L + 1 SORTIR v. est issu (v. 1145) du latin sortiri « tirer au sort » (→ 2 sortir), « recevoir par le sort », « échoir en héritage » et par extension « distribuer, choisir, obtenir ». Le verbe dérive de sors, sortis (→ sort). L'évolution sémantique vers le sens d'« aller du dedans au dehors » a pu s'effectuer à partir du participe sortitus « qui a été désigné par le sort », d'où « qui échappe à » et « qui se manifeste au dehors » (Cf. l'idée ultérieure de tirer au sort). L'idée de « choix » est commune à sortes (→ sorte) et en français à assortir. On a proposé de distinguer deux verbes sortir, le verbe de mouvement représentant l'aboutissement d'un latin populaire °surctus (Cf. espagnol surtir), altération de surrectus, du latin classique surgere « jaillir », emprunté sous la forme surgir* ; mais cette hypothèse ne rend pas compte du o français. Rare comme verbe de mouvement avant le XVIe s., sortir a remplacé l'ancien verbe eissir, issir devenu archaïque au XVIIe s., et dont procède issue*.
❏  Sortir reprend les sens du latin « décider (qqch.) » (v. 1145), « tirer au sort, jeter les dés » (v. 1155, comme intransitif) d'où se sortir « être tiré au sort » (v. 1355) et, par extension, comme transitif, « prédire (qqch.) par le sort » (v. 1155), qui s'est maintenu jusqu'à la fin du XVe s. ; de ces acceptions viennent plusieurs emplois également disparus : sortir de (faire qqch.) a signifié « décider de (fixer le sort) », en parlant des dieux (v. 1150) et sortir de « obtenir connaissance de (qqch.) par le sort » (v. 1210). Par extension, sortir à a signifié en moyen français « parvenir par sa destinée » (v. 1450). ◆  Parallèlement, sortir avait aussi le sens latin de « choisir » (v. 1170, sortir de « faire son choix à propos de ») et, en particulier, « désigner (un dignitaire ecclésiastique) » [1172-1174, tr.], et celui de « distribuer, réserver pour » (v. 1330), encore au XVIe s. avec se sortir « se donner en partage » (v. 1530). ◆  Cette valeur étymologique demeure lorsque sortir est employé pour « être tiré » en parlant d'un numéro (de loterie, etc.) que désigne le hasard (1664), d'où par analogie à propos d'un sujet d'examen (XXe s.), mais le verbe est alors senti comme rattaché au sens moderne « aller au dehors », par une spécialisation ou une extension.
■  Le sens latin d'« obtenir » a été retenu en droit, probablement par réemprunt, dans sortir juridiction (1395) « subir le jugement », puis dans sortir son effet « produire son effet » (1439), en parlant d'une sentence. Avec cette valeur, le verbe a la conjugaison régulière des verbes en -ir, contrairement à sortir, verbe de mouvement.
L'idée de « mouvement » se réalise, semble-t-il, d'abord pour ressortir « rebondir », dès La Chanson de Roland (1080), et au XIIe s. dans sortir de la mort « y échapper » (v. 1150) qui correspond à l'idée latine de sortitus « désigné par le sort », d'où « épargné ». Cette acception a disparu, de même que, dans un emploi pronominal, se sortir « paraître, se manifester » (1358), mais la figure est reprise au XVIe siècle. ◆  De cet emploi pronominal procèdent sortir pour « aller dehors », emploi répandu au XVIe s. (1530), construit avec hors (1538), ou en évidence (1559) ainsi que sortir, sans complément, « apparaître en se produisant à l'extérieur » (1501) en parlant d'une plante, d'une dent. Par extension, sortir correspond à « apparaître en totalité ou en partie hors (de qqch.) » [v. 1485], d'où sortir de l'onde (1690 ; de l'eau, XIXe s.) à propos d'un bateau qui apparaît à l'horizon. Cette acception se retrouve dans une locution familière les yeux lui sortent de la tête, qui se disait autrefois pour marquer une grande vivacité (1740), aujourd'hui pour « avoir les yeux exorbités » (1876). ◆  Par une spécialisation, sortir veut dire « être livré au public » en parlant d'une marchandise (1874) et « commencer à être connu » (1926), de même que la métaphore sortir de l'ombre. Sortir, pour « être nettement visible sur un fond » (1675), est moins courant que ressortir (Cf. ci-dessous).
D'autres emplois de nature abstraite et intellectuelle se rattachent à ce sens à partir de la fin du XVe s. : « ne pas se tenir à une chose fixée » dans sortir d'un propos (fin XVe s.), d'où sortir de son sujet (1690), sortir du sujet (1718), sortir de la question (1718), emplois où le verbe équivaut à s'écarter, s'éloigner ; avec la même valeur, des emplois métaphoriques supposent un sens concret (ci-dessous), par exemple sortir des bornes, des limites du sujet, mais d'autres emplois abstraits ont cours : sortir des règles (1636), sortir de son devoir (1694), ne pas sortir de là « persister » (1779). ◆  À la fin du XVe s., on trouve aussi sortir de « être issu, venir de », spécialement sortir du ventre (d'une femme), « naître (de) » [1499], avec l'idée d'origine, réalisée ensuite dans l'emploi pour « être produit par » dans un contexte religieux à propos des œuvres divines (1560).
■  À propos des êtres humains, sortir de veut dire « avoir pour ascendance » (1640), par exemple dans la locution familière se croire sorti de la cuisse de Jupiter (→ cuisse), et « avoir été formé (quelque part) » (1701 ; 1782 sortir des mains de qqn). Cette idée d'origine s'est conservée dans des usages régionaux, où sortir de (nom de lieu) correspond à « être originaire de ». ◆  Sortir du rang (1893) s'emploie à propos d'un officier qui n'a pas suivi la formation, puis d'une personne qui n'a pas suivi la voie hiérarchique normale. D'où sortez-vous ? se dit (1713) à une personne qu'on n'a pas vue depuis longtemps ; par figure, la locution s'emploie familièrement en parlant de qqn dont l'ignorance est choquante (1792) et d'où sort-il ? concerne une origine sociale impliquant le manque d'éducation ou l'ignorance. Ces emplois sont aujourd'hui plutôt rattachés au sens spatial dominant « aller au dehors ».
Ce sens spatial concret d'« aller hors (d'un lieu), du dedans au dehors, à l'extérieur », semble exister depuis le XIIe s. (v. 1175), mais ne s'impose, par rapport à issir (→ issue) qu'au XVIe s., sortie étant attesté avec cette valeur en 1400. Il est devenu dominant et de nombreux emplois qui se rattachent à des valeurs antérieures sont aujourd'hui interprétés comme métaphoriques de cette acception (voir ci-dessus). La valeur générale de mouvement pourrait d'ailleurs remonter à l'ancien français, si l'on en juge par ressortir (« rebondir », 1080). Verbe intransitif, sortir de signifie « quitter un lieu » (1530) ; avec cette valeur, les constructions transitives (1534, sortir le pays) et pronominales ne se sont pas maintenues ; sortir signifie spécialement « aller dehors pour se battre » (1550). Sortir au devant de qqn (1538) a été remplacé par aller au-devant... ◆  Sortir, employé absolument, correspond à « aller se promener, faire des visites » (1636) et être sorti « ne pas être chez soi » (1664). Dans cette acception qui correspond à un emploi de sortie, le verbe a des contenus variables selon les contextes (plaisirs mondains, activités extérieures, parfois par euphémisme). ◆  Le verbe entre dans plusieurs locutions proverbiales comme la faim fait sortir le loup du bois (XVIe s.) toujours connu, sinon en usage, ou encore il ne peut sortir du sac que ce qui y est (1606), qui se disait d'une personne sans éducation, locution disparue dont on connaît de nombreuses variantes (1611, comme il semble sortir d'un sac à charbon, il ne peut sortir que de la poussière noire). ◆  Si on le fait sortir par la porte, il rentre par la fenêtre (1690), s'emploie à propos d'un importun. ◆  Sortir s'emploie en particulier quand il s'agit de quitter un lieu où l'on est enfermé, par exemple dans sortir de prison (1553), de captivité (1694). ◆  De même, le verbe se dit d'un objet en mouvement, d'un fluide (1550) ou d'une chose qui devrait se maintenir dans un lieu, un contenant, par exemple une rivière (1690, sortir de son lit) ; avec cette valeur, le verbe s'emploie par figure dans sortir de ses gonds (1559, sortir hors des gonds), qu'on rapprochera de être hors de soi. Sortir d'une boîte se dit au figuré en parlant d'une personne vêtue de neuf (1640), ensuite d'une personne prétentieuse (1863), emploi disparu. ◆  Dans de nombreuses expressions, le sujet désigne abstraitement un contenu de conscience dans sortir de la mémoire (1640), de l'esprit (1678), de la tête (1796), de l'idée « ne plus y être » (ça m'est sorti de...). Sortir du sujet (ci-dessus) qui procède du sémantisme de l'origine, est aussi interprété spatialement. ◆  Sortir du son (1669), de la mesure (1718) s'est employé en musique pour « perdre », sortir de cadence (1690) en danse. ◆  Par ailleurs, sortir dans / sur « avoir une issue » s'est dit (v. 1690) en parlant d'une pièce (sortir sur le jardin) ; il a été remplacé par donner* (sur). ◆  Parallèlement, avec plusieurs valeurs simultanées, spatiales mais aussi abstraites (ci-dessus), sortir de (qqch.) signifie « cesser d'être dans (un état), de faire (une chose) », d'abord dans sortir hors de (l'enfance, l'hiver) [1538], puis sortir de (1690) et dans sortir de maladie (1538), sortir du collège « avoir achevé ses études » (1694), sortir de la vie (1610) « mourir », condamné par Vaugelas, sortir du monde (1669). Cette valeur s'est conservée dans un usage du français du Maghreb, sortir des études « terminer ou avoir terminé ses études ». Dans le même usage, on emploie sortir pour « partir pour l'étranger ». ◆  La valeur concrète spatiale est ranimée par une métaphore dans la locution familière n'en sortir que les pieds devant (1694), devenue sortir les pieds devant (1838), « ne sortir de quelque part que mort ». ◆  D'autres emplois classiques, sortir (de colère, de chagrin) « ne plus être (en colère, etc.) » [1666], sortir d'erreur « reconnaître ses erreurs » (1694) ont disparu. ◆  Le verbe s'emploie aussi en parlant d'une difficulté (1538), en particulier dans en sortir, s'en sortir (1788) « venir à bout d'une situation pénible ou d'un travail difficile ». ◆  Dans un contexte social, sortir s'est employé à propos d'une activité, dans sortir de page « cesser d'être page » (1549), type de construction encore vivante à la fin du XVIIe s. par exemple dans sortir de fille (1693) « se marier » ; cet emploi n'est plus possible qu'avec un complément désignant la situation qui se termine, par exemple sortir de charge (1636), sortir de condition (1680) « n'être plus employé quelque part », sortir de sa sphère, autrefois « quitter sa condition » (1694) puis au figuré « quitter le domaine que l'on connaît ». ◆  Sortir de correspond aussi à « laisser, abandonner une occupation », par exemple dans sortir de la messe (1680), sortir de dîner (1718), sortir de table (1798) ; sortir de suivi de l'infinitif, (1718, sortir d'entendre la messe) est aujourd'hui familier et implique un passé récent. La locution familière sortir d'en prendre signifie « n'être pas prêt à refaire ce qui a été pénible » (1837). ◆  Sortir d'avec qqn « venir de lui parler » (XVIIIe s.) n'est plus en usage. ◆  Lorsque le complément désigne un état psychologique, un sentiment, le verbe veut dire « abandonner (un comportement habituel ou naturel) », ainsi dans sortir de son caractère (1611), sortir du respect (1636), sortir hors de son bon sens (1690) ; sortir de soi « faire abnégation de sa propre personne » (fin XVIIe s.) a pris le sens de « devenir autre » et spécialement « cesser de s'intéresser uniquement à soi ». ◆  Par métaphore de l'œuf, sortir de sa coquille signifie « être encore tout jeune » (1694) et « quitter sa réserve, sa timidité » (XXe s.). ◆  La locution familière il me sort par le cul (1867) ne s'emploie plus, mais il me sort par les yeux (XXe s.), « il m'est insupportable », est toujours en usage, et fait allusion à je ne peux plus le sentir, le voir. La première, plus vulgaire, correspond au sémantisme de « rejeter, expulser » ; Cf. chier.
À côté de ces emplois intransitifs, sortir, avec le sémantisme du mouvement vers l'extérieur, a développé une valeur transitive « mettre dehors ». Le verbe s'emploie pour « accompagner au dehors (un être qui ne peut sortir seul) » [1596, d'un animal], d'où plus tard sortir un malade (1871) en concurrence avec l'intransitif dans faire sortir qqn. ◆  Avec un complément nom de chose, le verbe signifie « mettre (un objet) dehors » (1611), spécialement « mettre au grand air » (1835), par exemple une plante et par ailleurs « tirer (qqch.) d'un lieu » (1668), en particulier retirer des pions rentrés, pour les mettre sur la table de départ de son adversaire, autrefois au tric-trac (1752), aujourd'hui au jacquet (XXe s.). ◆  De là vient le sens figuré d'« étaler, manifester avec ostentation (qqch.) » surtout au figuré, en parlant des connaissances (déb. XXe s., sortir sa science). C'est à cet emploi que se rattache l'expression sortir son français, qui s'emploie à la Réunion pour « parler français (et non pas créole) pour se mettre en valeur » et aussi « mal le parler », avec l'idée d'effort et d'artifice. ◆  Concrètement, on dit en aviation sortir le train d'atterrissage et (1937) sortir les roues.
■  En parlant d'une personne et figurément, le verbe signifie « faire sortir (d'une situation, d'un état) » [v. 1630, sortir qqn d'embarras], aussi dans sortir qqn de là. ◆  En emploi concret pour « accompagner (qqn) dehors » (ci-dessus), sortir s'emploie familièrement pour « accompagner au spectacle, dans des visites », en prenant l'initiative de cette sortie (1788) et aussi au sens de « faire sortir, expulser (qqn) » [1888], d'où le slogan politique plaisant sortez les sortants (les députés sortants). Le verbe s'emploie en sports pour « éliminer ». Attesté au début du XXe s. (1903), sortir qqch. à qqn signifie « dire, lancer ». ◆  Sortir (un objet fabriqué), c'est enfin le mettre dans le commerce (1938). Ces emplois correspondent en général à faire sortir, où le verbe est intransitif.
Si SORTIR, n. m. (1540), est peu en usage, il s'emploie depuis le XVIe s. dans la locution prépositive au sortir de... (1559) qui a la valeur spatiale et la valeur temporelle du verbe, dans un usage littéraire.
❏  Les dérivés sont usuels.
■  SORTABLE adj. a signifié à l'époque classique « de nature à convenir » (1395, Bloch et Wartburg), d'après la valeur de sortir « choisir » ; en ce sens, on a aussi employé sortissable (XVe s.). L'adjectif, sorti d'usage, a de nouveau été dérivé du verbe vers la fin du XIXe s. (1894, L. Bloy) appliqué familièrement à ce que l'on peut montrer en public ou à une personne qui présente bien, surtout dans des tours négatifs (il n'est pas sortable).
■  Ces tours équivalent au préfixé INSORTABLE adj. (XXe s.).
SORTEUR, SORTEUX, EUSE n., attesté en 1872, désignait en français de Normandie une personne aimant les sorties, les distractions. Le mot s'est aussi employé au Québec. ◆  En français de Belgique, sorteur n. m. se dit de celui qu'on nomme en France videur, dans une boîte de nuit, un club.
SORTIE n. f. (1400), tiré du participe passé du verbe, n'en a conservé que l'idée de mouvement. On relève isolément pour « action de sortir » la forme essort (XIIIe s., puis 1431). ◆  Sortie désigne d'abord l'action de quitter un lieu, en particulier pour faire qqch., le moment où on le quitte (1636), d'où à la sortie avec une valeur temporelle (1636), puis spatiale (1690). Il a des emplois spéciaux : au théâtre pour l'action de quitter la scène, où l'on parle aussi de fausse sortie (1835), en marine à propos de la navigation à courte distance d'un port (v. 1870), pour désigner le moment où l'on quitte un lieu de travail (1885), ou, en sports, le mouvement par lequel un gymnaste achève son travail aux agrès. ◆  Avec cette valeur, outre les emplois concrets, comme sortie d'usine (1875) « mouvement des personnes qui sortent », sortie entre dans des locutions où il correspond à « fait de s'absenter » et où sortir n'est pas toujours en usage. Sortie correspond aussi à « permission de sortir » (dans un internat, etc.), sens attesté en 1832. Le mot est repris dans avec son sens général dans jour de sortie (attesté début XXe s.) « moment de la semaine pendant lequel une personne contrainte à séjourner quelque part peut s'absenter ». Correspondant à un emploi spécial du verbe, être de sortie, familier, « sortir pour se distraire », « être absent » et, à propos de choses, « faire défaut » (1925).
■  Dans le vocabulaire militaire, une sortie (1570, sortye) se dit d'une attaque d'assiégés pour sortir de leurs positions forcées. Par figure de ce sens militaire, sortie s'emploie pour « attaque verbale » (1672), spécialement pour « attaque critique » (1760). Par analogie, il s'emploie en sports (mil. XXe s.), par exemple au football. ◆  L'expression sortie de deuil, en français d'Afrique, désigne la fin du deuil, un an après le décès.
■  Depuis la fin du XVIe s., sortie désigne par métonymie l'endroit par lequel des personnes (1597), des choses (1690) sortent, en concurrence avec issue*, d'où sortie de secours (attesté 1930) ou par ici la sortie ! (au figuré « allez-vous-en ! »). ◆  Il s'est dit spécialement en termes de fortifications (1793) pour « poterne » ; par extension, il désigne une voie de dégagement (XXe s.) et, en technique (XXe s.), la prise d'un appareil de reproduction sonore sur laquelle on peut brancher un autre appareil.
■  En parlant de marchandises, avec la valeur active (« action de sortir »), la sortie désigne le fait de sortir d'un pays (1626) d'où droit de sortie (1679). Au figuré, et avec un sujet nom de personne, sortie a signifié « fait de quitter la vie » (1635) ; lié à d'autres acceptions du verbe, il a le sens figuré de « moyen de se tirer d'embarras » (1636), archaïque, sauf dans les locutions (se) ménager une sortie (1835), une porte de sortie (1876). ◆  Il désigne aussi par métonymie un vêtement qui se porte en sortant d'un lieu (1843) ; de là sortie du bal (1859), remplacé (1871) par sortie de bal « vêtement chaud porté sur la robe de bal » et aussi sortie de bain (1904). ◆  Au XIXe et au XXe s., le mot s'emploie, en rapport avec des valeurs spéciales de sortir, en parlant d'une somme dépensée (1846) et, dans le vocabulaire technique (mil. XXe s.), du fonctionnement effectif d'un mécanisme, par rapport à la commande, acception spécialement utilisée en informatique (v. 1968). ◆  Sortie désigne aussi le fait pour un produit d'être livré au public (1927), par exemple la sortie d'un livre, d'un disque, d'un film.
SORTANT, ANTE adj. et n., tiré du participe présent (fin XVIIe s.), s'est appliqué à ce qui ressort, se fait remarquer, en parlant d'un visage. Le nom désigne ensuite (1788) une personne qui sort d'un lieu, spécialement qui cesse de faire partie d'un corps constitué (1835, adj. et n. ; Cf. ci-dessus le slogan poujadiste sortez les sortants !) et en sports un joueur qui se retire d'une partie (XXe s.). ◆  L'adjectif qualifie aussi un numéro tiré au sort (1835), avec le sens ancien et étymologique de sortir. ◆  Le mot, en Afrique subsaharienne, s'emploie à propos d'un élève qui a terminé ses études dans une école. ◆  SORTANT n. m. se dit (1918, Proust) en architecture d'un élément qui fait saillie, opposé à rentrant.
1 RESSORTIR v., réfection (XIIe s.) de resortir (1080), de re- et sortir, est dès ses premiers emplois un verbe de mouvement, signifiant « rebondir » en parlant d'une arme avec laquelle on a frappé (Cf. ci-dessous 3 ressort). Ceci pose un problème par rapport à sortir, qu'il s'agisse d'un ou de deux verbes distincts (voir ci-dessus), lequel ne semble prendre une valeur spatiale que beaucoup plus tard. Ressortir signifie aussi (v. 1112) « paraître avec plus de relief », d'où abstraitement (1564) « être rendu plus frappant par contraste avec d'autres choses », faire ressortir signifiant « mettre en relief » (1788). ◆  Dès le XIIe s., ressortir a le sens aujourd'hui courant (v. 1155) de « sortir (d'un lieu) après y être entré » et s'est employé au sens de « reculer » dans arriere resortir (v. 1155), par exemple dans un combat (déb. XIIIe s.), sens qui ne s'est pas maintenu. ◆  Par figure, le verbe a signifié « changer d'avis, se dédire » (1165-1170), « renoncer à » (1255) et au pronominal « cesser de » (1165-1170, soi resortir de). ◆  Avec l'idée de mouvement, l'ancien français avait d'autres acceptions : « repousser, renverser » (XIIIe s., tr.), « poursuivre » (XIIIe s., tr.), « tressaillir » (v. 1225, intr.) et, dans le domaine du sentiment, resortir de joie « bondir de joie », en parlant du cœur.
■  Au XVIe s., ressortir prend le sens itératif de « sortir de nouveau, une deuxième fois » (1549), d'où « être proposé de nouveau au public ». Le verbe s'est employé pour « aboutir à » (1559, aussi ressortir à effet), acception dont procède le sens de « se dégager de, résulter » (v. 1790), qui n'est plus en usage aujourd'hui qu'à la forme impersonnelle (1821, il ressort que). ◆  Au XVIIe s., ressortir, v. tr. a signifié « réexpédier (une marchandise) » [av. 1683, Colbert] ; puis, au XXe s., le préfixe marque la répétition de l'action dans divers emplois de sortir, transitif, « faire sortir une nouvelle fois (un livre, un film) » et « faire apparaître (qqch.) de nouveau », « répéter ».
■  Le dérivé RESSORTANT, ANTE adj., appliqué à ce qui fait saillie (1876), est rare.
■  Le déverbal de ressortir, 1 RESSORT n. m. est attesté au XIIe s. au sens d'« égout », proprement « ce qui permet de sortir » (Cf. sortie), relevé encore dans le nord de la France en 1629. L'idée de « recul » (Cf. ci-dessus arriere resortir) correspond en ancien français à l'emploi figuré pour « restriction » (1170), d'où « action de renoncer » (1255) et sans ressort correspondant à « sans restriction » (v. 1260). ◆  Par ailleurs le mot a eu les sens figurés de « recours » (v. 1155), « ressource, secours, remède » (1160-1170). Celui de « rebondissement, élan » (v. 1220) prépare la valeur métonymique lexicalisée dans 3 ressort (ci-dessous). De ces emplois, tous disparus, procèdent en effet les acceptions qui font distinguer deux homonymes en français moderne.
2 RESSORT n. m., spécialisé dans le domaine juridique, désigne d'abord (v. 1210) le recours à une juridiction supérieure, la justice de ressort (1756, Voltaire) étant le tribunal auquel on pouvait en appeler contre une décision du tribunal féodal, et aujourd'hui (1875) un tribunal auquel on peut faire appel. Par extension, le mot désigne (1265) la limite de compétence d'un corps judiciaire, puis en général le domaine où s'étend la compétence d'une juridiction (mil. XIVe s.) et par extension d'une personne quelconque, dans la locution courante (être) du ressort de (1694). ◆  Ressort se dit de la circonscription territoriale dans laquelle s'exerce la juridiction d'un tribunal (1353), mais ne s'est pas maintenu au sens de « juge, arbitre » (v. 1360). La locution (juger) en dernier ressort « sans appel » (1529), en droit, s'oppose à (juger) en premier ressort (1636), sorti d'usage ; en dernier ressort signifie « finalement » (1667), selon la même évolution que en dernière instance*.
■  Par ailleurs, l'idée de secours s'était maintenue dans le vocabulaire général et ressort s'est dit pour « refuge, lieu de retraite » (v. 1360) encore chez d'Aubigné (déb. XVIIe s.) et « abri » (1460), « recoin » (v. 1560).
■  De l'emploi juridique procède un autre verbe 2 RESSORTIR v. tr. ind. (v. 1320, Bloch et Wartburg sans précision de sens, puis 1462) au sens de « recourir à une juridiction supérieure » qui a disparu. Le verbe signifie encore « être de la compétence d'une juridiction » (1474) mais ne s'est pas maintenu pour « comparaître en jugement » (1481). ◆  Ressortir a pris l'acception figurée de « se rapporter à (un domaine) », parfois construit avec de (1585), et plus souvent avec à (av. 1741).
■  Le dérivé RESSORTISSANT, ANTE adj. s'applique à ce qui est du ressort d'un tribunal (fin XIVe s., puis 1694). ◆  Le mot est employé comme nom (déb. XXe s.), à propos d'une personne qui ressortit à une autorité, à un statut, emploi usuel dans un contexte administratif. En français d'Afrique, il s'applique à une personne qui se trouve, qui vit dans un lieu et qui est originaire d'un autre lieu (les ressortissants sénégalais du Mali, au Mali).
3 RESSORT n. m., avec l'idée de « rebondissement » qui correspond aux premiers emplois de ressortir, désigne (1260, resort de sereüre) une pièce, souvent métallique, faite de façon qu'elle se rétablit dans son premier état après avoir été comprimée, d'où à ressort « qui fonctionne au moyen d'un ressort ». Cet emploi assez général s'est spécialisé, le mot désignant au XVIIe s. (1694) un mécanisme destiné à amortir les secousses (1694, pour une voiture), notamment un dispositif métallique en hélice (dit ressort à boudin, 1676) ou reposait sur les propriétés élastiques de lames de métal (ressort à lames, 1875). Ressort de rappel (1876) précise la nature du processus. Le mot s'est dit jusqu'à l'époque classique avec une valeur active d'un mouvement fait par contrecoup (1416). Il s'est employé plus longtemps au figuré pour désigner un moyen plus ou moins secret qui sert à faire réussir une intrigue (v. 1560, resourd ; déb. XVIIe s., ressort) ; cette acception a vieilli. ◆  Par allusion aux ressorts d'une horloge ou d'un automate, mais toujours avec le sémantisme de l'action, le mot a pris (v. 1570) le sens de « cause agissante, force qui fait se mouvoir qqch. », vieilli en parlant des êtres vivants, comme l'emploi pour désigner ce qui stimule l'activité (1580) et le sens de « force, énergie » (1680), sauf dans l'usage littéraire et lorsque la métaphore du ressort concret est sentie, avec des verbes comme tendre, détendre. Cette valeur s'est réalisée dans plusieurs locutions : n'aller que par ressorts « n'avoir que des mouvements contraints » (1663), ne se remuer (1694) ou n'agir que par ressort (1718) « par des influences », esprit à ressorts « souple » (1765), sorties d'usage ; ce type d'emploi s'est conservé dans donner du ressort (à) « plus de vigueur » (1762), avoir du ressort « de la force morale » et être sans ressort, manquer de ressort. ◆  Pièce à plusieurs ressorts a désigné (1611) au théâtre une pièce où plusieurs actions sont agencées. ◆  Le mot s'est dit aussi (1690) de la propriété de certains corps de reprendre leur position première, remplacé par élasticité* ; faire ressort « agir par élasticité » (1647, trad. du lat. de Descartes) est compris aujourd'hui comme « agir à la manière d'un ressort ».
❏ voir ASSORTIR, SORT, SORTE.
2 SORTIR v. tr., emprunt très ancien au latin sortiri, « tirer au sort », dérivé de sors, sortis (→ sort) comme le verbe courant (→ 1 sortir), a eu en ancien français le sens de « tirer au sort » et est entré dans le vocabulaire du droit en moyen français (1401). Cet archaïsme juridique, avec une conjugaison distincte (sortiss- à l'imparfait, au participe...), s'emploie pour « obtenir, avoir (un effet juridique) » (la sentence sortissait son plein effet).
S. O. S. n. m. représente (1908 ; proposé en 1906) une suite de trois lettres aisément perceptibles de l'alphabet morse, codées par 3 points, 3 traits, 3 points ; elles ont été interprétées (à tort) comme les initiales de l'anglais save our souls « sauvez nos âmes ».
❏  S. O. S. désigne un signal de détresse émis en morse par radiotélégraphie ou signal lumineux. Par extension, il se dit d'un appel pour secourir d'urgence des personnes en danger ; de là l'emploi figuré de lancer un S. O. S. (1964 dans les dictionaires) et le sens de « demande pressante d'argent ». ◆  S. O. S. suivi d'un substantif s'utilise (v. 1959) dans des expressions nommant des associations dont le but est de secourir (par exemple S. O. S. Médecins), d'apporter une aide morale (S. O. S. Amitié) ou de défendre les droits de l'homme (S. O. S. Racisme, association créée en France en 1984 pour combattre le racisme et la xénophobie).
SOSIE n. m. apparaît dans le titre d'une comédie de Rotrou (1638, les Sosies) qui reprend, en le francisant, le nom d'un personnage d'une pièce de Plaute, Sosia, nom de l'esclave d'Amphitryon dont Mercure prend momentanément l'apparence ; le mot latin est emprunté au grec Sôsias qui est aussi le nom des esclaves dans la nouvelle comédie. L'Amphitryon de Molière (1668) a popularisé ce personnage.
❏  Par allusion à l'esclave d'Amphitryon, sosie se dit d'une personne qui ressemble à s'y méprendre à une autre ; le mot est d'abord employé par Voltaire (1738) à propos de l'auteur d'un livre qu'on lui attribue faussement.
■  Il a pris le sens concret de « personne qui ressemble à qqn d'autre à s'y méprendre » (1792). ◆  Il s'est spécialisé en psychiatrie (XXe s.), l'illusion des sosies désignant un trouble mnésique dans lequel le sujet tient ceux qu'il connaît non pour eux-mêmes, mais pour leurs sosies.
SOSTENUTO adv. et adj. est un emprunt musical (1803) à l'italien, mot qui correspond au français soutenu. Il s'applique, en musique classique, à un mouvement égal et à un rythme soutenu (jouer sostenuto ; allegro sostenuto). On écrit aussi sosténuto.
? SOT, SOTTE adj. et n., attesté au XIIe s. (v. 1155), est d'origine inconnue. La plus ancienne attestation en latin tardif se trouve dans une lettre adressée à Charlemagne par l'évêque d'Orléans, Theodulf (fin VIIIe s.), dans laquelle est introduit un jeu de mots sur sottus et Scottus (Scot Érigène). Sot a été rapproché d'une famille de mots signifiant « souche, tronc », ce qui convient pour le sens mais est peu convaincant pour la forme, les mots cités ayant un double t initial. Sot pourrait être un mot expressif ; on trouve en effet dans d'autres langues romanes des mots équivalents avec un z initial (italien zotico, espagnol zote), ainsi que dans les langues slaves (slovène šutek). P. Guiraud propose de rapporter le mot au latin classique sōpire « endormir, engourdir » (→ assoupir), à partir d'une forme °sŏpitus où l'o long serait devenu bref.
❏  Sot se dit (v. 1155) d'une personne qui a peu de jugement, peu d'intelligence ; il a eu le sens fort de « fou » (fin XIIe s.) employé à partir du XVe s. à propos de choses qui dénotent l'absence de jugement (v. 1450). Sot n. m. a désigné (XIVe s.) un acteur jouant dans les soties (ci-dessous), un personnage de bouffon ; cette acception est propre à l'histoire littéraire, de même que fou (prince des sots, 1512). ◆  Le mot est aujourd'hui surtout régional et marqué d'affectation en français général. ◆  Il s'est dit de paroles ou d'actes impudiques (1538) [Cf. ci-dessous sottise] et spécialement (1584) en parlant d'un cocu. ◆  À l'époque classique, être sot de qqn (1656) ou après qqn (1687) signifie « amoureux jusqu'à la bêtise » (Cf. ci-dessous assoter). ◆  L'adjectif qualifie une chose ridicule (1559), d'où le proverbe il n'y a pas de sot métier. ◆  À l'époque classique, il s'est dit (1655) d'une personne dupée ou privée momentanément de jugement, du fait de la surprise, de l'embarras ; sot a aussi qualifié une chose mauvaise (1690), surtout dans un contexte négatif : ce n'est pas sot. ◆  Sot substantivé s'emploie au XXe s. avec une valeur affaiblie, équivalent de benêt, bêta, surtout dans petit sot, grand sot, adressé à un enfant et lié à sottise (ci-dessous).
❏  SOTTEMENT adv. s'emploie (v. 1190) comme bêtement, étourdiment. Il est, comme sot, régional ou affecté.
■  SOSOT, SOSOTTE adj. et n. (1891 au fém.) signifie « un peu sot ».
SOTTISE n. f. désigne (XIIIe s., sotise) un manque d'intelligence et de jugement (la sottise) et (1538) une action ou une parole qui dénote ce défaut, puis le caractère stupide d'un acte, d'une chose. ◆  Le mot a été utilisé au XVIe s. (1516) pour « sotie » (ci-dessous). ◆  C'est l'idée d'« acte répréhensible » parce que marquant socialement l'absence de jugement, qui explique l'emploi euphémistique pour « acte amoureux » (XVIe s., isolément), dans faire la sottise (1660), puis faire des sottises et le sens de « parole ou acte qui choque la décence » (1690), sorti d'usage. ◆  La locution faire une (des) sottise(s) se dit spécialement (1672) en parlant d'un enfant pour « faire ce qui n'est pas bien », qu'il s'agisse d'une maladresse ou d'un acte de désobéissance. ◆  Sottises n. f. pl., « mots injurieux » (av. 1673), familier, est aujourd'hui régional ; cet emploi continue ceux de sot et de sottise impliquant un manquement à la pudeur. ◆  Par affaiblissement du premier sens, le mot se dit (1671) d'une chose de peu d'importance, équivalent de bêtise, babiole.
■  Le dérivé SOTTISIER n. m. a désigné une personne qui dit beaucoup de sottises (mil. XVIIe s.), sens relevé jusqu'en 1878. ◆  Le nom s'emploie comme bêtisier, pour un recueil d'anecdotes, de chansons libres (av. 1686), puis au XIXe s., de platitudes, de sottises relevées chez des auteurs connus.
SOTIE (v. 1190) ou SOTTIE n. f. (v. 1283), employé jusqu'au XVIIIe s. pour « sottise », s'est spécialisé comme terme d'histoire littéraire (1483), désignant une farce de caractère satirique représentant différents personnages d'un imaginaire peuple sot, allégorie de la société du temps ; le mot apparaît avec cette valeur dans le Jeu du prince des sots, Sottie, moralité et farce de P. Gringoire (1512). ◆  Gide a repris le mot (1913, sotie) pour nommer un récit ironique, les Caves du Vatican.
ASSOTER v. tr. a signifié « tromper (qqn) » [1160-1170], acception encore relevée dans Littré. ◆  Il s'est dit aussi pour « devenir sot » (v. 1175, intr.) et pour « rendre sot » (v. 1175, v. tr. ; v. 1190, assoté) et spécialement « rendre sot par excès d'amour » (XVe s.), surtout au passif (être assoté) et au pronominal (une fois au XIVe s., s'asoter), dans s'assoter de qqn « s'amouracher sottement » (1548). ◆  La variante assotir (v. 1190), attestée jusqu'au XVIe s. (1549), a été reprise par quelques auteurs au XIXe s. (Delacroix, Michelet...).
■  Le composé RASSOTER v. tr. (fin XIIe s.), intensif de assoter, se rencontre encore quelquefois au participe passé rassoté, ée, adjectivé pour « rendu fou, abruti (par une idée fixe) ».
Le composé SOT-L'Y-LAISSE n. m. inv. désigne familièrement (1798 ; solilesses, 1744, Potier, en français du Canada) un morceau délicat d'une volaille, assez peu apparent pour que « le sot l'y laisse ». Il a remplacé fol l'y laisse (fin XIVe s., d'un morceau de cerf).
? SOTCH n. m., mot attesté en 1901, pourrait provenir d'un mot dialectal occitan, d'un radical supposé prélatin (peut-être gaulois, on a proposé un radical °tsotto « trou, enfoncement ») pour désigner une grande dépression, une « doline », d'abord dans les Causses.
SOTÉRIOLOGIE n. m., mot didactique chrétien, est formé (1871) du grec sôterion et de -logie. L'adjectif sôterios est dérivé de sôter « sauveur ». Le mot désigne en théologie une doctrine du salut par un rédempteur (dans le christianisme, par le Christ).
L SOU n. m., représente la réfection (v. 1200) de solt (fin XIe s.), sol (v. 1175), formes issues du latin solidus, variante soldus, substantivation en bas latin de l'adjectif du latin classique solidus « massif » (→ solide), spécialisé pour désigner une pièce d'or massif. Solidus, soldus a fourni l'ancien provençal sou (1157), sol (1160), l'italien soldo, le catalan sou, le portugais solda.
❏  Dans les anciens systèmes monétaires et jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, le mot, sous les formes solt, puis sol et sou, désigne en France une pièce valant le douzième de la livre, soit douze deniers, d'abord en or, puis en argent et divers métaux. La forme 3 sol, encore en usage au XVIIe s., se maintient au XVIIIe s. (1798, Académie) dans quelques expressions, mais elle est considérée comme archaïque par Féraud (1788) en emploi absolu ; on la relève encore par archaïsme littéraire au XIXe s. (Stendhal, 1831, et même Maupassant, 1885). Le mot était qualifié pour indiquer le lieu où la monnaie frappée, par exemple sol parisis pour le sou frappé à Paris (1350), sol tournois pour celui frappé à Tours (1547, sol tournoys). Ces deux syntagmes, encore relevés dans l'édition de 1798 du Dictionnaire de l'Académie française, sont aujourd'hui des termes d'histoire. ◆  Avec l'établissement du système décimal pendant la Révolution française, le mot est conservé, mais pour désigner une pièce de cinq centimes, valant le vingtième du franc ; petit sou s'appliquait à cette pièce et gros sou (1845) à celle de dix centimes ; on a dit vingt sous pour « un franc », cent sous pour « cinq francs » (1871) ceci encore après le changement de valeur monétaire de 1960.
■  Sou s'est spécialisé en ancien français par métonymie au sens de « solde payée aux soldats » (v. 1170, souz n. m. pl. ; 1265, sout n. m.) mais a été remplacé par solde, emprunté à l'italien (→ 1 solde n. f.). ◆  On relève encore au XIXe s. un emploi métonymique analogue : les trente-sous, n. m., était le sobriquet donné aux gardes nationaux mobilisés pendant la guerre de 1870-1871, qui recevaient une solde de ce montant (1883, A. Daudet).
■  Le mot entre dans de nombreuses locutions dont certaines restent vivantes. Au XIIIe s. un sol de la livre désignait un profit d'un vingtième (1283), d'où à l'époque classique (1668) sou pour livre, rapport de un à vingt ; venir au sol la livre signifiait « être payé à proportion de sa mise » (1549) ; sou par livre a désigné à l'époque classique une taxe sur divers objets, correspondant au vingtième de leur prix (1690). Cette idée du vingtième se retrouve dans le sou pour (par) livre (av. 1850), par franc (déb. XXe s.) désignant une remise d'un sou pour tout achat d'une livre, plus tard d'un franc, consentie par les fournisseurs aux gens de maison faisant des achats.
■  Les locutions se multiplient au XVIIe s., époque où sont attestés plusieurs emplois du mot : sou désigne une pièce de monnaie quelconque (1690) et, à cause du peu de valeur du sou, le mot signifie « petite quantité » dans un sou de (qqch.) [1668] ; il équivaut, dans des locutions négatives, à « pas d'argent du tout » par exemple dans être sans un sou (1681 ; se trouver sans un sol 1642), d'où par ellipse être sans un, familier (XXe s.) ; cette dernière locution connaît des variantes : être sans le sou (1775), d'où un SANS-LE-SOU n. m. (1875), être sans un sou vaillant (1904), qui succède à n'avoir le sou (1561), pas un sou vaillant (1690), n'avoir pas un sou (1692), puis n'avoir ni sou ni maille, vieilli (maille « moitié d'un denier ») ou pas le sou (1661), pas le premier sou (1694). ◆  Dans les emplois où le mot désigne une petite somme, il peut être précédé d'un nombre : n'avoir pas (pour) un sou ou pour deux sous de qqch. signifie (1876) « être totalement dépourvu (d'une qualité, d'un trait de caractère qui fait défaut) ». Ne pas valoir un sou équivaut (XXe s.) à « n'avoir aucune valeur » et d'un sou, de quatre sous correspond à « sans valeur ». Quatre sous correspond à « très peu d'argent » dans manger ses quatre sous « perdre le peu qu'on possédait » (1871), les quatre sous de qqn « le peu d'argent qu'il a » (1875) ; le titre français d'une pièce de B. Brecht, Dreigroschen Oper (l'Opéra de trois groschen), est l'Opéra de quat'sous. ◆  Familièrement, s'embêter à cent sous de l'heure, « s'ennuyer mortellement », signifie proprement « pour peu d'argent ».
Tous ces emplois du mot concernent la France. En français du Canada, puis du Québec, l'histoire du mot commence avec Jacques Cartier, qui emploie comme ses contemporains la forme sol (1536). Sol a vécu en français d'Amérique du Nord jusqu'au milieu du XIXe s. (calendrier pour trente sols, 1867). On a dit encore être sans le sol en 1888. Sou apparaît au Bas Canada en 1678 (à Québec). Sous le régime de la Nouvelle-France, le sol ou sou est la vingtième partie de la livre, divisé en douze deniers, comme en France. Le sou ou sol marqué, valant quinze deniers, s'est employé, en France (de 1679 à 1769) et au Canada (où il est passé en anglais). Les emplois du mot sont alors semblables à ceux de France, sinon qu'on emploie aussi sol du pays, puis (1707) sou du Canada, par rapport au sol de France, à la fin du XVIIe s. et jusqu'à 1720. Avec l'instauration du régime et du système monétaire anglais, sou s'emploie dans les trois systèmes ; il est intégré au système anglais (comme monnaie de la livre et du chelin — en français) et au système de la piastre*. Différentes pièces sont désignées par des expressions spécifiques (sou au bouquet, sou de l'habitant, etc.), selon l'image gravée. Lorsque le système monétaire canadien est instauré en 1858, le sou devient la cent-vingtième partie de la piastre* décimale ou dollar ; cette valeur du mot est attestée en 1867. C'est à cette époque qu'apparaissent les expressions désignant des pièces valant un multiple de ce sou : un six sous, un trente sous, etc. Elles s'emploieront jusqu'aux années 1920-1930, et l'une d'elles subsiste dans la locution figurée changer quatre trente sous pour une piastre (deux sommes équivalentes). Quant à la valeur du sou ramenée à un centième de la piastre, qui en fait un synonyme de cenne (cent), elle suit immédiatement le passage au système décimal (1859). Le sou noir est alors une pièce d'un sou en alliage de cuivre. Le mot subsiste au détriment de l'officiel centin (1859-1907), puis à côté de cent, officiel en 1907. Les expressions figurées plus récentes sont souvent identiques à l'usage européen, « petite somme », sauf avec un sou noir ou ne pas valoir cinq sous. ◆  Sou, avec la valeur qu'il a en France, s'emploie aussi en français d'outre-mer. En français mauricien, le mot désigne le centième de la roupie.
Revenant aux emplois du mot en français de France, dans plusieurs locutions, l'idée de « petite somme » est liée à celle d'accumulation : sou à sou (1709), sou sur sou (1836), sou après sou, après des verbes comme économiser, amasser ; c'est du thème de l'économie que procède la locution proverbiale un sou est un sou « il ne faut pas gaspiller » (attesté XXe s.), faussement tautologique puisque sou y désigne d'abord la pièce de monnaie, puis la valeur qui lui est attribuée. Depuis la fin du XIXe s., le pluriel sous s'emploie familièrement pour « de l'argent » (av. 1880), dans avoir des sous « être riche » (1887), compter ses sous (1932), être près de ses sous « être très économe, avare » ; des sous ! « de l'argent ! » s'utilise comme slogan par des manifestants qui exigent une augmentation. ◆  C'est aussi au XXe s. que gros sous, pluriel à valeur collective, désigne péjorativement l'argent, le profit, l'intérêt, par exemple dans une question de gros sous. Enfin, l'avarice est exprimée par un composé du mot, grippe-sou, l'idée d'« agripper » étant remplacée par celle d'« adorer », en français québécois, avec baise-la-piastre*.
■  La locution vieillie propre comme un sou (1794, Restif), comme un sou neuf (1893) fait allusion au brillant de la pièce qui vient d'être frappée ; on dit aussi familièrement nickel. ◆  Sou « pièce de monnaie » est repris dans appareil à sous (1936), machine à sous (v. 1960) « appareil où l'on joue des pièces de monnaie » et « distributeur automatique (où l'on glisse une pièce de monnaie) ».
❏ voir CONSOLIDER, CONSOUDE, GRIPPER (GRIPPE-SOU), SOLDAT, 1 SOLDE, 2 SOLDER, SOLIDAIRE, SOUDARD, SOUDER, SOUDOYER, SOULTE.
SOUAHÉLI, IE ou SWAHILI adj. et n. m. est emprunté (1875, Larousse suaheli ; 1881, swahili) par l'intermédiaire de l'anglais, à l'arabe sawāhil, proprement « bords de la mer » (→ Sahel). On trouve les variantes souahili (1873), swahéli (1922) ; la forme swahili est utilisée par les spécialistes.
❏  Le mot désigne la langue bantoue, écrite depuis le XVIe s. en caractères arabes, puis latins, qui est parlée aux abords de la côte africaine de l'océan Indien (Kenya, Tanzanie, nord-est du Zaïre) sous une forme simplifiée et normalisée. Langue officielle de la Tanzanie, elle sert de langue véhiculaire à de nombreuses populations d'Afrique de l'Ouest.
SOUA SOUA adj. et adv. est un emprunt oral à l'arabe algérien, où l'expression signifie « également », d'où « parfaitement ». Le mot est entré en argot de France à la fin du XIXe s. (1898 dans Esnault), sans doute par les troupes françaises d'Algérie, comme beaucoup d'autres arabismes. Il a été diffusé pendant la guerre de 1914-1918, alors altéré en SOIN-SOIN (1916 ; Galtier-Boissière l'écrit soing-soing, par remotivation, sur soigné). L'adjectif et l'adverbe se sont employés au moins jusqu'au milieu du XXe s., au sens de « parfait, réussi » et « parfaitement ».
SOUBASSEMENT → BAS
SOUBIQUE n. f., emprunt probable à un mot malgache, désigne en français de Madagascar un grand panier sans anses servant au transport des fruits et légumes (Cf. couffin) et aussi, également à la Réunion, un panier à provisions en paille tressée à anses. Le mot s'applique, à la Réunion, aux sacs plastiques fournis par les supermarchés.
SOUBISE n. f., (1825) vient du nom de Charles de Rohan, prince de Soubise et maréchal de France (1715-1787).
❏  Le mot s'est employé au XIXe s. pour désigner et qualifier une sauce faite à base d'oignons, de beurre et de farine. ◆  Soubise se dit aussi (1904) d'un ornement au bas de la manche des officiers et sous-officiers de zouaves et de tirailleurs, composé de tresses dorées garnies de petits boutons.
SOUBRESAUT n. m. est la réfection (v. 1410) de soubersault (v. 1340-1370), emprunté avec métathèse soit au provençal sobresaut, attesté à l'époque moderne mais antérieur, soit à l'espagnol sobresalto (attesté v. 1600, mais antérieur) ; ces deux mots sont formés comme sursaut, de sobre « par-dessus, sur », du latin super (→ super-), et de saut, espagnol salto, du latin saltus (→ saut). On relève en moyen français les altérations sombresault (1530), soublessault et soufplesaut (1547).
❏  Le mot apparaît au milieu du XIVe s. avec le sens disparu de « saut dans lequel le corps fait un tour entier sur lui-même », appelé aujourd'hui saut périlleux, qu'a conservé l'anglais sommersault de même origine, d'où faire faire le soubresaut « culbuter » (av. 1650, Scarron) ; il a signifié aussi, aux XVe et XVIe s., « gambade, saut d'un acrobate ». Depuis le XVIIe s. soubresaut désigne (1659, Duez) un saut brusque et imprévu, spécialement celui d'un cheval qui veut désarçonner son cavalier. De là, par analogie, l'emploi pour « à-coup, secousse imprimée par un véhicule » ; le sens figuré de « contretemps, obstacle imprévu » (1690, Furetière ; encore en 1771) est sorti d'usage. ◆  Appliqué au corps humain, soubresaut se dit (1621) d'un mouvement convulsif et violent, spécialement, en médecine, du tressaillement spasmodique des tendons ; par figure, le mot s'emploie (1774) pour désigner un mouvement désordonné, intermittent (les soubresauts de la conscience). Le mot désigne dans le vocabulaire de la danse (1906) un saut vertical effectué avec le buste droit, les jambes serrées et les pointes tendues.
❏  Le dérivé SOUBRESAUTER v. intr. « faire des soubresauts », littéraire, est d'abord attesté en parlant d'un cheval (1833) ; il a signifié « procéder par mouvements brusques », en parlant d'un orateur (1845).
SOUBRETTE n. f. est emprunté (1630) au provençal soubreto, féminin de soubret « affecté, qui fait le précieux », lui-même dérivé de l'ancien provençal sobrar « vaincre » (XIIe s.), « surpasser, dépasser » (XIIIe s.), issu du latin superare « s'élever au-dessus », au figuré « avoir le dessus », « être en abondance », « être de reste ». Superare, qui avait abouti à l'ancien français sovrer « surmonter » (attesté déb. XIVe s.), est dérivé de super (→ super-).
❏  Soubrette, dont le sens est dû à la valeur du diminutif -ette, la valeur étymologique de soubr- n'étant plus perçue dès le XVIIe s., désigne (1630) une femme de chambre délurée et, dans l'usage littéraire, une servante de comédie. Le mot a vieilli et ne s'emploie plus que par évocation du passé ou ironiquement (une accorte soubrette, etc.).
SOUBREVESTE → VESTE
G SOUCHE n. f. est la réfection (v. 1220) de çoche (fin XIe s.) issu d'un gaulois °tsŭkka, correspondant à l'allemand Stock et à l'anglais stock (→ stock) ; on relève en picard et en normand la forme chouque et il existe des représentants de °tsŭkka en ancien provençal (zoca), en italien (soc, socca), en espagnol (zoque). Diez avait rapproché souche du latin soccus « chaussure de bois » et « base, socle » (→ socque). Pour P. Guiraud, le mot représenterait un croisement du gaulois °tsŭkka et du latin soccus, ce qui expliquerait l'alternance des variantes en o et en u (normand chuque, berrichon suche).
❏  Souche désigne (fin XIe s.) la partie restante d'un tronc, avec les racines, quand un arbre a été coupé ; le mot entre avec cette valeur dans des locutions comparatives : gésir (fin XIIe s.), rester (v. 1175), être (XIVe s.) comme une souche « inerte, immobile », dormir comme une souche « profondément » (XXe s.) et une souche s'emploie pour parler d'une personne lourde, stupide (1561). ◆  Par extension, souche désigne cette partie du tronc lorsqu'elle est arrachée du sol (XIIIe s., sous la forme couche). Il se dit aussi du pied d'une plante en majeure partie dans le sol (1314), spécialement un cep de vigne (v. 1370), emploi qui correspond à l'ancien provençal zoca (1143).
Dès le XIIIe s., le mot prend une valeur figurée ; il est employé pour « origine, source » (v. 1240) puis désigne spécialement (1376) la personne qui est à l'origine d'une suite de descendants. De là viennent faire souche « avoir des descendants » (1611), de bonne souche (1858), de vieille souche (attesté XXe s.), et de souche (notamment dans Français de souche), opposé à naturalisé, immigré. Avec cette valeur, le mot s'emploie en droit dans partage par souches (1871, succession par souches), opposé à partage par têtes. Cette acception fournit aussi l'emploi de souche « lignée » en biologie (v. 1960). De là, l'expression cellule souche, calque de l'anglais stem cell.
■  Par analogie du premier emploi, le mot désigne la partie d'une chose qui en forme la base, d'abord en vénerie (v. 1354) puis dans souche d'une cheminée « partie maçonnée qui s'élève sur le toit » (v. 1680), souche de clocher, de tourelle avec diverses spécialisations techniques. ◆  Souche se disait aussi du plus long des deux morceaux de bois de la taille, sur lesquels les boulangers notaient au moyen d'encoches ce qu'ils fournissaient à crédit (1690). Par extension, le mot désigne (1808) la partie d'un document qui reste fixée à un registre, quand on en a détaché la partie à remettre à l'intéressé, d'où carnet à souches.
❏  Les dérivés et composés sont techniques ou archaïques.
■  SOUCHON n. m. « petite souche » (1295) est sorti d'usage.
■  SOUCHETTE n. f., d'abord « souche d'un jeune arbre » (1583), est le nom courant d'un champignon qui pousse en groupe au pied des arbres (1904).
■  1 SOUCHET n. m. désigne (v. 1354) une plante herbacée originaire d'Afrique, qui pousse au bord de l'eau, ainsi nommée à cause de ses rhizomes ; le souchet à papier fournissait le papyrus ; le souchet comestible d'Afrique est appelé en français d'Afrique amande de terre.
■  2 SOUCHET n. m. (1438, isolément ; puis 1760), d'origine incertaine, dérive peut-être de souche, à cause de la forme très élargie du bec de ce canard migrateur qu'on nomme aussi canard bec large, canard cuiller.
■  SOUCHETER v. tr. veut dire « vérifier dans une coupe, d'après les souches, le nombre d'arbres coupés ». Ce verbe, attesté en 1893, doit être très antérieur, à en juger par les dérivés. ◆  SOUCHETEUR n. m. (1638) est le nom d'agent qui correspond à SOUCHETAGE n. m. (1611, écrit chonquetage pour chouquetage), « contrôle exercé sur les ventes de bois des forêts royales », puis « action de soucheter » (1669) et « marquage des arbres à abattre » (1690).
DESSOUCHER v. tr. (1700), « débarrasser (un terrain) des souches qui restent », a fourni DESSOUCHEMENT n. m. (1795) ou DESSOUCHAGE n. m. (1905). ◆  ESSOUCHER v. tr. (1743 au Canada), synonyme d'essoucheter, a pour dérivés ESSOUCHEMENT n. m. (1864) ou ESSOUCHAGE n. m. (1837 en français du Canada) soit que les mots aient été formés en français canadien, soient qu'ils aient été négligés dans les textes et les recueils, en France.
■  ESSOUCHETER v. tr. est formé sur soucheter (1700) ; il a disparu, remplacé par essoucher.
À côté de dessoucher, DÉCHOUQUER v. tr. est en usage en français d'Haïti pour « arracher les souches d'(un champ) » et au figuré « destituer (qqn) violemment », ainsi que les dérivés DÉCHOUQUAGE n. m. et DÉCHOUQUEUR n. m., dans les deux sens du verbe.
SOUCHONG n. m. est une transcription française simplifiée (1842) de sao-tchon (1808), d'un mot chinois dont les deux caractères étaient transcrits siao et chong ou chung par les sinologues. Ce mot désigne un thé noir provenant de feuilles plus développées que le bourgeon terminal (appelé orange pekoe), nommé en anglais, selon le développement des feuilles (et la qualité décroissante), pekoe, pekoe souchong et souchong.
L 1 SOUCI n. m., d'abord écrit soucy (v. 1530), soulci (1538) puis souci (1600, O. de Serres), est une altération, d'après 2 souci, du nom féminin soussie n. f. (v. 1280), solcie (v. 1380), solsie (1464), issu du bas latin solsequia, proprement « qui suit le soleil ». Ce mot est composé du latin classique sol « soleil* » et de sequi « suivre* ». La variante soucicle (1334) est due à des influences analogiques. Cette évolution se traduit, encore au XVIIe s., par des variantes graphiques : souci est en concurrence avec solsie, soulcie (1547, conservé dans moineau soulcie, nom d'un petit passereau), etc.
❏  C'est le nom d'une plante commune à fleurs jaune vif ou orange (v. 1280, au féminin soussie) qui pousse dans les champs (l'expression souci des champs est plus récente : 1780) ou est cultivée (souci des jardins) ; par extension, le mot désigne aussi la fleur de cette plante. Souci d'eau est le nom usuel de la lysimaque (1550, soulcy) et du populage (1765).
■  Par allusion à la couleur de la fleur, le mot a désigné un drap couleur de souci (1313, soussie ; 1334, soucicle). ◆  En zoologie, le mot désigne (1780, Valmont de Bomare) un papillon de jour dont les ailes bordées de noir sont de couleur orangée.
■  Le mot a désigné en général la couleur jaune (1636, couleur de souci ; 1791 n. m.) ; jaune comme souci (1690), comme un souci (1835) a signifié « avoir le teint jaunâtre ».