SOMMET n. m. est la réfection (XIVe s.) de sumet (déb. XIIe s.), somet (v. 1150), diminutif de l'ancien français som, n. m., « point le plus élevé » (v. 1131) qui correspond à l'ancien provençal som (v. 1190), issu du latin classique summum « le sommet, le haut » et au figuré « le point le plus élevé, le plus parfait ». Ce nom est la substantivation, au neutre, de l'adjectif summus « le plus haut, le plus élevé » (→ 1 somme).
❏  Le moyen français some, adj., « suprême » (1re moitié du XIVe s.), est un emprunt à l'italien sommo (de summus) ; il est sorti d'usage comme l'adjectif somme au sens de « peu profond » (1585) en parlant d'une rivière, mot que l'on relève à l'époque classique dans pays somme (1690) « endroit où il y a peu d'eau » ; à partir de ce sens, somme, employé comme substantif, était devenu un terme technique désignant (1773) un banc de sable, de gravier, devant un port, à l'embouchure d'un fleuve.
Sommet conserve le sens du latin, désignant l'endroit le plus élevé d'une chose verticale, en particulier, et ce dès les premiers emplois, le point culminant d'une montagne, d'où les sommets « la montagne » (av. 1869) et à l'époque classique la locution poétique la montagne au double sommet (1690) et le double sommet (1691) pour « le Parnasse ». ◆  Avec sa valeur la plus générale, le mot s'emploie dans divers syntagmes comme sommet d'une maison, sommet de la tête (v. 1150), sommet d'un mat (v. 1155), sommet d'une lance (v. 1175) ; il entrait en ancien français dans la locution tout en somet « tout en haut » (v. 1180), dans la locution adverbiale parasumeit (v. 1170), par ensomet (1271) « en outre », et dans la locution prépositive par ensomet « par-dessus » (v. 1185).
■  Au XIVe s., c'est le sens figuré du latin qui est repris, sommet désignant (1357) ce qui est le plus haut, le degré supérieur, dans des emplois analogues à ceux de mots comme faîte, apogée, comble (Cf. ci-dessous summum).
■  Au XVIIe s., sommet devient un terme de géométrie dans sommet d'un angle (attesté 1762), sommet d'un triangle « sommet de l'un de ses angles », spécialement « sommet de l'angle opposé au côté pris pour base » (1680), aussi sommet d'une pyramide. On relève ensuite dans le même domaine sommet d'une courbe (1691), d'un polygone, d'un polyèdre (1876). Au début du XVIIIe s., sommet s'emploie en botanique pour « anthère » (1711), plus généralement pour « extrémité supérieure d'un organe » (1765), et « partie supérieure d'une tige, d'une fleur » (1771).
■  Conférence (rencontre, réunion)... au sommet (1958) se dit par métaphore d'une rencontre entre les dirigeants suprêmes de plusieurs pays ; c'est un calque de l'anglais summit conference, composé de summit emprunté (XVe s.) au français sommet et de conference (XIVe s.), du français conférence* ou du latin médiéval conferentia. ◆  Sommet désigne par ellipse (1964) la rencontre elle-même : un sommet, le sommet de... Les sommets francophones, conférences de chefs d'État et de gouvernement de la francophonie, instituées en 1986.
❏  SOMMITÉ n. f. est emprunté (1270, aussi summité) au bas latin summitas « la partie la plus haute d'une chose », « sommet, point culminant », dérivé de summus. On relève isolément la forme francisée sommetté (XIIIe s.). Le mot reprend le sens général du latin, « partie la plus élevée de qqch. » (XIIIe s.), qui ne demeure que dans des emplois spécialisés : « extrémité (d'une tige, d'une plante) » [1555 ; XIVe s., summité], spécialement (v. 1560) « extrémité d'une tige fleurie à petites fleurs groupées ».
■  Sommité n'est plus en usage au sens figuré de « dignité, honneur » (v. 1380, sonmité) ni pour désigner le développement complet des pennes du faucon (1655) et la partie la plus élevée d'une montagne (1798), sens où il a été éliminé par sommet.
■  Par figure, le mot se dit (1825) d'une personne qui s'est élevée au sommet des dignités, dans les arts ou les sciences ; ce sens est toujours vivant (parfois ironiquement). L'emploi abstrait au sens de « parties saillantes (d'un sujet) » [1835] a disparu.
■  SOMMITAL, ALE, AUX adj. « qui est au sommet » (1951) est didactique.
SUMMUM n. m., emprunt tardif (1896) au latin s'emploie au figuré pour « apogée, comble », à propos d'une chose positive ou négative (le summum de la bêtise).
1 SOMMIER → 2 SOMME
L 2 SOMMIER n. m. est la réfection (v. 1190) de sumer (1080), puis somier (v. 1131), issu, comme l'ancien provençal saumier (XIIe s.), du bas latin sagmarius n. m. « bête de somme », substantivation de sagmarius adj. « qui porte un bât », dérivé du bas latin sagma « bât » (→ 2 somme).
❏  Sommier est attesté au sens étymologique de « bête de somme » (1080) jusqu'au XVIIIe siècle. De là, coffre à sommier « coffre de voyage » (1334), lui aussi sorti d'usage (→ 2 somme), préparant les emplois ultérieurs. ◆  À partir de la seconde moitié du XIVe s. se développent des emplois techniques variés, liés à l'idée de « support ». Par une métaphore analogue à celle de poutre* (d'abord « jument »), le mot désigne (1395), précédé par l'ancien provençal somier (1370), un élément de construction reposant sur des points d'appui et destiné à soutenir une charge, spécialement en architecture la pierre qui reçoit la retombée d'une voûte (1432) ou occupe chacune des extrémités d'une plate-bande (1676), ainsi que la partie supérieure d'un linteau (1871). Sommier se dit aussi d'une pièce de charpente servant de support dans le montage des cloches (1606), ce sens étant attesté dès le XVe s. (vers 1418) en ancien provençal. À partir du XVIIe s., le mot prend des valeurs techniques spécialisées, désignant le support de charpente des anciennes presses à bras (1627), celui qui reçoit les bascules d'un pont-levis (1676), le plancher d'un pont de bois (1755), le pivot d'un moulin (1765), etc. C'est ensuite le nom d'une traverse de fer qui reçoit les barreaux d'une grille (1871), de la traverse qui forme la partie inférieure d'un métier à tisser (1875) ; sommier désigne aussi (1606) un cerceau métallique qui maintient les douves, aux extrémités d'un tonneau et sommiers n. m. pl. s'est employé (1666) pour les landiers des chenets. La plupart de ces acceptions sont sorties d'usage en même temps que les techniques concernées.
■  Avec la même valeur de « support », sommier est également un terme de facteur d'instruments de musique : autrefois « pièce de bois de l'orgue placée au-dessus du coffre à air de chaque clavier » (1549), aujourd'hui « coffres de bois dans lesquels les soufflets de l'orgue font entrer l'air » (1685). Il désigne aussi la pièce de bois dans laquelle entrent les fiches qui servent à tendre les cordes d'un clavecin (1765), puis d'un piano.
■  Le sens le plus usuel aujourd'hui vient aussi de l'idée de « soutien ». Sommier a désigné (1492) un matelas rempli de duvet servant de lit de camp (jusqu'au XVIIIe s.), puis un matelas de crin servant de paillasse (1677). Le mot s'emploie ensuite à propos d'un matelas à ressorts intérieurs, destiné à porter le matelas de laine, et nommé sommier métallique (v. 1820) ; le sommier repose en général aujourd'hui sur des pieds ou dans un cadre et sommier métallique se dit d'un sommier à toile métallique tendue ou à ressorts (1914). ◆  Par une figure analogue à celle de paillasse, sommier de caserne s'est dit en argot (1888) d'une prostituée qui fréquente les soldats ; ce sens a disparu.
3 SOMMIER n. m. (1685) est parfois considéré comme représentant du latin summarium « abrégé » (→ sommaire). Selon Bloch et Wartburg, l'emploi par plaisanterie de 2 sommier* « matelas de soutien » aurait fourni l'adjectif sommier (v. 1515) qualifiant une personne connaissant les gros livres. Une dérivation de 1 somme « addition » paraît plus naturelle, d'après le sens initial.
❏  Le mot désigne un gros registre où les commerçants inscrivent les sommes qu'ils reçoivent et, par extension, un dossier de documents financiers et comptables. ◆  Il se dit spécialement (av. 1885, Hugo, sommiers judiciaires) des registres spéciaux où les condamnations doivent être relevées, d'où familièrement les sommiers « le service des casiers judiciaires, de l'anthropométrie » (XXe s.).
SOMNAMBULE, SOMNIFÈRE, SOMNOLER → SOMMEIL
SOMPTUEUX, EUSE adj., réfection (mil. XVe s.) du moyen français sumptueux (1342), est emprunté au latin classique sumptuosus « coûteux » et, d'une personne, « dépensier, prodigue, fastueux », dérivé de sumptus « charge », d'où « dépense, coût ». Le nom d'action sumptus, sumptus correspond au verbe sumere « prendre pour soi », d'où « se charger de, entreprendre, assumer », « prendre par choix ou par adoption », avec le sens particulier de « dépenser ». Sumere est issu de °sus-(e)mere ; le premier élément sus- étant une forme de sub (→ sous, sub-) en composition ; le second emere, au supin emptum, signifiant à l'origine « prendre », puis spécialement « prendre contre de l'argent, acheter ». Sumere a donné lieu à son tour à des composés, comme assumere, consumere empruntés par le français (→ assumer, consumer). À côté de sumptus, un autre nom d'action, sumptio, -onis « prise », se retrouve dans assomption, consomption.
❏  L'adjectif reprend d'abord (1342) une des valeurs du latin, qualifiant ce qui a nécessité de grandes dépenses ; encore en usage à l'époque classique, ce sens a disparu. Un autre sens du latin somptuosus, à propos d'une personne qui vit dans le luxe en faisant de grandes dépenses (1596), a lui aussi disparu, et le mot n'est conservé avec cette valeur que pour qualifier un train de vie. ◆  C'est la notion de beauté luxueuse, mise en relation avec celle de coût (élevé), qui demeure dans l'emploi moderne : somptueux s'applique à ce qui est luxueux, splendide, d'une beauté éclatante (1833).
❏  Le dérivé SOMPTUEUSEMENT adv. signifie (1380) « d'une manière somptueuse, avec un grand luxe ».
SOMPTUOSITÉ n. f. est un emprunt (v. 1465 ; déb. XVe s., sumptuosité) au dérivé bas latin sumptuositas « faste, prodigalité ».
■  Le sémantisme du nom est analogue à celui de l'adjectif ; somptuosité se dit d'abord de la beauté de ce qui est riche, somptueux, par exemple en parlant d'un décor, d'un ameublement. L'acception de « grande dépense dans le luxe » (une, des somptuosités) a disparu ; l'emploi pour « chose somptueuse » (1846) est rare. ◆  La somptuosité signifie (1876) « beauté de ce qui évoque le luxe ».
SOMPTUAIRE adj. est emprunté (1540) au latin classique sumptuarius « qui concerne la dépense », dérivé de sumptus, et spécialement employé dans l'expression lex sumptuaria « loi qui concerne les dépenses ».
■  C'est dans cette acception que le mot s'est introduit en français au XVIe siècle ; aujourd'hui terme d'Antiquité romaine, il qualifie des mesures (loi somptuaire) qui réglaient les dépenses et, spécialement, restreignaient les dépenses de luxe. ◆  Somptuaire s'est ensuite employé (v. 1770, Rousseau) au sens plus général de « relatif aux dépenses », sorti d'usage. ◆  Par confusion avec somptueux et parce que les lois somptuaires s'appliquaient aux dépenses de luxe, l'adjectif s'emploie aujourd'hui pour « de luxe », par exemple dans arts somptuaires « non utilitaires » (1930) ou dépenses somptuaires, courant malgré les critiques des puristes contre cette extension.
L 1 SON, SA, SES adj. poss. de la troisième pers. est issu (842) des formes latines suum, suam, suos, suas, employées en position atone, à l'accusatif, du latin classique suus « son, sien, leur » (→ sien).
❏  L'adjectif, se rapportant à une personne, marque la possession par une seule personne, sert à indiquer devant un nom de personne une relation familiale, des rapports de société ; dès l'origine, il marque l'appartenance à un milieu, à une collectivité et divers rapports de dépendance, en particulier (1080) un rapport d'obligation personnelle. ◆  La forme sa s'est élidée en ancien français devant une voyelle (s'amie) ou un h muet, mais dès le XIIe s. on a employé dans ces cas la forme masculine (son amie), qui ne s'est imposée qu'à partir du XVe siècle. ◆  L'adjectif peut se rapporter (XIIe s.) à un indéfini, par exemple dans des locutions proverbiales comme qui veut voyager loin ménage sa monture, ou à on, à un sujet indéterminé, par exemple dans être content de son sort. ◆  Il précède un titre honorifique décerné à certaines personnes, notamment dans des expressions consacrées comme sa majesté « le roi », sa sainteté « le pape ». ◆  Il renvoie aussi à une chose, concrète ou abstraite (1314) avec la valeur de « qui est propre ou relatif à la chose en question ». ◆  Ce possessif marque une appropriation au sens large dans divers emplois stylistiques ; se rapportant à une chose, il indique une connexité entre une chose donnée comme « possesseur » et l'être et la chose dont il précède le nom (chaque chose en son temps). ◆  Renvoyant à une personne, l'adjectif se substitue depuis le XVIe s. (1559) à l'article, après les verbes sentir (sentir son pédant) et faire (faire son malin). Il peut aussi indiquer (XVIIe s.) l'attachement, la sympathie ou, devant un nom propre, avoir une valeur ironique ou méprisante, par exemple dans son Monsieur Trissotin me chagrine (Molière). ◆  Son marque l'appartenance habituelle, la convenance, dans des expressions comme il a ses têtes « il y a des têtes qu'il aime (et non d'autres) ». Depuis le XVIIe s., renvoyant à une chose, il a un sens objectif devant un substantif d'action ou un nom d'agent (1663) : son action, son effet (d'une cause).
❏ voir SE, SIEN, SOI ; SUICIDE ; et aussi MON, TON.
+ 2 SON n. m. représente la réfection (1160-1170), d'après le latin, de l'ancien français suen (v. 1120), issu du latin sonus « son, bruit », « accent (de la voix) », par figure « éclat du style » et « ton, caractère propre », qui a donné l'italien suono, l'espagnol sueno, le portugais som. Sonus, qui a pour correspondant le sanskrit svanáḥ « bruit », repose sur une racine indoeuropéenne dont la forme n'est pas claire.
❏  Le mot désigne toute sensation auditive créée (selon le concept acoustique moderne) par les perturbations d'un milieu matériel élastique, spécialement l'air, ainsi que le phénomène physique qui est à l'origine de cette sensation. Le mot s'est spécialisé au XIXe s. en psychophysiologie et en acoustique où l'on calcule la vitesse de propagation du son, d'où l'expression impropre mais courante vitesse du son, le niveau d'intensité ou de pression d'un son, etc. ◆  Dès l'ancien français, son s'emploie dans des cas plus particuliers que bruit, s'appliquant à la musique, à la voix ou à des choses heurtées, ou pour donner un caractère esthétique ou affectif à un bruit qu'on qualifie, par exemple dans le son d'un écu « le bruit de l'argent » (1673) emploi sorti d'usage. ◆  Son a désigné (v. 1200) l'air de musique accompagnant ou formant un chant, d'où le sens de « bruit rythmé » (XIVe s.), et en musique son musical, sons harmoniques (1701) et la locution au(x) son(s) de « en écoutant, en suivant la musique » (1673). ◆  Le mot désignait par métonymie le droit qu'avait le seigneur de faire sonner les cloches (1360) et, en vénerie, un grelot que portaient les faucons (XIVe s.). ◆  Il s'applique aussi à une émission de voix, simple ou articulée (1528) et en phonétique à un élément du langage parlé, le son équivalant à l'élément perceptible du langage oral, opposé à sens, à signification. ◆  En français contemporain, son désigne spécialement (1944) un signal sonore et l'intensité de ce signal, en particulier l'ensemble des procédés qui permettent d'enregistrer et de reproduire des sons musicaux (ingénieur du son). En cinéma, en télévision, son désigne l'ensemble des enregistrements acoustiques, opposé à image, par exemple dans bande son (→ sonore). Renforcé par l'anglais sound, le mot s'emploie, d'abord au Québec, puis dans le reste de la francophonie, dans des expressions comme système de son. En revanche, colonne, caisse de son « enceinte acoustique », ne se dit pas en français d'Europe. ◆  Spectacle son et lumière (v. 1955) désigne un spectacle nocturne où un monument est illuminé tandis que se fait entendre une évocation sonore, musicale de son histoire.
❏  Les dérivés et composés actuels formés directement sont des termes didactiques et techniques.
■  SONIQUE adj., qualifiant en physique ce qui est relatif au son (1949), s'applique spécialement aux phénomènes qui se manifestent à des vitesses voisines de celle à laquelle le son se propage (1953, mur sonique) et à un engin qui peut se déplacer à des vitesses égales ou légèrement supérieures à celle du son.
■  De l'adjectif procèdent SUBSONIQUE adj. (1949) de sub-, « inférieur à la vitesse de propagation du son » et « qui s'effectue à une vitesse subsonique », et SUPERSONIQUE adj. (v. 1945) qualifiant une fréquence qui se trouve au-dessus des fréquences audibles et, couramment, une vitesse supérieure à celle du son, par extension des phénomènes propres à ces vitesses, d'où avion supersonique ou un supersonique n. m. ◆  Sur le modèle de supersonique a été formé HYPERSONIQUE adj. (v. 1950), emprunt à l'anglais hypersonic (1946).
SONE n. f. ou m. se dit (1951, Piéron) d'une unité d'intensité psychophysiologique du son, SONIE n. f. (1964) désignant l'intensité d'un son appréciée par la sensation auditive qu'il détermine.
SONO-, élément tiré du latin sonus, entre dans la formation de SONOMÈTRE n. m., nom (1698, repris en 1746 [Nollet], puis 1793) d'un appareil à cordes vibrantes pour étudier les sons, qui désigne aujourd'hui (1888) pour le même usage un instrument de sensibilité proche de celle de l'oreille humaine (Cf. audiomètre) ; en dérivent SONOMÉTRIE n. f. (1842) et SONOMÉTRIQUE adj. (1842).
■  SONOLUMINESCENCE n. f. (mil. XXe s.) de luminescence, se dit d'une émission de lumière par un liquide contenant des gaz dissous, sous l'action de vibrations ultrasoniques.
■  SONOTHÈQUE n. f., formé (v. 1960) d'après bibliothèque, discothèque, désigne une collection d'enregistrements de bruits, d'effets sonores, utilisables dans des films, des émissions radiophoniques.
■  SONAGRAMME n. m. (1968) avec -gramme*, désigne la représentation graphique des sons de la parole, enregistrés sur bande magnétique par un appareil nommé SONAGRAPHE n. m. (1968) de -graphe*. Les vibrations sonores peuvent être reproduites sous forme de représentations graphiques : on emploie alors aussi, par analogie sonogramme et sonographe (v. 1972). De là SONOGRAPHIE n. f. (v. 1972), usité spécialement en médecine.
■  SONOCHIMIE n. f. désigne (1981) l'utilisation des ultrasons en chimie.
SONAL, ALS n. m., dérivé de son (1982), a été formé pour remplacer, sans grand succès, l'anglicisme jingle.
Quelques composés de son (et de sonore) ont été formés en physique.
■  INFRASON n. m. (attesté en 1925), formé avec infra-, désigne une vibration inaudible, de fréquence inférieure à 20-50 périodes par seconde ; lui correspond INFRASONORE adj. (v. 1950) de sonore (ci-dessous).
■  ULTRASON n. m. est le nom (1936) d'une vibration sonore de fréquence supérieure à 20 000 hertz, qui n'est pas perceptible par l'oreille humaine. ◆  ULTRASONORE adj., attesté antérieurement (1928), est formé d'après sonore. ◆  Sont dérivés de ultrason ULTRASONIQUE adj. (1955) et les composés ULTRASONOTHÉRAPIE n. f. (1953 ; → thérapie), ULTRASONOGRAPHIE n. f. (v. 1970) ou ULTRASONOSCOPIE n. f., termes de médecine.
SONORE adj. est un emprunt (av. 1559, Du Bellay) au latin impérial sonorus « retentissant », « sonore », dérivé de sonor, doublet poétique de sonus.
■  L'adjectif s'applique à ce qui a un son éclatant et agréable, à ce qui résonne bien, d'abord à propos de la voix, d'un vers. Il s'est employé à propos de ce qui produit un son (fin XVIIe s.), de ce qui rend un son (corps sonore). Par extension, il qualifie (1718) un lieu qui renvoie ou propage bien le son. ◆  Au XIXe s., sonore s'applique en physique (acoustique) à ce qui est relatif au son, de la nature du son, spécialement dans vibrations sonores (1831), ondes sonores (1845). ◆  Le mot se spécialise en phonétique, consonne sonore (1871 ; 1904, n. f.) désignant un élément de la parole qui, lors de son émission, est accompagné de vibrations laryngales, par opposition à consonne sourde*. ◆  Par métaphore, sonore signifie (déb. XXe s.) « qui sonne bien mais est vide de sens » (promesse sonore). Spécialisé en technique d'après son, il se dit de ce qui comporte l'enregistrement des sons et des bruits, d'abord dans film sonore (1929), opposé à film muet comme film parlant*, film dont la bande sonore enregistre des voix, des dialogues.
■  Le dérivé SONOREMENT adv. (1594) est rare.
■  Un autre dérivé, SONORISER v. tr. s'est introduit en phonétique (1871) au sens de « rendre sonore (une consonne sourde) ». ◆  Le verbe est repris au XXe s. pour « rendre sonore (ce qui était muet) », par exemple dans sonoriser un film, et « munir (un lieu) d'un matériel de diffusion du son ». ◆  Il a servi à former SONORISATION n. f., terme de phonétique (1871), puis de technique, désignant les opérations par lesquelles on ajoute des éléments sonores à un spectacle visuel (1930, au cinéma) ainsi que l'action de sonoriser un lieu, et l'ensemble des appareils utilisés (1949). ◆  Dans ce sens, il est abrégé familièrement en SONO n. f. (av. 1967). ◆  De cette acception vient un autre dérivé du verbe, SONORISTE n. (1969) « spécialiste de la sonorisation ». Avec les préfixes post- et pré- ont été formés deux séries de préfixés. POSTSONORISATION n. f. (attesté dans les années 1970, sans doute antérieur) désigne le procédé par lequel on réalise la sonorisation, l'établissement de la bande-son séparément et postérieurement à celle de l'image. L'adjectif POSTSONORISÉ, ÉE, qui suppose un verbe POSTSONORISER, est attesté en 1934. ◆  PRÉSONORISATION n. f. a été proposé (1973) pour « sonorisation, enregistrement sonore préalable », afin d'éviter l'anglicisme play-back, qui s'applique aussi à la postsonorisation.
Le préfixé INSONORE adj. (1801), formé avec 1 in-, s'applique à ce qui ne produit pas de son et à ce qui transmet peu les sons (1864) ; le mot se dit spécialement (déb. XXe s.) d'un local où l'on entend peu les bruits.
■  De cet emploi vient INSONORISER v. tr. (1948) « rendre (un lieu puis un appareil) moins sonore, moins bruyant », qui a fourni INSONORISATION n. f. (1948) et INSONORISÉ, ÉE adj. (v. 1950).
■  De l'adjectif procède aussi INSONORITÉ n. f., formé (1845) d'après sonorité, qui désigne dans l'usage didactique le manque de sonorité, la qualité de ce qui transmet peu les sons (1869) et le caractère d'un local insonore (1873).
SONORITÉ n. f. a été emprunté (v. 1380) au bas latin sonoritas « qualité de ce qui est sonore », dérivé de sonorus ; en français moderne, il fonctionne comme un dérivé de sonore. ◆  Le mot reprend le sens latin (v. 1380) ; il est littéraire à propos de la qualité des sons de la langue utilisés esthétiquement (1555). ◆  À partir du XVIIe s., il désigne (1672) la propriété qu'ont certains corps de conduire ou renforcer les sons, mais il demeure rare en ce sens avant la fin du XVIIIe siècle. Il s'emploie aussi (1835) à propos d'un lieu où les sons se transmettent plus ou moins bien, désignant par extension les sons ainsi transmis (1897, pluriel) et (XXe s.) la qualité acoustique (d'un local). ◆  Sonorité, en musique, désigne (1876) le caractère particulier d'un son, et les sonorités les inflexions d'une voix (1886) et les tonalités d'un son musical.
La série issue du latin sonus comprend notamment un verbe relativement démotivé, du fait de sa spécialisation.
■  SONNER v. est la réfection (XIIIe s.) de soner (v. 980), suner (1080), issu du latin sonare, à la fois verbe intransitif « rendre un son, retentir, résonner », « renvoyer un son » et, en parlant de la prononciation, « avoir tel accent » et verbe transitif signifiant « émettre par des sons », « faire entendre », en poésie « vanter, célébrer » et « signifier » en parlant du langage oral. Sonare dérive de sonus.
■  Sonner est attesté dès ses premiers emplois au sens de « prononcer (un mot) », d'où ne sonner mot « ne rien dire » (v. 980), ne pas sonner mot de « ne pas parler de » (1552), encore relevés en 1878 (Académie) ainsi que plusieurs acceptions dérivées : « parler » (v. 1190), « affirmer, insister sur » (XIVe s.). De cette valeur en général disparue, il reste l'emploi au sens de « proclamer, dire avec emphase » (XIIIe s.), dans faire sonner (les mérites de qqn) [1560], faire sonner haut (1671) aujourd'hui compris comme une métaphore du son d'un instrument. Avec cette même valeur, sonner s'est dit en ancien français pour « raconter dans un poème » (XIIIe s.), forme particulière de célébration. ◆  Le verbe, comme en latin, s'est employé à partir du XIIe s. (v. 1130) pour « signifier », proprement « faire entendre un sens », encore à l'époque classique puis archaïque et disparu.
■  Sonner a pris très tôt le sens de « jouer (d'un instrument à vent) ». Il est d'abord transitif (1080), puis absolu (XIIe s.), enfin transitif indirect (XVe s. ; sonner de, s'agissant d'un instrument de musique en général). De cette valeur, disparue en français général, mais qui a longtemps survécu dans certaines régions, par exemple en Bretagne, procèdent diverses acceptions spécialisées : le verbe s'emploie pour « tirer des sons (d'une cloche) » [v. 1150, tr.], d'où « vibrer, rendre un son » en parlant d'une cloche, d'une cymbale (1530, intr.), et par extension d'un timbre. Cette spécialisation, qui met le verbe en rapport sémantique avec l'idée de signal tiré d'un son métallique, donc avec cloche, timbre, se réalise dans le dérivé sonnette (ci-dessous). ◆  Sonner s'applique aussi à la production des sons d'instruments à vent, notamment des cuivres (Cf. ci-dessous sonnerie), et s'est opposé en musique, d'après l'italien, à toucher, employé pour les instruments à clavier (d'où sonate*, de l'italien, parallèle à toccata).
■  Par extension, sonner, intransitif, s'emploie au sens de « se signaler par une sonnerie particulière » (v. 1155), d'où « arriver », en parlant d'une époque, d'un moment (v. 1640), valeur qui se réalise dans l'heure sonne (aussi la pendule, l'horloge sonne), au figuré sa dernière heure a sonné « l'heure de sa mort est arrivée ». ◆  En emploi transitif, le verbe veut dire « annoncer (qqch.) par une sonnerie », par exemple dans sonner la messe (v. 1175) en religion, et sonner les matines, les vêpres... Par extension, il signifie « annoncer (l'heure, le temps) par une sonnerie » avec le nom de l'instrument pour sujet (XVIe s., l'horloge sonne l'heure). Divers signaux militaires s'effectuant par des sonneries de clairon, le sens ancien est réactivé dans sonner la retraite (XIIIe s.) au figuré « se retirer » (1640). Cette idée d'annonce est passée dans des locutions : il est midi, deux heures sonnées « passées » (1680), au figuré c'est midi sonné « il est trop tard », avoir cinquante ans (bien) sonnés « révolus » (attesté en 1622 pour midy). ◆  Sonner transitif a pris au XVIe s. le sens étendu d'« appeler (qqn) par une sonnerie, une sonnette » pour le faire venir (1532) aussi en emploi intransitif (1673) pour « faire fonctionner une sonnerie », sonner une sonnette étant sorti d'usage. Sonner qqn est un synonyme d'« appeler » réservé aux inférieurs, d'où on ne vous a pas sonné, on t'a pas sonné « mêlez-vous, mêle-toi de vos, de tes affaires » (1925), familier. ◆  Un emploi de sens voisin, suscité par sonnerie (du téléphone), a produit en français de Belgique, et aussi du Liban, d'Afrique, de la Réunion l'acception « appeler (qqn) au téléphone », comme transitif et en emploi absolu (on a sonné, va répondre).
■  Le verbe veut dire par analogie du son d'un instrument ou d'un signal « produire un certain effet sur qqn » (XVe s., intr.), d'où avec un adverbe sonner bien, mal « produire une bonne, une mauvaise impression » (1528), sonner bien à l'oreille (1694). Au figuré sonner mal (1690) en parlant d'un acte, est sorti d'usage, mais sonner faux « donner une impression d'insincérité, de fausseté » (XXe s.) est vivant.
C'est aussi par analogie que sonner, par le sémantisme du coup que permet la référence à la cloche, signifie familièrement « assommer, étourdir », en heurtant la tête contre qqch. de dur (1486), emploi répandu à la fin du XIXe s., d'où (1931) être sonné ; de là viennent par extension les sens figurés de « mettre en mauvais état psychologique ou physique » (déb. XXe s.), avec un sujet nom de chose, « traiter brutalement, réprimander » (déb. XXe s.) et la locution se faire sonner (les cloches) qui reprend métaphoriquement la valeur concrète. ◆  Au XVIIe s., sonner se spécialise, faire sonner voulant dire « marquer nettement (une lettre) dans la prononciation » (1669), emploi qui succède au transitif (1670) sonner (suivi du nom d'un son du langage), sorti d'usage. ◆  Il signifie aussi « rendre un son sous l'effet d'un choc », aujourd'hui seulement intransitif, d'où sonner creux (1690), transitivement sonner le creux (XIXe s.), au figuré « résonner comme une chose vide » (av. 1872). D'après l'emploi figuré de fêlé, sonner le fêlé (1871), s'est dit pour « annoncer un déséquilibre mental » (emploi disparu au XXe s.).
Du verbe procèdent plusieurs dérivés usuels.
■  SONNERIE n. f. désigne l'effet acoustique de ce qui sonne et d'abord (v. 1210) celui des cloches, par extension un bruit retentissant (1270), acception sortie d'usage. Par métonymie, il désigne l'ensemble des cloches d'une église (1636). Le mot se dit aussi (1663) du mécanisme qui fait sonner une horloge, une pendule, etc. ; la grosse sonnerie s'est employé (1680) pour les grosses cloches d'une église, opposé à la petite sonnerie (1680). Sonnerie est aussi le nom d'un appareil avertisseur, formé d'un timbre que fait vibrer un marteau (1871, sonnerie électrique), et le mot s'emploie pour le son produit par ce genre d'appareil (1880). Il se dit aussi d'une manière particulière de sonner les cloches, réglée par la liturgie (1893).
De sonner au sens général de « jouer d'un instrument », spécialement « d'un instrument à vent », procède l'emploi de sonnerie pour le son d'un instrument (XIVe s.), d'une trompette (v. 1470) et plus précisément à propos d'un air de trompette (1825), de trompe de chasse (1875), seul emploi encore vivant dans ce sens (sonner du cor).
SONNETTE n. f., réfection (v. 1354) de sonneste (1234), sonete (v. 1250), se dit d'un petit instrument métallique qui sonne pour avertir. Par extension, le mot désigne un grelot (v. 1380) et en musique un instrument formé de plusieurs rangs de clochettes (XVIe s., av. 1527), un timbre, notamment un timbre électrique (1880). Coup de sonnette, signal de la présence d'un visiteur, s'emploie par analogie (déb. XXe s.) pour un coup donné à la bride d'un cheval par un cavalier. ◆  Le mot désigne aussi le bouton qui sert à déclencher le mécanisme (appuyer sur la sonnette). ◆  Par une métonymie inverse de celles de sonnerie, sonnette se dit aussi du son (1836) : j'entends la sonnette.
■  Sonnette a pris par analogie de nombreuses acceptions. Le mot s'est dit, par allusion à la forme, pour « testicules » (1578 Le Loyer) et, au son, pour « pièce de monnaie » (1773). Serpent à sonnettes est le nom courant (1680) du crotale qui produit un bruit de sonnerie sourde. ◆  En technique, le mot désigne (1676) par analogie de sa manœuvre avec une sonnerie de cloche, un engin formé d'un échafaudage élevé, qui sert à guider la masse mobile appelée mouton, par exemple pour enfoncer des pilotis. ◆  C'est aussi le nom d'un marteau qui permet de prendre au poinçon de graveur l'empreinte en creux sur la matrice (1800), d'un bout de fil fixé à la lisière d'un tissu pour signaler un défaut de tissage (1874), d'un ensemble formé par un treuil et d'un outil de forage qu'on emploie pour faire des sondages (XXe s.). ◆  Sonnette a aussi désigné (1867) un homme sans volonté, et, par analogie de forme avec le grelot, une boulette de boue séchée accrochée aux poils d'un animal (fin XIXe s., Zola). Au sens le plus usuel, sonnette a été resuffixé en argot en SONNANCHE n. f. (1947).
1 SONNEUR, EUSE n., rare au féminin, désigne (1260, sonneur) la personne qui sonne les cloches d'une église. Les locutions boire comme un sonneur « avec excès » (1835), et au XXe s. dormir comme un sonneur (que même les cloches ne réveillent pas) manifestent l'existence d'une image sociale assez négative du sonneur de cloches. ◆  De sonner « jouer d'un instrument à vent » vient le sens de « joueur d'instrument » (1491), répandu dans toute la France, avant de se restreindre à quelques régions, notamment la Bretagne, pour désigner le joueur de biniou ou de bombarde. ◆  Sonneur s'est dit (mil. XVIe s.) pour « poète », sens disparu. C'est enfin le nom d'une espèce de courlis (1770) et la désignation courante d'une espèce de crapaud (1904) ; Cf. ci-dessous sonnant.
■  D'après sonnette, 2 SONNEUR n. m. est le nom (1723) de celui qui tirait les cordes de la sonnette à enfoncer les pilotis et (1955) de l'ouvrier mineur chargé de signaler par une sonnerie certaines manœuvres aux machinistes d'extraction.
SONNAILLE n. f., emprunté (v. 1300) à l'occitan ou au franco-provençal sonalha « son, bruit » (v. 1180), désigne une cloche ou une clochette attachée au cou d'un animal domestique, aussi appelée clarine et, par métonymie (1873, A. Daudet), le bruit des sonnailles. ◆  C'est le nom technique (XXe s.) de la pièce mécanique qui frappe la paroi d'une cloche ou d'une clochette. Le mot a fourni deux dérivés.
■  1 SONNAILLER n. m., réfection (1573) de sounailler (1379), se dit d'un animal qui porte une sonnaille et marche en tête d'un troupeau.
■  SONNAILLERIE n. f. (1611), « tintement de clochette », a été repris au XXe s. pour désigner un ensemble de sonnailles, de bruit de cloches.
SONNANT, ANTE adj., participe présent de sonner, d'abord écrit sonant (XIVe s.), graphie qui se maintient encore au XIXe s., puis sonnant (XVIIe s.), s'applique (v. 1380) à ce qui rend un son clair et distinct. Il est rare (1636) à propos d'une horloge dont le mécanisme déclenche une sonnerie, mais se dit encore couramment de l'heure qui est en train de sonner, employé après à et un compte d'heures (à deux heures sonnant[es]), en concurrence avec tapant. ◆  L'adjectif a signifié « qui résonne », par exemple dans étain sonnant « qui a gagné de la sonorité à être refondu plusieurs fois » (XVIIe s.) ; et dans argent sonnant « monnaie métallique de bon aloi », emploi conservé dans la locution espèces sonnantes et trébuchantes (1718).
■  SONNANTE n. f. (1828) ou SONNANT n. m. (1842) a désigné une espèce de crapaud dont le coassement ressemble au son d'une cloche (Cf. ci-dessus 1 sonneur). ◆  Lettre sonnante (1842, aussi n. f.) s'est dit d'un phonème intermédiaire entre la voyelle et la consonne, nommé aujourd'hui semi-voyelle (→ voyelle). ◆  SONANTE n. f. est aujourd'hui en phonétique le nom (1910) d'une consonne présentant un faible obstacle au passage de l'air, opposé à fricative et à occlusive.
■  Le composé MALSONNANT, ANTE adj. s'applique (1467) à ce qui est contraire à la bienséance, à la morale et a qualifié spécialement (1740) en théologie une proposition dont le sens s'accorde mal avec l'orthodoxie.
2 SONNAILLER v. intr., diminutif de sonner (v. 1748) avec le suffixe -ailler, signifie « sonner souvent » ; il est rare.
❏ voir ASSONANCE, CONSONNE, DISSONER, RÉSONNER, SONAR, SONATE, SONNET, UNISSON.
? 3 SON n. m. est la réfection (1393) de l'ancien français seon (1193-1197) ou saon ; on relève au XIIIe s. la forme latinisée panis de seonno (1243) « pain dans lequel on a laissé le son avec la farine ». Le mot est d'origine discutée ; Bloch et Wartburg y voyaient un emprunt à l'anglo-saxon seon « rebut », participe passé du verbe seon « passer, filtrer ». En ancien français, le verbe seoner ou seonner v. tr. (1193-1197) signifiait « rejeter comme étant de qualité insuffisante » et plus généralement « refuser, empêcher » (v. 1370). On relève aussi en ancien normand le terme juridique saoner v. tr. « récuser qqn qui a été proposé comme juge dans un procès pénal », en parlant de l'inculpé (1310), encore attesté en 1771 (Trévoux), comme les dérivés saon (1310) et saonnement (XVIe s.) « récusation de personnes proposées comme juges ».
■  Littré a proposé de rattacher son à secundum, substantivation du latin classique secundus adj. « qui suit, qui vient après », « second par rapport à qqch. », d'où « de qualité inférieure » (→ second). Cette hypothèse est maintenant suivie par le F. e. w. (Corrigenda), mais critiquée à cause de formes romanes peu compatibles (ancien catalan segon, sagon, ancien provençal segon). ◆  P. Guiraud voit en seon, saon, un doublet de seas, saas, sas « crible », qui représente un latin populaire °saeticius « (instrument) fait de soies, de crins », dérivé de saeta (→ soie) et sur le modèle duquel aurait été construit °saetonem, °saetonare (Cf. le provençal sedo(n) « tamis de crin ») ; l'hypothèse repose sur les acceptions juridiques des formes anciennes, souvent d'origine latine. La forme son caractérise la France septentrionale, à côté de bren, bran* (emprunté par l'anglais) dans le Sud et l'Ouest, et à côté de mots d'origine germanique qui se rattachent à l'allemand Grütze « gruau », dans les parlers de l'Est.
❏  Le mot apparaît (1193-1197, seon) avec le sens de « ce qui est rejeté comme étant de qualité insuffisante ». De là, on passe à la valeur concrète et moderne de « résidu de la mouture du blé et des céréales » (1393), précédé au XIIIe s. par le latin médiéval seonno (ci-dessus). Son gras (1611) signifiait « dans lequel il reste beaucoup de farine », son sec « dont on a tiré toute la farine » (aussi son maigre, 1690). Aujourd'hui, cette acception est surtout connue par l'utilisation diététique du son, dans pain de son, biscotte au son. ◆  Parmi les locutions figurées, ventre de son, robe de velours (1690) s'est dit d'une personne qui épargne sur sa nourriture pour mieux se vêtir (1798, habit de velours, ventre de son). Elle est sortie d'usage, alors que (c'est) moitié farine moitié son « un mélange, une chose indécise, équivoque » (1690) est encore connu. Eau de son (1718) est le nom d'une boisson à base de son, que l'on utilisait autrefois comme tisane émolliente. ◆  Son s'est dit par analogie (1611) de croûtes qui se forment sur la tête. Il désigne (1871) des taches de rousseur, aujourd'hui seulement dans la locution taches de son (1935).
■  Le mot désigne aussi (1871) la sciure servant, par exemple, à bourrer des poupées (poupées de son).
-SON est un élément final de mots argotiques, remplaçant une autre finale (pacson pour paquet ; tickson pour ticket).
SONAR n. m. est un emprunt (1949) à l'anglais ; c'est un acronyme formé à partir de So(und) Na(vigation) and R(anging), nom donné par les Américains, d'après radar, à un appareil mis au point par les Anglais à la veille de la Seconde Guerre mondiale ; sound « son » et navigation sont empruntés au français ; ranging dérive de to range « repérer ».
❏  Ce terme technique désigne un équipement de détection et de communications sous-marines, analogue au radar*, basé sur la réflexion des ondes sonores ; on a dit aussi asdic n. m. (1948), emprunt de l'acronyme anglais formé des initiales de Allied Submarine Detection Investigation Committee.
SONATE n. f. est emprunté (1695) à l'italien sonata « sonate », participe passé féminin substantivé de sonare « jouer d'un instrument », du latin classique sonare, qui a abouti au français sonner*, lequel a eu cette valeur (→ 2 son). Sonata se dit d'une pièce « sonnée », c'est-à-dire jouée sur des instruments à vent, et s'oppose à cantata « morceau de musique chanté » (de cantare « chanter* ») et à toccata « morceau touché sur un clavier ». En Italie, les pièces jouées sur des instruments (canzoni da sonar) sont au XVIe s. des adaptations instrumentales du style de la polyphonie vocale ; en 1615 sont publiées, comme œuvre posthume, les Canzoni e sonate de Giovanni Gabrieli dont certaines, éloignées du style vocal, sont des ancêtres de la sonate. C'est aussi au début du XVIIe s. que des danses à la mode sont transcrites pour divers instruments et groupées selon un ordre pour former des suites ; ces arrangements influencent toutes les formes de la musique instrumentale et il est difficile, jusqu'aux années 1660, de distinguer une sonate d'une suite. Ce n'est qu'à la fin du XVIIe s. que les deux formes se différencient, notamment chez Purcell (recueils de 1683 et 1697) et Corelli.
❏  En français, sonate désigne cette forme musicale venue d'Italie et répandue en Europe vers la fin du XVIIe s., pièce de musique instrumentale composée de plusieurs mouvements de caractères différents, exécutée par un nombre restreint d'instruments. C'est vers la fin du XVIIIe s., la structure de la sonate s'étant précisée chez Haydn, Mozart, plus tard Beethoven, que le mot désigne plus précisément une forme musicale caractéristique dite forme sonate, structure ternaire, à deux thèmes, réalisée par le premier mouvement de la composition appelée sonate (allegro), et qui sert de cadre à l'essentiel de la musique instrumentale classique (symphonies, concertos, quatuors...). Sonate ne se dit aujourd'hui, sauf en histoire de la musique, que des pièces ayant cette structure et qui sont composées pour un (sonate pour piano), deux (sonate pour violon et piano, etc.), trois (sonate en trio) instruments ; au-delà, et même pour trois instruments (trio), on emploie des mots spécifiques.
❏  SONATINE n. f. (1821), emprunté à l'italien sonatina, dérivé de sonata, désigne une petite sonate qui, en principe, ne présente pas de difficulté d'exécution.
SONDE n. f., attesté chez Chrétien de Troyes (v. 1175), est en général considéré comme un emprunt à l'ancien nordique sund « mer » et aussi « bras de mer, détroit » (Cf. le Sund, au Danemark) ; ce mot, figurant comme premier élément de composition dans des termes comme sundgyrd « perche pour sonder », sundrap « corde pour sonder », sundline « ligne de sonde », a été mal interprété par les marins francophones qui ont attribué au seul élément sund- le sens des composés. Selon une autre hypothèse (Diez) fondée sur le postulat d'une apparition antérieure du verbe sonder (sonde est, pour le moment, attesté antérieurement, mais ne semble employé régulièrement qu'après le verbe, à partir de 1529), le mot serait rattaché à un latin médiéval subundare (IXe s.) « plonger, submerger », composé de sub « sous » (→ sub-) et de unda « onde, eau » (→ onde), qui aurait abouti à sonder, lui-même donnant un déverbal sonde. À l'encontre de cette hypothèse, on a noté que sonde appartient au départ au vocabulaire de la mer et est propre au nord de la France. Par ailleurs, cet emprunt peut être rapproché de celui de bateau*, de l'ancien nordique (et ancien anglais) bât.
❏  Le mot, attesté au XIIe et repris au XVIe s. (1529), désigne un instrument, d'abord composé d'un plomb attaché à une ligne, qui sert à mesurer la profondeur de l'eau et à reconnaître la nature du fond. La locution coup de sonde, qui s'emploie concrètement, a pris figurément au XXe s. le sens de « rapide estimation d'opinion » (1935, donner un coup de sonde) ; cette valeur métaphorique de sonde est déjà attestée chez Chateaubriand (1802) et relève d'emplois antérieurs de sonder. ◆  Les syntagmes et expressions usuels apparaissent aux XVIe-XVIIe s. : jeter, mouiller la sonde (1529), plomb de sonde « sonde en plomb » (1530) ; être à la sonde « sur un fond accessible à la sonde » (1680 ; 1773, être sur la sonde) et venir jusqu'à la sonde « quitter le large et venir où le fond est accessible à la sonde » (1680). ◆  Le mot s'applique par métonymie à la profondeur de l'eau mesurée par la sonde, comme dans les sondes « profondeur déterminée à l'aide d'une sonde » (1694) ; on a dit aussi être sur les sondes « sur un fond insuffisant (où la sonde touche le fond) ». ◆  Une autre métonymie correspond (1691) à ce que la sonde ramène du fond de l'eau, sens sorti d'usage. Aller la sonde à la main (1690), puis aller à la sonde (1691), ont été remplacés par naviguer à la sonde (1893).
■  Depuis la fin du XVIe s., le mot désigne par analogie et par dérivation de sonder (ci-dessous) un instrument cylindrique destiné à explorer certains organes (1575), à évacuer le contenu de canaux naturels ou accidentels ou à y introduire une substance. De cet emploi médical viennent en argot ancien (1837) le sens de sonde pour « médecin ». Au XXe s. sonde désigne aussi un instrument servant à l'alimentation artificielle. ◆  Toujours par analogie d'usage et de forme, le mot a désigné (1680) une tige de fer dont se servaient les douaniers pour explorer les voitures, les paniers, etc. puis (1723) un petit instrument qu'on enfonce dans certains produits alimentaires pour en reconnaître la qualité, le contenu (sonde à fromage) et (1752) un appareil servant aux forages, une tarière, un trépan. ◆  Avec l'idée d'« instrument de mesure », le mot a désigné une tige graduée servant à évaluer la quantité d'eau contenue à fond de cale (1694, sonde de pompe) ; cette valeur ne se développe qu'au XXe s. en sciences, sonde nommant différents appareils de mesure des profondeurs ou des altitudes : sonde aérienne (1907) puis ballon-sonde, sonde à rayons X, pour déceler les variations dans la structure superficielle d'un métal, sonde électronique (1968). ◆  On parle de sonde spatiale (1966), probablement d'après l'emploi correspondant de sonder, à propos d'un engin spatial non habité, envoyé de la Terre vers une partie du système solaire avec des instruments et un système de transmission. ◆  Sonde génétique se dit d'une petite séquence d'ADN ou d'ARN, identifiée, marquée par radioactivité et servant à détecter la présence de séquences homologues dans une grande molécule d'ADN ou d'ARN.
❏  Le composé RADIOSONDE n. f. (1942), probablement formé d'après radiosondage (ci-dessous), désigne un appareil émetteur placé dans un ballon-sonde et transmettant au sol des renseignements météorologiques.
Le dérivé SONDER v. tr. apparaît en 1382, deux siècles après sonde, mais est repris à la fin du XVe s. un peu avant le substantif. On a pu le considérer comme la source de la série, issue du latin (ci-dessus). Il signifie en marine « chercher à mesurer, au moyen d'une sonde (la profondeur de la mer, la nature d'un fond) » et développe dès le XVIe s. des emplois abstraits nés de l'idée d'« exploration », de « pénétration ». Il signifie alors (1553) « examiner à fond (les paroles, les pensées) de qqn » et entre dans l'expression sonder les cœurs « mettre qqn à l'épreuve pour connaître ses sentiments » (1542 Héroet) sonder les cœurs et les reins (1669). On a dit métaphoriquement sonder le gué pour « voir, avant de s'engager dans une affaire, s'il n'y a pas de risque ; pressentir les dispositions des personnes » (1540), locution remplacée par sonder le terrain (1690), qui n'est attestée qu'au XVIIIe s. dans un emploi concret (1755). Sonder (qqn, ses intentions) [1559] signifie « essayer de découvrir (les intentions, l'état d'esprit de qqn) ». ◆  À partir de la même époque, le verbe s'emploie concrètement par analogie (1556) pour « frapper sur (un objet) pour savoir ce qu'il contient, juger de son état ». En relation avec l'emploi spécial de sonde (ci-dessus), le verbe s'emploie (1690) pour « examiner (qqch.) à l'aide d'une sonde pour en vérifier le contenu » (sonder des bagages), puis dans le vocabulaire militaire, avec le sens de « fouiller » (1824, sonder un bois) sorti d'usage.
■  Après 1550, sonder passe dans le vocabulaire de la chirurgie (v. 1570, sonder une plaie), emploi d'où procède une acception spéciale de sonde (ci-dessus) et s'emploie par extension au sens d'« évacuer l'urine de la vessie à l'aide d'une sonde » (1694). ◆  Dans un emploi figuré étendu, le verbe s'est dit depuis l'époque classique pour « chercher à évaluer une valeur morale, spirituelle » (av. 1678, La Rochefoucauld).
■  Au XXe s., le verbe s'emploie en parlant de l'exploration spatiale (1949, sonder l'atmosphère) et, probablement d'après l'emploi spécial de sondage (ci-dessous), pour « effectuer un sondage d'opinion sur (qqn) » (mil. XXe s.), d'où SONDÉ, ÉE adj. et n.
Les dérivés de sonder ont développé des valeurs concrètes et abstraites.
■  SONDEUR, EUSE n. apparaît au XVIe s. avec le sens concret de « personne qui sonde (une matière) » [1572] et au figuré dans sondeur des cœurs (1599), en parlant de Dieu. Cette valeur métaphorique ne semble reprise qu'au XIXe s. en parlant d'une personne qui cherche à pénétrer les pensées de qqn (1875) ; elle est demeurée littéraire et rare. Le mot s'est employé par figure en argot pour « douanier » (1849) et comme adjectif pour « sournois, prudent » (1867), dans père sondeur « personne rusée dont personne ne se méfie » (1867) et pour désigner un juge d'instruction (1888). Ces valeurs ont disparu. ◆  Le sens technique d'« appareil de sondage » (plus complexe que la sonde) apparaît au XIXe s. (1871) en marine.
■  De là viennent SONDEUSE n. f. (1964) « petite sonde pour les forages peu profonds » et le composé ÉCHOSONDEUR n. m. (mil. XXe s.) formé de écho- « appareil utilisant la propagation des ondes sonores dans l'eau et permettant en particulier d'établir des cartes sous-marines ».
■  D'après l'emploi correspondant de sonder et surtout de sondage, sondeur désigne aussi une personne qui fait des sondages d'opinion (1967).
■  SONDAGE n. m. a remplacé (1769) sondement n. m. (1604 ; encore en 1700) pour désigner l'action de sonder (une profondeur, l'atmosphère). ◆  L'emploi abstrait pour « investigation discrète et rapide » (1838) trouve son terrain d'élection dans le domaine des enquêtes d'opinion, vers le milieu du XXe s. : enquête par sondage puis, couramment, sondage d'opinion et absolument sondage désignent une enquête visant à déterminer la répartition statistique des opinions sur une question ou une personnalité politique dans une population donnée, en recueillant des réponses individuelles.
Le préfixé INSONDABLE adj., d'abord avec un sens concret (1578), a pris une valeur figurée, « qu'on ne peut comprendre » (1801), puis se dit péjorativement pour « immense » (1855), par exemple dans bêtise insondable. Il est usuel.
■  Il a produit INSONDABILITÉ n. f., au figuré (1846) et au propre, et INSONDABLEMENT adv. (attesté XXe s.).
■  INSONDÉ, ÉE adj. (1794) est didactique ou littéraire.
Le composé RADIOSONDAGE n. m. (1932) de radio, désigne l'exploration (sondage) de l'atmosphère à l'aide des ondes radio (Cf. ci-dessus radiosonde).
L SONGE n. m. représente une réfection (v. 1175) de sunge (v. 1155), soinge (XIIIe s.), issu du latin somnium « rêve », personnifié au pluriel et signifiant au figuré « chimère, extravagance ». Somnium est un dérivé de somnus (→ sommeil).
❏  Le mot a repris en français (v. 1155) le sens propre du latin, qui est resté courant jusqu'au XIXe s., puis a été remplacé par rêve* dans l'usage courant, sauf dans des emplois particuliers comme en songe « en rêvant » (1553), la clef des songes « système d'interprétation traditionnel des rêves » (1876), et comme terme de mythologie. Ainsi, on appelle les songes (fin XVIIe s.) les fils du Sommeil, divinités qui apportent aux hommes des images véridiques ou trompeuses. ◆  Songe désigne aussi (1204) ce qui n'a que l'apparence de la réalité, dans c'est soinge (XIIIe s., hapax) devenu c'est un songe (1651), ou encore la vie, la gloire, etc. est un songe « n'a pas plus de solidité qu'un songe » (1626). D'autres expressions sont sorties d'usage, comme retourner en songe « réduire à rien » (1440-1475), ou encore un songe de qqch. « une quantité infime » (1559), là où le français moderne emploie soupçon. ◆  L'association songe-esprit donne lieu en ancien français au sens de « pensée » (v. 1210), et la confusion paronymique entre songe et soin à celui de « préoccupation » (v. 1430 ; Cf. songer, ci-dessous). ◆  Le mot désigne aussi (1559) une illusion qu'on se fait, une espérance vaine ; cet emploi littéraire est encore usité, à la différence d'une acception classique (1636) pour « récit fabuleux, conte ».
❏  SONGER v. tr. et tr. ind. est la réfection (v. 1175) de sunjer (1080), soignier (XIIIe s.), etc., songnier, aboutissements du latin somniare v. intr. « rêver » et v. tr. « voir (qqch.) en rêve » employé au propre et au figuré, et dont viennent aussi l'ancien provençal somnejar (v. 1165), l'italien sognare, l'espagnol soñar, le portugais sonhar.
■  Songer s'est employé transitivement (1080, sunjir que...) et, dans songer un songe (1160-1170), emploi disparu. ◆  Absolument (v. 1150), il équivaut à l'actuel rêver, verbe qui l'a supplanté aux XVIIIe et XIXe s. ; songer de « voir en rêve » (1530) s'emploie jusqu'au XIXe s. (Baudelaire), mais est lui aussi sorti d'usage. ◆  Par la liaison entre songe et sommeil, repos, le verbe, en emploi intransitif, a signifié en ancien français (v. 1175) « être oisif, ne rien faire », d'où par extension « tarder, hésiter » (v. 1360), « attendre » (fin XIVe s.). Cotgrave (1611) relève, en parlant d'une matière combustible, songer pour « brûler mal ». ◆  Par extension de l'idée de rêve, soignier (XIIIe s., hapax) puis songier (1278), enfin songer (déb. XVe s.) a pris la valeur de « laisser errer sa pensée, s'abandonner à la rêverie » et a signifié au XVIIe s. (1611, intr.) « penser à des choses extravagantes », ce sémantisme interférant avec celui de rêver*.
■  L'activité du rêve étant liée à celle de l'esprit, songer a signifié à partir du XIIIe s., et sans l'idée de pensée errante, « penser, réfléchir », acception qui se développe d'autant qu'il y a un contact paronymique entre songer, souvent sous la forme songnier, et soigner* « donner ses soins à ». Songer correspond dès l'ancien français à « évoquer (qqch.) par l'imagination, par la mémoire ou par simple association d'idées » (v. 1230, songer à), et faire songer à équivaut à « faire penser à » (attesté au XIXe s.), faire songer de étant sorti d'usage. Parallèlement, songnier a (XIIIe s.) puis songer à qqch. (v. 1285) signifie « penser à (un problème qui préoccupe) » ; cette valeur est sortie d'usage tant en emploi transitif (XVe s.) que dans la construction songer sur (1440-1475) et au pronominal (v. 1544, se songer que « s'aviser de »). Elle s'est réalisée aussi dans la locution sortie d'usage songer creux, d'abord (XVe s.) « s'enfoncer dans ses pensées » puis « avoir l'intention de faire du mal » (v. 1480), et « penser avec dissimulation » (1564) ; elle a signifié encore au XIXe s. « rêver à des choses chimériques » (1718), cette fois par influence de songe « rêverie » (d'où songe-creux, ci-dessous). Avec l'idée de malveillance, active du XVe au XVIIe s., songer à malice a signifié « avoir l'intention de nuire » (1659) puis « interpréter malignement ce qui est dit » (1690, songer à la malice), surtout en construction négative (on dit aujourd'hui ne pas songer à mal). ◆  La valeur affaiblie et générale de « penser, avoir présent à l'esprit » paraît présente dès le XIIIe s., mais songer que n'est attesté qu'au XVIIe s. (1674). Au XVIe s. le verbe peut correspondre à « ne pas oublier » (1538). Les valeurs de « penser », « considérer » se réalisent en français classique dans les locutions songez-y (bien) ! (1667), vieilli, pour avertir ou menacer, vous n'y songez pas ! « c'est impossible » (1668), à quoi songez-vous ? (1694), y songez-vous ? (1798).
■  Songer a également le sens fort de « s'occuper de, s'intéresser à », construit surtout avec un infinitif (1538) ou avec que (1668) ; avec cette valeur, songer de suivi d'un infinitif (1661) est sorti d'usage. Songer en qqn « s'occuper de qqn » (v. 1430) a disparu, tout comme songer à qqn (1692) « s'occuper de satisfaire qqn », par exemple pour une affaire. Par extension, le verbe veut dire (1538) « envisager en tant que projet qui mérite attention et soin », construit transitivement à l'époque classique, aujourd'hui construit avec à suivi d'un nom ou d'un infinitif (1538).
■  Songer s'est employé aux XVIIe et XVIIIe s. au sens de « concevoir » (1538, songer une comédie).
Le verbe a fourni quelques dérivés.
■  SONGEUR, EUSE n. et adj. a désigné, encore à l'époque classique, une personne qui fait des rêves (1190, songeor, n. ; songiere, adj. ; v. 1380, songeur) ; plus encore que songer par rêver, il a été remplacé par rêveur. ◆  Le nom se dit aussi d'une personne qui se laisse aller à la rêverie, péjoratif dans les premiers emplois (fin XIIe s., adj.), noté burlesque dans Richelet (1680, n.) et rare aujourd'hui. ◆  L'adjectif s'applique encore couramment à une personne perdue dans une rêverie marquée de préoccupations (v. 1820), d'où être, rester songeur (1875) et qualifie ce qui trahit une préoccupation (av. 1850). ◆  Son dérivé SONGEUSEMENT adv. (XIVe s.) est littéraire et rare.
■  SONGEARD, ARDE adj. (1465 ; v. 1450, songeart), sorti d'usage, a qualifié une personne distraite qui n'a pas le sens des réalités (1669, n.) et a signifié (1611) « pensif ».
■  SONGERIE n. f., mot littéraire, réfection (1491) de formes plus anciennes (Cf. songe, songer), comme sougnarie (hapax, XIIIe s.), désigne le fait de laisser aller sa pensée, un moment de rêverie, la suite de pensées développée pendant cette rêverie.
■  SONGEMENT n. m., sorti d'usage, a eu les mêmes sens (1495) et réapparaît chez A. Daudet (1898).
Le composé RESONGER v. tr. ind. a signifié (v. 1250, intr.) « faire de nouveaux songes ». Il équivaut à « repenser » (1549 ; aussi intr.) et s'est dit (fin XVIe s.) pour « réfléchir ».
SONGE-CREUX n. m. et adj. inv., introduit comme substantif (v. 1500) au sens de « personne qui s'enfonce dans ses pensées », a qualifié comme adjectif (1580), puis a désigné comme substantif une personne qui agite des projets irréalisables (v. 1648). C'est un archaïsme, mieux compris que l'emploi verbal songer creux (ci-dessus), complètement disparu, du fait de références classiques connues.
SONNER → 2 SON
SONNET n. m. est un emprunt (1537) à l'italien sonnetto (aujourd'hui sonetto), formé à partir de l'ancien provençal sonet « petite chanson » (fin XIIe s.), lui-même emprunté à l'ancien français sonet (v. 1165), dérivé de 2 son* « air de musique d'un chant » (attesté v. 1200).
❏  Le mot désigne un poème à forme fixe de quatorze vers en deux quatrains sur deux rimes et deux tercets. Cette forme, née au début du XIIIe s. à la cour de Frédéric II de Sicile, a été très vite théorisée en Italie (1332, Antonio da Tempo). Elle est en particulier retenue par Pétrarque à partir de 1327. Le sonnet apparaît en France chez Clément Marot, qui en dédie un à la duchesse de Ferrare (1536), et en même temps chez Mellin de Saint-Gelais et les poètes de l'École Lyonnaise. Il est également emprunté par la Castille et la Catalogne, le Portugal et l'Angleterre (1527), et se développe dans toute l'Europe.
❏  SONNETTISTE n., terme didactique (1878), désigne un poète qui compose surtout des sonnets.
SONNEZ n. m. représente une altération (1666, Furetière), d'après la locution sonnez, le diable est mort que l'on prononçait à l'occasion d'un coup au trictrac, de l'ancien sanes n. m. pl. (1611). Sanes est la forme altérée de senes, sennes (1510), en ancien français sines n. f. pl. « coup de dés qui amène les deux six » (v. 1155), issu avec l'influence de six, du latin classique senas, accusatif au féminin pluriel de seni « chacun six », distributif de sex (→ six).
❏  Ce mot sorti d'usage désignait au tric-trac le coup gagnant qui amène les deux six.
SONORE, SONORITÉ → 2 SON
SOPALIN n. m. est un nom de marque déposée créé par la société portant ce nom, contraction de Société du Papier Linge. Cette société construisait des moulins à papier et, en 1946, fabriqua des produits papetiers. Le nom a été déposé en 1978, mais il est employé couramment à la place du générique, essuie-tout (un peu comme frigidaire pour réfrigérateur). Il se dit aussi d'une feuille de cet essuie-tout.
-SOPHE, -SOPHIE est le second élément de composés, tiré du grec sophia.