzantin (→ caravelle, gabare). Ce terme méditerranéen, probablement emprunté, a été repris en latin sous la forme carabus, qui signifie à la fois « crabe » et « barque en osier recouverte de peau ». En latin populaire, il existe un doublet °scarafaius et dans les Gloses scarfagius (Xe s.). Le latin scarabaeus a abouti en ancien français à la forme escharbot (→ escarbot).
❏  Le mot désigne un insecte coléoptère dont le nom scientifique est scarabaeus sacer, le scarabée sacré des Égyptiens, symbole de l'immortalité. En zoologie, il s'applique par extension à tout insecte de la famille des scarabéidés (1803, proscarabé). ◆  Au XIXe s., on relève l'emploi spécial (1819) pour « empreinte ovale d'une pierre gravée », disparu, puis (1845) « pierre gravée, bijou portant l'empreinte du scarabée sacré ». Scarabée s'est aussi employé (1870) en parlant d'une courbe rappelant la forme de l'insecte.
❏  Le mot a fourni, avec le suffixe -idés, SCARABÉIDÉS n. m. pl., terme de zoologie (1904) écrit d'abord scarabéides (1804, Latreille), qui a remplacé SCARABÉOÏDE (1832), aujourd'hui adjectif (XXe s.) qualifiant en archéologie un contour rappelant l'image du scarabée.
❏ voir CARABIN.
SCARAMOUCHE n. m., relevé chez Molière en 1665, reprend le nom propre donné à un personnage de la comédie italienne, de l'italien Scaramuccio, signifiant proprement « escarmouche* ». Le mot fut d'abord le surnom attribué à l'acteur napolitain Fiorelli lorsqu'il vint à Paris, à l'époque de Louis XIII, et resta attaché au personnage qu'il interprétait.
❏  Scaramouche se dit d'un bouffon de la comédie italienne, tout habillé de noir. Par référence au caractère du personnage, le mot s'est employé littérairement et momentanément (1845) en parlant d'un homme vantard et poltron.
SCARE n. m. est un emprunt de la Renaissance (1546) au latin scarus, grec skaros, désignant un poisson osseux des mers tropicales, que ses vives couleurs ont fait appeler couramment poisson-perroquet.
SCARIEUX, EUSE adj. est la francisation (1778) du latin médical scariosus, du latin médiéval scaria « bouton, marque cutanée », par exemple de la lèpre, hellénisme pris au grec eskharra (→ escarre), pour qualifier un organe devenu desséché, membraneux.
SCARIFIER v. tr. est emprunté (1500, scarefier) au bas latin médical scarificare « scarifier », adaptation sous l'influence de sacrificare « sacrifier » du latin impérial scarifare, emprunt au grec skariphasthai « inciser légèrement ». Ce verbe dérive de skariphos « stylet », qui se rattache à une racine indoeuropéenne °sker- « gratter », « inciser », comme le latin scribere (→ écrire). L'allemand schröpfen, le portugais sarrafar, l'espagnol sajar viennent aussi du latin scarificare.
❏  Scarifier reprend la valeur médicale du verbe latin, c'est-à-dire « inciser superficiellement (la peau, les muqueuses) pour un écoulement de sang ou de sérosité ». Ventouses scarifiées (v. 1560) se dit de ventouses appliquées sur des parties du corps préalablement scarifiées. ◆  Au XIXe s., le verbe passe dans le vocabulaire de l'agriculture, sous l'influence d'un sens étendu antérieurement de scarification (ci-dessous), et se dit pour « biner la terre au scarificateur » (depuis 1870), puis en arboriculture « procéder à la scarification de l'écorce » (1904 ; 1907, de la vigne). Comme scarification, il s'emploie en anthropologie.
❏  Le verbe a fourni SCARIFICATEUR n. m., d'abord en médecine (v. 1560), puis en agriculture (1842), désignant aussi (1964) un engin de chantier destiné à ameublir superficiellement un sol durci.
■  SCARIFIAGE n. m. est un terme d'agriculture (1859).
SCARIFICATION n. f. est emprunté (1314) au dérivé latin impérial scarificatio « incision de l'écorce » et « léger labour », devenu à basse époque terme de médecine. ◆  Le mot français reprend d'abord l'emploi en médecine et se dit en arboriculture (1660, Oudin). Il désigne spécialement (XXe s.) une petite incision destinée à produire une cicatrice durable et visible, constituant un marquage rituel symbolique dans certains groupes ethniques.
SCARLATINE n. f. est un dérivé savant, d'abord comme adjectif (1741, fièvre scarlatine) puis comme nom féminin (1827), du latin médiéval scarlatum « écarlate », latinisation de l'ancien français escarlate (XIIe s.) [→ écarlate]. On a dit aussi (fièvre) écarlatine (1771), d'après écarlate. Une forme escarlatin, ine adj., signifiant « écarlate », est attestée à partir du XVIe s. (1562).
❏  Le mot désigne une maladie infectieuse, contagieuse et épidémique, caractérisée par une angine rouge et un exanthème cutané écarlate. L'emploi adjectivé, dans fièvre scarlatine, est sorti d'usage ; le masculin est rare (rhumatisme scarlatin).
❏  Du nom dérivent des termes de médecine.
■  SCARLATINIFORME adj. (1852), de -forme*, signifie « qui ressemble à la scarlatine ».
■  SCARLATINEUX, EUSE adj. (1904) correspond à « relatif à la scarlatine ».
■  SCARLATINELLE n. f. (1972) est le nom d'une fièvre éruptive de l'enfant, ressemblant à la scarlatine et non contagieuse.
SCAROLE n. f. succède (XIVe s.), avec sa variante escarole, à scariole (XIIIe s.), emprunté au toscan scariola issu d'un latin populaire °escarolia. Ce mot, qui signifie proprement « mangeable », est dérivé du latin classique escarius « qui sert aux repas », « bon à manger » ; cet adjectif est lui-même dérivé de esca « nourriture » et dans la langue des pêcheurs « appât, amorce » (→ esche), dérivé de edere « manger » (→ comestible, obèse), verbe à flexion irrégulière concurrencé par mandere « mâcher », puis manducare qui a donné manger.
❏  Scarole désigne une sorte de chicorée consommée en salade (dite endive en français de Belgique).
SCAT n. m. est un emprunt (1934), d'abord sous la forme scat chorus (1933), à l'anglais des États-Unis, de scat, onomatopée d'un chant sans paroles, et chorus (→ chorus). Le mot s'applique à un style vocal du jazz, chant sur des syllabes arbitraires, des onomatopées peu nombreuses.
SCATOLOGIE n. f. est un composé de formation savante au XIXe s. (attesté en 1868) de scato-, tiré du grec skatos, génitif de skôr « excréments » (→ scorie), mot d'origine indoeuropéenne, et de -logie*.
❏  Le mot se dit de propos, d'écrits où il est question d'excréments et par extension d'un discours, de plaisanteries axés sur ce thème.
❏  En dérive SCATOLOGIQUE adj. (1863, Goncourt) « qui a rapport à la scatologie » (plaisanterie scatologique), abrégé familièrement en scato, et « qui a rapport aux excréments » (aussi n. m.).
■  SCATOLOGUE n. m. (1886, Bloy), de -logue*, rare, se dit d'un écrivain qui verse dans la scatologie.
À partir de l'élément SCATO- a été composé SCATOPHILE adj. (1839), de -phile*, « qui vit ou pousse sur les excréments », terme de sciences naturelles.
■  SCATOPHAGE adj. est directement emprunté (1552) au grec skatophagos, composé de skatos et de phagein, infinitif aoriste second de esthiein « manger » (→ -phage). ◆  L'adjectif, didactique ou littéraire, signifie « qui se nourrit d'excréments ». En emploi substantivé (1836), le mot désigne la mouche dite couramment mouche à merde et un poisson qui cherche les lieux de déversement des égouts pour se nourrir (1876). ◆  Le mot a servi à former SCATOPHAGIE n. f. (1904).
L + SCEAU n. m. est l'aboutissement (1256, scel ; fin XIIIe s., seau) de formes comme seel (1080) et jusqu'au XIVe s. sael, saiel, seial, seax, seau, etc. ; le c (XVe s.), qui n'est pas étymologique, est destiné à distinguer le mot de seau. La forme sceau l'emporte et élimine toutes les autres à partir du XVe siècle. Toutes les formes sont issues du latin populaire °sigellum, altération du latin classique sigillum, proprement « figurine, statuette », d'où « empreinte d'un cachet » et « signe, marque », diminutif de signum « marque distinctive, empreinte », avec divers emplois spéciaux, parmi lesquels « cachet, sceau » (→ signe).
❏  Le mot est d'abord attesté (1080, seel) au sens d'« empreinte faite par un cachet sur de la cire, du plomb, etc. », puis (XIIe s.) « cachet sur lequel sont gravées en creux l'effigie, les armes, la devise (d'un souverain, d'un État, etc.) dont l'empreinte est apposée sur des actes pour les authentifier » (v. 1180). L'emploi figuré pour « ce qui confirme », surtout usité dans la langue poétique, est attesté depuis la fin du XIIe s. (le seel de foi a frait « il a rompu l'alliance avec Dieu »). ◆  Par extension, le mot s'applique ensuite au droit attaché à l'emploi de l'empreinte d'authentification (fin XIVe s., seel), d'où droits de sceaux (XVe s.) et au XVIIe s. « taxe du droit du sceau » (1690), depuis droit de sceau. Sceau désigne aussi (1530) une marque de fabrique indiquant l'origine.
■  Parallèlement, au milieu du XVIe s., le mot apparaît en composition pour désigner des plantes dont une partie semble marquée d'une empreinte : sceau-de-Salomon n. m. (1549), dont le rhizome garde, à la chute de chaque tige, une cicatrice semblable à un sceau ; sceau de Notre-Dame (1573), d'abord (1538) seau Nostre Dame.
■  L'emploi figuré de sceau pour « signe manifeste de qqch. » (v. 1223) semble se répandre au XVIe s. (1553), et pour « ce qui rend inviolable » dans la locution sous le sceau de confession (1546, Rabelais ; ...de la confession, apr. 1650), puis couramment dans sous le sceau du secret « préservé par l'inviolabilité du secret » (1691).
■  Au XVIIe s., au pluriel, sceaux désigne la fonction de chancelier (1636) et l'on dit dans ce sens garde des sceaux.
■  Enfin, à l'époque classique, le mot sert de substantif verbal à sceller et signifie « action de sceller (une lettre, un acte, etc.) » et « temps, lieu où l'on scelle », d'où officiers du sceau « dont les fonctions ont rapport au sceau » (1690).
❏  Le composé CONTRE-SCEAU n. m., d'abord contresaeel (1256) puis contre-scel (1611 ; encore relevé en 1878, Académie), terme technique, désigne un petit sceau complémentaire, apposé au revers du grand.
SCELLER v. tr., réfection (1229, seler) de seieler (1080), seeler (v. 1131), représente l'aboutissement du latin populaire °sigellare, altération du bas latin sigillare « empreindre, marquer d'un signe, sceller », dérivé du classique sigillum.
■  Le verbe signifie d'abord (1080) « appliquer un sceau sur (un acte) pour l'authentifier » (Cf. cacheter). Au début du XIIe s. (v. 1119) apparaît le sens analogique, « fermer hermétiquement (une ouverture, un contenant) ». ◆  Par extension, sceller se dit (v. 1130) pour « fixer (qqch.) dans un mur, de la pierre, etc. avec du plâtre, du ciment, etc. » ; de là viennent les emplois techniques, par exemple sceller une glace (1765) et sceller des pavés (1870). De la première valeur procède l'usage spécial de sceller pour « apposer les scellés sur (un objet) » (1328). ◆  Sceller (une promesse, une décision, etc.) « la confirmer par un acte muni de sceaux » (v. 1360, seeler) est sorti d'usage, mais se perpétue dans l'emploi figuré au sens de « confirmer », d'abord dans les constructions (v. 1360) seeler que « certifier que », sceller qqn de qqch. « lui promettre que », etc., disparues.
Le verbe a plusieurs dérivés.
■  SCELLEUR n. m. (v. 1260 seeleres (sujet) ; seelleur, XIVe s.), sorti d'usage pour désigner une personne qui appose un sceau, est un terme technique, de même que SCELLAGE n. m. (1425, seellage ; 1765, forme moderne), « action de sceller (qqch.) avec un mortier ».
■  SCELLÉ n. m., d'abord synonyme de sceau « cachet » ou « empreinte » (1439), désigne en droit (1671, apposer le scellé ; puis 1804, les scellés) le cachet de cire apposé par l'autorité de justice sur la fermeture d'un meuble ou la porte d'un local.
■  SCELLEMENT n. m. (1469, sellement ; 1721, forme moderne) s'emploie en maçonnerie (1671) se dit par extension pour « fermeture hermétique » (1797) et par métonymie (1835) de la partie d'un objet scellé engagée dans la matière qui scelle.
Parmi les composés de sceller, deux sont encore en usage.
■  DESCELLER v. tr. (1473), réfection de dessaieler (v. 1180), de 1 dé-, signifie « défaire ce qui est fermé d'un sceau, d'un cachet » puis (1660) a une valeur technique ; en dérive DESCELLEMENT n. m. (1768).
■  CONTRE-SCELLER v. tr. (1307, contresceller), de contre* d'après contre-sceau (ci-dessus), « marquer d'un contre-sceau », est vieilli.
❏ voir SIGILLAIRE.
SCÉLÉRAT, ATE adj. et n. est un emprunt savant (1536) au latin sceleratus, participe passé adjectivé d'emploi très fréquent du verbe scelerare. Ce verbe, d'usage seulement poétique, signifiait « souiller d'un crime » et sceleratus « souillé par un crime commis », d'où « criminel, impie, infâme » et « désastreux, funeste, fatal ». Le verbe est dérivé de scelus, -eris, terme général d'origine probablement religieuse, qui a les sens de « mauvaise action, faute, crime » et, dans la langue familière, de « vaurien, criminel », aussi employé comme terme d'injure. Le mot n'a pas d'origine connue. La forme scélérat, sans doute empruntée sous l'influence de l'italien scellerato (de même origine), est surtout employée substantivement jusqu'au XVIIe siècle. Elle s'est substituée à l'adjectif scéléré, emprunt plus francisé (déb. XVe s.) qui sort de l'usage au début du XVIIe s. et qu'on relève plus tard (Huysmans, 1901) par archaïsme littéraire.
❏  D'abord adjectif (1536), le mot s'emploie au sens de « noir, atroce, infâme », en parlant d'une chose ; c'est cette valeur littéraire que l'on a dans Lois scélérates, nom donné par l'extrême gauche aux lois d'exception votées en vue de la répression des menées anarchistes (1894-1895). ◆  Scélérat, substantivé, désigne (1589) un criminel. Ce sens a vieilli ; l'adjectif correspondant (1600) fut à la mode dans la phraséologie de la Révolution et il est sorti d'usage. ◆  Par exagération et dans un emploi ironique (1684), comme fripon, bandit, le nom s'emploie pour parler d'une personne ou d'un enfant auxquels on reproche une peccadille (petit scélérat !).
❏  L'ensemble des valeurs du mot a aujourd'hui vieilli, de même que les dérivés.
■  SCÉLÉRATESSE n. f., « manière d'être, d'agir d'un scélérat » (1560) et « action scélérate » (XVIIe s.), est très littéraire.
■  SCÉLÉRATEMENT adv. (1836) est encore plus rare.
SCÉNARIO n. m. est emprunté (1764, Beaumarchais) à l'italien scenario, proprement « décor », puis « description de la mise en scène », dérivé de scena « scène », du latin classique scaena, scena (→ scène).
❏  Le mot désigne d'abord le canevas, le schéma d'une pièce ; il s'est employé au XIXe s. au sens de « mise en scène » (1875) et reste jusqu'au XXe s. un terme technique de théâtre. ◆  L'emploi figuré pour « déroulement selon un plan préétabli » (av. 1850) ne s'est répandu qu'au XXe s., sous l'influence du sens devenu courant de scénario (1907, Méliès) qui désigne en cinéma la description rédigée de l'action d'un film.
❏  De cet emploi dérive SCÉNARISTE n. (1915), « auteur de scénarios de films », puis de récits en images (bandes dessinées), de sujets de télévision, de radio. ◆  SCÉNARISER v. tr. (v. 1980) « donner la forme d'un scénario à (une émission, un reportage, etc.) » s'emploie parfois au figuré pour « donner des apparences théâtrales à (un acte) ». Cf. mettre en scène.
SCÈNE n. f., relevé isolément au pluriel au XVe s. (Raoul de Presles) puis au singulier au XVIe s., (av. 1574), est un emprunt au latin classique scaena, scena « scène (d'un théâtre) », « théâtre » et par figure « scène publique, scène du monde », puis « comédie, intrigue » et à basse époque « partie d'un acte ». Le mot latin est lui-même emprunté au grec skênê « endroit abrité », « tente », « tréteau » et terme technique de théâtre pour « scène ». Skênê est peut-être apparenté à skia « ombre », d'origine indoeuropéenne.
❏  Le mot a d'abord désigné les représentations théâtrales de l'Antiquité. Il est réemprunté au milieu du XVIe s. mais ne se répand qu'à l'époque classique avec le développement de l'art dramatique, et entre alors dans diverses locutions et expressions. Scène s'emploie aussi (une fois au XVIe s. av. 1564 ; repris en 1637) au sens de « partie d'un acte d'un ouvrage dramatique » et, à la fin du XVIe s. (1596), désigne la partie du théâtre où se déroule le jeu des acteurs ; avec cette acception, il entre dans la locution mettre (qqn, qqch.) sur la scène (1660), aujourd'hui mettre en scène (1765) « représenter par l'art dramatique » et, par extension (1678), « donner à (qqn, qqch.) une place dans un ouvrage littéraire, etc. ». Cette expression changera de valeur à l'époque romantique (voir ci-dessous). ◆  Figurément, scène se dit (1668) d'un lieu où se passe qqch., et, dans le domaine théâtral (1669, Boileau), de l'action qui fait le sujet de la pièce ; il désigne par ailleurs (1671) l'ensemble des décors du théâtre. Par métaphore, le mot fournit plusieurs expressions, aujourd'hui littéraires, la scène française (1675) « la littérature dramatique de la France », la scène tragique (1677) « la Tragédie, comme genre », la scène « l'art dramatique en général » (1762), la scène comique (1842), la scène lyrique (1845). ◆  La valeur de « partie d'un acte » (Cf. acte), qui existait déjà en latin tardif, est devenue usuelle au XVIIe siècle : la scène change chaque fois qu'un personnage apparaît ou disparaît. ◆  Par analogie, le mot désigne d'abord familièrement (1676) un événement qui offre une unité, présente une action vive, un aspect émouvant, etc. (Cf. spectacle). ◆  Scène se dit au figuré d'une explosion de colère, d'une dispute bruyante (1675) ; cette acception a fourni plus tard les locutions toujours très vivantes : faire une scène (à qqn) « le prendre violemment à partie » (1782) et scène de ménage (1875). ◆  C'est également par analogie qu'il se dit (1690) d'une composition représentée en peinture comprenant des personnages et suggérant une action (par ex. dans scène de genre) ; par métaphore, scène désigne un paysage auquel on prête la vie ; cette acception, apparue en 1722 dans une traduction de l'anglais scene (du latin scena), est répandue par les préromantiques. ◆  Par ailleurs, scène avec le sens de « partie de théâtre » s'emploie dans des locutions, souvent avec une valeur figurée : monter sur la scène (1690) « accéder à un poste qui attire l'attention publique », paraître sur la scène (1694), occuper la scène (1835) ou être toujours en scène « avoir un comportement théâtral », la scène du monde « la société humaine dans son aspect de spectacle » (1829). ◆  Mettre un ouvrage en scène, qui existait pour « représenter au théâtre », prend (1835) une valeur plus technique, « transformer (un texte dramatique) en spectacle », à laquelle correspond l'expression mise en scène (1835). Ces expressions prennent des valeurs figurées, notamment se mettre en scène (av. 1850) « se mettre en évidence » et mise en scène « présentation fictive » (1875).
■  Au XXe s., metteur en scène et mise en scène sont repris dans le vocabulaire du cinéma, concurrencés par réalisateur et réalisation. Metteur en scène n'a pas de féminin usuel. ◆  Par ailleurs, le mot entre dans le vocabulaire de la psychanalyse, dans scène primitive ou plus récemment scène originaire, pour traduire l'allemand Urszene employé par Freud (1897, dans un manuscrit ; repris, en 1918, dans L'Homme aux loups) : ce syntagme désigne une scène de rapport sexuel entre les parents, observée ou supposée, puis fantasmée par l'enfant.
❏  Scène entre dans la formation de quelques composés.
■  AVANT-SCÈNE n. f. (1570), de avant*, est d'abord employé pour désigner le proscenium (ci-dessous), partie avancée des théâtres antiques, puis, à la fin du XVIIIe s., la partie d'un théâtre moderne située entre la rampe et le rideau (1790), opposé à ARRIÈRE-SCÈNE n. f. (1769), de arrière*. De l'emploi moderne vient loge d'avant-scène « placée sur le côté de l'avant-scène » (1835) puis une avant-scène (1863). Par analogie avec balcon, avant-scène se dit familièrement (1861) pour désigner les seins d'une femme.
■  SCÉNOLOGIE n. f., terme didactique, est composé (mil. XXe s.) de scèn(e) et de -logie* et se dit de l'étude et de la pratique de la mise en scène au théâtre.
SCÉNIQUE adj. est emprunté (v. 1375) au latin scenicus (scaenicus) adj. « de la scène, du théâtre », spécialement employé dans senici « jeux scéniques » et substantivé au sens d'« acteur, actrice » ; le mot latin est emprunté au dérivé grec skênikos.
■  Scénique est introduit comme terme d'histoire dans jeux scéniques « représentations dramatiques dans l'Antiquité ». Le sens général de « relatif à la scène, au théâtre » apparaît au XVIe s. (v. 1579) d'après les emplois de scène, mais reste rare jusqu'au XVIIIe siècle. L'adjectif s'emploie ensuite dans art scénique (1840) et se dit (1868) de ce qui convient particulièrement à la scène, au théâtre (situation scénique).
■  SCÉNIQUEMENT adv. « du point de vue théâtral » est relevé en 1877.
SCÉNOGRAPHIE n. f. est emprunté (1545) au latin scenographia (scaenographia) « coupe en perspective », terme d'architecture, lui-même du grec skênographia « description dramatique », « décor de peinture pour le théâtre », composé de skênê et de -graphia, de graphein (→ graphe).
■  Ce mot didactique s'emploie d'abord comme terme d'architecture, désignant l'art de représenter en perspective des édifices, des sites, etc. (écrit aussi schenographie, v. 1600, chez O. de Serres) et (1676) la représentation en relief d'un édifice, d'un modèle. Il reprend au XVIIIe s. le sens propre du grec, « art de peindre les décorations scéniques » (1752, Trévoux). Au XXe s., scénographie entre dans le vocabulaire du théâtre pour parler de l'étude des aménagements matériels de la scène (1943), de la partie matérielle de la mise en scène et de sa théorie.
■  Le mot a servi à former SCÉNOGRAPHIQUE adj. (1762), d'après le dérivé grec skênographikos « qui concerne un décor de peinture », et SCÉNOGRAPHE n. (1829), ces deux mots ayant pris au XXe s. les valeurs nouvelles de scénographie.
PROSCENIUM n. m., emprunt savant (1719) au latin proscenium « le devant de la scène », repris au grec proskênion de même sens, s'emploie comme terme d'histoire et se dit par extension pour « avant-scène » ; on a dit proscenio (1627) par emprunt au mot italien correspondant.
SCÉNOPÉGIES n. f. pl. est l'adaptation (1731) du mot grec de la traduction de la Bible dite des septante, skênopêgia, de skênê « tente » (voir ci-dessus scène), traduit en latin par tabernaculum, et pegnumî « je fixe ». C'est le nom grec de la fête juive des Tabernacles.
❏ voir SCÉNARIO, SCENIC RAILWAY.
SCENIC RAILWAY n. m. reprend (1904) une locution anglaise (1901 ; aussi scenic railroad) « petit train d'agrément », composée de scenic « panoramique », dérivé de scene au sens de « paysage » (emprunt au latin scena ; → scène), et de railway « chemin de fer » (→ rail).
❏  Cet anglicisme est un équivalent vieilli de montagne russe, que l'on nomme en Angleterre switchback (1887) ou switchback railway (1888) et aux États-Unis roller coaster (1903). Le scenic railway anglais est appelé petit train en français.
SCEPTIQUE n. et adj. est un emprunt savant (1546) au grec skeptikos « qui observe, réfléchit » et comme nom, « philosophe sceptique ». Le mot est dérivé de skeptesthai « observer, considérer », les philosophes sceptiques faisant profession d'observer sans rien affirmer. Le verbe se rattache à une racine indoeuropéenne °skep-, skop- « regarder » (→ -scope, -scopie).
❏  D'abord terme de philosophie, sceptique désigne (1546, comme nom) un partisan de la doctrine de Pyrrhon et, comme adjectif, qualifie (1611) ce qui se rapporte à cette philosophie du doute. ◆  À la fin du XVIIe s. et sous l'influence du cartésianisme apparaît le sens étendu de « qui doute de tout ce qui n'est pas évident » (1694, comme adjectif), répandu au milieu du XVIIIe (aussi comme nom) et devenu courant à la fin du XIXe s. (1883, Renan) en parlant d'une personne incrédule ou méfiante quant à un problème, un résultat.
❏  Le dérivé SCEPTICISME n. m. suit un développement sémantique parallèle ; d'abord terme de philosophie (1669), il désigne la doctrine des philosophes antiques dont le principe est de réserver leur jugement et spécialement (1715) la doctrine des pyrrhoniens. Le mot s'emploie par extension depuis le XVIIIe s., en parlant du refus d'admettre une chose sans examen critique (1746, Diderot) puis au sens courant de « tournure d'esprit incrédule, défiance à l'égard des valeurs reçues » (1779).
■  SCEPTIQUEMENT adv. (av. 1633 La Mothe Le Vayer), « d'une manière sceptique », est rare.
❏ voir EURO- (EUROSCEPTIQUE, -SCEPTICISME).
SCEPTRE n. m., graphie savante d'après le latin (Chanson de Roland, 1080), a remplacé les formes ceptre (v. 1120), esceptre (1165-1170), cepdre (v. 1180), cepre (v. 1200), septre (v. 1220 ; encore relevé en 1759). Le mot est emprunté au latin classique sceptrum ou scaeptrum « sceptre » au propre et au figuré, et avec des valeurs métaphoriques « trône », « royaume, royauté », « suprématie ». Le latin reprend le grec skêptron, proprement « bâton (pour s'appuyer) » et « emblème du pouvoir royal », dérivé de skêptesthai, mot d'origine indoeuropéenne, à rapprocher de koptein « frapper ».
❏  Sceptre s'emploie d'abord (1080) au sens propre de « bâton de commandement », un des insignes de la royauté. On relève depuis le moyen français (v. 1500, ceptre ; 1553, sceptre) la valeur métaphorique de « pouvoir souverain, royauté » dont procèdent les locutions depuis le sceptre jusqu'à la houlette « depuis les fonctions des rois jusqu'à celles des bergers » (1690), le sceptre et la houlette (apr. 1650), sceptre de fer « autorité dure et despotique » (1691, Racine), le sceptre et l'encensoir « l'autorité monarchique et sacerdotale » (v. 1760), toutes devenues archaïques. Au XVIIe s., le mot s'est dit pour « signe de supériorité, prééminence dans un domaine quelconque » (av. 1662, Pascal). Seul le sens concret est d'usage normal en français contemporain.
❏ voir ÉCHEVEAU, ESCABEAU.