SÉANCE, SÉANT → SEOIR
L SEAU n. m. (XIIIe s.), qui a remplacé seel (XIIe s.), est un mot d'abord propre à la France du Nord, issu du latin populaire °sitellus, variante masculine du latin classique sitella « urne (de scrutin) », diminutif de situla (ou situlus) « seau » et « urne (de vote) », sans origine connue.
❏  Le mot désigne (XIIe s.) un récipient qui sert à transporter des liquides ou diverses matières. Par métonymie (1240, sel ; XVIe s., seau), il s'applique au contenu d'un seau, d'où la locution figurée il pleut à (pleins) seaux « abondamment » (1690). Seaux de ville « seaux dont on se sert pour porter de l'eau dans les incendies » (1680) a laissé la place (1835) à seaux à incendie, lui-même sorti d'usage. Seau de toilette, seau hygiénique, caractéristiques du XIXe s., tendent à disparaître.
❏ voir SEILLE et dérivés.
? SÉBASTE n. m., mot d'origine inconnue, désigne (1874) un poisson à tête écailleuse et épineuse, vivant dans les eaux froides et tempérées.
SÈBE n. m. est un emprunt du français de Provence à l'occitan sèbo « assez », qui ne s'emploie que dans l'expression jouer à sèbe, désignant un jeu d'enfants où plusieurs gamins se jettent sur une victime jusqu'à ce qu'elle crie « sèbe ! », c'est-à-dire « pouce ! », le jeu consistant à résister le plus longtemps possible (attesté chez Pagnol, Fanny).
? SÉBILE n. f., attesté en 1417, est un mot d'origine incertaine. Un rapprochement avec le persan zibbīl « panier d'osier destiné à renfermer des dattes », « corbeille, sac, besace » est très hypothétique, le mot français n'étant pas représenté dans l'aire méridionale. Il en va de même pour l'arabe sabīl « aumône ». P. Guiraud émet des réserves, pour cette même raison, et suggère pour étymon un latin populaire °cibilis, variante de cibalis « qui a trait à la nourriture », dérivé du latin classique cibus « nourriture (de l'homme, des animaux) » (→ civière) ; sébile aurait désigné une auge recevant la nourriture des animaux, d'où son emploi figuré en parlant d'un mendiant ; mais cette possibilité reste très hypothétique.
❏  Sébile désigne une petite coupe en bois utilisée par les mendiants pour recueillir les aumônes (longtemps constituées de nourriture). La locution tendre la sébile « demander l'aumône » (1886, Loti) a vieilli avec l'emploi de l'objet. ◆  Par extension, le mot s'emploie dans divers corps de métiers pour désigner un récipient en bois.
SEBKA n. f., emprunt (1835) à l'arabe sebkkah, désigne un lac d'eau salée, au Sahara. Cf. chott.
SÉBUM n. m. est un emprunt savant (1764) au latin sebum « suif* ».
❏  C'est un terme technique pour désigner la sécrétion grasse produite par les glandes sébacées.
❏  SÉBORRHÉE n. f., composé (1855) de séb[um] et de -rrhée, du grec rhein « couler » (→ rhume), désigne l'augmentation de la sécrétion des glandes sébacées. ◆  Il a pour dérivé SÉBORRHÉIQUE adj. (1904).
SÉBACÉ, ÉE adj. est un emprunt savant (1734) au latin impérial sebaceus « de suif », dérivé de sebum. L'adjectif qualifie, en médecine, ce qui est de la nature du sébum, formé de sébum ; il s'emploie par extension dans glandes sébacées (1757). ◆  Il entre dans le composé PILO-SÉBACÉ, ÉE adj. (1878 ; du latin pilum « poil »), terme d'anatomie.
L + SEC, SÈCHE adj., adv. et n. est issu (v. 980) du latin siccus « dépourvu d'humidité », qui s'emploie avec de nombreuses acceptions dérivées ou figurées, par exemple en parlant de la complexion du corps, d'une personne qui ne boit pas, et avec les valeurs abstraites, « froid, indifférent » et « sans émotion » (du style). Cet adjectif est apparenté au grec iskhnos de même sens (kh expressif), à l'avestique hikuš, et se rattache à la racine du sanskrit siñcáti « il verse ».
❏  En français, l'adjectif reprend les acceptions du latin avec des valeurs concrètes et abstraites ; il s'emploie aussi comme nom masculin et comme adverbe. On passe de l'idée d'« absence d'humidité » à celle de « manque (de liquide, puis d'un élément quelconque) ». Sec qualifie une plante desséchée et s'applique ensuite (v. 1112) à ce qui est dépourvu d'humidité, ne renferme pas d'eau, d'où l'emploi substantif pour « lieu sec », collectivement (v. 1112, au sec). Le sec n. m. désigne (1773) une terre sèche à marée basse. ◆  Au XIIIe s., le sens concret s'applique aussi à ce qui est séché par un traitement approprié (1273), d'où raisins secs et le sec, pour « fourrage sec » (1342), opposé à le vert. Au figuré, on disait employer le sec et le vert « tous les moyens » (1450). ◆  La peau, la langue dépourvue de son humidité naturelle est aussi dite sèche (1389, bouche sèche).
■  À sec,sec est substantivé, correspond à « sans eau » en parlant d'une rivière (XIVe s.) et à « sans se mouiller » à propos d'un être vivant (1530). À pied sec,sec est adjectif, a le même sens (a sec pé, XIVe s.). À la fin du XVIe s., par figure, être à sec signifie « n'avoir plus d'argent » ; de là viennent réduire qqn à sec (1658), aujourd'hui mettre qqn à sec (1690 ; dès 1531, mettre qqn à sec d'argent). À sec évoque en même temps l'emploi suivant. ◆  En termes de marine, à sec s'est dit pour « hors de l'eau » (1607), puis pour « sans voile hissée » (1611), remplacé par à sec de voiles (1871), à sec de toile. À sec évoque aussi l'échouage — Cf. sur le sable* — et se prête à diverses métaphores, comme on vient de le voir. En outre, être à sec « n'avoir plus rien à dire » (1559) s'emploie moins que être, rester sec « être incapable de répondre (par ex. à un examen) », beaucoup plus récent (1866) ; mettre qqn à sec « le réduire au silence » (1678) est sorti d'usage, mais on peut y rattacher des emplois plus récents. ◆  Sec se dit aussi pour « sans pluie », dans saison* sèche, d'où le sec n. m. (v. 1265), et il fait sec (XVIIe s.), repris plaisamment en argot (1881), pour « on a soif ».
Sec se dit par analogie à partir du XIIe s. d'une personne qui a peu de graisse, d'où les locutions être sec comme un pendu (1690), disparue, sec comme un hareng (1845), un échalas, etc. et l'emploi comme nom masculin (1835, un grand sec). L'emploi figuré pour « sans argent » (1640, être sec), qui vient peut-être de ces comparaisons, est sorti d'usage (remplacé par à sec, ci-dessus). ◆  Depuis le milieu du XIIe s., l'adjectif s'emploie pour qualifier ce qui n'est pas accompagné du liquide (ou d'un autre élément) auquel il est généralement associé, dans pierre sèche « sans mortier » (1538, mur de pierres sèches). Toux sèche (1210) réalise une valeur voisine. ◆  L'adjectif s'applique (1156, pays sec) à ce qui est sans humidité atmosphérique, le nom désignant (v. 1265) l'état de ce qui est sec. ◆  Par figure (fin XIIe s.), vin sec s'oppose à vin doux avec l'idée de « non sucré » ; cet emploi a entraîné celui de demi-sec.
Par extension, sec signifie « non accompagné d'un autre élément », d'abord comme adverbe dans payer sec « comptant », puis dans argent sec « net de tout frais » (1260), d'où rente sèche (1610), sens disparu. Pain tot sec « sans autre aliment » (XIIIe s.) est devenu pain sec, spécialement à propos d'une punition au collège (1671). Dans cet emploi, on retrouve, par opposition à frais, l'idée concrète de « desséché ». La même métaphore se retrouve dans coup sec « rapide et bref » (1696), et aussi « coup unique, décisif », par exemple au jeu de dés et dans l'expression familière — très courante au Québec — d'un coup sec « d'un seul coup ». Cf. ci-dessous en cinq sec, etc. et bruit sec « sans résonance » (déb. XIXe s.).
■  Dans le domaine abstrait avec l'idée d'absence, l'adjectif s'applique à une personne qui manque de sensibilité (v. 1226, cœur sec) et à ce qui manque de grâce, de charme (v. 1265).
■  Au figuré, tout sec, loc. adv., a signifié « aussitôt » (XVe s.) puis « uniquement, absolument » (1580). ◆  Sec s'emploie aussi comme adverbe pour « d'une façon brusque » (XVe s.), « avec netteté » (fin XVe s.), puis « rapidement », « brutalement » (1582, aller sec). ◆  Au début du XVIe s., sec s'employait comme interjection pour « vivement ! », emploi disparu sauf en alpinisme pour donner l'ordre de tendre la corde.
Toujours avec une valeur abstraite, sec se dit de paroles, de manières qui témoignent de brusquerie, d'une intention blessante (1580), par exemple dans d'un ton sec, d'où les locutions disparues la donner sèche « donner une mauvaise nouvelle sans précautions » (1661) et tête sèche « personne qui se met facilement en colère » (1694).
À partir du XVIIe s. se développent de nouvelles valeurs, surtout dans des locutions ou expressions. Ainsi, tissu sec (1636) signifie « à tissage bien marqué ». ◆  L'adjectif s'emploie figurément en parlant d'un discours, d'une œuvre (1636), ensuite du style (1680) et de l'esprit (1690), sens qui existaient en latin et qui ont pu faire l'objet de réemprunts. Par allusion aux larmes absentes, d'un œil sec signifie « indifférent » (1670). ◆  Dans l'usage familier, sec a signifié au XVIIe s. « mort » (1676 ; 1690, il y a longtemps qu'il est sec). ◆  L'adjectif s'applique spécialement (1676) à une œuvre d'art dont les contours sont marqués durement et, techniquement (1690), à des métaux cassants. Dans ce même domaine artistique, mais avec le sens propre, gravure à la pointe sèche (1765) est concret et technique. ◆  Sec peut correspondre à « sans élément ajouté » (Cf. ci-dessus tout sec). Dans jouer en cinq secs (1877) « jouer en une seule manche de cinq points (à l'écarté) », sec est substantivé ; d'où l'emploi adverbial en cinq sec « rapidement » (1896). La locution adverbiale aussi sec « sans hésiter et sans tarder » (1904) est familière. L'avoir sec (1914-1918, argot de la guerre) « éprouver une déception », « être mécontent », familière, n'est pas clairement expliquée, mais recourt à l'idée de privation.
■  La valeur initiale, « sans liquide », se réalise dans de nouveaux emplois spécialisés. Ainsi, nourrice sèche (1871) signifie « personne qui élève un enfant sans lui donner le sein ». ◆  Si boire sec,sec est adverbe, signifie depuis le XVIIe s. (1640) « boire sans eau », c'est-à-dire « boire beaucoup de vin et d'alcool », sec peut correspondre à « sans alcool » dans pays sec, désignant (1923) un pays qui interdit la consommation d'alcool, et régime sec (1933) « qui exclut toute boisson pendant les repas », par extension « régime sans alcool ».
■  Au sens extensif de « non accompagné d'un autre élément » (ci-dessus), sec qualifie une guitare sans amplificateur, un licenciement sans mesures sociales, un voyage en avion sans prestations hôtelières (mil. XXe s.).
❏  SÉCHERESSE n. f. désigne concrètement l'état de ce qui est dépourvu d'humidité (v. 1120, secherece ; XIVe s., écrit avec deux s), en particulier en parlant de l'atmosphère (v. 1175). ◆  Le mot a eu le sens extensif de « privation de qqch. » (1195, secherece). ◆  En emploi absolu, il se dit pour « temps sec » (v. 1354). ◆  Avec une valeur abstraite, il désigne un comportement froid, brusque (v. 1650), l'aridité de l'esprit (1659) et le manque d'argent (1668) ; les deux derniers emplois ont disparu. ◆  Le substantif s'emploie (1667) pour une œuvre « sèche », qui manque d'ampleur, de douceur, et spécialement une œuvre littéraire qui manque d'agréments (1690). ◆  Le sens de « manque de sentiment » (1680) a vieilli, comme, en termes de religion, « manque de ferveur » (1690), en ce sens souvent employé au pluriel. ◆  Enfin, sécheresse est sorti d'usage pour « maigreur (d'une personne) » (1756).
■  SÈCHEMENT adv. est d'abord attesté au figuré (XIIe s., sekement) pour « d'un ton sec, froid » ; il a signifié « en un lieu sec » (1308), sens disparu, et s'emploie pour « avec un style sans agrément » (1636 ; 1690, en peinture).
■  SÉCHERON n. m., attesté isolément au XIIIe s. pour « échalas usé », désigne régionalement (Est) un pré sec situé sur une pente (XVIe s.). ◆  Il est dialectal au sens de « personne maigre » (1871).
■  1 SÈCHE n. f., féminin substantivé de l'adjectif, a d'abord eu le sens de « terre » (v. 1300, saiche). Le mot désigne un banc (de sable, etc.) à sec à marée basse (1515, sesque ; 1619, sèche) et, en marine, des écueils qui affleurent (1730). ◆  Le mot s'est dit d'une poire séchée (1607, seiche). Depuis 1786, sans doute par emprunt aux dialectes francoprovençaux, sèche désigne (Jura, Franche-Comté) un gâteau de pâte friable, mince, qu'on poudre de sucre (la sèche comtoise). ◆  Il désigne aussi une vergue sans voile (1842), et une maladie des pins, qui les dessèche, dans les Landes.
■  Au sens d'« écueil », sèche a pour variante 1 SEICHE n. f., mot régional (Genève) qui désigne les oscillations à la surface d'un lac (1730).
■  SÉCOT, OTE adj. (av. 1850) et n. (1867), diminutif de sec, est familier pour « maigre ».
2 SÈCHE n. f., terme familier et vieilli (1874) pour « cigarette », est peut-être une substantivation du féminin de sec : la sèche, cigarette de manufacture, aurait été opposée à la cigarette roulée à la main, dont on collait le papier en l'humectant de salive. Cette étymologie est hypothétique.
SÉCHER v. (v. 1120), aussi sechier (XIIe s.), est issu du latin siccare tr. et intr. « rendre sec », « faire sécher », « vider complètement », « se sécher », dérivé de siccus. Le verbe signifie d'abord « assécher, tarir », puis « rendre sec » (v. 1150) et « faire dépérir, faire tomber (le vent) » (v. 1160). ◆  Il a aussi un emploi intransitif, « devenir sec » (v. 1155), en particulier en parlant de la végétation (v. 1175), d'où sécher sur le pied (1694), aujourd'hui sécher sur pied, au figuré « ne pas trouver à se marier » (1718). ◆  Sécher, intransitif, signifie « s'assécher » (v. 1170). Au XVIe s., il s'emploie en parlant d'une partie du corps (1550), remplacé par se dessécher, et dans la locution sécher sur ses pieds « être plein d'inquiétude », qui a diverses formes à l'époque classique.
■  Le transitif s'emploie aussi dès le XIIe s. pour « rendre sec par un procédé (des fruits, etc.) » (v. 1170). ◆  Se sécher est attesté au XVIe s. (1547 ; sens passif 1538). ◆  Dans un tout autre domaine, sécher les larmes de qqn (1559) correspond à « consoler » et sécher ses larmes s'emploie (1640) au propre, et au figuré pour « dominer son émotion ». ◆  Sécher un verre signifie familièrement « boire, vider » (1880).
■  Le pronominal se sécher est attesté au XVIe s. (1538) pour « devenir sec ». Avec un sujet nom de personne (1670), il signifie en particulier « sécher ses cheveux, son corps, ses vêtements ».
■  Le verbe est employé au XIXe s. (1866) en argot scolaire pour « mal noter (un candidat) de manière à recaler », sorti d'usage, puis « être embarrassé pour répondre » (1866), en relation avec être sec (ci-dessus) et avec 3 sèche (ci-dessous). Sécher un cours (1878) correspond à « ne pas y assister » et sécher a pris par extension le sens de « manquer l'assistance à (une réunion, etc.) ». À cet emploi du français de France correspond brosser en français de Belgique. En argot de France, sécher, avec pour complément un nom de personne, a signifié « tuer » (1915) et plus précisément « frapper, assommer » (années 1980). ◆  Le participe passé SÉCHÉ, ÉE, adjectivé dès l'ancien français (v. 1160), concerne surtout les valeurs concrètes du verbe.
■  3 SÈCHE n. f. est le déverbal de sécher au sens de « ne pas répondre » (ci-dessus) dans piquer une sèche (1880), qui correspondait à être, rester sec en ne répondant pas à une interrogation. Ce mot familier est sorti d'usage, mais le préfixé ANTISÈCHE n. f. (XXe s.), « information qui permet de ne pas rester sec dans une épreuve d'examen », mot d'argot scolaire, est toujours vivant.
Le verbe a lui-même plusieurs dérivés.
■  SÉCHERIE n. f. est attesté isolément (XIIIe s., secherye) au sens de « sécheresse ». Régionalement, il désigne un lieu où l'on fait sécher diverses matières (en parlant du poisson, 1333, Bretagne) ; cet emploi se généralise au XVIe siècle. Il a signifié (1591) « action de faire sécher le poisson ». ◆  Une sécherie a désigné (1835) un lieu sec dans une forêt et (1933) une installation industrielle destinée au séchage.
■  SÉCHAGE n. m. a désigné (1339, saichaige) un droit payé pour faire sécher qqch. dans le four du seigneur ; il est repris en 1797 pour « action de faire sécher ».
■  SÉCHOIR n. m., attesté isolément au XVe s. (sechor), désigne (1660) un lieu aménagé pour le séchage, puis un dispositif pour faire sécher (1701). Il se dit (1846) d'un appareil à faire sécher par évaporation, notamment (1904) les cheveux (emploi courant en français québécois), et d'un dispositif composé de tringles pour faire sécher le linge (1902).
■  SÉCHEUR, EUSE adj. et n., autrefois « personne qui fait sécher qqch. » (1611, seicheur), désigne au masculin un appareil de séchage (1871), spécialement un séchoir à tabac (1874) et un séchoir industriel (1904). ◆  Par ailleurs, SÉCHEUSE n. f. se dit notamment d'une machine pour sécher le linge (1876), emploi courant au Québec (en France sèche-linge ou séchoir) et de la partie d'une couveuse où les poussins sont séchés après l'éclosion (1920).
■  Le verbe a fourni plusieurs composés : SÈCHE-CHEVEUX n. m. inv. (1910), SÈCHE-LINGE n. m. (1936) et SÈCHE-MAINS n. m. inv. (XXe s.).
SÉCOT adj. et n. s'emploie (1866 comme nom) pour « maigre, sec ».
SECCOTINE n. f., marque déposée d'une colle, est devenu en argot familier (1936, dans Fric-frac, d'Édouard Bourdet) le nom d'une personne importune, « collante ».
SECCO n. m., emprunt à l'italien secco correspondant au français sec, désigne une claie faite de tiges sèches de graminées entrelacées et l'enclos qu'elles délimitent, où l'on peut stocker des récoltes (arachides, coton...).
DESSÉCHER v. tr., formé avec des-, préfixe à valeur intensive (latin de-), est d'abord intransitif au sens de « devenir sec » en parlant d'un cours d'eau (v. 1170, desechier ; dessécher, XVIe s.) ; on trouve dans ce sens en latin médiéval dessicare (VIIIe s.) et dissicare (IXe s.) d'où le verbe peut provenir. ◆  Dessécher est attesté ensuite au sens de « redevenir frais, perdre sa maigreur » (1215) : il s'agit clairement ici d'un composé en français et le préfixe des- a ici une valeur négative (latin dis-). Depuis le XIIIe s. (desekier), il signifie « rendre maigre » puis, comme intransitif, « devenir maigre » (mil. XIVe s.). ◆  Il s'emploie ensuite au XIVe s., en parlant d'un arbre (desicier) et au sens de « rendre (plus) sec », spécialement en médecine (1559). ◆  Dessécher prend une valeur abstraite avec le sens de « rendre insensible » (1553), d'où dessécher l'esprit, l'imagination (1680).
■  Le pronominal est attesté depuis le XVIe s. (1553, se desecher) et signifie au figuré « devenir maigre » (1672). Au sens abstrait, depuis le début du XVIIIe s., se dessécher se dit pour « désirer qqch. avec impatience au point de maigrir » ; on dit encore se dessécher d'ennui, de chagrin, etc. Il signifie aussi (1829) « devenir insensible, sec ».
■  Du verbe dérive DESSÉCHEMENT n. m., employé avec une valeur concrète (1478 ; 1690, d'un étang) et au figuré (mil. XVIIIe s.), la graphie dessèchement est admise par l'Académie (1878). ◆  DESSÉCHANT, ANTE adj. s'utilise au propre (1555) et au figuré (XIXe s.).
ASSÉCHER v. tr. procède (déb. XIIe s.), d'après sécher, du latin adsiccare « sécher », préfixé de siccare. Il signifie « rendre sec (un terrain) » et « vider l'eau de (un réservoir, un récipient) ». ◆  L'emploi intransitif, d'abord pour « rester à sec (d'un bateau) » (v. 1155), puis en marine pour « devenir sec » (la mer assèche à marée basse), reste technique. ◆  Le pronominal s'assécher et le participe adjectivé ASSÉCHÉ, ÉE sont en revanche usuels, au propre et au figuré, comme variante de se dessécher, desséché. ◆  Asséché s'emploie figurément et familièrement pour « qui a très soif ». ◆  Le dérivé ASSÈCHEMENT n. m. (1549) s'emploie au concret, d'abord en médecine, figurément.
❏ voir DESSICCATIF, PÉTER (PÈTE-SEC), SICCATIF.
SÉCABLE adj. est un emprunt savant (1691) au bas latin secabilis « qui peut être coupé, divisé », dérivé de secare (→ scier). L'adjectif a repris en sciences le sens du latin. Il est demeuré rare.
❏  En dérive SÉCABILITÉ n. f. (mil. XXe s.).
Le contraire INSÉCABLE adj. est emprunté (1561) au latin insecabilis (de in- négatif), probablement antérieur au simple secabilis. ◆  L'adjectif, plus courant que sécable, a fourni INSÉCABILITÉ n. f. (1845).
SÉCANT, ANTE adj. est un emprunt savant (1542) au latin classique secans, -antis, participe présent de secare. Le mot s'est introduit comme terme de géométrie au sens de « qui coupe (une ligne, une surface) », d'où absolument droite, courbe sécante, opposé à parallèle et à tangent. ◆  L'adjectif a fourni les termes de mathématiques SÉCANTE n. f., par substantivation (1634), « droite sécante » et terme de trigonométrie (1680), et SÉCANCE n. f. (mil. XXe s.), « caractère d'une ligne sécante », mot très rare, notamment du fait de l'homonymie avec séquence.
SÉCATEUR n. m. est un dérivé savant (1827) du latin classique secare, formé d'après les nombreux mots savants en -ateur. Il désigne couramment un outil de jardinage servant à tailler les rameaux des plantes (1904, sécateur à haies) et par extension (1938) un instrument analogue utilisé pour découper les volailles. Une plaisanterie antisémite (1894) est baptisé au sécateur pour « circoncis ». ◆  Le composé SÉCATEUR-SERPE n. m. (de serpe) est attesté en 1904.
SÉCESSION n. f., réfection étymologique (v. 1508) de cecession (1354, Bersuire), est un emprunt au latin secessio « action de se séparer, de s'éloigner », « séparation politique » et « retraite du peuple » ; secessio est dérivé de secessum, supin de secedere « aller à part, s'écarter, s'éloigner », « se retirer » et au figuré « se séparer de qqn (opinion) » ; le verbe est composé de se- marquant la séparation et de cedere « aller », « marcher », « s'en aller » (→ céder, cesser).
❏  Introduit au sens de « sédition », disparu en français classique, le mot est repris au début du XVIe s. (v. 1508), se disant de l'action par laquelle une partie de la population d'un État se sépare de l'ensemble de la collectivité (faire sécession) pour constituer un État indépendant ou se réunir à un autre. Par extension, le mot désigne en général (av. 1634) l'action de se séparer d'un groupe. ◆  Il s'emploie par réemprunt comme terme d'histoire romaine (1834) en parlant de la retraite de la plèbe sur le mont Sacré en 493 av. J.-C.
■  Un emploi usuel du mot est dans guerre de Sécession (1866), calque de l'anglo-américain War of Secession,Secession a la même origine que le français et désigne le conflit civil qui opposa le nord et le sud des États-Unis de 1861 à 1865.
❏  Du nom, et par emprunt de l'anglo-américain secessionist (1851), dérive SÉCESSIONNISTE adj. et n. (1861, adj. ; 1866, n.), « qui fait sécession, lutte pour la sécession ».
■  SÉCESSIONNISME n. m. (1870) « doctrine qui prône la sécession » est obtenu par substitution de suffixe.
+ SECOND, SECONDE adj. et n., écrit en ancien français second (v. 1155), secunt (1119), secund (v. 1138), avec une variante segond, segont (fin XIVe s. ; 1220, en ancien provençal) demeurée courante jusqu'au XVIIIe s. et conforme à la prononciation, est emprunté au latin secundus, proprement « qui suit », ancien participe de sequi (→ suivre), avec une forme exceptionnelle en -undus. Secundus s'est d'abord dit du courant que descend la barque, du vent qui la pousse ; s'opposant à adversus, il a signifié « qui va dans le même sens », d'où « favorable », puis « qui vient après, second », servant dès lors d'adjectif ordinal à duo (→ deux).
❏  C'est avec cette dernière valeur que second apparaît en français au début du XIIe s., d'abord adjectif (1119, secunt) pour « deuxième, qui suit immédiatement le premier » dans une succession, un ordre quelconque ; aujourd'hui, il est généralement placé avant le nom et préféré à deuxième, dans un usage plus soutenu, lorsque deux objets seulement sont considérés ou que l'idée de rang n'est pas prépondérante. ◆  Puis est repris le sens figuré de « favorable, profitable » (v. 1180). À la même époque, l'adjectif s'emploie par extension en parlant de ce qui constitue une nouvelle forme d'une chose unique. ◆  Le nom est attesté au XIIe s. (segonz, v. 1260) aux sens de « cousin issu de germain » et de « second sujet de chanson » ; comme le sens de « moitié » (1288, secont), ces acceptions ont disparu, mais la substantivation pour « second sujet de chanson » sera reprise en français moderne dans « second élément d'une charade » (mon second, 1783). ◆  Depuis la fin du XIVe s., pain secont s'est dit pour « pain bis » (Cf. pain secondaire*), emploi encore attesté au XIXe s. (1808, pain second). Une première locution est liée à l'idée de « nouveau, autre » : n'avoir ni seconde ni première (en parlant d'une femme) « être sans pareille » (fin XIVe s., E. Deschamps) ; suivront au XVIe s. d'autres locutions adjectives, aujourd'hui littéraires, marquant le caractère superlatif d'après un tour hérité du latin : n'estre a nul second (1559), n'avoir point (jamais) de seconde (1564) « être sans pareil », sans second(e), archaïques, et, encore en usage, à nul(le) autre second(e) [XVIe s.] « unique, inégalable », c'est-à-dire tel(le) qu'il n'en existe pas de second(e), d'autre. Avec la première valeur du mot, second, substantif, désigne le cadet (de deux frères) [fin XVe s.]. Noces secondes (1559) est devenu secondes noces « deuxième mariage » (1680), surtout dans (épouser) en secondes noces.
■  L'idée de « favorable », « qui aide » est reprise au XVe s. avec le nom (segond ; 1580, forme moderne) pour désigner la personne qui accompagne un duelliste à titre de témoin, puis au XVIe s. un ami, un compagnon (1560) et la personne qui aide qqn dans une affaire (1587). ◆  De là aussi, en marine, second pour « vaisseau destiné à en soutenir un autre » (1675 ; 1680, vaisseau second). ◆  À la fin du XVIe s., on relève la locution adverbiale au segond « en second lieu », maintenant (1694) en second « en second rang ». Avec l'idée de classement hiérarchique, l'adjectif s'emploie dans capitaine en second (1672), devenu (1765) second capitaine, puis par substantivation (1766) le second (en marine). ◆  Également en français classique, le substantif féminin désigne en musique (1671) un intervalle entre deux degrés. ◆  Par ailleurs, l'adjectif se dit de ce qui dérive d'une chose primitive (1690, causes secondes), toujours placé après le nom dans cet emploi. ◆  Dans le domaine de l'enseignement, on disait second n. m. (1690) pour « élève de la seconde classe » ; seconde n. f. désigne (1718) la classe qui précède la rhétorique (c'est aujourd'hui la première) puis, par métonymie (1845), l'ensemble des élèves de cette classe. Le second n. m., pour « second étage d'une maison », est attesté en 1740. Au XIXe s., les emplois de l'adjectif s'enrichissent par des locutions comme seconde vue (1812), aussi don de seconde vue « vision intuitive, non physique », en second lieu « après, d'autre part » (1857), de seconde main « par un intermédiaire » (1871), qui a voulu dire (déb. XIXe s.) « sans originalité » et qui remplace de la seconde main (1723). En termes de vénerie, cerf à sa seconde tête désigne (1876) un cerf de trois ans. ◆  On retrouve la notion de classement hiérarchique et d'aide appliquée aux personnes (voir ci-dessous) dans l'emploi du nom : le second et la seconde (1885, Zola) désignant une couturière qui assiste la première, un vendeur qui vient après un chef de rayon. ◆  Seconde classe (1890) se dit à propos des véhicules de transport public (aussi seconde n. f.). La seconde « seconde vitesse d'une automobile » (1935), seconde vitesse étant attesté dès 1899, donne lieu à être, passer en seconde. ◆  Au milieu du XXe s., l'adjectif s'emploie en parlant de ce qui se manifeste simultanément, constitue un dédoublement, dans état second.
❏  SECONDEMENT adv. « en second lieu » (1529) s'est d'abord écrit segondement (1284) ; il est resté vivant en concurrence avec deuxièmement.
■  SECONDER v. tr., dérivé de second ou emprunté au latin secundare « favoriser, rendre heureux, seconder » (dérivé de secundus), apparaît au sens de « répéter, recommencer » (XIIIe s., segonder ; seconder, XVIe s.), rapidement sorti d'usage, puis signifie, d'après second (1343, segonder, intr.), « venir après », sens en usage à l'époque classique ainsi que le transitif (apparu au XVe s.), aussi au sens d'« égaler (qqn) par l'imitation » (1559). Ces emplois ont eux aussi disparu, sauf par archaïsme, après le XVIIe siècle. ◆  Le sens moderne, « aider (qqn) en tant que second, dans un travail, etc. », est attesté en 1529 (aussi en ancien provençal segondar) ; le verbe s'emploie par extension (mil. XVIe s., Ronsard) pour « favoriser (les actions de qqn) ».
■  SECUNDO adv. est emprunté (1419) au latin secundo adv. « en second lieu », de l'ablatif de secundus. Il s'emploie en corrélation avec primo pour « secondement ».
SECONDAIRE adj., emprunté au latin secundarius « secondaire, de seconde qualité », dérivé de secundus, apparaît sous la forme secundaire (1287) puis secondaire, d'après second (v. 1372), au sens de « qui vient au second rang ». Avec cette valeur, on relève pain secondaire « pain bis » (1596), calque du latin secundarius panis « pain de ménage » (Cf. ci-dessus pain second), et planètes secondaires « satellites » (1721) ; ces deux emplois ont disparu. ◆  Au XVIIIe s., avec une valeur causale, l'adjectif se dit de ce qui dérive ou dépend (de qqch.), d'abord en médecine dans fièvre secondaire « qui survient après une crise » (1743), qui ne se dit plus, puis dans hémorragie secondaire (1871), accident secondaire, etc. Depuis la fin du XVIIIe s., le mot s'emploie en parlant de ce qui constitue un second ordre dans le temps, spécialement opposé à primaire*, dans écoles secondaires, enseignement secondaire (1845), d'où le secondaire n. m. (XXe s.). En français de Belgique, de certains pays d'Afrique, secondaire inférieur, supérieur, correspond à premier, second cycle en français de France. ◆  L'adjectif s'emploie en géologie (1786, H. de Saussure) dans période secondaire (opposé aussi à tertiaire), d'où le secondaire (déb. XXe s.). Spécialement, en chirurgie (1871), il se dit d'un temps opératoire postérieur à un autre. ◆  Avec l'idée causale, secondaire devient un terme didactique au XXe s. en psychologie, physique, grammaire, économie (secteur secondaire ; aussi le secondaire n. m.), emplois où il s'oppose en général à primaire, tertiaire.
■  L'adjectif a fourni SECONDAIREMENT adv. (1586 ; 1377, secundairement) et SECONDARITÉ n. f. (1945), apparu comme terme de caractérologie.
SECONDE n. f. est emprunté (1636, Mersenne) au latin médiéval secunda minuta, pluriel neutre, proprement « parties menues [minuta] résultant de la seconde division de l'heure ou du degré », composé de secundus et de minutus « petit » (→ minute).
■  Seconde est d'abord attesté au sens de « 60e partie d'une minute », acception usuelle et dominante. Il s'emploie par ailleurs en géométrie et en astronomie (1671), désignant une unité égale au 1/60e d'une minute. Au XIXe s. apparaît le sens extensif de « temps très court » (1830), d'où par ellipse une seconde ! « attendez un instant ». De l'emploi comme unité de temps viennent la locution technique arrêt, départ à la seconde et, par métonymie, seconde sautante « aiguille des secondes ». ◆  Seconde est le second élément de composés désignant une fraction de cette durée (milli-, micro-, nanoseconde).
■  PARSEC n. m., composé (1923) de par[allaxe]* et de sec[onde], terme d'astronomie, désigne une unité de longueur valant 3,26 années de lumière.
SECONDAIRE, SECONDER → SECOND, SECONDE
SECOUER v. tr. est une réfection (1538 ; v. 1450 « rudoyer ») de l'ancien français secorre (v. 1174), puis secourre (XVe ; jusqu'au déb. XVIIe s.), homonyme d'un autre verbe (→ secourir) ; il est issu par évolution phonétique du latin succutere « secouer par dessous », composé de sub « sous* » et de quatere « secouer, agiter », « frapper (le sol) », « bousculer » et au figuré « ébranler, émouvoir » (→ casser) ; ce verbe, employé presque uniquement en poésie à l'époque impériale, a fourni des composés en -cutere (→ discuter, percuter) ; il est d'origine inconnue.
❏  Secouer signifie d'abord « remuer avec force dans un sens puis dans l'autre, à plusieurs reprises » puis, par extension, « se débarrasser (de qqch.) en se secouant » (XVe s., secourre ; 1550, secouer). Par figure, secourre (1524) puis secouer la poudre de ses pieds (1553), puis la poussière signifie « s'éloigner d'un lieu avec colère », emploi archaïque. La locution figurée secouer le joug « s'affranchir de la domination » (1538) précède secouer qqch. (de désagréable) [1617], secouer les préjugés (1683), secouer le joug des passions (1694). ◆  Secouer le pelisson (pelisse, manteau) à qqn (v. 1550) « le battre, le malmener » est devenu secouer le paletot à qqn et secouer qqn (1636), aussi employé pour « réprimander (qqn) » (1666), avec la variante expressive secouer les puces (1690), demeurée vivante. ◆  Le verbe s'emploie spécialement (1559) pour « mouvoir brusquement et par saccades (une partie de son corps) », notamment dans secouer la tête (1677, pour refuser). Par figure (1588) et surtout au passif aujourd'hui, il signifie « ébranler par une commotion physique ou morale ». ◆  Secouer qqn « malmener » (1531, R. Estienne) a vieilli, au profit de « faire réagir, inciter à l'action ». ◆  À la fin du XVIe et au XVIIe s., les locutions figurées secouer une femme, secouer le pochet ont eu le sens de « faire l'acte sexuel ». Ce sémantisme, souvent occulté, est lié à celui du coup et il est important pour ce verbe. On le retrouve dans n'en avoir rien à secouer (années 1970) où le verbe, comme battre, est probablement un euphémisme pour branler (la secouette n. f. étant en argot la masturbation), le sens apparent étant « faire ». ◆  Avec l'idée de « faire mouvoir », la locution secouer la bride à qqn « l'exciter à un effort » (1690) a disparu, mais on emploie encore secouer qqn pour « le faire sortir de son inaction ». Dans ce sens, le pronominal se secouer (1774), qui avait depuis la fin du XVIIe s. le sens de « se dégourdir, faire de l'exercice », correspond à « commencer à agir, sortir de la paresse ou de l'inaction ». ◆  La locution figurée secouer le cocotier (XXe s.) signifie « obliger une personne âgée à céder sa place pour l'occuper » ; cette locution vient de l'anthropologie pittoresque du XIXe s., des ethnies polynésiennes ayant été décrites comme éliminant les vieillards qui n'avaient plus la force de grimper aux troncs de cocotier.
■  En argot, secouer s'emploie (1879) pour « voler, rafler » et s'est dit (1882) pour « arrêter (qqn) ».
❏  SECOUSSE n. f., féminin substantivé (v. 1460) de l'ancien participe passé du verbe secorre, secos (v. 1215), secous (XVe s.), désigne un mouvement brusque qui ébranle un corps. Le mot a signifié (1534) « élan, mouvement en avant » dans la langue classique, d'où la locution figurée prendre une secousse « mourir » (1725), sortie d'usage. L'idée de « mouvement violent » est réalisée dans les anciennes locutions donner la secousse « faire une offensive » (v. 1530), donner une mauvaise secousse « battre » (1549) et dans l'emploi figuré pour « atteinte portée à une institution » (1559). Les locutions adverbiales à secousses (av. 1580), par secousse (1690) « par à-coup » puis par secousses (déb. XVIIIe s.) sont courantes dans la langue classique, comme à secousse « tant bien que mal » (1667). ◆  En emploi concret, secousse se dit spécialement en parlant d'un tremblement de terre, etc. (1690, d'un volcan). ◆  Divers emplois abstraits, par exemple « choc psychologique » (1580), ont eu cours, parmi lesquels celui d'« agression, critique violente » (1659). Seule l'idée d'action vive est encore exprimée dans donner une secousse (1888), figuré et familier pour « travailler avec ardeur », plus courant en tournure négative (ne pas en ficher une secousse, 1883). Une autre valeur est « durée assez longue », dans ça fait une secousse (un bout de temps ; Cf. une paye) en français du Québec. ◆  Une valeur sexuelle (fin XIXe s.) correspond au sémantisme de secouer (ci-dessus).
SECOUEMENT n. m., dérivé de la forme moderne du verbe (1538 ; 1528, in Bloch et Wartburg), est considéré comme peu usité par l'Académie en 1798. Il est d'usage littéraire.
■  SECOUÉE n. f., d'abord dans l'expression disparue secouée de bride « saccade » (1598), est attesté à partir du XIXe s. comme terme régional pour « commotion brusque » (1835), « action de secouer, querelle » (fin XIXe s.), « brusque coup de vent » (1897), « correction » et « querelle vive » (1907). Le mot est archaïque.
■  SECOUEUR, EUSE n., relevé au sens aujourd'hui rare de « personne qui secoue » (1611), est devenu un terme technique en fonderie (1782, n. m. ; 1765, secoueux) et en agriculture (1904, n. m.).
■  SECOUAGE n. m., « action de secouer », d'abord technique (1875, secouage du tabac), s'emploie quelquefois comme synonyme (1877) de secouement.
■  Aucun de ces dérivés n'est usuel en français contemporain.
L SECOURIR v. tr. représente la réfection d'après courir de l'ancien français sucure (1080), secorre (v. 1155), secourre (XIIIe s.), issu du latin succurrere « se trouver dessous dans sa course », « affronter », « se présenter à l'esprit », « courir au secours » ; ce verbe est composé de sub- indiquant la position inférieure (→ sous) et de currere, au supin cursum, « courir* ».
❏  En ancien français, secorre, secourre (homonyme d'un autre verbe ; → secouer), refait en scourir (1410) puis secourir (fin XIVe s.), construit avec à, avait le sens général de « porter secours à qqn » ; il a repris aussi le sens latin de « remédier à » (1466, sequeure).
■  Verbe transitif, secourir (qqn) signifie « venir en aide à (une personne dans le besoin) » (1534, Rabelais), puis « aider (qqn qui a besoin d'un soutien moral) » (1559) et « venir au secours de (une personne en danger) » (1580). Tous ces emplois sont demeurés usuels.
❏  SECOURABLE adj. (1170), d'abord socurable (v. 1155), s'applique à une personne qui secourt volontiers les autres. ◆  Au sens de « qui peut être secourue » en parlant d'une place de guerre (1575), l'adjectif est sorti d'usage.
■  SECOUREUR, EUSE adj. et n., réfection (fin XVe s.) de sucureor (1165-1170, n. m.), puis secourrere (XIVe s.) est rare au sens de « qui secourt » (Cf. sauveteur). En histoire, il désigne (1842) un membre d'une secte protestante écossaise fondée en 1755.
■  SECOURISTE n. et adj. a désigné (1750, n. m.) celui qui en guise de secours faisait subir des tourments aux convulsionnaires de Saint-Médard. ◆  Il se dit aujourd'hui du membre d'une société de secours (1835) et d'une personne qui applique des méthodes de sauvetage.
■  Ces dernières sont appelées SECOURISME n. m. (1941), mot obtenu par changement de suffixe, formé une première fois (1759) au sens religieux de secouriste.
SECOURS n. m., réfection (fin XIIe s.) de socors (v. 1050), secors (v. 1175), issu du latin pop. succursum, du supin de succurere, désigne d'abord une aide dans le danger, spécialement (XIIIe s.) une aide militaire, ou remédiant au besoin puis, par extension, ce qui est utile, ce qui aide dans une circonstance donnée (v. 1190), en parlant de la mémoire, de la grâce, etc. Dans le premier sens attesté, il entre dans des expressions comme venir a secours (XIIe s.), demander du secours, premiers secours, crier, appeler au secours, et dans l'exclamation au secours ! (1690). ◆  Il a désigné (1425) une poche attachée à une robe, servant en cas de besoin. ◆  Au sens courant, il s'emploie en particulier dans la locution venir au secours de qqn (1538) ; secours d'Espagne « aide qui arrive quand elle n'est plus nécessaire » (1549) a disparu, comme secours des Vénitiens, de Lombardie (1611) qui avait la même valeur. Ces expressions sont construites sur le même modèle que promesse de Gascon. ◆  De secours « destiné à servir en cas de danger, de nécessité » (av. 1559) apparaît d'abord dans porte de secours « porte d'une citadelle qui donne dans la campagne, par laquelle on peut recevoir des secours ou s'enfuir », d'où en français actuel porte, sortie de secours à utiliser en cas d'urgence. Église de secours s'est dit (1690), d'après le latin médiéval succursus (XIIe s.), d'une église bâtie pour la décharge d'une paroisse. De secours, en français moderne, entre dans de nombreuses expressions comme poste de secours (1907), roue de secours (1935). ◆  Le mot s'emploie spécialement à propos d'une aide militaire (« troupe », v. 1190), puis (1668) en parlant d'une aide matérielle, financière (1878, dans la législation sociale). ◆  Il désigne par métonymie (1671) l'ensemble des moyens destinés à secourir une personne en danger et l'ensemble des personnes qui secourent qqn.
❏ voir SUCCURSALE.
+ 1 SECRET n. m. est la réfection (XVIe s.) d'après le latin de segrei (v. 1138), secroi (v. 1150), secré (v. 1155), formes issues du latin secretum « lieu écarté », « pensée ou fait qui ne doit pas être révélé », « mystères (du culte) ». Ce nom neutre est la substantivation de l'adjectif secretus « séparé, à part », « solitaire, isolé, reculé », « caché » et « rare ». Secretus a abouti par la forme segrei, segreie (v. 1165) à l'adjectif secret, ète (1180), aussi secré, ée (v. 1190) et segret (1372), la forme secret s'imposant d'après le latin. ◆  L'adjectif latin vient du participe passé passif de secernere « séparer » et au figuré « mettre à part, rejeter », verbe composé du préfixe se- marquant la séparation et de cernere, au participe passé cretus, « trier, passer au crible », d'où « distinguer, discerner », par affaiblissement « voir », « choisir entre différentes solutions » et « décider » (→ concerner, décerner, discerner). Cernere se rattache à une racine de forme °krei- « séparer », que l'indoeuropéen oriental ne connaît pas, mais qui se trouve en grec, en italique, en celtique et en germanique.
❏  Venus par voies parallèles, l'adjectif et le nom ont eu des évolutions semblables, mais distinctes. Secret, substantif, a désigné dès l'origine un ensemble de connaissances réservées à quelques-uns (v. 1138), passant rapidement à l'idée d'un échange de connaissances réservées donnant lieu à conseil, à avis (secré, v. 1155), notamment dans le contexte du pouvoir politique (v. 1160-1170). Cette connotation relie le mot à secrétaire et à des emplois anciens de l'adjectif secret. ◆  Cependant, le nom s'emploie aussi plus généralement, s'agissant des éléments de la vie privée qui ne doivent pas être connus de tous. En secret (en secroi, v. 1150 ; en segret, au XVe s. [apr. 1450]) correspond à « sans témoins et sans rien ébruiter » ; l'expression est renforcée dans en grand secret (1470), alors que à secret (XVe s.), sous le (son) secret (1616) ont disparu. Le passage du contexte politique à celui de la vie privée est net dans le sceau du secret (1316, scel) « sceau royal utilisé pour cacheter les plis secrets », qui a donné lieu à sous le sceau du secret (1681) « en confidence, en faisant promettre de ne rien révéler ». ◆  Parfois, secret ne correspond à rien d'autre qu'à une communication restreinte, faite à voix basse. C'est le cas dans le secret de la messe, qui correspondait à messe secrée (v. 1280) « messe basse ».
■  Plusieurs valeurs se développent en moyen français. L'une d'elles correspond à plusieurs euphémismes. Ainsi, l'expression les secrets a servi à désigner les parties sexuelles (v. 1360) et le secret les besoins naturels (1421), laisser un secret s'employant plaisamment au XVIIe s. pour « faire un pet discret » (1640). ◆  Une autre valeur manifeste le passage de la notion d'information réservée à celle de procédé connu de quelques-uns (1270, secré ; 1549, secret). Cette idée de « moyen lié à un savoir réservé » se développe en français classique, avec la nuance de « moyen ingénieux » (1643) et surtout de « moyen, procédé, méthode devant faire l'objet d'un enseignement » (mil. XVIIe s.), par exemple dans les secrets d'un art (de l'art d'écrire, 1685) et plus tard dans secret de fabrication, retrouvant d'ailleurs ensuite le sémantisme de l'information cachée ou à cacher (secret industriel).
■  Depuis le XVIe s., l'idée de « contenu caché » (attesté 1549) s'intériorise et secret (souvent au pluriel) s'applique à la psychologie intime et non révélée : secret (ou secrets) du cœur (1560), le secret de qqn, d'où avoir le secret de qqn (1673) « avoir compris sa psychologie ». ◆  Un emploi métonymique pour « discrétion absolue » (1667) a disparu après le XVIIe s., un autre pour « confidence » est devenu archaïque, sauf dans des expressions verbales du type confier un secret. Dans n'avoir pas (point) de secret pour qqn (enregistré par Furetière en 1690) ou dans c'est mon secret (1835), secret correspond en revanche à « ce qui n'est pas confié ». ◆  Le secret peut aussi faire référence à la situation de ceux qui connaissent une information par ailleurs secrète. De là être du secret (1690), remplacé par dans le secret (1775), et mettre qqn dans le secret qui semble postérieur (attesté fin XIXe s.). ◆  L'information que l'on prétend cachée ou réservée ne l'étant pas toujours, secret entre dans des locutions dérisoires, telles le secret de la comédie (1694), c'est-à-dire « de la pièce de théâtre, que le public peut entendre », puis un secret de comédie (attestée au XIXe s. [1870]). Ces formules ne s'emploient plus, mais on dit encore le (ou un) secret de polichinelle (1808) ; Polichinelle, personnage grotesque de la commedia dell'arte, étant berné, ses secrets n'en sont plus. ◆  Par ailleurs, l'information cachée, hors du contexte de la vie privée, n'est pas politique, ce qui est le cas pour secret d'État, lequel s'est appliqué au XVIIe s. à un projet de coup d'État (1667) et est enregistré au sens général de « secret politique » en 1694 (dictionnaire de l'Académie), recevant au XIXe s. une valeur figurée, « secret important » (attestée 1875). Secret défense, « secret intéressant la défense du territoire », est devenu le type même du secret impénétrable, inviolable. Secret s'applique au devoir absolu de réserve dans certaines circonstances religieuses (secret de la confession, 1690) et professionnelles, pour les avocats, médecins, etc. (secret professionnel, attesté 1875).
Concrètement, secret désigne un mécanisme, d'abord une machinerie de théâtre cachée (1496), qui ne joue que dans des conditions connues d'une ou de quelques personnes (1690) et une cachette dans un meuble (armoire, tiroir à secret), en concurrence avec un emploi de l'adjectif (tiroir secret).
L'évolution de 2 SECRET, SECRÈTE adj., depuis le XIIe s. (voir ci-dessus l'étymologie), est à peu près parallèle à celle du nom. L'adjectif qualifie d'abord un lieu retiré (1165-1170, segrée) ; de là chambre secrète (1380) puis lieux secrets (1534) pour « lieux d'aisances », acception qui correspond à un emploi du nom (ci-dessus). Lieu secret (v. 1462) a d'ailleurs eu par un autre euphémisme le sens de « parties sexuelles » (ci-dessus les secrets) et maladie secrète (1559) celui de « maladie vénérienne ». ◆  Puis l'adjectif développe comme le nom la valeur de « qui n'est connu que de quelques personnes », qualifiant un moyen d'action (1355). Appliqué à un lieu, secret correspond depuis le XVIe s. (1529) à « qui est difficile à trouver ». ◆  Il se dit aussi de personnes qui ne se confient pas (v. 1150, secroie). ◆  De même que le nom, l'adjectif s'applique à ce qui n'est pas divulgué en politique, en particulier dans conseil secret du roi (1611). ◆  Puis secret qualifie ce qui n'est pas visible ou compréhensible (1655), spécialement dans langage secret (1669), et ce qui appartient à un domaine réservé de connaissances ésotériques : sciences secrètes (1690) correspond à « connaissances occultes ». Diverses applications à des domaines particuliers donnent lieu à des syntagmes ; l'idée de discrétion pour des actes privés dans mémoires secrets (1754), celle d'action politique cachée dans fonds secrets (1871) et police secrète, d'où la secrète n. f. (1893).
❏  SECRÈTEMENT adv., « d'une manière secrète », est la réfection (1320), d'après secret, de formes anciennes : secréement (v. 1120), segreement (apr. 1225), la variante segretement (v. 1440) ayant elle aussi cédé devant secrètement. ◆  L'adverbe reprend les valeurs de l'adjectif.
■  SECRÈTE n. f., d'abord « trésorerie du prince » (v. 1260), a désigné des objets concrets cachés : une calotte de fer (XVe s.), encore portée à l'époque classique sous le chapeau comme défense de tête, un jupon de dessous (1660). Dans le vocabulaire religieux, secrète désigne (1690) la partie de l'oraison dite à voix basse, correspondant à secret de la messe (ci-dessus).
3 SECRET n. m., terme technique attesté en 1875, mais antérieur, représente un emploi spécialisé de secret n. m. et désigne une solution de nitrate de mercure, utilisée pour la confection du feutre en chapellerie. ◆  En dérive SECRÉTER v. tr., « frotter avec le secret » (1776), d'où SECRÉTAGE n. m. (1790) et SECRÉTEUR n. m. (1806).
❏ voir SECRÉTAIRE, SÉCRÉTION, SÉGRAIS.
SECRÉTAIRE n. est emprunté (v. 1180 [seulement v. 1330, selon T.L.F.]) à deux dérivés de secretum, supin de secernere « écarter » (→ secret) : secretarium n., en bas latin « lieu retiré, isolé », spécialisé pour « sacristie » et « salle d'audience » (IVe s.), et secretarius adj. « séparé, isolé », d'où cella secretaria « sacristie » (VIe s.). Secretarius est substantivé (Ve s.) au sens de « sacristain » puis par extension de « secrétaire à la cour » ; en latin médiéval, le mot désigne celui qui participe à des conseils secrets (XIe s.) et a le sens de « scribe ».
❏  Le mot, repris au latin religieux au sens spécial de « tabernacle » (v. 1180), a été concurrencé en moyen français, avec cette valeur de « lieu secret » par la forme populaire segreier n. m. « lieu retiré où l'on vit pour soi » (XIIIe s.) puis segrier « cabinet, retrait » (1566).
■  Secrétaire prend au XIIIe s. la valeur de « confident, ami » (1265), seulement attesté au masculin avant le XVIe s. (v. 1550, au féminin) ; ce sens est encore vivant au XVIIe s. avec pour variante segretaire (XVIe s.). Il s'est employé comme adjectif (v. 1330) avec la même valeur. Comme nom, il désigne aussi (1584) une personne discrète sachant garder les secrets. Ces acceptions sont sorties d'usage.
■  Depuis le XIVe s., le nom désigne (v. 1350) une personne attachée à une personne de haut rang, à une autorité, et qui rédigeait des lettres, des dépêches de caractère officiel ; dans ce sens, le féminin apparaît vers la fin du XVIIIe siècle. Le mot est employé dans des expressions pour « agent gouvernemental » ou « ministre » : secrétaire du roi (1410). Dans ces fonctions, l'aspect d'écriture, de rédaction prenant de l'importance, le mot a désigné (1611) un officier attaché à un corps militaire pour les affaires administratives, puis un écrivain public (1636, n. m.), s'appliquant généralement depuis le XVIIe s. (1636) à une personne qui rédige certaines pièces, s'occupe de l'organisation d'une assemblée, etc., puis d'un service administratif, d'un organisme et, plus largement, à une personne qui écrit pour le compte de qqn (apr. 1650). ◆  Secrétaire d'état, d'abord (XVIe s., Pasquier) appliqué à un officier de la Couronne qui transmettait les dépêches du roi et expédiait les grâces, avait pour synonyme secrétaire des commandements (1547) et, un peu plus tard, secrétaire du cabinet (1611) ; ces fonctions sont des variétés de celle de secrétaire du roi (ci-dessus) et concernent toujours la transmission de messages du souverain et au souverain. ◆  Secrétaire d'État prend après la Révolution française une valeur différente (1800) dans la Constitution de l'an VIII, titre aboli en 1814, une hiérarchie gouvernementale différente se mettant ensuite en place avec des ministres et des sous-secrétaires d'État (ci-dessous). ◆  En terminologie politique, secrétaire d'État peut aussi être un calque d'expressions en d'autres langues (par exemple de Secretary of State, employée en anglais des États-Unis).
Secrétaire entre dans de nombreux syntagmes désignant des fonctions administratives, comme, en France, secrétaire de ville (1636), disparu, secrétaire général (1789), secrétaire de mairie (1803). Dans les désignations administratives, diverses appellations sont propres à l'un ou l'autre des pays francophones. Aussi, dans la République mauricienne, on emploie plusieurs calques de l'anglais, comme secrétaire financier (gestionnaire du ministère des Finances), secrétaire parlementaire (député assistant un ministre), secrétaire permanent (équivalent du chef de cabinet français). Secrétaire de la ville (responsable de l'administration d'une ville) équivaut à l'anglais town clerk. ◆  Secrétaire de rédaction (déb. XXe s.) désigne la personne chargée de recevoir et de revoir les articles d'un journal et, en particulier, celle qui assiste un rédacteur en chef. ◆  Secrétaire est aussi le titre (1934) que portent les responsables de certains partis politiques et syndicats ; dans certains régimes, le titre s'applique à des personnages éminents (le secrétaire général d'un parti unique, le premier secrétaire du Parti communiste français...) retrouvant la valeur hiérarchique du mot du XIVe au XVIIIe siècle. ◆  Enfin, le mot désigne dans l'usage courant, au XXe s. (1935, dans les dictionnaires), une personne capable d'assurer la rédaction du courrier, de répondre au téléphone, etc., pour le compte d'un patron ; il est alors fréquemment employé au féminin, associé ou non à dactylo(graphe). Cet usage reflète une évolution dans les professions du secteur tertiaire et une spécialisation liée aux professions féminines. ◆  Le mot a vieilli dans l'emploi métonymique (1690) pour « manuel contenant des modèles de lettres ».
■  Au XVIIIe s., il prend par une autre métonymie, et peut-être par influence de l'italien, le sens de « bureau sur lequel on écrit et qui renferme des papiers » (1745).
❏  SECRÉTAIRERIE n. f. (1544), d'abord secrétairie (1407-1408), secretererie (1461), a désigné un office de secrétaire (au sens du moyen français) puis le bureau, le service de ces secrétaires (1568) et l'ensemble des employés du service. Au XIXe s. il désigne un poste de secrétaire d'Etat au Vatican.
■  SECRÉTARIAT n. m. désigne (1538) l'emploi, la fonction du haut personnage appelé secrétaire (1611), d'où aujourd'hui secrétaire d'État. ◆  Il se dit aussi du lieu où travaillent les secrétaires d'une administration, d'une entreprise, etc., du temps de fonction d'un secrétaire (1680) et de l'ensemble des secrétaires d'un service (1893). ◆  Le mot s'emploie en particulier (1933) pour « métier de secrétaire » au sens moderne et « ensemble des secrétaires (d'une entreprise, d'un service, voire d'une personne) ». ◆  SECRÉTARIAT-GREFFE n. m. (1965) est la nouvelle appellation du greffe*.
■  Le composé SOUS-SECRÉTAIRE n., autrefois (1640) « secrétaire en second », désigne (1816 ; déjà au XVIIIe s. [1767] avec une valeur différente) un haut fonctionnaire membre d'un gouvernement, à qui revient une partie de la compétence d'un ministre, dans sous-secrétaire d'État. ◆  En dérive SOUS-SECRÉTARIAT n. m. (1834), notamment dans la désignation sous-secrétariat d'État.
TÉLÉSECRÉTARIAT n. m. (1990) se dit des travaux de secrétariat à distance.
SÉCRÉTION n. f. est emprunté (1495) au latin secretio « séparation », dérivé de secretum, supin de secernere « séparer » (→ secret), puis « rejeter ».
❏  Le mot a d'abord conservé le sens étymologique de « séparation », sorti d'usage comme celui de « chose séparée d'une autre » (1611).
■  Il a été repris en physiologie (1711) pour désigner le phénomène par lequel un tissu produit des substances qui sont évacuées puis, par métonymie (v. 1740), la substance ainsi produite.
❏  Plusieurs termes de physiologie sont des dérivés savants du radical de sécrétion.
■  SÉCRÉTOIRE adj. (1710) « qui a rapport à la sécrétion », d'où (1904) nerfs sécrétoires.
■  SÉCRÉTER v. tr., employé en physiologie (1798), puis par figure (1893) au sens de « laisser s'écouler lentement ».
■  SÉCRÉTEUR, TRICE adj., dérivé savant de sécrétion, est attesté au féminin (v. 1560) dans faculté sécrétrice « faculté de choisir entre ce qui est bon et ce qui est mauvais », expression encore relevée en 1611. ◆  Il est ensuite repris comme terme de physiologie (1753), alors dérivé du verbe sécréter.
■  SÉCRÉTINE n. f. désigne (1902) une hormone qui excite la sécrétion du suc pancréatique.
Le composé préfixé HYPERSÉCRÉTION n. f. (1845) a éliminé supersécrétion (1834, Broussais) et s'oppose à HYPOSÉCRÉTION n. f. (1896).
SECTE n. f., réfection d'après le latin (v. 1316) de siecte (v. 1155), sete (déb. XIIIe s.), est emprunté au latin secta « manière de vivre », « ligne de conduite politique » et « école philosophique » puis « religieuse ». Ce mot dérive de sequi « suivre* », au propre et au figuré (→ second, séquence).
❏  Secte a d'abord eu le sens de « doctrine religieuse ou philosophique », puis celui de « compagnie, suite » (v. 1200), encore relevé en 1611 et qui a disparu. De l'idée étymologique de « suite » viennent la locution être d'une secte et d'un accord « prendre la même décision » (v. 1340) et les emplois pour « troupe » (XVe s.), « corps de métier » (1477), tous disparus.
■  Par influence probable du latin sectio (→ section) et du supin sectum, de secare « couper », sete (v. 1230), secte (1525) désigne un groupe constitué à l'écart d'une Église pour soutenir des opinions théologiques particulières, appliqué aux protestants (1525, secte luthérienne). Le mot se dit pour « coterie, chapelle », aujourd'hui avec une valeur péjorative ; faire secte « se distinguer par des opinions singulières » (fin XVIe s.), sorti d'usage, relève aussi du sémantisme de la séparation. Secte reprend au XVIIe s. un sens latin qui correspond à école « groupe de personnes qui professent la même doctrine » (v. 1530), d'emploi littéraire aujourd'hui. Dans les années 1970-1980, le mot, sous influence de l'anglais sect, désigne des organisations fermées, organisées, exerçant une influence psychologique forte sur leurs adeptes, pouvant les exploiter financièrement et se réclamant d'une pensée religieuse ou mystique étrangère aux grandes religions constituées.
❏  Le dérivé SECTAIRE n. et adj. a d'abord désigné (1566) le partisan passionné d'une doctrine, spécialement dans le domaine religieux où il s'est employé pour « protestant » (1566) avec la variante péjorative sectard (v. 1530), usage disparu au XVIIe siècle. Sectaire a été repris au XXe s. en relation avec le sens pris par secte. ◆  Le mot est repris à la fin du XVIIIe s. (1791) et au XIXe s. (1825, Stendhal, comme nom ; 1890, adj. ; 1879, n.) pour parler d'une personne qui fait preuve d'intolérance et d'étroitesse d'esprit en politique, religion, philosophie. ◆  De cette acception dérive SECTARISME n. m. (fin XIXe s.).
SECTATEUR, TRICE n. est emprunté (1403, n. m. ; 1752, n. f.) au latin sectator « celui qui accompagne », « disciple, tenant d'une doctrine », dérivé du supin de sectari « suivre partout, escorter » et « poursuivre un animal », fréquentatif de sequi. Le mot désignait une personne qui adhère à des croyances déjà formées ; il est vieilli et péjoratif quand il s'agit d'une doctrine, d'une religion rejetée par le locuteur (notamment l'islam, à l'époque classique, dans sectateur de Mahom [Mahomet]). Il s'est dit pour « hérétique » (déb. XVIe s.) et « protestant » (1529), d'après l'emploi correspondant de secte, valeurs disparues au XVIIe siècle.
SECTEUR n. m. est emprunté (1542) au latin sector « celui qui coupe, tranche » et spécialement, dans des syntagmes, « assassin » et « faucheur », et par ailleurs « acheteur de biens confisqués (qui sont vendus par lots) ». De cette valeur active, le mot est passé en bas latin à celle de « partie coupée », comme terme de géométrie. Ce nom est dérivé de sectum, supin de secare « couper », « diviser » (→ scier ; section, segment). Par ailleurs, le mot latin a donné par évolution phonétique les formes seytre en ancien provençal (XVe s.), soipteur en Franche-Comté (1332) au sens de « faucheur ».
❏  L'emprunt savant s'est fait au bas latin en géométrie (1564) pour « figure délimitée par deux rayons et une partie de la circonférence (d'un cercle) », et dans secteur d'une sphère, attesté un peu plus tôt (1542), « volume engendré par un secteur de cercle tournant autour d'un rayon », appelé aujourd'hui secteur sphérique (1835). Concrètement, le mot est employé pour désigner un instrument ou un appareil qui comporte une portion de cercle (1762, pour un instrument d'astronomie). ◆  Il désigne ensuite (1871) la portion d'une enceinte fortifiée sous les ordres d'un officier puis, par extension (1904), la partie d'un territoire qui constitue le terrain d'opérations d'une grande unité. Dans ce sens étendu, voisin de zone, il est passé de l'usage militaire à l'usage général ; dès 1907, le mot désignait une subdivision d'un réseau de distribution d'électricité, d'où par métonymie (1933), le courant distribué. Son usage s'élargit encore après la Première Guerre mondiale, notamment avec secteur postal (1916). Secteur s'emploie ensuite avec le sens général de « division (d'un territoire) », « subdivision administrative d'une ville » (1933), spécialement dans le domaine économique (secteur privé, attesté en 1939), et au sens de « domaine, partie (d'un ensemble) ». Dans l'usage familier, secteur, d'après un emploi d'argot militaire (1919, sans doute des secteurs postaux) équivaut à « zone, endroit, coin ».
❏  Le latin sector a servi à former des dérivés savants.
■  SECTORIEL, ELLE adj. (1960), d'après l'anglais sectorial (dérivé de sector, de même origine que le français), terme didactique de mathématiques, est devenu usuel en économie (attesté 1964, dans les dictionnaires).
■  SECTORISATION n. f. (attesté en 1968) s'emploie en administration, en économie et semble antérieur à SECTORISER v. tr. (v. 1968).
■  Le composé SOUS-SECTEUR n. m., relevé en 1963, appartient aux vocabulaires militaire et administratif.
■  BISSECTEUR, TRICE adj., de 1 bis (→ bi-), qualifie en géométrie ce qui divise en deux parties égales (1872) ; BISSECTRICE n. f. (1857) est plus courant (→ bissecter à section).
SECTION n. f. est un emprunt (1366) au latin sectio « action de couper » et « coupure », spécialement « vente à l'encan (par lots) » et « objets vendus », et en géométrie « division » (→ secteur). Sectio est dérivé de sectum, supin de secare « couper, diviser » (→ scier).
❏  Le nom est introduit avec le sens de « scission, dissension » avec un sémantisme qui influence le mot secte, d'origine différente ; cet emploi a disparu. ◆  Il désigne aussi depuis le XIVe s. l'action de couper, de diviser et son résultat (v. 1380). C'est l'idée de « division », avec une valeur concrète ou abstraite, qui se maintient ensuite dans l'ensemble des emplois. En géométrie (1564), le mot désigne la production d'une figure par l'intersection de deux autres, par exemple dans point de section (1694), et la figure ainsi engendrée (1671), notamment dans section conique (1654, Pascal). Avec une valeur concrète, il s'est employé en médecine (1598) là où le français moderne utilise dissection. ◆  Le mot s'est aussi employé (1630) à propos de la division d'un bénéfice ecclésiastique en deux parties, mais les spécialisations de sens actif (« action de couper, de séparer ») sont moins fréquentes que celles de l'acception métonymique (« ce qui est coupé, séparé »). Ainsi, section désigne une partie d'un texte, d'un ouvrage (1655) et aussi (1690) la représentation graphique d'un ensemble à trois dimensions, que l'on suppose coupé selon un plan vertical perpendiculaire à la longueur (Cf. coupe). ◆  Avec la valeur de « partie, subdivision », le mot entre pendant la Révolution dans des expressions comme section d'un tribunal (1789), section de commune (1790) et il s'applique à une subdivision militaire (attesté 1798). Cet emploi est caractéristique du vocabulaire politique et administratif révolutionnaire (les sections des clubs, la section des Piques, etc.) ; de là vient l'acception analogue (1862) concernant les subdivisions d'organisations, partis et, au XXe s., syndicats. ◆  Avec sa valeur territoriale, section communale, rurale se dit de la plus petite division administrative d'Haïti. ◆  Dans l'armée de terre, section s'applique à la petite unité commandée par un lieutenant dit chef de section et qui fait partie d'une compagnie. ◆  Dans un contexte abstrait, section se dit (1815) d'une catégorie dans un classement, par exemple en biologie (1871). ◆  Section désigne aussi, en France, la partie d'une ligne d'autobus qui constitue une unité pour le calcul du prix, et la partie correspondante d'un trajet (attesté av. 1932, chez J. Romains).
Section rythmique désigne concrètement (v. 1945) la partie d'une formation de jazz qui marque le temps (batterie, contrebasse, etc.).
❏  SECTIONNAIRE adj. et n., « relatif à une section électorale parisienne de l'époque révolutionnaire » (1793) et « membre d'une section de Paris » (1802), ne s'emploie plus qu'en histoire.
■  SECTIONNER v. tr., relevé en 1796 dans un sens peu clair, signifie (1871) « diviser en sections (électorales) », remplaçant le terme révolutionnaire sectionniser (1793), et en chirurgie, puis plus généralement, « couper ». ◆  En dérivent SECTIONNEMENT n. m. (1871) et dans le vocabulaire de l'électricité SECTIONNEUR n. m. (1924).
■  BISSECTION n. f. est un terme de géométrie (1751) ; on a employé bissecter v. tr. (XIXe s.) en géométrie pour « partager en deux parties égales par une ligne », formé de 1 bis (→ bi-) et à partir de sectum (→ bissecteur à secteur).
❏ voir SCIER, SECTEUR, SEGMENT.