SMS n. m., depuis les années 1990, est l'emploi en français (prononcé ésèmès) des initiales d'une expression anglaise, Short Message Service « service de messages courts », devenue très courante pour désigner les messages composés sur le clavier d'un téléphone mobile et transmis grâce à ce téléphone. À part short « court », mot anglais usuel qui a fait l'objet d'emprunts en français (→ short), message et service sont des emprunts au français, ce qui peut aider à la motivation en français. Le mot s'emploie peu à propos du système technique (ce qui impliquerait le second S : service), mais s'est répandu de manière foudroyante à propos des messages eux-mêmes, engendrant l'idée d'un style écrit abrégé, fautif pour les puristes, ludique pour les autres, autrement exprimé par le mot texto, au point que des commentateurs distraits ont considéré les SMS comme un nouveau langage (« parler SMS, en SMS »), alors qu'il ne peut s'agir que d'un code graphique.
SMURF n. m. est un emprunt (1983) au nom anglais du personnage de bande dessinée appelé en français Schtroumpf, pour dénommer une danse syncopée évoquant les mouvements d'un robot, et qui fut un temps à la mode.
❏  Le mot a des dérivés réguliers, SMURFER v. tr. et SMURFEUR, EUSE n.
SNACK-BAR n. m. est l'emprunt (1933), couramment abrégé en snack (1958), d'un mot anglo-américain (1930), composé de snack « casse-croûte » (1757), antérieurement « bouchée, pâtée » (1402), dérivé de to snack « mordre, happer » (XIVe s.), verbe emprunté au néerlandais et probablement de formation expressive, et de bar (→ bar).
❏  Cet anglicisme désigne un café-restaurant où l'on sert rapidement des repas légers ; la forme tronquée SNACK est devenue plus courante ; avec ce sens, le français du Canada, qui a emprunté snack pour « repas de fête » (1860), puis avec le sens de « repas rapide » (1952), emploie aussi casse-croûte. Le mot, avec son dérivé verbal SNACKER ou SNAQUER (forme vieillie, pour « faire un bon repas »), a reculé devant un autre anglicisme désignant une réalité différente, fast-food.
SNIFF interj. et n. m. est emprunté (1946 chez Cendrars) à l'anglais des États-Unis, de to sniff « renifler » et en argot « aspirer de la drogue en poudre par le nez » ; ce verbe est d'origine onomatopéique.
❏  Le mot a signifié en argot français « alcool grossier ». ◆  L'interjection, qui exprime un bruit de reniflement, est empruntée au répertoire d'onomatopées des bandes dessinées d'origine anglo-saxonne. Il a été réemprunté (1977) dans l'argot de la drogue, désignant une prise de drogue (cocaïne, colle) par le nez, en aspirant.
❏  Il a fourni SNIFFETTE n. f. (1978), de même sens, et SNIFFER v. tr. (1972) « priser (de la drogue en poudre) ». Le dérivé SNIFFEUR n. m. s'emploie en français du Maghreb, plus souvent qu'en France (1980 dans Libération).
SNIPER n. m. en général prononcé à l'anglaise, snaïpeur, est un emprunt au dérivé anglais du verbe to snipe diffusé en français par l'usage du journalisme de guerre dans les années 1960. Le mot s'applique à un tireur isolé et dissimulé.
SNOB n. et adj. apparaît (1857) dans le titre Le Livre des Snobs, traduction d'une œuvre de Thackeray, The Book of Snobs (1848). L'anglais snob, d'origine obscure, signifie d'abord « cordonnier, apprenti-savetier » (1781) ; passé dans l'argot des étudiants de Cambridge, il désigne (1796) une personne ne faisant pas partie de l'université puis, par assimilation méprisante, une personne de classe moyenne ou de basse condition (1831) et par extension (1838) une personne vulgaire dans ses goûts et ses manières qui admire sans esprit critique ce qui est à la mode. C'est avec cette valeur que snob est largement diffusé par le livre de Thackeray publié d'abord dans la revue Punch (1846-1847). On a proposé après coup pour étymologie l'expression latine s(ine) nob(ilitate) « non noble », appliquée d'abord aux élèves non nobles de grandes écoles britanniques ; cette explication ne tient aucun compte de l'évolution du terme en anglais, mais une motivation pédante a posteriori est possible.
❏  Le mot est introduit en France pour désigner une personne prétentieuse et vulgaire, puis (1875) une personne qui cherche à être assimilée aux gens distingués de la haute société en étalant des manières, des goûts qu'elle lui emprunte sans discernement. Cette valeur a éliminé la précédente, et snob évoque la classe sociale élevée. L'adjectif, relevé (1888) au sens de « prétentieux », prend (1905) le sens du nom.
❏  SNOBISME n. m. est une francisation (1857) du dérivé anglais snobbism (1856), moins courant que snobbishness (1846). Ce mot, signifiant « comportement de snob », est d'usage courant.
Snob a produit en français plusieurs dérivés.
■  SNOBINETTE n. f. (1917, Bourget) peut-être d'après midinette, est un équivalent vieilli, en parlant d'une femme, de SNOBINARD, ARDE adj. et n. (1955) « un peu snob », familier et péjoratif.
■  SNOBER v. tr. semble avoir été lancé (1921) par Proust (ou dans son milieu) au sens de « traiter qqn de haut » ; le verbe s'est répandu (v. 1960) au sens de « dédaigner », sans référence obligée au snobisme mondain.
■  SNOBARD, ARDE n. (1946) « snob déplaisant » est familier et rare.
■  P. Daninos a introduit le superlatif adverbial SNOBISSIMO (1964, titre d'un ouvrage).
SNOW-BOOT n. m. semble être une création française (1885), à partir des mots anglais snow « neige » et boot « botte » (XIVe s.). Snow se rattache à un type germanique directement apparenté à l'irlandais snigid et aux formes balto-slaves (russe snjeg) ; au-delà, il est lié à des formes sans s dont le latin nix (→ neiger, névé). Boot vient du français 1 botte* et a d'ailleurs été repris (1872, puis 1966) comme terme de mode pour des bottillons. Le composé n'existe pas en anglais et l'américain emploie overshoe (1851), composé de shoe « chaussure » et over « par-dessus ».
❏  Ce mot a désigné jusque vers 1945-1950 une bottine de caoutchouc qui se porte par-dessus la chaussure pour la protéger des intempéries. On emploie plutôt aujourd'hui caoutchouc, et on trouve chez Proust caoutchouc américain (1921). Au Québec, on nomme ce genre de chaussure pardessus ou, plus souvent, claques.
Le mot anglais snow figure dans d'autres composés. SNOWBOARD n. m. (de board « planche ») désigne (1987) une planche sur laquelle on peut glisser sur la neige, sorte de large ski unique, et le sport pratiqué sur cette planche. ◆  SNOWPARK n. m. (années 1990), tiré du mot anglais park (→ parc), s'applique à l'espace enneigé garni de bosses, de tremplins, pour le ski acrobatique ou le snowboard. Le mot ne s'est pas imposé.
SOAP-OPÉRA n. m. est un emprunt à une expression anglo-américaine signifiant « opéra savon », désignant à l'origine un feuilleton télévisé produit par de grandes marques de produits ménagers et destiné aux ménagères, étant diffusé en milieu d'après-midi. Ces circonstances étant moins pertinentes en Europe, le mot, en français, s'applique à tout feuilleton télévisé narratif, populaire et tourné à l'économie, de qualité médiocre. On l'abrège parfois en SOAP n. m.
SOBRE adj. est emprunté (v. 1170) au latin sobrius « qui n'est pas ivre » et par suite « sobre, tempérant » et « qui est dans son bon sens », « modéré, réservé », composé de se- (ou so-) privatif (→ séduire) et de ebrius qui a donné ivre*.
❏  L'adjectif est d'abord attesté au figuré, appliqué à une personne qui est mesurée, modérée dans un domaine (v. 1170, sobre en paroles), acception aujourd'hui littéraire. ◆  Au sens propre, il qualifie une personne qui mange et qui boit avec modération (v. 1180) ; il a signifié (v. 1320) « où l'on ne fait pas d'excès de table », en parlant d'un lieu, et « mesquin, chétif » (1440-1475). ◆  Il se dit spécialement d'une personne qui ne boit pas d'alcool (mil. XVIIe s.), le nom un sobre (mil. XVIIe s.) étant sorti d'usage, et qualifie un animal qui se contente de manger, de boire à longs intervalles (1753), d'où la locution familière sobre comme un chameau (déb. XXe s.). ◆  Par figure, sobre a signifié « qui exprime le refus, froid » (1440-1475) et s'applique encore (1559) à ce qui manifeste de la mesure, de la simplicité, notamment en littérature, en art.
❏  Le dérivé SOBREMENT adv. (v. 1190) s'emploie au propre et au figuré. SOBRIÉTÉ n. f. a été emprunté (v. 1180) au latin impérial sobrietas « tempérance dans l'usage du vin », « sobriété (en général) », dérivé de sobrius.
■  Le mot désigne (v. 1180) le comportement d'une personne qui mange ou boit peu, spécialement et étymologiquement qui boit peu d'alcool (XIVe s.). Il s'emploie aussi en parlant d'animaux (attesté 1935) comme sobre. ◆  La locution adjective figurée a [à] sobriété « ni peu ni trop » (v. 1265) est sortie d'usage. ◆  Sobriété s'emploie encore au figuré comme l'adjectif (XVe s.), en particulier dans le domaine de l'art (1836).
❏ voir ÉBRIÉTÉ, IVRAIE, IVROGNE.
? SOBRIQUET n. m., réfection (fin XVe s.) de soubzbriquet (mil. XIVe s.), soubricquet (XVe s.), est d'origine incertaine. Selon Bloch et Wartburg, le développement sémantique, à partir du premier sens attesté (XIVe s.), « coup sous le menton », suggère une évolution parallèle à celle du provençal esqueissa « rompre la mâchoire » et par suite « déchirer, écorner », au figuré « se moquer de qqn », spécialement « donner un sobriquet », d'où le substantif escais « sobriquet ». P. Guiraud rappelle le sens de « propos railleur », lié par figure à celui de « coup sous le menton ». Dans cette hypothèse, sobriquet, formé de sous (soubz) et de briquet, serait d'abord un geste de dérision, autrement dit un « briquet sous (le menton) », le geste consistant à frotter plusieurs fois de suite le dessous du menton avec l'index, comme si l'on « battait le briquet » ; de ce geste de dérision, on serait passé à « parole de dérision » puis à « surnom ».
❏  Sobriquet désigne (XVe s.) un surnom moqueur, par extension un surnom familier.
G SOC n. m. est (v. 1155) un mot de la France septentrionale probablement issu d'un gaulois °succos ou °soccos, que l'on restitue d'après l'irlandais socc et le gallois swch. Le mot gaulois aurait été influencé par le latin soccus « chaussure » (→ socque). Pour P. Guiraud, l'étymon est plutôt le latin, qui aurait pris un sens technique agricole dans l'aire géographique où il a rencontré le substrat °succos.
❏  Soc désigne la lame métallique triangulaire de la charrue qui tranche horizontalement la terre que le coutre a entamé verticalement.
❏  Le mot a fourni des composés techniques en agriculture.
■  TRISOC n. m. et adj. (1835), de tri-, POLYSOC n. m. et adj. (1845), de poly-, et BISSOC n. m. et adj. (1853), de bi-, plus récemment QUADRISOC n. m. et adj., de quadri-, désignent ou qualifient une charrue à deux, trois, plusieurs socs.
SOCCA n. f., en français du pays niçois (mot attesté par écrit en 1920), est emprunté à un mot du provençal niçois (1894) pour désigner une grande et fine galette de farine de pois chiches.
SOCCER n. m., emprunt à l'anglais soccer (1895), d'abord attesté sous les formes socca (1889), puis socker (1891), est un mot de slang universitaire, tiré avec suffixe en -er, de assoc, abréviation de association football (→ football). Alors que les deux formes du football originel ont abouti en français d'Europe à football et rugby (d'abord football rugby), le français d'Amérique du Nord (notamment, du Canada) emploie football pour le sport dérivé du rugby et appelé football en anglais des États-Unis, et soccer pour ce qu'on nomme football en français d'Europe ou d'Afrique.
SOCIABLE, SOCIAL, SOCIALISME → SOCIÉTÉ
+ SOCIÉTÉ n. f. est emprunté (v. 1165) au latin classique societas « association, réunion, communauté », spécialement « association commerciale ou industrielle, compagnie », « union politique, alliance ». Le mot est dérivé de socius « compagnon », « associé (en particulier dans une affaire commerciale) » et « allié ». Socius, comme le védique sákhā « compagnon », remonte probablement à un mot indoeuropéen désignant le compagnon de guerre.
❏  Le mot le plus ancien de la série de socius (social n'étant attesté qu'au XIVe s.) apparaît avec le sens de « communication, rapport entre des personnes qui ont qqch. en commun », avec une valeur analogue à l'ancien provençal societad (1103). Une forme populaire issue du latin par évolution phonétique, soisté ou souastié, est attestée dans les locutions prendre soistié a « faire sa compagnie de » (1180), tenir soistié a « tenir compagnie à » (v. 1200) ; elle ne s'est maintenue que dialectalement, dans des dérivés. ◆  De cette première acception, on est passé à l'idée d'union ou d'alliance (1356) puis, avec une valeur affective, société désigne le sentiment d'amitié et d'alliance éprouvé pour autrui et le lien qui en résulte (1560) ; ce sens est encore vivant à la fin du XVIIe siècle ; en viennent des expressions comme la société de qqn « sa compagnie » (1580), avoir société avec « fréquenter » (1606), entrer en société avec « se lier à » (1654) qui sont sorties d'usage. La société prend au XVIIe s. (1649) le sens de « la compagnie des autres » et de « la vie sociale », emplois archaïques. Cette valeur fournit quelques locutions et expressions sorties d'usage, comme faire société « constituer une association » (1668), également « se réunir entre amis » ; (ouvrage fait) en société avec qqn « en collaboration avec lui » (1835) et société conjugale « union des époux » (1835). ◆  À partir du début du XVIIe s., toujours avec une coloration affective, société se dit (1606) des relations qu'ont entre eux les habitants d'un même pays et des sentiments de sociabilité qui y sont liés, acception encore vivante dans les locutions en société, de société, vivre en société s'opposant à vivre à l'état de nature. ◆  Le mot avait en moyen français le sens de « groupement à la fois professionnel et religieux » (1467), mais cet emploi ne se répand qu'à partir de l'époque classique. De ces acceptions viennent les valeurs modernes du mot.
■  Dans le domaine commercial, compagnie et société (1615) puis société (1636) désigne en droit, puis couramment, une association de personnes (personne juridique) propriétaire d'un patrimoine et qui réalise des opérations commerciales à but lucratif ; le mot se dit aussi (mil. XVIIe s.) de la durée de cette association. ◆  En français d'Afrique, le mot s'emploie à propos de la réunion temporaire et informelle de quelques personnes pour réaliser un achat, une vente (on dit dans ce sens faire société). ◆  En français de France, société entre dans la formation de nombreux syntagmes précisant la nature juridique de l'association : société anonyme, société en commandite (1673), société par participation (1690), société en nom collectif (1765), société civile « qui a pour objet principal des opérations non commerciales » (1876), société à responsabilité limitée (1933), société par actions (1936). Avec une valeur plus étendue, on relève au XXe s. en France : Société de développement régional (1955), Société d'aménagement foncier et d'établissement rural, abrégé en S. A. F. E. R. (1960).
■  Parallèlement, avec la même idée de groupe institué pour un but précis, le mot désigne une compagnie ou une association religieuse, par exemple la Société de Jésus ou absolument la Société « la congrégation des Jésuites » (v. 1660) [emploi disparu]. Il se dit aussi d'une organisation fondée pour un travail commun ou une action commune, par exemple société littéraire (1740), société de médecine (1756). Le mot a aussi désigné un groupement politique organisé, pendant la Révolution (1790, aussi Société populaire). ◆  Société secrète désigne (1842) une association qui fonctionne en secret, souvent afin de poursuivre des menées subversives. ◆  En droit international, le mot équivaut à « association d'États », spécialement dans Société des Nations ou S. D. N. (1919), organisme remplacé en 1946 par l'Organisation des Nations unies.
Au XVIIe s. apparaissent aussi les emplois de société dans la vie mondaine. Le mot, qui a disparu au sens de « coterie » (1650), désigne durablement (1690) une compagnie de personnes qui s'assemblent pour converser, jouer ; de là viennent vers de société « faits pour le plaisir d'une réunion privée » (1751), sorti d'usage, talents de société (1763) et jeux de société (1834), qui s'emploient encore. ◆  La société se dit absolument des personnes qui ont une vie mondaine, sociale (1756) ; avec cette valeur, le mot, difficile à employer seul, étant donné ses nombreuses acceptions, entre dans la haute société (1835), la bonne société (1871). ◆  Au sens concret de « groupe de personnes réunies » (1860), le mot ne s'emploie plus guère que par plaisanterie dans des termes d'adresse comme salut la société !
De l'idée de sociabilité apparue au début du XVIIe s. se dégagent les sens de « groupe social humain limité dans le temps et dans l'espace » (1670), puis « ensemble des individus entre lesquels existent des rapports durables et organisés » (1694). Ces valeurs se précisent au XVIIIe s., en particulier chez Montesquieu et Rousseau en même temps que celles de social, et donnent lieu aux XIXe et XXe s. à une analyse qui aboutit à la constitution d'une science, la sociologie (Cf. social, sociologie ci-dessous). Par analogie, société s'emploie pour parler d'un groupe structuré d'animaux (1753, Buffon).
❏  Le dérivé SOCIÉTAIRE adj. et n., mot prérévolutionnaire (1779), désigne un membre d'une société définie juridiquement ; il s'est employé, sous la Révolution, en parlant d'un membre d'une société politique (1790), puis littéraire (1835). ◆  Le mot s'applique spécialement à une personne appartenant à une société d'acteurs (1792), notamment dans sociétaire de la Comédie-Française (1798). ◆  L'adjectif a qualifié ce qui est propre à une collectivité (1792), en particulier dans les théories de Fourier (déb. XIXe s.), en concurrence avec social (école sociétaire ou sociale, 1834). Il s'est appliqué aussi (1871) à des animaux vivant en groupes.
■  Sociétaire a pour dérivé SOCIÉTARIAT n. m. (1871) « qualité de sociétaire ».
■  SOCIÉTAL, AUX adj. (1972), terme didactique, qualifie ce qui est relatif à la société, aux valeurs sociales. Il est devenu relativement courant, dans un usage journalistique et officiel.
■  L'abréviation argotique SOCE n. f. a désigné (1880) un groupe d'individus (comme gang en anglais) et aussi la (haute) société (« c'est des hommes [...] qui [sic] sait s'tenir en soce », Bruant). Il a eu pour dérivé SOCIAL n. m. (1885) « compagnon ».
Deux siècles environ après société, SOCIAL, ALE, AUX adj. est emprunté (1355) au latin socialis « qui concerne les alliés », « fait pour la société, sociable » et par ailleurs « nuptial, conjugal », dérivé de socius « compagnon, associé » (Cf. ci-dessus société). Sociale bellum, « la guerre sociale », désignait la guerre que Rome soutint contre ses alliés italiens (91-88 av. J.-C.) qui réclamaient le droit de cité. C'est comme latinisme, au sens de « militairement allié », que le mot apparaît dans une traduction de Tite-Live. Cette valeur s'est conservée en histoire de l'Antiquité dans guerre sociale (1636).
■  L'adjectif est réemprunté avec un autre sens dans vie socielle « vie civile, propre au citoyen » (1375), devenu vie sociale (1601), sorti d'usage dans ce sens. ◆  Il reprend au début du XVIe s. une autre valeur du latin, s'appliquant (v. 1506) à une personne agréable aux autres et qui est faite pour la vie en société (1530), sens conservés par sociable (ci-dessous).
■  Puis social s'applique (1557) à ce qui est relatif à la société, à ce qui lui appartient ; d'où vie sociale « vie en société » (1683), emploi développé au XVIIIe siècle. L'adjectif s'emploie alors (v. 1740) en parlant de ce qui est propre à la vie humaine dans son aspect collectif, d'où contrat, pacte, traité social qui se disent (1761) d'une convention tacite qui règle l'organisation de la société humaine. Le concept et l'expression contrat social, diffusés par J.-J. Rousseau, ont joué un rôle essentiel dans l'évolution des idées politiques avant et pendant la Révolution. ◆  L'adjectif signifie ensuite « qui étudie la société », par exemple dans science sociale (1801), puis les sciences sociales (1908) « étude des êtres sociaux » envisagées au point de vue des groupes structurés d'individus (personnes [sciences humaines] ou animaux). Faits, phénomènes sociaux (1830) désigne ceux qui résultent des relations entre les membres d'un groupe ou du tout que forme la société. ◆  L'adjectif se spécialise vers 1830, qualifiant ce qui est relatif aux rapports entre les classes de la société, alors opposé à politique et, d'autre part, à économique. Il s'emploie dans des expressions comme question sociale « relative aux rapports entre travailleurs et employeurs » (1834), mouvement social, école sociale (1834), nom de l'école phalanstérienne de Fourier ; révolution sociale, république sociale ou la sociale n. f. (1848) [Cf. ci-dessous socialiste]. L'adjectif s'emploie notamment (1844) en parlant de la répartition des individus dans la société, du point de vue de la division du travail et de ses effets (classe* sociale) d'où, spécialement, propriété sociale, travail social attestés au XXe siècle.
■  Depuis le XVIIIe s., en relation avec un emploi de société, l'adjectif se dit (1723) de ce qui concerne une société au sens juridique, d'où au XIXe s. raison sociale (1835), capital social (1840), siège social. ◆  Social s'applique ensuite (av. 1871) à ce qui est destiné à servir au bien de tous, spécialement en parlant d'institutions : Sécurité sociale (→ sécurité), service social, ou de personnes (assistante* sociale).
■  Depuis la fin du XIXe s., l'adjectif, en relation avec une valeur spéciale de société, qualifie en particulier ce qui est relatif aux relations de la société ou à la vie mondaine.
■  Le social n. m. désigne (XXe s.) l'ensemble des questions sociales.
La plupart des dérivés et des composés du mot sont liés au sens politique.
■  SOCIALEMENT adv. a signifié « en société » (v. 1300, sociellement, hapax) et « de manière amicale envers les autres » (1530, jusqu'au début du XVIIe s.). ◆  Repris au XVIIIe s., il s'emploie au sens de « relativement à la société » (1767) ou « à l'ordre social ». Il correspond ensuite aux valeurs successives de l'adjectif.
■  SOCIALITÉ n. f. est sorti d'usage au sens de « sociabilité » (1559). ◆  Il signifie « caractère propre à la société » (1785).
■  SOCIALISER v. tr., didactique, signifie « rendre social » (1786) et « faire vivre en société » (1845). Le verbe veut dire « gérer ou diriger au nom de la société entière » (1842) et, surtout au participe passé, socialisé, « gagner qqn au socialisme » (1859). En emploi didactique, rare, il signifie « faire apparaître ou développer les rapports sociaux » (apr. 1950 ; socialiser un enfant). ◆  Il a fourni SOCIALISATION n. f. désignant (1831) l'action de former une société, emploi didactique, et relativement courant pour le fait de mettre sous un régime communautaire (1840). Le nom s'emploie aussi (apr. 1950) à propos de l'adaptation d'une personne à la vie de groupe.
Une autre série de dérivés de social est devenue très importante.
■  SOCIALISTE adj. et n. est attesté, pendant la Révolution, pour désigner (1798) un adversaire de la Révolution, probablement un membre d'une « société » alliée aux royalistes. Au XVIIIe s., le latin moderne socialistus a désigné un juriste disciple de Grotius. ◆  Il est à nouveau dérivé (1830) comme nom du partisan d'une doctrine d'organisation sociale qui entend faire prévaloir le bien général sur les intérêts particuliers ; l'influence de l'italien socialistà (1765), de l'anglais socialist (1822) est tour à tour possible. L'adjectif se dit (1842) de ce qui est relatif à l'une de ces doctrines et à la personne qui l'adopte, en concurrence, notamment autour de Proudhon, avec sociétaire. Le mot désigne (1830) une personne qui appartient à un parti se réclamant du socialisme ; il se répand avec l'apparition de partis appelés socialistes et sa valeur précise dépend alors de l'histoire politique. ◆  Il est abrégé péjorativement en SOCIALO (1904) et SOCIALEUX, EUSE (1922) qui ont vieilli. Le composé SOCIALO-COMMUNISTE, adj. (1921) et n. (1934) a été appliqué par la droite à la coalition dite en 1997 gauche plurielle. ◆  L'adjectif qualifie (v. 1920) ce qui est relatif au régime marxiste considéré comme le préliminaire nécessaire au communisme (d'où démocratie socialiste, république socialiste). Cet emploi est en net recul surtout après la disparition de ces régimes et de l'Union des républiques socialistes soviétiques (1991), qui en fait un terme d'histoire.
■  Le dérivé SOCIALISTIQUE adj., péjoratif et sorti d'usage (1851), signifie « qui se rattache au socialisme ».
■  SOCIALISANT, ANTE adj. et n., formé sur socialiste, se dit (1840) d'une personne qui est favorable aux doctrines socialistes sans les adopter totalement. L'adjectif qualifie ce qui met l'accent sur les réalités sociales (mil. XXe s.). ◆  Le contraire ANTISOCIALISTE adj. et n. (1859) est un terme de politique.
SOCIALISME n. m. (1831) se répand à partir de 1833, défini par P. Leroux pour désigner la doctrine socialiste et opposé à libéralisme ; on relève antérieurement l'italien socialismo (1803) et l'anglais socialism (1822, Owen). Dans le vocabulaire marxiste, le mot se dit spécialement de la phase de l'évolution sociale qui précède le communisme. Le socialisme désigne notamment en France (fin XIXe s.) les socialistes, et aujourd'hui les partis de gauche non communistes (Cf. travaillisme et, ci-dessous, social-démocrate).
Parmi les dérivés préfixés de social, INSOCIAL, ALE, AUX adj., créé par Voltaire (1762) à propos du Contrat social de Rousseau, a signifié « contraire aux intérêts de la société » ; il a disparu.
■  ANTISOCIAL, ALE, AUX adj., « contraire au bien de la société, qui tend à la dissoudre » (1776), s'applique spécialement (1832) à ce qui va contre les intérêts des travailleurs. Il a qualifié ce qui est opposé aux habitudes de la bonne société et est didactique au sens de « qui transgresse les règles de la vie en société » (XXe s.).
■  ASOCIAL, ALE, AUX adj. (1912) s'applique à une personne qui n'est pas adaptée à la vie en société, employé aussi comme nom (1927). Il est didactique à propos d'un acte, d'un comportement.
SOCIAL- entre dans la formation de quelques termes de politique : SOCIAL-DÉMOCRATE adj. et n. (1910), calque de l'allemand Sozial-demokrat (1893) et formé de social et démocrate, se dit des socialistes allemands hostiles au parti unique et au bolchevisme. Le Parti social-démocrate allemand ou S. P. D. fut fondé en 1875 ; Hitler l'interdit en 1933 ; reconstitué en 1945, ce fut le principal adversaire des démocrates-chrétiens de la C. D. U. Le Parti social-démocrate de Russie fondé en 1898 se scinda en 1905 en bolcheviks et mencheviks. Le Parti social-révolutionnaire russe, fondé en 1900, s'opposa à Lénine en 1917 et fut éliminé par lui l'année suivante. ◆  SOCIAL-DÉMOCRATIE n. f. (1899), d'après démocratie, désigne le socialisme allemand et, dans le langage des révolutionnaires (v. 1960), le socialisme réformiste (→ chrétien [social-chrétien]). SOCIAL-CHRÉTIEN, IENNE adj. (1920 ; de socialisme chrétien, 1903) équivaut en Belgique à « social-démocrate chrétien ».
■  SOCIALO- entre dans la composition de quelques mots politiques, presque toujours polémiques, pour désigner le socialisme ou les socialistes, par exemple (déb. XXe s.) SOCIALO-PATRIOTARD, ARDE ou pour marquer un lien entre le socialisme et un autre parti, comme SOCIALO-COMMUNISTE adj. et n. (1972), mot employé par les adversaires des socialistes français, discrédités dans leur esprit par leur alliance électorale avec les communistes.
Une autre série issue du latin socius est représentée par SOCIABLE adj. et n. m. et ses dérivés. C'est un emprunt (1342 « uni, lié ») au latin impérial sociabilis « qui peut être uni » et « sociable », dérivé du verbe latin classique sociare « faire partager, mettre en commun », « associer, mettre ensemble », lui-même de socius « compagnon ». ◆  L'adjectif signifie d'abord « qui se joint aisément à autre chose », puis il s'applique (1540) à une personne capable de vivre en association permanente avec ses semblables, sens devenu didactique et rare à partir du XVIIIe siècle. ◆  Depuis le XVIIe s., sociable qualifie (v. 1630) qqn qui recherche la compagnie, le commerce de ses semblables et, par extension, ce qui témoigne de ce caractère (1636). ◆  Sociable n. m. (1889) a désigné un vélocipède à deux places situées côte à côte, remplacé vers 1890 par le tandem, et (1907) une voiture de luxe avec deux sièges se faisant vis-à-vis.
■  Le dérivé SOCIABLEMENT adv. (1630) est d'emploi rare.
■  SOCIABILITÉ n. f. désigne, dans un contexte didactique, l'aptitude à vivre en société (1665 ; repris mil. XVIIIe s.). Ce nom s'emploie couramment (mil. XVIIIe s.) pour parler du caractère d'une personne de commerce facile et (av. 1841) du caractère d'un groupe qui favorise les relations humaines, en particulier les relations intellectuelles ou mondaines. Cet emploi est littéraire.
■  Le composé INSOCIABLE adj. a qualifié (1552), d'après le sens contemporain de sociable, ce qui ne peut se joindre à autre chose ; ce sens est noté « inusité » au milieu du XVIIIe siècle. Il s'applique à une personne avec qui on ne peut vivre agréablement, se substituant à mal sociable (1559), et s'est employé pour « asocial » (1720). ◆  L'adjectif a fourni INSOCIABILITÉ n. f. (1721), mot rare.
SOCIO- est un premier élément, tiré de société, social, qui entre dans la formation de composés didactiques. De très nombreuses formations sont apparues, liées à la prise en compte des influences de la société ou des conditions sociales sur les comportements, et par ailleurs à l'extension des objets de la sociologie. ◆  On retiendra, outre sociologie (ci-dessous), SOCIOCRATIE n. f., formé par A. Comte (v. 1840), de -cratie, et désignant dans son système le pouvoir exercé par le corps social entier, opposé à démocratie, aristocratie, etc.
La plupart des composés en socio- sont très postérieurs à la diffusion de la sociologie et apparaissent à partir des années 1940-1950. Ils sont formés le plus souvent en anglais, en français, en allemand, se répandant comme termes internationaux. SOCIOBIOLOGIE n. f., cependant, est attesté dès 1902, mais ne s'est diffusé que dans les années 1970, pour « étude des fondements biologiques des comportements sociaux animaux et humains ». Il a les dérivés attendus. SOCIOCULTUREL, ELLE adj. (1948) qualifie ce qui concerne à la fois les structures sociales et la culture qui y correspond. SOCIOLINGUISTIQUE adj. et n. f., calque de l'anglais sociolinguistics, s'est distingué (années 1950) de sociologie linguistique par l'intégration des méthodes de la linguistique et de la sociologie à l'étude du fonctionnement du langage et des langues selon les conditions sociales et culturelles. SOCIOÉCONOMIQUE adj. (1950) qualifie ce qui relève à la fois de la vie sociale et économique ; l'adjectif trouve une application avec le composé contemporain. SOCIOPROFESSIONNEL, ELLE adj. qui s'applique aux catégories statistiques d'une population, selon des critères à la fois sociaux et professionnels. SOCIOPOLITIQUE adj. caractérise ce qui relève à la fois de critères sociaux et politiques (par exemple dans l'analyse de l'électorat et de ses comportements). ◆  SOCIODRAME n. m., calque de l'anglais sociodrama, concerne une technique psychothérapique de groupe — comme le psychodrame — recourant à l'interprétation de thèmes conflictuels en groupe. Il fait partie des moyens de la SOCIOTHÉRAPIE n. f. qui recherche l'intégration harmonieuse de l'individu au groupe social auquel il appartient, notamment pour la réinsertion de personnes inadaptées.
■  SOCIOMÉTRIE n. f., employé par G. Gurvitch (1946), est emprunté à l'anglais sociometrics, répandu par Moreno, pour désigner une méthode d'application de la mesure aux relations humaines en société. Il appartient à la série des disciplines où la mesure s'applique à un objet global (psychométrie, etc.). ◆  Le terme a fourni SOCIOMÉTRIQUE adj. (1946) et SOCIOMÉTRISTE n. (1947).
■  SOCIOGENÈSE n. f. signifie (v. 1960) « genèse sur le plan sociologique » et s'emploie spécialement en psychiatrie pour désigner le rôle joué par l'environnement social d'un sujet dans la formation et le développement de ses troubles. ◆  En dérive SOCIOGÉNÉTIQUE adj. (1968).
■  SOCIATRIE n. f. (1972), de -iatrie, signifie « psychothérapie du comportement social ».
■  SOCIOLECTE n. m. se dit en linguistique (1974), d'après dialecte*, d'un usage langagier spécifique d'un groupe social ; on emploie aussi dialecte social.
Le plus important de ces composés est SOCIOLOGIE n. f., mot créé par Auguste Comte dans son Cours de philosophie positive (1839) comme équivalent de l'expression physique sociale qu'il employait auparavant. L'évolution du concept est considérable entre Comte et les créateurs de la science moderne portant ce nom (en France, Durkheim, puis Mauss). La sociologie est l'étude scientifique des faits sociaux humains, dans leur ensemble ou à un haut degré de généralité. ◆  Le mot est abrégé en SOCIO n. f. (1924), d'abord mot scolaire familier. ◆  Cette science se consacre aux sociétés globales, aux classes sociales, à des groupements particuliers, par exemple nation, clan ou tribu, étudiés par la MACROSOCIOLOGIE n. f. (XXe s.), et à l'étude des formes sociales et de leur évolution, à la typologie des groupes, objets de la MICROSOCIOLOGIE n. f. ◆  Par extension, sociologie désigne (1949) l'étude de toutes les formes de sociabilité et de sociétés. Le concept se distingue d'anthropologie et exclut en général l'étude des sociétés animales, qui relève de l'éthologie.
■  Sociologie a suscité plusieurs dérivés. SOCIOLOGIQUE adj., « de la sociologie » (1839, Comte), s'applique par extension (apr. 1950) aux faits étudiés par la sociologie ; il est employé abusivement pour social. ◆  En vient SOCIOLOGIQUEMENT adv., didactique (1907). ◆  SOCIOLOGUE n., variante de sociologiste, désigne (1888) un ou une spécialiste de sociologie, puis un étudiant en sociologie. ◆  SOCIOLOGISTE adj. et n., anciennement employé pour « sociologue » (1839, Comte), s'applique comme adjectif (mil. XXe s.) à ce qui relève du sociologisme. ◆  SOCIOLOGISME n. m. désigne (1902, Durkheim) la théorie selon laquelle la sociologie suffit à rendre compte des faits sociaux, indépendamment par exemple de la psychologie ; de là procède SOCIOLOGISER v. tr. (v. 1970) « faire du sociologisme », qui a fourni SOCIOLOGISANT, ANTE adj. (v. 1970) « influencé fortement par la sociologie ».
Enfin, l'élément socio-, comme psycho-, se combine avec de nombreux éléments didactiques indépendants (analyse, biologie, linguistique) et sert à former des composés parfois assez usuels (socioculturel, sociodrame).
SOCIUS n. m., emprunt (1899) à l'anglais (1895, Baldwin), lui-même pris au latin socius — ci-dessus — désigne l'individu, unité sociale, puis (XXe s.) l'élément social dans les comportements individuels.
❏ voir ASSOCIER.
SOCINIEN, IENNE adj. et n. est dérivé (1637) du nom de Socin, francisation de Fausto Sozini ou Socini, réformateur chrétien italien, de Sienne, mort en 1604. Le mot qualifie et désigne les partisans de la doctrine hérétique de Socin, selon laquelle le mystère de la Trinité et la divinité de Jésus doivent être rejetés.
SOCINIANISME n. m. (1686-1688) est le nom de cette hérésie chrétienne.
SOCKET n. m., emprunt à l'anglais attesté en Belgique dans les années 1950, s'emploie en français de Belgique et du Luxembourg pour « douille où l'on fixe le culot d'une ampoule électrique » et « ce culot ». On l'écrit aussi SOCQUET, ce qui suppose une prononciation francisée, sans t.
SOCLE n. m. est emprunté (1636) à l'italien zoccolo (XIVe s.) « sabot » et « socle », issu de socculus, diminutif de soccus (→ socque).
❏  Le mot désigne la base sur laquelle repose une colonne, une statue, etc. ; en ce sens, il s'est aussi écrit zocle (1690, jusqu'en 1829). Socle se spécialise comme terme technique aux sens (1871) de « lame de marbre reposant sur la base du chambranle », « bande de tôle sur le haut d'une grille en fer » et (XXe s.) « base en saillie (d'un meuble) ». ◆  Le mot se dit (1908, Vidal de la Blache) pour « soubassement géologique » (socle continental).
❏  Le dérivé SOCLEUR n. m., mot technique attesté en 1974, désigne un fabricant de socles.
SOCQUE n. f. reprend (1562), avec la variante soc (1680), l'ancien provençal soc « sabot » (v. 1200), issu, comme l'espagnol zoco, le portugais soca, le piémontais soch, du latin soccus « soulier léger porté surtout par les Grecs » et en particulier « soulier caractéristique de la comédie », par opposition à cothurnus « cothurne* ». Le mot latin reprend le grec sukkhis, nom d'une chaussure basse sans quartier, qui est un emprunt oriental, rapproché de l'avestique haxa- « plante du pied ».
❏  Socque s'est d'abord dit dans un sens extensif de la terre qui s'attache aux souliers quand on marche dans un terrain humide, acception relevée jusqu'en 1675.
■  Le mot apparaît à nouveau (1690), d'abord sous la forme soc n. m. (1680), comme terme d'Antiquité avec les sens du latin pour désigner la chaussure basse des acteurs comiques et, par métonymie (déb. XVIIIe s., écrit soc ; 1740, socque), comme symbole de la comédie, notamment dans la socque et le cothurne*. ◆  Parallèlement, c'est le nom d'une chaussure à semelle de bois que portaient certains ordres religieux (1680, soc ; 1690, socque n. f.) ; en ce sens, le mot s'est aussi employé au masculin (1694) jusqu'au XIXe siècle. Par extension, socque (1822, socque articulée), parfois altéré en socle (1829), désigne une chaussure en bois, en cuir, portée par-dessus la chaussure ordinaire pour se garantir de l'humidité (1834).
❏  Le dérivé 1 SOCQUETTE n. f. (attesté XXe s.), « petite socque », est rare, à côté du dialectal SOQUET n. m. « mauvaise chaussure ».
❏ voir SOCLE.
1 SOCQUETTE → SOCQUE