SOUTACHE n. f. est emprunté (1842) au hongrois sujtás « bordure, galon », qui est aussi à l'origine de l'espagnol soutache, du portugais sotache.
❏
Le mot désignait une tresse de galon qui s'attachait au shako des hussards, et une passementerie, ornement distinctif sur les uniformes (1878).
Par extension, c'est le nom d'un petit galon qui orne certaines pièces de vêtement masculin ou féminin (1857).
❏
SOUTACHER v. tr., « orner de soutaches » (1849), est rare.
SOUTANE n. f. est une réfection (1558), d'après sous, de sottane (1550), emprunté à l'italien sottana, substantivation (XVIe s.) de l'adjectif sottano « de dessous », dérivé de sotto « dessous », issu du latin subtus (→ sous).
❏
Soutane, écrit aussi
soutanne, a désigné un vêtement long, porté par les femmes sous le manteau, puis une sorte de jupe (1564 ; var. 1582,
sotane). Le mot s'est spécialisé comme nom de la robe portée par les juges, les avocats, les médecins (1564), cela encore à la fin du
XVIIIe s. (1798).
■
Par ailleurs, il désigne l'habit long porté par les ecclésiastiques, boutonné de haut en bas sur le devant (1599, sotane), seul emploi moderne et courant du mot, bien que ce vêtement ecclésiastique soit largement abandonné aujourd'hui dans de nombreux pays.
◆
Par métonymie, la soutane s'est employé (1694) comme symbole de l'état ecclésiastique et (XIXe s.) pour désigner les prêtres ; la locution figurée sa soutane ne tient qu'à un bouton, « il n'est pas vraiment engagé dans l'état ecclésiastique » (1690), est sortie d'usage.
❏
SOUTANELLE n. f. a désigné (1659) une petite soutane descendant jusqu'aux genoux ; c'est aussi (1896, Verlaine) le nom donné à une redingote à collet et à revers portée par les prêtres de certains pays (Angleterre, Allemagne, Australie), avant qu'ils ne portent le costume dit de clergyman.
■
SOUTANIER n. m. s'est employé péjorativement (1886, L. Bloy) pour « prêtre ».
■
Le diminutif SOUTANETTE n. f., « petite soutane » portée par les enfants de chœur, est rare.
■
Le composé ENSOUTANÉ, ÉE adj. et n. m. s'applique familièrement à un prêtre vêtu d'une soutane (1610, ensoultané) et un ensoutané signifie péjorativement « prêtre » (1902).
◆
Le dérivé ENSOUTANER v. tr., « faire prendre la soutane à (qqn) » [1845], est péjoratif et rare.
SOUTE n. f. est emprunté (v. 1300) à l'ancien provençal sota, substantivation de sota « sous », préposition issue d'un latin populaire °subta, altération, d'après le latin classique supra, de subtus « sous » (→ sous).
❏
Soute désigne, comme son étymon provençal, l'espace situé dans les cales et l'entrepont d'un navire et servant de magasin, d'entrepôt.
◆
Le mot s'est employé par extension pour sous-sol (XVe s.) et, par figure, dans la locution estre plus bas qu'en soubte « être dans une situation désespérée » (fin XVe s.), sortie d'usage.
◆
Par extension (1939), c'est le nom de l'espace réservé au transport des marchandises dans un avion. Par métonymie (v. 1970), les soutes signifie « combustible liquide pour les navires ».
❏
SOUTIER désigne en marine (1870 dans Jules Verne) le matelot chargé de l'arrimage des objets d'équipement et, spécialement, du service de la soute à charbon.
■
SOUTER v. tr., terme technique, signifie « fournir en combustible un navire » ou « en recevoir » ; en dérive SOUTAGE n. m. (mil. XXe s.).
■
Le verbe préfixé ENSOUTER v. tr., tiré de soute (1922), est sorti d'usage.
L +
SOUTENIR v. tr. représente la réfection (déb. XIIIe s.) de sostenir (v. 880), soustenir (XIIe s.), formes issues d'un latin populaire °sustenire, altération du latin classique sustinere « tenir par-dessous, maintenir », « supporter », « arrêter, retenir » et au figuré « conserver en bon état », « entretenir, nourrir », « supporter, endurer », « prendre sur soi » et « suspendre, différer ». Ce verbe est composé de sub- marquant la position inférieure (→ sub-) et de tenere (→ tenir).
❏
Le verbe a repris la plupart des acceptions du latin. Il est d'abord employé au sens figuré de « supporter (qqch. de fâcheux) », encore relevé au
XIXe s. et sorti d'usage. Il a gardé le sens général de « maintenir dans une position d'équilibre », au propre et au figuré. Figurément, comme en latin, il se dit d'un aliment qui empêche de défaillir, en donnant des forces (v. 1050) et signifie « empêcher de disparaître, de fléchir, en apportant aide, réconfort », avec un complément désignant une chose abstraite (1080) ou une personne (v. 1190). Cette valeur a disparu en français d'Europe. Avec le sens de « aider financièrement »,
soutenir qqn s'utilise pour « aider à vivre, subsister » (v. 1170) ;
soutenir une affaire, une entreprise est relevé à la fin du
XVIIe s. (1690). Dans l'ordre abstrait,
soutenir qqn signifie aussi « prendre son parti » (
XIIIe s.) et
soutenir un État « lui apporter son aide » (1646).
■
Parallèlement, soutenir a le sens large concret et spatial de « maintenir (qqch.) en place » ; de là procèdent dès les XIIe-XIIIe s. plusieurs acceptions : « empêcher (qqn) de tomber » (v. 1175), « porter » en parlant de l'eau (1235).
◆
Avec une valeur temporelle, il se dit pour « aider à se continuer, faire durer » (fin XIIIe s.), d'où « pousser jusqu'au bout » (XIIIe s., soutenir un procès) et à l'époque classique « tenir jusqu'au bout », par exemple dans soutenir la gageure (1671).
◆
Soutenir s'utilise par ailleurs au sens de « faire valoir en appuyant par des raisons » (XIIIe s.), soutenir une cause, une doctrine correspondant à « continuer à la défendre contre des opposants » (XIIIe s.) et soutenir une opinion à « invoquer des arguments à l'appui » (XIVe s. ; 1538, soutenir que). Spécialement, soutenir une thèse de doctorat (1680) correspond en France à « en discuter avec un jury pour obtenir le titre de docteur » (Cf. ci-dessous soutenance).
Depuis le
XVIe s., l'idée de « supporter » se réalise avec le sens de « résister à (qqch. qui attaque) » [1538] ; avec cette valeur,
soutenir une armée (1553) est sorti d'usage, mais on dit encore
soutenir un assaut, une attaque, et au figuré
soutenir le choc « supporter qqch. de pénible » (1587).
◆
La valeur de « répondre à une exigence » se développe dans différents domaines ;
soutenir prend le sens de « se montrer digne de » dans
soutenir son honneur (1549),
soutenir son rang, son nom (1665),
sa réputation (1669), emplois disparus ou archaïques.
◆
On passe de cette valeur à celle de « continuer », temporelle, qui existait dès l'ancien français avec des compléments abstraits, et en droit (voir ci-dessus), dans
soutenir sa voix « en prolonger le son » (1611),
soutenir la conversation « la poursuivre, l'alimenter » (1663), toujours usuel.
◆
En danse, on a dit
soutenir le pas, un temps « conserver la cadence » (1690) et aujourd'hui
soutenir une attitude.
■
Avec l'idée de « maintenir », soutenir un cheval a signifié « l'empêcher d'aller trop tôt sur le terrain » (1611), puis a pris le sens de « le conduire d'une manière égale » (1680).
◆
Une métaphore de la valeur concrète ancienne s'applique en musique où le verbe s'emploie pour « servir de base à (une partie, une mélodie) » [la basse soutient le dessus, 1690].
■
Soutenir, au figuré « donner davantage d'éclat à (qqch.) » [1644], s'emploie concrètement pour « mettre en valeur » (1812), par exemple soutenir les tons clairs ; se soutenir v. pron. signifiant dans ce sens (1835) « conserver son éclat ».
◆
Se soutenir s'est employé aux XVIIe et XVIIIe s. pour « se maintenir » au figuré (v. 1639, se soutenir par les armes) et s'est dit spécialement de l'intérêt d'un ouvrage littéraire (v. 1560), d'un discours (1671, se soutenir bien). Le pronominal s'emploie aussi pour « ne pas s'amollir », en parlant d'une étoffe ; à propos d'une pièce de théâtre, il signifiait « continuer à être représentée » (1798). Avec un sujet humain, il correspond à « se maintenir dans une position d'équilibre » (1647) et, comme réciproque, à « se prêter assistance » (av. 1662).
◆
Ne pouvoir soutenir la vue (la présence) de qqn (milieu XVIIe s.) s'emploie pour « ne pouvoir la supporter » (emploi très littéraire), soutenir le feu pour « résister à l'épreuve du feu » a vieilli.
◆
Le verbe s'emploie également dans le domaine financier (1835, se soutenir, d'une valeur ; XXe s., transitif : soutenir les cours).
❏
Les dérivés de
soutenir ont eu diverses acceptions liées aux valeurs du verbe ; beaucoup ont disparu.
■
SOUTÈNEMENT n. m., réfection (XVIe s.) de sustenement (v. 1119) puis soustenement (v. 1170), a d'abord signifié « secours, assistance » et s'est dit de Dieu, pour « celui qui secourt les hommes ». Le nom a désigné aussi (v. 1170) le fait de se maintenir en vie et par métonymie (v. 1170) les vivres et le revenu.
◆
Il s'employait pour parler de ce qui soutient qqch., l'empêche de tomber (XIIIe s.), d'où le sens sorti d'usage (1265) de « fait de maintenir un immeuble en bon état ».
◆
Cette valeur ne subsiste que pour nommer un étai qui résiste à une poussée (1694), aujourd'hui dans des expressions comme mur de soutènement (1721).
◆
SOUTÈNEMENTS n. m. pl. (1690) a désigné en droit jusqu'à la fin du XIXe s. les documents fournis pour justifier la sincérité d'un compte.
■
SOUTENANCE n. f. a désigné jusqu'au XVIe s. la subsistance, les aliments (v. 1155, soustenance) et par métonymie le fait de se maintenir en vie (1270, soutenance). En ancien français, il se dit aussi pour « revenus » (XIIIe s.) et pour « appui moral » (XIIIe s.) et, dans le domaine concret, est synonyme de soutènement, pour le fait de maintenir en bon état un immeuble (1294) et l'action d'étayer (1456), ceci jusqu'au milieu du XVIIe siècle.
◆
D'après le sens pris beaucoup plus tôt par le verbe soutenir, soutenance s'emploie (1835) pour l'action de soutenir une thèse, un doctorat ; c'est le seul vivant aujourd'hui en français de France (on dit défendre une thèse et défense de thèse en Belgique).
◈
SOUTENEUR n. m., réfection (v. 1340) de formes comme
sosteneor (v. 1180), désignait celui qui aide, protège, défend ; à ce sens général, devenu archaïque avant le
XIXe s., correspondait la forme féminine
sousteneresse (mil.
XIVe s.). Ce rôle de défenseur étant souvent assuré par le soldat, le mot s'est employé pour « bretteur » (1713).
◆
C'est au
XVIIIe s. que le mot s'est spécialisé (1740), désignant celui qui vit de la prostitution d'une ou plusieurs filles publiques, donnant l'apparence de les protéger, de les « soutenir » ; cette acception s'est imposée au point que tous les autres sens ont disparu.
◈
SOUTIEN n. m., déverbal, a eu le sens de « secours » (
XIIIe s.) et désigne (mil.
XIVe s.) l'action de soutenir qqn dans l'ordre moral, spirituel, financier ou, spécialement (fin
XVIe s.), militaire. Le mot s'emploie concrètement à propos de ce qui maintient une chose dans telle ou telle position (1598). Rare avec la valeur active « action de maintenir » (1674), il a vieilli pour désigner l'action de soutenir les forces d'une personne (1636). C'est en blason le nom d'un ornement extérieur de l'écu, constitué par des objets inanimés placés de part et d'autre (1681).
◆
Soutien désigne aussi (1683) ce qui soutient une personne, par exemple un sentiment, une croyance, ainsi qu'une personne qui défend une cause, un groupe ; le mot s'est spécialisé pour désigner qqn qui subvient aux besoins matériels d'une ou plusieurs personnes (1828), d'où la locution
soutien de famille (1872).
◆
Il a pris (
XXe s.), d'après
soutenir, le sens de « secours financier » et s'emploie dans des expressions comme
soutien d'une monnaie, des prix.
■
SOUTIENS n. m. pl. désignait (1852) une pièce de lingerie féminine qui servait à soutenir certaines parties du corps.
■
Le composé SOUTIEN-GORGE n. m. (1904) [→ gorge] désigne le sous-vêtement qui soutient la poitrine féminine. Il a succédé à maintien-gorge, terme proposé par la marque Cadelle en 1889, mais le nom du sous-vêtement qui s'est imposé aux États-Unis vers 1930 sous la dénomination empruntée au français de brassiere, puis bra, ne s'est répandu qu'entre 1930 et 1935. La locution familière menteur comme un soutien-gorge « très menteur » (attesté 1936, Céline) témoigne de misogynie.
◆
En français d'Afrique, on dit SOUTIEN n. m., dans ce sens.
■
Le composé SOUTIEN-PIEDS n. m. pl. (1937), de pied, « appui pour les pieds », est rare.
◈
SOUTENANT n. m., substantivation du participe présent du verbe, a désigné la personne qui se défend contre un assaillant (v. 1310) et plus largement qui aide (
XIVe s.).
◆
Le mot a eu le sens concret de « point d'appui » (1611), par exemple d'une balance, d'où son usage en argot ancien pour « canne » (1837). Il s'est employé avec une valeur concrète pour qualifier un aliment qui sustente (1640).
◆
C'était le nom de la personne qui soutenait une thèse (1660) ; le mot n'a pas de féminin, les femmes n'ayant pas accès au doctorat à l'époque où il s'utilisait.
◈
SOUTENABLE adj., attesté au
XIIIe s. avec un sens peu clair (v. 1265,
sostenable), a signifié « qui vit, se soutient » (v. 1390,
soustenable). Cet adjectif s'applique (v. 1430) à une cause, une opinion qui peut se soutenir par des raisons valables.
◆
Dans la langue classique, il qualifie au figuré (1502,
soutenable) ce qui peut être supporté, seulement aujourd'hui dans une tournure négative (
XVIIe s.).
◆
Dans le contexte militaire, il s'est dit (1636) de ce qu'on peut défendre, ceci jusqu'au début du
XIXe siècle.
■
Le contraire, INSOUTENABLE adj., littéraire ou didactique, a le sens général de « qu'on ne peut soutenir », en parlant d'un effort, d'un sentiment (1440-1475, insoustenable), d'une opinion, d'une idée ou d'une lutte (1612, concurrence insoutenable). Il est sorti d'usage appliqué à une personne, un comportement (1762), remplacé par insupportable mais reste usuel à propos d'abstractions.
◈
SOUTENU, UE adj. se dit en termes de blason (1581) d'une pièce qui en a une au-dessous d'elle.
◆
L'adjectif s'emploie (1680) en parlant d'un style qui se maintient à un niveau élevé dans la hiérarchie sociale des discours, opposé à
familier*. Il s'applique aussi à ce qui est constant, régulier (fin
XVIIe s.,
effort soutenu). Il a le sens de « prononcé, accentué » dans
couleur soutenue (av. 1872).
SOUTERRAIN, AINE adj. et n. m., d'abord sousterrain (fin XIIe s.) composé de terrain, est la réfection de sozterrain (v. 1130) ; la graphie souterrain (1599) ne s'impose qu'à partir du XVIIe s., et la forme sousterrain est encore relevée en 1721 (dictionnaire de Trévoux). Avec une autre suffixation (latin -inus), susterrin (v. 1175), sousterin (v. 1190) s'est maintenu jusqu'au XVe siècle. Le mot est donc formé de sous et de terrain, ou terre suffixé, sur le modèle du latin subterraneus (subterraneum, n.), composé de sub- marquant la position inférieure (→ sub-) et de terra (→ terre).
❏
Souterrain, adj. s'applique (v. 1130) à ce qui est sous terre, le nom désignant (1160-1170, sozterrain) un passage souterrain, naturel ou artificiel. Un souterrain s'est dit aussi (1701) d'un local souterrain, naturel ou pratiqué par l'homme.
◆
Par figure, l'adjectif qualifie ce qui est caché, secret (1532, soubterrain) et, par extension, s'applique à ce qui, venant de l'intérieur de la terre, sort à sa surface (1685, d'une vapeur), à ce qui se trouve sous la surface du sol (1701, étage souterrain), à ce qui se développe sous terre (1872 ; tige souterraine) ou se fait sous terre (1874, travaux souterrains).
❏
Le dérivé SOUTERRAINEMENT adv., employé au figuré (fin XVIIe s.) et au propre (1836), est rare.
SOUTIRER v. tr., écrit soustirer (v. 1180), est reformé au début du XVIIIe s. (1721). Il est composé de sous* et de tirer*.
❏
Le verbe a signifié en ancien français « tirer un peu à soi (les rênes) ».
◆
Il réapparaît au sens de « transvaser doucement (par exemple du vin) d'un récipient à un autre, de manière que les lies et dépôts restent dans le premier » (1723), acception demeurée usuelle.
◆
En sciences, il s'est employé par analogie (1764) pour « faire sortir (l'électricité) d'un nuage orageux ».
■
En raison de la valeur expressive du verbe, soutirer qqch. à qqn (1773) correspond à « obtenir de lui, sans violence mais par des moyens peu délicats (ce qu'il ne céderait pas spontanément) ».
❏
Le dérivé
SOUTIRAGE n. m., « action de soutirer (du vin) » [1721], désigne par métonymie le vin soutiré (1874). En géographie, le mot se dit par analogie du prélèvement qu'un cours d'eau souterrain opère sur une nappe supérieure (
XXe s.).
■
Les autres dérivés sont techniques : SOUTIREUR, EUSE n. (1880) désigne la personne qui effectue le soutirage des liquides, notamment du vin ; SOUTIREUSE n. f. (XXe s. : 1934) est le nom donné à la machine qui fait passer le liquide d'une cuve de garde dans un récipient de commercialisation (on a aussi dit soutireur, n. m. 1880).
SOUTRA ou SUTRA n. m., emprunt (1842) au sanskrit sûtra, est didactique.
❏
Le mot désigne un aphorisme très concis « inspiré par des soucis mnémoniques » (L. Renou), et un recueil de tels aphorismes (ex. le Kâma soutra, le Yoga soutra).
L
1 SOUVENIR v. intr. et pron. est la réfection (XIIIe s.) de l'ancien français suvenir (1080), sovenir (v. 1130), et est issu du latin classique subvenire « venir en aide », « remédier à », « survenir » et par figure en latin impérial « se présenter à l'esprit ». Ce verbe, emprunté par ailleurs sous la forme subvenir*, est composé de sub- marquant la position inférieure (→ sub-) et de venire (→ venir).
❏
Souvenir, v. intr. est d'emploi littéraire, seulement en phrase impersonnelle, au sens de « revenir à la mémoire » (1080,
me suvient de ; XVe s.,
il me souvient de, que) d'où la tournure poétique
qu'il m'en souvienne.
◆
Le verbe s'est employé en ancien français au sens latin de « secourir » (1270-1275,
sovenir), éliminé par l'emprunt
subvenir.
◆
Se souvenir de qqch., de qqn (
XIVe s.), formé sur le modèle de
se rappeler*, signifie « avoir de nouveau présent à l'esprit » ; ce pronominal a succédé à la forme intransitive
souvenir de qqch. (
XIIIe s.). En emploi absolu (1876),
se souvenir correspond à « avoir la faculté d'évoquer les faits passés ».
◆
Le verbe a pris des valeurs particulières :
se souvenir de qqch. s'emploie au sens de « garder qqch. à l'esprit pour en tenir compte » (av. 1549), avec une nuance affective pour exprimer la reconnaissance, l'intérêt ou l'affection (aussi
se souvenir de qqn, 1677) ou au contraire la rancune (1636) ; dans ce cas, il s'est substitué à
souvenir à qqn de qqch. (fin
XVe s.) et a donné lieu à des expressions :
je m'en souviendrai ! (1798) marque le ressentiment et, par forme de menace,
il s'en souviendra ! équivaut à
il s'en repentira !
■
On a employé par euphémisme plaisant un SOUVENEZ-VOUS n. m. (1640) pour « soufflet », puis pour « syphilis ».
❏
2 SOUVENIR n. m., infinitif substantivé (fin
XIIIe s.), d'abord sous la forme
sovenir (
XIIIe s.), désigne ce qui revient ou peut revenir à l'esprit des expériences passées, et le fait de se souvenir ; le mot s'emploie en particulier (av. 1648) au sens de « mémoire ». Par métonymie, il désigne ce qui rappelle qqch. ou qqn (1690).
◆
De là spécialement
souvenirs n. m. pl. « narration des souvenirs » (v. 1720), analogue à
mémoires, et la locution
en souvenir de « pour garder le souvenir de » (1823).
◆
Par extension,
souvenir s'emploie pour désigner un objet qui rappelle la mémoire de qqn (1836), puis un bibelot qui rappelle un lieu, une région (
XXe s.).
■
En psychanalyse, SOUVENIR-ÉCRAN n. m. (XXe s.) désigne un souvenir ou un pseudo-souvenir d'enfance qui fait écran à un autre souvenir investi d'angoisse.
◈
SOUVENANCE n. f., littéraire pour « souvenir lointain » (
XIIe s.), s'emploie dans
à ma souvenance « autant que je m'en souvienne », expression récente (
XXe s.), qui reprend le moyen français et français classique
de ma souvenance (fin
XVe s.).
◆
Le mot a désigné une bague offerte en souvenir (1603), et
donner une souvenance a signifié (1636) « donner un soufflet » ou « transmettre la syphilis »
(Cf. 1 souvenir, ci-dessus). Ces emplois spéciaux ont disparu.
◈
Le préfixé
SE RESSOUVENIR v. pron. s'est employé dans une phrase impersonnelle,
me resovient de (1160-1170) équivalant à
il me souvient de. Ressouvenir qqch. à qqn « rappeler qqch. à qqn » s'est dit au
XVIe s. (1572) et à l'époque classique, d'où
ressouvenir qqn de qqch. (1636).
◆
Se ressouvenir de « se souvenir d'une chose ancienne » (1580) est vieilli ou littéraire. Le verbe est sorti d'usage au sens de « prendre en considération » (1610).
◆
Je m'en ressouviendrai, il s'en ressouviendra (1798), familiers, ont vieilli.
■
RESSOUVENIR n. m., d'emploi littéraire, désigne un souvenir lointain (1552) ; ce mot courant à l'époque classique, puis archaïque, a été repris par des écrivains de la fin du XIXe siècle. Il a désigné le sentiment d'une douleur physique qui se renouvelle (1694), puis (1752) un petit papier que l'on épinglait sur la manche de son habit pour se souvenir de qqch. (Cf. pense-bête).
■
RESSOUVENANCE n. f., préfixé en re- de souvenance, signifie « rappel à la mémoire d'une chose oubliée » (1588). Critiqué par Vaugelas (1647), il est noté comme « vieilli » dans Furetière (1690). Le mot a été repris par des écrivains comme Flaubert, G. Sand, Baudelaire, Proust ; il reste très littéraire.
L
SOUVENT adv. est une réfection (XIIIe s.) de sovent (v. 1050) et suvent (v. 1155), issus du latin impérial subinde, adverbe, « immédiatement après » et « de temps en temps », « souvent », formé de sub- qui indique la position inférieure (→ sub-) et de inde, adverbe, marquant le point de départ dans l'espace (« de là ») et dans le temps (« à partir de là ») ; inde a abouti par ailleurs à en*.
❏
Cet adverbe signifie (v. 1050) « à plusieurs reprises », dans un espace de temps limité, d'où par extension « sans cesse » (v. 1283), ce dernier emploi étant sorti d'usage. Souvent... souvent s'est employé (v. 1155, suvent) pour tantôt... tantôt.
◆
L'adverbe équivaut (1538) à « en de nombreux cas » pour marquer un fait d'ordre général, plus souvent (v. 1190), devenu le plus souvent, signifiant « la plupart du temps » (1538). Dans un registre oral familier, le plus souvent (1808), devenu plus souvent (1821, écrit pu souvent), est une exclamation servant de dénégation ironique, au sens de « sûrement pas », « jamais » ; plus souvent que, loc. conj., marque très familièrement (1880) le refus d'envisager qqch.
❏
L'adverbe SOUVENTES FOIS (v. 1283), ou souventefois (XIIe s.), s'est écrit soventes feiz (v. 1050), soventes fois (v. 1175) ; sorti d'usage, il a été repris comme équivalent archaïque ou ironique pour souvent.
L
1 SOUVERAIN, AINE adj. et n., réfection (XIIe s.) de suverain (v. 1050), soverain (1160-1170), est issu d'un latin populaire °superanus « supérieur » et « souverain », dérivé du latin classique super « sur » (→ super-), d'où l'italien soprano (→ soprano) et l'ancien provençal sobiran (XIe s.), qu'on retrouve dans des noms de famille (Soubiran).
❏
Souverain, comme
suprême, supérieur, qualifie (v. 1050) ce qui dépasse tout par son excellence, d'où
souverain bien* (v. 1225,
souvrain) ; l'adjectif s'employait encore à l'époque classique à propos de ce qui est au-dessus des autres dans son genre, de ce qui est extrême
(crainte souveraine). Il développe ces valeurs dans les domaines religieux et, surtout, profane, et a eu en ancien français le sens concret de « situé en haut » (v. 1165).
■
Souverain s'applique d'abord à Dieu en tant qu'il détient l'autorité suprême (v. 1112, suverain), puis à une personne qui détient le pouvoir politique (1160-1170). De même, l'adjectif s'est d'abord employé dans le domaine religieux pour « surnaturel » (v. 1155), signifiant « relatif à Dieu, à son autorité suprême » (v. 1175). Dans la langue biblique, Souverain, n. m. (1550), correspond à l'Altissimus de la Vulgate ; plus tard, le souverain des dieux s'est dit de manière rhétorique pour « Jupiter » et souverain des Enfers pour « Pluton » (attesté 1876). Pour l'adjectif, souverain de qqn « qui a l'autorité sur qqn » (v. 1207) ne s'est pas maintenu, mais le mot signifie encore « qui, dans son domaine, n'est subordonné à personne » (1279 ; le peuple souverain) et s'applique à ce qui émane du pouvoir souverain (fin XIIIe s.).
◆
L'adjectif a signifié « d'un rang supérieur », en parlant d'un seigneur (1258) ou d'un prélat (1285). De cette valeur procèdent pour le nom, aux deux genres, une série d'acceptions sorties d'usage : « maître » (v. 1354), « chef d'une troupe » (v. 1380), « personne qui dirige un travail » (1391), « celui qui est à la tête d'un couvent » (1376) et pour souveraine, « celle qui dirige un hôpital » (1403), ces deux emplois ayant été éliminés par supérieur*, eure.
◆
Employé comme adjectif dans le domaine juridique, souverain, aine signifie « qui juge sans appel », dans cour souveraine (1461), jugement souverain (1549). Par extension, cet adjectif s'applique à ce qui est supérieur à tout par son efficacité (1538, remède souverain), d'où souverain à « très efficace pour » (1629).
◆
Aux XVIIe et XVIIIe s., l'adjectif s'est appliqué par figure à ce qui a de l'empire sur les passions (1640), qualifiant aujourd'hui encore ce qui a un très grand pouvoir (1676).
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SOUVERAIN n. m. désigne en droit la personne physique ou morale en qui réside la souveraineté (v. 1560), sens distinct de celui de « monarque » (ci-dessus), mais ne se répand en ce sens qu'à partir du XVIIIe s. par les ouvrages de Montesquieu, Rousseau ; le souverain, dans ce sens, ne s'est pas répandu, à la différence de l'adjectif (peuple souverain) et de souveraineté.
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SOUVERAINEMENT adv., réfection (v. 1212) de
souvrainement (fin
XIIe s.), signifie « au plus haut point », parfois péjorativement (1688), et (déb.
XIIIe s.) « à un très haut degré de perfection ».
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L'adverbe s'emploie ensuite pour « avec une autorité souveraine » (fin
XIVe s.) et « avec une apparence de supériorité » (1862) ; il est plus rare dans cette acception.
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SOUVERAINETÉ n. f., réfection (1288) de suvrainitet (v. 1120), apparaît sous cette forme au figuré, signifiant « autorité, puissance suprême », en parlant de la raison, de la justice, puis par extension « autorité (sur qqn, qqch.) » [1288].
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Le mot s'est employé en ancien français avec la valeur concrète de « sommet (d'une montagne, du ciel) » [XIIIe s.].
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Il désigne depuis la fin du XIIIe s. la qualité de souverain, l'autorité suprême d'un souverain (v. 1283, sovraineté) et par métonymie, à l'époque classique, le territoire placé sous son autorité (1636).
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Il s'est employé aussi au sens de « caractère sans appel (d'une décision) » [1663].
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À partir du XVIIIe s., il désigne le principe abstrait d'autorité, dans le corps politique (1762, Rousseau) et par extension le droit individuel à la décision politique. Par extension (XIXe s.), souveraineté s'applique au caractère (d'un État) qui n'est pas soumis à un autre.
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Dans l'histoire du Québec, la souveraineté-association, projet de René Levesque qui fut rejeté en mai 1980, correspondait au fait que le Québec acquière sa souveraineté tout en conservant une association économique étroite avec le Canada.
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2 SOUVERAIN n. m. est l'adaptation (1834) de l'anglais
sovereign, lui-même emprunté (1503) au français
souverain.
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Le mot désigne une monnaie d'or anglaise de valeur égale à la livre sterling.
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SOUVERAINISME n. m., dérivé de
souverain et
souveraineté au Québec (1973), désigne la position des souverainistes.
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En français d'Europe, il marque la volonté de respecter strictement la souveraineté des États à l'intérieur de l'Union européenne.
Cf. nationalisme.
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SOUVERAINISTE adj. et n. s'est d'abord employé au Québec (1974) à propos des partisans de la souveraineté nationale pour la province
(parti souverainiste ; les souverainistes) et pour qualifier ce mouvement politique.
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En français d'Europe, le mot qualifie et désigne les partisans du respect des droits des nations souveraines dans l'Union européenne, s'opposant aux partisans d'une fédération.
SOVIET n. m. est emprunté (1840) à un mot russe signifiant « conseil, assemblée », formé d'un élément vjet (v'iet) qui se rattache à une base indoeuropéenne °weid- « voir » (→ voir), et du préfixe so- marquant l'idée d'ensemble.
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Au
XIXe s., le mot s'emploie pour « tribunal suprême » (1840), en parlant de la Russie, et pour « sénat » à propos de la Serbie (1843) ; ces emplois historiques sont rares.
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Reprenant le sens de « conseil ouvrier » qu'il a reçu en russe chez les promoteurs de la révolution bolchevik, il désigne depuis 1917, en parlant de l'ancienne U. R. S. S., un conseil de délégués ouvriers, soldats et paysans. Soviet suprême était le nom du parlement de l'U. R. S. S., formé du Soviet de l'Union et du Soviet des nationalités, chambres des représentants de la nation et des républiques fédérées. Ces acceptions sont aujourd'hui (1991) historiques. Par extension, soviet s'emploie (mil. XXe s.) au sens de « comité révolutionnaire » à propos d'autres pays que l'U. R. S. S.
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Le mot a fourni en français le dérivé
SOVIÉTIQUE adj. et n. (av. 1920 ; 1918, selon Dauzat) « relatif aux conseils révolutionnaires » et par extension « aux bolcheviks », puis « à l'État qui groupe la Russie et plusieurs États d'Europe et d'Asie » dans
Union des Républiques Socialistes Soviétiques, ou
Union Soviétique, désignation disparue en décembre 1991. De là vient
soviétique adj. et n. (1920) « [habitant] de cet État ».
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ANTISOVIÉTIQUE adj. est attesté en 1923.
PROSOVIÉTIQUE adj. (1930) s'y opposait.
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De l'adjectif procèdent SOVIÉTISME n. m. (1920) « système soviétique de gouvernement », sorti d'usage assez rapidement, et SOVIÉTISER v. tr. (1921) « soumettre à l'autorité des soviets » et, par extension (XXe s.), « soumettre à l'autorité de l'U. R. S. S. ou d'un parti communiste », ainsi que le dérivé SOVIÉTISATION n. f. (1920). DÉSOVIÉTISER v. tr., et DÉSOVIÉTISATION n. f. se sont employés en histoire pour « dégager de l'emprise de l'Union soviétique ».
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SOVIÉTOLOGUE n., composé avec -logue, désignait (1960-1991) un spécialiste de la politique de l'U. R. S. S.
SPA n. m., mot tiré du nom de la ville thermale de Spa, en Belgique, célèbre à la fin du XIXe s. et au XXe s., s'est employé pour « ville thermale ». Cette acception existe en anglais dès 1626.
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Toujours en anglais, le mot s'est appliqué (1974) à un bain à remous, sens contrarié par l'apparition du mot jacuzzi, mais qui est passé dans d'autres langues, dont le français (1981). L'anglicisme spa pool s'emploie en français de Nouvelle-Calédonie (« piscine à remous »). Enfin, un nouveau sens, « centre de beauté et de remise en forme » (attesté en 1998) est lui aussi un mot international venu de l'anglais.
SPACE OPERA n. m. (v. 1965) est une expression américaine formée des mots anglais space « espace » et opera « opéra », de même origine que les mots français, évoquant une mise en scène spectaculaire.
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Le mot désigne une œuvre de science-fiction caractérisée par une intrigue grandiose située dans l'espace sidéral ou galactique, de nombreux personnages et une narration couvrant un temps considérable.
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SPACE adj., prononcé à l'anglaise avec diphtongue spaïss, est entré dans l'usage des jeunes français à la fin du XXe siècle, avec le sens de « bizarre, avec un côté extra-terrestre ». C'est un emprunt à l'anglais space « espace », dans le contexte de la science-fiction. Le mot, parfois prononcé spèss, sans diphtongue, peut aussi être ressenti comme une abréviation de spécial, de sens voisin.
SPACIEUX, EUSE adj. est une réfection suffixale (1379 ; seulement 1535, selon F. e. w.) de spacios (v. 1120 ; aussi espacios), emprunté au latin spatiosus « étendu, vaste » en parlant de l'espace et du temps, dérivé de spatium « étendue, espace » (→ espace).
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Spacieux signifie comme en latin « qui a une grande étendue, où l'on est au large », autrefois en parlant d'un espace libre, de la mer et surtout appliqué aujourd'hui à des espaces aménagés par l'homme (chambre spacieuse).
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L'adjectif s'est employé (v. 1572) pour « grand », en parlant d'un arbre.
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Le dérivé SPACIEUSEMENT adv. (1549, selon F. e. w.), « d'une manière spacieuse », est rare.
SPADASSIN n. m., attesté au XVIe s. (1548), d'abord comme nom propre chez Rabelais (1532, le Comte Spadassin), est un emprunt (aussi espadassin) à l'italien spadaccino, n., littéralement « homme qui manie l'épée », terme péjoratif dérivé de spada « épée ». Spada, d'abord spata en ancien italien, est issu, comme le français épée*, l'espagnol, le portugais espada, du latin classique spatha, emprunt au grec spathê, désignant, entre autres acceptions techniques, une épée longue et plate (→ épaule, espadon, spatule).
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Le mot a eu le sens péjoratif de « bretteur habile, homme qui cherche les duels » (1548).
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Il désigne par extension (v. 1560, spadazin ; fin XVIe s., spadassin) un assassin à gages, qui autrefois exerçait à l'arme blanche. Tous les emplois sont littéraires ou historiques.
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Comme adjectif, le mot (spadassin, ine), qui témoigne de la vogue des italianismes (v. 1560), est sorti d'usage, sauf archaïsme délibéré.
SPADICE n. m. (1805), d'abord spadix (1748), est un emprunt au latin des botanistes spadix, hellénisme désignant la branche de palmier, la palme. Il désigne l'inflorescence en épi ou en panicule, enveloppée par une spathe*, des palmiers.
SPAETZLE n. m., attesté en français en 1898 (spätzli), est un emprunt à l'alémanique alsacien, pour désigner, en français d'Alsace, des pâtes alimentaires en lanières. Pluriel : des spaetzle, invariable, ou, francisé, des spaetzles. Le mot alsacien est un dérivé diminutif signifiant « petit moineau ».
SPAGHETTI n. m. est emprunté (1893 au singulier ; 1923, pluriel) à un mot italien spaghetto (pluriel spaghetti), diminutif de spago « corde, ficelle », spécialisé pour désigner des pâtes alimentaires. Spago vient du bas latin spacus « corde, cordon » (Ve s.), qui pourrait avoir pour origine le grec sphêkos de même sens, dont on a une seule attestation, dérivé de sphêx, sphêkos (en dorien sphax) « guêpe », mot sans étymologie connue.
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Le mot désigne des pâtes alimentaires qui se présentent en baguettes fines et longues ; dans cet emploi, le pluriel sans
s (déb.
XXe s.) n'est plus en usage.
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Il s'emploie par plaisanterie dans l'expression western* spaghetti (v. 1975) désignant un western tourné et produit en Italie.
SPAHI n. m. est un emprunt (1553), d'abord écrit spaki (1519), spachi (1538), au turc, lui-même pris au persan sipāhī « soldat », dérivé de sipāh « armée, camp ». Le mot persan, passé en Inde, a été de là emprunté par le portugais cipai, cipaio, lequel via l'anglais, a été repris par le français cipaye* (1758, sepay ; 1791, cipaye) « soldat hindou au service des Anglais ».
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Le mot apparaît isolément au XVIe s. dans le récit de voyage de d'Aramon, ambassadeur de France à Constantinople, au sens de « cavalier turc au service du sultan ».
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Il semble oublié et est ensuite repris au XIXe s. (1842 ; 1831, selon Bloch et Wartburg) avec sa valeur moderne, désignant un soldat des corps de cavalerie maghrébins créés par l'armée française en Afrique du Nord en 1834 ; ces unités ont été dissoutes en 1962, mais la dénomination s'est conservée pour certains régiments motorisés de l'armée française.
SPALAX n. m. emprunt (1827) au mot grec signifiant « taupe », se dit en zoologie d'un petit rongeur sans queue, à fourrure épaisse, vivant en Europe centrale et orientale. On l'appelle aussi rat-taupe.