SCHAH, CHAH ou SHAH n. m. a eu diverses graphies, siach (1542), sach (1559), chaa (1615), schach (1626), schah (1653). Il s'agit d'un mot emprunté au persan šāh « roi », titre porté par les rois de Perse (Cf. satrape) ; le titre de šāhān šāh signifie « roi des rois » en persan. Le mot persan avait été emprunté au XIIe s. sous la forme échec*.
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Schah désigne le souverain de la Perse, puis de l'Iran moderne avant l'instauration de la république islamique, en 1979.
SCHAPPE n. m. ou f., d'abord francisé en chape (1849), puis écrit conformément à son origine, le mot suisse alémanique schappe, désignant à l'origine la garniture d'un fleuret, est un terme technique désignant les fils provenant de déchets de soie, aussi appelés bourre de soie.
SCHÉMA n. m., relevé une première fois chez B. Aneau sous la forme scheme (1550), se retrouve au XVIIIe s. écrit schème (1765), puis par latinisation sous la forme schéma (1829) ; schème (ci-dessous) est repris de l'allemand. Le mot est emprunté au latin classique schema « attitude, manière d'être » ; « figure (géométrique) » et « figure de rhétorique », lui-même emprunté au grec skhêma de mêmes sens, dérivé de ekhein, aoriste skhein « être dans un certain état » et aussi « avoir », qui se rattache à une racine indoeuropéenne °segh-.
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Le mot est d'abord employé en rhétorique (1550, scheme ; 1829, schème et schéma) avec la même valeur que le latin et l'ancien provençal scema (v. 1350). Ce sens est sorti d'usage avant la fin du XIXe siècle.
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Schème reprend ensuite la seconde valeur du latin, « figure géométrique », encore relevée en 1845. Il s'est dit parallèlement de la représentation des planètes, chacune en son lieu, à un moment donné (1765).
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À partir du XIXe s., la forme schéma l'emporte et les sens s'étendent : le mot désigne (1858) une figure donnant une représentation simplifiée et fonctionnelle d'un objet, d'un mouvement, d'un processus, etc. En termes de droit canon, lié au sens rhétorique archaïque, il signifie « proposition rédigée en forme pour être soumise au concile » (1870).
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À la fin du XIXe s., schéma se dit surtout d'un tracé qui figure, par les proportions et les relations de certaines lignes, les lois de variations de certains phénomènes, en physique, en mécanique (av. 1893), puis en statistique, etc.
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À la fin du XIXe s. apparaît le sens de « description ou représentation mentale ; structure du déroulement (d'un processus) » (Cf. canevas, esquisse) dont procèdent les emplois en psychologie et en psychiatrie, par exemple dans schéma corporel « image mentale subjective que la conscience (d'un individu) forme de son propre corps ». L'idée de « tracé figurant (qqch.) de façon simplifiée » a fourni (1935) le sens de « plan d'un ouvrage de l'esprit, d'une entreprise, etc., réduit à ses traits essentiels ». Le mot passe dans le vocabulaire de la linguistique pour désigner (v. 1970) un système abstrait de la langue, opposé à la norme* et à l'usage*.
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1 SCHÉMATIQUE adj., relevé vers 1378 comme terme de rhétorique au sens de « simplifié » par opposition à
dramatique et à
exégématique, réapparaît au
XVIIe s. dans
les schématiques (v. 1648) pour désigner, en termes d'histoire religieuse, les hérétiques qui enseignent que le corps du Christ n'était qu'une apparence ; cette acception peut venir d'un croisement avec le latin des Gloses
schismaticus « schismatique » (
VIIIe s.) et semble employée aux
XVIIe et
XVIIIe s. (1771, Trévoux).
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Les sens modernes de
schématique, attestés au
XIXe s., se développent d'après ceux de
schéma, l'adjectif qualifiant (1838) ce qui constitue un schéma, appartient au schéma
(figure schématique) et ce qui est réduit aux caractères essentiels (1911) ; il prend en outre (déb.
XXe s.) le sens étendu de « trop simplifié, qui manque de détails, de nuances », d'emploi plus usuel que le substantif
schéma.
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De l'adjectif dérive SCHÉMATIQUEMENT adv. (1871), lui aussi courant.
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1 SCHÉMATISER v. tr., dérivé savant de
schéma sur le modèle du bas latin
schematizare, du grec
skhêmatizein « donner une figure, une forme » (dérivé de
skhêma), signifie d'abord, en philosophie « considérer comme un schème » (1800), puis (déb.
XXe s.) « mettre en schéma » et couramment « réduire à l'essentiel », « simplifier excessivement ».
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En dérive
SCHÉMATISATION n. f., « action de réduire à l'essentiel » (1898), plus didactique que le verbe.
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1 SCHÉMATISME n. m. est emprunté (1635) au bas latin schematismus « expression figurée », lui-même au grec skhêmatismos « action de façonner, de composer » et « style figuré » (dérivé de skhêmatizein).
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Le mot a d'abord désigné une planche de figures mathématiques (1635), sens noté « vieux » en 1765 (Encyclopédie). Puis, il s'est dit en rhétorique (1812) d'une manière figurée de s'exprimer et en grammaire (1842) pour « différence de deux mots, quand elle consiste uniquement dans la position de l'accent », sens lui aussi disparu.
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La valeur moderne de « caractère schématique (de qqch.) », spécialement en parlant de ce qui est trop simplifié, est attestée en 1893.
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SCHÈME n. m. représente un emploi spécialisé, au début du
XIXe s., de
schéma dans le vocabulaire de la philosophie ; c'est la forme francisée de
schema, fréquemment employé en latin et en allemand par Leibniz et Kant. Le mot signifie chez Kant (1800) « représentation qui est l'intermédiaire entre les phénomènes perçus par les sens et les catégories de l'entendement » (
schème transcendental ; Cf. concept) et dans la philosophie de Leibniz (1842) « principe qui est essentiel à chaque monade et qui constitue le caractère propre de chacune d'elles ».
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Schème désigne par ailleurs (1813) la structure ou le mouvement d'ensemble (d'un objet, d'un processus), valeur reprise en psychologie (1893) puis dans le domaine de l'art (
XXe s.).
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L'emploi en philosophie a fourni 2 SCHÉMATISER v. tr. (1800), « considérer les objets sous la forme d'une abstraction », 2 SCHÉMATISME n. m. (1800), emprunt à l'allemand Schematismus, terme kantien, et 2 SCHÉMATIQUE adj. (1842), « qui est relatif à un schème », sorti d'usage, l'adjectif homonyme (voir ci-dessus) étant plus courant.
❏ voir
CACHEXIE, ENTÉLÉCHIE, ÉPOQUE, ÉTIQUE, EUNUQUE.
SCHÉOL n. m., écrit seol au XVIe s. (1587), puis schéol (1701), est un emprunt transcrivant l'hébreu biblique sheol, qui désigne le séjour des morts, l'enfer.
SCHERZO n. m. et adv. est un emprunt musical (1821) à l'italien scherzo « plaisanterie » puis « mouvement vif, plaisant, en musique », déverbal de scherzare « plaisanter », qui représente le longobard skerzon, de même sens.
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Le mot est introduit comme terme de musique, désignant un morceau d'un caractère vif et gai, au mouvement rapide, employé aussi comme adverbe (jouer scherzo).
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SCHERZANDO adv., mot italien signifiant proprement « en badinant, en plaisantant », gérondif de scherzare, est emprunté (1834) comme terme de musique pour indiquer un mouvement vif, gai et léger.
SCHIBBOLETH n. m. est un emprunt ancien (1564 ; seboleth, v. 1195) à un mot hébreu signifiant « épi » ; dans un passage de l'Ancien Testament (Juges, XII, 6), il est raconté que les gens de Galaad démasquaient ceux d'Éphraïm, leurs adversaires en fuite, en leur demandant de répéter ce mot qu'ils déformaient en sibbolet. Ce détail de prononciation servait de signe dénonciateur.
❏
Par allusion à ce passage biblique, le mot, peu usité et littéraire, se dit d'une épreuve décisive qui fait juger de la capacité d'une personne.
SCHIEDAM n. m. abrège (1860) l'expression genièvre de Schiedam (1842), du nom d'une ville des Pays-Bas (Hollande méridionale). C'est le nom d'une eau-de-vie de grain, un genièvre, en usage en français de Belgique et du nord de la France.
SCHILLING n. m. est le nom (1350 en français), emprunté à l'allemand, de l'ancienne unité monétaire autrichienne. Son origine est la même que celle de l'anglais shilling.
SCHIPPERKE n. m. est un emprunt (1910) à un mot flamand, diminutif de schipper « batelier » (Cf. l'angl. skipper) désignant un chien à poil noir, de petite taille, qui était souvent celui des bateliers, d'où son nom de « petit batelier ».
SCHISME n. m. est la forme savante, par conformation au latin et au grec (1549), de chisme (1534), variante de cisme (1365-1370), puis scisme (v. 1381 ; encore au XVIIe s.). Il s'agit d'un emprunt savant (et, pour les formes anciennes, d'un semi-emprunt), par l'intermédiaire du bas latin ecclésiastique schisma, -atos, au grec skhisma « fente », « séparation », dérivé de skhizein « fendre » (→ schiste, schizo-), qui se rattache à une racine indoeuropéenne °skeid-, avec une variante expressive °skheid- qui se réalise dans le latin scindere (→ scinder).
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Au XIIe s., le mot apparaît avec le sens de « séparation, anarchie, désaccord », qui a disparu, et avec la valeur moderne (1172-1174, cisme) désignant alors la formation, dans une religion établie, d'une Église qui se sépare de l'Église reconnue, sans qu'il y ait dissidence complète sur les points essentiels du dogme et du culte. À partir du XIVe s. apparaissent des emplois spéciaux liés à l'histoire religieuse ; le mot désigne (v. 1381, scisme) la période d'anarchie, dans l'Église catholique, pendant laquelle de 1378 à 1429 il y eut plusieurs papes, chacun se prétendant légitime ; cette période est nommée par la suite grand schisme d'Occident (1694) ; on trouve ensuite schisme des Grecs (1690) « séparation de l'Église grecque et de l'Église romaine provoquée par Photius en 862 », schisme d'Orient (1694) puis schisme passif (1701), nom donné par les protestants à leur séparation, ainsi que schisme actif (1765) « acte par lequel on se sépare volontairement de la communion d'une Église », tous deux sortis d'usage.
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Au XVIIIe s. (av. 1750, Saint-Simon), schisme se dit par extension, en parlant de la société civile, d'une division qui survient à l'intérieur d'un groupe organisé, d'une école, d'un parti, etc.
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SCHISMATIQUE adj. et n., employé en ancien et en moyen français sous différentes graphies (v. 1196, cimatique ; XIIIe s., scismatique ; 1294, cismatique, etc.), a été refait au XVe s. ou au XVIe s. (1549) d'après le latin schismaticus auquel il est emprunté. Le mot latin est pris au grec skhismatikos « relatif à la séparation, schismatique » (dérivé de skhisma).
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Le mot se dit de ce qui se sépare de la communion d'une religion, de ce qui forme schisme (v. 1196). Dans ce sens, il est substantivé (1549). Il s'est employé spécialement pour « protestant » (v. 1550, scismatique ; 1562, forme moderne).
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Schismatique signifie par extension (XXe s.) « dissident, séparatiste ».
❏ voir
ESQUILLE.
SCHISTE n. m., qui apparaît une première fois sous les formes scisth, sciste (1555) et dans pierre schiste, pierre sciste, est repris en 1742, écrit schiste d'après le latin. Le mot est un emprunt savant au latin impérial schistos, proprement « séparé, divisé », spécialement dans schistos lapis « (pierre) schiste » ; le latin reprend lui-même le grec skhistos « fendu », « qu'on peut fendre », adjectif verbal de skhizein « fendre » (→ schisme).
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Le mot désigne une roche sédimentaire ou métamorphique qui présente une structure feuilletée et peut être débitée aisément en lames. On relève huile de schiste « extraite du schiste », en 1875.
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En emploi technique (mil. XXe s.), schiste est la dénomination générique de toute substance stérile mêlée au charbon.
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Schiste a fourni des termes techniques et didactiques.
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SCHISTEUX, EUSE adj. (1765 ; 1758, altéré en shiteux) signifie « de la nature du schiste ».
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Il a pour dérivé SCHISTOSITÉ n. f. (1868).
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SCHISTOÏDE adj. (1842), d'abord schistoïdé (1836), signifie « qui a l'apparence du schiste » ; SCHISTIFIER v. tr. (XXe s.) et SCHISTIFICATION n. f. (1923), d'après pétrification, termes techniques, concernent la transformation en schiste.
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SCHISTOSE n. f. (mil. XXe s.), de -ose, est un terme de médecine.
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SCHISTOSOME n. m. (1933), emploi substantivé d'un adjectif de sciences naturelles (1870) signifiant « dont l'abdomen est fendu », composé du grec
skhistos et de
-some, du grec
sôma « corps », est un terme didactique de médecine désignant un ver parasite du système veineux, aussi nommé
bilharzie.
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En dérive le terme de médecine
SCHISTOSOMIASE n. f. (1933), moins courant que
bilharziose n. f. (1906).
SCHIZO-, élément tiré du grec skhizein « fendre », « séparer, partager, diviser » (→ schisme ; schiste), entre dans la composition de mots savants.
❏
En psychologie.
SCHIZOGRAPHIE n. f. (mil.
XXe s.), de
-graphie*, signifie « trouble de l'usage du langage écrit, caractérisé par la juxtaposition d'éléments normalement séparés ».
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SCHIZOPHASIE n. f. (mil. XXe s.), de -phasie*, est emprunté à un mot créé en allemand par Kraepelin et signifie « dissociation du langage, symptôme de la démence précoce et de la paraphrénie ».
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En zoologie et en biologie. SCHIZOGONIE n. f. (1897), de -gonie*, désigne le cycle de reproduction asexuée des sporozoaires et de certains protozoaires par division multiple de la cellule.
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SCHIZOGAMIE n. f. (1903), de -gamie*, désigne la reproduction asexuée par division de l'organisme.
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SCHIZOGENÈSE n. f. (1903), de -genèse, vient par emprunt du latin scientifique schizogenesis (1866) et correspond à « variété de schizogamie de certaines annélides et turbellariés ».
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Le mot est repris plus tard dans le vocabulaire de la psychiatrie (1972) pour « genèse schizophrénique ».
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SCHIZONTE n. m. (1907), de -onte*, désigne un stade dans la reproduction asexuée des protozoaires parasites.
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En psychiatrie et en psychanalyse :
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SCHIZOPHRÉNIE n. f., relevé en 1917, est un emprunt à l'allemand Schizophrenie, mot créé par le psychiatre zurichois E. Bleuler en 1908 à partir du grec skhizein et phrên, phrenos « esprit » (→ frénésie, phréno-), sur le modèle de schizopodes n. m. pl. (1819), terme de zoologie sorti d'usage, emprunté au grec skhizopous.
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Bleuler choisit ce terme pour désigner un groupe de psychoses dont le symptôme fondamental est la « dissociation » (Spaltung en allemand) des fonctions psychiques. Le terme de « démence précoce », employé jusqu'alors dans un sens étendu par Kraepelin, ne convenait plus pour nommer les affections considérées. Schizophrénie se dit d'abord d'une psychose caractérisée par une désagrégation psychique, la perte du contact avec la réalité et divers troubles (endocriniens, sympathiques, métaboliques). Noté « peu usité dans la langue psychiatrique courante » en 1917, le mot s'impose cependant, parfois appliqué très largement à toutes les formes de psychose, et dans celui de la psychanalyse souvent complémentairement à paranoïa.
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Schizophrénie a servi à former des termes didactiques comme SCHIZOPHRÉNIQUE adj. (1913) « relatif à la schizophrénie », aussi substantivement (1921), puis remplacé par SCHIZOPHRÈNE n. et adj., créé (1913) comme adjectif et comme nom, abrégé familièrement en SCHIZO n. m. et adj. (v. 1960) et alors sans valeur précise, pour « individu bizarre, en retrait ».
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Plusieurs termes didactiques ont été créés sur la base
schizo[phrénie].
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SCHIZOÏDE adj. et n. est emprunté (1922, E. Minkowski) à l'allemand Schizoid (1921), formé par Kretschmer, et SCHIZOÏDIE n. f. (1922, E. Minkowski) à l'allemand Schizoidie (1921, Bleuler), à propos d'une constitution mentale introvertie, considérée comme propice au développement de la schizophrénie. De là SCHIZOÏDIQUE adj. (1923).
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SCHIZOMANIE n. f. (1924, H. Claude), de schizo(phrénie) et -manie*, pour « schizophrénie peu évolutive », a vieilli.
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SCHIZOTHYMIE n. f., formé (1922) de schizo- et de -thymie « affectivité », désigne une tendance caractérielle à l'introversion et à l'autisme.
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SCHIZONÉVROSE n. f. (v. 1965), de névrose*, désigne une forme de psychose intermédiaire entre la schizophrénie et la névrose.
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SCHIZO-ANALYSE n. f. (1972, Deleuze et Guattari), de [psych]analyse*, désigne un processus psychique à visée thérapeutique.
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SCHIZOPARAPHASIE n. f., de paraphasie, désigne en psychiatrie un trouble du langage où la forme signifiante du mot est dissociée de son sens désignatif normal (attesté 1966).
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SCHIZE n. f., dérivé régressif (1949) du grec
skhizein, est un terme didactique signifiant « coupure, disjonction », appliqué aux domaines psychique
(la schize du sujet) et sémiotique, où il se dit de la séparation d'éléments fonctionnellement liés.
◈
SCHIZOSE n. f. (1926) s'applique à un ensemble de symptômes autistiques présents dans certaines schizophrénies et dans la schizoïdie.
❏ voir
ESQUILLE.
SCHLAGUE n. f., attesté en 1815, est emprunté à l'allemand Schlag « coup », pris au sens particulier de « punition corporelle pratiquée dans l'armée allemande » ; cet emploi est probablement passé en français dans la seconde moitié du XVIIIe s. par l'intermédiaire des soldats suisses, qui étaient en majorité dans les régiments français, plutôt qu'au début du XIXe s. par les Alliés (en 1814), si l'on en juge par le dérivé SCHLAGUEUR n. m. (v. 1795 ; v. 1780, chelagueur) « celui qui donne la schlague (dans l'armée) ». L'allemand Schlag remonte au gotique slahs (n.), du verbe slahan, qui a fourni en anglais to slay « tuer », d'une base germanique °slak- « frapper ».
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Le mot désigne un châtiment disciplinaire autrefois en usage dans les armées allemandes, qui consistait en coups de baguette appliqués sur le dos de soldats punis. Il se dit par figure (1876) d'une manière brutale de se faire obéir.
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Le dérivé SCHLAGUER v. tr. « donner la schlague », attesté en 1842 et probablement antérieur (Cf. ci-dessus schlagueur), est sorti d'usage.
SCHLAMM n. m. est un emprunt (1804) à l'allemand Schlamm « boue, limon », pour désigner un résidu fin provenant du concassage d'un minerai, et de diverses opérations d'affinage.
1 SCHLASS, ASSE adj. (1916), écrit slasse en 1883 (slaze « homme ivre », 1873), est un emprunt déformé à l'allemand schlaff « fatigué, mou », de l'ancien haut allemand slaf, gotique slepan, d'une base germanique °slapa- (Cf. le finnois laappa « fatigué ») qui a abouti en anglais à to sleep « dormir » et a pour correspondant le vieux slave slabŭ ; le rapprochement avec le latin labī « glisser » (→ lapsus) est hypothétique.
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Le mot, d'usage très familier, s'emploie pour qualifier qqn en état d'ivresse (Cf. 1873, slaze n. m. « homme ivre »).
2 SCHLASS n. m. est emprunté (1932) à l'anglais slasher « arme blanche », de to slash « entailler », « trancher », « balafrer » (XVIe s.) ; ce mot est lui-même emprunté à l'ancien français esclachier « briser en morceaux », variante de éclater*, issu du francique °klackjan (moyen haut allemand klecken).
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Schlass « couteau » est argotique.
SCHLINGUER v., d'abord schelinguer (1846) et schlinguer en 1862 (Hugo), est d'origine discutée. D'après Bloch et Wartburg, il s'agirait d'un emprunt à l'allemand schlingen « avaler » ; selon Esnault, l'emprunt serait à l'allemand schlagen « taper, fouetter » (→ schlague) : la puanteur « frappe » violemment l'odorat (Cf. cogner, fouetter « sentir mauvais »).
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D'abord employé (1846) au sens spécial de « puer de la bouche », ce verbe très familier se dit en général pour « sentir mauvais » et, comme transitif, « répandre une très mauvaise odeur ».
SCHLITTE n. f., attesté en 1860 mais certainement plus ancien, est un mot vosgien emprunté à l'allemand Schlitten « traîneau », apporté par les bûcherons alsaciens. Le mot allemand a été emprunté par l'italien slitta. Schlitten, en ancien haut allemand slito, slido n. m., slita n. f., vient du francique °slido (Cf. anglais to slide « glisser »), d'une racine indoeuropéenne °(s)leidh-, (s)lidh-, représentée par l'ancien slave slědŭ « trace », le grec olisthanein « glisser ».
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Ce terme régional désigne un traîneau utilisé dans les Vosges et la Forêt-Noire pour descendre dans les vallées le bois des montagnes.
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Le mot a fourni les dérivés SCHLITTEUR n. m. (1789), SCHLITTAGE n. m. (1870) et SCHLITTER v. tr. (attesté 1875, évidemment antérieur).
SCHLOFF ou CHLOFF(E) n. m. est un emprunt à l'alsacien chlofen, « dormir » (allemand schlafen), dans faire schloff (1808). À chloff correspond à « au lit ! ».
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SCHLOFFER v. intr. s'est employé en argot pour « dormir » (1866).
SCHMILBLICK n. m., mot d'apparence germanique, peut-être yiddish, de graphie compliquée et de sens incertain, a été forgé par Pierre Dac en 1949 et lancé plus tard par un jeu télévisé.
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Il est employé dans l'expression faire avancer le schmilblick « faire avancer les choses », qui a conféré au mot le sens d'« évolution des choses ; opération en cours ». Le mot s'emploie aussi pour « chose qu'on ne nomme pas », comme trucmuche.