STALAGMITE n. f. est emprunté (1644 [Arveiller]) au latin moderne stalagmitus, qu'on trouve chez G. Fabricius et chez Gesner (av. 1565). Une variante francisée salamite (av. 1686) est restée isolée. Le mot est formé avec le radical du grec stalagmos « écoulement goutte à goutte », dérivé de stalazein (→ stalactite).
❏  Didactique et moins courant que stalactite, stalagmite désigne une concrétion de forme ascendante.
❏  Il a pour dérivé STALAGMITIQUE adj. (1845).
Le terme de physique STALAGMOMÈTRE n. m., composé (1875) à partir du grec, d'abord, semble-t-il, en anglais (1864, stalagmometer), désigne un instrument qui sert à mesurer la tension superficielle d'un liquide par la détermination du nombre de gouttes qui s'écoulent d'un tube gradué. ◆  En dérive STALAGMOMÉTRIE n. f. (1929).
STALINIEN, IENNE adj. et n. a été formé (v. 1930 ; att. 1933) à partir du pseudonyme de I. V. Djougatchvili, dit Staline (1879-1953), homme d'État soviétique. Staline « homme d'acier » (de stal' « acier ») est le nom de clandestinité qu'il avait choisi vers 1912.
❏  L'adjectif s'applique à ce qui est propre à Staline, à la politique dictatoriale et au culte de la personnalité qui prévalaient pendant la période où il dirigeait l'Union soviétique. Stalinien, substantivé, désigne un partisan de Staline et de sa politique (v. 1949) et, spécialement, après le XXe congrès du Parti communiste de l'U. R. S. S. (1956), une personne qui reste fidèle à l'esprit stalinien, un communiste autoritariste ; en ce sens le mot est abrégé familièrement en STAL n.
❏  Le contraire, ANTISTALINIEN, IENNE n. et adj. (1937) de anti-, désigne une personne qui s'opposait à Staline et à son régime, ou qui combat une politique ou des méthodes proches de celles de Staline.
STALINISME n. m. dérivé en -isme de Staline (1929), désigne la politique stalinienne d'autorité et de contrainte, les théories et les méthodes de Staline.
■  STALINISER v. (v. 1950 ; stalinisant 1946), « rendre stalinien » et « faire une politique stalinienne », a produit, plus courant, DÉSTALINISER v. tr. (v. 1956), d'où vient DÉSTALINISATION n. f. (v. 1956) « opération de politique intérieure du parti communiste de l'U. R. S. S. qui rejette les méthodes propres à Staline » ; par extension, le mot, qui est contemporain de la violente remise en cause de Staline menée en U. R. S. S. par N. Khrouchtchev (rapport au XXe Congrès, février 1956), s'emploie ensuite à propos d'autres partis communistes. ◆  Stalinien et stalinisme, laudatifs dans le discours des partis communistes avant 1956, étaient alors souvent opposés à trotskisme et trotskiste ; après la déstalinisation, ces mots sont devenus de plus en plus péjoratifs, d'abord chez les anticommunistes, puis chez les socialistes de toutes tendances, enfin à l'intérieur de la plupart des partis communistes. ◆  De là vient l'usage de STALINISTE adj. et n., distinct de stalinien, pour « explicitement partisan des méthodes staliniennes ».
STALLE n. f., d'abord nom masculin (1556) comme en ancien provençal (où le mot est attesté dès le XVe s., 1453), puis nom féminin au XVIIIe s. (1743), est emprunté au latin médiéval stallum « siège dans une église » (1173-1176), latinisation de l'ancien français estal « position » (1080), forme ancienne de étal*. Le genre féminin, contraire à l'étymologie, est dû à la finale -alle.
❏  Stalle désigne chacun des sièges de bois, à dossier élevé, qui garnissent les deux côtés du chœur d'une église abbatiale et qui sont réservés aux membres du clergé. ◆  Par analogie, le mot a désigné dans un théâtre (1826) un siège séparé et numéroté, remplacé en ce sens par fauteuil*. ◆  Stalle se dit par extension (1837) d'un compartiment cloisonné réservé à un cheval, dans une écurie, et a été préconisé comme nom du compartiment réservé à une voiture, dans un garage (1973, Journal officiel), pour remplacer l'anglicisme box.
❏ voir 1 ÉTALON, INSTALLER.
STAMBULI ou STAMBALI n. m. est en arabe et en français de Tunisie, le nom (sans doute dérivé du nom arabo-turc d'Istambul) d'une cérémonie rituelle incluant musique, chant, danse, poésie, et de la musique qui y est jouée.
STAMM n. m., prononcé à l'allemande chtam', se dit en français de Suisse du local de réunion d'un parti politique, d'une association, d'une permanence, puis d'un lieu où se retrouvent des habitués. C'est un emprunt à l'allemand, à côté de stammisch (1929 en français) « table réservée à une réunion ». Stamm s'est répandu dans les années 1960, d'abord ressenti en français comme une citation de l'allemand.
1 STANCE n. f. est la réfection (fin XVIe s.) de stanse (1550), emprunté à l'italien stanza « demeure, séjour », puis « repos » et par extension « suite de vers avec repos » (Cf. les Stanze per la Giostra du Politien, publiées en 1494) ; le mot dérive de stare « demeurer », du latin stare « se tenir debout », « rester » (→ ester).
❏  Stance équivalait (1550) jusqu'au XIXe s. à strophe*, terme d'histoire littéraire. ◆  C'est au pluriel (1660) un poème d'inspiration morale, religieuse ou élégiaque, composé d'un nombre variable de strophes du même type.
❏ voir 2 STANCE.
2 STANCE n. f. (fin XVIe s.), d'abord écrit stanse (1578) est un emprunt à l'italien stanza (→ 1 stance) au sens spécial de « chambre ».
❏  Le mot a eu le sens de « demeure » (1578) comme l'ancien provençal istansia « appartement » (1542) et, a signifié en marine (fin XVIe s.) « lieu de relâche, port ». Il a disparu en français classique.
■  Il est repris dans le vocabulaire des arts pour désigner une salle décorée de fresques (1905), en général remplacé par l'italianisme stanza (pluriel stanze), souvent à propos des stanze du Vatican décorées notamment par Raphaël.
1 STAND n. m., attesté isolément en 1833, puis à partir de 1854, est emprunté à l'anglais stand (XIIIe s.), déverbal de to stand « se tenir debout », du germanique °standan, qui se rattache à la base indoeuropéenne °sta- « être debout » (→ estaminet), comme le latin stare (→ ester, station, etc.) et le grec stasis (→ stase), statikos (→ statique). Au XVIIe s., l'anglais prend les sens de « tribune » (1615), de « comptoir, emplacement », « support » (1664).
❏  Sorti d'usage au sens de « tribune des spectateurs de courses », stand désigne (1883) dans une exposition un emplacement réservé à un exposant ou à une catégorie de produits, et l'ensemble des installations et des produits exposés ; ce sens, le plus courant, est relevé aussi en Suisse et en Belgique (1917). ◆  Par analogie, stand de ravitaillement (1939) ou stand s'emploie pour parler d'un emplacement réservé à un concurrent, dans une course automobile ou cycliste en circuit fermé. ◆  En technique, c'est le nom (1964) d'une tablette destinée à recevoir une machine de bureau et (XXe s.) d'un dispositif qui maintient vertical un instrument de musique dont on ne joue pas. ◆  Le dérivé STANDISTE n. (1977) désigne la personne qui conçoit et réalise des stands d'exposition.
❏  2 STAND n. m. est emprunté (1877, stand de tir ; 1884, stand) à l'allemand Stand « état, position », de même origine que 1 stand (Cf. allemand stehen « se tenir debout »). Au XVIe s., on relève en Suisse romande la forme stan (1542), puis estant (1657). Stand avait été emprunté en judéo-français sous la forme estande (1273) au sens de « stature, taille ». ◆  Le mot désigne aujourd'hui un emplacement aménagé pour le tir à la cible.
❏ voir STANDING, STATHOUDER.
1 STANDARD n. m. et adj. inv. est emprunté (1893) après quelques attestations isolées (1702, 1857, 1883, alors cité comme mot anglais) à l'anglais standard n. « étendard », « bannière » (1154), qui prend le sens d'« étalon de poids et mesure » (1429 ; 1622, adj.). Ce mot a été emprunté à l'ancien français estandart (1080 ; → étendard) par l'intermédiaire de l'anglo-normand estaundart ; le mot signifiait « étalon de poids » en ancien français (XIIIe s.) et en anglo-latin (standardus).
❏  En français, le mot s'est employé, cité comme mot anglais, pour désigner le titre légal de la monnaie ou des matières d'or et d'argent en Angleterre. ◆  Il désigne (1905) un type, une norme de fabrication, d'où un emploi adjectif (1905), spécialement dans la locution échange standard (1931) « remplacement d'une pièce usée par une autre du même type ». Le nom désigne en particulier les caractéristiques définissant un système de télévision (v. 1950). ◆  Standard de vie (1931 ; Cf. coût standard de la vie, 1927) s'est employé pour niveau* de vie ; c'est un calque de l'anglais standard of living ou standard of life relevé en 1868 dans un journal français (l'anglais standard avait le sens de « degré de perfection, de réussite » depuis 1701). Par figure et péjorativement le mot signifie, seulement en français (1930), « conforme au modèle habituel, sans originalité » (le modèle standard).
Par réemprunt à l'anglo-américain, le mot désigne en jazz un thème classique, objet de nombreuses versions.
❏  Standard a fourni STANDARDISER v. tr. (1904) d'après l'anglais to standardize (1873). Le verbe signifie « soumettre (une production) à des normes de fabrication pour ramener à un petit nombre de types standard » ; cet anglicisme équivaut à normaliser*. Par analogie, il a pris le sens (1927) de « rendre conforme à un modèle social standard ». ◆  Le dérivé STANDARDISABLE adj. est récent (1981).
■  STANDARDISATION n. f. (1904), emprunt à l'anglais standardization, aujourd'hui senti comme dérivé de standardiser, désigne dans l'industrie l'élaboration de modèles standard fabriqués en série et s'emploie au figuré (1927). Il équivaut à normalisation, qui l'emporte dans l'usage spécialisé.
❏ voir ÉTENDRE, 2 STANDARD.
2 STANDARD n. m. est un emprunt (1897) à l'anglais standard « support, panneau » (→ 1 standard) pour désigner ce que l'anglais nomme switch-board (1884).
❏  Le mot désigne un dispositif permettant, dans un réseau téléphonique peu important, de mettre en relation la ligne du demandeur avec celle du demandé et, dans une entreprise importante, un dispositif qui permet de brancher les postes intérieurs sur le réseau urbain ou de les mettre en communication entre eux.
❏  Le dérivé STANDARDISTE n. (1933), seulement français, est usuel comme nom de métier.
STAND BY n. m. et adj. inv. est emprunté à l'anglais, dans plusieurs domaines, l'expression venant du verbe to stand by « se tenir prêt ». En français, le mot (1975) se dit en aviation commerciale, d'un embarquement de passagers en attente, en fonction des sièges restés vacants (passagers en stand by). ◆  Par un autre emprunt, l'expression qualifie le mode de veille d'un appareil électrique ou électronique et au figuré ce qui est à l'arrêt mais maintenu capable de fonctionner (projet en stand by). ◆  Un troisième emprunt, en finances, qualifie une lettre de crédit bancaire avec garantie d'indemnisation et, en finances internationales, un accord assorti d'une ligne de crédit du Fonds Monétaire International.
STANDING n. m. attesté en 1928 chez Pagnol, est emprunté à l'anglais standing « station, situation » (1382), employé ensuite dans le domaine social, dérivé de to stand « se tenir debout », « se tenir ferme » (→ 1 stand).
❏  Le mot désigne comme en anglais la position économique et sociale élevée d'une personne, reconnue par l'opinion publique ; cet anglicisme équivalant à position* s'est substitué à standard de vie (→ 1 standard). ◆  Le mot a pris en français, d'abord dans le vocabulaire publicitaire (v. 1958), le sens de « niveau élevé de confort, de qualité », en parlant de choses, et se dit spécialement (1939) d'une qualité d'aménagement qui classe une habitation dans une catégorie élevée (immeuble de standing). Cet anglicisme critiqué équivaut à classe. Les prononciations courantes du mot ont été plaisamment transcrites par standigne (1965, Queneau) et standingue (on trouve aussi standinge, 1965, San-Antonio).
STANNEUX, EUSE adj. est dérivé savamment (1831) du latin impérial stannum, plus couramment stagnum « plomb d'œuvre », « plomb argentifié » et en bas latin « étain* », mot qui en est issu.
❏  Cet adjectif didactique se dit en chimie d'un composé d'étain bivalent.
❏  Plusieurs termes didactiques ou techniques ont été dérivés de stannum ou formés à partir de l'élément stann-.
■  STANNIFÈRE adj. (1823), de -fère, signifie en minéralogie « qui contient de l'étain » et, en technique, « à base d'étain ».
■  STANNIQUE adj. s'applique à un acide oxygéné de l'étain (1789) et aux sels d'étain quadrivalent (1836).
■  STANNATE n. m., en chimie (1836), désigne un sel d'un acide stannique.
■  STANNAGE n. m., mot technique, se dit de la préparation d'une étoffe avant la teinture, par imprégnation d'une dissolution d'étain.
■  STANNOÏDE adj. qualifie une substance qui a des propriétés proches de l'étain (1876), d'où STANNOÏDES n. m. pl. (1876) « l'étain, l'antimoine et l'osmium ».
STAPHISAIGRE n. f. est un emprunt des naturalistes, dès le XIIIe s. (écrit stafizegre, qui sera corrigé au XVIe s.), au latin staphis agria, hellénisme signifiant en grec « raisins sauvages ». Ce mot savant désigne une herbe du genre dauphinelle, à graines toxiques, dont on faisait une décoction insecticide (elle est appelée communément herbe aux poux).
STAPHYL-, STAPHYLO- est un élément tiré du grec staphulê « grain, grappe de raisin » et « luette », mot d'origine inconnue. Il sert à former des termes de botanique et de médecine.
❏  STAPHYLOCOQUE n. m. est emprunté (1889) au latin scientifique moderne staphylococcus (1881, A. Ogston), du grec kokkos « graine, pépin » (→ coque). ◆  C'est le nom générique donné à des bactéries de forme ronde et réunies en grappes, agents de diverses infections qui portent le nom générique de STAPHYLOCOCCIE n. f. (1896).
STAPHYLIER n. m., dérivé de staphulê, désigne (1808) en botanique un arbuste rustique à fleurs dressées ou pendantes, qu'on appelle aussi faux pistachier, ses graines se consommant comme des pistaches. Le mot a remplacé staphilée n. f. (1732) et antérieurement STAPHYLODENDRON n. m. (1694), mot repris au grec par l'intermédiaire du latin (du grec dendron « arbre »).
STAPHYLIN, INE adj. est dérivé (1792) du grec staphulê « luette » pour donner en anatomie un adjectif signifiant « de la luette ».
STAR n. f., apparu isolément (1844) comme mot anglais dans un texte concernant le théâtre, puis repris au XXe s. (1919), est emprunté à l'anglais star « étoile », employé dans le vocabulaire du théâtre pour désigner une grande vedette (1824), une célébrité. Star vient du germanique °sterron (Cf. allemand Stern), qui se rattache à une racine indoeuropéenne ster-, comme le grec astêr (→ astre), dont la variante °stel- a fourni le latin stella (→ étoile).
❏  Star désigne (1919) une vedette de cinéma très célèbre, comme équivalent de étoile*. Utilisé à propos des acteurs, et surtout des actrices des années 30, le mot donne après 1950 l'image d'un objet de culte lié à la conception hollywoodienne du cinéma. ◆  Par extension, il s'emploie pour parler d'une personne très en vue (v. 1965). Dans ces deux acceptions, on dit parfois star masculine (v. 1978) lorsqu'il s'agit d'un homme.
❏  Star a connu une nouvelle vogue, surtout dans le composé SUPERSTAR n. f. (v. 1970), emprunté à l'américain, qui reprend les deux sens et est souvent employé en apposition (Jésus-Christ superstar, etc.).
■  STARLETTE n. f. (1953), d'abord starlet (1922), est l'emprunt, avec francisation du suffixe, du diminutif anglais starlet « petite étoile » (1830), employé ensuite dans le vocabulaire du cinéma pour désigner une jeune actrice de cinéma qui rêve d'une carrière de star.
■  STARISER v. tr. dérivé français de star (1967 ; 1922, isolément), familièrement « transformer en vedette », semble plus courant que STARIFIER v. tr. (1957). STARISATION n. f. (1967) se dit de la transformation d'un acteur, d'une actrice en star.
■  STAR-SYSTEM n. m., terme du vocabulaire du cinéma (1948) importé des États-Unis avec son sens, avait été traduit en français par système des étoiles (1919) qui ne s'est pas imposé. Le mot anglais, d'abord employé en astronomie (1873), était entré dans le langage du spectacle (1902) pour désigner l'organisation de la production et du commerce cinématographique fondée sur le culte de la vedette.
❏ voir STERLING.
STARIE ou ESTARIE n. f., emprunt en marine au provençal estarié, de la famille du latin stare (→ station), désigne le nombre de jours affectés par contrat aux opérations de chargement et de déchargement d'un navire, appelés aussi jours de planche.
❏  Le préfixé SURESTARIE n. f. est pris (1795) au provençal sobrestaria « inspection », de sobrestar « dominer », de estar, pour désigner le dépassement de la starie et la somme à payer en compensation.
STARKING n. f., emprunt à l'anglais, est le nom (1960) d'une pomme rouge d'une variété née aux États-Unis.
STAROSTE n. m. est emprunté (1606, repris 1701) au polonais, puis au russe starosta « aîné », « directeur », dérivé de staryj « vieux ».
❏  Le mot désigne (1606) un noble de l'ancienne Pologne, qui avait en fief un domaine de la couronne et en percevait les revenus. Staroste est aussi le nom (1815) dans la Russie tsariste du chef d'un mir, responsable de la répartition de l'impôt. En histoire (XXe s.), le mot s'emploie pour désigner, à propos des anciens Slaves, le chef d'un village.
❏  Le dérivé STAROSTIE n. f. (1663, puis 1701) désigne en histoire le fief d'un staroste polonais.
STARETS n. m. est un emprunt, d'abord écrit staretz (1849), au russe, spécialisation de sens d'un mot signifiant « vieillard ». Ce mot désigne, à propos de l'ancienne Russie, un ermite ou un pèlerin, considéré comme un thaumaturge ou un prophète.