SHUNT n. m. est un emprunt technique, en électricité (1881), d'un nom anglais dérivé du verbe
to shunt « dériver ». Il désigne une résistance placée en dérivation, en général aux bornes d'un appareil
(Cf. court-circuit). En médecine, c'est l'opération mettant en relation le circuit artériel et le circuit veineux, ainsi que le dispositif à cet effet
(un shunt carotidien).
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Dans la reproduction sonore, il se dit de la diminution progressive du son, ou
fondu.
SHUNTER v. tr. (1881 en électricité) s'emploie dans les trois acceptions de shunt, et au figuré pour « court-circuiter », « passer à côté, contourner ».
1 SI conj. et n. m. inv. est issu (842) du latin si « toutes les fois que », « au cas où », qui introduit une phrase conditionnelle, la supposition étant considérée comme réelle (avec indicatif) ou comme irréelle ou éventuelle (avec subjonctif). La conjonction latine est en général placée en tête de phrase et peut être renforcée par un adverbe. La forme ancienne sei s'est réduite à si et, suivie de -ce, à sic (→ 2 si), d'abord seic. Il n'existe pas de conjonctions conditionnelles communes à plusieurs langues indoeuropéennes. Pour Ernout et Meillet, si et sic étaient à l'origine le même mot, le sens ancien de si étant « en ce cas, ainsi » sans valeur subordonnante ; mais si s'est aussi employé très tôt en latin avec les valeurs qu'il a conservées en français.
❏
La forme
se (v. 1050), antérieurement
sed (fin
Xe s.), est la plus courante en ancien français ; elle perd du terrain à partir du
XVIe et est éliminée au
XVIIe siècle ; elle provient d'un latin populaire
°se ou
°sed, altération de
si, d'après le latin classique
quid, neutre de
quis, pronom interrogatif.
■
Dans une phrase à deux membres en corrélation, si hypothétique introduit dès l'origine une hypothèse simple (842), une hypothèse réalisée dans le passé (1080) ou exclue dans le présent (fin XIIe s.), ou bien a une valeur de potentiel, l'hypothèse pouvant être réalisée dans l'avenir (v. 1175).
◆
Si s'emploie comme nom masculin pour « hypothèse, supposition », dans sans si « sans condition » (XIIIe s.) ; le substantif est entré dans la locution avec un si (1718), puis avec des si on mettrait Paris dans une (en) bouteille (1787).
◆
Présentant une donnée, si peut être renforcé : même si (v. 1150), que si (fin XVIe s.), courant en français classique et devenu archaïque.
◆
Par ailleurs, si peut introduire, depuis le XIIe s., une opposition avec une valeur concessive (v. 1150), équivalente du tour latin ut... ita... et appelant souvent dans la proposition suivante un restrictif (si... néanmoins...) ou un adversatif (si... au contraire...). Toujours sans valeur hypothétique, la conjonction introduit (1273) une proposition à valeur de complétive (cela m'est égal si...). Elle entre dans des locutions figées comme si ce n'est (1530), hypothétique ou marquant une restriction (fin XVe s. Commynes, dans si ce n'est pour..., av. 1684, si ce n'est que « excepté »).
◆
Ou si... (fin XVIe s.), construction aujourd'hui littéraire, est employé pour introduire le second terme d'une interrogation directe double.
■
À partir du XVIIe s., on passe de « étant admis pour vrai que » à « étant donné que » et si prend une valeur causale (1667), équivalent de puisque.
◆
Le mot est également utilisé (1678) en phrase exclamative, pour exprimer une suggestion, un souhait ou un regret (Si j'avais su !).
◆
Si oui « si la réponse est affirmative » n'est pas relevé avant le XXe siècle.
❏
Le composé
SINON conj. est usité avec les éléments disjoints (1080,
se nun ; déb.
XIIe s.,
si non) jusqu'à la fin du
XVe s. (Commynes).
■
Le mot introduit une exception ou une restriction hypothétique avec la valeur d'excepté, sauf.
◆
La locution conjonctive senon que (fin XIVe s.), puis sinon que (déb. XVe s.), a vieilli. Sinon que ne... rien « si ce n'est » (1559) s'est employé à l'époque classique.
◆
Sinon introduit également une concession, une restriction en corrélation avec au moins, du moins (1580), ou non.
◆
En emploi absolu, la conjonction signifie (fin XVIe s.) « si la condition (la supposition) ne se réalise pas ».
2 SI adv. et n. m. inv. est issu (842) du latin sic adv., anciennement seic et signifiant « ainsi, de cette façon », « de même (que) », « tellement (que) », « sans plus ». L'adverbe latin était répété dans les comparaisons et s'employait avec toute espèce de mots introduisant une comparaison ; dans la langue familière, il correspondait parfois, comme ita, au « oui » du français (→ 1 si).
❏
Si apparaît comme adverbe de comparaison (842)
[si... cum], équivalant à
aussi ; si... que ne subsiste dans une proposition affirmative que dans quelques expressions, comme
si peu que rien (1546),
si peu que vous voudrez (1835).
◆
Le mot ne s'emploie plus pour affirmer une idée en opposition avec la proposition négative qui précède (fin
IXe s.), souvent avec
avoir, être, faire (
si a, si estes, si faz, 1080 ;
si ferai, fin
XIIIe s.) ;
si ferai-je est noté « bas » en 1694.
Voir ainsi.
Comme adverbe d'affirmation, si s'utilise seul (v. 1490) ou renforcé (av. 1650, que si) ; la locution que si que non (1668) est sortie d'usage. Si a également en ancien français (fin IXe s.) le sens de pourtant ; cet emploi était déjà vieux au XVIIe siècle ; il a disparu, comme les formes renforcées si bien (apr. 1360), si néanmoins (1669), si est-ce que, etc.
Adverbe d'intensité signifiant « à ce point, à tel degré »,
si s'emploie devant un adjectif ou un adverbe (2
e moitié
Xe s.), en corrélation avec
que (v. 1200) pour introduire une consécutive
(elle est si belle que...) ; avec cette fonction,
si bien que (1530) est toujours suivi de l'indicatif ou du conditionnel, formant une locution conjonctive qui équivaut à « de sorte que ».
Si (conjonction) « jusqu'à ce que » (v. 1190) et
si très « tellement » (v. 1200) ne se sont pas maintenus ;
si tellement s'emploie encore plaisamment.
Si... (adjectif) que, suivi du subjonctif (fin
XIIe s.), introduit une concession.
■
L'emploi substantivé (un si) correspond à « objection, difficulté » (1371), en particulier dans des locutions comme des si et des mais (1534), les si et les mais de qqn (v. 1670), les si et les car (1671).
❏ voir
AINSI, AUSSI, SITÔT.
3 SI n. m. inv., attesté au début du XVIIe s., est formé des initiales de Sancte Johannes (I et J étant alors confondus) dans l'hymne de saint Jean-Baptiste, pour désigner la septième note de la gamme d'ut et le signe qui la représente (1871).
SIAL n. m., terme ancien de géologie, est formé des symboles chimiques du silicium, Si, et de l'aluminium, Al, pour désigner la couche superficielle de la lithosphère, formée en majorité de silice et d'alumine.
SIAL-, SIALO-, premier élément savant, est tiré du grec sialon « salive, bave », mot populaire de sonorité expressive, et entre dans la composition de termes médicaux.
❏
SIALAGOGUE adj. et n. m. (1741), de
-agogue, correspond à « qui accroît la sécrétion de salive ».
■
SIALADÉNITE n. f. (1871), d'adénite, désigne l'inflammation des glandes salivaires.
■
SIALOGRAPHIE n. f. (XXe s.), de -graphie, signifie « radiographie des canaux salivaires ».
◈
SIALORRHÉE n. f., formé (1840) avec l'élément grec
-rrhée, est le nom de la salivation excessive, pathologique, aussi appelée
ptyalisme, mot plus ancien (1723).
SIAMOIS, OISE adj. et n. apparaît comme nom féminin (siamoise) en 1686 puis est relevé en 1765, adjectif et nom ; le mot est dérivé de Siam, nom du pays appelé Thaïlande depuis 1939.
❏
Le mot est d'abord employé pour désigner, aux
XVIIe et
XVIIIe s., une étoffe de soie et de coton, introduite en France par les ambassadeurs du roi de Siam envoyés auprès de Louis XIV.
◆
Il s'applique ensuite (1765) à ce qui est relatif au Siam.
■
L'emploi spécial dans frères siamois (1839), sœurs siamoises (1872), pour désigner des jumeaux rattachés l'un à l'autre par deux parties homologues de leurs corps, vient des frères siamois, originaires du Siam, présentés en France en 1829. Au figuré, frères siamois équivaut à « amis inséparables ».
◆
Siamoise n. f. désigne (1877) un canapé en S sur lequel les occupants se trouvent vis-à-vis.
■
Chat siamois ou siamois n. m. (1930) succède à chat de Siam (1907) et désigne un chat d'une race importée du Siam à la fin du XIXe siècle.
SIBÉRIEN, IENNE adj. et n., relevé une première fois comme substantif (1610) puis adjectif (1740), dérive du nom propre Sibérie (d'étymologie énigmatique), région septentrionale de l'Asie.
❏
Employé comme nom d'un peuple dans sa première attestation, le mot s'applique à ce qui se rapporte à la Sibérie.
◆
Il qualifie notamment (1870, Goncourt) un froid très rigoureux, glacial (Cf. polaire).
❏
Le composé TRANSSIBÉRIEN, IENNE adj. (1889), de trans-, s'emploie comme nom masculin pour désigner le chemin de fer reliant la Russie d'Europe au Pacifique et à la Chine.
SIBILANT, ANTE adj. est un emprunt savant (1819) au participe présent sibilans, du latin sibilare qui a donné siffler*.
❏
Terme médical, il qualifie ce qui produit un sifflement, spécialement dans râle sibilant qu'on entend dans la bronchite. En phonétique, l'adjectif s'applique aux fricatives caractérisées par une fréquence élevée.
❏
En dérive
SIBILANCE n. f. (1871), rare.
■
SIBILATION n. f., emprunt (v. 1510) au dérivé bas latin sibilatio « sifflement », a désigné l'action de souffler, en parlant du vent (v. 1510), et signifie au figuré (1530) « moquerie, dérision », d'après un sens du verbe latin.
◆
Dans l'usage didactique, il signifie (av. 1672) « action ou manière de siffler », « sifflement ».
SIBYLLE n. f. est la réfection savante (mil. XVIe s.), d'après le latin, de sibile (1189), sebile (v. 1213), empruntés au latin Sibylla qui reprend lui-même le grec Sibulla, nom d'une prophétesse d'abord située en Asie Mineure puis, en Occident, à Cumes. Plus tard, les Sibylles se sont multipliées ; en latin, le mot a désigné plusieurs prophétesses et s'est employé familièrement pour « devineresse ». L'origine du mot grec est inconnue.
❏
D'abord employé en français comme terme d'Antiquité (Cf. Pythie), Sibylle s'est dit par extension d'une femme qui lit dans les astres (XIIIe s., sebile), puis d'une devineresse (1546, Rabelais, sibylle). Au moyen âge, le mot était un prénom féminin usuel. Dans les chansons de geste, Sebile, la roynne Sebille, la roine Seblie (1283), la royne Sibille (1442) désigne un personnage mythique qui aurait prophétisé la venue du Messie.
◆
À partir du XVe s., sibylle s'emploie figurément avec une valeur péjorative, dans vieille sebille (1493), vieille sybille « vieille femme qui a des prétentions au savoir » et plus tard « vieille femme méchante » (1835). Par ailleurs, le mot, par référence au célibat des prophétesses de l'Antiquité, a désigné à l'époque classique une fille qui vieillit sans se marier (1694).
❏
Le dérivé
SIBYLLIQUE adj., « qui se rapporte aux sibylles » (1777), est didactique et rare.
■
SIBYLLIN, INE adj., réfection (1564) de sibillin (v. 1355), est un emprunt au latin sibyllinus, dérivé de sibylla, notamment employé en parlant de recueils de livres déposés au Capitole, qui contenaient les prédictions versifiées de la Sibylle.
◆
L'adjectif est didactique comme terme d'Antiquité et usité dans quelques syntagmes (1718, oracles, livres, vers sibyllins). Il équivaut à sibyllique. Il est plus courant au figuré (1836) pour qualifier ce dont le sens est caché, symbolique comme celui des oracles.
SIC adv. (1771) est le mot latin signifiant « ainsi » et qui a donné l'adverbe 2 si.
❏
Ajouté à une citation, sic sert à souligner l'exactitude textuelle et, du même coup, l'étrangeté ou l'anomalie du contenu. Il est parfois substantivé.
SICAIRE n. m. est emprunté (fin XIIIe s.) au latin sicarius « assassin », dérivé de sica désignant un poignard pointu à lame recourbée, puis la défense du sanglier. Ce poignard, arme nationale des Thraces, fut considéré à Rome comme l'attribut des brigands et des assassins ; de là l'emploi spécial de sicarius, qui ne faisait pas référence à une arme spécifique. Sica, sans étymologie claire, a peut-être été emprunté à la langue thrace.
❏
Sicaire apparaît avec le sens de « tueur à gages » ; il est d'emploi historique ou très littéraire aujourd'hui. Il a désigné un terroriste zélote de l'Antiquité hébraïque (1863, Renan).
SICAV n. f. inv., acronyme de Société d'investissement à capital variable, s'emploie en termes de Bourse et est devenu courant en France à propos d'un portefeuille de valeurs mobilières détenues collectivement par des épargnants et géré par un « fonds commun de placement », et surtout (une, des sicav) d'un titre représentant une part dans ce type de société.
SICCATIF, IVE adj. et n. m., relevé une première fois comme nom v. 1300, puis 1495 comme adjectif, écrit seccitif, repris en 1723 sous la forme actuelle, est emprunté au bas latin médical siccativus (aussi siccatorius), dérivé de siccatum, supin du latin classique siccare « rendre sec », « assécher, épuiser, vider complètement », lui-même dérivé de siccus (→ sec).
❏
Employé à la fin du XVe s. au sens de « desséchant », l'adjectif, repris au XVIIIe s., qualifie un produit qui active la dessiccation des couleurs en peinture (1723, vernis siccatif ; 1802, huile siccative).
◆
Le mot est substantivé dans ce sens (un siccatif, 1812). Au XIXe s., l'adjectif passe dans le vocabulaire médical, qualifiant ce qui favorise la cicatrisation par son action desséchante (1855) ; il est aussi substantivé dans cette acception (1875).
❏
Deux termes techniques dérivent de
siccatif : SICCATIVITÉ n. f. (1825) et
SICCATIVANT n. m. (
XXe s.).
◈
SICCITÉ n. f. est un emprunt plus ancien (1425) au latin
siccitas, dérivé de
siccus.
◆
C'est un équivalent savant de
sécheresse.
■
Sur le supin du latin siccare a été dérivé savamment SICCATEUR n. m. (1923), terme technique d'agriculture désignant un assemblage de perches sur lequel on met le foin à sécher, dans certaines régions.
❏ voir
DESSICCATIF.
SICILIEN, IENNE adj. et n. est emprunté (sycillien, n., déb. XIVe s. ; 1550 adj.) au latin médiéval Sicilianus, dérivé du latin classique Sicilia, lui-même emprunt au grec Sikelia « Sicile », de Sikeloi, nom des habitants primitifs de l'île.
❏
Le mot qualifie ce qui se rapporte à la Sicile ou à ses habitants.
◆
Le nom masculin désigne le dialecte du groupe italien parlé en Sicile.
◆
Le sicilien se dit en géologie d'un étage du quaternaire marin.
❏
SICILIENNE n. f. s'emploie pour désigner une danse sicilienne (1705, Trévoux) et un air à danser, puis une forme dans les suites de danses en vogue au XVIIIe s. (attesté 1829).
◆
C'est par ailleurs le nom donné à une étoffe de soie (1874, Mallarmé).
SIDA n. m., attesté en 1982, est l'acronyme de Syndrome Immuno-Déficitaire (ou d'Immuno-Déficience) Acquis(e), d'abord écrit S. I. D. A., puis SIDA, Sida et enfin sida. L'anglais a parallèlement AIDS.
❏
Le mot désigne un syndrome, souvent mortel, dû à un virus (rétrovirus) et caractérisé par une chute brutale des défenses immunitaires. Ce terme médical a été largement diffusé par les médias, à cause de la gravité de la maladie, à la fois dans certains pays du tiers monde (Afrique notamment) et dans les pays les plus industrialisés. La maladie affecte particulièrement, par transmission sanguine, et par voie sexuelle, les personnes à multiples partenaires sexuels et celles qui sont exposées à des transfusions fréquentes, à des piqûres, etc.
◆
Le mot a des emplois figurés (sida mental).
❏
Plusieurs dérivés sont attestés depuis 1985 : SIDATIQUE adj. et n., « du sida, atteint du sida », critiqué, en général remplacé par SIDÉEN, ENNE (v. 1988), et SIDOLOGUE n. « spécialiste du sida » (1985) qui, de même que SIDOLOGIE n. f. (1987), paraît fort peu employé.
SIDE-CAR ou SIDECAR n. m. est un emprunt (1888, puis 1912) à l'anglais side-car, sidecar (1904), proprement « véhicule de côté », composé de side « côté », mot d'origine germanique, et de car « véhicule », emprunt au français dialectal car, variante de char*.
❏
Employé isolément à propos d'un cabriolet irlandais à deux sièges accolés dos à dos (1888), le mot désigne aujourd'hui (depuis 1912) un habitacle caréné à une roue sur le côté d'une motocyclette, pour l'usage d'un passager ; par extension (1922),
side-car se dit de l'ensemble du véhicule, alors que l'anglais emploie dans ce cas
motorcycle and sidecar ; aujourd'hui, ce véhicule est presque disparu.
■
Le sens de « cocktail américain, composé d'un tiers de cointreau, un tiers de jus de citron, un tiers de cognac » (relevé en 1936) vient de l'anglo-américain (1928).
❏
Du premier sens dérive
SIDE-CARISTE ou
SIDECARISTE n. (1913) « pilote d'un side-car ».
■
SIDE n. m. est l'abréviation de sidecar.
SIDÉRAL, ALE, AUX adj. est emprunté (v. 1510, sidereal ; 1520, sidéral) au latin sideralis « qui concerne les astres », dérivé de sidus, -eris ; ce mot a d'abord le sens de « constellation », et s'oppose à stella « étoile isolée » (qui a donné le français étoile*) ; puis sidus s'est dit d'un astre isolé ; il s'emploie par figure pour désigner le ciel, la nuit, une saison et notamment l'hiver. Son origine est inconnue.
❏
L'adjectif est didactique et qualifie ce qui a rapport aux astres. Il est employé en particulier dans année sidérale (1751, sydéréale puis 1762), révolution sidérale (1805), jour sidéral (1835).
◆
Dans l'usage littéraire, il peut qualifier ce qui vient des astres (fin XVIIIe s.) ; ou ce qui est constitué par des astres et, plus rarement, ce qui ressemble à un astre, rayonne comme un astre (XVIe s., puis XIXe s., av. 1889, Barbey d'Aurevilly).
❏
Le composé INTERSIDÉRAL, ALE, AUX adj. (1880), formé avec inter-, didactique, signifie « qui est situé, compris entre les astres ».
❏ voir
SIDÉRÉ.
SIDÉRÉ, ÉE p. p. adj. est emprunté (1521) au participe passé sideratus du latin impérial siderari « subir l'action funeste des astres » et aussi « être frappé d'insolation » ; le verbe dérive du latin classique sidus, -eris « constellation », employé en parlant de l'influence sur la destinée (→ sidéral).
❏
Sidéré apparaît en français avec le sens latin d'« influencé par les astres », employé jusqu'au XVIIIe s., puis sorti d'usage. La reprise du mot à la fin du XIXe s., d'abord à la forme verbale SIDÉRER v. tr. (1894), provient peut-être de l'emploi médical, lié à sidération (ci-dessous). Quoi qu'il en soit, le verbe, dans l'usage familier et au sens de « frapper de stupeur », est surtout employé au passif et au participe passé adjectif, sidéré, ée signifiant (1923) « stupéfait, abasourdi ».
❏
SIDÉRANT, ANTE adj. a d'abord qualifié une planète qui exerce une influence sur la santé ou la vie d'une personne, d'après son horoscope (1858) ; le mot, en ce sens, est dérivé de
sidéral, plutôt que du verbe.
◆
C'est en revanche de
sidérer que procède directement l'adjectif en médecine, alors lié à
sidération (ci-dessous) et au figuré (1885), où il équivaut à
stupéfiant et correspond à l'emploi familier de
sidéré.
◈
SIDÉRATION n. f. est emprunté (1549,
syderation) au latin impérial
sideratio « action funeste des astres et notamment du soleil » et « insolation », aussi « position des astres (pour interpréter la destinée) », dérivé de
sideratum, supin de
siderari.
■
Le mot apparaît dans une spécialisation du latin médical pour « nécrose, gangrène » et « maladie des arbres attribuée à l'influence des astres ». Il s'emploie ensuite comme terme d'astrologie (1560), pour parler de l'influence subite d'un astre sur la vie ou la santé d'une personne.
◆
En médecine, il désigne depuis le XVIIIe s. (1759) l'anéantissement subit des forces vitales sous l'effet d'un choc émotionnel ou de la foudre. Cet emploi a pu motiver la reprise de sidéré et la création de sidérer vers la fin du XIXe siècle.
❏ voir
CONSIDÉRER, DÉSIRER, SIDÉRAL.
SIDÉRURGIE n. f. est un dérivé savant (1812), sur le modèle de métallurgie*, du grec sidêrourgos « celui qui travaille le fer, serrurier, forgeron », composé de sidêros « fer, objet de fer » et de ergon « action, ouvrage, travail ». L'origine de sidêros est inconnue ; le fer ne semble pas avoir été connu des premiers Indoeuropéens et il n'existe pas de racine unique pour désigner ce métal. Quant à ergon, il se rattache à la racine indoeuropéenne °werg- « agir » que l'on trouve, entre autres, dans le grec energein « agir » d'où energeia (→ énergie) et dans les langues germaniques.
❏
Le mot désigne couramment la métallurgie du fer, de la fonte, de l'acier et des alliages ferreux.
❏
Il a fourni les dérivés
SIDÉRURGIQUE adj. (1871) « de la sidérurgie », usuel,
SIDÉRURGISTE n. (1934), nom d'agent avec le même sémantisme que
métallurgiste (ouvrier, entrepreneur) et le composé
ÉLECTROSIDÉRURGIE n. f. (1907) de
électro-, terme technique, dont procède
ÉLECTROSIDÉRURGIQUE adj. (1911).
◈
Sidérurgie a eu pour équivalent
SIDÉROTECHNIE n. f. (1839) de
-technie, formé sur la base
SIDÉRO- tirée du grec
sidêros, qui entre par ailleurs dans la composition de quelques termes scientifiques et techniques (botanique, médecine, chimie, géologie, astronomie). En technique,
SIDÉROGRAPHIE n. f. (1835) désigne la gravure sur acier. En géologie,
SIDÉROLITHIQUE adj. (1866) qualifie les sols riches en concrétions ferrugineuses et
SIDÉROSE n. f. (1830) se dit d'un carbonate naturel de fer, minerai pauvre. En médecine, le mot s'emploie (1885) à propos de la pneumoconiose due à l'absorption de poussières de fer.
■
SIDÉROXYLON n. m., création des botanistes du XVIIIe s. (1765), du grec xulon « bois », dénomme un arbre tropical (Sapotacées) au bois très dur, imputrescible, appelé bois de fer.