SÉIDE n. m. est attesté avec certitude en 1815, mais le mot aurait été employé en 1803 par Bernadotte, selon B. Constant, dans un texte que cite Chateaubriand. Le nom vient de Séide, francisation de l'arabe Zǎyd (ibnḤāri̠ta), nom d'un affranchi du prophète Mahomet, aveuglément soumis à ses ordres ; ce personnage a été mis en scène par Voltaire dans la tragédie Mahomet (1741).
❏
Séide se dit d'un adepte fanatique d'une doctrine, entièrement dévoué aux volontés d'un chef ; le mot a en général une connotation péjorative en parlant des personnes attachées à un chef politique (Cf. sbire).
L
SEIGLE n. m. est emprunté (1286) à l'ancien provençal segle (XIIe s.) ou issu du latin impérial secale « seigle ». On relève en ancien et en moyen français des formes très variées issues par évolution phonétique du latin : soigle (v. 1172, Chrétien de Troyes), seicle (déb. XIIIe s.), sueigle (1296, Berry) et, par réduction de la diphtongue, segle (v. 1225) ; dans seigle, cette diphtongue n'est plus marquée que graphiquement. Dans la France du Nord, les formes dominantes sont de type soile (v. 1180) en Picardie, Flandres, etc., soille (mil. XIIIe s.) puis seille (XVe s.) en Normandie, Anjou, Poitou. Pour les formes méridionales, on trouve segel, seguel (v. 1440), segla (XIIIe s., Dauphiné), en occitan segal, segle, d'où segolar, segala « terre à seigle ». Le latin secale, mot sans doute emprunté, ne peut être rapproché de secare « couper » (→ scier), les langues romanes impliquant un a bref (Cf. l'italien segale, le roumain secara, etc.).
❏
Le mot désigne une céréale et son grain. Il s'est employé pour « bière brassée avec du seigle » (1625) et, par métonymie, pour « champ de seigle » (1803 ; au pluriel, 1837, chez Hugo), sens attesté au XIVe s. dans les Flandres pour la forme ancienne soille. Cette métonymie est commune aux mots désignant les céréales (Cf. blé).
❏
SÉGALA n. m., équivalent occitan du mot français seigle, désigne dans le Massif central une terre à seigle sur un plateau. Il est attesté en français régional (1868).
L
SEIGNEUR n. m. est une suffixation nouvelle (XIIe s.) de seignur, seignor (Chanson de Roland, 1080), précédé par senior (v. 980), seinor (fin Xe s.). En ancien français, le mot appartient à la 3e déclinaison qui présente au singulier deux formes très différentes : seigneur, cas régime, est issu du latin classique seniorem, accusatif de senior (→ senior), le nominatif qui a abouti, à partir de la forme réduite °seyor, à sire, cas sujet en ancien français (→ sire ; sieur). Senior représente le comparatif de senex, senis « vieux » et nom masculin « vieillard » (→ sénile) ; senior substantivé s'oppose à junior (alors que vetus → [vieux] s'oppose à novus [→ neuf]) et comporte dès le Ier s. une nuance de respect que la langue ecclésiastique développe. La base du latin se retrouve dans d'autres langues indoeuropéennes, par exemple l'irlandais sen, le védique sánaḥ, l'avestique hanō. Pour désigner des personnages de haut rang, senior s'est substitué à dominus « chef, souverain » en latin classique et s'est employé en latin ecclésiastique en parlant de Dieu.
❏
Dès ses premiers emplois (fin
Xe s.), le mot signifie « souverain » en parlant à Dieu ou de Dieu, d'où
Notre Seigneur désignant Jésus-Christ (v. 980) et Dieu (v. 1120) et ensuite
Seigneur Dieu (
XV ;e s. 1672,
le seigneur Notre Dieu). Outre
Notre Seigneur, encore en usage, l'expression
le jour du Seigneur, d'abord « jugement dernier » (1550), s'emploie en français moderne (1870) pour désigner le dimanche, et l'exclamation
Seigneur ! (1680, M
me de Sévigné) équivaut à
mon Dieu !
◆
Parallèlement, c'est la désignation d'une personne noble, d'un haut rang (fin
Xe s.) ; de là vient l'emploi disparu pour « empereur » (v. 1240) et comme adjectif pour « puissant ». En ancien français le mot est utilisé pour de nombreuses fonctions sociales qui impliquent au moyen âge un pouvoir : « mari » (v. 1050), valeur conservée dans l'emploi plaisant de
mon seigneur et maître (1662), et « maître, patron » (v. 1050), « propriétaire » (
XIIIe s.), avec les locutions
seigneur et maître « propriétaire » (
XIIIe s.) et
être mis à seigneur de (qqch.) « en possession de » (1344).
Seigneur est aussi un terme de civilité donné à des non-nobles (v. 1050), en usage à l'époque classique dans le style élevé, et le titre donné à divers personnages (membre d'États généraux, d'un Parlement, etc.).
◆
Seigneur s'emploie (1080), aujourd'hui comme terme d'histoire, pour désigner un homme de qui dépendent des terres et des personnes, dans le système des relations féodales
(Cf. suzerain). C'est aussi un titre honorifique, conservé jusqu'à la fin de l'Ancien Régime et employé notamment en parlant des grands personnages de l'Antiquité (1080), usage constant dans le théâtre classique. Par extension, il s'est dit à propos des saints (v. 1155) et des ecclésiastiques (v. 1175).
◆
Il désigne en général (v. 1175) une personne qui commande en maître, occupe une position dominante souvent par naissance
(Cf. prince, roi). Grand seigneur « personnage noble de haut rang » (1250), expression en usage jusqu'au
XIXe s., subit un déplacement sémantique et s'emploie aussi pour « seigneur riche », avec la variante
gros seigneur (1532), puis à propos de toute personne riche, en particulier dans
faire le grand seigneur (1690 ;
faire le seigneur, 1671),
vivre en grand seigneur (1694).
Le grand seigneur (1580), à l'époque classique, désigne en particulier l'empereur des Turcs (dit plus tard
le Grand Turc).
◆
À la fin du
XVIe s., le mot s'est employé aussi comme titre de dérision appliqué à un fanfaron, puis comme terme ironique pour « individu » (1617). La locution disparue
seigneur du parchemin désignait une personne anoblie depuis peu (1718).
■
Seigneur et ses dérivés, usuels et importants en ancien français et jusqu'à l'époque classique, sont aujourd'hui des mots historiques.
❏
Le dérivé
SEIGNEURIE n. f. (fin
XIIe s.), d'abord
seignorie (v. 1130), a eu le sens large de « domination, autorité » et spécialement, dans le système féodal (1135), de « droits du seigneur ». Il s'est employé par métonymie avec une valeur collective au sens (v. 1150) de « réunion des seigneurs, cour (d'un roi) », d'où au début du
XVe s. « noblesse », encore au début du
XVIIe s., et pour « luxe, train de seigneur » (v. 1150).
◆
Il signifie aussi en ancien français (1165-1170) « terre d'un seigneur » et (1264) « droits féodaux attachés à cette terre », emplois aujourd'hui historiques.
◆
Au début du
XIIIe s., le mot prend diverses acceptions liées au statut social du seigneur, « premier rang », « haute qualité », « influence » et (v. 1275) « acte noble de seigneur ».
◆
Votre seigneurie s'est utilisé (
XIVe s.) à l'époque classique en écrivant à une personne digne de respect, puis par plaisanterie (1858) en s'adressant à une personne quelconque.
Sa seigneurie (1625), d'abord employé en parlant à des personnes investies d'une certaine dignité, était le titre (1835) donné aux pairs de France sous la Restauration, comme
votre seigneurie.
◆
Au Canada, la
seigneurie était une terre octroyée par le roi (avant 1789) puis par le roi ou l'État, selon les époques, à une personne, à charge d'y concéder des parties à des colons pour l'exploiter, moyennant redevance.
■
SEIGNEURIAGE n. m., terme de féodalité (1421) au sens général de « droit du seigneur », est une réfection de seignurage « seigneur » et « terre seigneuriale » (fin XIe s.), puis seignorage « autorité du suzerain » (1165-1170).
◆
Le mot signifie en ancien français « puissance de Dieu » (1120) et au figuré « puissance (de faire qqch.) » (v. 1155), « considération, honneur » (v. 1165). En histoire, il s'emploie en particulier pour désigner le droit de battre monnaie.
■
SEIGNEURIAL est d'abord nom masculin en 1372 (Oresme) pour « seigneur, maître », puis SEIGNEURIAL, ALE, AUX adj. (1408) correspond à « du seigneur ». C'est une réfection de seignourel adj. (1174, en ce sens), antérieurement seignuril (1080).
◆
L'adjectif s'applique par extension à ce qui est digne d'un seigneur. En ancien français, il est synonyme de « distingué, gracieux » (1534 ; fin XIIe s., seignori).
◈
MONSEIGNEUR n. m., formé du possessif
mon et de
seigneur (→ monsieur à sieur),est utilisé comme titre, en appellatif, dès ses premiers emplois : d'abord pour accompagner le nom d'un saint (v. 1155,
mon seigneur) puis (
XIIIe s.) le nom de personnes nobles, aujourd'hui seulement pour les princes des familles souveraines. Le pluriel
messeigneurs est attesté vers 1350 ;
nosseigneurs, rare après 1650.
Monseigneur était en particulier l'appellation du Dauphin de Louis XIV ; le mot a été pris au
XVIIIe s. pour titre de membres du gouvernement, de l'armée, usage repris sous Napoléon I
er.
◆
Il s'est dit en parlant à un prêtre (1250) et s'est placé devant le nom d'animaux personnifiés (apr. 1250,
Roman de Renart), emploi conservé dans la fable à l'époque classique, en concurrence avec
seigneur (par exemple chez La Fontaine).
◆
On le trouve encore devant le nom de cardinaux ou de grands prélats (v. 1350) et, dans cet emploi, il s'emploie aussi comme désignation (non appellative), en concurrence avec l'italianisme
monsignor.
◆
Monseigneur, comme
seigneur, s'est employé (v. 1430) par extension comme titre de personnes qui ont un pouvoir : le père, le maître de la maison (par les serviteurs), le mari.
■
Par une évolution obscure, le mot désigne (1723) un levier employé par les voleurs pour forcer les portes, moins courant que PINCE MONSEIGNEUR n. f. (1827).
■
Le dérivé MONSEIGNEURISER v. tr., « appeler du titre de monseigneur » (1704), est sorti d'usage ; il était employé par plaisanterie comme le pronominal se monseigneuriser (1692).
■
MONSIGNOR(E) n. m. est un emprunt attesté au XVIIIe s. (1769, Voltaire) à l'italien monsignore, qui correspond au français monseigneur.
◆
Il désigne certains dignitaires de la cour papale, au Vatican.
❏ voir
SENIOR, SIEUR, SIRE.
L
SEILLE n. f. issu (1180) du latin situla, dont une variante populaire est à l'origine du mot seau* et désignait un seau en bois ou en toile. Le mot s'est employé jusqu'à aujourd'hui en milieu rural et régional.
❏
Le dérivé SEILLON n. m. (1355), « petit seau », s'est spécialisé au XIXe s. (attesté en 1877) dans le transport du lait et à propos d'un baquet plat pour recueillir le vin écoulé lors du soutirage.
◆
SEILLOT n. m. est propre à des usages régionaux français et au français de Suisse. Le mot a été repéré en latin moderne (seillotos) dès 1442 (Jaakko Ahokas) ; il est resté vivant en français de Franche-Comté et de Suisse pour « petite seille, notamment pour recueillir le lait à la traite ». En Suisse, on emploie aussi seillon (attesté en 1374, sous la forme salion) et seille, extrêmement courant pour « large seau de bois à anses », et plus largement pour « seau » dans de nombreux contextes de la vie rurale, et au figuré, dans pleuvoir des seilles. Prendre une seille signifie au figuré « subir une lourde défaite ».
◆
SEILLÉE n. f., autre dérivé de seille, désignait en moyen français (1307) le contenu d'un seau et s'emploie encore régionalement (Sologne) et en pisciculture.
SEIME n. f. (1665) semble être un emprunt à l'ancien provençal sem, adjectif signifiant « incomplet, imparfait », du bas latin semus, de semis, « moitié » (→ semi-). C'est un mot de médecine vétérinaire, dénommant une maladie du sabot des équidés, qui présente des fentes allant de la couronne à la sole.
L
SEIN n. m. est issu (v. 1120) du latin sinus, proprement « pli concave ou en demi-cercle », d'où « courbure, pli » et spécialement « pli demi-circulaire que forme la toge lorsqu'elle est relevée sur l'épaule » ; ce pli de toge ou de robe était celui dans lequel les femmes portaient leur enfant, d'où le sens figuré de « sein, poitrine ». Une autre valeur figurée est « refuge, asile » et, dans des locutions, « intérieur de » (in sinu urbis « au cœur de la ville ») ; le mot a par ailleurs des emplois techniques : « enflure d'une voile », « baie ou crique en demi-cercle », etc. ; il est sans étymologie connue (→ 1, 2 sinus).
❏
Sein désigne d'abord l'espace entre la poitrine et le vêtement qui la couvre, sens disparu, et (v. 1150) la partie antérieure du thorax humain, acception courante à l'époque classique où
poitrine* était rare.
◆
Par réemprunt,
sein s'emploie comme en latin pour « intérieur » (v. 1155, en parlant d'un pays), d'où
sein de... « milieu de » (v. 1390 ; puis
XVIIe s.) et « partie intérieure », par exemple dans
le sein de la terre (fin
XVIe s.).
◆
Par métaphore du sens initial,
le sein d'Abraham désigne le refuge où étaient les âmes saintes avant la venue du Christ (
XIIIe s.) et correspond (fin
XVIe s.) à « paradis » ; on a aussi en ce sens
sein de Dieu (1845).
■
Au XVIe s., sein reprend plusieurs valeurs du latin sinus par réemprunt sémantique : « golfe » (1535), « voile gonflée par le vent » (1564) et « partie de la voile qui se gonfle », donné comme du « vieil gaulois », c'est-à-dire de l'ancien français, en 1636. Par ailleurs, le mot désigne au figuré l'esprit, le cœur de l'être humain (1538).
■
Depuis l'ancien français (v. 1200, le sain), sein désigne spécialement la poitrine de la femme acception normale au XVIe s., puis sortie d'usage, sein s'employant couramment (XVIe s.) pour chacune des mamelles de la femme. Cependant, le pluriel (les seins) et le singulier qui lui correspond (un sein) ne semblent usités qu'au XIXe s., les synonymes (mamelles, tétons) étant devenus soit archaïques, soit péjoratifs. Au XVIIe s., le mot s'était spécialisé pour désigner le sein féminin en tant qu'il sert à l'allaitement (1690), d'où prendre le sein « téter » (1771) et donner le sein (1802). Ces acceptions sont les plus vivantes en français moderne.
❏ voir
COSINUS, INSINUER, SINUEUX, 1 et 2 SINUS.
L
SEINE ou SENNE n. f. sont des formes relativement tardives : seine (1693), senne (1765), de saïne (fin XIIe s., hapax), puis saime (v. 1265), sayne (1611). Toutes sont issues du latin sagena « filet de pêche », lui-même emprunt au grec sagenê, terme technique.
◆
Les formes d'ancien français sans e final, sain n. m. « lien » (v. 1180) et « filet » (v. 1265), encore attesté au début du XVIIe s. chez Malherbe (sein), ont disparu en partie du fait de l'homonymie avec sein.
❏
Ce mot technique conserve le sens de l'étymon.
❏
Il a fourni SEINER v. tr. (1716 ; 1876, senner), « pêcher à la seine ».
L
SEING n. m. est issu (1165-1170) du latin signum qui a donné signe et signifie « marque distinctive », « signal » (→ signe).
❏
Seing a d'abord des emplois spécialisés : « marque (signe) sur la peau, naevus » (1165-1170), « marque pour délimiter le bois où l'on chasse aux filets » (v. 1170, écrit sain) et « but, cible » (v. 1270). Il est attesté en ancien et en moyen français depuis la fin du XIIIe s. (1283) au sens général de « marque, signe », en particulier de « marque imprimée au moyen d'un instrument » (1283), et se dit par métonymie d'un instrument pour marquer les mesures (1296) et d'une signature (XIIIe s.). C'est cette dernière acception qui se maintient à l'époque classique : seing prend le sens juridique de « signature qui atteste l'authenticité d'un acte » (1373) ; en ce sens, il s'écrit aussi sing (1538) ; on a dit également seng, seing manuel (1395, seng).
◆
Le seul emploi qui subsiste en droit est seing privé (1660) « signature d'un acte non enregistré devant notaire » (voir sous-seing).
❏
CONTRESEING n. m. a d'abord désigné (1350) la marque distinctive d'un orfèvre ; le mot se dit en droit (1564) d'une signature apposée à côté d'une autre, et qui la rend valable, puis (1384) de l'énonciation sur une lettre de la qualité de l'expéditeur, en vue d'obtenir la franchise postale.
■
BLANC-SEING n. m. (1671), d'abord blanc-signé (→ signer) puis blanc-sin (1573), terme de droit, désigne un papier signé confié à qqn pour qu'il le remplisse à son gré.
■
SOUS-SEING n. m., abréviation de (acte) sous seing privé, désigne (1773) un acte fait entre des particuliers sans intervention d'un officier ministériel.
❏ voir
SIGNE.
SÉISME n. m. est une adaptation (1885, T. L. F.), aussi sous la forme sisme (1889), — peut-être d'après l'anglais — du grec seismos « tremblement de terre », dérivé de seiein « secouer, ébranler », mots encore vivants en grec moderne et que l'on rapproche de mots de langues iraniennes signifiant « terreur, danger ». De seismos ont été aussi tirés les éléments SÉISM-, SÉISMO-, SISM-, SISMO- et des composés et dérivés attestés antérieurement (voir ci-dessous).
❏
La forme normale du nom est
sisme, mais la transcription littérale a amené la prononciation en
sé- isme, sur le modèle des mots en
-isme. Pour les composés, l'existence de
séisme et de formes en
seism- dans les langues germaniques (anglais, allemand) font que l'on utilise aussi les formes en
séismo-. En revanche,
sismisque est plus fréquent que
séismique.
■
Le mot désigne l'ensemble des secousses de l'écorce terrestre qui constituent un tremblement de terre.
◆
Il s'emploie aussi au figuré pour « bouleversement » (1928, Colette).
❏
Le grec
seismos, puis le français
séisme ont fourni les composés
MICROSÉISME n. m. (1903 ; av. 1877,
microsisme),
MACROSÉISME n. m. (1907) et le dérivé
SÉISMAL, ALE, AUX (1824) ou
SISMAL, ALE, AUX adj. (1871), « relatif aux séismes ».
◈
SISMIQUE (1871) ou
SÉISMIQUE adj. (1856) « relatif aux séismes », fréquent dans
secousse sismique, s'emploie aussi dans
prospection sismique (relevé en 1964) ou
sismique n. f. (v. 1979). L'adjectif s'est imposé avant le nom ; il en est de même pour l'anglais
seismic (1858) avant
seism (1883). L'étude des
ondes sismiques solaires se nomme
héliosismologie (ci-dessous).
◆
Le mot a produit
SISMICITÉ n. f. (1892).
■
Plusieurs composés devenus assez courants ont été formés, comme SISMOGRAPHE n. m. (1871 ; séismo-, 1858), dont dérive SISMOGRAPHIE n. f. (1902 ; séismo-, 1923) ; SISMOLOGIE n. f. (1881 ; séismo-, 1904), d'où SISMOLOGIQUE adj. (1881 ; séismo-, 1903) et SISMOLOGUE n. (1909). Ces composés apparaissent entre 1850 et 1860 en anglais ; sismographe a été formé en italien (sismgrafo, Palmieri, v. 1850).
◆
SISMOMÈTRE n. m. (1888) et SISMOMÉTRIE n. f. (XXe s.) sont aussi en usage.
◈
Les préfixés
ANTISISMIQUE adj. (1979) et
PARASISMIQUE adj. (1977) concernent les mesures et dispositifs destinés à lutter contre les effets des séismes ainsi que les bâtiments respectant les normes dites
parasismiques.
◈
Sur
sismologie, le préfixé
HÉLIOSISMOLOGIE n. f., composé didactique du grec
helios « soleil », a été formé en anglais (1983 ; de
sismology) et emprunté par de nombreuses langues, dont le français, en astrophysique. Le mot s'applique à l'étude de la structure du Soleil grâce aux ondes sismiques observables à sa surface.
❏ voir
SISTRE.
L
SEIZE adj. numér. et n. m. inv., réfection (v. 1250) de seze (v. 1155) et seise (v. 1220), est issu du latin sedecim, composé de sex « six* » et de decem « dix* ».
❏
Dès les premiers emplois (v. 1155), ce numéral cardinal est aussi numéral ordinal (là où le français moderne emploi seizième ; 1165-1170, la lune seze « arrivée à son seizième jour ») et nom masculin.
◆
L'adjectif est employé en imprimerie in-seize (1623) qui a remplacé en-seize (1690), disparu.
◆
Comme substantif, il désigne ce qui porte le numéro seize (1871, « le seizième jour du mois »).
❏
Seize a fourni plusieurs dérivés.
■
SEIZIÈME adj. et n., d'abord adjectif numéral ordinal, s'est écrit sezime (1138), seziesme (1380), sezième (1636), encore au milieu du XVIIIe s., et sous la forme moderne en 1665.
◆
Comme nom, il a désigné (1246) la seizième partie d'un ensemble, d'abord en parlant d'un impôt, puis au sens général (1606).
◆
Au féminin, c'est aussi un terme de musique (une seizième, 1705) et au piquet le nom d'une série de six cartes qui comptent seize points (1809).
◆
Le seizième pour « le seizième siècle » a fourni les dérivés didactiques SEIZIÉMISME n. m. (1942) et SEIZIÉMISTE adj. et n. (1922, n. m. ; 1945, adj. in T.L.F.).
■
SEIZIÈMEMENT adv. est attesté au XVIIe s. (1636, sezièmement).
◈
SEIZAIN n. m. (1669), d'abord
sezain « seizième » (v. 1200), est un terme d'histoire ; il a désigné un poème de seize vers (1574), le quart d'une once et un droit sur le blé (1611), une ancienne monnaie valant le quart d'un écu (1640,
sesin) et un drap de laine tissé à 1 600 fils (1669).
■
SEIZAINE n. f., d'abord « nombre de seize » (1605), est un terme technique (1752) désignant une petite corde.
L
SÉJOURNER v. intr. est la réfection (fin XIIe s.), probablement d'après séjour, de sejurner (fin XIe s.), sujurner (v. 1138), sejorner (av. 1150) ; ce verbe est issu du latin populaire °subdiurnare, composé de sub-, qui marque ici l'approximation (→ sous-), et du latin impérial diurnus « de jour », dont le neutre diurnum a abouti à jour*. On relève en moyen français des formes refaites d'après le latin : subjourner (1477), soubjourner (1541).
❏
Le verbe signifie dès l'origine « rester assez longtemps dans un lieu », « s'installer (pour un moment) ».
◆
Il s'est employé en ancien français (v. 1150) pour « se reposer (pendant un voyage) », « vivre en compagnie de (qqn) ». De ces acceptions viennent séjourner de (suivi de l'infinitif) « cesser de » (v. 1165), sans séjourner « sans s'arrêter » (v. 1270) puis « immédiatement » (av. 1550), emplois disparus.
◆
Les emplois transitifs de séjourner qqn « l'héberger », c'est-à-dire le faire reposer (v. 1175), sejourner des chevaux (fin XIIe s.) et au figuré se sejourner en qqch. « s'arrêter sur qqch. pour y songer, s'y complaire » (v. 1175), encore à l'époque classique, ont eux aussi disparu. Il en va de même pour d'autres emplois transitifs en parlant d'un sentiment, d'une qualité, pour « laisser reposer » (1567) ou encore séjourner un camp « l'établir » (1569).
◆
Un dernier emploi intransitif, pour « rester à la même place » (1600) avec un sujet nom de chose, est encore en usage, mais c'est le sens initial qui demeure le plus usuel.
❏
SÉJOUR n. m., attesté sous cette forme vers 1200, a eu comme le verbe diverses formes en ancien français, d'abord sujurn (1080), sujur puis sejur (v. 1138), sojour (v. 1155).
◆
Le nom désigne (1080) le fait de séjourner, d'abord dans la locution verbale prendre séjour, qui équivaut au verbe (1080) ; on relève en ancien français avec le même sens tenir séjour (1138), faire séjour (v. 1150).
◆
Séjour s'est dit (av. 1138) pour « demeure », avec les locutions disparues avoir sujur (v. 1138), a sejor (v. 1175) « en repos » et « chez soi », être a sejor (XIIe s.), être de sejour (fin XVIe s.) « se reposer ».
◆
L'emploi pour « repos, délassement » (v. 1155), en particulier dans la locution estre en sujor « être oisif » (v. 1165) puis « vivre en paix » (v. 1240), a lui aussi disparu.
◆
En revanche, l'idée de « repos » se maintient en moyen français, par exemple dans cheval de sejour « reposé » (apr. 1370), homme de séjour « frais, dispos » (déb. XVIe s.), et ne disparaît qu'en français classique.
◆
Parallèlement, de l'idée d'« installation durable » on passe aux sens de « temps où qqn séjourne » (v. 1175) et « pays où l'on habite », régional maintenant.
◆
En outre, le mot désigne en ancien et en moyen français un retard, un délai, dans des locutions comme sans nul autre sejur « immédiatement » (1165-1170), estre a sejur « s'attarder » (v. 1175), encore sot de séjour (v. 1460) « sot pour toujours, sot absolu ». Ce sens était encore en usage à l'époque classique.
◆
Séjour désigne aussi (déb. XIIIe s.) par métonymie le lieu où qqn demeure pendant un certain temps, acception aujourd'hui littéraire, d'où viennent les expressions séjour ténébreux « enfer » (apr. 1650), opposé à séjour des bienheureux (1690), et au XVIIIe s. petit séjour « maison de campagne » (av. 1776), disparues.
◆
Séjour désigne par extension (1681) le temps pendant lequel qqch. reste en un endroit, acception vieillie. Le mot s'emploie aujourd'hui dans salle de séjour ou séjour (→ salle).
L +
SEL n. m. est issu (v. 1150) du latin sal « sel » puis « toute substance salée ou amère », au pluriel (sales) « grains de sel » et, en poésie, « mer », à l'imitation du grec hals, halos « sel » et (n. f.) « mer ». Par figure, sal signifie aussi « esprit piquant », « finesse », « stimulant », et au pluriel « plaisanteries ». Comme le grec hals (→ haliotide, halo-) ou le vieux slave solĭ, sal est à rapprocher d'une forme celtique (irlandais salann) et du gotique salt (allemand Salz). On relève en ancien français les variantes sau, sal et même ser.
❏
Le mot, avec sa variante ancienne
sal, désigne une substance naturelle minérale, tirée de la mer ou de la terre, et d'un goût piquant (en termes modernes, le chlorure de sodium) ; son rôle pour l'assaisonnement et la conservation des aliments, essentiel au moyen âge, explique la variété des emplois et la diversité des dérivés. Les variétés sont appelées
sel gemme* (
XIIe s.,
sal gemme),
sel blanc « raffiné » (
XIVe s.,
sal),
sel commun (1549),
sel gris, sel marin (1694).
Aller au sel (1611) a signifié « acheter des vivres », ce qui montre l'importance de cette substance, notamment à l'époque de l'impôt sur le sel (gabelle) et des faux sauniers*.
■
Sel s'emploie d'après la métaphore biblique comme symbole de force spirituelle (1534) et dans la désignation de ses disciples par le Christ : vous êtes le sel de la Terre (1534), expression employée plus tard au figuré : « élément vivant, actif, supérieur, parmi les humains ».
Le mot est employé depuis le moyen français, par réemprunts, dans des expressions qui désignent des substances analogues, par exemple au
XIVe s.
sal, sel ammoniac « chlorure d'ammonium »,
sel de nitre (1314), plus tard désigné par le pluriel non qualifié du mot :
des sels, les sels (1764,
sels anglais), par exemple dans
respirer des sels. Le mot a désigné (v. 1560) tout corps solide soluble dans l'eau ressemblant au sel, jusqu'à Lavoisier ; l'ancienne chimie distinguait les
sels acides, alcalins et
neutres : c'est à cette acception large que se rattachent des syntagmes comme
sel de Saturne « acétate de plomb »,
sel d'enfer « salpêtre » (1690),
sel de terre « mercure » en alchimie (1721),
sel de Sedlitz « sulfate de magnésium » (1770). De tels emplois, dans le vocabulaire commercial, continuent à vivre après la révolution conceptuelle et terminologique de la chimie moderne : on parle ainsi de
sel d'Epsom (1812), de
sel de Vichy « bicarbonate de sodium » (1907).
◆
Par ailleurs, les sels (dans ce sens large et ancien) à usage médicinal s'appellent absolument
des sels (1792), cet emploi étant devenu archaïque au
XXe s.
◆
En français d'Afrique, on appelle parfois la potasse
sel végétal.
◆
C'est à la fin du
XVIIIe s., avec Lavoisier et Guyton de Morveau (1787), que
sel entre dans la nouvelle nomenclature chimique, le concept alors construit étant « composé dans lequel l'hydrogène d'un acide a été remplacé par un métal » ; comme
acide et
base, sel fait partie des anciens mots de chimie et d'alchimie qui acquièrent alors une valeur nouvelle ; le
sel (défini comme du chlorure de sodium) faisant partie des
sels dans ce sens chimique.
■
L'emploi figuré du latin « esprit piquant » a fait l'objet d'un emprunt au XVIe s. et le mot se dit métaphoriquement de ce qui donne du piquant, de l'intérêt à un propos, à un écrit. On parle notamment de sel attique (depuis 1586).
❏
Les dérivés, composés et emprunts à des dérivés latins sont nombreux ; ils sont formés sur
sal. Certains, avec l'initiale
sau- ou bien démotivés par rapport à la notion, sont traités à l'ordre alphabétique (ex.
salade, salaire, sauce, saucisse, saupoudrer). Tous attestent l'importance du mot et de la notion au moyen âge et à l'époque classique.
◈
SALER v. tr., dérivé de l'ancienne forme
sal (v. 1155), signifie « assaisonner avec du sel » et « imprégner de sel, pour conserver » (v. 1180,
saler une viande, un poisson), en technique (1723)
saler les cuirs.
◆
Le verbe s'est employé par figure (
XIIe s.) pour « battre (qqn) », d'où en argot ancien « adresser des reproches » (1862), et aujourd'hui « punir sévèrement » (attesté en 1933).
◆
Par une autre figure,
saler a signifié (1589) « vendre trop cher », d'où
saler qqn (1845) et
saler une note (1867).
■
Ce verbe a fourni plusieurs dérivés et composés.
◆
SALÉ, ÉE adj., tiré du participe passé, signifie d'abord « imprégné de sel » (v. 1160) et s'applique à ce qui contient naturellement du sel (1221, eau salée), à ce qui a un goût salé (1538). Le sens spécial « assaisonné de sel » ou « de trop de sel » (v. 1640) est resté usuel en cuisine. Beurre salé s'oppose à beurre doux.
◆
De porc salé vient petit salé n. m. (XVIe s. selon F. e. w.) « chair salée d'un jeune cochon », aujourd'hui « morceaux de poitrine moins salés ».
◆
À la fin du XVIe s., l'adjectif a qualifié, par figure et d'après la valeur métaphorique de sel, ce qui a du piquant, au XVIIe s. une personne. Aujourd'hui, il se dit seulement pour « grivois » (depuis fin XVIIe s. ; dans Saint-Simon).
◆
Au sens propre, le nom (du salé) a signifié « chair, poisson salé » (1636) ; seul le sens de « porc salé » (1636) s'est maintenu, sans éliminer petit salé (ci-dessus).
◆
Par figure, salé se dit familièrement pour « exagéré » (1660, d'un prix ; 1870, d'une condamnation).
◆
Au figuré, peut-être d'après l'argot des typographes, où salé désignait une avance sur la paye, le mot s'est appliqué aux relations sexuelles avant mariage (Cf. acompte). De cet emploi, avec l'expression morceau de salé, on serait passé à PETIT SALÉ (1867), en argot « enfant né avant le mariage » et à salé « nouveau-né » (1878).
■
SALÉE n. f. désigne en français de Suisse (sallaye, 1660 ; salée 1666) une pâtisserie garnie de sauce au fromage, à la crème, aux œufs et aux lardons. Malgré l'étymologie, on parle aussi de salées au sucre.
■
SALURE n. f. (1247, saleure ; repris 1559) désigne la proportion de sel contenue dans un corps et le caractère de ce qui est salé (XIIIe s., isolément ; puis 1562).
◆
Le mot s'est dit pour désigner l'action de saler (v. 1380), par métonymie le poisson ou la viande salés (v. 1470) et enfin la saumure (1611).
■
SALAGE n. m. a désigné (1281) un droit sur le transport du sel. Il se dit (1611) du fait de saler et de son résultat, spécialement aujourd'hui en photographie (1870), et en technique pour l'épandage de sel sur les chaussées (1907).
◆
Les emplois métonymiques pour « viande salée » (1611) et « quantité de sel employée pour saler la viande » (1690) ont disparu.
■
SALOIR n. m. (1470 salloir) de salouer (1376) s'est appliqué à ce qui sert pour la salaison, puis a désigné un pot destiné aux salaisons (1489), synonyme de saleur et du féminin saloire (1363), sens sorti d'usage.
◆
Il désigne surtout le lieu où l'on fait les salaisons (1546), puis la table sur laquelle on disposait les viandes à saler (1600) et le coffre renfermant la provision de sel, puis au XVIIe s. une boîte à sel (1631).
◆
Par figure, le grand saloir s'est employé populairement (1640) pour « cimetière », emploi disparu (saleur ci-dessous).
◆
Le mot a vieilli avec la disparition de la chose.
■
SALAISON n. f., attesté isolément au XVe s. (salloison), désigne la viande ou le poisson salés (v. 1455). Le mot, repris au XVIIIe s. dans ce sens (1723), s'est dit de l'action de faire le sel (1611), d'un impôt sur le sel (1636) et de la saison où l'on prépare les salaisons (1690).
■
SALANT, ANTE adj., terme technique, s'applique à ce qui produit du sel, spécialement dans marais* salant (1417, marays sallans). Salant n. m. désigne (1871) une étendue de terre proche de la mer où s'étendent des efflorescences de sel.
■
SALEUR, EUSE n. s'est dit (v. 1560) pour celui qui embaumait les morts (saloir ci-dessus). Le mot désigne aujourd'hui qqn dont le métier est de saler (1561, la morue, le hareng ; repris en 1721) et au déb. du XXe s. (1904 ; v. 1960, n. f.) un véhicule utilisé pour le salage des routes.
◈
Le préfixé
DESSALER v. tr., d'abord attesté au participe passé pour « qui n'est plus salé » (
XIIIe s.), est relevé à l'actif en 1393, après l'ancien provençal
desalar (1240).
■
Par figure, DESSALÉ, ÉE adj. signifie « déniaisé, rusé » (1565 ; 1640, n.) et s'est appliqué (1602) à un discours qui manque d'esprit, de « sel attique » (sens disparu).
■
Le verbe a fourni DESSALEMENT n. m. (1764), DESSALAGE n. m. (1877), noms d'action employés en technique, et DESSALURE n. f. (1906). Voir aussi dessaliniser, ci-dessous.
■
RESALER v. tr. est attesté en 1314.
◈
D'autres mots ont été dérivés de
sal, forme ancienne de
sel. SALÈGRE n. m., d'abord « sel qui s'attache au fond des poêles utilisés pour la fabrication artisanale du sel » (1660) puis « pâtée à base de graines écrasées et salées » (1791), est aujourd'hui un terme technique régional (1836), désignant une pierre imprégnée de sel que les animaux peuvent lécher à l'étable.
◈
Sur
sel ont été formés plus tard des composés :
PÈSE-SEL n. m. est un terme technique (1838).
◆
DEMI-SEL adj. inv. s'applique à quelques produits légèrement salés,
porc au demi-sel (1842),
beurre demi-sel (distinct de
beurre salé),
fromage demi-sel ou
un demi-sel n. m. (1929).
◆
DEMI-SEL n. m., argotique (1894), s'est dit d'un homme qui, vivant du proxénétisme, continue d'exercer un métier régulier ; ce sens viendrait de (beurre)
demi-sel, proprement « ni salé, ni pas salé », mais en même temps
salé s'oppose à
dessalé au figuré. Par extension (fin
XIXe s.), le mot désigne un homme qui affecte d'être du milieu, mais n'est pas reconnu comme tel (opposé à
homme).
■
PERSEL n. m., terme de chimie, désigne (1913) un sel — au sens chimique — dérivant d'un peracide (per- indiquant l'excès d'un élément, ici l'oxygène, par rapport à la normale).
◈
D'autres mots qui sont sentis comme rattachés à
sel, les dérivés français affectant la forme
sal, sont empruntés à des dérivés du latin
sal.
■
SALIÈRE n. f., réfection (v. 1225) de salere (déb. XIIIe s.) en concurrence avec le masculin saler attesté isolément (XIIe s.), est issu du latin salarius « par où l'on transporte le sel », et nom masculin « marchand de salaisons », dérivé de sal. Le mot désigne un petit récipient pour mettre le sel sur la table.
◆
Par analogie de forme, la salière étant formée d'un ou de deux creux, le mot désigne une partie enfoncée au-dessus de l'œil du cheval (1600 ; d'une personne, 1823) et familièrement un enfoncement derrière la clavicule, chez une personne maigre (1611), d'où la locution ancienne montrer ses salières « se décolleter » (1862).
■
SALERON n. m. est le dérivé diminutif (1406) de salere, ancienne forme de salière. Le mot désigne le creux de la salière.
◈
1 SALINE n. f. est issu du latin
salinae « salines » employé aussi au figuré pour « ce qui fournit des remarques piquantes » D'abord employé pour « rive d'un fleuve salée par la marée » (v. 1210), puis pour « lieu où se fait le sel » (v. 1245),
saline ne se dit plus pour « mine de sel gemme » (depuis 1596). Le mot désigne l'entreprise de production du sel, par exemple par évaporation de l'eau de mer (1870).
◆
Le dérivé
SALINIER, IÈRE n. (v. 1460,
sallenier en picard) signifie « producteur de sel », d'où
faux salinier (1499), puis (1803) « ouvrier dans une saline », aussi adjectif (1874).
◆
L'ancien verbe intransitif
salineir (1255), puis
saliner v. intr. (1449) a signifié « faire du sel ».
◆
Il en reste le dérivé
SALINAGE n. m. (1407, « droit de faire du sel »), aujourd'hui terme technique (1765).
◆
2 SALINE n. f., dérivé de
sal, sel, a désigné le fait d'être salé (1372), un poids de sel (1474), puis de la viande (1530) ou du poisson (1660) salés.
■
1 SALIN, INE adj. qualifie (av. 1590, Paré) ce qui contient du sel (1636, salain « salant »). Le nom, un salin, s'est employé (1660) pour désigner un droit sur le sel et a eu divers sens techniques (1765, en verrerie) ; aujourd'hui, il équivaut (1870) à « marais salant ».
◆
Il a pour dérivé SALINITÉ n. f. (1867), « teneur en sel », notamment appliqué à l'eau naturelle (mer, lacs salés).
◆
DÉSALINISER v. tr. « éliminer le sel contenu en solution dans un liquide, notamment l'eau de mer ». DÉSALINISATION n. f. (1970) se dit de l'opération technique (distillation, électrodialyse...) par laquelle on désalinise un liquide. Cf. dessaler, dessalage, ci-dessus.
◈
Un autre mot,
2 SALIN n. m., vient du latin
salinum « salière » ; il est attesté en ancien provençal au sens de « grenier à sel » (
XIIIe s.) puis en moyen français (1454) ; il a désigné (1680) un baquet employé par les revendeuses de sel.
◈
Plusieurs mots didactiques sont composés du latin
sal. SALIFÈRE adj. (1788,
montagne salifère).
◆
En chimie,
SALIFIER v. tr. (1789, Lavoisier) a fourni
SALIFIABLE adj. (1789) et
SALIFICATION n. f. (1800).
◆
SALICOLE adj. (1866),
SALICULTURE n. f. (1870), d'où
SALICULTEUR, TRICE n. (mil.
XXe s.), concernent la production de sel marin.
❏ voir
SALADE, SALAIRE, SALAMI, SALICORNE, SALMIGONDIS, SALPÊTRE, SALPICON, SAUCE, SAUCISSE, SAUCISSON, SAUGRENU, SAUMÂTRE, SAUMURE, SAUNIER, SAUPIQUET, SAUPOUDRER.
SÉLACIEN n. m. et adj. est un emprunt des naturalistes (1827) au grec selakhos « poisson cartilagineux », pour qualifier les poissons à cartilages et dénommer, comme nom, un ordre de poissons cartilagineux sans vessie natatoire, à peau couverte d'écailles ou de plaques (exemple : la raie).
SÉLECTION n. f. est d'abord un emprunt (1609) au latin selectio « choix, triage », dérivé de selectum, supin de seligere « choisir et mettre à part », composé de se-, qui marque la séparation (→ séduire), et de legere « ramasser, cueillir » (→ lire).
❏
Introduit au sens de « choix », le mot est très rare avant le XIXe siècle.
◆
Il est alors repris (1801) à l'anglais selection, attesté peu après le mot français (1656-1658), de même origine que lui, employé avec un sens plus spécialisé, désignant l'action de choisir méthodiquement, parmi des éléments de même nature, ceux qui conviennent le mieux selon certains critères. Sélection s'emploie en particulier (1857), toujours d'après l'anglais, comme terme d'élevage et d'agriculture, en parlant du choix d'animaux reproducteurs.
◆
Le français emprunte une nouvelle fois sélection (1864, Renouvier ; 1866, traduction de De l'origine des espèces par voie de sélection naturelle) dans la théorie de Darwin (qui emploie natural selection, en 1857) sur l'évolution, selon laquelle l'élimination naturelle des individus les plus faibles permet à l'espèce, par transmission de caractères, de se perfectionner d'une génération à l'autre ; le français employait élection en ce sens.
◆
C'est avec cette acception que le mot s'est répandu. Il désigne aussi, par métonymie du premier emploi (1887), l'ensemble des éléments choisis, spécialement (1908) en parlant de joueurs, d'athlètes pour une compétition (une belle sélection ; la sélection française...), en général avec l'idée d'élimination des moins aptes. Il s'emploie dans divers domaines techniques, par exemple en radio-électricité (1933), et aussi à propos du choix des candidats à un métier (1933), du classement d'élèves.
❏
Après un emploi isolé de
sélecte avant 1654 (Guez de Balzac) au sens de « choisi », par emprunt au latin
selectus, participe passé de
seligere, SÉLECT, ECTE adj. est ensuite repris (1831) à l'anglais
select adj. (1565, en parlant de choses ; 1602, de personnes, de la société), de même origine que le français. Longtemps invariable,
sélect a été francisé et prend la marque du pluriel français, mais il est toujours senti comme un anglicisme, à la différence de
sélection.
■
Sorti d'usage pour qualifier une chose de première qualité, sélect est vieilli (1888) au sens de « choisi, distingué » en parlant de réunions mondaines ou de personnes.
◆
L'emploi substantif du mot (1893, J. Verne) n'a pas fait fortune.
◈
SÉLECTIF, IVE adj. est dérivé (1871) du radical de
sélection d'après l'anglais
selective (1625), dérivé de
to select (1560) « sélectionner », de
select.
◆
Appliqué à ce qui constitue une sélection, puis à ce qui est destiné à opérer une sélection (1876), l'adjectif se dit (1931) d'un poste de radio qui opère bien la sélection entre des émissions de fréquences voisines puis (1964) de tout ce qui opère une sélection.
◆
En dérivent
SÉLECTIVEMENT adv. (1871) et
SÉLECTIVITÉ n. f. (1924), plus didactique.
■
Sélection a servi à former deux verbes. SÉLECTIONNER v. tr. mentionné, mais écarté par la traductrice française de Darwin en 1866, signifie « choisir par sélection » (1885) et en emploi absolu « opérer une sélection » (1924) ; d'où SÉLECTIONNÉ, ÉE adj. (1912 en sports).
◆
SÉLECTIONNEUR, EUSE n. a disparu comme adjectif (1923) employé pour désigner l'agent d'une sélection professionnelle (1949), agricole (1952), sportive (1932), sens le plus courant avec son application au football.
■
SÉLECTER v. tr., d'abord à propos des cocons de soie (1878), est un terme technique, spécialement en informatique, où c'est un réemprunt au verbe anglais to select.
■
SÉLECTEUR, TRICE adj. et n. m. qualifie (1902) ce qui opère ou permet d'opérer une sélection et, comme nom masculin (1905), désigne divers dispositifs techniques. En parlant d'une personne, il est synonyme (1945) de sélectionneur.
◈
Au sens de « sélection naturelle »,
sélection a donné
SÉLECTIONNISME n. m. et
SÉLECTIONNISTE adj. et n., tous deux attestés en 1923 et employés aujourd'hui (v. 1975) au sens le plus récent de
sélection, à propos de la tendance à pratiquer la sélection dans l'enseignement.
◈
PRÉSÉLECTION n. f. (attesté 1932) semble emprunté à l'anglais
preselection (1924) pour désigner une première sélection dans un choix, et, en technique, une sélection préalable (des vitesses dans une boîte de vitesses, des accords dans un poste récepteur)
[voir préréglage, à règle]. PRÉSÉLECTIONNER v. tr. en est dérivé pour rendre le sens de l'anglais
(to) preselect (1864).
◆
En français de Suisse,
présélection est aussi spécialisé (à partir des années 1960) pour « manœuvre que doit faire une automobile pour se trouver dans la file adéquate pour la direction qu'il va prendre (tout droit, tourner à droite, à gauche) ». On dit
être, se mettre en présélection. Par métonymie, le mot désigne le couloir (la voie) organisant cette manœuvre
(la présélection de droite, de gauche).
SÉLÉNO-, -SÉLÈNE sont des éléments tirés du grec selênê « Lune », adjectif substantivé (°selas-na) tiré de selas « lueur brillante » ; la Lune, qui était considérée comme un astre dangereux, était désignée par un adjectif plutôt que par son nom propre (en grec mênê, d'emploi rare).
❏
Ces éléments entrent dans la composition de quelques mots savants comme
SÉLÉNOGRAPHIE n. f. (1648), de
-graphie, « étude descriptive de la Lune »,
SÉLÉNOLOGIE n. f. (v. 1969) « étude physico-chimique de la Lune ».
◈
Par ailleurs plusieurs mots, notamment en chimie, ont été formés à partir du grec
selênê ou d'un de ses dérivés.
■
1 SÉLÉNITE n. et adj. (1812) désignait comme le grec selênitês un habitant de la Lune, dont l'existence fut présumée à plusieurs reprises. L'adjectif s'applique (av. 1969) à ce qui est relatif à la Lune (Cf. lunaire).
■
SÉLÉNIEN, IENNE adj. et n. s'emploie (1842) avec les mêmes valeurs.
◈
SÉLÉNIUM n. m. est dérivé (1817, Berzélius) de
selênê pour désigner un métal rare, à cause de ses analogies avec le
tellure, du latin
tellus « Terre »
(→ tellurique), comme la Lune a des rapports avec la Terre, dont elle est le satellite.
■
En dérivent plusieurs termes de chimie, comme SÉLÉNIQUE adj., d'un acide (1842), SÉLÉNIATE n. m., sel de cet acide (1872), SÉLÉNIURE n. m. (1818, Berzélius), SÉLÉNIEUX adj. m. (1827), 2 SÉLÉNITE n. m. (1842), un homonyme ayant désigné le gypse.
1 SELF, premier élément, entre dans la composition de mots empruntés à l'anglais. L'anglais self « soi-même » est d'origine germanique (gotique silba) comme le danois selv ou l'allemand selbst.
❏
Dans les emplois techniques, il a une valeur adverbiale signifiant « pour soi-même » ; dans la plupart des autres emprunts il signifie « (de) soi-même », entrant dans une construction réfléchie avec un nom d'action, équivalant à l'élément auto-*.
❏
SELF-MADE-MAN n. m. est un emprunt (1881 ; mentionné comme mot anglais en 1873) à l'anglo-américain (1832). Il signifie littéralement « homme
(man) qui s'est fait
(made) lui-même
(self) ». Il se dit d'un homme qui ne doit sa réussite et son ascension sociales qu'à ses propres moyens et à ses seuls efforts, souvent en contexte américain.
◈
SELF-CONTROL n. m., anglicisme (1883), fut à la mode en français pour « maîtrise de soi ».
◈
SELF-GOVERNMENT n. m., emprunt à l'anglais (1831), s'applique au système britannique d'administration où les citoyens décident des affaires qui les concernent directement. Le mot, en droit international, s'est appliqué à l'autonomie d'un pays dépendant du pouvoir britannique.
❏ voir
CONTRÔLE, GOUVERNER (GOUVERNEMENT), DÉFENSE, INDUIRE (INDUCTION, INDUCTANCE), SERVICE.
2 SELF → INDUIRE ; SERVICE
L
SELLE n. f., réfection (XIIIe s.) d'après le latin de sele (v. 1050), est issu du latin sella « siège », spécialement « siège des artisans qui travaillent assis », « siège des professeurs » et « chaise à porteurs », aussi « chaise percée » et, seulement en latin populaire, « selle de cheval ». Sella, résultat de °sed-la, est un dérivé du verbe sedere qui a donné seoir*.
❏
Selle conserve d'abord le sens général de
sella « petit siège sans dossier », aujourd'hui disparu, et celui de « pièce de cuir incurvée, placée sur le dos d'un cheval, et qui sert de siège au cavalier » (1080,
sele). Il a désigné comme en latin populaire (déb.
XIIIe s.) une chaise percée, aussi avec un qualificatif :
selle aisée (1316),
selle nécessaire (1352),
selle percée (1387) plus tard remplacé par
chaise.
◆
C'est de cet emploi que viennent
les selles « les excréments » (fin
XIVe s., au singulier) et
aller à la selle (
XVe s.), devenu affecté ou archaïque (en français de Belgique,
aller à selle). Avec le sens ancien de « siège », le mot entre dans la locution
entre deux selles chiet [choit]
le cul a terre (
XIIIe s.) aux nombreuses variantes, dont
être assis entre deux selles « hésiter entre deux choses » (fin
XVe s.) et
rester entre deux selles (1935, Académie). Les expressions restées vivantes ne sont plus comprises et
selle y est souvent remplacé par
chaise.
◆
Apparaissent ensuite des emplois techniques disparus,
selle désignant (1318) un escabeau de cordonnier puis (1534) une planche de blanchisseuse.
■
Au sens de « selle de cheval », le mot s'est employé dans la locution figurée selle à tous chevaux (1594) et a donné lieu à diverses expressions : selle de femme (1660) « à un seul étrier » (selle à femme, 1565), cheval de selle (1690), opposée à cheval de trait, emploi conservé comme être bien en selle « bien affermi dans une position » (fin XVIIe s.), se remetre en selle (fin XVIIe s.) et remettre qqn en selle (1747).
■
Au sens de « siège », les emplois techniques se développent dans plusieurs domaines : « escabeau surmonté d'un plateau tournant, sur lequel le sculpteur pose la matière à travailler » (1676), « caisse de calfat », sorti d'usage (1691), « banc de bois pour poncer les peaux » (1723), « banc sur lequel on dispose les carreaux avant de les poser » (1812).
■
Par analogie de forme, selle (turcique) désigne (1679) en anatomie une excavation creusée dans la face supérieure de l'os sphénoïde (où est logée l'hypophyse).
■
Le mot s'emploie par analogie en boucherie (1739) pour désigner la région de la croupe entre le gigot et la première côte chez le mouton, le chevreuil, etc.
■
À la fin du XIXe s. et d'après la selle du cheval, le mot désigne le petit siège adapté à un cycle, à une bicyclette (1889) puis à une moto.
❏
Plusieurs dérivés sont usuels.
■
SELLER v. tr., « munir (un cheval) d'une selle » (1090), a pour dérivé SELLAGE n. m. (1871).
■
Les préfixés DESSELLER v. tr. (v. 1300 ; 1165-1170, desseler « renverser de la selle »), surtout « enlever la selle à (un cheval, un équidé) », et RESELLER v. tr. (1690) sont eux aussi restés en usage.
■
SELLIER n. m. s'est dit (v. 1165, selier) de l'endroit, sur le dos du cheval, où l'on pose la selle.
◆
Il a été reformé pour désigner (1216) un fabricant et marchand d'ouvrages de sellerie, sens conservé et élargi d'après sellerie.
◆
Sellier désignait aussi avant la fin du XIXe s. le fabricant et réparateur de voitures à cheval.
◈
Le diminutif
SELLETTE n. f., isolément au
XIIIe s.
(selete) au sens de « petit siège sans dossier », repris en 1382
(celette), a été employé pour « béquille » (déb.
XIIIe s.,
selleite) par analogie de forme.
◆
Le mot a désigné spécialement un petit siège bas sur lequel on faisait asseoir des accusés pour les interroger, d'où
mettre qqn sur la sellette (1326) « l'interroger », par figure « l'interroger comme un accusé » (1690) ; cette expression a vieilli, à la différence de la locution familière et courante
être sur la sellette « exposé à la critique » (fin
XVIe s.) ou « aux questions ». Par analogie de forme (« siège ») ou de fonction (« appui »), le mot s'emploie comme terme technique pour désigner une pièce du harnais (1611), un établi du vannier (1774) et un support sur lequel le sculpteur pose une œuvre en cours (1876).
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SELLERIE n. f., dérivé de
sellier, se dit (1260,
selerie) du métier de sellier, de ses ouvrages. Dérivé de
selle, le mot désigne (1390 ; 1360,
cellerie) un ensemble de harnais et (1701) le lieu où l'on range les harnachements.
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Par extension,
sellerie s'emploie à propos de produits en cuir, de leur fabrication et de leur commerce.
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ENSELLÉ, ÉE adj. vient du participe passé de l'ancien français
enseller v. tr. « seller (un cheval) » (v. 1090,
enseler). L'adjectif, d'usage technique, a le sens de « concave » dans
cheval ensellé (1561) et en marine dans
navire ensellé (1691). Il se dit aussi de la courbe des reins.
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En est dérivé
ENSELLURE n. f., « courbure de la région lombaire » (1866), assez courant en anatomie humaine, et
ENSELLEMENT n. m. (1907), appliqué en géologie à la forme d'un pli.
❏ voir
BOUTER (BOUTE-SELLE).
L
SELON prép. (fin XIIe s.), d'abord sulunc, solonc (v. 1050) puis selonc (v. 1175), viendrait d'un latin populaire °sublongum « le long de », sens propre de la préposition, composé de sub- (→ sous) et de longum (→ long). Long s'est employé comme préposition au sens de « selon » en ancien français (v. 1175, lonc). On propose aussi de voir dans selon le résultat du croisement de long* avec l'ancienne préposition son (1165-1170 ; aussi som, sun, sonc, etc.) qui signifiait « suivant », issue de secund (v. 1120), segun (v. 1155), spécialisation de second* ; second s'est maintenu comme préposition jusqu'au XVe s. (1486, segond) et régionalement, par exemple dans le Vendômois (1694, Ménage). Cette hypothèse, qui se serait faite à l'étape seon, seulement attesté au XIIIe s., rend mal compte de la forme sulunc.
❏
La préposition s'emploie d'abord, comme l'ancienne forme
son, avec la valeur de « suivant, conformément à qqch. (pris pour règle, pour guide, pour modèle) ». Elle forme avec un nom une sorte de locution adjective (v. 1370,
selon ses vœux).
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Le sens étymologique « le long de » (v. 1170,
solonc) est sorti d'usage de même que la locution
de selon (
XIIIe s.) « dans le sens de la longueur ».
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Selon que, locution conjonctive suivie de l'indicatif (v. 1280), signifie « dans la mesure où, dans la manière que ». La préposition entre dans des phrases marquant l'alternative (1215), de même que la locution conjonctive selon que (avec indicatif) [1270, selonc] et c'est selon « cela dépend des circonstances » (1657), la forme elliptique selon (1669) ayant disparu.
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Selon sert également (v. 1370) à introduire un énoncé présenté comme une sorte de citation, spécialement avec le sens de « si l'on s'en tient à » (fin XVe s.). La préposition, suivie d'un nom de personnes ou d'un pronom personnel, indique que la pensée exprimée est une opinion parmi d'autres (1530) ; elle est utilisée spécialement dans le vocabulaire religieux (1550, Évangile selon saint Matthieu).