SÉCULAIRE adj., réfection (1611) de seculare (fin XIIe s.), est un emprunt au latin impérial saecularis « séculaire », d'où saeculares (ludi) « jeux célébrés tous les cent ans », et « du siècle, profane » en bas latin ecclésiastique ; le mot dérive de saeculum (→ siècle).
❏  L'adjectif a repris le sens de « profane, qui appartient au siècle » employé jusqu'au milieu du XIVe siècle. ◆  Il s'applique ensuite à ce qui a lieu tous les cent ans, dans des expressions didactiques traduites du latin : jeux séculares (1549), poème séculaire (1718), année séculaire (1718).
■  Il qualifie aujourd'hui couramment (v. 1745) ce qui date d'un siècle, dure depuis un ou plusieurs siècles, notamment en astronomie (1796, Laplace) dans variation, perturbations séculaires.
❏  Le dérivé SÉCULAIREMENT adv. (1845) est rare.
SÉCULIER, IÈRE adj. représente (déb. XIIIe s.) une transformation par changement de suffixe de l'ancien français seculer (v. 1190), emprunt au latin saecularis.
■  Seculer, puis séculier (déb. XIIIe s.) s'applique à un homme qui n'a pas fait de vœux monastiques et vit dans le siècle, opposé à régulier*. ◆  Il qualifie aussi tout ce qui appartient à la vie laïque (v. 1260), opposé à ecclésiastique, et il est substantivé (seculer, n. m.) pour « laïque » (v. 1269). Il s'emploie dans des expressions comme bras séculier (1546 ; fin XVe s., bras seculler) et bénéfice séculier (1690).
■  Le dérivé SÉCULIÈREMENT adv. (v. 1350 ; v. 1190, seculerment) est du vocabulaire religieux et assez rare.
■  SÉCULARISER v. tr., dérivé savant du latin saecularis, signifie « faire passer à l'état séculier » (1586), spécialement (1680) en parlant d'un bien, d'une fonction. ◆  Il a lui-même pour dérivé SÉCULARISATION n. f., « passage (d'un religieux) à la vie séculière » (1587), « passage (d'un bien ecclésiastique) dans le domaine de l'État » (1743), appliqué aux fonctions publiques (1875), et « autorisation pour un religieux de porter l'habit séculier » (XXe s.).
SÉCULARITÉ n. f. a été emprunté au latin médiéval saecularitas (dérivé de saecularis), d'abord au sens de « mondanité » (v. 1170). ◆  Ce mot didactique désigne l'état de prêtre séculier (1469) et la juridiction séculière de l'Église pour le temporel (1718).
SÉCURITÉ n. f., attesté à la fin du XIIe s. (1190) et repris vers 1480, reste peu employé avant le XVIIIe siècle ; le mot est emprunté au latin securitas « absence de soucis », « tranquillité », « sûreté, sécurité », « garantie (par rapport à une dette) », dérivé de securus qui a abouti au français sûr*.
❏  Le mot désigne d'abord l'état d'esprit confiant et tranquille d'une personne qui se croit à l'abri du danger, d'où en toute sécurité « en toute tranquillité » (1580). Au XVIIIe s., il s'applique à une situation exempte de dangers, qui détermine la confiance (1770).
■  Repris fin XIXe s., (1889, coefficient de sécurité), sécurité désigne le fait de fonctionner, de s'effectuer sans difficulté et de sécurité qualifie un dispositif destiné à protéger les personnes et les biens (1925) et ce qui est utile en cas de danger. Il s'emploie dans plusieurs expressions, avec l'idée de « protection », comme sécurité militaire (1945). ◆  Sécurité sociale (1945), calque de l'anglais social security (1935), est abrégé familièrement en sécu n. f. (1960). L'expression désigne le système de protection sociale et l'organisation destinée à garantir les travailleurs contre certains risques liés à l'emploi, à la santé, à la maternité, etc. ◆  Sous l'influence de l'anglais, le mot s'est substitué à sûreté dans plusieurs contextes (« pour votre confort et votre sécurité... », en avion).
❏  Le dérivé SÉCURITAIRE adj., attesté dès 1294 dans cartre [carte, charte] securitaire « lettre de sauf-conduit », avait disparu. ◆  Le mot a été reformé dans les années 1980, s'appliquant (1983) à ce qui tend à privilégier les problèmes de sécurité (politique, mesure, installation... sécuritaire). L'adjectif a des emplois plus étendus au Québec (une voiture sécuritaire, « fiable »), en relation avec l'anglicisme secure (ci-dessous).
■  SÉCURISER v. tr., en psychologie et couramment (1968), signifie « donner un sentiment de sécurité à (qqn) ». ◆  Ce verbe a fourni SÉCURISANT, ANTE adj. (1959 chez Hervé Bazin, in T.L.F.), SÉCURISATION n. f. (1968) devenus rapidement usuels, au point de concurrencer apaisant, apaisement et des mots analogues. ◆  Le préfixé et contraire INSÉCURITÉ n. f. (1794) s'oppose à sécurité. ◆  BIOSÉCURITÉ n. f. (1990) « prévention des risques liés aux biotechnologies, comme les cultures transgéniques ».
SÉCURE adj. est un anglicisme courant en français du Québec, rare en français d'Europe, pour « sûr », à propos des choses (« sans danger ») et des personnes (« en sécurité »). L'anglais secure est un emprunt de la Renaissance au latin securus qui a donné par voie populaire le français sûr et l'anglais sure (surety, devenu rare, est emprunté au français seürté, sureté). INSÉCURE adj., lui aussi pris à l'anglais, a pris en français du Québec le sens de « qui manque d'assurance, craintif », outre la valeur d'origine « qui n'est pas, ne se sent pas en sécurité ».
SÉCURIT n. m., marque déposée dénommée d'après verre ou vitre de sécurité, s'emploie (1959) à propos du verre de cette marque, qui se brise en très petits morceaux après un choc. En apposition, verre sécurit.
SEDAN n. m. désigne (1803) un drap fin et uni, qui se fabriquait à l'origine à Sedan.
SÉDATIF, IVE adj. et n. m. est emprunté (1314) au latin médiéval sedativus « calmant », terme de médecine, dérivé de sedatum, supin du latin classique sedare, proprement « faire asseoir », d'où « calmer, apaiser ». Sedare est le causatif de sedere, au supin sessum, « être assis » (→ seoir ; sédentaire, sédiment).
❏  Ce terme de médecine conserve le sens du latin ; il s'est employé dans sel sédatif « acide borique » (1751). Eau sédative « lotion ammoniacale camphrée » (1855) est encore en usage.
■  Le substantif un sédatif n. m. (1495), « médicament qui calme la douleur ou l'excitation d'un organe », est usuel mais concurrencé par des mots plus récents (tranquillisant, etc.).
❏  SÉDATION n. f., terme didactique de médecine, est emprunté (1314) au latin sedatio « action d'apaiser, de calmer » (dérivé du supin sedatum) ; on a aussi écrit cedation (v. 1520). ◆  Qualifiant en moyen français l'apaisement d'une querelle (1397, cedation ; XVe s., sedation), le mot est sorti d'usage en français moderne.
SÉDENTAIRE adj. et n. est un emprunt savant (1555 ; 1492, selon Bloch et Wartburg) au latin impérial sedentarius « à quoi on travaille assis » et « qui travaille assis », dérivé de sedens, -entis participe présent du latin classique sedere « être assis » (→ seoir ; sédatif, sédiment).
❏  Le mot signifie d'abord « qui se passe, s'exerce dans un même lieu », en parlant de la vie, du travail, etc. (1555). Au début du XVIIe s., il reprend le sens latin de « qui demeure ordinairement assis », qualifiant par extension une personne qui ne quitte guère son domicile, qui sort ou voyage peu (1611) ; il est alors aussi substantivé. ◆  À la même époque est attesté le sens de « fixe, attaché à un lieu », en parlant d'un fonctionnaire, d'un parlement. On a parlé au XIXe s. de troupes sédentaires « qui ne changent pas de garnison » (1812), opposé à mobiles, d'où un sédentaire (1875) « soldat sédentaire ». ◆  Aujourd'hui, le mot s'applique aussi à des populations dont l'habitat est fixe (déb. XXe s.), opposé à nomade (en parlant de groupes humains) et à migrateur (à propos d'animaux).
■  L'adjectif s'est appliqué spécialement (1768) à une araignée qui se tient immobile sur sa toile ; de là vient Sédentaires n. f. pl., nom ancien d'un genre d'aranéides (1828). Sédentaires n. m. pl. a désigné ensuite (1859) un ordre d'annélides vivant dans des tubes.
❏  Sédentaire a fourni SÉDENTAIREMENT adv. (1578), littéraire et rare.
■  Les autres dérivés sont formés savamment sur le radical latin. ◆  SÉDENTARITÉ n. f. (1819) est littéraire en parlant d'une personne sédentaire et didactique appliqué au mode de vie d'une population. ◆  SÉDENTARISER v. tr. (1910) « rendre sédentaire », terme de géographie, s'est aussi employé (1930) pour « attacher à un lieu fixe (un employé) ». ◆  Le verbe a pour dérivés SÉDENTARISATION n. f. (1934), « processus par lequel des populations nomades deviennent sédentaires », et SÉDENTARISME n. m. (1911), terme de géographie qui s'oppose à nomadisme.
SÉDIMENT n. m. est emprunté (v. 1560, Paré) au latin impérial sedimentum « tassement », élargissement de sedimen « dépôt », terme de médecine (Ve s.), dérivé de sedere « être assis », au figuré « être fixé » (→ seoir).
❏  Le mot est introduit comme terme de médecine, désignant d'abord (v. 1560) les parties solides que laisse déposer l'urine, avec une valeur plus générale ensuite (1611).
■  Le mot est passé au XVIIIe s. dans le vocabulaire de la géologie, désignant (1779) un dépôt naturel formé par les eaux, le vent, etc. Cet emploi est un réemprunt au latin scientifique sedimentum ayant acquis ce sens vers la fin du XVIIe s., après les travaux fondamentaux de Sténon.
❏  Les dérivés et composés de sédiment sont pour la plupart des termes de géologie.
■  SÉDIMENTAIRE adj. (1838) signifie « formé de sédiments » et qualifie une catégorie essentielle de terrains.
■  SÉDIMENTATION n. f. s'emploie pour « fait de se déposer en sédiments » (1861) et aussi comme terme de médecine (1933, notamment dans vitesse de sédimentation).
■  SÉDIMENTER v. tr., « former par sédimentation » (1922 au pronominal), dérive de sédiment ou de sédimentation.
■  SÉDIMENTOLOGIE n. f. (mil. XXe s.), de -logie*, d'après l'anglais sedimentology (1932), désigne la discipline géologique qui a pour objet l'étude de la sédimentation, d'où SÉDIMENTOLOGUE n.
SÉDITION n. f. est un emprunt savant (1213 sedicion) au latin seditio « action d'aller à part », « désunion, discorde », « soulèvement, révolte » (dans le vocabulaire de la politique ou militaire). Ce mot a été formé directement (il n'existe pas de verbe °sedire), peut-être d'après secessio (→ sécession), de sed-, préfixe marquant la séparation, et de itio, -onis « fait d'aller, marche », dérivé de itum, supin de ire « aller », qui a fourni le futur et le conditionnel de aller* et entre dans de nombreux composés (→ errer) ; itio (comme itus « action de partir, de marcher ») apparaît surtout en composition (ambitio, reditio, etc.).
❏  Le mot s'est introduit en français avec le sens d'« émeute populaire, révolte, soulèvement contre une puissance établie », qu'il a conservé. Il s'est aussi employé de manière plus large pour « tumulte » (1334, sedicion), « résistance » (fin XIVe s.), « querelle, discorde » (1440-1475) et à l'époque classique (v. 1640) en parlant du trouble des passions, avec le même sémantisme figuré que révolter, révoltant et révolution. Ces emplois sont archaïques et le sens initial est seul demeuré vivant, dans un usage littéraire.
❏  Les dérivés SÉDITIONNAIRE adj. (1533) et SÉDITIONNER v. tr. (1829) ont disparu.
SÉDITIEUX, EUSE adj. est emprunté (v. 1355) au latin seditiosus « factieux », « exposé aux troubles » (dérivé de seditio) et en garde le premier sens. L'emploi substantivé (1413) est littéraire et rare. ◆  En dérive SÉDITIEUSEMENT adv. (v. 1355), littéraire et rare.
SÉDUIRE v. tr. est une réfection d'après le latin (1440-1475) de l'ancien français suduire (v. 1120), puis soduire (1165-1170), souduire (XIIe s.), issu du latin seducere. Ce verbe latin signifiait « emmener à part, à l'écart », « séparer », « diviser (en parlant de lieux) », puis en latin ecclésiastique « corrompre, séduire ». Il est composé de se, qui marque la séparation, l'éloignement, la privation (par un sens particulier du groupe du réfléchi se ; → se, à soi), et de ducere « tirer à soi », d'où « conduire, mener » et, dans la langue familière, « tromper », qui a servi de base à de nombreux composés (→ conduire, induire, produire, traduire). Ducere est de la même famille que dux, ducis « chef » (→ duc ; aqueduc). L'ancien français suduire était issu d'un autre composé de ducere, subducere (de sub- ; → sous) « tirer de bas en haut » et « retirer, soustraire », « enlever à la dérobée » et, dans des expressions, « compter, calculer ». Subducere a pris en latin populaire le sens de « séduire » à seducere (Cf. italien soddure à côté de sedurre), et suduire signifie « séduire, corrompre, suborner ».
❏  Séduire est sorti d'usage au sens initial de « détourner du vrai, faire tomber dans l'erreur ». De même, l'emploi de séduire de faire qqch. « détourner (d'une bonne action) » (1460-1465) puis (1530) séduire, prolongé par la construction séduire à faire qqch. (1636), a disparu. ◆  Le verbe s'est aussi employé pour « mutiner » et, dans le domaine juridique (1465), pour « suborner, corrompre (des témoins) ». ◆  De l'idée de « corrompre », on est passé à l'acception moderne « amener (une femme) à se donner » (1538), puis vers la fin du XVIIe s. au sens de « convaincre (qqn) en employant tous les moyens de plaire » (1698), sens aujourd'hui archaïque, le verbe n'ayant plus de connotation intellectuelle. Séduire ne correspond plus qu'à l'idée de « plaire », comme séduction. Cette valeur se développe au XVIIIe s., soutenue par les emplois de séduisant, séducteur et séduction.
❏  SÉDUISANT, ANTE adj., du participe présent, d'abord appliqué à des paroles propres à plaire et à tromper (1542), qualifie une personne qui peut séduire grâce à son charme (1712) ou ce qui attire fortement (1760).
SÉDUCTEUR, TRICE n. et adj., réfection savante (v. 1370) de seduitor (v. 1155), reprend le latin ecclésiastique seductor, dérivé de seductum, supin de seducere. ◆  Le mot a remplacé des formes de l'ancien verbe soduire, souduire, comme sodeor (déb. XIIIe s.), sourduiseur (v. 1330), puis du verbe moderne séduire, comme seduiseor (XIVe s.), seduiseur (1464), au féminin seduiresse (v. 1350).
■  Le sens de « personne qui fait tomber en erreur », le seul au moyen âge, au masculin comme au féminin seductrice (1431), demeure jusqu'à l'époque classique, notamment dans esprit séducteur « démon » (1690) ; il est sorti d'usage ensuite.
■  L'adjectif s'emploie aussi dans le domaine amoureux (1546), mais n'est usuel dans ce sens qu'au début du XVIIIe s. (1718). Le nom, à partir du XVIIe s., désigne un homme qui « séduit » une femme ou une fille, c'est-à-dire l'entraîne à des relations sexuelles hors mariage (1662, Molière, Dom Juan). Ensuite, l'évolution correspond à celle de séduire, et séducteur se rapproche des valeurs de séduisant.
SÉDUCTION n. f. est emprunté (1165-1170) au latin classique seductio « action de mettre à part », « séparation » et dans le vocabulaire ecclésiastique « corruption », dérivé de seductum.
■  Le mot équivaut d'abord à « trahison », puis « tromperie par laquelle on fait tomber qqn en erreur » (1564, aussi esprit de séduction « démon »), sens vivant à l'époque classique. Il s'est dit de l'action d'exciter à la mutinerie (1461) ; ce sens a disparu plus tôt que le précédent.
■  Désignant l'action d'entraîner par un charme irrésistible (1680), séduction prend au XVIIIe s. (1734, Voltaire) le sens de « moyen de séduire, de plaire ». Le mot entre dans le vocabulaire de la psychanalyse au XXe s. (scène de la séduction), d'après une théorie plus tard abandonnée par Freud.
SÉDUM n. m., réfection (1714) de sedon (1680) d'après le latin sedum « rhubarbe », est l'un des noms de l'orpin, plante des toits et des murs.
SÉFARADE adj. et n., d'abord noté Sepharadin (1875), est emprunté au nom hébreu Sepharad « Espagne ». Le mot désigne en histoire un juif d'Espagne, du Portugal, au Moyen Âge. Par extension, il s'applique aux juifs originaires des pays méditerranéens (Europe, Maghreb...), par opposition aux ashkénazes d'Europe centrale.
SÉGA n. m., mot d'un créole de l'océan Indien, venant d'un mot d'une langue bantoue (seka), désigne une musique et une danse très rythmées, ainsi que les chansons en créole sur cette musique. L'expression piquer un séga est usuelle pour « se mettre à jouer, chanter un séga ». Séga typique, en français de l'île Maurice, accompagné d'instruments traditionnels. Séga engagé, à thème politique.
❏  SÉGATER v. intr., en français de l'océan Indien, « danser le séga » ; SÉGATIER n. m., chanteur, danseur et auteur de ségas, est courant en français mauricien.
SEGGAE n. m., mot-valise formé de séga et reggae, désigne depuis 1982 une musique en honneur à l'île Maurice, dans une intention de métissage culturel.
SEGMENT n. m. est emprunté (1596) au latin segmentum « coupure, entaille, incision » et par figure « bande taillée, chamarrure », dérivé de secare « couper » (→ scier ; secteur, section).
❏  Segment est introduit en géométrie, désignant une portion de cercle comprise entre un arc et la corde qui le soutient, d'où ensuite segment de sphère (1691) et segment sphérique (1835), segment de ligne droite (1871) puis segment de droite (1893). La valeur de « portion » se conserve dans les emplois postérieurs. ◆  Le mot est littéraire au sens général (1756) de « partie d'un tout continu » et didactique en botanique (1765, segments de feuilles), en anatomie animale et humaine (1812 ; Cf. article pour les insectes) et en parlant des annélides et des arthropodes (1904). Il entre dans d'autres domaines spécialisés au XXe s., par exemple en mécanique (1861, segment de piston). En linguistique, il correspond à « élément distinct » (v. 1960), comme dans certaines techniques d'analyse (statistique, etc.) en informatique, etc.
❏  Segment a produit plusieurs dérivés didactiques.
■  SEGMENTAIRE adj. (1838-42, Acad.) signifie, « relatif à un segment ».
■  SEGMENTER v. tr. (attesté 1873) et SEGMENTATION n. f. (1855, au sens général), notamment en biologie (1884), ont pris une valeur plus générale.
■  Le composé BISEGMENTER v. tr. (XIXe s.) a fourni BISEGMENTATION n. f. (XIXe s.).
■  SEGMENTAL, ALE, AUX adj. (1893 en anatomie ; repris mil. XXe s.), d'après l'anglais segmental, a donné en linguistique SUPRASEGMENTAL, ALE, AUX adj. (v. 1960), qualifiant un trait réparti sur plusieurs segments d'énoncé (par exemple la négation dans « ça n'existe pas » ; en phonologie, la nasalité, etc.).
L SÉGRAIS n. m. vient du latin secretum, neutre de l'adjectif secretus « séparé » (→ secret). Son attestation tardive (XVIIe s.) laisse supposer un mot oral, d'usage régional, désignant un bois séparé des grands bois ou d'une forêt, et exploité à part.
❏  SÉGRAIRIE n. f. est le nom correspondant à SÉGRAYER n. m. « garde forestier d'un ségrais », pour désigner aux XVIIe et XVIIIe s. l'office de ce garde et aujourd'hui, en droit, la possession indivise d'un bois avec l'État ou d'autres particuliers, et ce bois.
SÉGRÉGATION n. f., réfection (av. 1535) de segregacion (1374), est emprunté au bas latin segregatio « séparation », formé sur segregatum, supin du latin classique segregare, proprement « séparer du troupeau », puis « mettre à part, isoler, éloigner ». Ce verbe est composé du préfixe se- marquant la séparation (→ séduire) et de grex, gregis désignant une réunion d'animaux ou d'individus de même espèce (→ grégaire, grège), à côté de pecus (→ pécule), mot désignant le troupeau en tant que bétail.
❏  Le sens premier, « action de séparer » en parlant d'une masse ou d'un groupe, est aujourd'hui didactique. En français contemporain le mot s'applique au domaine humain, désignant d'abord la pratique de l'isolement des habitations et des établissements des colonisateurs, dans les pays colonisés, puis (ségrégation raciale) la séparation organisée et réglementée de la population de couleur par rapport aux Blancs. De là vient l'emploi étendu du mot (XXe s. : 1930, Morand) à propos de la séparation de droit ou de fait de personnes, de groupes, en raison de leur race, puis (1953) de leur niveau d'instruction, de leur condition sociale, etc. Une idée voisine est exprimée par apartheid. ◆  Ségrégation est passé dans le vocabulaire technique et scientifique (1927), où il désigne la séparation des phases d'un alliage, en biologie et en géologie. Dans ces emplois modernes, il procède de l'anglais segregation, de to segregate, emprunt au latin segregare.
❏  De l'emploi de ségrégation en sciences a été dérivé savamment le nom féminin SÉGRÉGABILITÉ (mil. XXe s.), didactique.
■  De l'emploi dans le domaine humain et social viennent SÉGRÉGATIONNISME n. m. (v. 1950), SÉGRÉGATIONNISTE adj. et n. (v. 1950), d'où ANTISÉGRÉGATIONNISTE adj. et n. (v. 1950), de 1 anti-, à la manière d'antiraciste.
SÉGRÉGER v. tr., emprunté au latin segregare, s'est employé pour « séparer (un office d'un autre) » (1368, segreger), « une matière d'une autre » (1377), « une partie de la masse » (1482). Noté « peu usité » en 1771 (Trévoux), ce verbe est sorti d'usage.
■  Avec la graphie SÉGRÉGUER, venue de la prononciation de ségrégation, il s'emploie encore très rarement pour « mettre à part ». ◆  Le seul usage vivant correspond au sens moderne de ségrégation et vient de l'anglais to segregate. Le verbe signifie alors « séparer par la ségrégation » (1954). ◆  SÉGRÉGUÉ, ÉE adj. (v. 1955), « qui est l'objet d'une ségrégation », est emprunté à l'anglais segregated, participe passé de to segregate.
SÉGRÉGATIF, IVE adj., didactique, est dérivé de ségréger au sens (1572) de « qui produit une séparation », repris au XIXe s. (av. 1845). Il qualifie aujourd'hui ce qui favorise la ségrégation raciale. ◆  L'adverbe SÉGRÉGATIVEMENT (1772, chez Rousseau) a disparu.
Le composé DÉSÉGRÉGATION n. f., didactique (av. 1964), de 1 dé-, se dit de la suppression de la ségrégation raciale ; en dérive DÉSÉGRÉGATIONNER v. tr. (av. 1972).
SÈGUE n. f., répandu en argot en France, est un occitanisme pris au provençal sego, du verbe sega « scier » (→ scie), par une métaphore sexuelle pour « masturbation masculine » (se taper une sègue).
❏  se SÉGUER v. pron., « se masturber », a la même valeur figurée que branler « passer son temps sans rien faire ».
SÉGUEDILLE n. f. apparaît sous la forme séguidille en 1630, dans le Guzman d'Alfarache de Chapelain, et séguedille en 1687. Le mot est emprunté à l'espagnol seguidilla, nom d'une danse, diminutif de seguida « suite », dérivé de seguir « suivre », verbe issu de sequere, forme active et rare du latin sequi (→ suivre).
❏  Le mot désigne une danse espagnole de rythme rapide, accompagnée de guitare et castagnettes et, par extension, la musique et le chant qui accompagnent cette danse.
SEGUIA ou SEGHIA n. f. est un emprunt (1897) à l'arabe, désignant un canal d'irrigation, parfois un petit cours d'eau, au Maghreb.
1 SEICHE → SEC
L 2 SEICHE n. f., réfection (v. 1270) de seche (XIIe s.), est issu du latin sepia « seiche » et « encre », lui-même emprunté au grec sêpia, dont l'étymologie reste obscure : on a rapproché le terme de sêpesthai « être pourri », à cause du liquide noir émis par l'animal, mais le rapport sémantique n'est pas clair. On retrouve le mot latin dans l'italien seppia, le catalan cepia ou cipia, l'ancien provençal sepia (1200), sipia (XIIe s.) et des mots français régionaux, tel supion « petit calmar ». L'espagnol jibia et le portugais siba sont empruntés au mozarabe xibia, qui vient lui-même du latin.
❏  C'est le nom d'un mollusque céphalopode pourvu d'une glande sécrétant un liquide brun foncé. Sa coquille interne est nommée os de seiche (1606 ; Cf. os de sépia, v. 1350, en ancien provençal).
❏  SOUCHOT n. m. est un dérivé dialectal de seiche. Le mot désigne le mollusque comestible aussi appelé sépiole.
❏ voir SÉPIA.
3 SEICHE n. f. est la modification (1742) de sèche n. f., féminin de sec (dans à sec). Le mot, didactique, désigne en géographie l'oscillation de la mer dans un golfe fermé, ou celle de l'eau d'un lac (les seiches du Léman). ◆  En physique, il s'applique à l'onde stationnaire de la surface d'un liquide contenu entre deux parois (modèle physique des seiches géographiques).