SÉSAME n. m. est emprunté (1570), après la variante sisame (v. 1500), au latin sesamum, sisamum « sésame (plante) », qui reprend lui-même le grec sêsamon désignant la plante et la graine. Pline affirme que cette plante vient des Indes ; le mot grec, probablement emprunté à une langue d'Asie, appartient à un ensemble de formes orientales plus ou moins apparentées entre elles ; c'est à certaines de ces formes qu'ont été empruntés l'ancien français susseman (mil. XIIIe s.), suseman (1298), sosimain (Marco Polo) ou suscinan et le moyen français susamin, susimin (XIVe s.). On a par ailleurs rapproché le grec sêsamon de formes sémitiques (par ex. l'akkadien šamaššammu(m) « plante à huile », l'araméen et l'hébreu šumšûm, l'arabe simsim) sans que le rapport ne soit clairement établi.
❏  Sésame désigne une plante oléagineuse originaire de l'Inde, d'où graine, huile de sésame. La formule magique Sésame, ouvre-toi (v. 1850), prononcée pour obtenir qqch., est une allusion au conte d'Ali-Baba où cette formule magique ouvre la caverne aux trésors, dans la traduction française des Mille et Une Nuits. De là l'emploi d'un sésame ou un sésame ouvre-toi n. m. « mot de passe » ; mais il peut s'agir d'un autre mot.
❏  SÉSAMOÏDE adj., didactique, est emprunté (1552, n. m. ; v. 1560, adj.) au grec sêsamoeidês « semblable au sésame (en parlant d'une plante) ou aux grains de sésame (en parlant d'un os) », composé de sêsamon et de eidos « forme, apparence » (→ -oïde).
■  Le nom a désigné en botanique (1552) une espèce de réséda. L'adjectif s'emploie depuis A. Paré (v. 1560) en anatomie dans os sésamoïdes « petits os du carpe et du tarse » (aussi n. m. pl.) et qualifie (1842) ce qui est arrondi comme un grain de sésame.
■  Le dérivé SÉSAMOÏDIEN, IENNE adj. (1871) est un synonyme rare de sésamoïde adj.
SESBANIA n. m., d'abord attesté sous la forme sesban (1694), du latin des botanistes sesbanus (fin XVIe s.), suffixé en sesbania (1848), remonte à l'arabo-persan sisabân.
❏  Le mot désigne un arbrisseau des zones tropicales (Papilionacées), cultivée en Inde pour ses tiges dont on tire de la filasse.
SESQUI-, élément de mots savants, est pris au latin sesqui « une fois et demie ». Il entre dans des termes de chimie.
SESSION n. f., réfection (v. 1440) de sessiun (v. 1120), est emprunté au latin sessio « action de s'asseoir », « audience du préteur » et « pause, halte », dérivé de sessum, supin de sedere « être assis » (→ seoir).
❏  Le mot a signifié « fait d'être assis » (v. 1120, sessiun) ; il désigne (v. 1440 à Liège) la séance d'une assemblée qui délibère, par exemple la séance d'un concile (1680). ◆  Il s'est dit de la position de celui qui est assis (1559) et d'un bain de vapeur qu'on prend assis (v. 1560), sens encore relevé en 1858, mais probablement archaïque depuis longtemps.
■  D'abord dans un texte à propos du Parlement anglais (1657), puis en droit français (1750 ; 1765, session de Parlement), il s'emploie pour « période pendant laquelle une assemblée délibérante est apte à tenir séance », se substituant à séance ; l'anglais session (1553) qui a inspiré l'emploi est emprunté directement (XIVe s.) au latin sessio ou à l'ancien français. ◆  Par analogie, session désigne (XXe s.) la période de l'année pendant laquelle siège un jury d'examen.
SESSILE adj. est un emprunt (1611) au latin sessilis, de la famille de sedere (→ seoir, asseoir ; session), adjectif signifiant « qui peut servir de siège, de base », spécialisé en botanique pour les végétaux. Le mot qualifie les organes végétaux sans pédoncule, tige ou pétiole (feuilles sessiles).
SESTERCE n. m. est emprunté au XVIe s. (1537) au latin sestertius, de semis (→ semi) et tertius (→ tiers, tierce), pour « trois moins un demi ». Le mot désigne une monnaie romaine d'argent, qui valait deux as et demi, et une somme de mille fois cette monnaie. Ce nom s'est diffusé en partie à cause de sa présence dans les textes évangéliques.
SET n. m. est emprunté (1833) à un mot anglais aux acceptions variées qui en font, d'une part, le déverbal de to set « poser, placer » (→ offset), issu de l'anglo-saxon et moyen anglais settan, d'une base germanique °satjan- et, au-delà, de la même base que le latin sedere (→ seoir), et, d'autre part, un emprunt à l'ancien français sette, du latin secta « secte* » ou une variante de l'anglais sect, de même origine. De cette source latine viennent en anglais les sens de « groupe de personnes » (XIVe s.) puis de « collection, ensemble de choses » (XVIe s.) ; set est attesté au jeu de paume dès 1578, jeu nommé tennis* en anglais (1928, set ball « balle de set »), et comme terme de cinéma en 1918.
❏  Le mot passe en français avec le sens, aujourd'hui disparu, sauf dans l'emprunt récent jet-set, de « cercle, milieu mondain » (1833 attesté chez P. Bourget [av. 1895]). En tennis, il désigne (1893) une série de jeux (gagner un set par 6 à 4). ◆  Au XXe s., il passe dans le vocabulaire du cinéma (1922), où il est assez rapidement remplacé par plateau*. ◆  En revanche, set ou set de table, désignant (1933) une série de napperons assortis faisant office de nappe et couramment chacun des napperons, est resté en usage. En français du Québec, l'anglicisme a des emplois plus larges, pour « ensemble d'objets assortis » (un set de vaisselle) et « mobilier » (un set de chambre).
L SETIER n. m. est issu (1267 ; v. 1170, sestier) du latin sextarius « sixième partie, un sixième » et spécialement « sixième partie du conge (mesure de capacité) » ; il dérive de sextus « sixième », lui-même de sex (→ six).
❏  Setier a désigné du XIe au XVIIIe s. une mesure de capacité pour les grains, variant entre 150 et 300 litres et, de là (1335, stier ; XVIe s., setier), une étendue de terre ensemencée fournissant un setier de blé. ◆  Un setier était aussi une mesure pour les liquides (fin XIe s., sestier), correspondant à huit pintes, surtout employée pour le vin (v. 1175, sextier), notamment dans DEMI-SETIER n. m. « un quart de litre » (1530, demy-sestier). Tous ces emplois ont disparu avec l'instauration du système métrique (1795) et l'Académie donne le mot comme « terme d'histoire » en 1835.
SÉTON n. m. a désigné en moyen français (mil. XVe s.) un faisceau de crins employé pour le drainage des plaies, d'après le latin médiéval seto. Le mot correspond à l'ancien provençal sedo, dérivé de seda, du latin saeta (→ soie). Le seul emploi moderne est blessure, plaie en séton, qui se dit d'une plaie faite par un projectile, avec un orifice d'entrée et un de sortie.
SETTER n. m. est emprunté à l'anglais setter, de to set « s'arrêter ». Il se dit d'une race de chiens d'arrêt à poils longs et ondulés, élevés en Angleterre et en Irlande. Le mot est attesté en français au milieu du XIXe siècle.
L SEUIL n. m. représente la réfection (v. 1352), d'après des mots en -euil, de suil (v. 1160), sueil, suel (v. 1175) ou soil (v. 1210) ; les formes seule et suil sont encore relevées en 1611 et sueil s'emploie toujours au XVIe siècle. Le mot est issu par évolution phonétique du latin classique solea n. f. « sandale » (semelle placée sous la plante du pied), « entraves de bois », « garniture du sabot (d'un cheval) » et aussi « sole (poisson) » (→ 2 sole) ; ce mot, qui en bas latin désigne le plancher, dérive de solum au sens de « base, fondement » en général, « fond », « plante des pieds », « surface de la terre » (→ sol) et « pays, contrée ». Solum repose sur une racine indoeuropéenne indiquant un établissement humain, représentée par exemple par le russe s'eló « village » et le longobard sala « maison, construction ».
❏  Depuis le XIIe s., le mot désigne en français l'entrée d'une maison, la partie du sol qui entoure la porte (v. 1160) et la dalle qui forme la partie inférieure de la baie d'une porte (v. 1175), d'où passer le seuil, rester sur le seuil (attestés 1893). ◆  Il s'est employé (v. 1210) pour « châssis (d'une fenêtre) ». ◆  En technique, il se dit par extension de la pièce qui forme la partie inférieure d'une ouverture, d'une écluse (1392, suez), d'un pont-levis (1506) et aussi d'un linteau de porte (1549 ; → 1 sole). ◆  Par métaphore, seuil signifie « début de qqch., limite marquant le passage à un autre état » (1552, Rabelais). Le mot est repris par analogie dans le vocabulaire technique et scientifique au XIXe s., désignant en physiologie (1865, seuil de la connaissance) le niveau d'intensité minimal d'un stimulus, au-dessous duquel une excitation n'est plus perçue. Dans plusieurs domaines (physique, biologie), seuil signifie (1924) « limite (inférieure) ». ◆  À cause de l'exhaussement de la plupart des seuils, le mot s'emploie pour « élévation », à propos d'un fond marin (1907), glaciaire, etc.
❏  SEUILLAGE n. m., terme technique dérivé de seuil dans les années 1980, désigne, dans la saisie d'une image numérique, l'opération consistant à définir un niveau de gris comme seuil, à partir duquel les pixels sont soit noirs, soit blancs.
L SEUL, SEULE adj. et n., d'abord sols (v. 980) au cas sujet, puis sol (v. 1050) au cas régime et seul (v. 1175), est issu du latin solus « seul, unique », « isolé, délaissé », « solitaire », et « où il n'y a personne (d'un lieu) », mot d'origine inconnue.
❏  L'adjectif signifie d'abord (v. 980) « à l'exclusion de toute autre personne ou chose », « sans aide », d'où son emploi en ancien français comme constituant de la négation (1165-1170, ne... sol) et pour désigner (v. 1050) une personne qui est sans compagnie, séparée des autres, souvent renforcé dans tout seul (1080), au XVIIe s. aussi dans fin seul (1636), sorti d'usage. La locution seul à seul « en tête à tête » (1170, sol a sol) était considérée traditionnellement comme invariable ; depuis le XVIIIe s., les auteurs accordent souvent chaque adjectif. ◆  Renforçant un avec une idée de restriction (v. 1050), par exemple dans une seule fois, l'adjectif qualifie (1080) ce qui est unique, seul de son espèce, aujourd'hui construit avant le nom, mais parfois après jusqu'au XVIIe siècle. ◆  En ancien français, seul s'employait dans la locution verbale estre seus de « manquer de » (XIIe s.). L'adjectif a aussi qualifié un lieu vide (v. 1190), sens repris au latin.
■  Un seul, une seule, apparus au XVIe s. (av. 1563), et pas un seul (1546) restent vivants. N'avoir pas pour un seul... suivi d'un nom (apr. 1650), pour « avoir plus d'un... », est sorti d'usage. ◆  Seul « sans considération du reste » (1580) marque que l'idée verbale ne s'applique qu'au mot auquel seul se rapporte ; à l'époque classique on a aussi employé lui seul (av. 1678) avec cette valeur, qui correspond à celle de l'adverbe seulement. Dans la langue classique, l'adjectif s'applique par extension à une personne qui n'a pas ou qui a peu de relations avec les autres (1661), spécialement qui n'a pas les amitiés, les appuis habituels, d'où (être) seul dans le monde (1680), devenu seul au monde, seul sur la terre (av. 1776). Tout seul, locution ancienne (ci-dessus), entre au XVIIe s. dans la locution cela va tout seul (1679) « les choses se passent sans difficulté ». ◆  Avec l'idée de « sans aide », il entre dans la locution gagner tout seul « sans avoir à lutter » (1880, en hippisme). ◆  En musique, voix seule (1835) concurrence solo*.
❏  Le seul dérivé usuel de seul est SEULEMENT adv., « en excluant ce qui est mentionné, sans rien d'autre » (v. 1121). L'emploi pour « en étant seul », dans être, laisser qqn quelque part seulement « seul » (v. 1130), a disparu. ◆  Tant seulement, tour où l'adverbe est renforcé (v. 1175), se rencontre encore comme archaïsme en français moderne (Huysmans, 1887). L'adverbe modifiant un terme temporel (1546) signifie alors « pas avant (tel moment) » ; il s'est employé pour encourager ou rassurer qqn à propos d'une action faite, d'une invitation à accepter (1525, allez seulement ; 1560, venez seulement), aujourd'hui très vivant en français de l'est de la France, de Belgique et de Suisse (écoutez, entrez seulement ; Cf. donc, un peu). Cet emploi, en Suisse, est attesté par écrit dans H. B. de Saussure, Voyages dans les Alpes. Il est courant aussi en Savoie. ◆  Il est encore employé dans une phrase négative ou interrogative (1580, ne... seulement pas « ne... pas même »), mais le tour est maintenant considéré comme familier. Non seulement... mais (1534 ; fin du XVe s. non point seulement... mais) est d'usage courant. En tête de proposition (déb. XVIe s.), seulement sert à introduire une restriction, soulignant l'existence d'une seule chose à ajouter. Si seulement (1561) signifie « si au moins ».
■  Le diminutif SEULET, ETTE adj. (v. 1228), réfection de solet (1165-1170) « tout seul », surtout usité au féminin, est archaïque. Il évoque la poésie ancienne (notamment un poème célèbre de Louise Labé).
■  SEULABRE adj. (1926), argotique, signifiait « seul » et a vieilli, de même que SEULINGUE (attesté en 1985).
Le composé ESSEULÉ, ÉE adj. (v. 1225), « qui est seul, sans compagnie » (1553, vie esseulée « solitaire »), est donné comme familier en 1694 et peu usité en 1787. Il a été repris au XIXe s. et semble aujourd'hui assez littéraire.
■  Son dérivé ESSEULER v. est rare (XIIIe s., pron. ; fin XVe s., tr.).
REM. Isolé et sa famille, apparentés à la famille de île*, sont rattachés à seul par étymologie populaire.
❏ voir DÉSOLER, SOLILOQUE, SOLIPSISME, SOLITAIRE, SOLO.
L SÈVE n. f. représente l'aboutissement (XIIIe s.) du latin classique sapa, attesté au sens de « vin cuit (jusqu'à réduction des deux tiers) » mais qui a sans doute signifié à l'origine « suc, sève », seule acception passée dans les langues romanes (italien sapa, ancien provençal saba [XIIe s.]). Le mot pourrait être apparenté au latin classique sapor, dérivé de sapere (→ savoir), « goût, saveur » et « odeur », employé à l'époque impériale au sens de « jus ». L'ancien haut allemand saf, le vieil islandais safi, le vieil anglais saep correspondent au latin sapa.
❏  Sève désigne le liquide nutritif qui, montant des racines, circule dans les plantes. On relève ensuite (1549) [arbre] en sa sève « après la montée de la sève du printemps », puis en sève (1636) et dans sa sève (1690), aujourd'hui en pleine sève. Le mot s'est employé par analogie pour « jus de pommes » (v. 1260-1270) et « jus de viande » (XIVe s., apr. 1370). ◆  Au XVIe s. apparaît le sens technique, toujours en usage, de « qualité d'un vin qui a de l'arôme et du bouquet » (1538). O. de Serres (1600) emploie sabe avec la valeur étymologique de « vin doux cuit utilisé comme condiment » et sape de coing « jus de coing cuit » ; ces formes sont empruntées aux parlers méridionaux.
■  Sève se dit aussi par figure pour « vigueur » (1413), « principe vital » (1697, Bossuet) et pour « verve », en parlant des ouvrages de l'esprit (1835).
❏  SÉVEUX, EUSE adj. (XVIe s.), « qui a rapport à la sève », est rare.
SÉVÈRE adj., réfection (XVIe s.) de la forme sever (v. 1190), rare en ancien français, est emprunté au latin severus « grave, sérieux, austère » et « dur, rigoureux », employé en parlant de choses et de personnes (le mot a aussi servi de nom propre). Severus, dont la valeur initiale a peut-être été « inflexible », est d'origine inconnue.
❏  Le mot s'emploie d'abord (fin XIIe s.) pour qualifier une personne prompte à punir ou à blâmer, avec l'idée de justice rigoureuse (juge sévère). Il s'applique (1499) à une loi, un châtiment, une morale (1674), une critique rigides, sans indulgence ; avec cette valeur, en parlant de choses ou de personnes, l'adjectif a été substantivé à l'époque classique (le sévère [Cf. sévérité] et un sévère). Sévère se dit ensuite par extension (1636) d'un comportement, d'une attitude dénotant l'absence d'indulgence, dans être sévère à qqn « rigoureux à l'égard de », puis être sévère pour qqn (1771). ◆  À l'époque classique, une femme sévère (1659) était celle qui ne permettait pas qu'on lui fasse la cour ; avec cette valeur forte équivalant à cruel, l'adjectif était usité en parlant du destin, du sort (1672), encore au XIXe siècle. ◆  Sévère s'appliquait aussi à ce qui exige une vigilance sans relâche (1680) ou demande une exactitude rigoureuse (fin XVIIe s.). ◆  L'adjectif passe au XVIIIe s. dans le domaine esthétique, qualifiant (1765) le goût pour ce qui est simple et dépouillé ; il garde aujourd'hui cette valeur d'« absence d'ornement ou de charme » en parlant d'un visage, d'une physionomie (1788), d'un style, d'un dessin (1798), d'une façon de s'habiller (1833, tenue sévère), etc. ◆  Avec le sens de « rigoureux, dur », l'adjectif s'est employé en parlant du froid (1810) ; cet emploi reprend celui de severe tempeste « terrible, redoutable » (XVIe s.) ; par la suite, sévère qualifie un climat (1871), peut-être déjà par emprunt à un sens de l'anglais severe. ◆  La locution familière en voilà une sévère « un fait surprenant et révoltant » est relevée en 1830 et une sévère n. f. « un événement inattendu » (1840) est sorti d'usage. ◆  La valeur de « très grave, pénible », apparue dans le contexte médical (1880), puis militaire (1914), notamment dans (subir des) pertes sévères, sévère défaite, est empruntée à l'anglais severe, lui-même emprunté au français, même si elle continue des emplois antérieurs ; elle s'est répandue par les communiqués diffusés pendant la guerre de 1914-1918, l'anglais severe loss [pertes] étant attesté depuis 1838. Cet emploi, critiqué comme anglicisme, est néanmoins courant, de même que ceux de la médecine, qui apportent une nuance importante (idée de « chose pénible »), notamment dans les affections psychiques (dépression sévère dit plus que grave).
❏  Le dérivé SÉVÈREMENT adv. (1539) suit les principaux emplois de l'adjectif.
■  SÉVÉRITÉ n. f., réfection (XVIe s.) de severiteit (v. 1190), est emprunté au dérivé latin severitas « austérité, gravité, sérieux », « rigueur, dureté » et « sévérité (dans le style, les jugements littéraires) ».
■  Le sémantisme du nom est parallèle à celui de l'adjectif. Il est d'abord attesté pour « rigidité, rigueur (de Dieu) ». ◆  Repris au XVIe s., le mot s'applique à l'absence d'indulgence (1530), puis au rigorisme moral (1665) et au dépouillement, à la simplicité (1690). ◆  Le sens de « gravité, caractère dangereux » (1812), déjà ancien dans l'usage médical, est critiqué.
❏ voir PERSÉVÉRER.
SÉVIR v. intr. est emprunté (fin XIVe s.) au latin saevire « être en fureur, en rage », en parlant des animaux et de l'homme, d'où « user de rigueur » ; le verbe s'emploie également en parlant des éléments naturels. Il dérive de l'adjectif saevus « furieux, cruel, impitoyable », qui semble avoir d'abord qualifié des animaux et dont le sens initial a peut-être été « à l'aspect (au visage) effroyable ».
❏  Sévir reprend en français les valeurs du latin, signifiant d'abord « être tourmenté, en colère », sens sorti d'usage. Il se dit aussi (fin XVIe s.) pour « exercer une répression avec rigueur ». À la même époque, il s'est employé pour « maltraiter, user de violence », en parlant d'un supérieur à l'égard d'un inférieur, sens qui disparaît au XIXe siècle. ◆  Sévir, souvent employé absolument (1748), s'applique par extension (1845) à un fléau qui exerce des ravages. Il se dit par plaisanterie (1900) d'une personne qui exerce une activité considérée comme pénible, inutile pour autrui.
❏  SÉVICE n. m., réfection (1499) de cevise (1273) d'après sévir, a été aussi employé comme féminin (depuis 1539) à l'époque classique ; le mot est emprunté au latin saevitia « fureur, violence, cruauté », dérivé de saevus. ◆  Sévice désigne, en droit et couramment, de mauvais traitements corporels exercés sur une personne que l'on a sous son autorité, sa garde. Il s'emploie surtout au pluriel. Au figuré (XIXe s.), il est littéraire.
L SEVRER v. tr. est issu (1080) du latin populaire °seperare, altération du latin classique separare (→ séparer).
❏  Le verbe a eu d'abord la valeur générale de « séparer », spécialement « trancher (une partie du corps humain) ». Se sevrer s'est dit pour « se séparer », « s'éloigner » (1165-1170), sens qu'a aussi le verbe employé intransitivement (XIIIe s.), d'où sevrer d'Église « excommunier ». On relève encore au XIVe s. sevrer de (un lieu) « s'en aller de » (apr. 1360). ◆  Le verbe prend la valeur de « priver (qqn de qqch.) » au XIIIe s., valeur qui va se spécialiser (ci-dessous). Au XVIIe s., le verbe a signifié (1636) « partager (une terre) » et « séparer (des combattants) » avec la valeur latine de « séparer ».
■  C'est une spécialisation du sens de « priver » qui va orienter l'emploi dominant du mot à partir du XIVe s., sevrer de la mamele « séparer un enfant de la mère qui l'allaite » puis sevrer (un enfant) [v. 1330], aussi sevrer du let [lait] (v. 1380), aboutissant à « faire cesser l'alimentation par le lait maternel ». Au figuré, c'est l'idée de « privation de nourriture » qui s'impose, d'où l'emploi en arboriculture (1660) au sens de « séparer (une marcotte) quand elle a pris racine ». Le verbe est repris par analogie au XXe s. dans le domaine médical (v. 1975) pour « supprimer l'accoutumance à l'alcool, la drogue... chez (qqn) ».
❏  Le dérivé SEVRAGE n. m. (1741), « action de sevrer un nourrisson », a remplacé sevrement n. m., d'abord « séparation » (v. 1120, seivrement), puis « action de sevrer » au sens moderne (v. 1380, sevrement du let). ◆  Sevrage s'emploie aussi en arboriculture (1812) et en toxicologie (v. 1960 ; 1935 « privation de qqch. »).
SÈVRES n. m., du nom d'une commune à l'ouest de Paris, siège d'une célèbre manufacture de porcelaine, se dit (1837) d'une porcelaine fabriquée dans cette manufacture (un sèvres ; du vieux sèvres).
❏  SÉVRIENNE n. f. désigne (1904) une élève, une ancienne élève de l'École normale supérieure de jeunes filles, autrefois installée à Sèvres (dont l'adjectif est sévrien, ienne).
SÉVRUGA n. m. est un emprunt à un mot russe désignant une variété d'esturgeon et en français le caviar, très apprécié, provenant de cette espèce.
SEX-, SEXA- sont des éléments tirés du latin sex « six », que l'on retrouve en composition dans sexagenarius, sextilis. → six.
SEXE n. m. est une réfection (v. 1265), d'après le latin, de ses (fin XIIe s.), forme évoluée, les deux étant empruntées au latin sexus, aussi employé en parlant des plantes. Ce mot d'origine discutée a été rapproché de secare « couper, diviser » (→ scier, section), le sexus étant le partage d'une espèce en mâles et en femelles. Le doublet secus est toujours accompagné des adjectifs virile, muliebre (« sexe masculin, féminin »).
❏  Sexe, qui semble rare avant le XVIe s., désigne abstraitement (v. 1180) l'ensemble des caractères qui distinguent l'homme de la femme. Les dictionnaires modernes relèvent souvent le sens d'« organe sexuel (d'un être humain) » à une date très ancienne (v. 1190) ; mais cette valeur, que l'on trouve isolément au début du XIVe s. à propos d'un oiseau, n'est plus attestée au moins dans les dictionnaires, avant le XXe s. ; la date ancienne correspond probablement à une confusion sémantique. Ce sens devient clair vers 1880 (Zola, Nana). ◆  Avec une valeur plus générale, le mot se dit (1380, sexes) de l'ensemble des caractères et fonctions qui distinguent le mâle de la femelle et, par analogie, s'emploie à propos des plantes (1562). Par métonymie (fin XIVe s.), sexe a signifié « espèce, génération », sens sorti d'usage, et par extension l'ensemble des hommes et des femmes. L'opposition fondée sur leurs caractères supposés a fourni plusieurs expressions : souverain sexe « les femmes » (1440-1475) a disparu, et beau sexe (1640) est archaïque mais bien connu, parfois employé ironiquement ; sexe volage ne se dit plus ; sexe faible (v. 1640) et sexe fort (1842) se disent encore, le second souvent ironiquement et remplaçant sexe viril, archaïque. Le sexe pour « les femmes » (1580) est complètement sorti d'usage. ◆  Par extension, le mot s'emploie (XVIIIe s.) en parlant du fait d'appartenir à la classe des hommes ou des femmes, mais son usage est limité à certains contextes à cause du sens moderne de « parties sexuelles », usuel, on l'a vu, depuis la fin du XIXe siècle.
■  Le sexe équivaut aussi aujourd'hui (1889, P. Bourget) à « l'ensemble des questions sexuelles » (sexualité, ci-dessous), probablement d'après l'anglais sex qui avait pris cette valeur plus tôt (to have sex correspondant à « copuler »). ◆  La locution le troisième sexe « les homosexuels » est relevée en 1847 chez Balzac ; le deuxième sexe « les femmes » a été répandu par l'ouvrage de S. de Beauvoir portant ce titre (1948, dans la revue Les Temps modernes). ◆  En biologie, le concept se précise scientifiquement aux XIXe s. et XXe s., les syntagmes spécialisés de la génétique n'étant attestés qu'au milieu du XXe s. (sexe chromosomique, gonadique...)
❏  Les dérivés et composés de sexe n'apparaissent qu'au XXe siècle.
■  SEXOLOGIE n. f., didactique (1933), de -logie, signifie « étude des phénomènes sexuels » et a fourni SEXOLOGUE n. (1946) et SEXOLOGIQUE adj. (1933).
■  SEXISME n. m. a désigné (1948) ce qui se rattache à la dyade des types vivants. ◆  Le mot a été repris (1960), comme SEXISTE n. et adj. (1970), à l'anglo-américain sexist (1965) et sexism (1968) pour parler d'une attitude de discrimination à l'égard des femmes ; les deux mots sont courants, en relation sémantique avec machisme et antiféminisme (un raisonnement sexiste).
■  On relève également les termes didactiques SEXONOMIE n. f. (1911), de -nomie, SEXOPHOBE adj. et n. (mil. XXe s.), SEXOTHÉRAPIE n. f. et SEXOTHÉRAPEUTE n. (v. 1970).
■  CACHE-SEXE n. m. est attesté à la fin du XIXe siècle.
■  UNISEXE adj. (v. 1960) qualifie un vêtement conçu pour les deux sexes.
SEXUEL, ELLE adj. est un emprunt assez tardif (1742) au bas latin sexualis « du sexe féminin », dérivé de sexus. ◆  Le mot s'applique d'abord en biologie à ce qui se rapporte au sexe, puis s'emploie (1890), pour sexué (ci-dessous), emploi qui a disparu. L'adjectif qualifie couramment ce qui concerne les différences et les comportements liés au sexe (1798) et ce qui se rapporte à la sexualité (1835). Le mot est à la mode avec des expressions comme bombe sexuelle (d'une femme), symbole sexuel (voir ci-dessous sex symbol), etc. ◆  Sexuel est repris (XXe s.) avec une valeur élargie en psychanalyse pour parler de ce qui est relatif aux pulsions, à l'activité de la libido. ◆  Le mot entre dans de nombreux composés préfixés (voir ci-dessous).
■  Les composés formés à partir de sexuel et de ses dérivés appartiennent le plus souvent à la biologie et à la psychophysiologie ; le mouvement de formation est surtout important à la fin du XIXe siècle. La disparition relative de certains tabous sexuels et la vulgarisation de la psychanalyse, dans les années 1970, expliquent que plusieurs dérivés sont passés dans l'usage courant.
■  SEXUALISME n. m. (1775) correspond d'abord à « état d'un être pourvu d'un sexe ». Il désigne (1892) la sexualité considérée comme un principe, comme SEXUALISTE n. et adj. (1923 ; autre sens en 1905). ◆  PANSEXUALISME n. m. (1921), de pan-, didactique comme les deux précédents, signifie « interprétation par la sexualité », souvent employé en parlant des théories de Freud.
■  SEXUALITÉ n. f. désigne (1838) en biologie le caractère de ce qui est sexué et l'ensemble des caractères propres à chaque sexe. ◆  Le mot a pris le sens courant de « vie sexuelle » (1884) et, en psychanalyse (1924), s'emploie au sens étendu de sexuel. ◆  Il a produit des composés didactiques souvent en relation avec les mots préfixés à partir de sexuel (voir plus loin) : UNISEXUALITÉ n. f. (1894), d'après unisexué, INTERSEXUALITÉ n. f. (1931) et ASEXUALITÉ n. f. (1970), formé sur asexué (voir ci-dessous, après sexué), qui remplace ASEXUALISME n. m. (1920).
■  SEXUELLEMENT adv., d'abord terme de biologie (1882), s'emploie aussi couramment (XXe s.).
■  SEXUALISER v. tr., terme didactique (1917) signifiant « donner des caractères sexuels à (un organisme) », a pris le sens relativement courant de « donner un caractère sexuel à (qqch.) » ; ce verbe a fourni SEXUALISATION n. f., relevé (1914) dans un texte technique sur la psychanalyse et répandu un peu plus tard (attesté 1932). ◆  Le composé DÉSEXUALISER v. tr. (1921) reste didactique, comme son dérivé DÉSEXUALISATION n. f. (1926). ◆  DÉSEXUALISÉ, ÉE adj. s'était déjà employé (v. 1780) au sens de « qui a changé de sexe ».
SEXAGE n. m. « détermination du sexe (d'un animal, et spécialt d'un oiseau d'élevage) » (1962) et SEXEUR n. m. (1979) semblent antérieurs au verbe SEXER « déterminer le sexe de ».
La plupart des composés préfixés de sexuel ont produit des dérivés suffixés sur le modèle de sexualité et qui concernent le comportement sexuel humain.
■  UNISEXUEL, ELLE adj. s'est employé pour « unisexué » (1794) et aussi pour « homosexuel » (1894).
■  BISEXUEL, ELLE adj. (1826) a fourni BISEXUALITÉ n. f. (1894).
■  ASEXUEL, ELLE adj. (1836), disparu au sens d'« asexué », était un terme de biologie.
HOMOSEXUEL, ELLE n. et adj., peut-être formé d'après l'anglais homosexual (1869) ou l'allemand homosexuell, désigne (1891) une personne qui éprouve une appétence sexuelle plus ou moins exclusive pour les individus de son propre sexe. Le mot, aussi adjectif (1894), abrégé familièrement en 2 HOMO n. et adj. pour « homosexuel masculin », est assez souvent employé en parlant d'un homme, mais gay tend à l'emporter.
■  Homo, en ce sens a un composé, HOMOPHOBE adj. et n. (1979) qui exprime la résistance du rejet traditionnel de l'homosexualité par les hétérosexuels intolérants. Il a pour dérivé HOMOPHOBIE n. f. (1977). Homosexuel et homosexuelle (ce dernier à la différence de lesbienne*) ont partiellement perdu leurs connotations péjoratives ; cette évolution tient à l'atténuation des interdits sur les relations sexuelles et au développement, après 1970, des mouvements homosexuels, masculins et féminins (« gays et lesbiens »). Le vocabulaire familier, pour les emplois péjoratifs, dispose de termes surtout relatifs à l'homosexualité passive de l'homme (par ex. enculé, folle, pédale, tante, etc.), plus nombreux que pour l'homosexualité féminine (gougnotte, gouine, gousse). Les homosexuels utilisent gay adj. et n. m. (→ gai), mot provenant de l'argot anglo-américain. ◆  HOMOSEXUALITÉ n. f. (1891), « tendance, conduite des homosexuels », s'applique d'abord aux hommes (comme inversion, pédérastie), puis aussi aux femmes (lesbianisme, saphisme).
■  HÉTÉROSEXUEL, ELLE adj. (1894) et n. (1895), abrégé aujourd'hui en HÉTÉRO adj. et n. (av. 1964), s'est répandu après la diffusion d'homosexuel. ◆  Son dérivé HÉTÉROSEXUALITÉ n. f. (1894) reste didactique.
■  PSYCHOSEXUEL, ELLE adj. (1895), « relatif à la sexualité en psychologie », INTERSEXUEL, ELLE adj. (1910), est formé d'après l'anglais intersexual (1897). MONOSEXUEL, ELLE adj. (v. 1950) et MONOSEXUALITÉ n. f. (v. 1950) sont des termes didactiques à propos d'animaux, par rapport à ceux qui sont hermaphrodites.
■  TRANSSEXUEL, ELLE adj. (attesté v. 1965) est formé d'après l'anglais transsexual et s'applique à une personne qui passe d'un sexe à l'autre ; ce mot d'abord didactique et médical a été répandu par les médias sans pour autant devenir courant. ◆  Il a fourni TRANSSEXUALITÉ n. f. (v. 1960) qui désigne la situation d'une personne qui passe d'un sexe à l'autre, par modification de la sexualité somatique. ◆  TRANSSEXUALISME n. m. (1956), d'après l'anglais, désigne le sentiment délirant d'appartenir au sexe opposé.
■  PARASEXUALITÉ n. f., terme de psychologie (1968), désigne les phénomènes psychologiques dépendant de la sexualité. En biologie générale, le mot s'applique aux phénomènes liés à la différence sexuelle, en l'absence de fécondation.
SEXUÉ, ÉE adj., formé savamment (1873) sur le radical de sexus, est un terme de biologie ; l'adjectif a fourni plusieurs composés didactiques : BISEXUÉ, ÉE adj. (1845) a remplacé bisexe (1814) ; UNISEXUÉ, ÉE adj. s'emploie en botanique (1864) et en biologie (1890). ◆  ASEXUÉ, ÉE adj. (1866) s'est substitué à asexe (XVIIIe s.) et, devenu assez usuel, est aussi employé au figuré, pour « étranger à toute sexualité ». ◆  INSEXUÉ, ÉE adj. (1886), rare en biologie, a vieilli au sens de « qui manque de sexualité » (1896) ; on a dit aussi insexé, ée (1805).
Plusieurs mots de la même famille ont été empruntés à l'anglais.
■  SEX APPEAL n. m. (1929, sexe appeal), d'abord francisé en appel du sexe (1927), est emprunté à un composé anglais où appeal (→ appel) correspond à « attrait ». ◆  Il désigne l'attrait, le charme d'une personne, en général une femme, qui excite le désir. Le mot a légèrement vieilli.
■  SEXY adj. inv. reprend un mot anglo-américain, dérivé de sex, lui-même emprunt au français. Le mot est vieilli appliqué (1925) à une œuvre licencieuse ; il qualifie (1954) une personne, une chose qui excite le désir sexuel.
■  SEX-SHOP n. m. désigne (v. 1970) une boutique spécialisée dans la vente d'objets, d'écrits, de films pornographiques, parfois de poupées gonflables, de vêtements destinés à déclencher le désir sexuel... Le mot, composé de sex et de shop « boutique », lui-même emprunté (XIIIe s.) au français eschope (→ 1 échoppe), provient en Europe des pays scandinaves. On a tenté de le franciser partiellement en SEXE-SHOP.
■  SEX-SYMBOL n. m., emprunt à l'anglo-américain, désigne (1972) une vedette féminine remarquable par la symbolique sexuelle qu'elle induit ; le mot s'est étendu aux hommes.
■  SEX-TOY n. m. est un emprunt (2002) à un composé anglais, de toy « jouet », pour tout objet utilisable dans les jeux sexuels, et destiné à procurer ou augmenter le plaisir tels que vibromasseurs, godemichés.
Dans un domaine moins excitant, celui de la statistique, SEX RATIO n. m., autre anglicisme (1948), de ratio « pourcentage » en anglais, désigne le rapport entre individus femelles et individus mâles, dans une population.