SOLEX n. m. est un nom de marque déposée (1916 [T.L.F.], puis 1946) probablement par allusion à solus « seul » (cycle pour une personne) et valorisation par sol « soleil », donné à un cyclomoteur de conception particulièrement simple (on peut évoquer la finale du latin simplex).
❏  Le mot, écrit avec la majuscule en tant que marque déposée, a été courant jusqu'en 1988, date à laquelle la fabrication de ces cyclomoteurs a cessé. Un Solex s'est dit aussi pour « carburateur d'automobile de la marque Solex », d'où la spécification de Vélosolex, nom commercial du cycle (1946). Les deux formes sont encore en usage, à côté de Mobylette, autre nom de marque, pour un cyclomoteur léger.
SOLFATARE n. m. est la réfection (1751) de solphaterie, solphatarie (1578), pseudo-hellénisme (ou latinisme). C'est un emprunt à l'italien solfatara, tiré de Solfatar, nom d'un volcan éteint entre Pouzzoles et Naples, lui-même formé sur solfo « soufre », du latin classique sulphur ou sulfur (→ soufre). On relève aussi la forme italienne solfatara (1664).
❏  Le mot désigne un terrain volcanique qui dégage des émanations de vapeur et de gaz sulfureux chaud (Cf. soufrière).
❏  En dérivent SOLFATARIEN, IENNE adj. ou SOLFATARIQUE (1889) « relatif aux solfatares », tous deux didactiques.
SOLFÈGE n. m. est la francisation (1790) de solfeggi (1767), introduit par Rousseau dans son Dictionnaire de musique et emprunté à l'italien solfeggio, dérivé du verbe solfeggiare correspondant au français solfier. Ce verbe dérive de solfa « gamme », mot composé des noms italiens de notes de musique, sol et fa, de même origine que les noms français (→ fa, sol). Au sens de « solfège », l'ancien provençal avait solfa (v. 1250) et l'ancien français sofe (XIIIe s.), devenu solfe (1611) « art de solfier » ; ces formes sont empruntées au latin médiéval solfa « gamme », de même origine que l'italien.
❏  Le mot désigne l'étude des principes élémentaires de la musique et de sa notation et, par extension (1798), un manuel d'apprentissage comportant des exercices et des morceaux. Il se dit par métonymie d'exercices pour les chanteurs et par extension pour tous musiciens.
❏  SOLFIER v. dérive (v. 1220, en emploi absolu) du latin médiéval solfa. Ce terme de musique signifie transitivement (1532) « lire (de la musique) en chantant et en nommant les notes ». Le verbe s'est employé dans des locutions figurées : solefier [sic] son cas « soutenir sa cause » (v. 1330) et chanter sans solfier « jeter des cris » (déb. XVIIIe s.).
SOLMISER v. intr., terme didactique (1829), de sol et mi*, signifie « solfier dans le système des hexacordes », en musique ancienne ; on disait solmifier v. intr. (1703). ◆  Le verbe a fourni SOLMISATION n. f. (1821).
SOLIDAIRE adj. est formé (1462 selon Bloch et Wartburg, puis 1584 mais certainement antérieur, Cf. solidairement), à partir du latin juridique in solido proprement « pour le tout », d'où « solidairement », de in « vers, pour » et solidum « le solide » et « totalité d'une somme », substantivation du neutre de solidus « solide* ».
❏  L'adjectif a signifié « complet, entier » ; il s'emploie spécialement en droit (1611, obligation solidaire ; repris en 1690) pour « commun à plusieurs personnes, de manière que chacune réponde du tout » et s'applique par extension, d'abord au pluriel (1718), puis au singulier (av. 1874) aux personnes liées par un acte solidaire.
■  Dans l'usage courant, il se dit (av. 1747, Caylus) de personnes liées par une responsabilité et des intérêts communs, d'où au singulier être solidaire de (avec) qqn (1825) et se déclarer solidaire de qqn (XXe s.). ◆  Par extension, solidaire s'applique (1834) à des choses qui dépendent l'une de l'autre, fonctionnent ensemble dans un processus et, en mécanique (1861, Cournot), à des pièces liées dans un même mouvement.
❏  Le dérivé SOLIDAIREMENT adv. est un terme de droit (1462, puis 1561) qui traduit le latin solidum ; on emploie aussi en droit la locution adverbiale in solido (1842), locution latine formée de l'ablatif de solidum. ◆  L'adverbe est sorti d'usage au sens d'« en exigeant le total d'un engagement solidaire » (1600) et de « solidement » (1611). ◆  Il s'emploie encore couramment pour « par une dépendance réciproque » (1764).
Plusieurs dérivés savants en ar- de solidaire sont en usage.
■  SOLIDARITÉ n. f. a été en concurrence avec solidité (→ solide) comme terme de droit (1693) pour désigner l'état de créanciers solidaires ; il désigne par extension (1804, Code civil) le caractère solidaire d'une obligation. Le nom s'emploie en parlant de choses (1789) au sens de « dépendance réciproque » et, couramment, de personnes (1795) pour « fait d'être solidaire et de s'entraider ». Cette valeur révolutionnaire, théorisée au début du XXe s. (Cf. solidarisme), est devenue dans le vocabulaire sociopolitique un substitut prudent à égalité sur le plan économique, d'où impôt de solidarité, etc.
■  SOLIDARISER v. tr. s'emploie en droit pour « rendre solidaire » (1865 ; proposé en 1842, Richard de Radonvilliers) et avec une valeur générale en parlant de personnes (1869) et de choses (1850). Dans ces trois emplois, on trouve le pronominal se solidariser (dep. 1868). ◆  Le préfixé DÉSOLIDARISER (1879), surtout employé comme pronominal (début XXe s.) pour « cesser d'être solidaire », est relativement usuel.
■  SOLIDARISME n. m. désigne (av. 1905) en philosophie une doctrine qui fonde la morale, la politique et l'économie sur la solidarité, d'où SOLIDARISTE adj. et n. (1904) également dérivé savant de solidaire.
SOLIDE adj. et n. m. est un emprunt (1314) au latin classique solidus « dense, massif, compact, consistant » et « entier, complet » en particulier dans la langue du droit et par figure « réel », « ferme, inébranlable » et « plein » en rhétorique ; de l'idée de « fermeté » vient solidum n. m. en géométrie. Le mot se rattache à une racine indoeuropéenne exprimant la notion de « tout, entier », comme le grec holos « entier » (→ catholique, holocauste), le latin salvus (→ sauf).
■  La forme saude « dur, compact » (v. 1265) est un italianisme de B. Latini, qu'on relève aussi chez Marco Polo (1298) dans lait saude « lait caillé ».
❏  Solide apparaît en architecture (1314) au sens de « massif, plein », à propos d'une construction ; à nouveau attesté à la fin du XVe s. (1487), l'adjectif semble rare jusqu'au XVIe siècle. Il s'applique alors à ce qui a de la consistance, garde une forme relativement constante (1531, aliment solide), et il est substantivé dans ce sens au XVIIe s. (le solide, 1646). Il a aussi une valeur abstraite, qualifiant ce qui est à la fois effectif et durable (1544), puis (1580) ce qui est plein, sérieux et important ; enfin, ce qui est substantiel (1580). ◆  Au XVIIe s., plusieurs acceptions se développent ; SOLIDE n. m. reprend en géométrie (1613) le sens du latin, désignant une figure à trois dimensions à volume mesurable. Ce substantif engendre un nouvel adjectif (1680), par exemple dans angle solide (1690), didactique. ◆  Plus couramment, l'adjectif s'applique (1636) à ce qui résiste à l'effort, garde sa rigidité, d'où par extension à ce qui ne s'altère pas (1790, couleur solide), s'use peu, garde sa position (1855). ◆  Il s'emploie pour « puissant, fort », en parlant d'une personne ou d'une partie du corps (1655), mais ce sens ne s'impose qu'au XIXe s. (1848, G. Sand), spécialement dans la locution avoir les reins* solides au propre et au figuré (fin XIXe s.).
■  Solide se dit dans le domaine moral d'une personne, et d'un comportement équilibré, stable et sérieux (av. 1679, Retz) et le nom, le solide, du solide a désigné (1661) les avantages matériels, l'argent, c'est-à-dire ce qui apparaît stable socialement et donne une position. ◆  SOLIDE n. m., « corps solide », attesté au XVIIIe au pluriel (1752), est repris au XIXe siècle. ◆  Par figure, l'adjectif équivaut familièrement (1871) à « important, intense » (Cf. beau, bon) avec l'idée de résistance ; d'où (être) solide au poste (1808), « être robuste, résistant », au figuré « être inébranlable, persévérant ».
❏  Le dérivé SOLIDEMENT adv. (1529) n'a qu'une partie des emplois correspondant à ceux de l'adjectif : « d'une manière solide, résistante », « effective et durable » ou encore « sérieuse et importante », puis « résistante ».
■  SOLIDIFICATION n. f., « action de rendre solide, de devenir solide » (1572), formation savante à partir de solide, est rare jusqu'à la fin du XVIIIe s. (1789, en physique et chimie), et senti aujourd'hui comme dérivé de solidifier, notamment dans ses emplois figurés.
■  SOLIDIFIER v. tr. d'abord dans se solidifier « devenir solide » et solidifié, ée adj. (1783), est ensuite attesté comme verbe actif (1803) ; il s'emploie aussi au figuré (av. 1850).
■  SOLIDIEN, IENNE adj., didactique (1861, vibrations solidiennes), signifie « relatif à l'état solide, aux corps solides », opposé à liquide et gazeux.
■  SOLIDUS n. m. (attesté 1938), emprunt au latin solidus, terme technique, désigne une courbe qui donne la température de fusion commençante d'un mélange de titre variable.
SOLIDAGE n. m., d'abord solidago (1829), forme du latin des botanistes, est un dérivé savant du latin solidare, dérivé de solidus signifiant « consolider, affermir », à cause des propriétés thérapeutiques de la plante (→ consoude). Ce terme de botanique désigne une herbacée (Composacées) vivace, à fleurs jaunes en grappes de capitules, appelée communément verge d'or.
SOLIDITÉ n. f. est emprunté (1314) comme l'ancien provençal soliditat (1350) au latin classique soliditas « qualité de ce qui est solide, massif », « dureté, fermeté » puis en latin juridique « totalité », dérivé de solidus.
■  Le nom, dont les emplois sont parallèles à ceux de solide, est introduit au sens courant de « qualité de ce qui est solide » (Cf. force, résistance), repris au XVIIe s. (1636). Le syntagme solidité des cieux, « firmament » (v. 1327), sorti d'usage, procède de ce sens de même que l'emploi à propos des êtres vivants (1530). ◆  Solidité désigne abstraitement la qualité de ce qui est bien pensé, sérieux (1530) et, à la fin du XVIIe s., signifie en droit « engagement solidaire » (1690) et « solidarité » (1694), sens relevé jusqu'en 1798, puis éliminé par solidaire et solidarité. ◆  En géométrie (1691), il s'est dit pour « espace limité par un solide », plus tard éliminé par volume. ◆  Solidité désigne également de manière abstraite (1768) la qualité de ce qui est effectif et durable.
SURSOLIDE n. m. (1637, Descartes) est formé sur solide n. m. pour traduire le latin moderne sursolidum pour surde solidum « solide de nature et de matière non énonçable », passé en anglais au XVIe siècle. ◆  Le mot, désignant un nombre à la cinquième puissance, s'est employé en géométrie.
❏ voir CONSOLIDER, 1 SOLDE, 2 SOLDER, SOLIDAIRE, SOLIPÈDE, SOU, SOUDER.
SOLIER n. m., réfection (v. 1170) de soler (v. 1130, F. e. w.), est issu du latin classique solarium « cadran solaire » et « terrasse, balcon (endroits exposés au soleil) », dérivé de sol (→ soleil).
❏  Solier désigne (v. 1130) une terrasse sur le toit d'une maison, un logement aménagé sous le toit, une soupente. Le mot, vivant jusqu'au milieu du XVIe s., s'est maintenu dans les dialectes, souvent au sens de « grenier, fenil ». C'est aujourd'hui un terme d'archéologie.
SOLIFLUXION → SOL
SOLILOQUE n. m. est emprunté (v. 1600, F. de Sales) au bas latin soliloquium (IVe s., Saint-Augustin), composé du latin classique solus « seul* » et de loqui « parler » (→ locution).
❏  Le mot désigne le discours d'une personne qui est seule à parler ou semble ne parler que pour elle (v. 1600) ; il équivaut à monologue (1690).
❏  Il a fourni SOLILOQUER v. intr. (1883).
SOLIN → 1 SOLE
SOLIPÈDE adj. et n. m. est un emprunt des naturalistes de la Renaissance (1556) au latin savant solidipes, « au pied (pes, pedis) massif (solidus → solide) », qui aurait dû fournir °solidipède et a été réduit en solipède avec une fausse étymologie qui lui donnait le sens de solus « unique » (→ seul).
❏  L'adjectif qualifie les quadrupèdes dont le pied ne présente qu'un seul sabot, ce pied n'étant donc pas « fendu », trait retenu dans les interdits religieux de la Bible. Substantivé (1755, Buffon), le terme s'est appliqué aux Équidés, en zoologie, avant d'être remplacé par ce dernier, tout en restant connu (dans un usage littéraire).
SOLIPSISME n. m. est composé savamment (1878) à partir de solus « seul, unique » (→ seul) et ipse « même, en personne » (→ ipse) avec le suffixe -isme. On relève au XVIIIe s. solipse n. m., formé de la même manière, dans la Monarchie des Solipses, c'est-à-dire des Jésuites, (1723, Huet). Le sens correspond alors à celui d'égoïste.
❏  Le mot se dit en philosophie d'un idéalisme limité, selon lequel il n'y aurait pour le sujet pensant d'autre réalité que lui-même. ◆  Par extension (apr. 1950), solipsisme s'emploie, littéraire, en parlant du caractère d'une personne, d'un univers de pensée entièrement centré sur soi.
❏  En dérive SOLIPSISTE adj. et n. (1913), terme didactique.
SOLISTE → SOLO
SOLITAIRE adj. et n. est emprunté (fin XIIe s.) au latin solitarius « isolé, solitaire », dérivé de solus (→ seul).
❏  Dès l'ancien français, l'adjectif s'applique à ce qui se passe dans l'isolement, est caractérisé par le fait d'être seul (fin XIIe s. ; vie solitaire), à une personne qui vit seule et qui s'y complaît (XIIIe s.), à ce qui pousse à rechercher la solitude (XIIIe siècle ; humeur solitaire), enfin à un lieu désert, retiré (1285). ◆  Solitaire n. m. désigne en particulier (fin XIIe s.) celui qui a choisi la vie monacale, spécialement au XVIIe s. les personnes qui se retirèrent à l'abbaye de Port-Royal (les solitaires de Port-Royal) puis certains ordres religieux (1701), et par ailleurs une personne qui a l'habitude de vivre seule (1680).
■  En parlant de choses ou d'animaux inférieurs, l'adjectif s'applique à ce qui n'est pas accompagné d'éléments de son espèce, d'abord en architecture, avec colonne solitaire « isolée » (1710), puis dans la locution ver solitaire, nom usuel du ténia (1759), substantivé en le, un solitaire (1771, et jusqu'au milieu du XIXe s.). ◆  Solitaire s'emploie en botanique à propos d'une fleur portée au sommet d'une hampe non ramifiée (1805), en zoologie (1839) d'un animal qui vit isolé, opposé à social. ◆  À propos d'objets non vivants, solitaire se dit en physique dans électron solitaire « qui n'a pas de symétrique à l'intérieur d'un atome ».
■  C'est avec la même valeur que SOLITAIRE n. m. prend diverses acceptions ; le nom a désigné (1752) un jeu de combinaison qui se joue seul et, par métonymie, le matériel avec lequel on y joue. Il s'est appliqué aussi (1765) à une espèce de quadrille où chaque danseur évolue seul. C'est aussi (1798) le nom d'un diamant monté seul. S'agissant d'êtres vivants, il s'emploie (1764) à propos d'un oiseau de grande taille des îles Mascareignes que l'on extermina au XVIIIe s. et en vénerie (1834) d'un sanglier mâle âgé qui a quitté toute compagnie, le mot sanglier, qui signifie lui-même « solitaire », étant démotivé. Un solitaire se dit aussi d'autres animaux sociaux lorsqu'ils vivent isolés (vieux solitaire, d'un éléphant). ◆  De navigateur et navigation solitaire vient l'expression en solitaire, d'une traversée (l'Atlantique en solitaire).
❏  De l'adjectif procèdent SOLITAIREMENT adv. (v. 1190) et le terme de psychiatrie SOLITARISME n. m. (attesté en 1968).
SOLITUDE n. f. est un emprunt (1213) au latin solitudo « lieu désert », « vie isolée (de qqn) », « état d'abandon » et « absence, manque », dérivé de solus.
■  Le nom désigne (1213) le caractère, l'atmosphère solitaire d'un lieu. Par extension, il se dit (v. 1265) d'un lieu désert, non fréquenté, spécialement (1508) d'une étendue inculte (Cf. désert), valeurs devenues littéraires et archaïques, le sens de « lieu, habitation solitaire » (XVe s.) étant sorti d'usage. ◆  Solitude s'emploie en parlant de la situation d'une personne seule, de façon momentanée ou durable, qui vit seule (1393), emploi rare avant le XVIIe s. (1636), où le mot reprend un sens du latin, désignant (av. 1648) l'état d'abandon, d'isolement* où se sent l'homme vis-à-vis de la société, de Dieu. ◆  Solitude de, « manque de » en parlant de personnes (1669), est un latinisme sorti d'usage.
SOLIVE → 1 SOLE
SOLLICITER v. tr. est emprunté (1332) au latin sollicitare « remuer, agiter fortement », « inquiéter, tourmenter », « exciter » et « attirer (l'attention) », dérivé de sollicitus « entièrement remué » et surtout, au figuré, « fortement troublé, inquiet ». Le premier élément de cet adjectif est sollus « entier », d'origine osque (→ solennel), qui appartient à une famille indoeuropéenne dont procèdent aussi en latin salvus (→ sauf) et solidus (→ solide) ; le second, citus, est le participe passé passif de ciere « mettre en mouvement », « amener à soi » et « appeler, invoquer », éliminé à l'époque impériale par son fréquentatif citare (→ citer). Sollicitare a abouti en français par voie orale à soucier*.
❏  Le premier emploi, solliciter qqch. de qqn, correspond d'abord à « demander avec insistance » ; puis le verbe s'emploie avec la valeur affaiblie de « demander dans les formes » ; de là vient le sens de « prier (qqn) en vue d'obtenir qqch. » (v. 1355), dans solliciter qqn de faire qqch. (1425) puis simplement solliciter qqn (1530). Solliciter qqn de qqch. pour « exiger de lui (un type de comportement, d'action) » [fin XVe s.] s'est employé à l'époque classique, par exemple dans solliciter qqn de son déshonneur « exiger de qqn des choses qui s'opposent à son devoir ». ◆  Avec l'idée de souci, voire de soin, solliciter (un malade) [1350 ; 1332 en droit] s'employait encore à l'époque classique pour « prendre soin de », d'où le pronominal se solliciter (1771) « se soigner », et solliciter un procès « s'en occuper » (1549), encore relevé en 1878 (Académie). ◆  Depuis le XIVe s. (1356), le verbe s'emploie au sens latin, signifiant « inciter (qqn) de façon pressante, de manière à l'entraîner », d'emploi littéraire avec un sujet nom de personne ; en même temps, il signifie (1356) « agir sur (qqch.) en éveillant, en stimulant » (solliciter l'attention). ◆  De l'idée d'inquiéter, on passe aux sens de « surveiller (par exemple un travail) » [1409] et « être sur ses gardes » (1499), sortis d'usage. ◆  Avec la valeur de « mettre en mouvement », le verbe a pris le sens d'« exercer une action, pour inciter à agir », le complément désignant une personne (1721) ou un animal (1584, solliciter un cheval). Le verbe signifie également « exercer une force sur (qqch.) » [1798], par influence probable de l'anglais. ◆  Avec la valeur de « faire appel à », solliciter s'emploie par figure au sens de « forcer l'interprétation de (un texte) » [1863, Renan], souvent au participe passé (interprétation sollicitée).
❏  Le dérivé SOLLICITEUR, EUSE n., d'abord écrit soliciteur (1347), puis avec deux l (1425), a désigné une personne qui sollicite (s'occupe de) un procès, une affaire, en visitant les juges (1549, solliciteur de procès) ; cette valeur demeure dans l'anglicisme solicitor n. m. (1864), emprunté au français par l'anglais au début du XVe s. et désignant un homme de loi britannique pouvant agir en tant qu'agent juridique. À cette valeur, disparue au XIXe s., se rattache l'emploi de solliciteur au sens de « personne qui s'occupe de qqch. d'une manière énergique », lui aussi sorti d'usage. ◆  Solliciteur adj. a signifié « qui a soin de, est empressé pour » (1444) et s'est appliqué à une personne inquiète (XVe s., sollicitoux).
■  C'est au début du XVIe s. que le nom prend le sens moderne de « personne qui demande une faveur avec instance » (1527). ◆  Il a eu aussi le sens de « suborneur » (1636, encore au début du XVIIIe s.).
SOLLICITUDE n. f., emprunté (v. 1265) au dérivé latin sollicitudo « inquiétude, souci », désigne le soin avec lequel on s'applique à qqch. (v. 1265) et plus couramment les soins attentifs à l'égard d'une personne (v. 1370), seule valeur vivante en français actuel, le mot étant détaché du reste de la famille par ce sémantisme. Il s'est employé (XIVe s., solicitude) au sens de « souci, inquiétude », valeur considérée comme archaïque dès l'époque classique. ◆  Les sollicitudes de ce monde a signifié dans le vocabulaire religieux « soins des choses temporelles » (1553) ; on trouve encore au XVIIIe s. sollicitudes du siècle (1718).
SOLLICITATION n. f. est emprunté (1404, solicitation ; écrit avec deux l, 1491) au dérivé latin sollicitatio « sollicitation, instigation » en latin classique, puis « souci » en bas latin.
■  Le nom a signifié « instigation » (1404) puis « soin qu'on prend à la poursuite d'un procès » (1482, solicitacion), sens relevé jusqu'en 1878. ◆  Il désigne une prière instante (1490) et une démarche pressante pour obtenir qqch. (1664), valeur demeurée vivante. ◆  En relation avec la valeur physique du verbe, sollicitation se dit aussi (fin XIXe s.) d'une force qui s'exerce sur un corps et (XXe s.) de l'action psychologique ou physique exercée sur une personne (techniques de sollicitation), par influence probable de l'anglais.
SOLO n. m. est emprunté (1703, var. soli, 1740) à l'italien solo, terme de musique, proprement « seul », du latin solus (→ seul).
❏  Le mot désigne un morceau joué ou chanté par un seul, d'où violon, piano, etc. solo « musicien chargé des solos de violon, de piano, etc. » (1842). Au pluriel, il s'écrit des solos ou, comme en italien, des soli (1876).
■  Par extension, solo s'est dit (1798) d'une voiture à une place, puis d'un coup fait seul, au boston (1875). Ces acceptions, comme faire solo « jouer seul contre les autres joueurs, au tarot » (1933), ont vieilli. ◆  En argot, solo, équivalant à seul (déb. XXe s.), succède au dérivé argotique de seul, seulo (1883).
■  En solo loc. adj. ou adv., signifiant en musique (1877) « sans accompagnement », s'emploie aussi à propos d'une activité qui se pratique généralement en équipe, d'où spectacle solo ou solo « assuré par un seul artiste sur scène » (1973), qui est la recommandation officielle pour remplacer l'anglicisme one man show (→ show). ◆  Par analogie, on dit camion solo « sans sa remorque » (v. 1970). ◆  En français d'Afrique, une variété de papayes est appelée papaye solo.
❏  SOLISTE n., terme de musique (1836), dérive de solo ou est une adaptation de l'italien solista.
SOLSTICE n. m., francisation (v. 1280, J. de Meung) de la forme latinisée solsticiun (v. 1119), est emprunté au latin classique solstitium « solstice », littéralement « arrêt du soleil », mot composé de sol, solis « soleil* » et de -stitium, second élément entrant dans la composition de substantifs, tiré de stare, au supin statum, « être debout », « être immobile » (→ ester).
❏  Le mot désigne chacun des deux moments de l'année où le soleil est à son plus grand éloignement angulaire du plan de l'équateur, dans solstice d'hiver (21 ou 22 décembre) et solstice d'été (21 ou 22 juin), respectivement le plus court et le plus long des jours de l'année. ◆  En astronomie, solstice (1756) s'applique à chacun des points de l'écliptique correspondant aux deux époques où le soleil atteint son plus grand éloignement. Le mot est peu employé jusqu'au XVIe siècle. ◆  On trouve isolément le sens figuré de « point culminant, apogée » (soltice, fin XVIe s. ; solstice, 1671), sorti d'usage.
❏  SOLSTICIAL, ALE, AUX adj. est emprunté (v. 1380) comme l'ancien provençal (v. 1350) au latin classique solstitialis « du solstice d'été », « de l'été », dérivé de solstitium. ◆  Il qualifie dans l'usage didactique ce qui est relatif aux solstices (1671, points solsticiaux).
SOLUBLE adj. est emprunté (fin XIIe s.) au bas latin solubilis « qui se dissout, se désagrège » et aussi « qui dissout, relâche », dérivé de solvere, au supin solutum, « délier, détacher » au propre, et au figuré « dissoudre, désagréger », « payer, acquitter » (→ solution).
❏  L'adjectif a d'abord qualifié dans le vocabulaire religieux une faute qui peut être effacée, en liaison avec l'ancien français souldre (→ absoudre) (v. 1170), et a signifié « périssable, qui peut être réduit à néant » (v. 1270). ◆  C'est aussi au XIIIe s. que soluble prend le sens concret de « qui peut se dissoudre dans un liquide » (1267) qui s'est conservé, notamment en pharmacie (1752), en chimie, puis dans l'usage général. On a dit aussi dissoluble adj. (XIIIe s., hapax, repris en 1636), d'après dissoudre. ◆  L'adjectif s'applique au figuré à ce qui se fond dans ce qui l'entoure (1874, Verlaine). ◆  Sous l'influence de solution*, soluble se dit enfin d'une situation, d'un problème qui peut être résolu.
❏  Soluble a fourni deux dérivés didactiques.
■  SOLUBILITÉ n. f. désigne (1753) la propriété de ce qui peut se dissoudre, spécialement en chimie.
■  SOLUBILISER v. tr. (1877), « rendre soluble par un traitement approprié », a donné (mil. XXe s.) SOLUBILISANT, ANTE adj. et n. et SOLUBILISATION n. f., équivalent rare de dissolution*.
INSOLUBLE adj. est la réfection (v. 1245) de issoluble, n. m. (v. 1220), emprunt avec traitement du in- (Cf. illégal) au latin impérial insolubilis « dont on ne peut s'acquitter », puis « inconstestable », « qu'on ne peut détruire » et en bas latin « indissoluble ».
■  Le nom (un insoluble) a désigné (v. 1220) une question qu'on ne peut résoudre, valeur qu'a conservée l'adjectif (1549). ◆  Insoluble s'est dit (fin XVIe s.) à l'époque classique d'un lien qui ne peut être dénoué (Cf. indissoluble) et s'est appliqué à ce qui est indiscutable (déb. XVIIe s.). ◆  Il qualifie concrètement, depuis le XVIIIe s., ce qui ne peut se dissoudre dans un liquide.
■  Il a servi à former INSOLUBILITÉ n. f. qui désigne (1627) le caractère de ce qu'on ne peut résoudre puis, en chimie (1765), celui d'une substance qu'on ne peut dissoudre, et INSOLUBILISER v. tr. (1872), terme de chimie qui a donné INSOLUBILISATION n. f. (1886).
Le composé SOLUCAMPHRE n. m. (XXe s.) de camphre*, est un nom déposé qui désigne en pharmacie un dérivé du camphre, soluble dans l'eau et employé comme catatonique.
SOLUTION n. f. est un emprunt (1280, F. e. w. ; déb. XIIIe s. selon T.L.F.), d'abord écrit soluciun (v. 1119) au latin classique solutio « dissolution, désagrégation », au figuré « dégagement, aisance » et aussi « paiement, acquittement » et « explication » ; en latin ecclésiastique, solutio signifiait « absolution » (996-1006), « délivrance, salut ». Ce nom dérive de solutum, supin de solvere « détacher, délier », spécialement « dételer » et en marine « lever l'ancre » ; le verbe a pris des sens spéciaux : « payer, s'acquitter d'une dette » en droit, « s'acquitter d'un vœu » ; du sens de « détacher » on est passé à ceux de « relâcher des liens », « désagréger, dissoudre » et « résoudre ». Solvere est formé de se, particule marquant la séparation, l'éloignement (→ séduire), surtout employée comme préverbe (se- ou so-) et de luere « délier », d'où en droit « acquitter une dette », et « expier ». Ce verbe d'emploi rare a été remplacé par solvere (→ absoudre, dissoudre, résoudre), sa base demeurant dans luxe, luxer, luxure, luxuriant. Luere a son correspondant exact en grec avec luein « délier » (→ analyse) ; la même famille indoeuropéenne est représentée aussi par le gotique lun « rançon », le grec lutron.
❏  Le mot apparaît pour désigner une explication puis le dénouement d'une difficulté (v. 1370) en parlant de situations concrètes, et le résultat d'un problème de mathématiques (in Furetière, 1690), en concurrence avec résolution, comme substantif verbal de résoudre. ◆  Le mot avait repris au début du XIIIe s. le sens latin de « paiement » (1208), en droit (XIVe s.) le paiement final d'une dette de jurisprudence. ◆  Il a eu le sens de « pardon, absolution (d'un péché) » [1259] d'après le latin ecclésiastique (Cf. absolution). ◆  En chirurgie, d'après le latin médical, il s'est employé comme nom collectif des plaies et des fractures dans solution de continuité, (1314) locution qui signifie aujourd'hui « séparation », puis en parlant de choses concrètes (1546) et abstraites (1680) ; en médecine, il désigne la séparation des tissus qui sont normalement continus. ◆  Avec l'idée de délier, solution s'est employé en droit pour « annulation (d'une loi) » [v. 1360] d'où, à l'époque classique, solution de mariage « divorce » (1549), sens sortis d'usage et continués par dissolution. ◆  Au XVIIe s. (1676), d'après un sens de solvere, solution désigne l'action de dissoudre (un solide) dans un liquide et le fait de se dissoudre ; par métonymie, le mot se dit pour le mélange obtenu (1811), d'où, par exemple, solution saturée (XXe s.) et par analogie solution solide (1897). ◆  Il s'est employé au sens de « relâchement du ventre » (1793 ; XIVe s., dialectal dans le Nord), sens encore relevé en Belgique au XXe siècle. Il est aussi attesté pour « fin d'une maladie » (1793), et aujourd'hui avec la valeur de « terminaison, issue », en parlant d'une situation compliquée (1871). Solution finale, en histoire (mil. XXe s.), traduit l'euphémisme allemand destiné à masquer le projet d'extermination des juifs par les nazis.
❏  SOLUTIONNER v. tr., « résoudre », attesté chez Babeuf (1795) est rare avant 1894. Ce verbe, condamné par les puristes, a dû sa diffusion au fait que résoudre est un verbe très irrégulier. ◆  Il a fourni SOLUTIONNEMENT n. m. (déb. XXe s.), équivalent critiqué de résolution. ◆  SOLUTIONNISTE adj. et n. (1872, solutioniste), rare, s'est dit d'une personne qui recherche systématiquement des solutions.
SOLUTÉ n. m., dérivé savant de solutus « dissous », succède (1836) à l'emprunt au latin solutum (1814) ; le mot désigne en pharmacie une préparation liquide formée par la dissolution d'une substance solide dans un liquide puis, en chimie, une substance dissoute dans un solvant (par exemple le chlorure de sodium dissous dans l'eau).
4 SOL n. m. (attesté 1933) reprend l'anglais sol (1869), tiré de sol(ution). Le mot désigne en chimie une solution colloïdale.
■  Le composé AÉROSOL n. m. (1928), de aéro-, désigne en médecine une suspension très fine de particules solides ou liquides dans un gaz ; le mot s'applique couramment à la projection d'une préparation réduite en brouillard et désigne une bombe à aérosol (un aérosol).
❏ voir SOLVABLE, SOLVANT.
SOLUTRÉEN, ENNE adj. et n. m. dérive (1868) de Solutré, nom d'un site préhistorique de Bourgogne (en Saône-et-Loire).
❏  Ce terme didactique qualifie et désigne une période du paléolithique récent, en France, et la culture qui y correspond.
❏  Le composé SOLUTRÉO-MAGDALÉNIEN, IENNE adj. (XXe s.) de magdalénien*, qualifie ce qui est relatif aux époques et aux civilisations solutréenne et magdalénienne.