SOLVABLE adj. est un dérivé savant (av. 1325) du latin solvere au sens de « payer, acquitter » (→ solution).
❏
Solvable se dit en droit d'une personne qui a les moyens de payer ses créanciers ; il est peu usité avant le XVIe s. en ce sens ; on a dit aussi jusqu'à la fin du XVIe s. solvent, ente adj. (1376), emprunt au participe présent de solvere. C'est la seule valeur du mot qui soit restée en usage.
◆
Solvable s'est aussi appliqué à ce qui doit être payé, en parlant d'une rente, d'une dette (1356), acception disparue depuis le XVIIe siècle. L'adjectif a qualifié par extension (1485) une personne incapable de faire face à ses obligations, sens conservé jusqu'au XIXe s. et assumé aujourd'hui par insolvable.
❏
En dérive
SOLVABILITÉ n. f. (1662) « possibilité de payer (ses dettes) ».
◈
■
Le préfixé INSOLVABLE adj. a d'abord qualifié (1431) ce qui ne doit pas être payé ; le sens moderne juridique, « qui ne peut payer ce qu'il doit », apparaît au début du XVIIe s. (1611).
◆
Un insolvable n. m. a désigné (1690) jusqu'au milieu du XIXe s. une personne qui n'a pas de quoi payer un créancier.
◆
L'adjectif s'est aussi appliqué plus généralement (av. 1654) à une personne qui ne peut pas faire ce qu'elle doit, acception relevée jusqu'en 1873.
■
INSOLVABILITÉ n. f. se dit (1603) pour « état d'une personne insolvable ».
SOLVANT n. m. est un dérivé savant (1888) du latin solvere au sens de « dissoudre » (→ solution).
❏
Ce terme technique et didactique (chimie, pharmacie) désigne une substance, généralement liquide, qui a la propriété de dissoudre d'autres substances (Cf. dissolvant) et spécialement le constituant d'une solution dans laquelle a été dissous un soluté, généralement solide.
❏
SOLVATATION n. f. (1949) et
SOLVATISATION n. f. (1933) ont été dérivés, le premier du radical de
solvant, le second du verbe sorti d'usage
solvatiser « combiner (un corps dissous) avec son solvant » (1933), lui-même dérivé savant du radical de
solvant. Ce terme de chimie désigne une association moléculaire entre un soluté et son solvant.
■
SOLVATE n. m. (1933) « corps obtenu par solvatation » est lui aussi tiré du radical de solvant.
◆
SOLVATÉ, ÉE adj. (1971) qualifie en chimie une molécule complexe qui fixe à sa périphérie des molécules de solvant.
❏ voir
DISSOUDRE (DISSOLVANT).
SOMA n. m. est un emprunt savant (1892, trad. de Weissmann, créateur du terme en allemand) au grec sôma, sômatos « corps », mot d'origine inconnue.
❏
Il désigne en biologie l'ensemble des cellules non reproductives de l'organisme, par opposition au germen* (→ germe).
◆
Le moyen français a eu l'hellénisme somate n. m., « corps, membre », attesté chez Rabelais (1546) et dans Cotgrave (1611).
❏
SOMATION n. f. (1921, Cuénot) « acquisition de caractères qui modifient le soma sans modifier le support biochimique du patrimoine génétique », dérive de
soma.
◈
Le grec
sôma a servi à former le dérivé savant
SOMITE n. m., terme d'embryologie (1891) et de zoologie (1904), emprunt probable à l'anglais
somite (1869) ou à l'allemand
Somite, de même origine. Le mot désigne une petite masse de tissu conjonctif résultant de la segmentation du mésoblaste, qui fournit ensuite par différenciation les segments de tissus mous et de squelette de part et d'autre du tube neural.
◈
SOMATIQUE adj. est emprunté (1620, avec un sens biologique non précisé) au grec
sômatikos « du corps, corporel », dérivé de
sôma.
◆
Sorti d'usage, reformé au
XIXe s. (1855), le mot s'applique en médecine et en psychologie à ce qui concerne le corps, opposé à
psychique (1904,
symptômes somatiques). À partir de Weissmann (trad. 1892, comme pour
soma), il qualifie ce qui est relatif au soma, opposé à
germinal ou
germinatif ; cet emploi a disparu.
◈
L'adjectif a produit, outre l'adverbe
SOMATIQUEMENT (1926, H. Piéron), des termes propres de psychanalyse et de psychologie, passés dans l'usage courant par la vulgarisation de ces sciences.
■
SOMATISER v. tr. (mil. XXe s.) de somatique, d'après le grec sômatizein « revêtir d'un corps, incarner », signifie « rendre somatique (un trouble psychique) » et absolument « présenter des troubles physiques, somatiques, d'origine psychique ».
◆
En dérive SOMATISATION n. f. (mil. XXe s.) qui désigne le fait de somatiser, de se somatiser (Cf. angl. somatization, 1921).
■
PSYCHOSOMATIQUE adj. et n. f. est composé (1904) d'après l'allemand psychosomatisch. L'adjectif qualifie ce qui est relatif à la fois à l'organisme et au psychisme ; didactique en parlant de ce qui se rapporte aux troubles organiques ou fonctionnels liés à des facteurs psychiques, il s'applique spécialement à ce qui concerne la médecine consacrée à ces troubles (psychosomatique, n. f.). Il s'emploie notamment (1952, Porot) dans affections, manifestations, désordres psychosomatiques, de nature organique et causés ou aggravés par des facteurs psychiques.
◆
PSYCHOSOMATICIEN, IENNE n. (1946) désigne un spécialiste de la médecine psychosomatique.
◈
SOMATO-, élément tiré du grec
sôma, -atos, entre dans la composition de termes de médecine et de biologie.
◆
On relève dès le
XVIIIe s. le terme de médecine sorti d'usage
SOMATOLOGIE n. f. (1762), de
-logie, qui se disait de l'étude des parties solides de l'organisme.
◆
En médecine et en biologie,
SOMATOTROPE adj. (1941) de
-trope, signifie « qui agit sur le corps »
(hormones somatotropes), voir ci-dessous somatotrophine, d'où
SOMATOTROPIQUE adj. (1973).
■
SOMATOPSYCHIQUE adj. (1946) de -psychique, qualifie en médecine ce qui concerne à la fois les caractères physiologiques de l'organisme et les particularités psychiques d'un individu, spécialement ce qui est relatif aux procédés physiques, chimiques, appliqués aux faits psychiques (inverse de l'opération dite psychosomatique).
■
SOMATOGÈNE adj. (1961) de -gène, qualifie ce qui a son origine dans les tissus ou les organes et s'oppose à psychogène.
■
SOMATOSTATINE n. f. (1972) du radical -stat-, du grec statos « stable », désigne une hormone peptidique du cerveau.
■
SOMATOTROPHINE n. f., composé tiré du grec trophê « nourriture » (attesté en 1959), désigne une hormone somatotrope sécrétée par le lobe antérieur de l'hypophyse, qui stimule l'assimilation des protéines et par là la croissance des tissus (couramment appelée hormone de croissance). On emploie aussi SOMATOTROPINE.
◈
-SOME est un second élément tiré du grec
sôma, par exemple dans
chromosome*, ribosome (→ ribo-).
❏ voir
TRISOMIE.
SOMALI, IE adj. et n. qualifie ce qui est relatif aux Somalis, à la Côte des Somalis et à la république de Somalie, constituée en 1960. Ce nom, la Somalie, donné aux anciennes colonies anglaise et italienne, semble tiré d'un mot signifiant « sombre, noir ».
SOMBÉ n. m., emprunt à une langue africaine, désigne en français d'Afrique un plat à base de feuilles de manioc pilées.
?
1 SOMBRE adj., relevé au XIVe s. dans le syntagme sombre cop [coup] (1374, dans le Nord), est probablement plus ancien : le composé essombre « obscurité, lieu obscur », formé du préfixe es- à valeur intensive (du latin classique ex-), est attesté dès le XIIe s. (av. 1179, T.L.F.). On dérive généralement sombre d'un verbe hypothétique °sombrer « faire de l'ombre », issu d'un bas latin subumbrare (v. 400), qui n'est attesté que deux fois et aurait disparu à époque prélittéraire ; de là viendraient aussi l'espagnol, le catalan et le portugais sombrar qui a fourni sombra ; l'ancien provençal solombrar « mettre à l'ombre », comme l'ancien espagnol solombra « ombre », aurait subi l'influence de sol « soleil* » ou bien serait une contraction (avec altération consonantique) de sotzombrar, sotz venant du latin subtus « sous* ». L'hypothèse d'un radical gaulois n'est pas corroborée. Subumbrare est composé de sub- (→ sub-) qui marque la position inférieure et de umbrare « faire de l'ombre », dérivé de umbra ; (→ ombre).
❏
Sombre coup, « meurtrissure » (
XIVe s.), est relevé jusqu'en 1604, et encore signalé par Littré.
◆
Depuis le
XVIe s., l'adjectif s'applique couramment (1530) à ce qui reçoit peu de lumière, est peu éclairé, d'où spécialement
un temps sombre « couvert, pluvieux » (1530), et
il fait sombre. Le mot a été substantivé au
XVIe s. (1572) mais cet emploi n'a pas survécu
(Cf. le noir, les ténèbres).
◆
Par extension, l'adjectif qualifie ce qui est privé de lumière (mil.
XVIe s.), en particulier en mythologie dans
les sombres bords, les sombres rivages « les Enfers », et dans l'emploi figuré pour « qui frappe peu l'attention » (1603) sorti d'usage.
◆
Il se dit de ce qui donne peu de clarté (1636) et s'applique aussi (1694) à une teinte qui se rapproche du noir ou est mêlée de noir.
◆
L'adjectif s'emploie dans le vocabulaire des eaux et forêts, dans la locution
coupe sombre (1863 ;
→ coupe).
◆
Il se dit par analogie d'une voix grave ou voilée (1855), spécialement en phonétique dans
voyelle sombre (1933), opposé à
voyelle claire.
■
À l'idée d'obscurité sont liées les notions morales et psychologiques de tristesse et de menace et, dès le milieu du XVIe s., se développent des emplois métaphoriques ou figurés qui correspondent à ces notions. Sombre s'applique (1580) à ce qui évoque l'austérité, emploi disparu.
◆
Il qualifie (fin XVIe s.) une personne dont les pensées, les sentiments sont empreints de tristesse, d'abattement ; par extension, il se dit (1548) de choses d'une tristesse tragique ou menaçante, équivalant alors à sinistre, inquiétant ; ces emplois sont restés courants. L'adjectif s'emploie spécialement (av. 1778) à propos d'un projet nuisible qui se prépare en secret, dans l'ombre.
◆
Depuis le milieu du XIXe s., sombre est utilisé familièrement avant un nom (1869) comme intensif, pour renforcer un terme dépréciatif, comme sinistre (un sombre idiot).
◆
C'est avec l'idée de menace que l'argot avait repris le mot, la sombre n. f. (1880) ayant désigné la préfecture de police.
❏
Le dérivé
SOMBREMENT adv. signifie « d'une manière qui se fait peu remarquer » (1433), sens conservé jusqu'au début du
XVIIe siècle. L'adverbe prend ensuite (fin
XVIIe s.) sa valeur actuelle « d'une manière triste », l'emploi au sens concret étant rare.
■
1 SOMBRER v. tr. a signifié « rendre sombre » (1611), valeur où il est remplacé par assombrir (ci-dessous). Il est rare et littéraire au sens de « rendre sourd », à propos de la voix (1840), sens pris par assourdir (→ sourd).
■
SOMBREUR n. f., autre dérivé de sombre, mot littéraire et rare, désigne l'état de ce qui est peu éclairé (1823), et d'une chose tragique, sinistre (1881, d'une personne), le caractère de ce qui a une couleur sombre, foncée (1879).
◈
ASSOMBRIR v. tr., formé de
a-, sombre et suffixe verbal, attesté isolément au sens de « rendre obscur » (1597), est repris à la fin du
XVIIIe siècle.
◆
Il s'emploie par analogie à propos des sonorités (
XIXe s.) et aussi avec une valeur figurée (av. 1791), souvent au pronominal
s'assombrir « devenir sombre, triste ».
■
Le dérivé ASSOMBRISSEMENT n. m. est d'abord relevé au figuré (1801) puis (1873) avec une valeur concrète.
■
ASSOMBRISSANT, ANTE adj. s'applique concrètement à ce qui rend sombre (1927-1930), en parlant de la lumière et des sons, et est employé au figuré pour « attristant » (1937, Gide, Journal).
◈
SOMBRERO n. m. (1615), d'abord francisé en
sombrère (v. 1590), est un mot emprunté à l'espagnol où il est dérivé de
sombra « ombre ».
◆
Rare jusqu'au
XIXe s. (1833, Th. Gautier), le mot désigne un chapeau à larges bords, porté surtout en Amérique latine.
2 SOMBRER v. intr. vient (1654), avec influence de sombre et par aphérèse, de l'ancien verbe soussoubrer « se renverser à la suite d'un coup de vent » (1614) ; la graphie soussombrer n'est attestée qu'au XIXe s. (1848, Dictionnaire nautique de Jal) mais est probablement plus ancienne. Soussoubrer est emprunté à l'espagnol zozobrar ou au portugais sossobrar « se renverser, chavirer », eux-mêmes du catalan sotsobre « sens dessus dessous ». Cet adverbe est composé de sots « sous », issu du latin classique subtus (→ sous) et de sobre « au-dessus », du latin classique supra (→ sur).
❏
Le verbe, d'abord attesté dans sombrer sous les voiles (1654) et absolument dans sombrer (1687), signifie « s'enfoncer dans l'eau, faire naufrage » en parlant d'un navire.
◆
Il s'emploie par figure au sens de « disparaître, s'anéantir » (1830). Sombrer à, sorti d'usage, puis sombrer dans (fin XIXe s.), signifie « être entraîné sans pouvoir réagir dans ce qui anéantit » (1862, sombrer dans le sommeil) ou « être entraîné dans un état fatal, tragique » (1862, sombrer dans la folie) ; il s'emploie aussi absolument (1902, sa raison a sombré).
L
3 SOMBRER v. tr. est issu (1296 ; plus ancien, d'après le dérivé) d'un latin populaire °somarare « donner le premier labour à (une terre) », formé à partir d'un radical gaulois °somaro- « terre en repos », élargissement de °samo- « été » ; on retrouve une base proche dans les langues germaniques avec l'ancien haut allemand sumar (Cf. anglais summer et allemand Sommer « été »).
❏
Ce terme d'agriculture ancienne signifiait « être en jachère » en parlant d'une terre.
❏
Le dérivé 2 SOMBRE n. f. « jachère » (1169) et « premier labour » (1260) ne s'est maintenu que dans les dialectes.
SOMMAIRE adj., attesté au XIVe comme nom et au XVIe s. comme adjectif (1538), est sans doute antérieur : l'adverbe sommairement est relevé dès la fin du XIIIe s. (v. 1288) ; mais l'adjectif ne semble usuel qu'au XVIe siècle. Le nom (XIVe s.) est un emprunt au latin impérial summarium n. m. « abrégé », substantivation du neutre d'un adjectif inusité, dérivé de summa « somme » (→ 1 somme).
❏
Le nom conserve le sens latin de « bref exposé, résumé ». Il désigne aujourd'hui l'abrégé du contenu d'un ouvrage, plus détaillé que la table des matières.
■
L'adjectif s'applique à ce qui est résumé brièvement (1539) ; en droit, il qualifie (1549) des causes, des affaires qui doivent être jugées promptement, avec peu de formalités, d'où jugement sommaire « rendu sur certaines contestations qui requièrent célérité » (1842), exécution sommaire « faite sans jugement préalable » (1871), et l'emploi plus général pour « expéditif » (1843).
◆
De l'idée d'« abrégé » on est passé à celle de « petitesse » avec l'adjectif qualifiant ce qui est réduit à l'état le plus simple, le plus succinct, (1615), par exemple dans la locution adverbiale en sommaire (1690), qui a disparu au XIXe siècle, puis comme adjectif pour « petit » (1708, une taille sommaire).
❏
SOMMAIREMENT adv. signifie en droit « sans formalités » (v. 1288), en général « brièvement » (1397) et d'après le sens extensif de l'adjectif, « de façon élémentaire » (1886).
L
1 SOMME n. f. est la réfection d'après les deux m du latin (XIIIe s.) de sume (v. 1155), some (1160-1170), issu par évolution phonétique du latin classique summa, abréviation de summa linea « la ligne d'en haut », les Romains comptant de bas en haut ; le mot désigne le total formé par la réunion des éléments d'un compte et, par extension, une somme d'argent, une totalité, un ensemble ; summa signifie aussi « la place la plus haute », « le point le plus élevé », par figure « la partie essentielle », « l'apogée », et s'emploie dans des locutions adverbiales : ad summam « au total » et « pour ne pas entrer dans les détails », in summa « au total » et en bas latin « enfin ». Summa est la substantivation du féminin de summus « le plus haut, le plus élevé » au propre et au figuré, employé comme superlatif de super « sur ; au-dessus » (→ super-) à côté de supremus (→ suprême).
❏
Le mot s'est employé en ancien français (v. 1155,
sume ; v. 1190,
some) pour désigner la substance, l'essentiel d'une affaire, d'un écrit, d'où la locution
ce est la some « voici l'essentiel » (1160-1170), « c'est sûr, en vérité » (v. 1175).
◆
Le sens de « vérité » (1247) est sorti d'usage comme l'emploi de
sommes, n. f. pl., pour « Histoire sainte » (1316), la vérité par excellence à cette époque.
◆
La première valeur demeure dans le vocabulaire didactique, où
somme, après avoir désigné un recueil qui contient la totalité des événements (v. 1245), s'emploie à propos d'une œuvre qui résume l'ensemble des connaissances relatives à une science, à un sujet (1479, in
G. L. L. F.) ; ce sens est un réemprunt au latin : au
XIIIe s., Thomas d'Aquin intitulait une de ses œuvres
Summa Theologiae.
◆
Dès le
XIIe s. apparaît la locution adverbiale
en somme (v. 1160), calque du latin
in summa (Cf. italien in somma) signifiant « enfin, en résumé », puis « quant à l'essentiel » (1370) ; on a employé aussi
somme adv. pour « enfin » (
XVe s.), encore chez La Fontaine.
■
En ancien français et dès les premiers textes, l'idée d'extrémité se réalise dans l'acception de « fin, achèvement » (v. 1155, sume), d'où « fin (de la terre) » [v. 1250, some], et dans la locution mettre a some « détruire complètement » (v. 1240) ; cette valeur, que le français moderne n'a pas conservée, apparaît aussi en ancien provençal dans esser a soma « aboutir » (v. 1200).
◆
Par ailleurs, somme a signifié au figuré, comme en latin, « le plus haut point » (v. 1240) [→ sommet], valeur qui correspond à l'ancien provençal soma (v. 1220), et qui paraît peu attestée. Ces deux valeurs ont disparu.
■
À la fin du XIIe s., le mot reprend un autre sens du latin, désignant un total formé de quantités additionnées, acception réalisée par exemple dans somme toute (v. 1320), toute somme (1352), aujourd'hui somme totale « somme formée par l'addition de sommes partielles » (1538), puis somme algébrique (1637, somme), « qui porte sur des expressions algébriques », somme géométrique (1845, Saint-Venan) et au XXe s. somme logique (1947), somme de contrôle « effectuée à titre de vérification » en informatique (v. 1968).
◆
L'expression somme toute, devenue archaïque au sens propre, est demeurée, signifiant (1464) « en résumé, au total » et servant de présentateur en tête de phrase.
◆
De cette valeur vient également (1270) pour somme le sens de « certaine quantité (d'argent) », [v. 1380], d'où somme d'argent « quantité déterminée d'argent » ; haute somme a désigné (1723) dans la marine une dépense faite pour l'avantage de l'équipage, sens encore relevé par Littré. C'est une somme, employé absolument, correspond à « beaucoup d'argent ».
◆
Par extension, somme se dit comme en latin d'un ensemble de choses abstraites qui s'ajoutent (fin XIVe s.), d'une quantité considérée dans son ensemble. Avec une valeur concrète le mot s'est employé dans le vocabulaire technique, désignant une certaine quantité de verre (1676, somme de verre) ou de clous (1723) ; ces valeurs ont disparu.
❏
Le nom a fourni
1 SOMMER v. tr. (v. 1225) qui veut dire « faire le total de (un compte ou des objets quelconques) », spécialement en mathématiques (1762) ; il a été éliminé par
additionner.
◆
Il s'est employé avec un sujet nom de choses au sens de « monter à la somme de » (1314).
◆
Il a signifié aussi « payer » d'abord comme intransitif (1382) puis comme transitif (1493).
■
De sommer dérive 1 SOMMATION n. f. (v. 1450, sommacion), terme didactique qui désigne l'action d'ajouter, le fait de s'ajouter à qqch. (Cf. addition). Écrit sommation depuis le début du XVIIe s. (1611), il s'emploie spécialement en mathématiques (1762), l'action d'effectuer la somme étant symbolisée par Σ (sigma). En physiologie, il se dit (v. 1900) de l'effet produit par l'addition de plusieurs stimulations de même espèce, et de l'accroissement des effets d'une stimulation durable.
■
SOMMABLE adj., autre dérivé du verbe (1942, Valéry), signifiant « dont la somme peut être calculée », est didactique.
◈
SOMMÉ, ÉE adj., réfection (v. 1375) de
sonmé, est le participe passé adjectivé de l'ancien français
sommer « achever, terminer » (1226), qui a donné par un sens nouveau le verbe
3 sommer*. L'adjectif a signifié en fauconnerie (v. 1375) « achevé, parvenu à son entier développement » en parlant des pennes d'un faucon mué, acception encore relevée en 1875.
◆
De là
sommées n. f. pl. (1765) « pennes d'un oiseau de fauconnerie qui ont atteint tout leur développement ».
◆
Sommé s'applique aussi (v. 1390) en vénerie à un cerf qui a des trochures à la sommité de sa tête. Il rejoint alors le sémantisme du latin
summus (→ sommet). De même, en termes de blason,
sommé qualifie (v. 1375) un cerf dont la ramure est d'un émail particulier et se dit (1581) quand une pièce est en contact avec celle qui la surmonte.
■
Enfin 2 SOMMER v. tr., dérivé de sommé ou de l'ancien français som « sommet* », signifie (1636) en termes de blason « couronner, orner au sommet ».
❏ voir
CONSOMMER, 3 SOMMER, SOMMET.
L
2 SOMME n. f., dans bête de somme, représente la réfection (1195) de some (v. 1140) et sume (déb. XIIe s.), issus du latin médiéval sauma (VIIe s.), variante tardive de sagma (IVe s.) « bât », « chargement suspendu au bât ». Ce dernier est un emprunt au grec sagma « selle, bât », « entassement, amas » et, par ailleurs, « large manteau », « enveloppe d'un bouclier ». Le latin sauma a aussi donné l'italien soma « charge ».
❏
Le mot désigne depuis le
XIIe s. la charge que peut porter un cheval, un mulet, acception relevée jusqu'en 1878 par l'Académie.
◆
Le seul emploi vivant en français moderne est la locution
bête de somme (1596) « bête de charge qui porte les fardeaux », appelée en ancien français par métonymie
sonme (v. 1210), puis
somme (v. 1360). On a dit aussi
cheval de somme (1660).
◆
Bête de somme désigne par figure (1756) une personne durement exploitée à des travaux pénibles ; à l'époque classique on a employé avec la même idée
servir à sac et à somme « être soumis à des corvées » (1611).
■
L'importance du transport des marchandises par les animaux explique que le mot ait eu, au moyen âge, des acceptions diverses, ainsi que des dérivés, tous disparus.
◆
Somme avait repris le sens étymologique de « bât » (v. 1230). Le mot s'employait aussi au figuré (v. 1175, some ; v. 1340, somme) pour « peine », valeur qu'on rencontre jusqu'au XVIe s. (Ronsard). Somme désignait aussi une mesure pour le sel ou les liquides (1195), correspondant à ce qui pouvait être porté par un animal de charge, et, par ailleurs, un coffre qui se mettait sur les bêtes de somme (1328, summe ; 1352, somme), d'où à l'époque classique l'expression poisson de somme (mis dans une somme) « qu'on transporte dans des paniers, à dos de mulet » (1690).
❏
Le nom avait servi à former en ancien français un verbe
sumeier « porter une charge (en parlant d'une bête de somme) » [1080,
La Chanson de Roland], qui n'a pas vécu.
■
Il a eu pour dérivé 1 SOMMIER n. m., terme militaire pour « fourrier » (1387), désignant au début du XVIIe s. (1606) l'intendant d'une communauté, puis (1685) l'officier fournissant les bêtes de somme lors des déplacements de la Cour, le nom ancien de cet officier, sommelier, se spécialisant alors pour le transport des vins (→ sommelier).
❏ voir
2 et 3 SOMMIER, SOMMELIER.
L
SOMMEIL n. m. est la réfection (v. 1160) des formes summeil (v. 1138), someil (v. 1150), issues du bas latin somniculus « sommeil léger », « sommeil de courte durée », lui-même dérivé du latin classique somnus « sommeil » et par figure « inaction, oisiveté », signifiant en poésie « la nuit » et employé dans des locutions comme longus, frigidus somnus « le long, le froid sommeil (de la mort) » ; personnifié, Somnus est le nom d'un dieu, fils de l'Érèbe et de la Nuit. Somnus repose, comme sopor (→ assoupir, assouvir, soporifique), sur une forme °swop-no-, nom indoeuropéen du sommeil, ainsi que le sanskrit svápnaḥ ou, pour les langues celtiques, l'irlandais suan ; avec un autre vocalisme, on rapproche aussi le grec hupnos (→ hypno-) ou le vieux slave sŭnŭ (russe son). La racine indoeuropéenne °swep-, °sup- « dormir » n'a pas été conservée en latin, qui lui a substitué dormire (→ dormir).
❏
Le mot, dès les premiers emplois, désigne l'état d'une personne qui dort, et l'état physiologique caractérisé entre autres par la suspension de la vigilance. À partir du
XVIe s., il entre dans des locutions, notamment des euphémismes littéraires pour désigner la mort :
sommeil éternel (av. 1559), d'où
dormir d'un sommeil éternel (1721),
sommeil de paix (1672) et
sommeil de fer (1690) étant sortis d'usage ; au
XIXe s. on relève
dernier sommeil (déb.
XIXe s.), littéraire, et
sommeil du trépas (1876) devenu archaïque.
◆
D'autres locutions caractérisent la nature du sommeil :
dormir d'un sommeil de plomb « très profondément » (1835) a remplacé
d'un sommeil de mort (1764),
de fer (v. 1800) ;
dormir du sommeil du juste (1812), qui a le même sens, est toujours en usage, mais souvent ironique.
Sommeil veillant a désigné (1802) l'insomnie.
◆
Maladie du sommeil se dit (1871) d'une maladie infectieuse due à un trypanosome porté par la mouche tsé-tsé.
◆
En physiologie, on a nommé au
XXe s. les différents stades du sommeil, selon les tracés encéphalographiques,
sommeil lent ou
sommeil orthodoxe « caractérisé par des ondes lentes et synchronisées », opposé à
sommeil rapide, dit ensuite
sommeil paradoxal (1962, Jouvet) pour désigner la période qui correspond aux périodes de rêves caractérisées par l'irrégularité du rythme cardiaque, l'atonie musculaire, etc.
■
Par extension, sommeil signifie « envie de dormir », aujourd'hui dans des locutions comme avoir sommeil, tomber de sommeil (1767).
◆
Dans un emploi littéraire, repris au latin, le mot personnifie l'état de sommeil (apr. 1650).
◆
Par figure, il équivaut à « retraite, repos » (1684), « état d'inactivité, d'inertie » (fin XVIIe s.), cette acception étant sortie d'usage en parlant de personnes, mais s'employant encore à propos de choses (1770) et, spécialement, de la nature (1798, sommeil des plantes) ; avec cette valeur, il donne lieu aux locutions mettre (déb. XXe s.) et laisser (1935) une affaire en sommeil « en suspens ».
■
Par extension, sommeil désigne le ralentissement des fonctions vitales chez certains êtres vivants, autrefois pendant les saisons sèches (1835, sommeil d'été ; 1875, sommeil estival), aujourd'hui pendant les saisons froides dans sommeil d'hiver (1871) remplacé par sommeil hivernal (1875), sommeil hiémal, « hibernation ».
❏
Le dérivé
SOMMEILLER v. intr. est la réfection (v. 1285) de
sumeiller (v. 1265),
someillier (fin
XIe s.).
■
Le verbe a signifié au figuré « être abattu, déprimé ». Il est sorti d'usage au sens de « dormir » (v. 1131), ayant été blâmé par Malherbe (1609), mais noté comme « poétique » par l'Académie, de 1798 jusqu'en 1935.
◆
Il s'emploie couramment au sens de « dormir d'un sommeil léger, pendant peu de temps » (v. 1320, somoyller ; 1538, sommeiller), sens réalisé antérieurement en ancien provençal (v. 1100, somelhar).
◆
Par figure, il signifie dès l'ancien français (XIIe s.) « se laisser aller au relâchement, cesser d'être vigilant », puis « être dans un état d'inactivité, d'inertie » (1639) en parlant de la nature ou de l'esprit. Par extension, sommeiller s'applique à des sentiments, des pensées, au sens de « ne pas se manifester », par exemple dans la locution proverbiale tout homme a dans son cœur un cochon qui sommeille (1879, A. Préault).
■
Ce verbe a fourni deux dérivés. SOMMEILLANT, ANTE adj., d'abord attesté comme nom, le sommeillant (XVe s.), équivalent de « sommeil », s'applique comme adjectif à une personne qui dort à moitié (fin XVIe s.), et a signifié « tranquille, en repos » (1618). Il qualifie des choses qui ne bougent pas, semblent dormir (1858) et ce qui existe à l'état latent (attesté 1884, Maupassant).
■
SOMMEILLEMENT n. m. est littéraire et rare pour désigner le fait de sommeiller (1868, Goncourt) ; en ce sens, somillement est attesté en ancien français (v. 1190).
◈
SOMMEILLEUX, EUSE adj. et n. est la réfection (v. 1265) de
soumilleus (
XIIe s.),
soumillous (1160-1170), formes issues du latin archaïque
somniculosus « endormi, engourdi », dérivé de
somnus.
■
L'adjectif, devenu très littéraire, s'applique (XIIe s.) à une personne qui sommeille, est engourdie de sommeil. Il a qualifié (fin XVe s.) ce qui a rapport au sommeil.
◆
Quasiment sorti d'usage, il a été repris au XXe s., désignant en particulier (1926, Gide) une personne atteinte de la maladie du sommeil. Sommeil a fourni quelques composés.
■
ENSOMMEILLÉ, ÉE adj. de en-, avec suffixe verbal, a signifié « endormi » (1547) et, repris au XIXe s., s'applique (1870) à une personne qui n'est pas encore sortie du sommeil ou qui a besoin de dormir ; au figuré, l'adjectif qualifie (XXe s.) une personne dont les facultés semblent assoupies.
■
ENSOMMEILLER v. tr., attesté au XVIe s. au sens de « s'endormir » (1578, pron.), a été repris au XIXe siècle.
◆
Dans un usage littéraire, il signifie « donner sommeil à (qqn) » [fin XIXe s.], au figuré « mettre dans un état analogue au sommeil ».
◆
Le dérivé ENSOMMEILLEMENT n. m. s'emploie (1872) au propre et au figuré.
◈
DEMI-SOMMEIL n. m. désigne (1697) un état intermédiaire entre la veille et le sommeil.
◈
Plusieurs mots de la série sont empruntés à des dérivés du latin classique
somnus ou formés à partir de ce mot.
■
3 SOMME n. m. est une réfection (v. 1190) de sumne (v. 1112), puis some (v. 1175), issu du latin somnus. L'ancien français connaît aussi l'emprunt somne (v. 1165). Le mot, littéraire, conserve le sens étymologique de « sommeil » (v. 1165), désignant l'action de dormir considérée dans sa durée, généralement courte. Il entre dans les locutions d'ancien français en prinsome (XIIe s.), devenue de prinsomme (v. 1190) et environ le premier somme (1559) « au moment du premier sommeil, vers la première partie de la nuit », sorties d'usage.
■
En revanche, faire un somme « dormir » (1690) et ne faire qu'un somme (1768), « dormir sans interruption toute la nuit » restent vivants.
■
SOMNO n. m. représente (1812) le datif de somnus signifiant littéralement « pour le sommeil » ; le mot s'est dit d'un petit meuble, créé sous l'Empire, formant table et armoire qu'on pose près d'un lit ; par métonymie, il équivalait en argot (1888) à « chambre à coucher ».
■
SOMNESCENCE n. f., dérivé de somnus (av. 1922, Proust), est didactique et rare, employé pour « état de demi-sommeil ».
◈
SOMNIFÈRE adj. et n. m. est un emprunt (av. 1502) au latin
somnifer « assoupissant, narcotique », de
ferre « porter, apporter »
(→ -fère).
■
L'adjectif, qualifiant ce qui provoque le sommeil (av. 1502), est devenu rare. Seul le nom (1690) s'emploie couramment pour désigner un médicament destiné à faire dormir (on disait auparavant dormitif).
◆
Par figure, somnifère s'applique familièrement (1723, J.-B. Rousseau) à ce qui endort par ennui, comme soporifique.
◈
SOMNOLENCE n. f. est la réfection (
XVe s.) de
sompnolence (v. 1387), les deux formes étant empruntées au bas latin
somnolentia, dérivé de
somnolentus (Cf. ci-dessous).
◆
Le nom apparaît au figuré pour « manque d'activité, mollesse » ; l'emploi au sens de « disposition habituelle à dormir » (
XVe s.) est relevé jusqu'au
XIXe siècle.
◆
Le mot désigne aussi (1530) un état intermédiaire entre la veille et le sommeil, et spécialement un assoupissement peu profond mais insurmontable.
■
SOMNOLENT, ENTE adj. est emprunté (déb. XVe s.) au latin impérial somnolentus « assoupi » ; comme l'ancien provençal sompnolent (XIVe s.).
◆
Ce mot, rare avant le XIXe s., s'applique à une personne en demi-sommeil ; il est vieilli pour qualifier (1835) un état qui tient de la somnolence. Il signifie au figuré « sans activité, engourdi » (1845), spécialement en parlant d'un lieu (1887), et, par métonymie, « qui provoque le sommeil » (1838).
◆
Somnolent s'applique par figure (v. 1920) à ce qui ne s'exprime pas, qui reste latent, comme en sommeil (ci-dessus).
■
En dérive SOMNOLER v. intr. (av. 1846, Töpffer), « dormir à demi », qui s'emploie aussi au figuré.
◈
SOMNAMBULE n. et adj. a été composé savamment (1688 comme nom) à partir de
somnus et du latin
ambulare « aller et venir », « marcher »
(→ aller) pour désigner une personne qui, pendant son sommeil, effectue par automatisme des actes coordonnés, en particulier la marche ; il s'emploie plus tard (1812) comme adjectif.
◆
Par analogie, le mot se dit (1842) d'une personne dans un état de sommeil hypnotique, qui peut agir ou parler, et spécialement (1871) de qqn à qui on attribue la faculté de prédire l'avenir pendant ce sommeil.
◆
L'adjectif (1812) est littéraire pour qualifier ce qui concerne le somnambulisme, ce qui semble le fait d'un somnambule.
■
Ce sens est aussi celui du dérivé SOMNAMBULIQUE adj. (1786) employé aussi par extension (1831) qui a fourni SOMNAMBULIQUEMENT adv. (v. 1900).
■
SOMNAMBULISME n. m. désigne (1765) l'état d'automatisme inconscient du somnambule et s'emploie par analogie (1849, Proudhon) pour parler de l'état d'une personne qui agit dans une demi-inconscience.
■
SOMNAMBULER v. intr., « agir en somnambule » (1926), d'emploi rare, a remplacé SOMNAMBULISER v. intr. (1786).
◈
SOMNILOQUIE n. f., terme didactique, est composé savamment (mil.
XXe s.) d'après
somnambule, de
somnus et de
-loquie, tiré du latin classique
loqui « parler »
(→ locution). Ce mot désigne le fait de parler pendant son sommeil.
❏ voir
ASSOMMER, INSOMNIE, SONGE.
SOMMELIER, IÈRE n. est issu (v. 1250, sommellier), par dissimilation, de l'ancien français sommerier, lui-même dérivé de somier « bête de somme » (→ 2 sommier) ; parallèlement, l'ancien provençal saumaler (XIIe s.) vient de saumadier, dérivé de saumada « charge » (1343) ; on relève par ailleurs l'ancien provençal saumier (v. 1190), de sauma « charge » (→ 2 somme).
❏
En ancien français, sommelier désigne un conducteur de bêtes de somme et l'on relève soumeliere n. f. (1299) pour la femme de ce conducteur.
◆
Puis le mot se spécialise pour désigner l'officier chargé du transport des bagages dans les voyages de la Cour (1316) et par restriction (1316) la personne qui, dans une communauté, avait soin du linge, de la vaisselle, des provisions et de la cave. Au XVIIe s., le mot sommier (de 2 somme*) prenant ce sens, sommelier devient à la Cour (av. 1690) le nom de l'officier qui mettait le couvert et préparait le vin (alors que l'échanson les servait). Cette valeur, plus tardive que la fonction désignée, a éliminé les autres, et le mot s'applique aujourd'hui à la personne chargée des vins dans un restaurant (1812), fonction généralement confondue avec celle de caviste.
◆
En français de Suisse, le mot s'emploie au féminin (1812) pour « serveuse (de café, de restaurant) ». Le masculin sommelier « serveur, garçon de café » semble plus ancien, mais paraît moins courant.
❏
SOMMELLERIE n. f., « fonction de sommelier » (1504, somelerie), correspond au sens de sommelier en moyen français et au XVIIe s. (écrit somellerie, 1690). Par métonymie, le mot désigne aussi le lieu où le sommelier range le vin (1534, sommelerie).
3 SOMMER v. tr. est la spécialisation en droit (v. 1250) de l'ancien français sommer « achever, terminer » (v. 1175), « venir à bout de » (1247, sommer de), dérivé de somme « achèvement, fin » (v. 1155, sume). Bloch et Wartburg ont proposé d'en faire un emprunt à un latin médiéval summare, dérivé de summa (→ 1 somme), qui aurait signifié « dire en résumé », mais ce verbe semble plus tardif que sommer en ancien français.
❏
Sommer (qqn) signifie donc depuis le XIIIe s. « le mettre en demeure, dans les formes établies, de faire une chose » ; par extension, suivi de l'infinitif, le verbe correspond à « commander à qqn impérativement de » (v. 1330) ; il s'emploie toujours dans ce sens, mais est d'un usage soutenu.
◆
Il a eu le sens d'« informer (qqn) » (v. 1360, sommer qqn de qqch.) sorti d'usage, et l'on relève jusqu'au XIXe s. (1878) sommer qqn de sa promesse « le faire s'en souvenir et le presser de s'en acquitter », expression attestée au XVIe s. (1545).
◆
Sommer une place, « signifier à ceux qui la commandent de se rendre » (1606), est également sorti d'usage à la différence de sommation.
❏
Le verbe a servi à former 2 SOMMATION n. f., terme de droit devenu courant (1330 ; sommacion, 1213) et qui a remplacé un autre dérivé sommement (v. 1283). Le mot désigne l'action de mettre en demeure, en particulier l'acte écrit qui contient cette mise en demeure (1694). Il s'est dit (1636) de l'appel adressé au gouverneur d'une place pour qu'il se rende et, en droit, à l'époque classique, d'une demande en garantie (1690).
◆
Sommation respectueuse désignait (1718) la sommation qu'un fils ou une fille majeurs faisaient à leurs parents pour leur demander de consentir à leur mariage. Le mot s'emploie spécialement (1789) pour chacun des appels donnés réglementairement aux participants d'un rassemblement illicite sur la voie publique, puis pour « injonction d'avoir à se rendre » précédant une action, l'acte de tirer.
◆
Il est littéraire au sens de « demande, invitation impérative » (attesté 1632).