1 SOL n. m. est emprunté (1538), après les formes suel (XIVe s.), soul (XVe s.), au latin classique solum ; le mot apparaît plus tôt en ancien provençal (XIIe s., sol), en italien (suolo), en catalan (sol), en espagnol (suelo). Solum est un terme général qui désigne la partie plate et inférieure d'un tout : « fond (de la mer, d'un fossé) », « pavement », « plante du pied », « base, fondement », spécialement « sol d'un bâtiment » et « surface de la terre », « sol des champs » (agri solum), « biens fonds » (res soli), « pays, région ». Solum repose sur une racine indoeuropéenne indiquant un établissement humain, représentée en slave par le russe s'eló « village » et en germanique par le longobard sala « maison, construction ».
❏  Sol désigne la partie superficielle de la croûte terrestre, à l'état naturel ou aménagée. Sous la forme suel (1376), il s'est dit d'une aire à battre le blé (1195, en ancien provençal). ◆  D'un des emplois du latin, on tire le sens de « rez-de-chaussée » (XVIe s.), sorti d'usage. ◆  Le mot désigne ensuite un terrain considéré quant à sa nature et à ses qualités productives (1611) ; ce sens est ancien (XIIIe s.) en provençal. ◆  Avec l'idée de « base », sol désigne en héraldique le champ de l'écu qui porte les pièces honorables (1681). ◆  Ce n'est qu'au XVIIIe s. que le mot, écrit sou (1721), reprend le sens latin de « terre qui est au fond de l'eau » ; il désigne par ailleurs (1752) la surface d'un espace aménagé par l'homme. Depuis le début du XVIIe s. (attesté 1606), sol s'emploie pour désigner une surface de terre considérée comme un objet de propriété, spécialement (1793, le sol natal) pour « pays ». ◆  Dans le vocabulaire militaire, le mot est repris dans les locutions adjectives sol-sol, sol-air (1954), qui se disent d'un engin, lancé à partir du sol contre un objectif terrestre ou aérien.
❏  Le dérivé SOLAGE n. m. ne paraît attesté qu'en français du Canada (1880) à propos des fondations d'une construction. SOUS-SOL n. m. désigne (1835) la partie inférieure du sol, en agriculture celle qui se trouve sous la terre arable ; dans un bâtiment (av. 1860), c'est la partie aménagée au-dessous du rez-de-chaussée et, par extension (XXe s.), un étage souterrain. ◆  Le mot a plusieurs dérivés techniques en agriculture : SOUS-SOLEUSE n. f. (1890) remplace charrue sous-sol (1860) et désigne une charrue qui remue profondément la terre arable. ◆  SOUS-SOLAGE n. m. est le nom (1902) du labour profond effectué avec cette charrue. ◆  SOUS-SOLER v. intr. (1890) est formé d'après sous-soleuse.
HORS-SOL adj. a qualifié d'abord (1982) un type d'élevage où la nourriture des animaux ne provient pas de l'exploitation elle-même, mais d'autres exploitations ou, plus souvent, de l'industrie. Le mot s'applique aussi aux cultures qui poussent hors du sol naturel, dites aussi hydroponiques. Dans ce contexte, il est substantivé : cultures, tomates... en hors-sol ; le hors-sol.
SOLIFLUXION ou SOLIFLUCTION n. f. est emprunté (av. 1923, solifluction ; 1953, écrit avec x) à l'anglais solifluction (1906, Andersson), lui-même composé à partir des mots latins solum et fluctio « action de couler, écoulement », dérivé de fluere « couler » (→ fluide). La graphie solifluction est rare. ◆  Ce terme de géologie désigne un glissement du sol, par exemple, d'un sol argileux saturé d'eau sur un sous-sol imperméable.
■  SOLIFLUER v. intr., formé d'après soliflu(xion) sur le modèle de verbes comme influer (v. 1950), est didactique et rare.
❏ voir ENTRESOL, SEUIL, SOLE.
2 SOL n. m., correspond (v. 1220) à la première syllabe de solve, début du troisième vers de l'hymne latin de saint Jean Baptiste (→ fa).
❏  Le mot désigne le septième degré de l'échelle musicale, cinquième degré de la gamme d'ut, et (1690) le signe qui représente cette note.
❏ voir SOLFÈGE.
3 SOL → SOU
4 SOL → SOLUTION
SOLAIRE → SOLEIL
SOLANACÉES n. f. pl. est un dérivé savant (1874), par suffixation en -acées, du latin impérial solanum « morelle », substantivation de solanus, dérivé de sol « soleil* ». La forme latine solanum a été employée en botanique au XVIe s. (1542). Solanacées s'est substitué à solanées n. f. pl. (1789 ; 1787, n. f. sing.), également dérivé de solanum.
❏  Ce terme de botanique désigne une famille de plantes dicotylédones des régions tempérées et surtout tropicales dont le fruit est une baie ou une capsule (aubergine, pomme de terre, tabac, tomate, etc.).
❏  SOLANALES n. f. pl., autre dérivé savant (XXe s.) de solanum, est le nom d'un ordre de plantes à fleurs qui comprend les solanacées et des familles voisines.
? SOLDANELLE n. f. est peut-être emprunté (XVe s.) au provençal (Languedoc), lui-même dérivé d'une forme °soldana non attestée, formée à partir de l'ancien provençal soltz (v. 1240) « quartiers de viande conservés dans un mélange de sel et de vinaigre ». Ce mot est un emprunt à l'ancien français solz « végétaux conservés » (fin XIe s.), devenu soult (XIVe s.) puis sou (1552, Rabelais), lui-même emprunté à l'ancien haut allemand sulza, issu du francique °sultja « gelée » (Cf. allemand Sülze « fromage de tête », Sülzekotelett « côtelette en gelée »). Cette étymologie germanique est discutée ; on a aussi fait de soldanelle un dérivé à partir de l'italien soldo « sou », du latin classique solidus (→ solide, sou), à cause de la forme des feuilles ; enfin, pour P. Guiraud, le mot reprend le latin médical soldanae (XVe s.), aussi soldana et soldanella (1533), à rapprocher de soude, nom d'une plante parente de la soldanelle (→ soude).
❏  Soldanelle est le nom régional d'un liseron des plages sablonneuses, appelé aussi chou de mer, chou marin et utilisé en médecine pour le sel qu'il contient. ◆  Le mot désigne aussi (1780) une plante vivace qui croît dans les prés et les rochers des régions montagneuses, et dont les fleurs violettes peuvent apparaître sous la neige.
SOLDAT n. m. est emprunté (1475) à l'italien soldato, proprement « celui qui est payé » (1327), aussi au XIVe s. sous la forme italienne : soldatos pedestres « fantassins ». C'est le participe passé substantivé de soldare « payer une solde » (→ solder), lui-même du latin classique solidare « rendre solide, affermir, durcir » (→ souder), employé au figuré en bas latin. Ce verbe dérive de solidus (→ solide) qui, en bas latin, avait le sens de « monnaie » (→ sou).
■  L'italien soldato est passé dans plusieurs langues, par exemple l'espagnol soldado (fin XVe s.) et l'allemand Soldat (1522). En français, soldat a remplacé soudard* devenu péjoratif et l'ancien français soldeier (1080), soldoier (v. 1155), soudier (1165-1170), qui ont donné par emprunt l'anglais soldier. Ces formes, employées jusqu'au XVIe s., dérivent de l'ancien français soldee « paie que l'on donne aux soldats » (attesté v. 1130), d'où gens de souldee « soldats » (1497) ; soldee vient du latin médiéval solidata « solde, paie » (1056) comme l'espagnol, le portugais soldada, solidata étant dérivé du latin classique solidus (→ solde).
❏  Soldat désigne (1475), avec la variante souldat au XVIe s. (1532), un homme qui sert dans une armée, autrefois comme mercenaire ou engagé volontaire, aujourd'hui et depuis la Révolution, en France, en vertu d'une obligation civique ou professionnelle. Littérairement, le mot s'emploie spécialement à propos d'un homme qui a des qualités militaires (1560). ◆  Il désigne un militaire non gradé, sous la forme soldat (1560) ou simple soldat (1587) ; soldat de marine (1736) est sorti d'usage. Soldats du piquet s'est dit (1690) d'un détachement toujours prêt à l'action (Cf. commando), soldat-citoyen (1789) d'un soldat de la milice organisée en 1789. ◆  Les connotations ont beaucoup varié : du XVe au XVIIIe s., il s'agit surtout du mercenaire, selon l'étymologie (solde). À la mauvaise réputation de ces soldats peut s'ajouter l'idée de bravoure. En 1789, avec le soldat patriote et citoyen, tout change et les valeurs positives l'emportent. Elles seront combattues par l'antimilitarisme. ◆  À propos des mineurs enrôlés dans une armée, une milice armée, en Afrique, on parle (fin XXe s.) d'enfants-soldats. ◆  Le mot s'est employé comme adjectif au sens de « martial » (1548) d'où (1694) avoir l'air soldat et (être) soldat « brave » (1620), n'être que soldat « n'avoir que de la bravoure » (1798) ; avec la forme du féminin, à la soldate « à la façon des soldats » (1548) était encore employé au milieu du XVIIe siècle. ◆  Avec sa valeur générale, soldat entre dans quelques locutions, souvent avec une valeur péjorative ; soldat de fortune « aventurier » (XVIe s.) a désigné au XVIIe s. un officier sorti du rang et ayant acquis un grade élevé (1636), soldat de la courte épée s'est employé pour « voleur » (1640). Fille à soldats s'est dit pour « prostituée » (1876). Jouer au petit soldat est récent pour « avoir un comportement naïvement martial ».
■  Par figure, soldat désigne (1604) une personne qui combat pour le triomphe ou la défense d'une idée, d'une croyance, d'où soldats de Dieu, de la foi. Cf. militer, militant.
■  Par analogie, certains animaux ayant l'apparence d'un homme armé, soldat a été le nom (1645) d'un genre de crustacé comme en anglais soulder [soldier]-crab (1648), animal nommé ensuite soldat-marin (1768), soldat de mer (1845). ◆  En zoologie, on emploie soldat (1791) pour un individu, d'abord un termite, qui est chargé de défendre la communauté des agressions extérieures chez les animaux sociaux.
■  Soldat de plomb (déb. XIXe s. ; 1830 dans Stendhal) est le nom d'une figurine d'abord en plomb représentant un soldat.
❏  SOLDATESQUE adj. et n. f., aujourd'hui péjoratif, s'est appliqué à ce qui a le caractère d'un soldat ; d'abord écrit soldadesque (1556) puis soldatesque (1580), le mot est sans doute une adaptation de l'espagnol soldadesco, lui-même emprunté à l'italien soldatesco (de soldato). ◆  Soldadesque a désigné une troupe de soldats (1557), de l'espagnol soldadesca. ◆  Il est remplacé au début du XVIIe s. par soldatesque (1611), employé ensuite pour « ensemble de soldats brutaux et indisciplinés » (1668) ; avec cette valeur péjorative, la soldatesque s'emploie pour « l'armée » (1797).
SOLDATE n. f. « femme soldat » (1606), désigne surtout aujourd'hui (XXe s.) un auxiliaire féminin de l'armée.
1 SOLDE n. f. est emprunté (1413, à la solde de) à l'italien soldo, n. m., « paye, solde » (XIVe s.), du bas latin sol(i)dus, qui avait abouti en ancien français à souz, n. m. pl. (v. 1170), sous (fin XIIe s.) et sout, n. m. (1265), autres formes de sou*.
❏  La locution être à la solde de qqn (1413) continue l'ancien français a lor solz (v. 1213) « au service de (qqn) » et a pris en français moderne le sens péjoratif (1816) de « défendre les intérêts de qqn pour de l'argent ». L'expression avoir qqn à sa solde (1690) a la valeur complémentaire. ◆  Employé seul (1430, soulde ; 1465, solde), le mot désignait la somme régulièrement versée à des mercenaires, à une troupe par un prince, un État ; il a cette valeur dans la locution gens de solde « soldats » (1497), sortie d'usage ; on disait au figuré être à la chasse des soldes « chercher à se faire inviter » (1611). Solde a signifié par métonymie « temps de service de guerre » (1636), probablement d'après l'italien soldo « service militaire » (XVIe s.). ◆  Le mot s'est employé par extension (1730) pour un salaire payé à certains travailleurs (des pêcheurs) et désigne aujourd'hui la rémunération versée aux militaires (1833) et par extension à certains fonctionnaires civils assimilés.
❏  1 SOLDER v. tr. est sorti d'usage en français central. Soulder (1577) signifiait « payer par une solde » ; soldé s'est dit (1573) de troupes au service de qqn moyennant une solde et solder, pendant la Révolution (1789), « avoir (des troupes) à son service moyennant le paiement d'une solde » ; cette acception semble avoir été rare. Par extension, solder a signifié « payer (des mercenaires) » [1832] et, hors d'un contexte militaire, « avoir (qqn) à sa solde » (déb. XIXe s.), « payer ce qui est dû à (qqn) » [XIXe s.], spécialement quand il travaille comme salarié, valeur conservée en français d'Afrique (solder les ouvriers)être soldé équivaut à « recevoir sa paie ».
Le composé DEMI-SOLDE n., après soldat à la demi-solde (1720), désigne (1779, n. f.) la solde réduite d'un militaire en non-activité et, par métonymie (n. m. inv.), un militaire qui touche une demi-solde. ◆  Il s'est dit spécialement sous la Restauration (1815) d'un officier de l'Empire mis en disponibilité et cette valeur historique reste bien connue. Par analogie, le mot se dit d'une personne arbitrairement exclue d'un groupe (attesté en 1913, Péguy).
❏ voir SOLDAT, 2 SOLDER, SOULTE.
2 SOLDE → 2 SOLDER
1 SOLDER → 1 SOLDE
2 SOLDER v. tr. est emprunté (1675 ; souder, 1636) à l'italien saldare « arrêter un compte » (XIVe s.), proprement « joindre deux pièces de métal ensemble », qui dérive de saldo « chose solide », et, en finances, « différence entre le débit et le crédit d'un compte ». Ce mot est issu d'un latin populaire °salidus, altération du latin classique solidus (→ solide) sous l'influence de validus « solide, vigoureux » ; le latin médiéval d'Italie solidare rationem signifiait « faire le paiement complet » (1262). La francisation en solder vient de l'attraction de 1 solde et de l'influence de souder qui a aussi été employé en ce sens aux XVIIe et XVIIIe s. (dep. 1636).
❏  Le verbe signifie en comptabilité (1675) « clore (un compte) en faisant la balance » d'où par extension (1679) « acquitter (une dette, une facture) en payant ce qui reste dû », solder qqn signifiant « lui payer ce qu'on lui devait encore » (1835). ◆  Se solder en... (par...) s'emploie (1841) en parlant d'un bilan, pour « faire apparaître, à la clôture, un solde consistant en un débit ou un crédit » ; par figure (1866), le pronominal se solder par équivaut à « se traduire finalement par..., aboutir à... ».
■  Par ailleurs, solder a pris le sens courant (1842) de « vendre au rabais », d'après le sens de 2 solde (ci-dessous) avec pour quasi-synonymes brader, liquider.
❏  Le dérivé SOLDEUR, EUSE n. désigne (1884) un commerçant, spécialement un libraire qui tient des soldes permanents (par exemple des articles invendus). Le mot s'est employé comme adjectif (1872), appliqué à une personne qui solde un compte. ◆  SOLDERIE n. f., nom déposé dans les années 1980 (vers 1985), se dit d'un commerce de détail spécialisé dans la vente soldée (Cf. l'anglicisme discounter).
2 SOLDE n. m., réfection (1675) de salde (1598), puis saulde (1607), est emprunté à l'italien saldo. ◆  Le mot, d'abord féminin, est parfois confondu avec soulte* au XVIIe siècle. Il désigne un paiement complet, d'où la locution pour solde de tout compte, aussi au figuré « pour terminer, à la fin ». ◆  En comptabilité, une solde (1675) puis un solde n. m. (1788) désigne la différence qui apparaît, à la clôture d'un compte, entre le débit et le crédit ; en emploi absolu, solde débiteur signifie « ce qui reste à payer sur un compte » (1748 n. f. ; 1784 n. m.). ◆  Par analogie, solde de marchandises, puis solde se dit (mil. XIXe s.) de marchandises démodées ou défraîchies vendues au rabais. De là en solde (1871), toujours en usage, alors que l'emploi familier à propos d'une chose de valeur médiocre, de mauvaise qualité (1867) est sorti d'usage. ◆  Par extension, SOLDES n. m. pl. désigne (v. 1900) des marchandises vendues en solde. Ce type d'emploi a reculé devant de nouveaux termes publicitaires (promotion, prix cassés, etc.) ; le français québécois, par calque de l'anglais sales, emploie aussi ventes.
❏ voir SOLDAT, 1 SOLDE, SOULTE.
L + 1 SOLE n. f. est issu (v. 1213) avec une variante suale (XIIIe s.) du latin populaire °sola, altération du latin classique solea, sous l'influence de solum (→ 1 sol). Solea a des acceptions variées : « sandale », « garniture de sabot (d'une bête de somme) », « entraves », « sole (poisson) », « pressoir » et à basse époque « plancher » ; le mot a abouti à seuil*.
❏  On retrouve la valeur du bas latin dans l'emploi technique de sole (v. 1213) pour désigner une pièce de bois posée à plat et servant d'appui dans une charpente. On relève en ancien français des variantes comme seule (fin XIIIe s.), suele (1353), suale surtout dans le Nord. Le mot désigne aussi deux pièces de bois en croix qui portent la cage d'un moulin à vent (XIIIe s., suale ; 1690, sole) ; dans ce sens, on a dit au pluriel les solles (1765). C'est encore cette valeur de « plancher » que l'on retrouve dans des acceptions disparues, « fond d'un bateau plat » (1680) et, dans le vocabulaire militaire, « planche qui porte sur les deux essieux d'un affût de canon » (1731), emploi attesté jusqu'au milieu du XIXe siècle. ◆  Au XIXe s. (1842), sole désigne la partie d'un four qui reçoit les produits.
❏  Le dérivé SOLIVE n. f., senti aujourd'hui comme indépendant, 1 sole étant rare et technique, désigne (v. 1180) chacune des pièces de charpente qui s'appuient sur les poutres et auxquelles on fixe le plancher et les lattes du plafond (en dessous). Une locution ancienne, s'amuser à compter les solives, signifiait « être oisif » (1694). Solive a été (1835) le nom d'une unité de mesure pour les bois équarris, de là pied, pouce de solive (1871), anciennes mesures de volume.
■  Son dérivé SOLIVEAU n. m. (v. 1330 ; 1296, soliviau, dans l'Orléanais) désigne une petite solive. Au figuré, par allusion à la fable de La Fontaine, Les grenouilles qui demandent un roi, le mot s'emploie en parlant d'un homme faible, sans autorité (roi soliveau, 1812 ; employé seul, 1847). ◆  Par comparaison, il figure dans la locution être (rester) quelque part comme un soliveau « immobile, inactif ».
■  SOLIVAGE n. m., mot technique, désigne (1629) l'ensemble des solives d'un bâtiment.
SOLIN n. m., autre terme technique, est à peu près sorti d'usage. Il signifiait « soubassement d'une construction » (1348, soulin), puis a désigné un enduit de plâtre bouchant les intervalles des solives (1676), un bourrelet de plâtre disposé à la jointure du toit et du mur (1690) et une petite bande d'enduit en plâtre permettant de raccorder des surfaces disjointes.
2 SOLE n. f., terme d'agriculture (1374), représente un emploi figuré de 1 sole par un transfert de sens comparable à celui de planche. ◆  Le mot désigne chacune des parties d'une terre soumise alternativement à l'assolement (ci-dessous). On a aussi écrit sol (1690) jusqu'au milieu du XVIIIe siècle.
■  2 Sole a fourni des composés en agriculture.
■  1 DESSOLER v. tr. (1357 ; repris en 1690) de 1 dé-, « changer l'ordre des cultures », et son dérivé DESSOLEMENT n. m. (1700) « action de dessoler (un champ) » sont à peu près sortis d'usage.
■  ASSOLER v. tr. (1374) de 1 a-, « partager les terres en surfaces régulières (ou soles) de sorte à y faire succéder les cultures dans un ordre déterminé », est devenu rare, à la différence du dérivé ASSOLEMENT n. m. (1798) « action d'assoler ; cultures successives sur une même terre » et par extension « ordre de rotation des cultures ».
On retrouve le latin populaire °sola dans 3 SOLE n. f., qui a repris par emprunt au latin classique solea « sandale » les sens de « semelle » (fin XIe s.), « plante du pied » (v. 1310), encore relevés en 1636. ◆  Sole a conservé le sens du moyen français (v. 1354) « partie cornée formant le dessous du sabot chez le cheval, le mulet, l'âne ».
■  Le composé technique 2 DESSOLER v. tr. « ôter la sole du sabot de (un animal) » (v. 1200) a signifié en vénerie (v. 1580) « s'endommager le dessous du pied », en parlant d'un chien. ◆  Il a fourni DESSOLURE n. f. (1793 ; XIVe s., hapax, puis 1660 dessoleure), archaïque comme le verbe.
Le latinisme SOLÉAIRE adj. (1792) a remplacé en anatomie la forme erronnée solaire (de 1560 au XVIIIe s.), alors qu'il est dérivé du latin solea (→ 2 sole, ci-dessus). Le mot qualifie un muscle large et épais de la face postérieure de la jambe, allant du tibia et du péroné au tendon d'Achille, jouant un rôle essentiel dans la marche et le saut.
4 SOLE n. f. est emprunté (XIIIe s.) à l'ancien provençal sola, lui-même pris au latin populaire °sola, altération du latin classique solea (ci-dessus). ◆  Sole reprend un des sens du latin classique, désignant un poisson de mer plat, de forme ovale, très estimé pour sa chair. Ce mot est plus courant que tous ses homonymes et donne lieu à des syntagmes usuels (sole de Douvres, etc. ; filet de sole, sole meunière...).
❏ voir CONSOLE.
SOLÉCISME n. m., relevé une fois au XIIIe s. (v. 1265, solœcisme), puis au XIVe s. (v. 1370) et sous la forme moderne à la fin du XVe s. (1488), est un emprunt au latin classique soloecismus « solécisme » et à basse époque « faute, péché ». Le mot latin reprend le grec soloikismos, tiré de soloikos « barbare, étranger », « qui parle de façon barbare », « qui fait des fautes en parlant », mot rattaché, dès l'Antiquité, au nom de la ville de Soles (Soloi) en Cilicie, dont les habitants passaient pour parler un grec incorrect, peut-être à la suite de leurs contacts avec les Barbares.
❏  Solécisme désigne en français un emploi syntaxique fautif de formes par ailleurs existantes, opposé par là à barbarisme. ◆  Par figure (1546, Rabelais, solœcisme, puis 1672), le mot s'est dit d'une faute de conduite ou de comportement, de manière littéraire.
❏  SOLÉCISER v. intr. (1552, solœciser ; 1746, soléciser, Diderot) est formé savamment d'après le grec soloikizein « parler incorrectement », rattaché à Soloi. Ce verbe d'usage très littéraire signifie « faire des solécismes ».
L SOLEIL n. m. est issu (1080), d'abord sous la forme solelz (v. 980), d'un latin populaire °soliculus, dérivé du latin classique sol, solis « soleil », astre et divinité (écrit Sol), employé en poésie pour « jour, journée » et par figure aux sens de « plein jour », de « vie publique » et de « grand homme ». Sol appartient à une famille de mots indoeuropéens désignant le soleil, affectant des formes diverses qui impliquent une racine avec alternance l-n dans la flexion ; sol proviendrait d'une forme °swōl- ; le grec hêlios (→ hélio-) d'un °sawelios.
■  L'ancien provençal a deux mots : solel (v. 1180) de même origine que le français (prov. mod. solelh), et sol (v. 1180), du latin classique, comme l'italien sole, l'espagnol et le portugais sol ; en ancien français, la forme sol (1119) est un latinisme ou est repris à l'ancien provençal ; la forme soloil (v. 1175) provient d'un autre dérivé latin populaire °soluculus. La variante souleil (1314) est encore employée par d'Aubigné (déb. XVIIe s.).
❏  Le mot désigne l'astre qui donne la lumière et la chaleur à la Terre. Dans le vocabulaire didactique ancien (astronomie-astrologie), le Soleil est considéré comme une planète jusqu'à l'adoption du système copernicien au XVIIe s., et comme un astre fixe avant la fin du XVIIIe s. (travaux de Herschel et Lambert). Furetière définit le mot (1690) par : « astre comme centre d'un système planétaire ». La connaissance scientifique du Soleil, du XVIIIe au XXe s., modifie profondément le concept (aujourd'hui « étoile jaune, de moyenne importance, appartenant à la galaxie dite “Voie lactée” ») et instaure une phraséologie et un vocabulaire spécialisé (chronosphère, protubérances, taches...), dans le cadre de l'astronomie solaire. ◆  L'astre, en ancien français, est envisagé dans son apparence et ses effets sur la Terre : alternance du jour et de la nuit, chaleur, saisons, points cardinaux. Soleil levant s'emploie pour « est » (1080) et soleil couchant pour « ouest » (v. 1155) ; au soleil levant « au lever du soleil » (v. 1155) s'oppose à au soleil couchant (v. 1180, avec la forme sol). Le mot entre dans de nombreuses locutions : partir le soleil,partir signifie « partager », s'est dit pour « placer des adversaires de sorte que le soleil n'incommode pas plus l'un que l'autre » (v. 1260), d'où à l'époque classique partager le soleil entre les combattants (1694), sorti d'usage. ◆  La locution sous le soleil (1550), d'abord desous le solel (v. 1360), s'emploie au sens de « sur la terre », spécialement dans la locution proverbiale rien de nouveau sous le soleil. ◆  Entre deux solaux (1391), devenu entre deux soleils (1660) « entre le lever et le coucher du soleil », s'est maintenu jusqu'au XIXe siècle. Cadran au soleil (1538) a été remplacé par cadran solaire*. ◆  Par métaphore poétique, soleil « journée » (1639) et « année » (1678) se disent jusqu'au XIXe s. (Lamartine). Soleil naissant, « beauté éclatante », faisait partie du vocabulaire de la préciosité (1648), comme soleil de la nuit « feu » (av. 1650). La phrase le soleil luit (brille) pour tout le monde (attestée en 1798), « il est certains avantages dont tout le monde peut profiter », est un proverbe traduit du latin.
■  Le mot désigne aussi à partir du XIIe s. la lumière du soleil, un temps ensoleillé (v. 1150), d'où faire soleil : il fait soleil (1647), grand soleil (1694), d'abord dans la région lyonnaise, puis dans toute la France. En français du Québec, il fait beau soleil est usuel (Cf. en France, il fait beau). Par extension, il se dit de ce qui est exposé à la lumière du soleil (v. 1220). ◆  De ces valeurs procèdent de nombreux emplois et des locutions : soleil s'applique à la lumière d'une pierre précieuse (1225-1250), et pierre du soleil « pierre précieuse » (1562) reprend le latin solis gemma.
■  Une importante phraséologie reprend la valeur première du mot (astre) ou celle de « lumière du soleil ». En plein soleil signifie comme en latin « publiquement » (v. 1530 ; 1785, au soleil). ◆  La locution coup de soleil, d'abord « insolation » (1582), semble avoir été reprise au début du XIXe s. pour désigner une légère brûlure provoquée par le soleil ; employé avec quelques verbes, coup de soleil a par métaphore des acceptions familières ; la locution a signifié « légère ivresse » (1845, et par ellipse un soleil), aussi dans avoir son coup de soleil « être ivre » (1808). Recevoir un coup de soleil a eu le sens (1878) de « tomber amoureux ». ◆  Par figure, bien au soleil s'applique à une propriété immobilière (1611), surtout dans avoir des biens au soleil « être riche », l'exposition au soleil symbolisant la position sociale enviable, idée que l'on a également dans avoir une place au soleil (1803). Se gratter le cul au soleil (1611) s'est dit d'une personne oisive ; mettre (à qqn) le ventre au soleil (XVIIe s.) s'est employé pour « tuer » ; on trouve en argot moderne les tripes au soleil, dans ce sens. ◆  La locution proverbiale ôte-toi de mon soleil (XVIIIe s.) cite la réponse de Diogène à Alexandre qui lui offrait sa protection, et que l'on rappelle pour marquer l'importunité d'une présence. ◆  Les effets du soleil sur la peau, considérés comme désastreux jusqu'au milieu du XIXe s. (Cf. coup de soleil ci-dessus) sont évoqués positivement dans prendre le soleil « s'y exposer » (1869) pour brunir ou dans un but thérapeutique, et dans bain de soleil, expression apparue dans la 2e moitié du XIXe s. pour « fait de se mettre en plein soleil » (par ex. Zola, 1873) et aussi pour « lieu, image inondée de lumière solaire » (1883, Huysmans). La locution s'est spécialisée en héliothérapie (v. 1860), puis dans le contexte de la plage avec l'idée de dénudation (1924, Morand). D'où par apposition robe bain de soleil, et un bain de soleil. L'anglais sun bath est attesté en 1875. ◆  Déjeuner de soleil, autrefois à propos d'une couleur qui s'abîme facilement (1871), se dit d'une chose éphémère (1904). ◆  Ça craint le soleil s'est dit en argot (1910) pour « cela doit rester caché, discret », notamment à propos d'argent ou d'un bien volé, escroqué.
Parallèlement à ces emplois, soleil a eu de nombreuses acceptions métaphoriques, l'une d'elles renvoyant à une image (cercle entouré de rayons) évoquant l'astre. Escu au soleil (1485), escu en or sol (1490), qui correspond à l'ancien provençal escu de soul de France (1524), désignait un écu frappé sous Louis XI, Charles VIII et François Ier, où la représentation de la couronne de France était surmontée d'un petit soleil ; on trouve ensuite écu au soleil, écu sol (1636) et, par confusion avec sol « sou », la forme écu-sou (1798, Académie). ◆  Cette image du soleil, cercle d'où partent des rayons divergents, apparaît spécialement dans l'emploi du mot pour « ostensoir » (1520), dans l'usage héraldique (1690) où le soleil est un disque (doré) entouré de rayons. ◆  Par figure, soleil de feu (1694), aujourd'hui soleil (1752), désigne une pièce d'artifice constituée d'un cercle monté sur pivot et garni de fusées qui le font tourner en lançant leurs feux ; on a dit aussi soleil brillant (1767) et soleil tournant (1812). ◆  Par ailleurs, soleil a été la désignation d'un jet d'eau qui se distribue en rayons (1715 ; 1752, soleil d'eau). ◆  Par métaphore, on emploie papier soleil (1803), puis format soleil pour un papier qui porte une image du soleil en filigrane. ◆  La même image se trouve dans l'emploi du mot au sens (1882) de « tour complet autour d'un axe horizontal » spécialement en gymnastique (grand soleil) et dans faire un soleil (1895), à propos d'une automobile qui capote, puis d'une personne qui fait une chute spectaculaire. ◆  Avec l'idée d'une brusque coloration de la peau, piquer un soleil (1844) signifie « rougir brusquement » (Cf. piquer un fard).
Sur le plan métaphorique et allégorique, soleil, depuis le XVe s., est le symbole d'une puissance qui éclaire, répand son influence bienfaisante, avec une application aux religions (1557), et à la puissance royale dès le XVIe s., sens encore connu par la métaphore du Roi-Soleil « Louis XIV ». De même, dans le langage biblique du XVIe s. et de l'époque classique, soleil de justice désigne Dieu, Jésus-Christ (1553) et le divin soleil la grâce de Dieu (1721). ◆  En outre, soleil a désigné à l'époque classique une personne remarquable (v. 1587) et une personne puissante dont on attend des faveurs (1678) ; le mot a cette valeur dans des locutions (1640) sorties d'usage, comme soleil d'hiver désignant une personne qui a peu de pouvoir et soleil de mars un pouvoir naissant ; adorer le soleil levant signifiait « faire sa cour au pouvoir naissant » (fin XVIIe s.). L'empire du soleil levant désigne par ailleurs le Japon. La métaphore littéraire soleil couchant, qui se dit (1813) d'une personne dont le pouvoir est à son déclin, pourrait être antérieure à son attestation. ◆  Être près du soleil (1871), « être près du pouvoir », se rencontre encore.
Dans d'autres emplois figurés, c'est la couleur ou la forme symbolique (cercle rayonnant) du soleil qui est retenue ; dans le vocabulaire ancien de l'alchimie soleil sophistique (1530), soleil (1611), après le moyen français sol (1564), se disait pour « or » ; cette acception remonte au XIIIe s. (1267) dans le latin des alchimistes (sol). On retrouve ce sémantisme en argot (mil. XXe s.) avec le sens de « million (d'anciens francs) », attribué par Esnault au souvenir du nom d'un directeur de banque nommé Soleil. ◆  Plusieurs plantes et animaux ont été désignés par le mot ; soleil d'or « carpe » (1554), épouse du soleil « souci » (1555) et soleil de mer (1611), soleil (1680) « astérie » sont sortis d'usage ; mais on emploie encore soleil comme nom de l'hélianthe (1640 ; Cf. le mot tournesol). Sol pour « raisin sec » (1723) est sorti d'usage.
❏  Soleil a fourni quelques dérivés.
■  SOLEILLEUX, EUSE adj., qui a eu le sens de « solaire » (1582), est rare comme équivalent (1584) d'« ensoleillé ».
■  SOLEILLÉE n. f. « rayonnement du soleil par un temps couvert » (1866) est un mot régional, comme SOLEILLADE n. f., mot provençal (par emprunt) au sens de « lumière du soleil » (1888).
Le composé ENSOLEILLER v. tr. (1852) de en-, signifie « remplir de la lumière du soleil » et s'emploie (1894) au figuré pour « remplir de bonheur ». ◆  En dérivent ENSOLEILLÉ, ÉE adj. employé au propre (1867) et au figuré (1870) et ENSOLEILLEMENT n. m. (1856) diffusé par son emploi en météorologie.
■  On relève en ancien et en moyen français divers sens de SOLEILLER, verbe disparu, dont « briller, luire » (v. 1180, altéré en soreller), « exposer au soleil » (1414, soriller ; 1596, soleiller) qui correspond à l'ancien provençal solelhar (1240). ◆  SOLEILLÉ, ÉE adj. « exposé au soleil » (1564), peu employé à l'époque classique, a été repris après la Révolution mais est sorti d'usage.
PARE-SOLEIL n. m. inv., du verbe parer, autrefois (1873) « chapeau pour se protéger du soleil », désigne (1914) un écran protégeant du soleil.
■  Plusieurs mots ont été empruntés à des dérivés du latin classique sol ou formés à partir d'eux.
SOLAIRE adj. est emprunté au dérivé latin impérial solaris « du soleil, relatif au soleil », « tourné vers le soleil », par exemple dans solaris herba « tournesol », qui correspond au grec heliotropion ou heliotropos (→ héliotrope). En bas latin, solaris s'était substitué à Solanus « vent d'est », autre dérivé de sol ; de cet emploi viennent diverses formes de l'ancien et du moyen français : soleire « midi » (v. 1120), souleurre « est » (1261), sollerre « vent du sud-est ou du sud » (v. 1300), écrit solerre (1549) et encore attesté en 1660.
■  La forme moderne solaire, « relatif au soleil, du soleil », apparaît isolément en chronologie dans an solaire (XIIIe s.) repris au XVIe siècle. Au XVIIe s. année solaire (1671) succède à an solaire. ◆  L'adjectif réapparu en français moderne pour qualifier la lumière du soleil (fin XVe s.), puis dans herbe solaire (1607) « tournesol », s'est appliqué plus tard (1797) aux plantes dont les fleurs ne s'ouvrent qu'à la lumière du soleil. ◆  Il s'est appliqué par métaphore (fin XVIIe s.) à une personne radieuse et qualifie à la même époque ce qui utilise la lumière du soleil (1690, quadran solaire, 1718, cadran). ◆  Solaire n. f. a désigné (1765) jusqu'au milieu du XIXe s. la courbe supposée décrite par les rayons du soleil en traversant l'atmosphère. ◆  Avec les progrès de l'astronomie newtonienne, apparaît système solaire (1749) « ensemble des corps célestes formés par le Soleil et son champ de gravitation ». Solaire, en relation avec l'évolution du concept de soleil, qualifie au XIXe s. ce qui fonctionne grâce à l'énergie que dégage le rayonnement du soleil (1882, appareil solaire). Les applications techniques de l'énergie solaire suscitent pile solaire (v. 1968), chauffage solaire (v. 1970) et le solaire n. m. « ensemble des techniques et procédés d'utilisation de l'énergie solaire » (v. 1978), faisant partie de ce qu'on appelle les énergies nouvelles, renouvelables. ◆  Par ailleurs, solaire s'applique (XXe s.) à ce qui protège du soleil, dans huile solaire (la marque Ambre solaire fut lancée en 1937).
■  Un emploi figuré notable est plexus solaire (→ plexus).
■  ANTISOLAIRE adj. (XXe s.) de 1 anti-, qualifie ce qui protège des rayons solaires, spécialement dans le vocabulaire technique (vitrage antisolaire).
■  On emploie LUNI-SOLAIRE adj. en astronomie (1721) ; [→ lune].
■  EXTRA-SOLAIRE adj. qualifie (1890) ce qui est extérieur au système solaire. Il se dit notamment des planètes découvertes autour d'autres étoiles que le soleil (exoplanètes) et de l'existence supposée de la vie hors du système solaire (exobiologie).
SOLARISER v. tr., dérivé savant (1877, pron.) de solaris, a signifié « subir l'action du soleil », en parlant de photos. Toujours dans le domaine de la photographie, le verbe a pris (1949) le sens de « soumettre à l'insolation (la plaque sensible) pendant le développement », pour obtenir des effets spéciaux, d'où SOLARISATION n. f. (1949).
■  À partir de solaris ont été composés les termes didactiques SOLARIMÈTRE n. m. (1933) de -mètre, « appareil pour mesurer le rayonnement solaire », et SOLARIGRAPHE n. m. (v. 1964) de -graphe, « solarimètre enregistreur ».
SOLARIUM n. m. est un emprunt (1765) à un mot latin signifiant « cadran solaire », par extension « clepsydre », et « endroit exposé au soleil », spécialement « balcon, terrasse », substantivation de l'adjectif solarius « solaire ».
■  Au XVIIIe s., le mot est un terme d'Antiquité désignant une terrasse exposée au soleil, dans l'ancienne Rome. Par analogie, il se dit (1909) d'un établissement où l'on pratique l'héliothérapie et par extension (1941) d'un lieu où l'on prend des bains de soleil.
❏ voir INSOLATION, PARASOL, SOLANACÉES, SOLIER, SOLSTICE, 1 SOUCI.
SOLEN n. m. est un emprunt (1694) au latin impérial solen, -enis, lui-même emprunté au grec sôlên, sôlênos, mot d'origine obscure signifiant « canal, tuyau », « tuile creuse », et employé pour désigner, par analogie de forme, un coquillage, le « couteau » ; c'est avec ce sens que le mot est repris en latin.
❏  Solen désigne en zoologie un mollusque lamellibranche communément appelé couteau*, à coquille droite allongée, qui vit enfoncé verticalement dans le sable.
❏  Quelques termes de zoologie ont été formés à partir de l'élément SOLÉNO-, tiré du grec sôlên.
■  SOLÉNODONTE n. m. (1876) de -odonte, du grec odous, odontos « dent », a désigné un genre de champignons ; c'est le nom donné (1876, solénodon) à un insectivore des Antilles, à cause de sa trompe.
■  SOLÉNOCONQUES n. m. pl. (av. 1892), en latin scientifique solenoconcha, de concha « coquille », désigne un ordre unique de mollusques compris dans la classe des Scaphopodes.
■  SOLÉNOGLYPHE adj. et n. m. (1902) de -glyphe, tiré du grec gluphis « entaille » et « encoche d'une flèche », dérivé de gluphein « tailler, graver » (→ hiéroglyphe), se dit de serpents dont la denture est constituée par des crochets creusés de fins canaux conducteurs de venin.
Soléno- a servi par ailleurs à former le terme technique SOLÉNOÏDE n. m. et adj. (1827), de -oïde, formé sur le modèle du grec sôlênoeidês « en forme de canal ou de tuyau » ; c'est le nom d'une bobine cylindrique, inventée par Ampère en 1822, constituée de plusieurs couches de fil conducteur enroulé et traversé par un courant électrique qui crée sur son axe un champ magnétique. ◆  En dérive SOLÉNOÏDAL, ALE, AUX adj. (1888).
SOLENNEL, ELLE adj., réfection (1337) de sollempnal (1190), sollempnel (v. 1250), est dérivé, d'après des mots de religion comme éternel, spirituel, de l'ancien français solene (v. 1190) ou sollenpne (v. 1260), encore attesté au XVIe s. (1580, solemne). Solene était un emprunt au latin classique sollemnis (variante sollennis, solennis), solempnis en bas latin, adjectif de la langue religieuse appliqué à des cérémonies, à des rites célébrés à date fixe et avec faste. Le premier élément sollus « entier », d'origine osque, n'apparaît que dans des composés ; il se rattache à une racine indoeuropéenne dont procèdent aussi en latin salvus (→ sauf), solidus (→ solide) ; le second élément était rattaché par les anciens à annus « an* » mais la forme sollennis est une fausse graphie étymologique due à l'influence de perennis (→ pérenne) ; cet élément final correspond peut-être à l'osque amnúd « ce qui a fait le tour » et sollemnis signifierait à l'origine « qui a lieu quand le circuit de l'année est entièrement écoulé » ; il est aussi possible que sollemnis soit emprunté à une langue non indoeuropéenne, comme l'étrusque.
❏  L'adjectif, avec de nombreuses variantes en ancien et moyen français, est sorti d'usage ou littéraire lorsqu'il est appliqué à ce qui est célébré avec pompe, par des cérémonies (v. 1250, sollempnel ; v. 1190, solene). Il qualifie depuis le moyen français (v. 1360, solempne ; 1552, solennel) et jusqu'à nos jours, ce qui se fait avec apparat. Solemnel (1415) est refait sur le latin. Introduit dans le vocabulaire du droit, il se dit de ce qui est authentique, accompagné des formalités requises (1266, sollempnel ; 1337, solennel), et plus généralement il s'emploie pour « manifeste, public », en parlant d'actes auxquels on donne une importance particulière (fin XIVe s., E. Deschamps). ◆  Au XVIIe s. (1680) et jusqu'au milieu du XVIIIe s. a eu cours une variante solanel, d'après la prononciation. ◆  Solennel a la même valeur de manifestation publique dans le vocabulaire religieux où vœu solennel se dit d'un vœu fait en face de l'Église avec des formalités qui lui donnent une importance particulière (1694) ; cet emploi se retrouve dans communion solennelle. ◆  Solennel n. m. s'est utilisé pour le classement des fêtes religieuses (1759, grand, petit solennel, solennel mineur). ◆  Par extension, l'adjectif a qualifié une maison somptueuse appartenant à un haut personnage (1364, hostel solennel), puis un personnage important (1394) et une chose (déb. XVe s.), spécialement dans crime solennel (déb. XVIIe s.) ; l'adjectif est archaïque dans ces emplois dès l'époque classique. ◆  Il se dit encore (XIVe s.) de ce qui a une gravité propre aux grandes occasions, d'où l'emploi péjoratif pour « emphatique » (1788) et, en parlant d'une personne, « guindé, un peu ridicule » (1871).
❏  L'adjectif a fourni SOLENNELLEMENT adv., réfection (1538) de solempnellement (v. 1223), la forme sollemnement (v. 1180) venant de solemne. On a écrit, par retour au latin, solemnellement (1613), graphie encore relevée dans le Dictionnaire de l'Académie en 1878. ◆  L'adverbe signifie « d'une manière solennelle » (v. 1180) puis « publiquement, dans les formes » (XIVe s.) et « gravement, cérémonieusement » (1833, Balzac).
SOLENNITÉ n. f. (v. 1120), d'abord sollempnité (v. 1112) est emprunté au dérivé latin impérial sol(l)emnitas « fête solennelle », « caractère de ce qui est solennel ».
■  Le mot a désigné une fête célébrée une fois par an (par l'étymologie de soleannis pour les Anciens), aujourd'hui une fête solennelle et, par extension, ce qui revêt un caractère analogue (XIIIe s.) et ce qui a un caractère de gravité et de faste (début XIXe s.). ◆  Par ailleurs et surtout au pluriel (fin XIIIe s.), le mot désigne en droit les formes d'un acte solennel.
SOLENNISER v. tr. est la réfection (v. 1360) de sollempnizer (1309), emprunt au bas latin ecclésiastique solemnizare ou sollemnizare « célébrer de façon solennelle, publiquement », dérivé du latin classique sollemnis. Le verbe, qui a gardé le sens de l'étymon jusqu'à l'époque classique, s'est aussi écrit solemniser (1640). Il a signifié en ancien français « annoncer solennellement » (1323) et a pris au XIXe s. (1828) le sens de « rendre solennel ». En dérive SOLENNISATION n. f. (1396, solemnisacion), didactique ; l'Académie donne (1694) à la fois la graphie moderne et la forme solemnisation.
❏ voir SOLLICITER, SOUCIER.
SOLÉNOÏDE n. m. est un dérivé didactique en -oïde du grec solên « étui ; tuyau ». Le mot désigne en électricité une bobine cylindrique de fils conducteurs en plusieurs couches, traversée par un courant qui crée sur son axe un champ magnétique proportionnel à ce courant (on dit couramment : bobine).
SOLERET → SOULIER