SIMIESQUE adj. est formé par dérivation savante (1843, Balzac) à partir du latin simia n. f. (→ singe).
❏  Le mot qualifie ce qui tient du singe ou qui l'évoque (un visage simiesque).
❏  À partir de ce même radical a été créé le terme de zoologie SIMIEN, ENNE adj. (1842), d'abord concurrencé par simian, qui se dit de ce qui est relatif aux singes. Le substantif pluriel, les Simiens, désigne (1876) un sous-ordre de l'ordre des Primates, comprenant les singes proprement dits et l'homme.
SIMILAIRE adj. est dérivé (1539) du latin classique similis « semblable », « ressemblant », issu d'une forme ancienne °semilis ; la forme ancienne du neutre, simul (semul, semol), est demeurée comme adverbe au sens d'« en même temps, également » et a été renforcée à l'époque impériale en insimul (→ ensemble). °Semilis se rattache à une racine indoeuropéenne °sem- « un » servant aussi à exprimer l'identité et représentée par le gotique sama, le sanskrit sámaḥ, le vieux slave samŭ. Le latin n'a de correspondants exacts qu'en celtique (irlandais samail « ressemblance »). ◆  Similis avait abouti en ancien provençal à semble « semblable » (v. 1090), forme relevée isolément en ancien français (XIIIe s. et 1378).
❏  L'adjectif similaire est d'abord un mot médical, attesté en anatomie dans parties similaires (1539), désignant les parties fondamentales qui constituent des systèmes et se réunissent pour former des organes. Il s'est appliqué plus largement à des éléments de même nature, équivalant à homogène en anatomie (v. 1560, Paré, partie similaire), plus tard en physique (1721, lumières similaires) ; en mathématiques, il a eu le sens de « proportionnel » (1721, rectangles similaires). ◆  Depuis le début du XVIIe s. au moins (1611), similaire signifie couramment « qui est à peu près de même nature (qu'une autre chose) » mais cette acception reste rare avant le XIXe s., où le mot est repris en économie politique (1871) qualifiant des produits nationaux de même nature que ceux qui sont importés ; il est alors substantivé (les similaires).
❏  En dérivent SIMILARITÉ n. f. (1755), mot assez usuel, et SIMILAIREMENT adv. (1891, Goncourt), d'usage rare.
SIMILITUDE n. f. a été emprunté (v.1220) au latin similitudo « ressemblance, analogie », « représentation, image ressemblante », « comparaison, rapprochement » et « monotonie », dérivé de similis.
■  Le mot a d'abord signifié dans le vocabulaire religieux « rapport exact entre deux êtres », en parlant de Dieu et du Christ. Il s'est employé en rhétorique depuis le XIIIe s. (v. 1270) et encore à l'époque classique, au sens de « comparaison fondée sur l'existence de qualités communes à deux choses », d'où l'usage dans la langue biblique (1535) pour « parabole ». ◆  Il désigne (1365) la relation qui unit deux choses exactement semblables (Cf. analogie), spécialement en géométrie où il s'emploie pour parler de deux figures qui peuvent être rendues homothétiques (1765) et pour nommer la transformation qui permet de passer d'une figure à une autre semblable (1876). Avec la même valeur, le mot est repris en médecine homéopathique dans loi de similitude, selon laquelle de très faibles doses toxiques guérissent des symptômes semblables à ceux qui sont provoqués chez une personne par ces toxiques administrés à fortes doses, principe déjà énoncé dans l'Antiquité par Hippocrate.
SIMILI-, élément tiré de similis, marque qu'on a affaire à une chose semblable, souvent avec une valeur péjorative (Cf. pseudo-).
■  L'élément a été substantivé en SIMILI n. m. (attesté 1881, Huysmans) et équivaut à « imitation ». Le mot désigne aussi un cliché obtenu par similigravure (→ gravure) et du coton similisé (mil. XXe s., n. m.).
■  SIMILISER v. tr. (1935), d'abord au participe passé SIMILISÉ, ÉE (1909), signifie « traiter (des fibres de coton) pour leur donner un aspect soyeux » ; l'opération est nommée SIMILISAGE n. m. (1935). SIMILISTE n., autre dérivé de simili (1901), s'est dit du spécialiste en similigravure qui retouchait les clichés. ◆  SIMILOR n. m., formé de simili et or, désigne (1762) un métal imitant l'apparence de l'or, employé notamment en bijouterie.
❏ voir ASSIMILER, DISSIMULER, ENSEMBLE, GRAVURE, SEMBLER, SIMPLE, SIMULACRE, SIMULER, SIMULTANÉ.
SIMONIE n. f., réfection graphique (v. 1180) de symonie (1172-1174), est emprunté au latin ecclésiastique médiéval simonia (1082), tiré du nom propre Simon, porté par plusieurs personnages de l'Évangile et désignant ici Simon le Magicien (Simon magus) qui avait voulu acheter les apôtres Pierre et Paul pour recevoir d'eux le pouvoir de conférer le Saint-Esprit par l'imposition des mains (Actes des Apôtres, VIII, 9, 24). Le nom Simon vient du latin classique Simo, -onis, signifiant aussi « dauphin », et dérivé de simus « camus, au nez aplati ». Il a été employé au moyen âge (1225-1250, symon) pour désigner un homme coupable de simonie. ◆  On relève aussi, au XVIIIe s., l'emploi de petit simon comme nom d'une bergeronnette de l'île Bourbon (aujourd'hui La Réunion ; 1778, Buffon), puis simon pour « dauphin » (1842, Académie).
❏  C'est par référence à la démarche de Simon le Magicien que le mot se dit, dans un usage littéraire ou religieux, de la volonté réfléchie d'acheter ou de vendre à prix temporel une chose spirituelle, et de la pratique qui en résulte.
❏  SIMONIAQUE adj. et n. (1491), réfection de symoniaque (1372), est emprunté au dérivé latin chrétien simoniacus, qui avait produit dès le XIIe s. l'ancien provençal simoniacx, adjectif (v. 1140). ◆  Ce terme, didactique ou littéraire, signifie « coupable ou entaché de simonie ».
SIMOUN n. m. est un emprunt, d'abord écrit simoon (1791), puis francisé d'après la prononciation anglaise en simoun (1819), à l'anglais simoon, simoom (1790), lui-même emprunté à l'arabe samūm, dérivé de samma « empoisonner ». Le français avait samun (1777) par emprunt direct à l'arabe. Une Description de l'Arabie parue en 1773 mentionne ce vent, « vent empoisonné qu'on nomme sâm, smûm, samiel et samêli suivant les différentes prononciations des Arabes ». On trouve aussi la graphie semoun (1822), souvent employée au XIXe siècle.
❏  Le mot désigne un vent violent, très chaud et sec, qui souffle sur les régions désertiques du Sahara, de l'Arabie (Cf. sirocco).
SIMPLE adj. et n. m. est emprunté (v. 1125) au latin classique simplex, -icis, littéralement « plié une fois », qui signifie « formé d'un seul élément », « seul, isolé », « naturel, sans artifice », et dans le domaine moral « sans détours, ingénu, naïf ». Sim-, premier élément de cet adjectif, se rattache à une racine indoeuropéenne °sem- désignant l'unité et exprimant l'identité (→ ensemble ; singulier) ; le second élément (→ duplex) vient d'une racine °plek- qui a par ailleurs fourni en latin plectere (→ plier).
❏  L'adjectif s'applique d'abord à une personne sans titre particulier, qui est d'un rang social peu élevé (mil. XIIe s.), d'où au XVIIe s. les simples, n. m. pl., « la catégorie des hommes simples », sorti d'usage. ◆  Dans un contexte abstrait, l'adjectif qualifie aussi, dès les premiers textes, ce qui est ordinaire, ce qui est seul, à quoi rien ne vient s'ajouter et, de là (déb. XIIIe s.), ce qui suffit à lui seul. Avec ces valeurs, il s'est employé comme terme de droit canon dans bénéfice à simple tonsure « qui peut être possédé par un clerc qui n'a que la tonsure, non jointe aux ordres ecclésiastiques » (v. 1462), nommé aussi bénéfice simple (1680) ; par figure, on a dit à simple tonsure pour « pauvre » : demoiselle à simple tonsure (1548), « de peu de mérite » avocat à simple tonsure (1690), et aussi « léger, sans ornement » : habit à simple tonsure (1660). ◆  Depuis le XIIe s., l'adjectif s'emploie (v. 1165) pour parler d'une personne qui se laisse aisément duper, qui a peu de finesse, de culture, d'où simple (fin XIIe s., adj. et n.) et beaucoup plus tard simple d'esprit (1860, n.) « qui n'a pas une intelligence normalement développée », d'où en argot simple, n. m. (1888) « homme qu'on peut facilement voler, dupe » ; Cf. cave. Dans les emplois précédents, souvent associés à l'idée de basse situation sociale, l'adjectif a plutôt une valeur péjorative. ◆  Mais dès le XIIe s. (v. 1175), il s'applique aussi à une personne qui agit selon ses sentiments, sans arrière-pensée, ou (XIIe s.) qui ignore ou dédaigne le raffinement des mœurs et des usages ; un simple « une personne simple » est attesté dans ce sens dès la fin du XIIe s. ; il est sorti d'usage. Par extension, l'adjectif qualifie ce qui est sans recherche, sans prétention intellectuelle (v. 1190, à propos de la foi).
■  En parlant de choses, simple se dit aussi de ce qui n'est pas double ou multiple (v. 1200), de ce qui est indécomposable, indivisible (déb. XIIIe s.) ; avec cette valeur il entre dans des emplois didactiques et courants : nombre simple (v. 1550), mot simple en grammaire (1564), corps simple en chimie (1585), concurrencé plus tard par élément, médicament simple « qui n'a qu'un seul principe actif » (1680), d'où un simple (ci-dessous) tige, feuille simple en botanique (1694), idée simple en philosophie (1714), en grammaire mot simple (1565), temps simple (d'un verbe) et passé simple (1904), opposé à composé, etc. En français du Québec, lit simple s'emploie pour « lit à une place ».
■  Simple qualifie encore (déb. XIIIe s., repris XVIe s.) ce qui comporte peu d'ornements et constitue un ensemble harmonieux par son homogénéité, en particulier en parlant de la langue, du style (1669) et, par extension, ce qui comporte peu d'ingrédients (cuisine simple).
■  SIMPLE n. m., nom générique des plantes médicinales (XIIIe s., Bloch et Wartburg ; 1660, au pluriel), est l'abréviation de simple médecine, calque du latin médiéval simplex medicina ou medicamentum simplex, opposé à médecine composée ; le genre masculin vient de l'influence de médicament ; les simples s'est employé pour « les drogues » (1559) et le mot est encore connu.
L'adjectif s'applique aussi (v. 1125) à ce qui, étant formé de peu d'éléments, est facile à utiliser, d'où c'est simple, c'est tout simple (av. 1770, cela est tout simple), c'est simple comme bonjour (1837). Pur et simple (1538) signifie « qui ne comporte aucune restriction, aucune condition ». ◆  Par extension du sens scientifique « indécomposable » (ci-dessus), simple s'applique à ce qui est constitué d'un petit nombre de parties et peut être ramené à une forme unique, en particulier en mathématiques dans réduire à sa plus simple expression, par figure (1826) « diminuer en conservant les caractères essentiels ».
Simple, n. m. a été repris en sports, désignant (1894) une partie de ping-pong, de tennis où l'on joue un contre un, opposé à double ; il a été concurrencé par l'anglicisme single, mais paraît l'avoir emporté.
❏  Simple a fourni quelques dérivés.
■  SIMPLEMENT adv. (v. 1125) a suivi l'évolution sémantique de l'adjectif, sauf en ce qui concerne les valeurs sociales. L'adverbe signifie « sans détour, sans déguisement » (v. 1160), « modestement, sans affectation », « sans complication » (v. 1175). Il s'emploie avec la valeur restrictive de « seulement » souvent dans tout simplement (v. 1200). ◆  Il a signifié « sottement » (v. 1360) jusqu'au XVIIIe s. en relation avec le sens de simple conservé dans simple d'esprit, et « médiocrement » (1636) à l'époque classique. ◆  Il s'emploie comme l'adjectif au sens de « sans ornement, sans recherche » (1538) et la locution purement et simplement (1552) équivaut à « sans condition ni réserve ».
■  SIMPLESSE n. f., réfection graphique (v. 1315) de simplesce (XIIe s.), signifie d'abord « droiture, honnêteté » et (fin XIIe s.) « maintien simple, modestie ». ◆  Ces acceptions ont disparu, le mot s'appliquant dans l'usage littéraire (v. 1200, semplece) au caractère doux et ingénu, à la candeur naturelle d'une personne. Le nom a aussi signifié « niaiserie » (1260, simplece) et une simplesse « mot ou acte stupide » (1538). Il a été employé par Huysmans (fin XIXe s.) à propos du caractère non complexe d'une chose pour simplicité.
■  SIMPLET, ETTE adj. et n. s'applique (v. 1180) à une personne trop candide, un peu simple d'esprit ; le nom est rare au féminin (1460). Cet adjectif qualifie aussi une chose d'une extrême simplicité (attesté XXe s.).
■  1 SIMPLISTE est apparu comme nom masculin (1588), dérivé de simple « plante médicinale », pour désigner un spécialiste en simples, aussi nommé simplicite (1557) et simpliciste (1566) ; le mot n'est plus attesté après 1660.
■  2 SIMPLISTE adj., nouveau dérivé de simple, apparaît au XIXe s. (1829, Fourier) ; il s'applique à ce qui ne considère qu'un aspect des choses, simplifie outre mesure ; le mot est substantivé (1842). ◆  Le dérivé SIMPLISME n. m. (1822, Fourier, à propos d'un raisonnement) désigne une tendance à simplifier en négligeant les points importants. Par extension, il signifie « grande simplicité de moyens » (1861).
■  SIMPLEX adj. inv. et n. m., formé de simple d'après duplex, etc., ou réemprunté au latin, se dit (XXe s.) d'un système qui permet la transmission de signaux non simultanés, spécialement en informatique (1975, n. m.). Il appartient à la série de duplex, triplex.
■  SIMPLEXE n. m., terme de mathématiques (v. 1950), désigne un ensemble formé par les parties d'un ensemble.
SIMPLICITÉ n. f. est un emprunt (v. 1120) au dérivé latin simplicitas « substance simple » et, en parlant d'une personne, « ingénuité, droiture, franchise », « naïveté ». Dans un contexte religieux, le mot a signifié « humilité » (v. 1120) ; il désigne depuis le XIIe s. l'honnêteté naturelle, la sincérité sans détour d'une personne, un comportement sans prétention ni affectation (v. 1190, à propos de la foi religieuse). ◆  En parlant d'une chose, simplicité se dit (v. 1300) du caractère de ce qui n'est pas décomposable ou composé. ◆  Le mot s'emploie aussi pour parler du caractère de bonté naïve d'une personne (1538), et péjorativement de la naïveté exagérée (1538), une, des simplicités se disant à l'époque classique pour « actes de naïveté » (1662). Il désigne aussi (1559) le caractère d'une personne qui a des goûts simples et, par extension, la qualité d'une chose sans éléments superflus (1579), à propos de la langue, en particulier dans le domaine esthétique (1669). ◆  Simplicité se dit enfin de ce qui est facile à comprendre (1670) ou à exécuter (1690). ◆  Les diverses acceptions sont liées à un type d'emplois de l'adjectif simple.
SIMPLIFIER v. tr. est un emprunt (1470) au latin médiéval simplificare, composé de simplex et de facere « faire* » ; la forme plus francisée simplefier (1403) ne s'est pas imposée. Le verbe signifie « rendre moins complexe, moins difficile » (1403), spécialement en parlant d'un mécanisme (1484) ; il prend au XVIIIe s. le sens de « représenter sans retenir tous les éléments, pour donner plus de cohérence » (1783), d'où en emploi absolu (1833) « ne retenir que quelques éléments d'un ensemble complexe ». Il est attesté au pronominal se simplifier « devenir plus simple » depuis le début du XVIIIe siècle.
■  Simplifier a fourni SIMPLIFICATION n. f. (1470) rare avant le XIXe s. SIMPLIFICATEUR, TRICE n. (1852) et adj. (1875), usuels, le premier dans tous les sens du verbe, ainsi que SIMPLIFIANT, ANTE adj. (av. 1869) et SIMPLIFIABLE adj. (1844).
SIMULACRE n. m., réfection graphique (1588) de simulachre (v. 1170), est un emprunt au latin simulacrum « représentation figurée (de qqch.) » d'où « image, portrait, effigie, statue » et par figure « fantôme, ombre », « apparence ». Le mot signifie spécialement dans la langue philosophique « image, simulacre des objets », par traduction du grec eidôlon (→ idole). Simulacrum dérive de simulare « rendre semblable », d'où « feindre » (→ simuler).
❏  Le français a repris les différentes valeurs du mot latin, d'abord « statue, représentation des divinités païennes » (v. 1170), en général « représentation d'une personne » (1454) ; ce sens est qualifié de « vieux » au XVIIIe s. et « ne se dit guère qu'au pluriel » d'après l'Académie (1798), mais il est encore employé au XIXe siècle. L'acception poétique par métaphore pour « vision, évocation au moyen d'images » (1674, La Fontaine) est archaïque. ◆  Le mot, littéraire, se dit d'une apparence sensible qui se donne pour une réalité (1552) ; avec une valeur plus concrète, il désigne ensuite (1753, Buffon) un objet qui en imite un autre et aussi (mil. XVIIIe s.) l'action par laquelle on feint d'exécuter qqch. ◆  Par extension, simulacre s'emploie en parlant de ce qui est exécuté sans conviction, pour faire semblant (av. 1869, Sainte-Beuve, un simulacre d'action).
SIMULER v. tr. est emprunté (v. 1330) au latin classique simulare « représenter exactement, copier, imiter » d'où « feindre, prendre l'apparence de », refait à basse époque en similare (→ sembler). Le verbe latin dérive de l'adjectif similis « semblable » (→ similaire) ; il a donné en ancien provençal simular (1360).
❏  Simuler est attesté d'abord isolément au sens de « donner l'apparence de » (v. 1330) puis il est employé (1375) pour « donner pour réel ce qui ne l'est pas (en imitant l'apparence de la chose à laquelle on veut faire croire) ». ◆  L'adjectif SIMULÉ, ÉE (1375), tiré du participe passé, apparaît dans peinture simulée « représentant des objets », emploi disparu qui levait l'ambiguïté de peinture (couche de couleur et tableau). Cet adjectif semble plus usité que le verbe au moins jusqu'au XVIIIe siècle ; il s'applique couramment à ce qui est feint, imité (1537), et il entre dans le vocabulaire du droit au XVIIe s. (v. 1673), qualifiant ce que l'on feint pour dissimuler ses intentions (contrat simulé). ◆  Le verbe possède aussi cette valeur juridique (1690), par exemple dans simuler une vente, une donation (1762). ◆  Puis simuler signifie « donner l'impression de » en parlant de choses (1819). Avec le sens initial, « imiter », le verbe s'emploie par extension (1876) sans l'idée de tromperie (simuler un incendie). ◆  De là, spécialement, l'emploi technique (mil. XXe s.) pour « représenter artificiellement un fonctionnement réel » qui correspond à simulation (ci-dessous) et vient probablement de l'anglais to simulate, simulated, de même origine.
❏  Deux mots ont été empruntés à des dérivés de simulatum, supin de simulare.
■  SIMULATION n. f. (fin XIIe s., simulacion ; v. 1398, simulation) reprend le dérivé latin simulatio « feinte » et spécialement « folie simulée ». Le sémantisme du nom est parallèle à celui du verbe ; il est d'abord employé (v. 1220) avec une valeur générale pour « action de feindre », puis se spécialise en droit (1690) et dans le domaine de la psychiatrie et de la psychologie (1830), à propos d'une maladie, de troubles mentaux dont les symptômes sont feints. ◆  Depuis le milieu du XXe s., simulation s'emploie, très probablement par emprunt à l'anglais simulation (1947), avec l'idée de « reproduction artificielle » dans le domaine technique (mil. XXe s. ; 1975, chambre de simulation) et didactique (simulation de gestion), et en biologie pour désigner un comportement qui simule un comportement observé (v. 1965, Monod, Le Hasard et la Nécessité). ◆  Le préfixé SURSIMULATION n. f. (attesté en 1951, Piéron), de sur-, est un terme de psychiatrie désignant une exagération volontaire de troubles pathologiques par ailleurs réels.
■  SIMULATEUR, TRICE n., emprunt au latin simulator « celui qui représente », « imitateur » et « personne qui simule », a d'abord repris au mot latin le sens de « contrefacteur » (1274), sorti d'usage, puis la valeur générale (1519) de « celui qui feint, imite (par exemple un sentiment) ». Le mot se dit spécialement (1845) d'une personne qui simule une maladie, pour en tirer avantage. ◆  Simulateur n. m. désigne par ailleurs (1954) un appareil qui permet de représenter artificiellement un fonctionnement réel, en relation avec simulation (simulateur de vol) ; c'est alors très vraisemblablement un emprunt à l'anglais simulator (1947).
❏ voir ASSIMILER, DISSIMULER, SIMULACRE, SIMULTANÉ.
SIMULTANÉ, ÉE adj., d'abord nom féminin (1701, simultanée), est un emprunt au latin médiéval simultaneus qui n'est attesté qu'au sens de « simulé » ; ce mot a été formé d'après le latin classique simultas « rivalité, compétition » et « inimitié, haine », dérivé de simul adv. « en même temps, ensemble », neutre d'un adjectif archaïque simul, de la famille de similis « semblable » (→ similaire).
❏  Le premier emploi comme nom féminin, au sens de « compétition entre plusieurs concurrents » (1701, Mémoires de Trévoux), relève du latin simultas.
■  Pour l'adjectif, c'est la valeur de simul qui l'emporte, simultané s'appliquant à ce qui se produit en même temps (1740, simultanée ; 1788, simultané, ée). De là viennent des syntagmes comme enseignement simultané (1842) « donné à un collectif » (opposé à individuel), contraste simultané de couleurs « phénomène qui modifie le ton des couleurs quand elles sont placées dans le voisinage d'autres couleurs » (1863) ; ces emplois sont sortis d'usage. ◆  Par extension, le mot qualifie couramment depuis le XVIIIe s. (1757, Diderot) des événements distincts rapportés à un même moment du temps. ◆  Traduction simultanée (apr. 1950) « donnée en même temps que parle l'orateur » donne lieu à la substantivation : la simultanée n. f. ◆  En simultané loc. adj. et adv. s'emploie notamment dans position en simultané (1933) en parlant d'un bureau télégraphique. ◆  Au jeu d'échecs, partie simultanée ou simultanée n. f. se dit d'une partie jouée par un maître contre plusieurs adversaires, sur plusieurs échiquiers.
❏  L'adjectif a produit plusieurs dérivés.
■  SIMULTANÉITÉ n. f. « existence simultanée de plusieurs choses » (1754) et « caractère de ce qui est simultané » (1876), est spécialement employé en grammaire et en informatique.
■  SIMULTANÉMENT adv. (1788) signifie « au même instant ; en même temps ».
■  SIMULTANÉISME n. m. désigne (v. 1908) une école poétique (représentée par Barzun, Divoire) concevant le lyrisme sous forme de chants simultanés. Le mot a été repris ou reformé (1949) pour un procédé de narration qui consiste à présenter sans transition des événements simultanés ; avec cette valeur, il se dit au cinéma (1949) pour la présentation simultanée d'images en contact, représentant divers événements se produisant en même temps. ◆  Le nom a fourni SIMULTANÉISTE adj. et n. (v. 1917), terme d'histoire littéraire.
SINANTHROPE n. m. est la francisation du latin moderne sinanthropus, formé (1931) de sino- et -anthrope, du grec anthropos (→ anthropo-). C'est le nom donné au grand primate fossile dont les restes osseux ont été découverts en Chine, alors inclus dans le genre pithécanthrope, et aujourd'hui dans l'espèce Homo erectus.
SINAPISME n. m. est un emprunt savant (v. 1560, Paré), par l'intermédiaire du bas latin médical sinapismus, au grec tardif sinapismos, dérivé de sinapizein « faire des applications de graines de moutarde ». Le verbe grec dérive de sinapi « sénevé, moutarde », emprunt d'origine inconnue ; on a évoqué le sanskrit sarṣápa « moutarde », ce qui en ferait un mot indoeuropéen, et un mot d'une langue du Mali, sénawi. Le grec sinapi a été emprunté par le latin classique sinapi (variantes sinape, senapis, sinapis) qui a abouti, par l'intermédiaire d'un latin populaire °sinapatum, à l'ancien français seneve (XIIe s.) et à l'ancien provençal senebe (v. 1160), l'accent de la 2e syllabe du latin ayant été tardivement déplacé sur la première, restituant d'ailleurs le ton du mot grec. Certaines formes romanes procèdent de la même évolution, par exemple l'italien senape ; d'autres ont conservé l'accent sur le a de la 2e syllabe, ainsi l'espagnol jenabe et plusieurs formes dialectales italiennes. Voir ci-dessous sanve.
❏  Sinapisme désigne en médecine un traitement externe révulsif qui consiste en l'application d'un cataplasme à base de farine de moutarde et, plus couramment, ce cataplasme.
❏  SINAPISER v. tr. a été formé (v. 1363, Chauliac), par emprunt au bas latin médical sinapizare « appliquer un sinapisme sur », à partir du grec sinapizein. Le verbe signifie en médecine « additionner (un médicament, un cataplasme) de farine de moutarde ». ◆  Le participe passé adjectif SINAPISÉ, ÉE (1835) est plus courant.
■  En dérive SINAPISATION n. f. (1478, cinapisation), rare puisqu'il n'est pas réattesté avant le XIXe s. sous la forme moderne (av. 1834).
L'ancien français seneve (ci-dessus) a d'une part abouti à sanve n. f. (XIVe s.), nom régional de la moutarde des champs, et d'autre part a fourni SÉNEVÉ n. m. (1256) « moutarde cultivée » et « graine de cette plante », équivalent de sanve.
L SANVE n. f. est l'aboutissement (attesté au XIVe s.) de l'ancien français seneve (XIIe s.), du latin populaire °sinapatum (voir ci-dessus sinapisme). Ce nom est resté dans les dialectes et le français de plusieurs régions pour désigner la moutarde des champs.
SINCÈRE adj. est un emprunt savant (1441) au latin sincerus « pur, sans mélange », employé aussi avec une valeur morale. Sincerus aurait d'abord signifié « d'un seul jet, d'une seule venue » ; il est formé d'un premier élément sin-, qui se rattache à la racine indoeuropéenne °sem- « un » (→ similaire ; ensemble), et d'un second élément -cerus, apparenté à crescere « croître* », et qui provient d'une racine indoeuropéenne exprimant les idées de « semence » et de « croissance ».
❏  En français, l'adjectif a seulement la valeur morale, et s'applique à ce qui est réellement pensé et senti. Sincère s'est dit au XVIe (1559) et encore au XVIIe s. d'une personne honnête, intègre, puis (1607) qualifie une personne qui fait connaître ce qu'elle pense. Dans les domaines littéraire et artistique, l'adjectif s'emploie pour ce qui exprime un contenu de conscience effectivement ressenti, acception attestée significativement chez J.J. Rousseau, 1763. ◆  À propos d'expression verbale, sincère correspond à « qui exprime les sentiments vrais » (1474). Cette valeur est fréquente dans le discours de la politesse (attesté 1797). ◆  L'adjectif, enfin, s'est spécialisé au sens de « non truqué, authentique » (1807) en parlant d'un acte juridique, d'une créance.
❏  Le dérivé SINCÈREMENT adv. a signifié « d'une manière pure, intègre » (1528). Employé comme équivalent de franchement depuis le XVIe s. (1534) et utilisé comme l'adjectif dans les formules de politesse, il s'emploie (1879) en tête de proposition pour appuyer une assertion. Les tournures du type sincèrement vôtre sont des emprunts à l'anglais.
Le préfixé INSINCÈRE adj. (1794), de 1 in-, se dit comme sincère en parlant de personnes ou d'actions. Il est plus littéraire que son contraire.
SINCÉRITÉ n. f. est emprunté (v. 1280) au latin sinceritas « pureté, intégrité », également terme de morale, dérivé de sincerus. Introduit au sens moral de « pureté », sorti d'usage, ce mot désigne (1495) la qualité d'une personne sincère et s'emploie (av. 1622) en parlant d'une action, d'un sentiment, puis au XIXe s. pour « authenticité » (1842), notamment en art.
■  Le contraire préfixé INSINCÉRITÉ n. f. (1785), de 1 in-, est littéraire comme insincère, auquel il est lié.
SINCIPUT n. m., terme d'anatomie, est un emprunt de la Renaissance (1538) au latin sinciput, formé de semi et caput « tête » (→ chef), « demi-tête ».
❏  Le mot désigne la partie supérieure de la voûte crânienne. À la différence d'occiput, il n'est pas passé dans l'usage courant.
❏  SINCIPITAL, AUX adj. (1793) est un terme d'anatomie demeuré didactique.
SINÉCURE n. f. apparaît dans un ouvrage se rapportant à l'Angleterre (1715, sinecura, G. L. Lesage) puis sous la forme francisée (1784, en contexte anglais). Le mot est emprunté à l'anglais sinecure (1662), d'abord sine cura, adaptation de la locution latine sine cura « sans souci », de cura « soin », « souci » (→ cure), dans l'expression beneficium sine cura « bénéfice ecclésiastique sans travail » ; le mot anglais s'est employé en parlant de charges ecclésiastiques puis (1676) au sens étendu de « charge ou emploi où l'on est rétribué sans avoir rien à faire ».
❏  Sinécure, qui emprunte cette valeur, toujours en usage, au début du XIXe s., se dit par extension (1919) d'une chose insignifiante, sans importance. ◆  La locution ce n'est pas une sinécure « ce n'est pas une mince affaire » est plus ancienne (1826).
❏  SINÉCURISTE n. (1829), emprunt à l'anglais sinecurist (1817) « bénéficiaire d'une sinécure », est sorti d'usage comme SINÉCURISME n. m. (1845), pris à l'anglais sinecurism (1817).
SINE DIE loc. adv. est un emprunt (1890) à la locution latine sine die « sans (fixer) le jour », composée de sine « sans* » et de die, ablatif de dies « jour » (→ midi).
❏  La locution adverbiale s'emploie dans le vocabulaire administratif et juridique, seulement avec les verbes ajourner, renvoyer, et signifie « sans fixer de date ».
SINE QUA NON → CONDITION
SINFONIA, SINFONIETTA → SYMPHONIE
SINGALETTE n. f., d'abord écrit cingalette (1783), est tiré du nom de la ville suisse de Saint-Gall, pour désigner un tissu, une mousseline de coton très claire, apprêtée, dont on fait des patrons en couture.
L SINGE n. m. est issu par évolution phonétique (1170) du latin classique simius, variante de simia « singe, guenon », au figuré « imitateur servile », employé comme terme d'injure. Le mot est peut-être à rapprocher de simus adj. « camus, au nez aplati », lui-même emprunté au grec simos, de même sens, et sans étymologie connue. C'est de simia que viennent l'ancien provençal simia (XIIIe s.), l'espagnol jimia, le portugais simia.
❏  Le mot désigne un mammifère primate, de l'ordre des simiens, relativement proche de l'homme dont il représente traditionnellement l'image déformée, ridicule et inquiétante. Dans son usage courant, il a toujours été employé pour nommer les simiens les plus connus. À certaines époques, il entre dans des emplois spéciaux : grand singe (XVIIe s.) a été opposé à guenon (« petit singe ») et à sagouin (« jeune singe »), singe sans queue à guenon puis à cercopithèque (singe à queue). Qualifié, le mot peut désigner une espèce, par exemple dans singe araignée « atèle », singe hurleur « alouate », singe laineux « lagotriche », etc. ; singe vert (1540) se dit d'une espèce de cercopithèque. Grand singe, singe anthropoïde, s'applique aux gorilles, chimpanzés, orangs-outans. Le mot s'emploie spécialement aujourd'hui pour désigner le singe mâle, opposé à guenon*, qui ne signifie « singe femelle » que depuis le XVIIe siècle.
■  Le singe était, depuis l'Antiquité, un des animaux favoris des jongleurs ; on lui prêtait toute une série de caractéristiques qui expliquent l'abondance des emplois figurés, des locutions métaphoriques et des comparaisons, dont beaucoup ont disparu. Le singe était réputé laid et grimacier, donc drôle, rusé, hypocrite, adroit, lubrique, méchant, c'est-à-dire malin, ce mot ayant changé de sens, et il a représenté le démon ou ses émissaires. L'idée d'étrangeté exotique, qui sous-tend des emplois propres au XVIe siècle : « bête fantastique » (1542), « chose invraisemblable », a disparu. L'idée de « laideur », en revanche, demeure (1579, « personne laide »).
■  Au figuré le mot s'est employé (v. 1350) pour « hypocrite », d'où, dans la littérature satirique (v. 1544), « prêtre, moine », mot repris en argot (1859) par une métaphore dans singe à rabat. Ces valeurs ont disparu, de même que la plupart des locutions anciennes. Vin de singe « qui rend gai » (1379) faisait allusion à l'effet du vin. La locution avoir autant de qqch. comme un singe a de queue (v. 1430) « n'avoir rien » a été retournée en être fourni de qqch. comme un singe de queue (1640) « bien fourni ». Toujours vieux synge est desplaisant « les gentillesses des vieillards ne les rendent pas plus gracieux » se trouve chez Villon (v. 1460) et chez Rabelais (1546). ◆  Singe s'emploie ensuite en relation avec singerie (singer est postérieur) au sens de « personne qui contrefait, imitateur » (1538), souvent dans se faire, être le singe de qqn ; le mot a aussi dans ce sens un emploi adjectif (1660). Au XVIe s. apparaissent d'autres locutions comme un singe est toujours singe « on ne change pas ses mauvaises habitudes », sorti d'usage de même que dire la patenôtre des singes « grommeler » (1542) ; en revanche, payer en monnaie de singe (1552) « payer par de belles paroles, des promesses », comme les montreurs de singes qui s'acquittaient du péage en faisant faire des tours à leur animal, est toujours compris, et l'argot emploie encore monnaie de singe « paiement de dupe ». Œuvre de singe « mauvais travail » et « acte impertinent » (1611) a disparu. ◆  Le mot désigne en outre au XVIIe s. un individu farceur (1636), en particulier dans faire le singe (Cf. ci-dessous singerie). Laid comme un singe (1636) correspond à l'emploi figuré de singe (ci-dessus). ◆  Plus malin qu'un singe (1658), comme la variante malin comme un singe (1718), témoigne d'un contresens, par lequel malin « méchant (comme le diable) » a été compris comme « adroit et rusé ». D'ailleurs, méchant comme un singe (1680), malicieux (1622) et adroit comme un singe ne s'emploient plus. On relève au XIXe s. les locutions on n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace (1829), devenue proverbiale, et des propos à faire rougir un singe (1888). ◆  L'évocation du singe sur le dos, exprimant l'état de manque de drogue, est un calque de l'anglais.
■  Deux caractéristiques du singe aboutissent à deux valeurs concrètes : son adresse sur les tréteaux du montreur à « treuil horizontal monté sur deux chevalets » (1611, Cotgrave), et l'idée d'imitation à « instrument servant à copier des dessins » (1690), d'où au XXe s. dans l'argot de Polytechnique (1936) « dessin d'imitation ».
Une série de valeurs assimile au singe un type humain. Dans l'argot du compagnonnage, la hiérarchie était figurée par des animaux : le singe, le plus fin et le plus adroit, y prime sur le chien (le compagnon), sur le renard (l'aspirant) et sur le lapin (l'apprenti). De là l'emploi de singe pour « patron » (XVIIIe s.), répandu et devenu péjoratif au XIXe s., et aussi l'emploi pour « procureur », peu avant la Révolution (1783), et en argot le grand singe pour « le chef du gouvernement » (1889), tous archaïques. C'est encore l'idée d'adresse qui s'exprime avec le sens de « compositeur typographe » (1795), sorti d'usage comme de « voyageur juché au milieu des paquets sur l'impériale d'une voiture » (1813), qu'il faudrait comparer à lapin. La même idée doit motiver divers emplois argotiques du XIXe siècle : « policier » (1841), « celui qui fait la paie tous les samedis » (1856), lié aussi au sens de « patron », et enfin « proxénète » (1896).
■  Dans l'argot militaire ancien, singe s'est dit pour « viande » (1895) et spécialement au cours de la guerre de 1914-1918, pour « bœuf en conserve » (1916). Ce dernier emploi est encore connu.
❏  La plupart des dérivés sont liés aux sens figurés.
■  SINGESSE n. f. est sorti d'usage ; le mot s'est dit pour « femelle du singe » (v. 1170), au figuré pour « fille laide » (1887 ; 1831, adj.). ◆  En argot, il a signifié, d'après les valeurs correspondantes de singe, « prostituée » (1888), « patronne » (1896).
■  SINGERIE n. f., attesté au XIVe s. (v. 1347) mais rare avant le XVIe s. (1550), se dit d'une imitation maladroite ou caricaturale, d'une bouffonnerie (XVe s.), d'une grimace, d'un geste malicieux (1531). ◆  Le mot a désigné plus précisément (v. 1350) l'imitation de l'homme par le singe ; il signifie aussi « démonstration hypocrite » (1471). ◆  Singerie se dit collectivement (1719) d'une troupe de singes et (1869) d'une cage de singes. ◆  En art, le mot désigne (1752) un tableau ou une tapisserie représentant des singes en costume humain, souvent associés à un décor chinois, à des magots.
■  SINGEUR, EUSE n. et adj. a désigné un marchand de singes (XVIe s.), ces animaux étant vendus aux montreurs qui les exhibaient, puis (1611) un bouffon et aussi un gardien de singes. ◆  Il s'est dit péjorativement pour « imitateur » (1775 ; 1812, adj. m.) ; le féminin singeuse (1875) remplace l'ancien singeresse, adjectif féminin (1580).
■  SINGER v. tr. (1770) correspond à « imiter d'une manière caricaturale (une personne, un comportement) pour se moquer » et, par extension, « mimer ». L'ancien français singoier v. tr., « tromper », avait cessé de s'employer.
❏ voir SIMIESQUE.
SINGLE n. m. est un emprunt (1891) à l'anglais, lui-même (XIVe s., sengle) pris à l'ancien français sengle adj. « chacun, l'un après l'autre » (v. 1120), « seul, isolé, unique » (v. 1165), issu du latin singulus (→ singulier).
❏  Cet anglicisme a été introduit dans le vocabulaire du tennis pour désigner une partie entre deux joueurs, et opposé au double ; il a reculé devant simple*. ◆  Single a été repris au sens de « compartiment individuel de wagon-lit » (1925) et comme terme de tourisme (1964, adj. et n. m.), appliqué à une chambre occupée par une seule personne ; cet emploi est entré dans le vocabulaire international anglicisé du tourisme et correspond au français individuel, parfois usité dans ce contexte.
❏ voir SINGLETON.