SPORTULE n. f. est un emprunt savant (1404) au latin archaïque
sportula « petit panier », en particulier, à l'époque impériale, nom du petit panier contenant un présent en nature ou en argent, donné par un patron à ses clients, d'où par métonymie le sens de « cadeau ». Le mot dérive de
sporta « corbeille, panier », emprunté au grec
spurida, accusatif de
spuris, sans doute par l'intermédiaire de l'étrusque. La racine du mot grec se retrouve dans
sparton (→ spart) et
speira (→ spire), ici avec l'idée de « tresser ».
Sportula avait été emprunté en ancien français sous la forme esporle pour désigner la reconnaissance des devoirs à l'égard du seigneur.
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Sportule (1404), esportule (1433), désignait les épices que les clients donnaient aux juges. Repris au XVIe s. comme terme d'Antiquité romaine, le mot dénomme (1564) le don que les patrons romains accordaient à leurs clients. Par analogie, il s'est dit (1566) d'une aumône versée régulièrement.
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Sportule a désigné au XVIIe s. (1611-1660) un cabas à deux anses puis, en parlant de la Rome ancienne (1721), le panier qui contenait les dons.
SPOT n. m. et adj. est un mot emprunté (1889) à l'anglais spot n. (XIIe s.), « tache, éclaboussure, point, petite étendue d'espace », issu du germanique °sput, de sputan « cracher » (Cf. anglais to spit), qui se rattache, comme le latin spuere « cracher » (→ spume) à une racine indoeuropéenne de formation expressive.
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Spot, en physique, désigne d'abord un point lumineux réfléchi sur le miroir de certains instruments de mesure, qui se déplace sur une échelle graduée ; cet emploi se prolonge par le sens plus récent (1948) de « tache lumineuse produite par les électrons qui viennent frapper un écran fluorescent, dans un tube cathodique ».
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Par emprunt à l'anglais des États-Unis, spotlight, de light « lumière », le mot prend d'autres acceptions dans l'usage courant ; il désigne, d'abord au cinéma (1925, spotlight), un petit projecteur à faisceau lumineux étroit, utilisé pour éclairer un acteur, une partie de décor, et par extension un projecteur analogue servant de lampe d'intérieur. Il s'emploie aussi pour « bref message publicitaire » (1966 ; 1963 comme mot américain).
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L'adjectif, réemprunté (1975) à l'anglais spot(market), s'applique dans le commerce du pétrole à une transaction ponctuelle.
SPOULE n. m. est la francisation graphique de l'anglais
spool, sens spécial en informatique d'un mot ancien (
XIVe s.) désignant un cylindre portant un enroulement de fils, mot pris au moyen néerlandais et au français du Nord
spole, d'origine germanique.
Ce terme d'informatique désigne un mode d'exploitation d'un ordinateur ou d'un réseau d'ordinateurs dans lequel les opérations d'entrée et de sortie sont dissociées des autres traitements.
SPOUTNIK n. m. est un emprunt (oct. 1957) au mot russe spoutnik « compagnon de route », d'où « satellite », formé de put' « chemin, route », du préfixe (d'abord préposition) s « avec » et de -nik, suffixe de nom masculin (→ refuznik).
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Le mot, désignant un satellite artificiel, est limité au contexte des premières expériences spatiales soviétiques (1957-1970).
SPRAT n. m. est un emprunt (1772) à l'anglais sprat (1597), en moyen anglais sprot (XIe s.), mot d'origine germanique non déterminée. La forme sprot était passée antérieurement en français (1723) ainsi que diverses variantes adaptées : esprot (1769), éprot (1870), spret (1775, d'après la prononciation) et sprate (1803) ont eu cours.
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Le mot désigne un poisson voisin du hareng, abondant dans les mers septentrionales et qui se mange surtout fumé.
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Le sens de « peau d'anguille dont on se sert comme appât » (1834, sprot ; 1836, sprat), seul retenu par Littré, est sorti d'usage.
SPRAY n. m. est emprunté (1884) à un mot anglais signifiant « embruns » (1621), « gouttelettes » (1750) et utilisé comme terme de médecine, au sens de « pulvérisation » (1875), puis de « pulvérisateur » (1881). Spray se rattache probablement au moyen néerlandais sprayen, spraeyen d'où vient l'ancien verbe to spray « asperger » (Cf. allemand sprühen « bruiner », « vaporiser »).
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Le mot désigne un jet de liquide projeté en fines gouttelettes par pulvérisation (1884) et, comme en anglais, le pulvérisateur et son contenu (1890) ; ces deux acceptions, d'abord techniques, se sont diffusées vers 1965 sous l'influence de l'industrie et de la publicité américaines. Ils s'emploient notamment en coiffure, en cosmétique.
SPRECHGESANG n. m. est un emprunt (attesté dans les années 1960) à un composé allemand signifiant « chant (gesang) parlé (sprech) ». Le mot désigne un style vocal fondé sur la parole et intégré à une composition musicale, inaugurée par Arnold Schoenberg en 1912 pour son Pierrot lunaire.
SPRINGBOK n. m. est l'emprunt en zoologie (1781) d'un mot néerlandais, formé de bok « bouc » et spring « sauteur », pour désigner une antilope d'Afrique du Sud aux cornes en forme de lyre, effectuant des sauts fréquents. Son nom, symbolique de l'Afrique du Sud, a été donné à l'équipe de rugby nationale.
SPRINT n. m. est emprunté (1895) à l'anglais sprint (1865, en ce sens), déverbal de to sprint (1871 comme terme de sports), mot d'origine scandinave (ancien norrois °sprinta).
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Le mot désigne un effort intense et bref d'accélération lors d'une course, spécialement à la fin, et la fin de la course elle-même ; de cette acception vient l'emploi de sprint, hors de toute compétition sportive, dans piquer un sprint « partir en courant » et au sprint « en accélérant fortement sur la fin (de l'effort) ».
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Par métonymie, le mot désigne en athlétisme, en cyclisme et en natation une épreuve de vitesse sur une courte distance (1923) ; dans ce sens il a remplacé sprinting (1888), emprunt au participe présent du verbe anglais, rapidement disparu.
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1 SPRINTER v. intr., dérivé (1898) comme équivalent de
to sprint, s'emploie d'abord en sports, puis familièrement.
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2 SPRINTER n. m., emprunt (1887) au dérivé anglais de to sprint (1871), en conserve le sens, désignant un coureur spécialiste des courses de vitesse, par opposition à coureur de fond et de demi-fond. Il a été francisé en SPRINTEUR, EUSE.
SPRUE n. f., emprunt médical (1923) à l'anglais sprue, est le nom d'une maladie intestinale chronique caractérisée par des diarrhées, et qui peut être d'origine parasitaire ou résulter de carences alimentaires (sprue tropicale).
SPUME n. f. est une réfection (1495, de Chauliac) de espume (v. 1300), emprunté comme l'ancien provençal espuma (1350) au latin archaïque spuma « écume, bave », mot dont un dérivé sans s-, pumex, a donné ponce*. Spuma est rapproché du sanskrit phénaḥ « écume », de mots slaves et germaniques (anglais foam).
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Le mot s'est dit pour « écume » (v. 1300). En médecine (v. 1363), domaine où il est repris au XIXe s. (1872), il désigne une salive écumeuse formant de grosses bulles, apparaissant au cours de certains accès d'épilepsie.
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SPUMEUX, EUSE adj. (v. 1363), qui correspond à l'ancien provençal
spumos, spumoza (
XIVe s.) et est emprunté au dérivé latin
spumosus « écumant » et « écumeux », s'applique à ce qui a l'aspect de l'écume, ou à ce qui contient de l'écume (1845).
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SPUMOSITÉ n. f. (v. 1363 ; semble inusité en français moderne av. 1752) est le dérivé savant de spumosus ou de spumeux.
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SPUMESCENT, ENTE adj., emprunté (1817) au latin spumescens, -entis, participe présent de spumescere « devenir écumeux », qualifie ce qui est semblable à de l'écume (Cf. écumeux).
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De même que spume, ces trois mots sont didactiques et rares.
SQUALE n. m. est emprunté (1754) au latin squalus « requin, chien de mer » ; la longueur du a est inconnue et le mot pourrait être rapproché, si le a était long, de squama « écaille » (→ squame), le squalus pouvant être « l'écailleux, le rugueux ». On relève par ailleurs, pour désigner un gros poisson, plusieurs mots germaniques, dont le vieux prussien kalis et le vieil islandais hualr ; le sanskrit a chāla, nom d'un poisson d'eau douce. Mais ces rapprochements ne suffisent pas à déterminer une série indoeuropéenne.
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Le mot, qui conserve le sens du latin, est le synonyme scientifique de requin*. Il est relativement usuel, et a servi à former quelques termes didactiques.
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SQUALIDÉS n. m. pl. (1876), d'abord
squalides (1842), est en zoologie le nom d'une famille de requins.
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SQUALÈNE n. m. (attesté 1949), terme de chimie et de biologie, désigne un hydrocarbure présent dans un grand nombre d'huiles végétales et animales, parce que cette substance se trouve dans le foie des requins.
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SQUALOÏDES n. m. pl. (v. 1950), de -oïde, désigne en zoologie des poissons sélaciens de forme allongée comme les squales.
❏ voir
SQUAME.
SQUALIDE adj. est emprunté (v. 1500), aussi sous la forme scalide, au latin squalidus « rugueux », « hérissé » et « sale, malpropre », « inculte, aride » au propre et au figuré. Cet adjectif dérive de squalere « être couvert de croûtes, de plaques », d'où « être hérissé, âpre », « être malpropre » et au figuré « porter des vêtements sombres (de deuil) », verbe que les Romains rapprochaient de squama « écaille » (→ squame ; squale) ; le groupe °skwa- initial n'est pas attesté hors du latin.
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L'adjectif, très rare, a été repris au XIXe s. (1831) et signifie « dont la peau est rugueuse et grise ».
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SQUALIDITÉ n. f., emprunt (1538, puis 1842) au dérivé bas latin squaliditas « négligence, désordre », aussi rare que l'adjectif, a le sens de « caractère rugueux », en parlant de la peau.
SQUAME n. f. est une réfection (déb. XIVe s.) de esquame (v. 1265) qui, comme l'ancien provençal escama (XIIIe s.), est issu du latin squama ou squamma « écaille » et « pellicule, paillette », à rapprocher sans certitude du latin squalere (→ squalide ; squale). Le mot a été aussi écrit squamme (1549), d'après le latin.
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Rare avant le XIXe s. (attesté 1809) et d'usage didactique ou littéraire ensuite, le mot désigne l'écaille de poisson.
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En moyen français, le nom est attesté isolément en médecine pour désigner une lamelle qui se détache de l'épiderme dans certaines dermatoses (XIVe s., scame, escame), acception qui réapparaît au XIXe s. (1812).
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Il a désigné la plaque de fer d'un haubert (1611, scamme). En botanique, il équivaut parfois à écaille* (1809).
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SQUAMIFORME adj., didactique, composé (1478) de
forme, signifie « en forme d'écaille » et se dit spécialement (1812) d'un cristal en forme de petite écaille.
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SQUAMEUX, EUSE adj., réfection (1529) de
scamous (1495), est emprunté en médecine au latin
squamosus « couvert d'écailles ». L'adjectif, signifiant « caractérisé par des squames » (1495), est aussi employé en anatomie dans
suture squameuse (1611,
scameuse). Il s'applique aussi à un épiderme d'apparence dure, qui semble couvert d'écailles (1779).
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SQUAMULE n. f. (1812 ; 1839, squammule) conserve en sciences naturelles le sens de « très petite écaille » du diminutif latin squamula.
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SQUAMIFÈRE adj., appliqué à ce qui est recouvert d'écailles, est emprunté (1836) au latin squamifer, de ferre « porter ». Il s'est employé comme nom masculin pluriel (1823) pour désigner une classe de reptiles, pendant quelques décennies.
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DESQUAMER v. (1836), emprunté au latin
desquamare, et
DESQUAMATION n. f., formé dès le
XVIIIe s. (1732-1733) sur le radical du verbe latin, s'emploient en médecine à propos de la chute de la partie superficielle de l'épiderme sous forme de lamelles cornées.
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SQUAMATES n. m. pl., formé avec le suffixe classificateur
-ate(s), est un terme de zoologie désignant, parmi les reptiles, un ordre comprenant lézards, amphisbènes et serpents.
SQUARE n. m. est cité comme mot anglais (1725) dans un texte sur Londres, employé isolément en 1792, 1804, 1816, et régulièrement après 1832, est un emprunt à l'anglais square n. (1300) « carré », spécialisé en urbanisme (1687), lui-même emprunté à l'ancien français esquarre « carré », variante de équerre*.
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Le mot désigne, en parlant des pays anglo-saxons, une place publique carrée et en France (1836) un petit jardin public situé sur une place. Il est sorti d'usage au sens repris de l'anglais d'« espace carré entouré de maisons » (1844), qui correspond au français place ; on trouve dans ce sens carré* en français du Québec (par exemple, à Montréal, le carré Saint-Louis).
1 SQUASH n. m. est un emprunt (1930) à l'anglais squash, désignant depuis 1886 un type de balle utilisé dans ce que l'anglais des États-Unis a appelé squash tennis (1901). Le nom, en anglais, vient du verbe squash « écraser », apparu au XIVe s. et emprunté à l'ancien français esquasser, venu du latin vulgaire °exquassare, de ex- et quassare, quatere « secouer » dont certains composés en -cutio sont passés en français (→ percussion).
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Le mot désigne un sport de raquette dans lequel deux joueurs placés côte à côte se renvoient une balle de caoutchouc qui rebondit sur les murs d'un court fermé. Un squash désigne aussi le local aménagé pour ce sport.
2 SQUASH n. f., emprunt par l'anglais d'un mot amérindien du nord-est des États-Unis, askutasquash « mangé cru », désigne en français du Canada une courge ronde à chair jaune orangé.
1 SQUATTER n. m. est emprunté (1835) à l'anglais des États-Unis squatter (1788), de l'anglais to squat « s'accroupir, s'asseoir sur ses talons » (XVe s., intr.). Ce verbe est emprunté (XIIIe s., tr.) à l'ancien français esquater, esquatir « évaser, aplatir », formé avec ex-* et quatir (→ catir), lui-même d'un latin populaire °coactire. Ce dernier a été formé à partir de coactus, participe passé de cogere « mener ensemble, rassembler », « réduire, condenser », verbe dont le fréquentatif a donné cogiter*, de co- (→ co-) et agere « agir* ».
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En français,
squatter désigne d'abord un pionnier qui, aux États-Unis, allait s'établir sur des terres inoccupées sans titre légal de propriété, dans les régions de l'Ouest puis, en parlant de l'Australie (1854 ; ce sens est attesté en 1840 en anglais), un propriétaire de troupeaux de moutons occupant par droit de pâturage des terrains considérés — du point de vue des immigrés colons — comme sans propriétaires. En Australie comme aux États-Unis, il s'agissait souvent d'une expropriation (des Amérindiens, des Aborigènes ou même d'occupants antérieurs sans titres). Le phénomène est à la base des conflits propres à ces régimes. La variante francisée
squatteur (fin
XIXe s.) ne s'est pas imposée.
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Le mot, repris à l'anglais, se dit couramment (depuis 1948) d'une personne sans logement qui s'installe illégalement dans un local inoccupé.
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2 SQUATTER v. tr. (1969), francisation de l'anglais
to squat, en reprend un des sens, « occuper illégalement (un immeuble inoccupé) » ; la variante
SQUATTÉRISER v. intr. (1972) vient de
squatter, n., avec le suffixe verbal
-iser. Ce verbe a pour dérivé (rare)
SQUATTÉRISATION n. f. (1974).
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SQUAT n. m. (v. 1975), emprunté au verbe anglais to squat, désigne cette occupation et l'immeuble lui-même ; le français a formé SQUATTAGE n. m. (1957).
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Le même mot squat, aussi écrit squatt, s'emploie en Nouvelle-Calédonie là où l'on dirait en français de France bidonville ; les habitants sont appelés squatters.
SQUAW n. f., apparu une première fois dans une traduction, au XVIIe s. (1686), est repris par Chateaubriand (1797) qui introduit véritablement le mot en français. C'est un emprunt à l'anglais squaw « femme d'un Indien » ou « femme indienne » (1634), lui-même emprunté à un mot algonquin signifiant simplement « femme ».
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Squaw désigne une femme indienne ou l'épouse d'un Indien de l'Amérique du Nord. Le mot, un moment écrit squau (1866), s'est diffusé en français vers 1866-1870 par les récits de l'Ouest américain.
1 SQUEEZER n. m. est un emprunt (1859) à un mot anglais dérivé de to squeeze « presser » (XVIe s.), variante des formes anciennes squise, squize, intensif de queise (XVe s.), d'origine inconnue.
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En français, le mot désigne d'abord une presse, en métallurgie, sens sorti d'usage, puis (1876) un cylindre compresseur servant à l'essorage des étoffes sortant des bains de teinture.
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2 SQUEEZER v. tr. est soit une adaptation (
XXe s.) de l'anglais
to squeeze, spécialisé comme terme de bridge, ou a été formé d'après le substantif anglais
squeeze, dérivé du verbe et signifiant « pression, action de serrer », lui aussi employé en bridge.
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Ce verbe signifie « obliger (l'adversaire) à supprimer sa garde dans les couleurs qui lui restent ».
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Par figure, squeezer se dit familièrement pour « prendre l'avantage sur (qqn) en parvenant à bénéficier d'une supériorité quelconque ».