STEAMER n. m. est emprunté (1829) à un mot anglais qui était récent (1825) signifiant « bateau à vapeur », dérivé de steam « vapeur », mot d'origine germanique.
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Cet anglicisme, employé au XIXe s. pour « navire à vapeur », était concurrencé par bateau à vapeur (1816) et vapeur, n. m., ainsi que par les termes spécifiques navire, paquebot, vaisseau à vapeur. Il est sorti d'usage avec la disparition progressive de la navigation à voile, la propulsion à vapeur disparaissant elle-même à partir des années 1920.
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STEAMBOAT n. m., anglicisme sorti d'usage, a été introduit en même temps (1829) que steamer, après avoir été employé en français du Canada (1808). C'est la première dénomination anglaise (1785) des navires (boats) munis de moyens de propulsion à vapeur ; au début de la navigation à vapeur, il a surtout été employé, d'abord aux États-Unis, pour les bâtiments munis de roues à aubes, qu'évoque particulièrement le mot en français actuel.
STÉAR-, STÉARO- sont des éléments tirés du grec stear, steatos « graisse, suif », mot d'origine indoeuropéenne à rapprocher de l'avestique stā(y)- « tas, masse », et du sanskrit stiyāh « eaux dormantes ». Ils entrent dans la formation de termes didactiques ou techniques.
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STÉARINE n. f. (v. 1814) désigne en biochimie un ester de l'acide stéarique (ci-dessous) et du glycérol et, couramment, le corps solide, blanc, qu'on obtient par saponification des graisses naturelles.
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En dérivent
STÉARINERIE n. f. « fabrique de stéarine » (1872) et
STÉARINIER n. m. (1872).
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STÉARIQUE adj. employé en biochimie dans acide stéarique (1819) « acide gras saturé, surtout abondant dans le suif de bœuf et de mouton », était courant au XIXe s. dans bougie stéarique, fabriquée avec cet acide (av. 1850).
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STÉARATE n. m., terme de chimie (1823), signifie « sel ou ester de l'acide stéarique ».
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STÉAROL n. m. nomme les médicaments dont l'excipient est une graisse (1842).
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STÉAT-, STÉATO-, tirés du génitif
steatos, figurent dans quelques mots savants.
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STÉATITE n. f. (1562 isolément, puis 1747), signifiant « silicate de magnésium compact », de constitution analogue à celle du talc, autrefois aussi nommé pierre de lard.
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STÉATOPYGE adj., de
-pyge, du grec
pugê « fesse »
(→ callipyge), qualifie (1842) un animal possédant un amas de graisse de réserve à la base de la queue, puis (1865) une personne dont le tissu adipeux est très développé au niveau des fesses ; il a servi à former
STÉATOPYGIE n. f. (1872).
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STÉATOSE n. f. (1875 ; de
-ose) se dit en médecine d'une accumulation pathologique de graisse dans les cellules, par infiltration ou processus dégénératif (le mot, à la différence de
cirrhose, n'est pas passé dans l'usage courant).
STEEL BAND n. m., surtout employé en français des Antilles, est un emprunt à l'anglais, formé de band « orchestre » et steel « métal » pour un orchestre de percussions où les instruments sont des récipients de métal (bidons, boîtes) de récupération (steel drums).
STEEPLE-CHASE n. m. est un emprunt (1828) à un mot anglais (1793) signifiant proprement « course au clocher », composé d'un premier élément steeple « clocher », issu du vieil anglais stêap « abrupt, élevé ». Le second élément chase « chasse » est emprunté (XIIIe s.) à l'ancien français chase, variante de chasse (→ chasse), un steeple-chase étant à l'origine une course qui avait pour point d'arrivée un clocher.
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Emprunté en même temps que d'autres termes hippiques comme
turf*, steeple-chase désigne une course d'obstacles dans laquelle les chevaux doivent franchir des haies, des murs, des fossés. Au
XIXe s. s'est répandu le sens figuré de « course d'obstacles » (1843, Balzac), qui ne s'est pas maintenu.
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La forme abrégée STEEPLE n. m., attestée au sens figuré de « but à atteindre » (1842) sorti d'usage, désigne couramment (1884), par extension de l'emploi en hippisme (1866), une course de fond sur un parcours de 3 000 m semé de divers obstacles disposés sur la piste. L'anglais emploie en ce sens steeple-chase (1864).
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La graphie stiple (J. Romains, 1932) a été proposée comme francisation orthographique du terme en 1971 ; elle n'est pas en usage.
STÉGO-, élément de mots de zoologie et paléontologie, est tiré du grec stegos, signifiant « toit ».
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STÉGOCÉPHALES n. m. pl. est formé avec
-céphale et dénomme (1842) une famille de crustacés, avant d'être appliqué (1893) à un groupe d'amphibiens fossiles de très grande taille, présents pendant le dévonien et le trias.
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STÉGOMYIE n. f. est la francisation (1907) du latin zoologique stegomyia, formé de stégo- et du grec muia « mouche », à cause de la forme de l'insecte, et dénomme un moustique des régions chaudes, transmetteur de fièvre jaune, de filanose.
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STÉGOSAURE n. m. (1922), appelé d'abord en latin des paléontologues stegosaurus (1891), est le nom d'un grand dinosaurien du crétacé, qui présentait sur son dos de larges plaques osseuses.
STEINBOCK n. m., emprunt à l'ancien haut allemand steinboc pour dénommer un bouquetin (en ancien français estainbuc, fin XXe s.), a été repris au néerlandais d'Afrique du Sud (afrikaans) pour une petite antilope à oreilles noires, vivant en Afrique australe. L'emprunt du XVIIIe s. (steen bok 1791) est postérieur à celui fait en anglais (1775).
STÈLE n. f. est un emprunt savant (1694) au latin stela « stèle », « colonne tumulaire », lui-même emprunt au grec stêlê « bloc de pierre dressé, stèle », apparenté à stellein « préparer », dont le sens originel était « dresser, disposer » (→ apôtre, épistolaire) ; stêlê a un correspondant exact dans le vieux saxon stollo « support, poteau ».
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Stèle désigne un monument monolithe, formé d'une pierre plate, d'une colonne ou d'un cippe, qui porte des ornements sculptés, une inscription et spécialement (1872) une inscription funéraire.
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Par analogie de forme, le mot, en botanique (1904), se dit de la partie centrale de l'axe d'une plante comportant essentiellement du bois et du liber.
STELLAGE n. m., dérivé en français du radical du verbe allemand stellen « dresser, mettre debout », est un terme de bourse (attesté en 1907) pour une opération à terme portant sur une quantité déterminée de titres, dont l'opérateur pourra se porter acquéreur ou vendeur, à l'échéance.
STELLAIRE n. f. et adj. est un emprunt (1778, adj., Bloch et Wartburg, sans indication de sens ; 1781, n. f., selon F. e. w.) au latin scientifique de la Renaissance stellaria, terme de botanique formé à partir du bas latin stellaris « d'étoile, d'astre », dérivé du latin classique stella (→ étoile).
❏
Stellaire n. f. est d'abord attesté, après
stellaria (1695), pour désigner, à cause de ses fleurs en étoile, une plante dont une variété est le mouron des oiseaux.
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Le mot a repris le sens du bas latin et sert d'adjectif à étoile ; il qualifie (1812, mais Cf. interstellaire) ce qui est en forme d'étoile, disposé en rayons et ce qui est relatif aux étoiles (1835), équivalent d'astral. On a dit jour stellaire, remplacé par jour sidéral.
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Le composé INTERSTELLAIRE adj. (1803) de inter-, terme d'astronomie, qualifie ce qui se situe ou se produit entre les étoiles.
STELLION n. m. est un emprunt savant (v. 1213, selon T.L.F.) au latin classique stellio ou stelio désignant un reptile analogue au caméléon et signifiant, au figuré, « fourbe ». Le mot est dérivé de stella « étoile* » et l'animal est ainsi nommé parce qu'il change de couleur.
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Stellion est le nom d'un lézard gris, venimeux, des bords de la Méditerranée orientale.
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Le mot est attesté dans Cotgrave (1611) au sens latin d'« homme envieux ».
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STELLIONAT n. m. est emprunté (1577) au dérivé stellionatus, terme juridique en bas latin désignant toute espèce de fraude. Repris en droit romain avec ce sens, le mot s'est spécialisé en droit (1680) pour nommer une fraude consistant à vendre ou hypothéquer un même bien à plusieurs personnes, ou à vendre un bien dont on n'est pas propriétaire.
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Il a pour dérivé STELLIONATAIRE, d'abord stellionaire (1655), n. et adj. (1845).
STEM n. m. (1924 stemm) mot norvégien, s'emploie en ski à propos d'un virage où le ski placé en aval sur la pente est écarté, puis rapproché à la sortie de la courbe.
STEMMATE n. m., terme de zoologie, est tiré du grec stemma, stemmatis « couronne » pour désigner (1819) l'œil simple des larves d'insectes (voir ocelle).
STENCIL n. m. est emprunté (1909) à un mot anglais représentant l'abréviation de stencil-paper (1875), composé de paper « papier » et de stencil (1707) « pochoir » ; ce mot dérive de to stencil « orner de couleurs vives ou d'un métal précieux », emprunté à l'ancien français estenceler (→ étinceler).
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Stencil désigne un papier paraffiné, perforé à la main ou à la machine à écrire, servant de pochoir ou de cliché pour la polycopie.
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Le dérivé STENCILISTE n. (1950), qui correspond à l'anglais stenciler (1832), terme technique, désigne la personne qui prépare les stencils.
❏ voir
SCINTILLER.
STÉNOGRAPHIE ou STÉNO n. f. est emprunté, une première fois par Voltaire (1771) puis par Th. P. Bertin (1792) à l'anglais stenography, mot créé (1602) par l'inventeur John Willis, à partir des éléments grecs stenos « étroit, resserré », d'origine inconnue, et -graphos (→ -graphe, -graphie), de graphein « écrire ». L'attestation de 1572, donnée par Dauzat, concerne stéganographie, n. f., « écriture en signes secrets ». D'autres termes ont été employés, comme tachygraphie* (attesté en 1681).
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Le mot est d'abord employé par Voltaire à propos d'une écriture codée (Cf. cryptographie) ; il apparaît avec son sens moderne dans le titre du premier traité français de sténographie (1792, Bertin) présenté comme l'adaptation d'une méthode mise au point par l'Anglais Samuel Taylor dans un ouvrage paru en 1786. Le mot désigne une écriture abrégée et simplifiée, formée de signes conventionnels permettant de noter la parole au rythme de son énonciation.
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On utilise très couramment la forme abrégée 1 STÉNO n. f. (XXe s.) qui vaut aussi pour sténodactylographie (ci-dessous).
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Le mot se dit par extension (1851, Goncourt) du compte rendu d'une séance, etc., obtenu par cette méthode.
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L'emploi pour « salle de travail des sténographes » (1898, Daudet) ne s'est pas maintenu.
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Sténographie a produit quelques dérivés.
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STÉNOGRAPHE n. (1792) désigne une personne qui pratique à titre professionnel la sténographie ; l'équivalent STÉNOGRAPHISTE n. m. (1812) ne s'est pas imposé ; l'abrégé 2 STÉNO n. m. et f. est usuel.
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STÉNOGRAPHIER v. tr. (1792) signifie « noter par la sténographie ».
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STÉNOGRAPHIQUE adj. (1775) qualifie ce qui est relatif à la sténographie et ce qui a été recueilli par la sténographie. L'adjectif a fourni STÉNOGRAPHIQUEMENT adv. (1834).
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L'élément
sténo-, tiré de
sténographe, entre dans la composition de plusieurs mots.
STÉNODACTYLOGRAPHIE n. f. (1907) désigne l'emploi combiné de la sténographie et de la dactylographie, la forme courante est l'abréviation
STÉNODACTYLO n. f. (1938) et plus usuel encore
1 STÉNO n. f. (prendre en sténo).
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STÉNODACTYLOGRAPHE (1907) ou très couramment STÉNODACTYLO n. (1911), de dactylographe*, est rare au masculin. L'abréviation 2 sténo est très courante (une excellente sténo).
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STÉNODACTYLIE n. f. (1903) et STÉNODACTYLE n. m. « machine à sténographier », ont rapidement disparu.
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STÉNOTYPE n. f. (1907, sans doute antérieur) de
-type*, terme technique, est le nom de l'appareil qui sert à sténographier mécaniquement.
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En dérivent, plus courants,
STÉNOTYPIE n. f. « sténographie mécanique » (1864) et « métier de sténotypiste »,
STÉNOTYPISTE n. (1907) « personne qui sténographie au moyen d'un sténotype » et
STÉNOTYPER v. tr. (1911) « sténographier à l'aide d'une sténotype ».
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En dehors de cette série lexicale, l'élément
STÉNO- avec l'idée de « resserré », a servi à former des composés didactiques.
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STÉNOPÉ n., du grec
ôps « œil », s'applique (1904) au petit trou d'une chambre noire faisant office d'objectif.
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STÉNOSE n. f., emprunt médical (1823) au dérivé grec
stenosis, désigne en médecine le rétrécissement pathologique d'un canal, d'un orifice de l'organisme, notamment des artères.
Se STÉNOSER v. pron. et
STÉNOSÉ, ÉE adj. se disait des canaux, vaisseaux resserrés.
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STÉNOSAGE n. m., terme technique, se dit du traitement des fibres cellulosiques pour les durcir en les rétrécissant et les rendre insolubles.
STENT n. m., mot de chirurgie apparu en français dans les années 1980, est emprunté à l'anglais. Le mot anglais est tiré du nom d'un dentiste anglais, Charles R. Stent, qui avait déposé le nom de marque stents en 1899. Il s'agissait d'une préparation pour la prise d'empreintes dentaires, ce nom étant employé dans les années 1920 comme nom commun. Dans les années 1960, ce même mot est appliqué en chirurgie dentaire à une petite prothèse tubulaire, et il est passé aux États-Unis, en 1975, en chirurgie générale.
❏
Stent désigne une petite prothèse interne en forme de tube, destinée à maintenir ouvert un vaisseau, une artère sténosée.
STENTOR n. m., attesté une première fois au XVIe s. (1576), est emprunté à Stentor (latin Stentor, grec Stentôr), nom d'un personnage de l'Iliade qui passait pour avoir une voix aussi puissante que celle de cinquante hommes réunis.
❏
Le mot apparaît dans la locution
cris de Stentor « grands cris » devenue
voix de Stentor (1610), de stentor, à propos d'une voix très forte, retentissante. Par extension,
un stentor s'est dit d'un homme à la voix forte.
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Par analogie, le mot est emprunté en sciences naturelles pour désigner (1841), d'après le latin moderne stentor (1815), un protiste d'eau douce en forme de trompe, de porte-voix.
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Du sens étymologique dérive STENTORIEN, IENNE adj. (1788), adjectif littéraire qualifiant ce qui retentit comme une voix de stentor.
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On relève chez Balzac la variante stentorique (1837) et déjà chez Rabelais (1552) voix stentorée « voix de stentor ».
STEPPE n. f. est emprunté comme nom masculin (1752, step ; 1810, steppe), devenu féminin (1835), au russe step' n. f., avec influence de l'anglais step, emprunté au russe. On trouve Step en 1679 comme nom d'un « désert » de Sibérie.
❏
Le mot reste rare avant le XIXe s. et le genre féminin (1835) ne s'impose que lentement. Steppe désigne comme son étymon une grande plaine inculte, sans arbres, au climat sec, à la végétation pauvre et herbeuse ; il s'emploie spécialement comme terme d'histoire et d'archéologie (XXe s.) dans civilisation, peuple des steppes, en parlant de l'époque protohistorique en Asie. Le syntagme art des steppes s'applique à toutes les formes artistiques, bijoux, ornements, parures, souvent en métal, des steppes d'Asie et d'Europe orientale, du IIIe millénaire avant l'ère chrétienne au IIIe millénaire après.
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Par extension, steppe se dit (av. 1850, Balzac) d'une plaine stérile, et de toute immensité uniforme, par exemple la mer (av. 1869, Sainte-Beuve), ce dernier emploi étant très littéraire (Cf. plaine).
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Par métaphore littéraire, le mot équivaut (1929, Gide) à « période difficile à traverser », comme variante de désert.
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Le dérivé STEPPIQUE adj., didactique, qualifie (1909) ce qui vit, croît dans une steppe, et (1933) ce qui est propre à la steppe.
1 STEPPER ou STEPPEUR n. m. est un emprunt (1842, stepper ; 1859, steppeur) à l'anglais stepper (1835) dérivé de to step « marcher » puis « trotter », lui-même de step « pas », issu du germanique °steppan, °stoeppan, d'une forme °stapjan à laquelle se rattachent l'allemand Stapfe, peut-être le russe stopa « plante de pied ».
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Ce nom désigne un cheval de trot à l'allure vive, qui lève haut et lance bien en avant ses membres antérieurs.
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2 STEPPER v. intr., emprunt francisé à l'anglais to step, apparaît au sens isolé de « faire un tour (à cheval) » [1850] ; le verbe se dit ensuite (1867) comme en anglais (1856) pour « trotter vivement en levant haut les jambes de devant », en parlant d'un cheval.
STÉRADIAN n. m. est emprunté à l'anglais steradian (1881) formé à partir du grec stereos (→ stéréo-) et radian pour désigner l'unité de mesure d'angle solide (symbole ST).