SCOOTER n. m., relevé en 1919 mais répandu à partir de 1945 avec l'emploi de ce véhicule, représente une forme abrégée de l'anglais motor-scooter (1919) « patinette à moteur ». C'est un composé de motor en fonction d'épithète, de même origine que le français moteur*, et de scooter « patinette, trottinette », dérivé de to scoot « démarrer à grande allure, filer » (d'abord to scout, sorti d'usage au XIXe s.), verbe d'origine inconnue dont la forme moderne pourrait venir des États-Unis.
❏  Scooter désigne un véhicule à moteur à deux roues de petit diamètre, caréné, à cadre ouvert où les pieds du conducteur, qui est assis sur une selle, reposent sur le bas du carénage. Développé en Italie, il en a reçu le synonyme vespa (« guêpe »), nom de marque.
❏  Le mot a produit SCOOTÉRISTE n. (1951), calque de l'anglais motor-scooterist.
-SCOPE, -SCOPIE est un second élément, tiré du grec skopos « observateur », dérivé de skopein « observer, examiner » qui se rattache probablement à une racine indoeuropéenne °skep-, par métathèse de °spek- que représente par exemple le latin specere (→ spectacle).
❏  L'élément entre dans la composition de mots savants désignant des instruments d'observation (-scope), tels que microscope*, téléscope*, etc., ou des techniques d'observation, l'acte même d'observer (-scopie), par exemple radioscopie*, thermoscopie, orthoscopique, ou encore horoscope*, etc.
❏ voir ÉCUEIL, ÉPISCOPAT, ÉVÊQUE, SCEPTIQUE.
SCOPOLAMINE n. f. est tiré (1890) du nom d'une plante, la scopolie, lui-même dérivé du nom d'un naturaliste du XVIIIe s., Scopoli. Le mot désigne un alcaloïde voisin de l'atropine, d'abord extrait de cette plante solanacée.
SCORBUT n. m. est la reprise (déb. XVIIe s., d'Aubigné) de scuerbuyck (1557), emprunt au néerlandais présenté comme mot étranger, puis emprunt au latin médiéval scorbutus, terme de médecine. Scorbutus a été formé sur la base d'un moyen néerlandais °scōrbut, d'où le néerlandais moderne scheurbuik, que l'on suppose d'après le moyen bas allemand schorbuk (1404 ; 1486, scharbock). Ce mot a peut-être été emprunté à l'ancien suédois skörbjug, lui-même issu de l'ancien norrois skyr-bjugr signifiant proprement « œdème (bjugr) dû à une consommation abusive de lait caillé (skyr) » : cet aliment, emporté en grande provision sur les navires, passait, chez les anciens Normands, pour être à l'origine de la formation d'œdèmes. Une autre hypothèse (Oxford Dictionary) fait venir le moyen néerlandais schorbuk du verbe schoren « briser, déchirer » et de būk « ventre » (le mot scandinave serait alors emprunté du néerlandais ou de son correspondant bas allemand). La différence entre le sens initial du composé scandinave et celui de scorbutus-scorbut relève de l'histoire de la médecine et des maladies.
❏  Scorbut désigne aujourd'hui une maladie par carence en vitamine C, caractérisée par divers troubles (fièvre, anémie, etc.).
❏  Le dérivé SCORBUTIQUE adj. et n. (1642), d'abord au sens de « bon contre le scorbut », qualifie ce qui est causé par le scorbut (1718). L'emploi substantivé (un scorbutique) est attesté en 1672. Le mot a servi de base au composé ANTISCORBUTIQUE (1671, adj. ; 1701, n. m.). SCORBUTIGÈNE adj. (v. 1941), de -gène*, se dit de ce qui provoque le scorbut.
SCORE n. m. est emprunté (1896) à l'anglais score (XVe s.) signifiant proprement « entaille », puis « vingt » (nombre marqué par une longue entaille sur un bâton), d'où les sens de « marque », « compte », « nombre de points » (1742). Il est emprunté à l'ancien norrois skor « entaille » et « vingt » (Cf. suédois skara, danois skaar), qui se rattache à une base francique °skor-. L'anglais score est relevé comme terme de sports au XVIIIe s. (1742).
❏  C'est dans cet emploi qu'il passe en français, désignant le nombre de points obtenu par chaque adversaire au cours d'une partie. Repris par analogie dans le vocabulaire politique, le mot concerne le résultat chiffré obtenu par un candidat lors d'une élection (1964), puis le résultat d'un test, d'un sondage (1968) et, avec une valeur positive, une performance dans les domaines économique, technique, etc. (1969), sportif, notamment dans un bon, un excellent score. ◆  Les emplois de cet anglicisme sont en partie différents en français québécois où score se dit de notes et résultats scolaires, et SCORER v. intr. s'emploie en sport, pour « marquer ».
SCORIE n. f., attesté une première fois à la fin du XIIIe s. (v. 1290) et repris au XVIe s. (1553), est emprunté au latin impérial scoria, lui-même du grec skôria « écume d'un métal, en particulier du fer », dérivé de skôr, skatos « excrément » (→ scatologie), qui s'apparente peut-être au latin stercus « excrément, fumier ».
❏  D'abord employé au sens d'« alluvion » (v. 1290), disparu, scorie a été repris au XVIe s. pour désigner un résidu solide provenant de la fusion de minerais métalliques (qui monte comme une écume à la surface de métaux). ◆  Par analogie, scories volcaniques se dit (v. 1790) d'une matière volcanique légère, ressemblant au mâchefer, provenant du refroidissement superficiel des coulées de lave. Le mot s'emploie par figure, comme déchet (1790), au sens de « partie médiocre ou mauvaise ».
❏  Du nom dérivent les termes techniques SCORIFIER v. tr. (1750) « réduire en scories », d'où SCORIFICATION n. f. (1747) et SCORIFIANT, ANTE adj. (1944), et SCORIACÉ, ÉE adj. (1775) « qui comporte des scories », didactique.
SCORPION n. m. (v. 1130), d'abord sous les formes scorpiun, escorpiun (1119), est emprunté au latin impérial scorpio « scorpion (animal venimeux) », nom d'un signe du zodiaque et d'un poisson de mer (en ces sens, aussi sous la forme scorpios) et par figure d'une sorte de machine de guerre, puis à basse époque « fouet armé de pointes de fer » ; le latin est lui-même emprunté au grec skorpios de mêmes sens. On ignore l'origine de ce mot. À cause de l'habitat principal de l'animal, Frisk a supposé un emprunt à une langue du sud de la Méditerranée.
❏  Le mot apparaît (1119) avec les sens du latin, désignant un arachnide dont la queue se termine par un aiguillon crochu et venimeux (escorpiun) ainsi que le huitième signe du zodiaque (Scorpiun ; 1273, Scorpion). ◆  À la fin du XIIe s., le mot reprend une autre acception du latin, désignant (1175) un fouet de guerre muni de lanières ou de chaînes à pointes de métal, puis (1270, escorpion ; 1546, forme moderne) une machine de guerre servant à lancer de gros projectiles, aujourd'hui termes d'archéologie. ◆  Au XVIe s., scorpion s'est dit par figure pour « personne méchante » (1553) ; cette valeur figurée a disparu, mais des emplois métaphoriques du nom de l'animal sont toujours possibles. ◆  Par analogie avec l'insecte, le mot s'emploie pour désigner d'autres animaux, par exemple scorpion de mer (1611), nom usuel du scorpène (ou rascasse), scorpion d'eau (1690) « nèpe (insecte) », etc.
❏  Du nom dérive le terme de zoologie SCORPIONIDÉS n. m. pl. (1875 ; 1819, scorpionides).
SCORPÈNE n. f. est emprunté (1552, Rabelais) au latin impérial scorpaena qui désigne un poisson de mer d'espèce indéterminée (1445, ancien provençal scorpena), lui-même pris au grec skorpaina « scorpion de mer », dérivé de skorpios. ◆  En français, le terme désigne un poisson à tête forte et hérissée d'épines, aussi appelé crapaud ou diable de mer, et en Provence rascasse.
■  En dérive SCORPÉNIDÉS n. m. pl. (mil. XXe s.).
SCORSONÈRE n. f., francisation (1651), comme scorzonère (1620) et scorçonère (1658), de scorzonera (1572) ou scorsonera (1615), est emprunté à l'italien scorzonera, dérivé de scorzone « serpent venimeux » dont on soignait la morsure par la scorsonère. Scorzone représente, avec l's de scorto « court », le bas latin curtio, -onis « vipère » (attesté dans les Gloses), qui s'apparente peut-être au latin classique curtus « écourté, tronqué » (→ court), curtio étant proprement un « animal aux membres écourtés » et « un serpent de taille assez courte ». D'autres font venir l'italien de l'espagnol escorzonera, lui-même pris au catalan escurçonera, dérivé de escurço, formation parallèle à scorzone. On suppose parfois un latin populaire °excurtio, de curtio, comme intermédiaire.
❏  Scorsonère désigne une plante dont une variété à écorce noire, cultivée, est comestible, couramment nommée « salsifis noir ».
SCOTCH n. m., après scotch whisky (1855 en français), désigne d'abord (1936) le whisky écossais, et un verre de ce whisky. L'anglais scotch est une contraction de scottish (ci-dessous) attestée en 1591, la forme initiale étant Scot, d'abord Scotte (avant 1200), ancien anglais Scottas (désignant les Celtes d'Irlande).
Le mot anglais scotch, déposé par une firme multinationale est devenu usuel pour le ruban adhésif transparent de cette marque (en français québécois, scotch tape).
❏  SCOTCHER v. tr. (1965) « coller avec ce ruban adhésif » a pris la valeur figurée de « fixer, retenir, immobiliser » au passif et participe passé (rester scotché devant la télé).
La forme dérivée scottish (du moyen anglais scotte et suffixe -ish), de même origine, a produit deux mots français. SCOTTISH n. m., nom d'une danse mondaine du XIXe siècle, variante de la polka, vient (1872) de l'allemand Schottish, lui-même pris à l'anglais. SCOTTISH-TERRIER ou SCOTCH-TERRIER n. m. (1868) de scotch, scottish et terrier, désigne un chien terrier à poil dru, originaire d'Écosse.
SCOTIE n. f. est un emprunt technique au latin scotia, hellénisme, désignant une moulure concave en demi-cercle.
SCOTISME n. m. est tiré (1740) du nom de Duns Scot (« l'Écossais »), philosophe écossais du XIIIe siècle de renom européen.
SCOTOME n. m. est emprunté (1839), par l'intermédiaire du latin médiéval scotoma « vertige, éblouissement », au grec tardif skotôma « vertige », dérivé du verbe skotoun « couvrir de ténèbres, aveugler par un éblouissement », lui-même de skotos « obscurité, ténèbres », vocable probablement indoeuropéen, que l'on rapproche de mots germaniques de sens voisin (anglais shade, shadow « ombre »). Le latin a été emprunté auparavant sous la forme scotomie n. f. « vertige apoplectique » (XVe-XVIe s.), reprise au XVIIIe s. et encore attestée en 1858.
❏  Scotome, terme de médecine, désigne un trouble de la vision se manifestant par une tache qui masque une partie du champ visuel et, par analogie (XXe s.), une lacune dans la perception de séquences sonores.
❏  À partir du grec skotôma a été formé savamment SCOTOMISATION n. f., terme dû à Laforgue et Pichon (1926), pour traduire l'allemand Verleugnung, « déni » chez Freud. Ce terme de psychanalyse se dit du rejet inconscient et sélectif, hors du champ de conscience, d'une perception, d'une réalité pénible pour le sujet. ◆  De là SCOTOMISER v. tr. (1930).
SCOUMOUNE ou SCHKOUMOUNE n. f., attesté en 1941 mais usité depuis 1930 au moins en français d'Algérie, est emprunté au corse scomun ou à l'italien scomunica, dérivé de scomunicare, du bas latin excommunicare (→ excommunier). On relève en ancien provençal escomengar et en provençal moderne escoumenia « maudire ».
❏  Ce mot argotique s'est répandu en France à partir de 1950, par l'intermédiaire du milieu corse et marseillais. Il se dit pour « malchance », « mauvais sort ».
SCOUBIDOU n. m., mot de fantaisie, sans doute suggéré par les syllabes du scat anglo-américain (Sacha Distel, 1958) a désigné un petit objet ludique et, en argot, un stérilet (attesté 1977).
SCOUT → BOY (BOY-SCOUT)
SCRABBLE n. m. est un emprunt (1962) à l'anglais scrabble « gribouillage », dérivé de to scrabble « gribouiller, griffonner », littéralement « griffer, gratter ». Ce verbe est de la famille de to scrape « gratter », d'origine germanique (francique °skrap-). Le mot anglais a été choisi en 1947 comme nom de marque pour ce jeu d'origine américaine.
❏  Scrabble désigne un jeu qui consiste à remplir une grille préétablie, au moyen de sept jetons portant chacun une lettre, de façon à former des mots totalisant le plus grand nombre de points.
❏  Le dérivé SCRABBLEUR, EUSE n. est attesté en 1976.
SCRAMASAXE n. m. est un emprunt savant (1599) à un mot composé de la langue des Francs, passé en latin médiéval (scramasaxus) et formé à partir de °sachs « couteau », pour désigner le long couteau de guerre à un tranchant, utilisé par les Francs.
SCRAPER n. m. est un anglicisme technique (1933), dérivé de to scrap « gratter », pour désigner un engin de terrassement automoteur utilisé pour araser le sol et transporter la terre enlevée.
SCRATCH n. m., mot anglais désignant une marque, a fait l'objet de plusieurs emprunts. Il s'est d'abord dit dans le langage du turf (1854) d'une course dans laquelle tous les chevaux partent sur la même ligne, sans handicap. Le nom anglais scratch, dérivé du verbe au XVIe s., a pris le sens de « marque de point de départ » pour un jeu daté du XVIIIe s. (1787). Le verbe résulte de la fusion en moyen anglais de deux verbes, scratten et crachen (XIIIe s. et v. 1330), emprunt au moyen néerlandais cratsen (Cf. allemand kratzen). Cette famille germanique, signifiant « gratter », remonte à l'indoeuropéen. ◆  En français de France, seul le sens sportif existe, avant le XXe s. Après le turf, c'est le sport automobile qui emploie la notion de « classement scratch », le meilleur pour toutes les catégories. Au golf, le mot qualifie le joueur qui a fait le parcours avec un handicap 0.
Un autre emprunt (1983) ne correspond pas à un usage du mot anglais, mais à scratching, pour l'effet produit en faisant patiner un disque vinyle. Enfin, une onomatopée anglaise a été reprise (1985) pour désigner une fermeture velcro.
SCRATCHER v. tr., emprunt (1906) en sport de l'anglais to scratch, signifie « rayer, supprimer le nom de (un joueur qui ne s'est pas présenté à temps) ». Il s'emploie aussi comme intransitif. ◆  En français québécois, l'anglicisme signifie « rayer, érafler », d'après l'usage dominant en anglais (j'ai scratché mon disque).
SCRIBAN n. m. (1749), après scribane (1694), est dérivé du latin scribere (→ écrire) et désigne, dans le langage des antiquaires, un secrétaire ancien de style flamand, à tiroirs, surmonté d'un corps d'armoire.