SOPHIE n. f. vient (1859) du prénom féminin Sophie, emprunté au grec sophia « habileté, savoir, sagesse », de sophos « sage, prudent » (→ sophisme).
❏
Le mot s'est employé, sans qu'on puisse expliquer le choix de ce prénom, dans la locution familière faire sa Sophie « faire preuve d'affectation » (av. 1862) ; (on a dit aussi faire sa Julie). Sophie en argot, par extension, a désigné une prostituée qui joue les prudes (1888).
◆
Voir Sophie, qui a signifié « avoir ses règles » (1888), est inexpliqué.
SOPHISME n. m. est la réfection (v. 1236) de soufisme (1160-1170), sofisme (v. 1174), emprunt au latin sophisma, lui-même du grec sophisma « invention ingénieuse », « habileté », « argument, raisonnement faux ». Le grec sophisma dérive de sophizesthai « agir » ou « parler habilement », de sophos « habile », « prudent », « sage », mot sans origine connue.
❏
Sophisme a désigné un discours trompeur (1160-1170) et a eu le sens (v. 1174) de « ruse, artifice ».
◆
Le mot désigne (v. 1175) un argument, un raisonnement faux malgré une apparence de vérité, spécialement en logique. Il est resté vivant et relativement usuel.
❏
SOPHISTE n., réfection (1370) de
soffiste (v. 1236), emprunté au latin classique
sophistes, du grec
sophistês, titre d'un dialogue de Platon, désigne (v. 1236,
n. m.) un maître de philosophie de l'Antiquité grecque qui enseignait l'art de l'emporter sur son adversaire, de défendre n'importe quelle thèse par des raisonnements subtils.
◆
Le mot, qui a eu dès l'Antiquité à partir de Platon une nuance défavorable, se dit par extension dès le
XIVe s. d'une personne qui use de raisonnements spécieux (v. 1380).
◈
SOPHISTIQUE adj. et n. f., terme didactique, reprend (v. 1265, B. Latini) le latin impérial
sophisticus, lui-même emprunt au grec
sophistikos « propre aux sophistes », d'où « captieux », dérivé de
sophistês.
■
L'adjectif s'applique à ce qui est de la nature du sophisme (v. 1265) et se dit de l'art des sophistes grecs ; il a été influencé sémantiquement par le moyen français sophistice n. f. (v. 1330) puis sophistique (XVe s.) « tromperie, subtilité de sophiste ». Ce mot sorti d'usage était un emprunt au latin impérial sophistice n. pl. « art du sophisme », « chicane », du grec sophistikê (tekhnê), substantivation du féminin de sophistikos.
◆
De là, sophistique a signifié « qui n'est pas conforme à la réalité » (XIVe s.), « frelaté, falsifié » (déb. XVIIe s.). L'adjectif a qualifié ensuite (1756) une personne qui use de sophismes.
◆
La sophistique désigne la partie de la logique aristotélicienne qui traite des sophismes (1842), l'emploi de sophismes dans l'argumentation (1847, Michelet) et, reprenant le sens du grec, le mouvement de pensée qui, dans la Grèce antique, était représenté par les sophistes (mil. XIXe s.).
◆
Le dérivé SOPHISTIQUEMENT adv. (v. 1265) est didactique et littéraire.
■
SOPHISTIQUER v. est emprunté (v. 1370) au bas latin sophisticari « déployer une habileté trompeuse », dérivé de sophisticus.
◆
Le verbe a signifié « tromper (qqn) », sorti d'usage, et « altérer frauduleusement (une substance) », acception propre à la langue des alchimistes, qui passe au XVIIe s. dans l'usage commercial. Il a eu le sens de « dénaturer (une pensée, un argument) par excès de subtilité » (1579) et, comme intransitif (1596), a signifié « user de procédés sophistiqués ». Par influence de sophistiqué (ci-dessous), le verbe s'emploie (mil. XXe s.) au sens de « rendre particulièrement raffiné ».
■
SOPHISTIQUÉ, ÉE adj. s'est appliqué à ce qui est falsifié, frelaté (1484) et qualifie ce qui est affecté, insincère (1588), en parlant de choses morales.
◆
L'adjectif a été repris au milieu du XXe s., par emprunt à l'anglais sophisticated, participe passé déjà ancien (début XVIIe s.) de to sophisticate, lui-même emprunté au bas latin. Sophisticated a pris en anglo-américain, outre des sens analogues à ceux du français, dans le domaine de la mise, du vêtement et celui de la technique, une valeur de recherche poussée. Sophistiqué emprunté dans ce sens (1936 à propos du cinéma américain, G. Sadoul) est employé couramment (1952) à propos d'une personne qui se distingue dans son aspect physique et son vêtement par un style délibérément artificiel, opposé à naturel et à simple, alors que l'anglais l'oppose plutôt aux idées de banalité, de tradition. Il qualifie aussi (1968), comme en anglais, ce qui est techniquement complexe, les recherches et travaux où interviennent des techniques de pointe. Ces emplois, comme ceux de sophistication qui y correspondent, sont critiqués par les puristes.
■
SOPHISTICATION n. f. se dit (v. 1340) du fait de subtiliser à l'excès ; le mot, rare avant le XIXe s., a désigné (v. 1370) une imposture et l'action de frelater une substance, puis par métonymie une substance frelatée (1845).
◆
Par emprunt à l'anglais sophistication, il se dit du caractère artificiel d'une personne ou d'une chose (1964), puis de l'évolution (des techniques) dans le sens de la complexité (1968).
■
SOPHISTIQUEUR, EUSE n. (v. 1488), mot didactique, désigne une personne qui abuse de raisonnements captieux, acception reprise au XVIIIe siècle. Le mot a désigné (1636) un falsificateur.
❏ voir
PHILOSOPHIE.
SOPHORA ou SOPHORE n. m., d'abord sous la forme francisée sophore (1845), puis sophora (1876), reprend le latin scientifique moderne sophora (1737) ; ce mot, emprunté par Linné à l'arabe en conserve le sens.
❏
C'est le nom d'un arbre exotique de grande taille, originaire d'Extrême-Orient, qu'on utilise pour l'ornement des parcs.
SOPHROLOGIE n. f. est emprunté (1967) à un mot créé (1960) par le neuropsychiatre espagnol A. Caycedo ; il est composé du grec sôphrôn « sensé, sage, tempérant », lui-même de sôs « sain, en bonne santé, intact » (mot d'origine indoeuropéenne), de phrên « diaphragme, cœur », « esprit » (→ phrén[o]-) et de -logie*.
❏
Ce mot didactique désigne l'étude des effets psychosomatiques produits par diverses techniques qui tendent à créer des états particuliers de conscience.
❏
Le mot a fourni SOPHROLOGIQUE adj. (v. 1972) et SOPHROLOGUE n. (1978).
SOPORIFIQUE adj. et n. m. a été dérivé savamment (fin XVIe s.) du latin sopor par suffixation en -fique, du latin classique -ficus qui marque la cause (dérivé de facere « faire* »). Sopor signifie à l'époque classique « force qui endort, fait d'endormir » et « sommeil » ; ce terme, surtout poétique, est plus expressif que somnus « sommeil* », dont il dérive ; il est voisin de torpor « torpeur » ; par suite sopor désigne une substance qui fait dormir, en particulier l'opium, et aussi, comme l'italien sono (de somnus), les tempes.
❏
En français, soporifique s'applique (fin XVIe s.) à ce qui provoque le sommeil, d'où un soporifique n. m. (1694), moins courant que somnifère* (→ sommeil) ; on a dit aussi soporifère adj. (fin XVe s. ; 1694, n. m.) et soporaire adj. (1556).
◆
Par figure, l'adjectif signifie familièrement « ennuyeux, endormant » (1731) ; il est parfois substantivé, aussi au figuré (1875).
❏
Le latin
sopor avait été emprunté par le moyen français sous la forme
sopour n. f. (1493) au sens de « léthargie » ; il a été repris sous la forme
sopeur n. f. (1803), puis
SOPOR n. m. (1835) pour désigner en médecine un sommeil profond, un état voisin du coma.
■
SOPOREUX, EUSE adj., dérivé savant (v. 1560) du latin sopor, est un ancien terme de médecine signifiant « caractérisé par une tendance à l'assoupissement profond » (affection soporeuse).
■
SOPORATIF, IVE adj., autre dérivé savant, vient (1478) de soporatum, supin du latin impérial soporare « endormir, engourdir », dérivé de sopor. Cet adjectif sorti d'usage avait le sens propre (1478) et figuré (1718) de soporifique ; lui aussi a été substantivé, au propre (1694) comme au figuré (1690).
❏ voir
ASSOUPIR, ASSOUVIR.
SOPRANO n. et adj. est un emprunt (1767, Rousseau, Dictionnaire de Musique) à un mot italien signifiant proprement « qui est au-dessus » (XIIIe s.), spécialisé comme terme de musique (v. 1600) ; ce mot est issu d'un latin populaire °superanus, du latin classique super « sur, au-dessus » (→ super-) ou de °supranus, dérivé de supra « au-dessus » (→ supra-). La forme °superanus a abouti au français souverain*.
❏
Soprano désigne (1767, n. m.) la voix la plus élevée, auparavant appelée dessus, chez les femmes et les jeunes garçons (1835), autrefois chez les castrats* ; on dit aussi soprane (ci-dessous).
◆
Par métonymie, soprano ou soprane se dit au masculin (1835) comme au féminin (1871) d'une personne qui a ce registre vocal. Par extension (XXe s.), le mot s'applique à un instrument dont la tessiture est la plus élevée (à l'exception du sopranino, ci-dessous) dans une famille (saxophone soprano, d'où un soprano).
❏
SOPRANE n. m. (1812) ou son dérivé
SOPRANISTE n. m. (1842, G. Sand) se disent d'un chanteur adulte qui a conservé une voix de soprano, soit par castration, selon l'usage italien ancien
(→ castrat), soit par une éducation de la voix. On emploie plus souvent aujourd'hui
haute-contre et
contre-ténor.
■
Le dérivé SOPRANISER v. intr. (1910, E. Rostand), « chanter d'une voix de soprano », est rare.
◈
Deux autres termes ont été empruntés à l'italien.
■
MEZZO-SOPRANO n. désigne (1824) une voix de femme intermédiaire entre le soprano et le contralto et, par métonymie, une chanteuse qui a cette voix (n. f.). On dit aussi mezzo.
■
SOPRANINO n. m. (1885, Gevaert), diminutif de soprano, se dit d'un instrument (saxophone) dont le registre est encore plus élevé que celui du soprano (saxophone sopranino).
SORBE n. f. est la réfection, d'abord au masculin (1512), puis au féminin (1700), de çourbe (1256), emprunté à l'ancien provençal sorba (XIIIe s.), qui représente le pluriel, pris pour un féminin singulier, du latin sorbum « fruit du sorbier », mot d'origine inconnue. La forme sourbe est relevée en français au XVIIe s. (1659). On employait aussi auparavant corme, (d'un gaulois °corma) d'usage régional.
❏
Sorbe désigne le fruit du sorbier. Au XVIe s., le mot s'est employé à propos de confections aromatiques. On distingue aujourd'hui les sorbes, fruits du sorbier des oiseaux (sens attesté en 1678), des cormes. Les vraies sorbes sont aussi appelées sorbes rouges.
❏
SORBIER n. m., réfection (1544) de
çorbier (1256) qui correspond à l'ancien provençal
sorbier (
XIIIe s.), est le nom d'un arbre à carpelles réduits et à fleurs en corymbes qui produit les fruits appelés
sorbes ; on distingue le
sorbier cultivé (cormier), qui produit les cormes (appelées à tort
sorbes) du
sorbier commun ou
sorbier des oiseleurs, arbre sauvage ou ornemental (1779) appelé aussi
sorbier des oiseaux (1791).
◆
Sorbier désigne par métonymie le bois de l'arbre (1845), certainement antérieur ; ce sens est attesté au
XIIIe s. en ancien provençal.
■
SORBÉ, ÉE adj. (1842) se dit, par analogie d'aspect avec la sorbe, de fruits et notamment du raisin lorsqu'ils sont couverts de taches par excès de maturité.
■
SORBÉ n. m. a désigné (1875) une boisson fermentée faite à base de sorbes, nommée aussi cormé.
■
SORBIQUE adj. s'emploie (1836), peut-être par emprunt à l'anglais sorbic (1815), dans acide sorbique, terme de chimie désignant un acide d'abord extrait des baies du sorbier.
■
SORBITE n. f. (1872), sorti d'usage, était formé avec le suffixe -ite, et a été remplacé par son dérivé en -ol SORBITOL n. m. (1949) qui désigne un polyalcool résultant de la réduction du glucose ou du fructose, employé en pharmacie comme édulcorant artificiel et comme stimulant de l'excrétion biliaire.
SORBET n. m. est emprunté (1544) à l'italien sorbetto, lui-même emprunté, par le turc chorbet, à l'arabe dialectal šurbā « boisson », arabe classique šarāb (→ sirop) ; l'espagnol a sorbete, le portugais sorvete.
❏
Le mot a désigné une boisson glacée fondante (1544) puis une préparation orientale à base de sucre et de citron (1690) et la boisson obtenue en battant cette préparation avec de l'eau (av. 1806).
■
Depuis le XVIIIe s. (1782), le mot désigne spécialement une préparation glacée à l'eau (à la différence de la glace et du parfait) et aux fruits. Cette acception est la seule vivante pour sorbet, mais tel n'était pas le cas au XIXe s., comme en témoigne l'expression sorbet glacé (1871) qui serait au XXe s. pléonastique.
❏
Le dérivé SORBETIÈRE n. f. (1782) a remplacé sarbotière (1765), encore relevé en 1878 ; il désigne aujourd'hui un appareil dont les pales de brassage sont mues à l'électricité.
SORBONNE n. f., attesté comme nom commun au XVIe s. (1535), vient du nom du collège de théologie fondé au XIIIe s. par Robert de Sorbon (1201-1274).
❏
Le mot s'est d'abord employé (1535), dans le langage de l'école, pour désigner l'une des trois thèses de la licence en théologie, à la faculté de Paris, sens relevé jusqu'en 1701.
◆
Au XIXe s., le mot passe dans le vocabulaire technique, désignant, peut-être d'après l'image de la chaire, un fourneau où les menuisiers, les ébénistes, font chauffer la colle (1803) ; cette acception semble d'origine argotique. Il en va de même pour l'emploi métaphorique de sorbonne pour « tête, esprit » (1808), sorti d'usage vers la fin du XIXe siècle.
◆
D'après l'acception technique ancienne, le mot a aussi désigné (1933) une sorte d'auvent permettant de donner de l'air à l'intérieur d'un atelier ; il désigne aujourd'hui (v. 1970) une enceinte hermétique pour la manipulation des radioéléments.
❏
Sorbonne a produit plusieurs dérivés ironiques ou péjoratifs forgés par les adversaires de la Sorbonne à l'époque de la Réforme.
■
SORBONISTE adj. et n. a désigné (1534, Rabelais) un diplômé de la Sorbonne.
■
SORBONNAGRE n. m. est une formation plaisante employée également par Rabelais (1534, sorbonagre), qui en est peut-être l'auteur à partir de Sorbon[ne] et de [on]agre « âne », appliquée aux théologiens de l'ancienne faculté. Ce mot s'est employé familièrement pour désigner un universitaire de la Sorbonne. Plusieurs autres dérivés plaisants sont attestés : chez Rabelais encore, on relève SORBONICOLE (1532) de -cole, du latin colere « cultiver, honorer, habiter », SORBONISANT, puis à la fin du XIXe s., SORBONNIOT n. m. (1886, J. Vallès), équivalent sorti d'usage de SORBONNARD, ARDE n. et adj. (fin XIXe s. ; aussi écrit sorbonard) « étudiant ou professeur de la Sorbonne », seule forme vivante au XXe siècle.
■
SORBONIQUE adj. et n. f., d'abord nom masculin (1541) pour « théologien de la dogmatique catholique », s'est employé à partir de la fin du XVIe (1589 ; adj.) et jusqu'au XVIIIe s. à propos de ce qui est relatif à l'enseignement de la Sorbonne. Sorbonique n. f. (av. 1558) était le nom donné à la thèse soutenue en Sorbonne, qui constituait la troisième épreuve de la licence de théologie.
L
SORCIER, IÈRE n. et adj., d'abord attesté au féminin (v. 1160), puis au masculin (1283), est issu, après la forme latinisée sorcerius (VIIIe s., Gloses de Reichenau), d'un latin populaire °sortiarius « diseur de sorts », au féminin °sortiaria « sorcière », dérivé du latin classique sors, sortis « sort », « tirage au sort » et « oracle, prophétie » (→ sort). On relève en ancien français d'autres formes du féminin, sorcelière (XIIe s.), sorceresse (XIIIe s.).
❏
Le mot désigne une personne à qui est attribué un pouvoir surnaturel dû à un pacte avec le diable, aujourd'hui une personne qui pratique une magie, en agissant sur autrui par des pouvoirs attribués aux puissances surnaturelles, parfois liés à des croyances religieuses (des mots spécifiques existent, tel le
quimboiseur de la Guadeloupe, le
tisanier de la Réunion).
◆
L'adjectif qualifie au figuré (1555) ce qui enchante, agit comme un sorcier.
Sorcier, n. m. désigne (1635) une personne (en général un homme), spécialement un artiste, qui captive par son adresse, son art ; ces emplois extensifs sont littéraires.
◆
Parallèlement, par référence à une représentation traditionnelle, le féminin
SORCIÈRE se dit par figure (1579) d'une femme vieille, laide et méchante, par exemple dans l'expression
vieille sorcière (1573) ; avec la même valeur,
vieux sorcier (1718) ne s'est pas maintenu.
◆
C'est l'idée d'« adresse », d'« habileté dépassant la normale » qui est retenue dans des locutions comme
être sorcier comme une vache (c'est-à-dire fort peu) « manquer de perspicacité » (1640), sorti d'usage ;
il ne faut pas être (grand) sorcier (pour faire telle chose), « il ne faut pas être très intelligent » (1656) et, à propos de choses,
cela n'est pas sorcier « ce n'est pas bien difficile (à deviner, à faire) » [1898, J. Renard].
■
Sorcière n. f. a été employé, par référence à l'aspect prêté aux sorcières, pour nommer divers animaux d'apparence irrégulière et menaçante : un coquillage (1757), la murène (1842), une espèce de mante (1863). Sorcier n. m. est une désignation régionale (attestée XXe s.) d'un bolet bleuissant.
◆
On nomme aussi rond de sorcières la disposition en cercles plus ou moins réguliers de certaines espèces de champignons.
■
Le sens initial de sorcière a récemment donné de nouveaux emplois. La locution chasse aux sorcières (v. 1955), traduite de l'anglo-américain, faisait allusion aux femmes pourchassées et condamnées au bûcher comme sorcières dans l'Angleterre et l'Amérique puritaines du XVIIe s. ; appliquée à l'époque de la guerre de Corée pour désigner l'épuration organisée par le sénateur américain J. McCarthy à l'encontre des communistes ou réputés tels dans l'administration, les milieux du spectacle, etc., la locution désigne par extension la poursuite systématique par un gouvernement ou un parti de ses opposants.
◆
Miroir de sorcière (v. 1970) se dit d'un miroir convexe qui renvoie des images lointaines et très petites.
❏
Le dérivé
SORCELLERIE n. f. s'est substitué (1549 ;
sorcelerie, v. 1220), par dissimilation du second
r, à
°sorcererie ; on relève la forme
sorcerie (v. 1130) jusqu'à la fin du
XVIe siècle. Le mot a désigné (v. 1220) une croyance superstitieuse.
◆
Il se dit dès le
XIIe s. (
sorcerie, v. 1130 ;
sorcellerie, 1549), des pratiques du sorcier. Il a suivi une évolution analogue à celle de
sorcier et désigne (1669) des tours d'adresse qui semblent inexplicables et, plus généralement, un phénomène, une pratique incompréhensibles.
◈
Le composé
ENSORCELER v. tr., réfection (
XIIIe s.) de
ensorcerer (1188), signifie « soumettre (une personne, un animal) à l'action d'un sortilège ». L'expression
il faut qu'on l'ait ensorcelé s'est employée à propos d'une personne dont la conduite paraît inexplicable, ainsi que le participe adjectivé puis substantivé
ensorcelé, ée (1854).
◆
Par figure, le verbe s'emploie (v. 1398) pour « captiver entièrement (qqn, l'esprit), comme par un sortilège », et spécialement (
XVIe s.) « troubler (qqn) par une violente passion ».
■
Le verbe ensorceler a plusieurs dérivés. ENSORCELEUR, EUSE n. et adj. s'est employé pour « sorcier, enchanteur » (1538) ; la variante ENSORCELERESSE n. f., attestée isolément en moyen français (fin XIVe s.), correspond à l'ancien et moyen français sorceresse (Cf. ci-dessus). L'adjectif s'applique par figure à une personne qui séduit (av. 1648) ; comme le nom (1868), il est d'emploi littéraire.
◆
ENSORCELLEMENT n. m. s'emploie (1393) au propre et au figuré ; le mot a désigné (1704) une maladie de langueur que les médecins ne savaient guérir.
■
ENSORCELANT, ANTE adj. équivaut (1605) à « fascinant, envoûtant ».
◈
Le verbe préfixé
DÉSENSORCELER v. tr. (1538), « faire cesser (qqn) d'être ensorcelé », s'est aussi écrit
désorceler (1549) jusqu'au début du
XVIIIe siècle.
◆
Le verbe s'emploie au figuré au sens de « soustraire (qqn) à une forte emprise », en parlant d'une passion violente (1596), et plus généralement d'une chose fâcheuse (av. 1654).
◆
Il a fourni
DÉSENSORCELLEMENT n. m. (1636), d'emploi rare.
❏ voir
SORT, SORTE, SORTILÈGE.
SORDIDE adj. est emprunté (v. 1363 ou XVe s., Chauliac) au latin sordidus « sale, malpropre » et par figure « bas, insignifiant, méprisable », « ignoble », en particulier « avare » ; l'adjectif latin dérive de sordes désignant concrètement la saleté et, au propre comme au figuré, la bassesse de condition ou d'âme ; sordes a aussi le sens de « vêtements de deuil », qu'on laissait volontairement négligés, d'où celui de « deuil ». Ce mot, d'origine obscure est seulement rapproché du gotique swart « noir » (Cf. allemand schwarz) qui peut aussi être mis en rapport avec le latin suasum « tache », qui reposerait sur °swart-to-.
❏
Sordide, reprenant les valeurs du latin, qualifie d'abord concrètement ce qui est d'une saleté repoussante ; il s'est spécialisé au
XVIe s. en médecine, en parlant d'un ulcère qui cause une suppuration (1549), et d'une plaie qui a un mauvais aspect (v. 1560, Paré), sens sortis d'usage au
XVIIIe siècle.
■
On relève les premiers emplois figurés au XVIe s. (par exemple dans Ronsard) et au début du XVIIe s. (Malherbe), à propos de ce qui porte à un excès honteux, par exemple l'avarice, emploi calqué du latin, et en général pour qualifier ce qui est bassement intéressé, mesquin (1561, Ronsard), et aussi les gains obtenus par une âpreté excessive (1669, Boileau).
◆
L'adjectif s'applique par extension (1690) à une personne qui manifeste ces défauts, surtout l'avarice.
❏
SORDIDEMENT adv. signifie (1550) « d'une manière sordide, dans la plus grande avarice ».
■
SORDIDITÉ n. f. s'est employé pour « mesquinerie, ladrerie » (1573), emploi disparu au XVIIIe siècle.
◆
Il se dit au propre de l'état de ce qui est très sale (av. 1869, Lamartine) et désigne par métonymie une action, une chose répugnante moralement. Tous les emplois sont littéraires.
SORGHO n. m. est emprunté sous plusieurs formes (1542, sorgue ; 1553, sorgo ; 1765, sorgho) à l'italien sorgo (XVe s.), d'origine incertaine ; ce mot est peut-être issu de formes vénitiennes, comme surico (Xe s.) ou des variantes latinisées suricum, soricum, surgus (XIIe s., Padoue), représentant le latin classique syriacus (ou syricus) « de la Syrie, Syrien », dérivé de Syria, emprunt au grec Suria. Pour P. Guiraud, l'italien sorgo comme les formes médiévales représenteraient un latin populaire °suricus « plante droite et haute comme un piquet », à cause de l'aspect du sorgho, dérivé du latin classique surus « piquet, pieu ».
❏
Le mot désigne une graminée originaire des régions tropicales, utilisée comme céréale et comme fourrage. Synonyme : gros mil. Par extension, en français d'Afrique, sorgho sauvage désigne une grande herbe annuelle de la savane.
SORGUE n. f. semble être une variante phonétique (1628) du moyen français sorne « soir » (1486 en argot ancien). → sornette, étym. Le mot, enregistré en 1624 dans le premier lexique d'argot en français, celui de Chéreau, a désigné la nuit, puis (attesté 1815) le soir, et (1829) l'obscurité. Le mot est encore employé dans la littérature argotique de la première partie du XXe siècle.
❏
Le dérivé SORGUER v. intr. (1797, pendant le procès des « chauffeurs » d'Orgères) correspond à « passer la nuit, dormir (quelque part) ». Bruant l'emploie au début du XXe siècle.
SORITE n. m. est emprunté (1558) au latin classique sorites, terme de rhétorique, lui-même emprunt au grec sôreitês (sous-entendu logos), proprement « argument du tas », substantivation de sôreitês « mis en monceau, formé par accumulation ». Cet adjectif dérive de sôros « tas », mot d'origine obscure. Il existe deux types de sorite ; l'un repose sur une accumulation de prémisses (A est B, B est C, C est D ; donc A est D) ; l'autre est l'argument du tas : si l'on ôte un grain d'un tas de blé, il reste un tas de blé, etc., donc un seul grain, qui n'est pas un tas, en est pourtant un.
❏
Sorite, terme de logique, conserve le sens des mots latin et grec.
SORNETTE n. f. représente un diminutif (v. 1420) du moyen français
sorne « attitude hautaine, morgue » (fin
XIVe s.), « plaisanterie, moquerie » (1440-1475), qui a fourni le verbe
sorner « se moquer de (qqn) » [1420,
tr.], « badiner » (1464) encore relevé en 1611.
Sorne serait emprunté à l'ancien provençal
sorn adjectif, « sombre, obscur » (v. 1280), d'où vient le moyen français
sorne « soir », attesté en argot dès 1486 et altéré en
sorgue*.
■
L'ancien provençal sorn est d'origine discutée. Pour le F. e. w., il représente, à la suite d'une évolution sémantique peu claire, une altération de l'ancien provençal sort, sourt, issu du latin classique surdus (→ 1 sourd), peut-être sous l'influence de morn, de même origine que morne*. P. Guiraud part du fait que sorn a donné en français trois familles de sens : sorne n. f. pour « soir » et « scorie qui adhère aux parois de la fonte » (1752, Encyclopédie), acception répandue dans les parlers de l'Ouest et du Centre, et par ailleurs sournois*, d'abord « qui a une humeur sombre » ; l'ensemble des sens pourrait alors être rattaché au latin classique sordere « être sale » et au figuré « être sans valeur », « être méprisable », d'où sorne « morgue », « moquerie », lui-même dérivé de sordes « saleté, crasse » ; sordes a aussi pour dérivé sordidus « malpropre » et « noirci » (→ sordide) qui explique sorn « sombre » et sorne « soir », les sornettes étant des « histoires de veillées », que l'on raconte à la sorne.
❏
Sornette a d'abord désigné (v. 1420) une devinette ou un autre jeu qu'on joue en société, en particulier aux veillées et, comme
sorne, a signifié « raillerie » (v. 1460), d'où autrefois
donner les sornettes à qqn « railler qqn » (1528).
■
Surtout employé au pluriel, sornette se dit (1465, sournete ; 1527, sornette) de propos vides de sens, frivoles (Cf. baliverne, billevesée) ; le mot a vieilli.
❏ voir
SOURNOIS.
SORPTION n. f., terme de chimie, a été tiré (avant 1970) du radical de composés comme absorption, désorption, pour la fixation ou la libération de molécules de gaz, lors du contact d'un corps avec la surface d'un solide. Sorption est un emprunt à sorptio, -onis, dérivé du verbe latin sorbere « avaler » (→ absorption).
L
SORT n. m. est issu (v. 980) de sortem, accusatif du latin classique sors, sortis n. f., désignant à l'origine une petite tablette de bois qui servait à répondre aux questions posées à des oracles, ou à procéder à des tirages au sort, par exemple dans le partage des magistratures ; de là viennent les acceptions « tirage au sort », « résultat du tirage », spécialement « oracle ou prophétie portés sur les tablettes parmi lesquelles un enfant effectuait le tirage après les avoir mêlées », d'où « charge attribuée par le sort » ; par extension, sors signifie « sort fixé à chacun, destinée » et « lot », puis « rang, sorte » et, dans la langue juridique, « capital » (opposé à fenus « intérêt de l'argent prêté ») et « héritage », comme le grec klêros (→ clerc). Sors est peut-être issu de la même racine que le verbe serere « lier ensemble », « engager » (→ série).
❏
Sort a repris la plus grande partie des acceptions du latin ; le sort est d'abord une puissance extérieure à l'homme
(Cf. destin) et une manière de décider qqch. par le hasard, d'où l'emploi pour « tirage aléatoire »
(Cf. ci-dessous) [déb.
XIIIe s.]. La locution
geter sort « jeter les dés pour décider qqch. » (v. 1119), devenue
jeter du (par) sort (1530),
au sort (1549), s'est maintenue à l'époque classique puis a été remplacée par
tirer au sort (1636), concurrencée un moment par
tirer le sort. Tirer au sort signifie plus généralement « décider par le hasard » (1680).
Tirage au sort s'est spécialisé au
XVIIIe s. pour « mode de recrutement des armées dans lequel le sort décidait » (1752) ; le
tirage au sort ou
le sort (1845) est au
XIXe s. un moment crucial pour les jeunes gens des classes populaires, seuls les riches pouvant échapper par un rachat à une longue conscription.
Le sort en est jeté, « la décision est prise irrévocablement », locution attestée depuis Malherbe (1609), est la traduction du
Alea jacta est, phrase prononcée par César décidant de franchir en armes le Rubicon, malgré la défense du Sénat
(Cf. franchir le Rubicon).
Depuis La Chanson de Roland (1080) est attesté un autre sens de sort, auquel se rattache sorcier*, le mot désignant un effet magique, le plus souvent néfaste, lié à une personne ou à une chose et qui résulte de certaines opérations de sorcellerie ; il s'emploie surtout dans jeter un sort à qqn « l'ensorceler* », dans il y a un sort « une mauvaise chance prévaut » (1680) et dans mauvais sort « fatalité qui s'acharne sur qqn » (1807).
Au début du XIIIe s., sort reprend le sens latin de « prédiction, prophétie », emploi qui a disparu en français classique, sauf dans le contexte de la divination (v. 1170), notamment la divination à l'aide de dés jetés (XIIe s.), dans sort homérique (1546), virgilien (1546, virgilian), « divination au moyen d'un passage pris au hasard dans Homère ou Virgile », sort des apôtres (1690), sort des saints (1721), au moyen des Actes des Apôtres, de l'Écriture sainte. Dans ce sens, on employait aussi le pluriel les sorts en français classique (1687). Tous ces emplois ont disparu à la fin du XVIIIe siècle.
Depuis l'ancien français, le mot désigne aussi (v. 1120) ce qui doit arriver à qqn du fait du hasard, des circonstances ou d'une prédestination supposée ; il équivaut alors à
destin, destinée. Cette acception est courante au
XVIIe s. ; en ce sens,
sort s'est employé aussi au féminin du
XIIe (v. 1130), jusqu'au
XVIe siècle. Il se dit en particulier (
XIIIe s. ; v. 1119, selon
G. L. L. F.) de la situation qui est faite à une personne, à un groupe, spécialement sous le rapport des conditions matérielles, du bonheur (1647 ; 1546 selon
G. L. L. F.).
◆
Le sort pouvant être favorable ou contraire
(Cf. heur), le mot a eu le sens de « chance » (
XIVe s.) et, par métonymie de la valeur « mauvais sort », a signifié « poison » (1440-1475) ; il s'emploie aussi avec une valeur neutre, au sens de « hasard » (1611), aujourd'hui seulement dans
le sort des armes « l'incertitude de la guerre » (1690).
◆
Par extension,
sort désigne (1640) l'issue imposée par le hasard à la vie d'une personne, à la destination d'une chose ; de là procèdent les locutions
faire un sort à qqn « assurer son avenir » (1835), sortie d'usage, et
faire un sort à qqch. « mettre en valeur » (1827), puis « en finir avec elle d'une manière radicale » (1896), par exemple « finir un plat, tout manger », « tout boire » (1895).
■
Par ailleurs, sort s'est employé isolément au sens latin de « décision, suffrage » (v. 1190), « avis » (XVe s.) et, à l'époque classique, avec la valeur étymologique de « capital, fonds placé en rente » (1330), en particulier dans sort principal (1553) « biens reçus par héritage ou après avoir tiré au sort en vue d'un partage ». Ces acceptions ont entièrement disparu.
L'idée de destin étant, dans une société chrétienne, associée à celle de volonté divine, le mot sort est devenu une sorte d'euphémisme pour Dieu, dans des jurons atténués : bon sort !, pétard de sort, parfois remotivés (bon Dieu de bon sort !).
❏ voir
ASSORTIR, CONSORT, SORCIER, SORTE, SORTILÈGE, SORTIR.
SORTE n. f. est emprunté (1220) au latin classique sors, sortis « sort », « tirage au sort », d'où « sort fixé à chacun », « rang, condition » et « catégorie » (→ sort), qui a pris en bas latin le sens de « manière », « comportement propre à une espèce de gens ». La variante sourte (v. 1500) est propre au moyen français.
❏
Sorte désigne d'abord un groupe de personnes, une compagnie homogène ; avec ce sens, le mot apparaît dans plusieurs locutions du moyen français, parmi lesquelles au
XVe s. (1440-1475)
deviser sorte avec sorte « avec ses pareils »,
mariage de sorte « conforme au rang de qqn »,
être de sorte à qqn « aller de pair avec qqn », et au
XVIe s.
être la sorte de qqn (1526) ; cette acception ne s'est pas maintenue, non plus que celle de « condition, rang d'une personne » (v. 1450).
■
Sorte a pris le sens de « manière de faire qqch. », dans des locutions ; en sorte que, marquant la conséquence avec l'indicatif, est littéraire (XIIIe s.), de sorte que (1531), de telle sorte que (1557) de même valeur, est demeuré courant ; en mauvaise sorte « mal » (XVe s.) a disparu de même que en une sorte « d'une certaine façon » (1530), en nulle sorte « nullement » (1538) ; en aucune sorte (1538) est archaïque, mais encore compris, comme de bonne sorte (1526), alors que de la bonne sorte (1531 R. Estienne) « comme il faut » et par ironie « avec énergie, sévèrement » (1690 ; 1740, parler à qqn de la bonne sorte) s'emploie encore. De la sorte loc. adv. « de cette manière » (1545), toujours usuel, s'est employé adjectivement pour qualifier une chose (chose de la sorte « telle » [1640], emploi encore vivant régionalement) ; tout d'une sorte « d'une seule façon » (1549) est sorti d'usage comme en toute sorte « de toute façon » (1636).
◆
En quelque sorte loc. adv. « d'une certaine manière » et par extension « pour ainsi dire » (1629), emplois toujours vivants, a signifié à l'époque classique « en quelque manière que ce soit ». Faire en sorte que (1579 Larivey ; avec subjonctif), de (1685 ; avec infinitif) marque la finalité et se dit encore.
Depuis le XIVe s., (1327), le mot désigne ce qui permet de caractériser un objet parmi d'autres, et l'ensemble des objets ainsi caractérisés. Le mot a cette valeur usuelle dans toute sorte de marquant l'indétermination (av. 1885), vieilli aujourd'hui dans toutes sortes de indiquant la multiplicité ; la locution de la première sorte s'appliquait à une personne de condition (v. 1534) puis à une chose excellente (1802 ; 1723, de première sorte). Une sorte de se dit d'une chose (1644) ou d'une personne (1835) qu'on ne peut exactement qualifier et qu'on rapproche d'une autre.
◆
À l'époque classique, sortes n. f. pl. (1636) s'est dit de livres dont les libraires avaient le privilège total ou partiel.
◆
Dans le vocabulaire de l'imprimerie, le mot désigne (1723) une certaine quantité du même caractère et en pharmacie (1765) l'état de certaines drogues non tirées ou de qualité médiocre ; ces emplois techniques ont vieilli.
❏ voir
ASSORTIR, SORCIER, SORT, SORTIR.
SORTILÈGE n. m. est un emprunt (v. 1213) au latin médiéval sortilegium « divination » et « sortilège », altération du latin classique sortilegus « prophétique » et, nom masculin, « devin », mot composé de sors, sortis (→ sort) et de legere « recueillir » (→ lire).
❏
Le mot désigne (v. 1213) un maléfice de sorcier et a pris le sens figuré (XXe s.) d'« action qui semble magique ».
◆
En parlant de l'Antiquité, le nom a été employé (1765) avec sa valeur étymologique de « devin, celui qui tire les sorts ».