SILENCE n. m. est un emprunt (1119) au latin classique silentium « absence de bruit, de paroles » et, au féminin, « repos, inaction, oisiveté », dérivé de silere « être silencieux », « taire », « se taire ». À l'origine, le verbe était employé pour parler de l'absence de mouvement et de bruit ; il s'utilisait autant à propos des choses que des personnes, plus couramment que tacere (→ taire). L'origine de silere reste obscure.
❏  Dans les premiers emplois, le mot conserve le sens propre du latin et désigne également (v. 1190) le fait de ne pas exprimer sa pensée, oralement ou par écrit. Comme en latin, silence est parfois aussi féminin depuis le début du XIIIe (v. 1210) jusqu'au milieu du XVIIe siècle. Les deux valeurs premières du mot apparaissent dans en silence (v. 1190) « sans faire de bruit, sans dire un mot » et « sans se plaindre », puis dans les locutions être mis au silence (1327) qui a eu cours dans le vocabulaire religieux des monastères, passer qqch. sous silence (1330, soubz silance) « ne pas en parler », imposer silence à qqn (XVe s.), réduire qqn au silence (1762), dans silence ! (1718), du silence ! (1835). ◆  Silence s'emploie depuis le moyen français de manière plus générale (v. 1350, silenche ; 1380, silence) pour parler de l'absence de bruit, d'agitation, comme quasi-équivalent de calme, d'où les sens disparus de « lieu retiré » (fin XVIe s.), « secret, mystère » (1656), et l'usage figuré dans le domaine moral (fin XVIIe s.), par exemple dans le silence des passions (1788). ◆  Le mot désigne également (fin XIIe s., scilence) le fait de ne pas exprimer qqch., ne pas divulguer ce qui est secret, sens auquel se rattache la locution la loi du silence (1758, Correspondance de Grimm), qui interdit aux membres d'une association de malfaiteurs de renseigner la police, par exemple l'omerta sicilienne. ◆  À partir du XVIIe s., il se dit de l'absence de sons perçus (av. 1626). Un silence désigne un temps d'arrêt dans un discours (1672) et, par figure, l'interruption de relations épistolaires (1690), puis (XXe s.) téléphoniques. ◆  En musique un silence s'applique à l'absence ou à l'interruption du son, indiquée par des signes particuliers (1743, Rousseau) et, par métonymie, désigne chacun de ces signes (1767) (Cf. pause, soupir). ◆  Par figure, silence désigne aussi le fait de ne pas mentionner qqch. dans un écrit, d'abord en parlant d'un texte de loi (1804), puis avec une valeur étendue (1871), en relation avec faire silence sur qqch., qui correspond à se taire. ◆  La valeur d'« absence de son » s'applique au XXe s. au contexte technique (silence radio) et didactique, en physiologie ou en physique (zone, cône de silence). Silence radio, repris au figuré, s'applique à une absence de déclaration, de discours, de réaction verbale.
❏  SILENCIEUX, EUSE adj., formé d'après le dérivé bas latin silentiosus (Apulée), s'applique à un lieu où l'on entend peu de bruit (1524), à une personne qui ne parle guère (1611) ou s'abstient momentanément de parler (v. 1750). ◆  L'adjectif qualifie aussi ce qui se passe sans paroles (av. 1784, un repas silencieux), une chose qui fait peu de bruit (v. 1800), d'où une SILENCIEUSE n. f. (1877), « machine à coudre qui ne fait pas de bruit », emploi disparu, alors que SILENCIEUX n. m. désigne encore un dispositif servant à atténuer un bruit (1898), notamment celui d'une arme à feu (mil. XXe s.), d'un pot d'échappement. En argot 1900, un silencieux s'est dit du couteau de l'assassin. ◆  L'adverbe SILENCIEUSEMENT est usité au propre (1586) et au figuré (1854).
■  SILENCIAIRE adj. et n. est emprunté (1567) au dérivé bas latin silentiarius « esclave qui fait observer le silence » et « huissier du palais impérial », sens emprunté en français au XVIIe s. (1611). ◆  Comme adjectif, le mot a signifié « qui reste silencieux ». Il a été repris par L. Bloy, familier du vocabulaire religieux (fin XIXe s.), appliqué à ce qui réduit au silence. ◆  Le nom a désigné (1721) une personne qui parle peu et, spécialement (1819), un religieux tenu d'observer le silence. Le mot est archaïque ou didactique.
■  SILENCER v. tr., attesté en 1874 (1888, silencier), est littéraire.
■  SILENCEUR adj. m., dans bloc silenceur (v. 1970), est un terme technique qui traduit l'anglicisme SILENT-BLOC n. m. passé en français (1928) pour « petit bloc de caoutchouc qui permet d'absorber les bruits et les vibrations d'un moteur ».
SILÈNE n. m. est tiré du nom propre Silène (1534, Rabelais), emprunt au latin Silenus, nom du demi-dieu communément représenté gonflé comme une outre, père nourricier de Bacchus. Silenus est lui-même emprunté au grec Silênos, nom du compagnon de Dionysos et des nymphes, d'origine inconnue.
❏  Le mot a désigné (1534 ; encore en 1660), par référence à la physionomie joviale du dieu, une petite boîte peinte de figures joyeuses et frivoles, que l'on trouvait chez les pharmaciens. ◆  Par analogie d'aspect, silène désigne (1765) une plante herbacée dont les fleurs présentent un calice gonflé, puis (1791) un papillon du genre des satyres.
SILEX n. m. est la reprise (1556) du mot latin silex désignant une sorte de lave, employée dans la construction des maisons. Le mot, qui signifie aussi « caillou » et est utilisé en poésie pour « roc, roche », n'a pas d'origine claire.
❏  En français, silex désigne une roche siliceuse et, par métonymie (déb. XXe s.), un objet en silex, en particulier un outil préhistorique.
❏ voir SILICE.
SILHOUETTE n. f. apparaît (1759) dans l'expression à la silhouette, venant du nom d'Étienne de Silhouette, homme politique (1709-1767) qui fut impopulaire et chansonné pour ses projets d'économie, lorsqu'il fut ministre des Finances (mars-novembre 1759). On a supposé sans preuve que l'expression évoquait le fait qu'Étienne de Silhouette avait l'habitude de tracer ce genre de profils.
❏  Dans sa première attestation, à la silhouette semble désigner des objets faits « à l'économie », d'une façon sommaire ou peut-être des ombres passagères, à l'image d'une politique changeante et inefficace. L'expression est employée chez Rousseau (1765, profil à la silhouette) au sens moderne pour un dessin au trait de profil exécuté en suivant l'ombre projetée par un visage ; on disait aussi portrait à la silhouette, et silhouette (1788). Ce sens est devenu didactique. ◆  Par extension, le nom désigne couramment une forme qui se profile en noir sur fond clair (av. 1841, Chateaubriand), la ligne générale d'un corps humain figurée sommairement (av. 1850), puis tout dessin aux contours schématiques (1890), en particulier dans silhouette de tir (1904) dans le vocabulaire militaire.
❏  Le dérivé SILHOUETTER v. tr. (1857 chez Sainte-Beuve), d'abord relevé au pronominal (1865), a fourni SILHOUETTAGE n. m., terme technique de photographie (1905).
SILICE n. f. est emprunté (1787, Guyton de Morveau) au latin siliceus « de silex », dérivé de silex, -icis « caillou, silex », ou directement dérivé de cette base (→ silex).
❏  C'est le nom donné, en chimie et en minéralogie, à un corps dur, constituant très courant des minéraux naturels, plus tard identifié à l'oxyde d'un corps simple, qui sera appelé silicium (ci-dessous).
❏  Silice a produit plusieurs dérivés et composés didactiques.
■  SILICEUX, EUSE adj. (1780) signifie « formé de silice » et, par extension, « riche en silice » (terrain siliceux, 1812).
■  SILICIUM n. m. désigne un corps simple métalloïde, du groupe du carbone, découvert à partir de la silice qui en est l'oxyde, et nommé en 1809 par le chimiste suédois J. J. Berzelius (1779-1848). ◆  Le mot, attesté en 1816 en français, a servi de base pour former SILICONE n. f. qui désigne d'abord (1876 ; précédé par silicon, 1863) un composé résultant de l'action de l'acide chlorhydrique sur un sel (siliciure) de calcium. Employé au pluriel (1906), c'est le nom générique de dérivés du silicium à importants usages industriels (huiles, résines de silicones), cosmétiques et de chirurgie esthétique. C'est lorsque les gels et prothèses de silicones ont été employés pour raffermir des parties du corps (seins, lèvres) que le mot est passé de l'usage scientifique et technique à la langue commune. ◆  En dérive SILICONER v. tr. (mil. XXe s.), « garnir de silicone », qui a fourni SILICONAGE n. m. et SILICONÉ, ÉE adj. (mil. XXe s.). Ces mots sont restés techniques dans certaines applications (siliconer des câbles), mais usuels s'agissant, par exemple, du traitement des seins par gels ou prothèses. Par extension, on parle d'une femme siliconée.
■  SILICIQUE adj. (1818), dans anhydride silicique, ancienne désignation chimique (erronée) de la silice, et acides siliciques (notion hypothétique), a disparu.
■  SILICATE n. m., dérivé savant de silice, désigne (1818) une combinaison de silice avec un oxyde métallique. ◆  Le mot a fourni plusieurs dérivés, en chimie : SILICATÉ, ÉE adj. (1842), SILICATISER v. tr. (1876), SILICATATION n. f. (1878), SILICATAGE n. m. (mil. XXe s.), SILICATER v. tr. (id.).
■  SILICIURE n. m. (1824), « combinaison de silicium et d'un élément », a produit SILICIURATION n. f. (1877).
SILICAGEL n. m. est la francisation (1926) de l'expression anglaise silica gel (1920), de silica (→ silice) et gel (→ gel).
Parmi les autres composés, on relève en botanique SILICICOLE adj. (1871), de -cole, qui s'applique aux plantes poussant bien en terrain siliceux.
■  SILICOSE n. f. (1945), de -ose, désigne une maladie provoquée par l'action de poussières de silice sur les poumons, maladie professionnelle grave des mineurs, des tailleurs de pierre. Il a pour dérivé SILICOTIQUE adj. (v. 1950) « de la silicose ».
L'élément SILICICO- ou SILICO-, tiré du radical de silicium, indique, dans des termes de chimie, la présence de silicium dans un composé (par exemple silicocalcium n. m., mil. XXe s.).
SILANE n. m. est la contraction de silicane, dérivé (1949) de silicium, pour un composé de silicium et d'hydrogène.
SILIQUE n. f. est un emprunt savant au latin, attesté dès le XIIIe s. au sens de « cosse », et précisément défini au XVIIIe s. en botanique (1762). Le latin siliqua, qui désigne aussi le caroubier (et une petite mesure de capacité, une petite monnaie) est d'origine inconnue.
❏  Ce terme de botanique dénomme un fruit sec indéhiscent, composé de deux carpelles divisant en deux par une cloison une cavité d'abord unique (les siliques du chou).
SILLAGE → SILLON
SILLET n. m. est emprunté (1642, Oudin ; écrit cillet en 1627) à l'italien ciglietto, proprement « petit cil », diminutif de ciglio « cil, sourcil », issu du latin cilium désignant la paupière (inférieure) et par extension les cils (attesté depuis Pline) [→ cil].
❏  Sillet, terme technique de musique, désigne comme en italien une petite pièce de bois collée sur le manche de certains instruments à cordes, juste au-dessus de la tête, pour empêcher que les cordes n'appuient sur la touche. ◆  Le mot désigne par extension (mil. XXe s.) l'ensemble des saillies longitudinales incrustées sur le manche d'un instrument à cordes pour marquer l'emplacement des notes.
? SILLON n. m., attesté chez Villon (1462), a remplacé les formes sellon (XIIIe s.), seillon (v. 1200, avec l'idée de mesure pour le terrain), le dérivé seillonet étant relevé au XIIe s. (1165-1170) ; la graphie seillon est encore attestée au XVIe siècle. Le mot, d'origine incertaine, représente pour Bloch et Wartburg un dérivé de l'ancien français silier « labourer » (1322 ; Cf. v. 1210, seil « sillon ») puis (v. 1330) « marquer (la chair) de coups de fouet », issu d'un latin populaire °seliare. Ce dernier proviendrait d'un radical gaulois selj-, que l'on retrouve dans le rhéto-roman saglia « bande étroite au milieu d'un pré fauché, sur laquelle on étend l'herbe du pré entier ». Cependant, P. Guiraud fait venir sillon d'un ancien verbe, attesté tardivement, siller (1583), seiller (1643), variantes de seigler (1542) signifiant en marine « faire un sillage » et issu d'un latin populaire °seculare, lui-même dérivé du latin classique secare qui a donné scier* ; le seillon ou sillon serait alors une raie, découpée dans la terre ou dans l'eau comme avec une scie. Cette explication — qui rejoint celle de Furetière, rapprochant sillon et sion (scion) — se heurte à des difficultés chronologiques.
❏  Le mot a désigné (1306, sellon) une bande de terre, une planche de labour, acception encore relevée au début du XVIIe siècle. Il s'applique aussi en ancien français (XIIIe s.) et jusqu'au XVIe s. à une unité de mesure. ◆  Le sens de « tranchée ouverte dans la terre par une charrue » semble apparaître au XVIe s. (1538, seillon ; fin XVIe s., sillon). Cependant, la valeur complémentaire de « terre relevée par le versoir de la charrue » a produit une acception géographique, « ligne de collines », dans une expression comme le sillon de Bretagne. ◆  Les emplois du mot sont ensuite analogiques ou figurés. Il désigne une ligne creusée plus ou moins profondément sur une surface, d'abord en parlant des rides d'un visage (fin XVIe s.) ; dans le langage poétique, sillon correspond (1611) à « ligne, trace longitudinale ». Par ailleurs, les sillons pour « la campagne, les champs » (1658), lui aussi d'usage poétique, est sorti d'usage. Le mot s'est en outre employé (1690) pour « sillage » (ci-dessous). ◆  Il s'est spécialisé pour désigner (1704) la dépression entre les deux seins. Il devient un terme spécialisé d'anatomie, signifiant « strie profonde » (1765), « rainure » (sillons du cerveau), employé ensuite en sciences naturelles (sillon d'une coquille), en embryologie (XXe s., sillon primitif). ◆  Au sens dominant de « trace de la charrue », des locutions apparaissent après 1750 : tracer son sillon (av. 1778), faire son sillon (1835), creuser son sillon (1875) signifient figurément « poursuivre sa tâche laborieusement, avec persévérance ». ◆  Par analogie, sillon désigne une dépression étroite plus ou moins profonde (1871, sillon des roues) et, spécialement (1889), la trace produite à la surface d'un disque par l'enregistrement phonographique (d'où microsillon). ◆  Le Sillon, nom d'une revue que fondèrent P. Renaudin et M. Sangnier en 1894, organe du catholicisme libéral et social, fait référence à la métaphore du labour et de la trace ; autour de cette revue se forma un mouvement appelé (déb. XXe s.) SILLONNISME n. m., d'où SILLONNISTE adj. et n. Ce mouvement fut condamné par Pie X en 1910.
❏  Le dérivé SILLONNER v. tr. remplace (fin XVIe s.) seillonner, seilonner (1538) au sens de « labourer en ouvrant des sillons », sorti d'usage. Le verbe s'est fixé sur un emploi analogique (v. 1570), « parcourir en tous sens », d'où spécialement en parlant d'un navire (1575) « traverser d'un bout à l'autre en laissant un sillage » puis « traverser », en parlant d'une voie (v. 1850). ◆  Par ailleurs, sillonner s'emploie avec un sujet qui désigne ce qui marque, forme des sillons (fin XVIe s., en parlant des rides ; 1765, d'un éclair dans le ciel).
Le composé MICROSILLON n. m. (v. 1950), de micro-, terme technique pour le sillon très fin d'un disque 33 ou 45 tours longue durée, désigne couramment par métonymie le disque lui-même. Le mot s'emploie aussi en apposition (disque microsillon) mais tend à disparaître, avec l'élimination des anciens disques 78 tours, le microsillon étant pendant un temps le seul disque usuel, concurrencé puis éliminé (entre 1980 et 1990) par le « compact » (voir disque).
■  INTERSILLON n. m. (v. 1950) de inter-, désigne en technique du son la partie située entre deux spires adjacentes d'un sillon.
SILLER v. a signifié en moyen français (1583) « tracer un sillage », puis est sorti d'usage. Il a été repris à la fin du XIXe s., au sens de « parcourir dans le sens de la longueur » (1887, Huysmans), mais ne s'est pas imposé.
■  Le verbe avait servi à former SILLAGE n. m. (1574), d'abord seillage (XVe s., selon Bloch et Wartburg), qui désigne la trace que laisse un bâtiment derrière lui. Par extension, le mot signifie aussi (1679) « vitesse de marche (d'un navire) », la trace dépendant de cette vitesse. ◆  Il se dit par analogie (1803) d'une veine de prolongement, dans une mine de houille ; c'est alors un terme technique. ◆  Par extension, il désigne la trace d'un passage quelconque (1830, sillage des étoiles), d'où la locution figurée et courante marcher, être dans le sillage de qqn « en suivant son exemple » (1904) et (XXe s.) le sillage d'un parfum « l'odeur parfumée laissée par une personne qui passe ». En physique, sillage désigne la partie d'un fluide que laisse derrière lui un corps en mouvement (XXe s.).
SILO n. m. est emprunté (1685) à l'espagnol silo (1050), emprunté, par l'intermédiaire du latin didactique sirus, au grec siros « excavation souterraine où l'on conserve le grain » et « trappe », « cachot », mot technique sans étymologie connue.
❏  Silo s'est employé au sens de « cachot souterrain » qu'avaient le grec et l'espagnol (au XIIIe s.). Le mot, à peu près inusité, est repris au XIXe s. (1823), désignant une excavation où l'on conserve le grain, ce sens ayant été réalisé par l'ancien provençal sil au moyen âge (v. 1280). Silo a désigné (déb. XXe s.) une punition consistant, dans l'armée d'Afrique, à enfermer un condamné dans un silo. Le mot s'applique aussi à d'autres produits agricoles que les grains (1871) et se dit par extension d'un dispositif ayant cette fonction de stockage, mais consistant en un réservoir élevé (XXe s.). En revanche, la valeur d'excavation réapparaît à propos d'un site souterrain de lancement de missiles (v. 1970), tandis que l'analogie de fonction et la forme des silos à grains modernes, qui sont des tours élevées, produit d'autres sens figurés, « garage à étages » (1972) et au figuré et péjorativement (v. 1973) « immeuble à nombreux étages et à forte densité d'occupation ».
❏  Le dérivé SILOTAGE n. m. (1923) est un synonyme d'ensilage.
■  Le préfixé ENSILER v. tr. (1865, au participe passé) ou, rare, ENSILOTER v. tr. (v. 1890), terme technique signifiant « mettre en silo », a fourni ENSILAGE n. m. (1838 ; de en, et silo), qui désigne par métonymie le fourrage à demi séché stocké dans des silos, alors que ensiloter a pour dérivé ENSILOTAGE n. m. (1873) « mise en silo ». ◆  Ensiler a en outre produit ENSILEUSE n. f. (XXe s.) et ENSILEUR n. m. (1875) « celui qui met dans les silos ».
SILPHE n. m. est un emprunt des entomologistes (1803) au grec silphê pour un coléoptère au corps plat, noir, dont une espèce est nuisible aux cultures de betteraves. Le mot ne peut guère entrer dans la langue courante du fait de l'homonymie avec sylphe.
SILURE n. m. est emprunté (1558) au latin impérial silurus, lui-même pris au grec silouros désignant un poisson. La finale -ouros vient de oura « queue », mais le premier élément est obscur. On relève en moyen français la forme dialectale saluth (1560 ; 1611, salus) devenue salut (1791) et conservée en Suisse.
❏  Silure est le nom d'un poisson de grande taille qui vit sur les fonds vaseux des grands fleuves (Danube, Nil), des lacs et de certaines mers (mer Noire, Caspienne). ◆  En français d'Afrique, le mot s'emploie en parlant de différentes espèces de poissons à barbillons développés, alors équivalent de poisson-chat.
❏  Le dérivé SILURIDÉS n. m. pl. (1904), du grec eidos « forme, apparence » (→ -idés), terme de zoologie, est le nom de la famille de poissons dont le silure est le type. ◆  Le mot a eu pour équivalent SILUROÏDES n. m. pl. (1828), de -oïde, qui a disparu.
SILURIEN, IENNE adj. est l'adaptation (1839) de l'anglais silurian, tiré du nom latin d'un peuple celtique du Shropshire actuel, les Silures.
SILVANER n. m. est emprunté (1868) à un mot allemand d'Autriche, dérivé du latin classique silva « forêt » (→ selve, sylvi- ; sauvage).
❏  Silvaner, écrit aussi sylvaner, désigne un cépage blanc cultivé en Allemagne, en Autriche, en Suisse et en Alsace ; par métonymie, c'est le nom (1904) d'un vin blanc produit avec ce cépage, souvent, dans le contexte français, d'un silvaner d'Alsace.
SILVES → SYLVE
SIMA n. m. est formé (1918) de deux symboles chimiques, ceux du silicium, Si, et du magnésium, Ma, pour dénommer la couche intermédiaire de l'écorce terrestre inférieure au sial, où la silice et le magnésium prédominent. Ce terme a vieilli.
? SIMAGRÉE n. f., attesté en 1285, est d'origine obscure. On a fait l'hypothèse, plus plaisante que vraisemblable, d'une substantivation de si m'agrée « ainsi cela m'agrée » (→ agréer), dont on ne trouve pas d'exemple très ancien, à l'exception du dernier vers du fabliau du Povre Mercier : donne-moi boire, si t'agrée. On a proposé par ailleurs une formation à partir de sime a groe « singe avec des griffes », qui serait apparue dans le Hainaut (Cf. simagraw en wallon, chimagrue dans Molinet, fin XVe s.) et serait une ancienne dénomination du diable. P. Guiraud retient de ces deux hypothèses les formes sime, forme dialectale de singe* (variantes syme, chime), et agrée : sime et agrée désignant un agrément, une approbation de singe (Cf. monnaie de singe), et les simagrées des « singeries ». Au XVIIe s. (la Piquetière, cité par Ménage), on le rapprochait de simulacre.
❏  Simagrée, le plus souvent employé au pluriel, se dit d'un comportement affecté, destiné à attirer l'attention ou à tromper. Il n'a guère changé de sens au cours des siècles.
SIMARRE n. f. est un emprunt (1606), d'abord écrit cymarre (1511), à l'italien zimarra (XIVe s., aussi cimarra), lui-même pris à l'espagnol zamarra qui l'a emprunté à l'arabe sammūr, mot désignant (1100) la zibeline ou sa fourrure. Le français a employé chamarre (1490) au sens moderne de simarre, par emprunt à l'espagnol zamarra, qui correspond à l'ancien provençal samarra (1330). On relève aussi les variantes chimarre (1627) et cimarre (1640), plus courante à l'époque classique (→ chamarré).
❏  Dans sa première attestation (1511), simarre désigne une sorte de pot, sémantisme déjà présent en ancien provençal (1425) ; on serait passé de l'idée de « vêtement » (qu'avait chamarre) à celle d'« habillement » d'une bouteille, d'un pot et, par métonymie, le mot aurait désigné le pot lui-même.
■  Ce sens est sorti d'usage, et simarre, par retour à l'idée initiale ou par réemprunt, la référence à la fourrure n'étant pas exclue, a désigné (1610) une longue robe d'homme ou de femme, faite d'une riche étoffe ; c'est aujourd'hui (depuis 1704) le nom d'une espèce de robe portée par les prélats ou les magistrats.
SIMARUBA n. m., d'abord francisé sous la forme chimalouba (1666), refait au XVIIIe s. (1729), est un emprunt à une langue amérindienne de Guyane, où le mot désigne un arbre dont une espèce possède une écorce contenant un principe amer, la quassine (du nom d'un arbre de la même espèce, le quassia).
SIMARRE n. f. est un emprunt (1606) à l'italien zimarra, qui est à l'origine du verbe chamaner. Le mot, didactique (histoire du costume) désigne un longue robe féminine ou masculine d'une riche étoffe. Il s'est dit du devant de la robe des magistrats et aussi d'une soutane d'intérieur des prêtres catholiques.